Skip to main content

Full text of "Glossaire du patois de la forêt de Clairvaux"

See other formats


A propos de ce livre 

Ceci est une copie numérique d'un ouvrage conservé depuis des générations dans les rayonnages d'une bibliothèque avant d'être numérisé avec 
précaution par Google dans le cadre d'un projet visant à permettre aux internautes de découvrir l'ensemble du patrimoine littéraire mondial en 
ligne. 

Ce livre étant relativement ancien, il n'est plus protégé par la loi sur les droits d'auteur et appartient à présent au domaine public. L'expression 
"appartenir au domaine public" signifie que le livre en question n'a jamais été soumis aux droits d'auteur ou que ses droits légaux sont arrivés à 
expiration. Les conditions requises pour qu'un livre tombe dans le domaine public peuvent varier d'un pays à l'autre. Les livres libres de droit sont 
autant de liens avec le passé. Ils sont les témoins de la richesse de notre histoire, de notre patrimoine culturel et de la connaissance humaine et sont 
trop souvent difficilement accessibles au public. 

Les notes de bas de page et autres annotations en marge du texte présentes dans le volume original sont reprises dans ce fichier, comme un souvenir 
du long chemin parcouru par l'ouvrage depuis la maison d'édition en passant par la bibliothèque pour finalement se retrouver entre vos mains. 

Consignes d'utilisation 

Google est fier de travailler en partenariat avec des bibliothèques à la numérisation des ouvrages appartenant au domaine public et de les rendre 
ainsi accessibles à tous. Ces livres sont en effet la propriété de tous et de toutes et nous sommes tout simplement les gardiens de ce patrimoine. 
Il s'agit toutefois d'un projet coûteux. Par conséquent et en vue de poursuivre la diffusion de ces ressources inépuisables, nous avons pris les 
dispositions nécessaires afin de prévenir les éventuels abus auxquels pourraient se livrer des sites marchands tiers, notamment en instaurant des 
contraintes techniques relatives aux requêtes automatisées. 

Nous vous demandons également de: 

+ Ne pas utiliser les fichiers à des fins commerciales Nous avons conçu le programme Google Recherche de Livres à l'usage des particuliers. 
Nous vous demandons donc d'utiliser uniquement ces fichiers à des fins personnelles. Ils ne sauraient en effet être employés dans un 
quelconque but commercial. 

+ Ne pas procéder à des requêtes automatisées N'envoyez aucune requête automatisée quelle qu'elle soit au système Google. Si vous effectuez 
des recherches concernant les logiciels de traduction, la reconnaissance optique de caractères ou tout autre domaine nécessitant de disposer 
d'importantes quantités de texte, n'hésitez pas à nous contacter. Nous encourageons pour la réalisation de ce type de travaux l'utilisation des 
ouvrages et documents appartenant au domaine public et serions heureux de vous être utile. 

+ Ne pas supprimer V attribution Le filigrane Google contenu dans chaque fichier est indispensable pour informer les internautes de notre projet 
et leur permettre d'accéder à davantage de documents par l'intermédiaire du Programme Google Recherche de Livres. Ne le supprimez en 
aucun cas. 

+ Rester dans la légalité Quelle que soit l'utilisation que vous comptez faire des fichiers, n'oubliez pas qu'il est de votre responsabilité de 
veiller à respecter la loi. Si un ouvrage appartient au domaine public américain, n'en déduisez pas pour autant qu'il en va de même dans 
les autres pays. La durée légale des droits d'auteur d'un livre varie d'un pays à l'autre. Nous ne sommes donc pas en mesure de répertorier 
les ouvrages dont l'utilisation est autorisée et ceux dont elle ne l'est pas. Ne croyez pas que le simple fait d'afficher un livre sur Google 
Recherche de Livres signifie que celui-ci peut être utilisé de quelque façon que ce soit dans le monde entier. La condamnation à laquelle vous 
vous exposeriez en cas de violation des droits d'auteur peut être sévère. 

À propos du service Google Recherche de Livres 

En favorisant la recherche et l'accès à un nombre croissant de livres disponibles dans de nombreuses langues, dont le français, Google souhaite 
contribuer à promouvoir la diversité culturelle grâce à Google Recherche de Livres. En effet, le Programme Google Recherche de Livres permet 
aux internautes de découvrir le patrimoine littéraire mondial, tout en aidant les auteurs et les éditeurs à élargir leur public. Vous pouvez effectuer 



des recherches en ligne dans le texte intégral de cet ouvrage à l'adresse |http : //books .qooqle . corn 




This is a digital copy of a book that was preserved for générations on library shelves before it was carefully scanned by Google as part of a project 
to make the world's books discoverable online. 

It has survived long enough for the copyright to expire and the book to enter the public domain. A public domain book is one that was never subject 
to copyright or whose légal copyright term has expired. Whether a book is in the public domain may vary country to country. Public domain books 
are our gateways to the past, representing a wealth of history, culture and knowledge that' s often difficult to discover. 

Marks, notations and other marginalia présent in the original volume will appear in this file - a reminder of this book' s long journey from the 
publisher to a library and finally to y ou. 

Usage guidelines 

Google is proud to partner with libraries to digitize public domain materials and make them widely accessible. Public domain books belong to the 
public and we are merely their custodians. Nevertheless, this work is expensive, so in order to keep providing this resource, we hâve taken steps to 
prevent abuse by commercial parties, including placing technical restrictions on automated querying. 

We also ask that y ou: 

+ Make non-commercial use of the files We designed Google Book Search for use by individuals, and we request that you use thèse files for 
Personal, non-commercial purposes. 

+ Refrain from automated querying Do not send automated queries of any sort to Google's System: If you are conducting research on machine 
translation, optical character récognition or other areas where access to a large amount of text is helpful, please contact us. We encourage the 
use of public domain materials for thèse purposes and may be able to help. 

+ Maintain attribution The Google "watermark" you see on each file is essential for informing people about this project and helping them find 
additional materials through Google Book Search. Please do not remove it. 

+ Keep it légal Whatever your use, remember that you are responsible for ensuring that what you are doing is légal. Do not assume that just 
because we believe a book is in the public domain for users in the United States, that the work is also in the public domain for users in other 
countries. Whether a book is still in copyright varies from country to country, and we can't offer guidance on whether any spécifie use of 
any spécifie book is allowed. Please do not assume that a book's appearance in Google Book Search means it can be used in any manner 
any where in the world. Copyright infringement liability can be quite severe. 

About Google Book Search 

Google's mission is to organize the world's information and to make it universally accessible and useful. Google Book Search helps readers 
discover the world's books while helping authors and publishers reach new audiences. You can search through the full text of this book on the web 



at jhttp : //books . qooqle . corn/ 






Digitized by 



Google 



Digitized by 



Google 



Digitized by 



Google 



MÉMOIRES 



e w 



SOCIETE ACADEMIQUE 



D'AGRICULTURE 

DES SCIENCES, ARTS ET BELLES -LETTRES 
DU DÉPARTEMENT DE L'AUBE, Tro^e* 



TOME XL1X DE LA COLLECTIOH 
TOME XXII. — TROISIÈME SERIE 



ANNÉE 1885 



TROYES 

LIBRAIRIE LÉOPOLD LACROIX 

83, RIS NOTRE- BAH 



Digitized by 



GoogI 



45g2S 



.tes -7 



(Rcrw\.. 9~ //- û 3 



Digitized by 



Google 



GKLOSB^IKE 



DU 



PATOIS JE 11 FORÊT DE CLAIRVAOX 

PAR 

M. ALPHONSE BAUDOUIN 

MEMBRE ASSOCIÉ DE LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE DE L'AUBE 



INTRODUCTION 



I 

C'est une simple liste de mots rustiques dépareillés, avec 
leur valeur exacte, sans étymologie, sans dissertation savante 
d'aucune sorte. 

Nous ne sommes ni assez érudit, ni assez patient, pour 
faire les recherches que nécessiterait un véritable glossaire. 

Nous avons dressé cette liste de mémoire, à la sollicitation 
d'un ami, parce que ce vieux langage, quelquefois très 
expressif, disparaît de jour en jour, chassé par le diction- 
naire français. Nous en connaissons encore bon nombre de 
termes, avec les nuances justes et les diverses significations 
qu'on y attache, du moins dans notre village et aux environs. 

Nous avons choisi ce titre : Patois de la Forêt de Clair- 



Digitized by 



Google 



6 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 

vaux, parce que la plupart des mots recueillis sont employés, 
à quelques petites différences de prononciation près, dans 
tous les villages qui avoisinent cette forêt, notamment à 
Cunfin, Fontette, Saint-Usage, Champignolle, Arconville, 
Ville-sous-la-Ferté, Juvancourt, La Ferté, Villars, Silva- 
rouvre, Àutricourt, etc. 

Dès qu'on s'éloigne de cette région, souvent entre deux 
pays qui confinent, le langage, ou plutôt la prononciation 
change brusquement. 

« De nos jours, c'est surtout par la prononciation 

que nos patois diffèrent de la langue ordinaire *. » L'auteur 
eût pu ajouter avec non moins de justesse: et diffèrent entre 
eux dans la même province *. 

On distingue dans le midi de l'Aube, deux formes parti- 
culières, deux prononciations se caractérisant, se résumant 
pour ainsi dire dans le mot cest, que Ton prononce ç'ost et 
ç'ast*. Dans les villages où l'on prononce ç'ost on emploie 
l'article lou 9 et dans le pays du ç'ast, l'article eul 
(l'ancien ell) 

Le patois dit Riceton, c'est le patois du ç'ost. Il rayonne 



1 P. Tarbé : Recherches sur l'histoire du langage et des patois 
de Champagne; Reims 1851, tome 1 er , page 144 et suivantes. 

* D'où viennent ces similitudes de langage entre des pays quelque- 
fois assez éloignés relativement, et ces différences, au contraire, 
entre des pays voisins ? Des origines, des migrations, des relatious, 
du genre d'occupations ? Il serait intéressant, au point de vue histori- 
que surtout, de chercher à résoudre ce problème. 11 y a plus de 
ressemblance dans les habitudes, les mœurs, le langage surtout, 
entre Fontette, Cunfin, Ville-sous-la-Ferté, Juvancourt, et même 
certains villages de la H tute-Marne et de la Côte-d'Or, qu'entre 
Fontette et Noé-les-Mallets, par exemple, dont les fi nages sont 
battants. On dirait des traînées de semence emportée par un coup 
de vent 

8 Nous orthographions ainsi ces mots, pour nous éloigner le moins 
possible de l'orthographe du français actuel. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUT 7 

jusque dans la vallée de l'Ource, où il se mêle au patois du 
çast, plus particulièrement parlé dans la Forêt de Gairvaux. 

Mais la ligne qui sépare le çost du ç'ast n'est pas, comme 
on le pense bien, nettement tranchée, À Noé-les-Mallets, 
par exemple, on prononcera ç'ost avec To très ouvert, se 
rapprochant de Ta, tandis que dans certains villlages de la 
vallée de l'Ource, on coiffe ce même o de plusieurs accents 
circonflexes. — Entre ces deux prononciations, il y a des 
nuances multiples, des mélanges, des accents passés d'un 
pays dans un autre... En plein pays du çast, on termine 
une grande quantité de mots en ow, particulièrement tous 
les adjectifs en eur, tandis que dans les pays du ç'ost et de 
l'article loti on termine ces mêmes mots en eux. À Cunfin, 
on prononce bû (bois) et à Yille-sous-la-Ferté boa, pres- 
que bd. 

A Fontette, on emploie ç'ast et eul; à Noé, ç'ost et /ou, 
comme aux Riceys. 

Chaque village se moque un peu de l'accent du village 
voisin. À Fontette, par exemple, on imite en l'exagérant, 
dans la phrase rimaillée suivante, le parler d'Essoyes, où 
les è et les ai sont démesurément ouverts : 

« Saint-Remy et Saint-Hilâre 

« Gadiez nos filles ai bin fâre, 

a Nos gaichons ai bin boire, 

o Nos chenevâres ai bin venin, 

« Po fâre des frondouilles ai nos gaichenots 

« Po aille aibaitt' lès cacas de lai cote Crechot. » 

Saint-Remy et Saint-Hilaire (les patrons d'Essoyes), gardez 
nos filles à bien faire, nos garçons i bien boire, nos chêne- 
vières à bien venir, pour faire (avec le chanvre) des frondes 
à nos enfants pour aller abattre les noix de la côte Crechot. 

Mais, dans tous ces pays, ce sont les mêmes tournures 
de langage et presque toujours les même vocables. 



Digitized by 



Google 



8 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVACX 

Le prétendu patois riceton n'est donc pas autre chose 
que le patois de la Forêt de Clairvaux, avec quelques 
variantes, quelques nuances de prononciation.... C'est plus 
particulièrement la nuance du ç'ost. 

Pour bien connaître un patois, il faut l'avoir pratiqué. Et 
jusqu'à présent, la plupart de ceux qui ont publié des espèces 
de glossaire sur les patois de l'Aube, paraissent n'avoir fait 
que recueillir, à la volée, quelques expressions superficielles 
auprès des paysans 

Qu'on nous permette d'essayer de justifier cette assertion. 

MM. Guenin et Ray, dans leur Statistique du canton de 
Biceps 1 , après trois ou quatre lignes de début empruntées 
à M. P. Tarbé, disent en tête de leur court lexique : « Le 
patois riceton ayant perdu, par la désuétude, la plupart de 
ses expressions propres et indépendantes, il n'en est resté que 
quelques locutions bizarres... vouloir aller plus loin...., ce 
serait se jeter du connu dans l'inconnu et du positif dans 
fincer tain.... » 

Et ils concluent : « Nous nous bornerons donc à en 
donner une idée par un vocabulaire abrégé o 

Malheureusement, ce vocabulaire est non seulement 
abrégé, incomplet, très incomplet, mais encore il est quelque- 
fois inexact, comme nous le verrons plus loin. 

La chanson de noce du XVIIP siècle 2 , publiée par 
M. Eug. Ray, nous paraît l'œuvre d'un rimailleur préten- 
tieux, qui ne savait ni le patois, ni le français. Cela semble 
fait à plaisir, à l'aide d'expressions notées en fréquentant 
les vignerons, mais mal comprises, ou mal entendues, et 
orthographiées en conséquence. Nombre de mots ne sont 
pas du style populaire, et ont dû être patoisés, adaptés 
par l'auteur. 

1 Mémoires de la Société Académique de l'Aube, 1852, t. 16, 
p. 153. 

* Annuaire de l'Aube, 1868, p. 45. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAOTC 9 

Ainsi lou chiel, dans le sens de Dieu, Providence, n'est 
point employé par nos paysans. 

Itole (étole) n'a pas de patois, c'est évidemment un 
mot arrangé ad imitationem. 

Aineau ne se dit pas pour anneau ; dans ce cas, on dit 
bague. 

Au pied de Faute est du rimeur : on dit ai coûté f au 
long, vai, en bas, contre, et non au pied. 

Saint-Leu, pour Saint-Lieu, est de la langue de Racine 
patoisée. 

Offrande ne se dit pas, mais offerte, etc., etc. 

Le travail de M. Lucien Coûtant, intitulé : Recueil de 
notes et de pièces historiques pour servir à r histoire des 
Riceys, Paris, Erard, 1840, page 155 et suivantes, 
nous paraît plus sérieux... Mais on sent encore que l'auteur 
parle une langue étrangère. La propriété des termes, les 
nuances lui échappent, et son orthographe est de pure 
fantaisie. Il écrit par exemple : stulay (celui-là) au lieu de 
ç tu-lai ou çtu-llai, du vieux français cestuy-là. 

Comment lire Guiaude, ou Glodieu dans Gloïde (Claude)? 

Cette orthographe bizarre ! , constitue en majeure partie 
l'originalité du prétendu patois riceton. Donnons encore des 
exemples. M. Coûtant écrit : 

Benajey pour bin âgé ou agè (bien aisé); 

A ïheul pour à Vheule (à l'huile) ; 

Fusy pour fiisi' ou fusiWe (fusil) ; 

Leyberté pour léberté (liberté) ; 

Peypier pour paipier (papier) ; 

Gouitte pour gouttieu (goutte) ; 

Quosce ? pour qu'o$t-ce ? (qu'est-ce) ; 



1 C'est La Monnoye, du reste, qui a inventé cette manière de 
faire une langue d'apparence étrangère, avec des mots français et 
prononcés correctement : arjan, an/an, etc. 



Digitized by 



Google 



10 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIHVAUI 

Qu'mande pour c 'mande (commande) ; 

Chien o qu'pou pour chi ç'n'osl que pou (si ce n'est 

que pour) ; 
Ça spouro pour ça s'pourrot (cela se pourrait) ; 
Vie t'en v'ons voi pour vie ten vô voi (viens t'en voire 
voir), etc. 

Il écrit : 
Foeuilles (feuilles) dans un endroit, et failles dans un 

autre ; 
Os fol ben avant dans Venveyl (est -elle bien avant 

dans l'envers ?) et ailleurs al o (elle est) ; envèt 

(envers). 

Il écrit : 
Ein et oin (un) ; pleue et pieu (pluie) ; pourrot et pou- 
drait (pourrait), etc. 

Il écrit : 
Tro (trop); tou (tout); ney (nez); taba (tabac); luur 
(lourd) ; voulo pour voulos (voulais) ; peuy qu' 
(puisque) ; stellai (celle-là) ; ste (ce), etc., etc. 

Pourquoi cet abus d'y? Ces changements d'orthographe 
d'une ligne à l'autre? Ces suppressions de lettres qui ne se 
prononcent pas plus en français qu'en patois? 

Il faut le dire aussi, le texte de son dialogue entre deux 
vignerons est défiguré par des coquilles sans nombre : on 
n'est jamais certain de l'orthographe propre de l'auteur. 
Ainsi on trouve (p. 188) redyeme (remède)? Nous pensons 
qu'on doit lire remédye, mot qui se prononce à peu 
près remédieu (eu faible). Page 190, ligne 2, au lieu de po 
ou nibiey, il faut lire sans doute, conformément au glossaire 
pou umbiey ou imbiey, etc. 

Nous reprocherons aussi à M. Coûtant, chercheur très 
méritant d'ailleurs, d'avoir patoisé des mots dont les vigne- 
rons se servent rarement, pour ne pas dire jamais, et qui 



Digitized by 



Google 



PATOIS DI LA FOEÊT DE CUIRVAUX li 

n'ont pas de patois : providenche (providence), moetion 
(motion), pditatif (portatif, registre), etc. 

Aux erreurs et aux fautes de M. L. Coûtant, M. P. Tarbé, 
dans ses Recherches sur F histoire du langage et des patois 
de Champagne, en ajoute une foule d'autres, que ses protes 
à lui ont sans doute encore doublées 

« Le département de l'Aube, dit-il, plus près des cen- 
tres, n'en a pas moins conservé dans le canton de Riceys, 
et surtout dans la commune de ce nom, un patois très 
net.., » Le patois riceton! une erreur de M. Coûtant, re- 
produite par le savant M. Tarbé, et par MM. Guenin et Ray. 
Tous les travaux cités sur le patois riceton ne contiennent 
pas cinquante mots qui ne soient [employés couramment à 
Cunfin et à Fontette, où Ton trouverait, au contraire, plus 
de mille vocables qui ne figurent dans aucun lexique rice- 
ton. 

Revenons à M. Tarbé. 

Sa parabole de l'Enfant prodigue est pleine de mots dé- 
figurés comme à dessein, de tournures embarrassées, dé- 
fectueuses. On y reconnaît l'œuvre de qui ne sachant pas, 
ou sachant mal le patois, essaie de le parler. 

Et l'orthographe ! Incertaine, fantaisiste, fausse. .. 

M. Coûtant a écrit : vieix (vieux), déjai (déjà), d'ia 
pleue iene s.... aculeyl (de la pluie une s . • . . averse ! hodjeu 
(aujourd'hui), thotey (la maison), demey (demain), galène 
(vent du nord-ouest), stulay (celui-là), aveu (avec), soulet 
(soleil), etc. 

Et M. Tarbé écrit : viey, déjae^ die pleue iene boune 
aculée, aujacTheu, fhostè, dimin, galerme, stilay, avè y 
slé, etc. 

Pourquoi ici : « Je ne sume deigne, » et là : « je ne 
seux pas deigne? (Je ne suis pas digne). Ici : « mins en 
colère, » et plus bas, même page (conversation entre deux 
vignerons) « mis? » 

Pourquoi baillé (donné) et beillé? Queneu (connu) et 



Digitized by 



Google 



12 PATOIS DB LA FORÊT DE CLAI1YAUX 

requenu (reconnu)? Poudrait (pourrai!) et pourrot ou 
pourro? 

Il écrit au dialogue des vignerons : « J'avo oublier/, » 
et au glossaire imbiey ou umbiey; au même dialogue : 
iene (une), et dans l'Enfant prodigue eine, au masculin 
eing, oin; et au glossaire, m, ine (un, une). On trouve 
au glossaire en (on), et dans le dialogue : « pou mingey 
on o bé (pour manger, on est bien). 

Comment prononcer : apotchez (apportez), motchi 
(mort), motchi (mourir), etc.? 

Pourquoi représenter le pronom il tantôt par t, tantôt 
par y? Pourquoi ly pour H (lui)? boete pour boitte (bois- 
son). Pourquoi pas de / à c'éto (c'était) et un / à i fallot 
(il fallait)? Pourquoi les premières personnes du pluriel des 
verbes sans si Pourquoi doi pour doigt, geulée pour 
gelée, etc? 

On lit dans le glossaire, au mot cale, cette simple et 
absurde définition : tête (au lieu de bonnet). M. Coûtant a 
dit quelque part : beiller ou f... su lai cale, et M. Tarbé en 
conclut que cale signifie tétel 

Il définit ainsi les mots suivants : 

En teille : taille de la vigne ! MM. Guénin et Ray disent : 
travail commencé, ce qui est plus juste. 

Feurdailler : percer, casser ! 

Grosnet : argent ! (c'est-à-dire gros nez, du nez de Louis 
Philippe sur les pièces de cinq francs). 

Curot : serpette ! (instrument, outil pour curer, ôter la 
terre, qui tient à la pioche, à la houe, à la pelle, etc.) 

Miche : pain ! 

Pchourey ; écraser ! (pressurer). 

Gayette : chèvre! (MM. Guenin et Ray disent mieux : 
mauvaise vigne). 

Sarpotte : serpe! (Il ne voit pas même qu'il a affaire à 
un diminutif! Serpe se dit sarpe), etc., etc. 

Cette syllabe euphonique eu 9 espèce de sifflement, qu'on 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVÀUX 13 

emploie dans certains cas devant certains mots pour en faci- 
liter la prononciation, comme nous le verrons plus loin, 
M. Tarbé la met sans distinction partout, et il écrit : eur- 
douillerj eurmener, elc, pour redouiller, remener, etc. 

Il rend pourrait ici par poudrait, là par pourrot, qu'il 
met aussi pour pourra ! 

Il écrit prebis pour beurbis (brebis), jeveau (cheval), re- 
cuei (recueillir), quosque (qu'est-ce que), stelay (celle-là), 
etc., etc. 

En outre chez lui, comme chez M. Goûtant, quantité de 
mots ne paraissent différer du fiançais que par l'orthographe 
bizarre dont il les affuble. 

Quelle autorité peut bien avoir un pareil travail ? Cette 
question finale est l'unique but de notre critique. 

Le Vocabulaire troyen, de Grosley ! , plus exact en gé- 
néral, pèche aussi sous les mêmes rapports; et malgré le 
respect que nous portons à la mémoire de notre célèbre 
compatriote, nous oserons dire qu'il ne connaît pas toujours 
le sens véritable et les nuances justes des expressions qu'il 
a recueillies. Quelques exemples, au hasard, de définitions 
impropres ou imparfaites : 

Bocquer : heurter par contre-coup ; 

Brique : petit reste, miette ; 

Caffre : tuf; 

Guignander : demander bassement et avec importunité ; 
etc., etc. (Voir ces mêmes mots plus loin, au Glossaire). 

Quelquefois, il fait un terme particulier d'un mot fran- 
çais légèrement altéré. Ainsi il définit rédicule : sot, impa- 
tientant, déraisonnable, sans dire que ce mot n'est que le 
français ridicule dans une de ses acceptions communes. Il a 
donné, d'ailleurs, pour du patois, plusieurs vocables qui 



1 Voir Ephémérides de P.-J. Grosley, par L.-M. Patris-Debreuil. 
Paris, 4811, t. 2, p. 160 et «rivantes. 



Digitized by 



Google 



14 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIE VAUX 

figurent dans tous les dictionnaires avec la même significa- 
tion. 

M. Thévenot, dans sa Statistique du canton de Rame- 
rupt, a publié aussi un court lexique où nous avons trouvé, 
relativement, beaucoup de mots employés dans le patois 
de la forêt de Clair vaux. Les définitions, presque toujours 
exactes, sont incomplètes parfois et manquent d'exemples... 
du reste, il parait s'en être un peu trop souvent rapporté à 
Grosley. 

A l'occasion, nous relèverons, dans notre Glossaire, quel- 
ques autres erreurs de ces différents lexiques 1 . 



II 



Avant de consigner les observations que nous avons à pré- 
senter sur l'orthographe et la prononciation, disons que les 
mots de notre patois pourraient se diviser en trois classes : 

1° Les mots venant directement du latin, de l'italien, du 
romain, etc. , et qui ont dû être usités tels que, ou à peu près, 
du xii* au xvin e siècle 2 : aujdheu (aujourd'hui), loguet 
(petite flaque d'eau, ou d'un autre liquide), airoiller (écouter 
en épiant), etc.; 

2° Les mots d'origine difficile à déterminer, onomato- 



4 La plupart de ces glossaires pèchent : 

lo En donnant des mots français vulgaires ou bas pour des mots de 
patois. Exemple : Fripouille, engoncer, torgniole, blouser, bouffer, 
se rebecquer, piauler, rogaton, longe, reluquer, rie à rie, etc. 

2° Des mots d'argot ou de langue verte employés par toute la 
France. Exemple : Faire sa crevaison, crêper (prendre aux cheveux), 
débailler, débine, débiner, dèche, gnognotte, etc. 

* Ils n'ont souvent pas de synoymes exacts en français. Quelques- 
uns ont gardé la physionomie complète du moyen-âge : c'tus-ci (ces- 
tuy), U (lui), hus (porte), char (chair), pour (peur), etc. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVACX 15 

fées, mimologismes, mots comme forgés à plaisir par des 
Rabelais paysans : griliot (étui à aiguilles), gringoller (agi- 
ter, secouer quelque chose de sonore), bèel (fi 1), coudrou 
(dindon), toûter (corner), tuiter,veziller } tùter y trottignon y 
hottitie, etc., etc.; 

3° Les mots défigurés, estropiés par des bouches igno- 
rantes. Ces derniers sont probablement de beaucoup les plus 
nombreux, et nous sommes loin, sans doute, d'en avoir 
dressé la liste complète ; car nous ne pouvons nous flatter 
de les avoir retrouvés tous dans notre mémoire, bien que 
nous les notions, au vol, depuis plusieurs années... Mais 
nous pensons avoir donné au moins un exemple des variations 
les plus bizarres et les plus caractéristiques. Nous avons 
d'ailleurs l'intention de compléter ce recueil à fur et à me- 
sure que nos souvenirs nous le permettront. 



m 



Voici comment nous représenterons certains sons : 
Nous conserverons autant que possible à chaque vocable 
en titre les lettres étymologiques, l'orthographe des radicaux, 
lorsque nous croirons les connaître, afin que la physionomie 
des mots patois ne soit ni trop altérée, ni trop étrange ; et 
nous écrirons, dans les exemples, le mot d'après sa pro- 
nonciation seulement^ lorsque cette prononciation pourra 
présenter quelque difficulté. C'est dire que lorsque le mot 
ou la syllabe se prononceront comme en français, nous gar- 
derons r orthographe française. Ainsi les infinitifs de la pre- 
mière conjugaison, les noms d'arbres fruitiers en er — et 
dont Yr ne sonne pas plus en français qu'en patois — - conser- 
veront leur r. Nous écrirons, par conséquent, raiguger^ 
pommer, etc., (aiguiser, pommier, etc.), qu'on devra pro- 
noncer raigugé, pommé, etc. , comme on prononce aiguisé, 
pommié. 



Digitized by 



Google 



16 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIR VAUX 

Nous ne remplacerons pas non pins d'ordinaire par une 
apostrophe, ainsi que l'ont fait MM. Coûtant et Tarbé, cer- 
tains c muets qu'on élide en parlant, attendu qu'en français 
ils sont élidés de même, ou à peu près dans les mots sem- 
blables. Nous écrirons donc : recaler, recoider, replat, etc., 
qu'on prononce rcaler, rcouler, rplat, etc., parce qu'en 
français on ne fait sentir non plus cet e que très légère- 
ment. 

Bien entendu que dans les mots dont l'origine nous sera 
inconnue, nous n'introduirons d'autres lettres que celles qui 
nous paraîtront rigoureusement nécessaires pour bien figurer 
les sons. 

Ai sera en général ouvert, comme dans air, aigle, laie, 
c'est-à-dire qu'il aura absolument le son de Yè. Nous em- 
ploierons ai ou è pour le même son, selon l'étymologie du 
mot : aimer (amer), prononcez : èmère; dèfrochurer (ôter 
la frochure, le foie, les entrailles, déchirer), etc. Quand ai 
devra se prononcer comme é fermé, nous l'écrirons en ita- 
lique dans le romain et en romain dans l'italique. 

Ei aura toujours le son de lé fermé, nous l'emploierons 
au lieu de Té dans les mots où le son de 17 s'est changé en 
é 9 conservant ainsi Yi du français : meineut (minuit), meidgli 
(midi), etc. 

Au, eau et 6 ont à peu près le même son — plus ou 
moins long cependant — et seront employés selon l'étymo- 
logie, ou d'après le mot français correspondant : moingneau 
(moineau), mau (mal), envôe (envoie, 3* pers. du prés, de 
l'ind. de envoyer), etc. 

est toujours bref et se prononce comme dans les mots : 
pot, lot, sot, écho : sonnot (son), petiot (petit), etc. 

E. Faute d'un accent particulier, nous employons quelque- 
fois Ye muet à la fin de certaines syllabes pour en allonger 
la prononciation : envôe. Ainsi dans les mots en ou long : 
faijoue (faiseur), dansoue (danseur), etc., dont la voyelle 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DB CLAIRVAUX 17 

composée ou se prononce comme dans roue, boue, moue, bien 
que ces mots soient du masculin, le féminin étant en oure. 
Du reste, l'accent circonflexe placé sur une voyelle seule, ou 
sur Tune des voyelles d'une diphthongue, indiquera toujours 
aussi une syllabe longue : peu (laid), prononcez : peue 
(comme queue), et peu (et puis), prouoncez : et peue; 
chait (chai), prononcez : chaie, comme craie, laie, baie, etc., 
bien que le féminin chaitte soit très bref. 

Lorsque dans un mot le son de Ve muet se fera sentir très 
fortement, nous remplacerons cette lettre parla voyelle com- 
posée eu : peurter (prêter). — (Voir à Y article pour l'em- 
ploi de cette voyelle eu, par euphonie). 

Parlons maintenant d'un certain son d'à ou d7/ mouillées, 
aussi fréquent que difficile à figurer, et variant de Tt simple 
au g H doux italien, selon les cas el les diverses syllabes qu'il 
affecte. Nous en résumerons les principales nuances dans 
les mots : plaice, pote, meidi (place, porte, midi). Le pre- 
mier se prononce comme si / était fortement mouillée, à 
peu près comme piaice, en mêlant intimement le premier i 
avec Y a. Nous figurerons ce son des // mouillées par / en 
italique dans le romain, en romain dans l'italique; ainsi : 
plaice, clou, englouti (place, clou, englouti), devront se 
prononcer à peu près : piaice, quiou, enguiouti. 

Pote se prononce à peu près comme si // mouillées se 
trouvaient entre le /et Ye : pot-Ile ; ou, si l'on veut, en fai- 
sant sentir fortement le son de Ye muet précédé du son confus 
de Vi : potieu (n'appuyez que très légèrement sur ieu). Ce 
son ne se rencontre guère que dans les syllabes finales 
muettes : trouble, faites, dites. . . Nous le figurerons en mouil- 
lant 17, quand il y aura une / : trouble, faible (trouble, 
faible), et en remplaçant Ye muet par ieu dans les syllabes 
qui n'ont pas d7; faitieu, difieu, etc. 

Meidi se prononce comme si // mouillées se trouvaient 
entre le det Yi final, à peu près comme dgli doux italien. 

T. xux 2 



Digitized by 



Google 



18 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIftYACX 

Nous rendrons ce son par / mouillée plutôt que par gli afin 
de moins défigurer les mots : meidli (midi), aisseulM (suivre 
en travaillant, aller aussi vite), aiffautM (priver de nourri- 
ture, affaiblir), etc. 



IV 

Mutations de lettres et de sons 

A et les voyelles composées où entre Va 

Presque toujours (principalement dans les monosyllabes 
et dans les syllabes formées de la lettre a seule), a se ebange 
en ai ou ai : vai, lai, çai, aimer ', ailler, raippoute, baille, 
chaipé, mailaide, sailaide, saibbait, sauvage, raivsîige, 
vaiche, triche, pairtaige, raimrige, etc., (va, là, la, ça, 
amer, aller, rapporte, battre, chapeau, malade, salade, 
sabbat, sauvage, ravage, vache, tache, partage, ramage, 
etc.). 

An se change fréquemment en ain : hainche, mainge, 
chainge, grainge, trainche, ètrainge } etc. (hanche, mange, 
change, grange, tranche, étrange, etc.); quelquefois en 
oin: moinche ou moinge, emmoinger, dèmoinger, re- 
voinger, etc. (manche, emmancher, démancher, revan- 
cher, etc.). 

Le contraire a lieu assez souvent aussi, c'est-à-dire que 
ai se change en a bref ou long : aibâcher, lâcher (a très 
bref), pdché, etc. (abaisser, laisser, paisseau, etc.). 

La plupart des mots en able perdent la lettre /, ou la 
mouillent et prennent plusieurs accents circonflexes sur Va 
(on en a plein la bouche en les prononçant) : misérable, 
exécrable, insupportable, jâble, didbe, hontdble ou hon- 
tdbe, sable, prononcez presque : m'\$eràbieu,jdbïeu, etc.). 



Digitized by 



Google 



PATOIS DB LA FORÊT DE CLAIRVAUX 19 

Cependant on dit érable, tabeou iab\e (érable, table), avec 
un a bref. — (Voir à /.) 

Ai el si se changent assez fréquemment en oi : poinne, 
toinde, traivoiller, bouteille, airoille, conoille, voilier, 
révoilier, rèvoil, etc, (peine, teindre, travailler, bouteille, 
oreille, corneille ou corbeau, veiller, réveiller, réveil, etc.) 
Les / restent mouillées bien entendu. 

Beaucoup de mots en au ou plutôt eau, changent cette 
finale en é (en è dans certains villages) : 

Coulé (couteau, avec mépris 1 ; autrement on dit cou- 
tieau) ; 

Troussé (trousseau); 

Grume (grumeau) ; 

Mante (manteau, avec mépris; autrement mantieau) ; 

Chaipé (chapeau ; on dit aussi chaipieau) ; 

Cisé ou cigé (ciseau) ; 

Gâté (gâteau, avec mépris; autrement gâtieau); 

Feusé (fuseau) ; 

Châié (château, avec mépris ; autrement chfttieau) ; 

Aingniè (agneau) ; 

Formé (fourneau) ; on dit aussi fournieau; 

Taure (taureau) ; 

Pdché (paisseau) ; 

Mouché ou moucé (morceau) ; 

Maté (marteau, avec mépris; autrement martieau), etc. 

On trouve ai et ei changés en i : airignée, tignache, 
tignoux (araignée, teignasse, teigneux) ; en o : croe (craie); 
a en u ; mumelle (mamelle), etc. 



i C'est peut-être parce que les mots se sont rapprochés peu à peu 
du français, que les plus vieilles formes sont devenues termes de mé- 
pris» de moquerie, de dédain?... 



Digitized by 



Google 



20 PATOIS DB LA FORÊT DE CLA UVAUX 

E, E, E, E* 

Le son^ et le son £ou é se substituent fréquemment l'un à 
l'autre : école, écurie, écrire, ètrainge, répande, réponde, 
etc. (école, écurie, écrire, étranger, répandre, répondre) ; 
fiéve, liévej liéfe, régie, couturêre, lumére, ceumetére, 
boutenére, tête, fête, etc. (fièvre, lièvre, lèvre, règle, coutu- 
rière, lumière, cimetière, boutonnière, tête, fête, etc.). 
Dans ces deux derniers mots, la voyelle fermée reste longue. 

er, au commencement ou au milieu des mots se change 
souvent en ar, quand IV ne se supprime pas : sarrer, varge, 
vart (au féminin vade ou vadieu), ètarnuer, sarpe, char- 
cher, sarpent, jarbe, harbe, liarre, piarre, luzarne, etc. 
(serrer, verge, vert, éternuer, serpe, chercher, serpent, 
gerbe, herbe, lierre, pierre, luzerne, etc.). 

Quand IV est supprimé, Ye devient quelquefois grave : 
pèdu ou pedlu (perdu), prononcez presque pèdiu, en mêlant 
très intimement l'i à Tu. 

On trouve : 

e changé en a, en è, en 6, en oi, en ou : vous seras, 
dangereux , mâtrôsse, boirger, demoure, etc. (vous serez, 
dangereux, maîtresse, berger, demeure, etc.). 

é changé en d> i, o : flétri, gigier, locher, etc. (flétri, 
gésier, lécher, etc.). 

è, é en eu, o, 6, oi, â : t seume, f se leuve, soche ou 
choche, prôt, aipprôter, moiche,pie-griâche,châne, crâte, 
etc., (il sème, il se lève, sèche, prêt, apprêter, mèche, pie- 
grièche, chêne, crête, etc.). 

On trouve er changé en eu : veuderet (verderet) ; eu en 
o, en où, etc. : popilier,ùllol, pour, etc., (peuplier, tilleul, 
peur). 

Eut et eux, (voir plus loin, aux adjectifs). 



Digitized by 



Google 



PATOIS DB LA FORÊT DB CLAIR VAUX 21 



Le son i nous parait entrer de trois manières dans les 
mots : 

1° Directement : coutieau, créier, vieau, Léion, sitiôt, 
ridieau, lai, mai, etc., (couteau, créer, veau, on dit aussi 
vée, Léon, sitôt, rideau, la, ma, etc.); 

2° Par / mouillée 1 : b\anc (prononcez presque bian, en 
mêlant complètement les sons i et an), bleu, plaincher, 
pile, argile, glaice, plainche, plat, ètraingler (prononcez : 
ètrainguier), englouti, raclure, clou (prononcez : enguiouti, 
raqwure, quiou), filer, filé, haibile, filandre, emplâtre, 
semble, etc., (prononcez : empidtre, sembieu), etc. (bleu, 
plancher, pile, argile, glace, planche, plat, étrangler, en- 
glouti, raclure, clou, habile, filer, (il à coudre, filandre, 
emplâtre, semble, etc.); 

3° Par le son du g placé devant Yn : vingner, mingne, 
dingner, coingner, ètourgneau, prungneau, moingneau, 



1 N'est-ce pas cette tendance populaire à mouiller VI qui fait qu'on 
prononce presque partout souyè, escayé, pour soulier, escalier? et 
dans nos pays en particulier, mille, ville (dû fois cent, cité), comme 
la dernière syllabe de charmiïte et cheville ? 

Dans certains mots de patois pur, comme guiandon, par exemple, 
ceux qui veulent raffiner introduisent une / non mouillée et pronon- 
cent glandon. Ce ne peut être que par analogie, puisque le mot n'a 
sans doute jamais été écrit. Du reste on n'introduit beaucoup moins 
fréquemment VI dans les mots semblables, qui n'ont pas d7 ; on pro- 
nonce : blond, bianc, plomb, piaie, piait, pieut, etc., (blond, blanc, 
plomb, plaie, plaît, pleut, etc.), et bon, banc, pont, paix, peut, etc., 
comme en français. On dit cependant bleau (beau). Uiotacisme était 
général dans nos pays il y a une trentaine d'années. Tout le monde 
prononçait Napoléion, déhlors (dehors), et les chantres d'église 
criaient Deius meius. 

Le patois du ç'ost a moins de ces i et de ces / mouillées. Tandis 
qu'à Fontette et à Gunfin on prononce ç'ost çai de IcUpieue l à Eguilly, 
Gbenrey, etc., on dit : ç'ost ça, de la pleue (c'est cela, de la pluie). 



Digitized by 



Google 



22 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 

baidingner, chemingnée, etc. (viner — rendre beaucoup 
de jus, de vin : se dit des raisins ; voir au Glossaire — 
mine, dîner, mettre un coin, étourneau, pruneau, moineau, 
badiner, cheminée, etc. 1 ). 

En revanche, Vi se retranche de beaucoup de mots : 
pommer, poirer, couturére, fumer (on dit aussi fieri), lu- 
mére, matéraux, inguéter, darré ou darrer, etc., (pom- 
mier, poirier, couturière, fumier, lumière, matériaux, 
inquiéter, derrière et dernier, etc. — Voir plus loin, la 
diphthongue oi. 

L'i peut se changer en é> eu, 0, oi, ou, in, etc. : gévre, 
ceumetére, veu ou veud\m, lotiére, ploïer, loier, dèloïer, 
soutier, pingeon, etc., (givre, cimetière, vide, litière, plier, 
lier, délier, siffler, pigeon, etc.) — Voir à Yo. 



Or précédé d'une consonne comme cor, tor, etc., se 
change souvent en ou, ou perd simplement IV : coudeler, 
mouché, courdieau, mourtia, courvée, pouter, bône, otie, 
soti, todu ou todiu, etc. (cordeler, morceau, cordeau, mor- 
tier, corvée, porter, borne, ortie, sortir, tordu, etc.). 

Le contraire a lieu aussi : gormand, forment, formé, ton- 
ner, jonnée, etc. (gourmand, tourment, fourneau, tourner, 
journée, etc.). 

se change assez souvent, en ou et réciproquement : 
couchon, coûté, brousse, brousser, etc., (cochon, côté, 
brosse, brosser, etc.), — copé, copesse ou copasse, polie, 
côtxl, gôdron, etc., (coupé, coupure, poulie, coutil, gou- 
dron, etc.). 

On trouve on et changé en eu : seûner, etc. (sonner, 



1 On pourrait aussi bien admettre que Pt entre directement dans 
ces mots et écrire : ètournieau, moinnieau, etc.; mais le son du g 
seul rend exactement la prononciation mêlée des deux voyelles. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 23 

etc.); — ou en a : canne (couenne); — ou et o en eu ou 
eu : meurt, teûssi, peurri, neurri, meûlin, eûtil, feûlie, 
deurloter, etc. (mourir, tousser, pourrir, nourrir (ou pourri, 
nourri), moulin, outil, folie, dorloter, etc.). 
Nœud fait nond, genou, genon. 

U 

U se change facilement en i : riban, vinèraire,pignas, 
pignage, Heur, jiment, limera, himeur, pitois, enc\ime 9 
ètiver, etc., (ruban, vulnéraire, punais, punaise, lueur, ju- 
ment, numéro, humeur, putois, enclume, étuver, etc.) 

On trouve aussi des u substitués à des i ; lumaice, lu- 
maiçon (limace, limaçon). 

u se change aussi assez souvent en eu et réciproquement : 
heurter, peut, meûr, sailmeure, treuffe, breûler, seucer, 
seuçon, seuçot, etc., (hurler, put, mûr — en maturité, — 
saumure, truffe, brûler, sucer, etc.) — aibruver, Ugène, 
(abreuver, etc.). 

Diphthongues 01 et UI. 

Ces diphthongues sont très souvent détruites et ne gardent 
qu'une des deux lettres qui les composent : sor, nor, crore, 
vor, lor,g\ore, chogi, etc., (soir, noir, croire, voir, loir, 
gloire, choisir, etc.) — Voir aux noms et adjectifs les mots 
en oir qui perdent IV). — Frut, brut,puts, lu ou U, relure 
hussier, burotte, heule,jun, menuserie, sue, rungne, etc., 
(fruit, bruit, puits, lui, reluire, huissier, buire, huile, juin, 
menuiserie, suie, ruine, etc.). 

Quelquefois les deux lettres sont remplacées ou déplacées : 
choir fait cheur; pluie fait pleue (pieue) ; muid, meud, 
suivre, seugue (du latin seçui?); cuire, cueure; cuisse, 
cueuche, etc. 



Digitized by 



Google 



24 PATOIS DB LA FORÊT DE GLAIRVAUX 



b se substitue facilement au p et au v. (Voir à ces deux 
lettres.). 

b se change quelquefois en m : Coulas M'ncrdin, pain 
m'rdn (Nicolas Bernardin, pain bénil). 

Ç, S, SS 

ç doux et ss, s dur, se changent fréquemment en ch : 
pincher, pinchon, puche, pécher, picher, pichon, chochi, 
dèchochi, pdchè, lâcher {a très bref), frochure, tignache, 
voichi, finichons, bennichant, mouchelot, etc. (pincer, pin- 
çon et pinson, puce, percer, pisser, pissat, sécher ou séché, 
dessécher ou desséché, paisseau, laisser, fressure, teignasse, 
voici, unissons, bénissant, morcel ou morcelet, etc. *). 

Le contraire arrive aussi : sainger, torcher ', cabosson 
(changer, chercher, cabochon — couvercle d'une ruche). 

Les s doux (z) ont une grande tendance à se changer en g 
doux (ou/); aiguger, ragin, aimuger, aiviger, rugé, briger, 
âge, âgé, bêttge, cerége, merége, mâtrîge, lige, frige, 
grige, p\agi, majon, rajon, bujon, lifons, fayons, brijant, 
frijant, brijaque ou brisaque, ma/eu, etc. , (aiguiser, raisin, 
amuser, aviser, rusé, briser, aise, aisé, bêtise, cerise, me- 
rise, maîtrise, lise, frise, — de lire et friser, — grise, plai- 
sir, maison, raison, buson, lisons, faisons, brisant, faisant, 
briseur — qui use beaucoup — meshui, etc.). 

D 

d se supprime souvent devant r ; penre, poure, etc. 
(prendre, poudre, etc.). — Voir à r. 



4 On trouve la même prononciation an xvi* siècle : émorche (amorce). 
Rabelais. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DB LA FORÊT DB CLÀIBVADI 25 



fse change quelquefois en ve, au masculin : tôtwe pour 
(ôtif (hà\if\, veuve pour veuf : ein homme veuve. 
On dit au contraire : lièfe pour lèvre, 
/final se perd dans soi (soif). 

G 

g se change quelquefois en che ou c dur, et réciproquement : 
bauche, grabuche, chante, ocre, etc., (bauge, grabuge, 
jante, de roue, ogre, etc.), — dèmoinger, revoinge, revoin- 
ger f postige, etc., (démancher, revanche, revancher, pos- 
tiche, etc. ! ). 

g remplace Ys doux. — Voir au Ç. 

g entre volontiers dans certains mots pour s'unir à Yn : 
moingneau, ètourgneau, que je veingne, etc. (moineau, 
étourneau, que je vienne, etc.). — Voir à Yi et au pronom. 



Nous remplaçons par cette lettre le g doux devant les 
voyelles a, o, w, dans les mots où la prononciation patoise 
amène ce son. 

/de je devant une consonne, se change parfois en euf . 
(Voir au pronom.) 

L 

Tantôt cette lettre est supprimée complètement : viné- 
raire (vulnéraire), didbe (diable), etc.) 

Tantôt, comme nous l'avons vu à la lettre t\ elle devient 
mouillée : g\aude y b\eu, $oufl\e, ensemble (prononcez à 
peu près : guiaude, bieu, $ou/fieu, ensembïen.) 



1 Dans les contes des xin°, xiv«, xv e siècles, on trouve : domache, 
fromache, vanche, etc., (dommage, fromage, venge). 



Digitized by 



Google 



26 PATOIS DB LA FORÊT DE CLAIEVAUX 

Quelquefois même, elle paraît s'être insinuée, mouillée 
toujours, dans des mots qui n'en ont pas en français : mei- 
d\i (midi), prononcez meid-//i ou meidgli, à l'italienne; re- 
froidi (refroidi, etc.) — II esl impossible de figurer autre- 
ment cette prononciation. 

Les syllabes finales ble 9 fie, gle, etc., ou mouillent leur 
/ ou la perdent : trouble, souffle, règle, tabe (ou table), 
didbe,jâble, etc. — Voir les mots en able à l'A. 

/ se change volontiers en n et vice-versà : nentille, s'è- 
branner, coronnel, farbana> mane, annumelle, caneçon, 
etc., (lentille, s'ébranler, colonel, falbala, malle — cas- 
sette, — alumelle — vieille lame de couteau, — caleçon, 
etc.), calonnier, lommer, relommée, limèro, velin, veli- 
moux, Bèlonni, etc., (canonnier, nommer, renommée, 
numéro, venin, venimeux, Bénoni, etc.) 

/ se change quelquefois en r et vice-versà : rabourer, ra- 
bouroue, armonnd, farbana ou farbonna, carcul,virbeur- 
quin, rècarcitrant, etc., (labourer, laboureur, almanach, 
falbala, calcul, vilbrequin, récalcitrant, etc.), — râle,flam- 
boise, flamaçon, libambelle, raletè, colidor, etc., (rare, 
framboise, franc-maçon, ribambelle, rareté, corridor, etc.) 

/ s'emploie souvent comme lettre explêtive, redondante 
et non mouillée après le pronom eulle (elle) : eulle 1 ast 
venûn (elle est venue); eulle 1 ast drôle; çai r 1 ast (ce 
Test, c'est lui, c'est elle, c'est cela, etc.). C'est une de ces 
prononciations difficiles à corriger, et que Ton conserve quel- 
quefois longtemps après avoir changé son patois en fran- 
çais... 

M, N 

Ces lettres se redoublent presque toujours et se font sentir 
à la fin de la syllabe précédant celle qui commence par l'une 
d'elle : prommer (premier), caimmion (camion), raimme 
(rame de haricots), raimmer (ramer) , aiffaimmer (affamer), 
raimmeaux (le dimanche des) , raimmier (ramier — pigeon) , 



Digitized by 



Google 



PATOIS DB LA FORÊT DE CLAIRVAUX 27 

mammie (mamie), aibîmmer (abîmer), rèiaimmer (rétamer), 
Nannette (Nanette), Nannon, année, bannal, damné, 
Anne, etc., pronoqcez : prom-mer, caim-mion, raim- 
me, etc., Non-nette, an-née, ban-nal, etc. 

Le son n se fait entendre fortement avant le gn doux, 
soit que ce gn résulte de l'addition du g dans le mot patois, 
soit qu'il existe dans le mot français correspondant : von- 
gner, empoingner, saingner, soingner,gaingner, singner, 
moingneau, arguingner, raivingner, etc., (rogner, em- 
poigner, saigner, soigner, gagner, signer, moineau, taqui- 
ner, raviner, etc.). 

P 

p s'emploie pour b et vice-versà. On dit : beset ou pe- 
set (fanes de pommes de terre, tiges de pois, etc.); beser 
(prononcez b'ser) oupeser (peser, etc.). 

Après le p, comme après le b, / est presque toujours 
mouillée : pieun (plein), p\ant (plant), etc., prononcez à 
peu près : pieun, piant. (Voir /et L.) 

R 

Comme l'a très bien observé M. P. Tarbé, et comme l'ont 
répété MM. GueninetRay, «on supprime IV» souvent aussi 
dans le patois de la forêt de Clairvaux..., moins souvent, 
pourtant, que dans les autres formes ou nuances des patois 
de Champagne, à en juger par les travaux des auteurs que 
nous citons. Si on dit : chanve, chambe, gade, dbre* cône, 
code, paler, jadin, veuderet, pèdu, totu, todu, chadon, 
modu, pouter, vinaigue, orféve, fiéve, soti, pati, hadi, 
prope { , etc., (chanvre, chambre, garde, arbre, corne, 
corde, parler, jardin, verderet, Gèvre, sortir, partir, hardi, 



1 On trouve souvent ces mots écrits de même, du xm« au xvi* 
siècle : paler, pelé, panre, etc., (parler, perle, prendre, etc.). 



Digitized by 



Google 



28 PATOIS DE LA FORÊT DR CLAIRYAUX 

propre, etc.). On prononce ; pour, aivoir, vor, aimour, 
etc. (peur, avoir, voir, amour, etc.) 2 

H y a même certains mots qui prennent un r de luxe : 
/raîte, fruitière, chefre, usur fruit, précorce, espadron, rai- 
fristoler, saufre, harper, bandrouillére, cartron, enceintre, 
coutre, gître, jairle, etc., (faîte, faîtière, chef, usufruit, 
précoce, sauf, rafistoler, espadon, happer, bandouillère, 
carton, enceinte, coude, gîte, jale, etc.). 

Quelquefois IV change de place ipraûve (pauvre). 

Les syllabes finales bre, dre, fre, gre, etc., perdent gé- 
néralement IV ; octobe, marbe, novembe, descende, en- 
tende, coude, ponde, tonde, offe, chiffe, mette, c'neute, 
chante, lette, prope, liéve, etc., (octobre, marbre, novem- 
bre, descendre, entendre, coudre, pondre, tondre, offre, 
chiffre, mettre, connaître, chantre, lettre, propre, lièvre, 
etc.). 

Les mêmes syllables au commencement ou au milieu des 
mots se changent souvent en beur , cueur, deur, feur, gueur, 
etc., beurloque, cueurtien, fanfeurluche* gueurdin, gueur- 
lot, ègueurner, virbeurquin, cueurson, peurter, etc., (bre- 
loque, chrétien, fanfreluche, gredin, grelot, égrener, vil— 
brequin, cresson, prêter, etc.). 

Il y a des mots qui gardent, au contraire, IV de ces syl- 
labes et perdent la consonne qui le précède immédiatement : 
prenre ou penre, tenre, poure, moûre, coure, etc.,) pren- 
dre, tendre — adjectif, opposé de dur, — poudre, moudre, 
coudre ou coudrier — noisetier, etc. ) l . 

r final ne se prononce jamais à l'infinitif des verbes de la 
première et de la seconde conjugaison. (Voir au verbe). 

4 Dans certains villages on prononce cependant : aivoi, pouvoi, 
etc. D'ailleurs, la syllabe our, en particulier, perd le plus souvent son 
r : souci l, soude, loude, pou, poutant ou poutiant, etc., (sourcil, 
sourde, lourde, pour, pourtant, etc.). 

* On trouve de même au xm* et xiv« siècle : panre, poutre, etc., 
(prendre, poudre, etc.). 



Digitized by 



Google 



PATOIS DB LA FORÊT DE CLAIR VAUX 29 



Nous l'avons mis quelquefois, par analogie, à la un de 
certains mots de patois pur Unissant en o bref, et sonnant 
comme lot, pot, mot, etc. Exemple : virot, gritiot, etc. 



v aime à se changer en b : habre sac ou habeur-sai, 
cadabre^ raibigoter, etc. , (havre-sac, cadavre, ravigoter, 
etc.). 

Se substitue quelquefois à Vf. (Voir à VF.) 



V 
Sur les dix espèces de mots. 

Article. 
Les articles sont : 

Mas. sing. Fém. sing. 

ein 4 (un) eul 2 , le ou /' ou 7? (le) eunne, lai, V 

Le pluriel, comme en français. 

Exemples : 

euiAbre, fane, eunn' aigu-Ile, l'oratoire, 

ein raigujoue, Z'haibit, eunne vaiche, lai jiment, 

etn repassoac, eul chien ou Ze chien, eunne chienne, lai chienne, 

ein renard, eul raigujoue ou le raignjoue, eunne raigujoure, lai raigujoure. 

Mais devant r suivi immédiatement d'une autre consonne 
ou de Ve muet élidé et d'une autre consonne, on transpose 
en quelque sorte la syllabe eu de l'article eul, et Ton dit : 



1 J'écris ein avec e, à cause du féminin qui donne eu et non u : 
eun-ne. 

1 Est-ce encore l'eu euphonique, ou est-ce l'ancien article elf 



Digitized by 



Google 



30 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIR VAUX 

reurpassouc, Veurnard. De même au féminin, on dit aussi 
bien leurpassoure, ïeurlique que lai repassoure, lai re- 
lique ; et on dira toujours avec l'article indéfini, eunn 1 eur- 
passoure, eunn' eurlique, à cause de la difficulté de pro- 
noncer eunn' Clique en élidant les deux e muets. 

Ainsi cette syllabe eu, espèce de sifflement euphonique, 
se place tantôt devant l'article le (eul) auquel il se joint, 
tantôt devant le mot suivant, mais sans en faire partie in- 
tégrante, comme l'ont cru MM. Coûtant, Guenin, Ray, 
Tarbé, etc., puisqu'on dit régulièrement : ein renard, lai 
relique, les reliques, les renards 1 . 

11 est vrai que certaines personnes, notamment les en- 
fants, prononcent quelquefois, par analogie, faisant confu- 
sion de l'article avec le nom : ein eurnard; comme j'ai 
eutendu dire « en Frique, en Mérique, » par des gens qui 
qui confondaient l'A avec l'article la. 

Du reste, il est souvent très difficile de distinguer dans la 
prononciation française entre : Use remue et il s'eurmue, 
pour te regarder, et pour (eur garder* etc. 

C'est plus difficile encore en patois, à cause de la rapidité 
avec laquelle on élide les e muets... 

NOMS ET ADJECTIFS 

Voici les principaux noms de baptême, patoisès : 
Baptistot (Baptiste), Cadet, Cadichon, Cadol (Cadet), Co- 
liche, Colichai*, Colichot, Coulas, Coulaïot (Nicolas), Charli, 
Chariot (Charles), Dodo ? Edraot, Mottine (Edme), Falot ou 
Phalot? Fanfan, Frère, Frérot, G/aude, G/audiche, G/audot 
(Claude), Jacquot, Jeannot, Jeantin, Jeantine (Jean), Louiiot, 
Pierriche, Pierrot, Paullot, Quentignot, Thommiche, Toi- 
non, etc. 



1 De même qu'on dit encore, comme au xiv« siècle 
corpion, estattie, etc. 



DicjitizedfcKoO< 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 31 

Babel, Caihaû ou Cathos, Câlin (Catherine), Falotte, Fan- 
chette, FiGne, FHlette, Jacquotte, Jeanneton, Geunne, Geun- 
nolte (Geneviève), Marguitiew, Mondotte (Edmonde), Nan- 
nette, Nannon, Neettolte (Anne, Annettej, Sœurette, Su- 
zelte, Tiennett, Tiennon, Tonton, Tontinette, etc. 

Ces noms, assez communs il y a une quarantaine d'années, 
ne se donnent plus guère aujourd'hui. 

Les noms propres et les prénoms prennent presque tou- 
jours l'article : Y Henry, eul Durand, lai Mairie, etc. 1 . 

Donnons aussi les noms des principales professions : 

Airrmha, bûcheron ou copoue au bois, bourrier ou cole- 
ron, couturére, couvroue, cocher (prononcez : çoquier),fau- 
choue y feurtoue,filloure,laibouroue ou raibouroue, laivoure 
de bute, maiçon, marronnier, moichenoue, menusier, mu- 
mer, mairichau, pïaifonnoue, raigujoue ou repassoue ou 
rèmouloue, rèiamoue ou retamoue, repassoure, rochoue, 
semoue, scioue de long, tonnUer (prononcez tonniê), vin- 
gneron, veninjoue, etc., (arracheur, — c'est-à-dire ter- 
rassier, défricheur, — bourrelier, bûcheron, couturière, 
couvreur, cerclier, faucheur, peigneur de chanvre, file use, 
laboureur, laveuse de lessive, maçon, fabricant de merrain, 
moissonneur, menuisier, meunier, maréchal, plafonneur, 
gagne-petit, étameur ou chaudronnier ambulant, lingère, 
plâtrier, semeur, scieur de long, tonnelier, vigneron, ven- 
dangeur, etc.). 

Nous avons essayé vainement de généraliser les règles de 
terminaison des noms et des adjectifs... On a déjà pu voir 
combien les cas de prononciation, d'orthographe, de défor- 
mation varient ; presque toujours les exceptions sont aussi 
nombreuses que la règle... 



1 Les noms propres sont souvent précédés de l'adjectif possessif 
note, vote, là (notre, votre, leur). Les parents, père, mère, frères, 
sœurs disent : note Pierrot, note Fanchette, là Baptiste, etc. 



Digitized by 



Google 



32 PATOIS DE LA FORÊT DR CLAIRVAUX 

Voici, cependant, quelques remarques : 

La plupart des mots en eur } désignant des professions 
marquant Faction, pour ainsi dire, changent eur en où long, 
que nous écrirons oue : buvoue, causoue, foyoue, paloue, 
mainjoue, fauchoue, dz/oue, feurtoue, contoue, p\antoue y 
mentoue ou menteux, traivoilloue, révoue, sacloue (pro- 
noncez saquioue), etc., (buveur, causeur, faiseur, parleur, 
mangeur, etc.). 

Nous n'avons pas cherché à donner dans le Glossaire tous 
les mots de cette catégorie * : ils sont à peu près aussi nom- 
breux que les mots en eur français. . . Les moins employés 
même, si par hasard on les emploie, changent eur en oue : 
phrasoue, rimoue, politiquoue, etc., (phraseur, rimeur, 
politiqueur, etc.). 

Ceux qui se terminent en deur et en leur prennent sou- 
vent un i après la consonne dout : fondioue, p\aidioue, 
empruntioue, etc., (fondeur, plaideur, emprunteur, etc.). 

Le féminin se fait en oure : buvoure, mainjoure, etc. 

Quelquefois le même mot a deux terminaisons et deux 
sens différents. Ainsi marié fait mairie et mairioue : je 
viens de vor soti de VègMge eul jeune mairie et lai jeune 
mairiée (je viens de voir sortir*de l'église le marié et la ma- 
riée). — Mairier çail ein bieau mairioue ! An H todrot le 
nez qui en sotirot enco du lait (Marier cela ? un beau ma- 
rieur l un bel épouseur! (le mairion du xiu* siècle), on lui 
tordrait le nez qu'il en sortirait du lait. 

Beaucoup d'adjectifs en eux changent eux en ou (nous 
écrirons oux, pour conserver Yx): fdchoux, velimoux, en- 
vioux, pouroux, soingnoux, boilioux, heuroux, malheu- 



1 Du reste, nous en oublierons bien d'autres 1 Ce patois se suffit 
presque, et emprunte peu de mots nouveaux, peu de mots techniques 
surtout : on tourne par des périphrases. Un journaliste s'appelle ein 
fiijoue de journal, un puisatier ein creujoue ou creusoue de puts> 
un carrier, ein tiroue de piarres, etc. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DR LA FORÊT DE CLAIR VAUX 33 

roux y galout, fiévroux^ etc., (fâcheux, venimeux, envieux, 
peureux, soigneux, boiteux, etc.). 

Cependant, on dit : pairesseux, dangereux, sérieux, re- 
ligieux, etc. La plupart des exceptions portent sur les mots 
les moins employés, ou les plus nouveaux dans le patois. 

Les adjectifs en eux changés en oux ont la voyelle ou 
plutôt brève. Cependant cela dépend de la prononciation lo- 
cale. En général on peut dire que quand l'adjectif marque 
l'action, est employé verbalement, pour ainsi dire, le ou est 
long : qui te ronce, rançoue ! (ranceur, tousseur), et quand 
il marque l'état, la qualité simplement, il devient bref : ï 
ast boitioux, sourd et rançou. (Il est boiteux, sourd et 
enrhumé, asthmatique) 1 . 

Le même mot peut donc avoir quelquefois deux signi- 
fications différentes, selon que la syllabe ou est longue ou 
brève : fouilloue, qui fouille, qui cherche, qui furète, fouiU 
lou, ou fouillon, ou feuillon, groin ipouillouc, qui pouille, 
cherche les poux à un autre ; pouilloux, pouilleux, qui a 
des poux. 

Os mots ont leur féminin en ouse : enviouse, bignouse, 
(\eg est dur), soin g nome, etc., envieuse, chassieuse, etc. 
Quelques mots changent leur terminaison eur en eu 
ou eux : vouleux (voleur), menteux (menteur), etc. 

Les noms en eu sont rares et ne changent guère de termi- 
naison : feu, jeu, lieu, etc.; milieu se dit moitian (ceux qui 
disent milieu, mouillent 17.). 

La plupart des mots en oir se terminent en oi long, 
quand la diphthongue n'est pas détruite, ou en ou long (voir 
diphthongue oi) : miroie, tiroie ou tiran, avec mépris, ter- 
roie, reposoie, mouchoie, airrosoie, ègrugeoie, etc., (mi- 



' Boitiow signifie en quelque sorte boiUur : vilain boitioue ! 
c'est-à-dire: toi qui vas boitant; et boitioux marque simplement 
l'état : ç 'ast ein boitioux (c'est un boiteux.) 

t. xlix 3 



Digitized by 



Google 



34 PATOIS DE LA FORÊT DE CLA1RVACI 

roir, tiroir, terroir, elc); sacloue (prononcez: saguioue), 
dèméloue, racloue, repoussoue, graitlouc, recueillons, 
plantoue, frommoue, reposoue (bâton sur lequel on appuie 
sa hotte, quand on s'arrête pour respirer), chargeoue, dè- 
chargeoue ou dèsargeoue, etc., (sarcloir, démêloir, racloir, 
repoussoir, grattoir, recueilloir (jale), plantoir, fermoir, 
reposoir, chargeoir, déchargeoir, etc.) 

Saloir fait saloie et sailoue; couloir, couloie et couloue ; 
dévidoir, dèveudiol; blutoir, beurtieau, etc. On dit même 
aussi : airrosoue, ègrugeoue. 

Beaucoup de mots en oire ont leur terminaison changée 
en oure : mâchoure, baingnoure, mainjoure, baissingnoure, 
racXoure [raquioure) ou raclotte, ècumoure, etc., (mâchoire, 
baignoire, mangeoire, bassinoire, racloire, écumoire,etc.). 
Jabloire îaitjabloue (jabioue, masculin). 

Les mots en ou et en oux gardent généralement la même 
terminaison : clou (guiou), vrou, mou, fou, doux, etc., 
(clou, verrou, etc.). Dans quelques villages pourtant ou se 
change en eu : c\eu, vreu, meu, leup, etc. ! . 

Les mots en ard, art, ord, orl, comme lard, bavard, part, 
mord, mort, tord, etc., ne changent guère non plus ; seule- 
ment ils se prononcent des dents, d'une façon impossible à 
figurer, Va ou Yo très bref, IV vibrant... Du reste, comme 
nous l'avons dit déjà, la prononciation varie beaucoup d'un 
village à l'autre. 

Les mots en igné et en ine prennent en général la termi- 
naison ingne : baibingne, bobingne, cugingne, dingne, fai- 
ringne, èpingne,guingne, lingne, mailingne, mèdecingne, 
raicingne, singne, terringne, vingne, cousingne, faimin- 
gne, varmingne, matingne, etc., (babine, bobine, cuisine, 
digne, farine, épine, guigne, ligne, maligne, médecine, ra- 
cine, signe, terrine, vigne, cousine, famine, vermine, mâ- 
tine, etc.) 

« On trouve leu pour loup du xm' au xv« siècle. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 35 

Les mots en vne se changeât pour la plupart en ungne : 
lungne, fortungne, chaicungne ou chsicunne, etc., (lune, 
fortune, chacune, etc.) 

Certains mots en se, se, si, son, etc., doux, se changent en 
ge, géj gi,jon, etc.: cerége, brigè, chogi, aitujon^prinjon^ 
etc., (cerise, brisé, choisi, artison, prison, etc.) Voir à Ys 
doux. 

Certains mots en al ont leur singulier en au : vau % (val), 
chevau (cheval), etc. : ein mav, ein an-nimau. 

Quelques mots en euil, changent euilen eu : ècureu, œu, 
chevreu, seu 9 etc., (écureuil, œil, chevreuil, seuil, etc.) 

Quelques terminaisons en eil, tille, se changent en oil, 
oille : paroil, oroille ou air oille, etc., (pareil, oreille, etc.) 
Les terminaisons en mi,mis, ni, nis, nid, nil se changent 
fréquemment en min et nin: commin (commis), aimin 
(ami), frommin (fourmi), nin (nid), etc. — Voir aux verbes 
et participes : tenin, venin, aigonin, fournin, gamin, mins, 
endormin, etc 1 . 

Dans ce patois, les diminutifs sont très nombreux. On 
pourrait presque dire que chaque mot a le sien... Et puis, 
quand on en manque, on en (ait, particulièrement des ad- 
jectifs et des verbes. 

En voici des plus usités parmi les noms. Ils sont géné- 
ralement terminés en ot pour le masculin, oite pour le fé- 
minin : bouchelot (petit, mauvais boucher), calot (petite 
cale), chânot (petit chêne, chdne) , biquot (petite bique, che- 
vreau), feuillot (petite feuille), coutelot (petit ou mauvais 
couteau), panserot (petite panse, estomac de cochon), fieu- 
tot (petite flûte), tuilot (morceau de tuile cassée), p\ainchot 



1 Les noms propres même subissent cette altération souvent dé- 
préciative... Sur les registres de l'état civil de Fontette des xvii* et 
xvme siècles, on trouve le nom de Mony écrit tantôt Mony, tantôt 
Monin et Mosgnien. On dit avec une nuance de dédain : du pain 
b'nin ou m'nin (du pain bénit), d' l'eau b'nintieu. 



Digitized by 



Google 



36 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRYAUX 

(piainckot, petite planche, bout de planche), piochot (petite 
pioche), rhumelot, tronchot, grumelot, pâchelot, poichot 
ou pocho, gachenot, couchenot, pouchenot, mouchelot, 
saichenot, ratelot, gobinot, ougelot, trouïot, vailot ou vè- 
lot, boulot, cuvelot, etc. (Voir au Glossaire pour la signifi- 
cation.) 

Aiffairotte, quichotte, mainchotte, fourchotte (ne pas 
confondre avec fourchette), vaichotte (espèce de prune), 
pommotte, poirotte, souchotte, michotte, pellotte,poichotte, 
pochotte, gachotte, haichotte, codelotte (on dit code, code- 
lotte et courdieau), caichotte, bouchotte (petite bouche; ne 
pas confondre avec bouchotte, ou long, jeu), poulotte, rai- 
totte,p\ainchotte, burotte, boulotte, chrirolte, coupotie, bro- 
quotte, parotte (petite part), fontenotte, piarrotte, curotte, 
chaudrotte, ècuellotte ou ètuellotte, èpingnotte, feuselotte, 
roulotte, ruellotte, guingnotte, cruchoite, cloiotte, etc., — 
(voir au Glossaire.) 

On en trouve en et : hotteret (petite hotte), botter et (petit 
bot, petit crapaud), etc. ; en on: bureton (petite burotte), 
rentillon (petite rente, intérêts des intérêts), pocheton (petite 
poche); en i : coucheri (petit coq), cani (petit canard), ain- 
gneli (laine d'agneau), etc.; en î long : créotie, etc. (Voir 
au Gloss.) 

Les diminutifs des adjectifs se forment de même : blain- 
chot } blaincholte (de b\anc, blanc), norot, norotte (de nor, 
noir), petiolot, petiolotte (de petit), etc. 

On fait même fréquemment des diminutifs de diminutifs : 
miottotte (de miotte, miette), poichenicot (de poichot ou po- 
cho, peu), petiololot (de petiolot, tout petit), etc. 

Quelques-uns de ces diminutifs ne le sont que par la forme 
et l'origine. Ainsi souchotte ne veut pas dire petite souche, 
mais désigne spécialement la souche, le tronc de la vigne ; 
burotte nomme, au contraire, une grande bure ou buire, 
dont le diminutif est bureton; fmjotte désigne en général la 
fraise des bois ; poirotte et pommotte, les fruits du poirier et 



Digitized by 



Google 



' PATOIS DB LA FORÊT DE CLAIR VAUX 37 

du pommier sauvages; rougeotte, un champignon violacé ; 
jaunoite, un champignon jaune, etc. 

On fait de même des diminutifs de verbes à volonté : chan- 
totter, beurluiotter, maingeotter, etc. (Voir au verbe.) 

DÉTERMINATIFS 

Çt, g* te : ce, cet, celte — (cY devant une voyelle et 
ç'te devant une consonne). 

Mon, ton, son, not\ vof, 16 : mon, ton, son, notre, 
votre, leur 1 . 

Mai, tai, soi, etc. : ma, ta, sa, etc. 

Mes, tes, ses..., lôs... 

Que : quel, quelle : que homme, que femme ! lai que l 
(qu'elle est grosse, grande ! etc.) 

Té : tel, telle : tèjou ast V prommer, té jou, F huit. 
(Tel jour est le premier, tel jour est le huit). 

Nun : personne, aucun : ri y ai 2 nun, an ne voit nun* 
pa les vingnes. (Il n'y a personne, on ne voit personne par 
les vignes). 

Tourteus, tourtous, tortous, teurteus, selon les diverses 
prononciations; féminin: tourteutes, tourtoutes, etc., si- 
gnifie tous, sans exception. Cet adjectif se place ordinaire- 
ment à la fin de la phrase, on dira : toutes nos beurbis sont 
revenûns; et eulles sont revenûns* tourteutes (toutes nos 
brebis sont revenues.) — A Cunfin, on prononce teut (tout); 
aux Fosses, tot. p etc. 



1 Dans quelques villages leur se rend par leû ou leû. 

* Prononcez comme s'il y avait un g : gnai (d'une seule émission 
de voix). 

3 On disait de même au moyen-âge : voix d'un, voix de nun. 

4 Prononcez r'venuns en allongeant, la dernière syllabe, comme 
pour la féminiser. De môme tous les féminins des participes en un 
ou en In. 



Digitized by 



Google 



38 PATOIS DE LÀ FORÊT DE CLAIRVAUX 

PRONOMS 

Je, me, moi, nous, tu, te, toi, vous, ne changent guère. 
Dans quelques villages on prononce to ou ta pour toi, 
notamment à Cunfin, à Ville-sous-la Ferté, etc. 

/, i's, (il, ils), eulle, eulles i , (elle, elles), /, li, lu, lé, le, t% 
zeuXy 16 ou \ô (lui, le, elle, eux, leur). 

On emploie me, le, pour moi, toi, au régime direct : baille 
me, retire te, etc., (donne-moi, retire-toi, etc.). 

La syllabe euphonique eu se place encore souvent devant 
le pronom je : euje v'rôs (ou vourôs, ou veurôs) bin, qu'ï 
fùge (ou fùffie) bieau temps demain! (Je voudrais bien 
qu'il fit beau demain). Euje viens, mommanl (Je viens, 
maman !). 

Quelquefois, on entend ce sifflement de Y eu plus ou moins 
fortement avant le deuxième pronom ou la négalion ne : 
Euj' me dijôs ou jeumm' dijôs; euj' ne pourras oujeunri 
pourras pas (je me disais; je ne pourrais pas). Eujete dijôs 
ou jeu? dijôs, etc. 2 

Le pronom nous s'emploie à tous les cas, excepté au su- 
jet, où il est remplacé pur je, singulier : euje vons ai char- 
rue. 



1 Le patois du ç'ost, qui emploie l'article lou % prononce aile. 

* Gomme nous ayons tu à l'article, cette syllabe eu se transporte 
aussi fréquemment devant certains verbes : i' faut qu' j'eur tonne (il 
faut que je retourne), et non i faut qu'euje retonne; eull* eurtonne 
(elle retourne, etc.). C'est donc bien pour adoucir la prononciation, 
et à cause des e muets, puisqu'on dit : tu rctonnes (prononcez rtonnes), 
f retonne, plutôt que t'eurtonnes, i' eurtonne, qui s'emploient cepen- 
dant aussi quelquefois. 

Disons tout de suite, pour en unir avec cette syllabe, qu'on la place 
encore devant certains autres mots : pronoms, adjectifs, prépositions, 
etc., surtout au commencement de la phrase: euce maitin lai (ce 
matin là), eucctus-ci (celui-ci). Quand f — Eudemain ; euje seûs pus 
riche que toi. — Eud' combin f On dit : ç'ost reteurli (c'est ridé, ré- 
tréci), et eul feu vai Veurteurli ; eulle 1 ast toute eurteurlie, tai 
pomme, etc., (elle est toute ridée, ta pomme.) 



Digitized by 



Google 



PATOIS DB LA FORÊT DE CLAIRYAUX 39 

On trouve quelquefois nos ou nos pour nous : viens 
nos deux (viens nous deux). Dans quelques villages nons : 
viens aiveu nons (viens avec nous). 

Le pronom i\ ïs se change en g devant Yn : griy ai rin; 
griontrin, griy cùvot nun, griy en ai pus, etc., (il n'y a 
rien, ils n'ont rien, il n'y avait personne, il n'y en a plus, 
etc.). Prononcez : gnai, gnont, gnan 9 etc., d'une seule 
émission de voix, malgré l'y, absolument comme gnai dans 
saignait, gnon dans ognon, gnan dans d'Artagnan ou gro- 
gnant, etc. 

Eux est toujours précédé du son z : euje traivoille pou 
zeux (je travaille pour eux), ç'ast et ai zeux, ou même de 
faizeux lai majon (c'est d'eux la maison, c'est à eux 1 ). 

U pour lui se place devant les voyelles el est toujours 
mouillée : f l'ai dit (prononcez jiai dit, je lui ai dit), 
f Y Y ai dit (même prononciation, je le lui ai dit) ; devant 
une consonne on emploie M ou li : euje M dijôs (je lui disais) 
ou euje Y Y dijôs (je le lui disais), ou euje li. . . euje M. . . sans 
mouiller les/ 1 ). 

Lu et lé (lui, elle) s'emploient surtout après le verbe 
être : çast lu, c'ast lé (c'est lui, c'est elle) ; et comme com- 



1 Cette bizarre tournure : o'ast d'ai moi, ou de t'ai moi, c'ast de 
fai vout, etc., nous paraît résulter de remploi double, redondant, 
des prépositions de et d, c'est-à-dire de la combinaison c'e$t à et c'est 
de. 

* Donc tantôt on mouille, tantôt on ne mouille pas VI ou les / de 
ce U y c'est-à-dire qu'on prononce indifféremment gli ou H, soit pour 
lui, soit pour le lui. Il doit y avoir confusion de ces deux pronoms. 
Comme nous le disions d'ailleurs au pronom i', le g semble aussi 
parfois entrer dans ces sons. On peut écrire : ï airot (Il aurait), ïl 
iront (ils iront), (prononcez iai, i\U d'une seule émission de voix) ; 
mais avec la négation, on ne saurait parfois rendre exactement sans 
le g le mélange intime de n avec les pronoms f et y : gri 'airot (il 
n'aurait, ou il n'y aurait) ; gn'y seront point (ils n'y seront point), etc. 

Après le pronom indéfini an (on) l de li se change souvent en n : 
an ni ai, pour an li ai (on lui a). 



Digitized by 



Google 



40 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVÀUX 

plément de préposition : ç'astpou lu, ç'astpou lé (c'est pour 
lui, c'est pour elle). 

Le (ou F pour le) s'emploient devant les voyelles et de- 
vant les consonnes pour représenter les personnes et les 
choses, comme en français : je le feras bin (prononcez jeul); 
euje taimme bin (prononcez emme); euje te c 1 mande de 
le faire ou deul faire (je te commande, etc.). On dit aussi 
très souvent du faire, en contractant Ja préposition de avec 
le pronom, comme on la contracte avec l'article. 

Lia ou Là (leur). Ce son iô doit résulter encore de 17 et 
même de deux // mouillées : je \ôz ai dit ou je \6s ai dit 
(je leur ai dit), je Y ldz ai dit (je le leur ai dit). (Prononcez 
dans les deux cas : jiôz ai dit) l . De même devant une 
consonne : euje \6 diras (je leur dirais), ou euje Y\6 diras 
(je le leur dirais 2 ). 

Au contraire / de l'adjectif possessif 16, 16$ est rarement 
mouillée : 16s gens (ses parents, leurs parents 3 .) 

Cetu-ci, ceius-ci, ou cetal-ci (celui-ci), cetclle-ci (celle- 
ci), cetu-lai ou cetuUlai (celui-là), cetelle-lai (celle-là), 
ces-ci, ces-lai, celles-lai ou ceulles-lai (ceux-ci, ceux-là, 
celles-là), çai (cela) 4 . 

MAS. FÉM. PLURIEL DES DEUX GEXRES 



Eul mienne 


(le 


mien) 


Lai mienne 


(ta...). 


Les miennes, 


eul tienne, 






lai tienne, 




les tiennes, 


eul sienne, 






lai sienne, 




les siennes, 


eul note, 






lai note. 




les notes, 


eul vote, 






lai vote, 




les votes. 


eul leur. 






lai leur. 




les leurs. 



1 Cette liaison que j'indique par un z, résulte peut-être du pluriel 
Ut?... 

* Quelquefois cependant, on prononce lia sans mouiller 17 ; dis lia 
que je seûs pâti (prononcez li comme dans lieu), (dis-leur que je suis 
parti.) 

3 Là ou \ô s'emploie aussi souvent pour eux : ïs s'en vont 16 deux 
ou \ô deux (ils s'en vont eux deux, ensemble). 

4 Ancien français : cestui, cette-cl, etc. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DB CLAIRYAUX 41 

\Jo de note, vote est loag oa bref, fermé ou ouvert, selon 
les pays. 

Le pronom indéfini on se prononce an. Nous écrirons an 
pour distinguer ce mot de en pronom ou préposition [ . 

Verbe et Participe. 

Verbe été a (être). 



PRÉS. DI L'ilfD. 


IMPARFAIT. 


PASSÉ 


Euje ou je seûs, 


J'ètôs ou ètaûs, 


Euje ou je seûs z*eue, 


t'ées », 


t'ètôs, 


fées z'eue, 


i'ast *, 


i'ètot», 


i'ast z-eue 8 , 


je sont (oa euje). 


j'è tains 7 , 


euje ou je sons r-eue, 


vous êtes 6 , 


vous etains, 


tous êtes r-eue, 


i's sont. 


i's ètaint. 


i's sont r-eue. 



1 On trouve an pour on dans les contes des xn* et xm* siècles. 

' Le premier é de été est à la fois fermé et long. 

8 L'u de tu 8'élide. Ce mot se prononce exactement comme il est 
écrit, c'est-à-dire comme la dernière syllabe du participe gâtées. Dans 
quelques villages, cependant, l'é fermé devient ouvert. 

4 Cette syllabe est longue, et nous croyons devoir l'orthographier 
ainsi, (prononcez iâ). Dans les interrogations cet ast se change en eust 
(prononcez eu) : eust-ce que tu v'rôs m'en bailler f (est-ce que tu vou- 
drais m'en donner?) 

5 Le premier é est à la fois fermé et long comme à l'infinitif. Du 
reste, nous ne saurions trop le répéter, les voyelles deviennent lon- 
gues ou brèves, les e et les o fermés ou ouverts, d'un village à un 
autre. 

6 Généralement les deux premières personnes de l'imparfait ontl'd 
fermé et la dernière syllabe longue ; la troisième a l'o ouvert et bref, 
comme dans mot, lot, flot; l'é redevient ouvert dans ce temps... (pro- 
noncez iètot). Il arrive souvent ainsi, dans notre patois, particulière- 
ment dans les verbes, que la longueur ou la brièveté d'une syllabe 
donne au mot une signification différente ou un rôle différent... (Voir 
aux adjectifs en ou) . 

7 Prononcez ètains, en traînant un peu la dernière syllabe. Nous 
avons retranché l'e de ent à la 3e personne plurielle pour qu'on ne 
puisse pas prononcer comme en français. 

8 Qu'est-ce que ce mot eue ou zeue (prononcez comme queue) , ce 
participe passé qui sert aux trois verbes être, avoir et aller f On dit 
également : je seûs z-eue mailaide; je seûs z-eue aux vlngnes ;j'a* 
z-eue mai part. (J'ai été malade; je suis allé aux vignes; j'ai eu ma 
part.) On dit : j'y seûs z-eue ou j'y ai z-eue pour j'y suis allé. 



Digitized by 



Google 



42 PATOIS DB LA FORÊT DE CLAIR VAUX 



rOTOR CONDITIONNEL PRÉS. DU 5DBJ. IMFARP. DU 8UBJ. 

Je serai (ou euje), Je ou euje ssrôs, Queje(pr.queuj')sôes, Que je feue, 

tuseraies(pr.serée), lu serôs, que tu sdes* que tu feues, 

i 'serai, i'serot*, qu'i'sot, quT feue, 

euje ou je serons, je se rai as *, que je sains 6 f que je feus&ains, 

▼ous seras l , vous serains, que vous sains, que v. feussains, 

i's seront. i'sseraint 4 . qu'i's saint. qu'i's 7 feussaint. 



* Seras, raz ou raes? Nous avons orthographié comme on pro- 
nonce. 

1 L'o est généralement ouvert et bref comme dans paletot. 

8 Ou euje serains. Cet eu pouvant s'appliquer toujours devant le 
pronom je suivi d'une consonne, même au subjonctif, après la conjonc- 
tion que, nous ne reviendrons plus sur cette observation. — Ve de je 
ne se fait jamais sentir dans la prononciation. 

4 Seraint et serains, comme ètaint, chantaint, chanter aint, etc., 
se prononcent en allongeant la fin de la dernière syllabe. 

5 Prononcez sô long — à la 3° pers. l'o est bref et ouvert. 

6 Même observation que pour seraint, qnant à la prononciation. — 
Résumons : os, syllabe longue et ô fermé, pour les deux premières 
personnes de l'imparfait et du conditionnel ; ot, syllabe brève et o ou- 
vert pour la 3* personne du singulier de ces deux temps ; ains, oins 
et aint se prononçant d'une manière longue aux trois personnes du 
pluriel de ces mômes temps ainsi qu'aux trois personnes du pluriel 
du présent du subjonctif. Ceci s'appliqus à tous les verbes. — Remar- 
quons cependant que dans quelques villages la 3' personne du sin, 
gulierde l'imparfait et du conditionnel, est en ai : i' dat, f devrat- 
(il doit, il devrait). — On dit à Cunfin : Et ta, norot ? Et ta, rou- 
geolf Si mon cul s'effondrât tu seras binpenot. (Et toi, noirotf Et 
toi, rougeotf Si mon cul s'effondrait, lu serais bien capon). Devinette : 
dialogue entre le Feu et la Chaudière. 

7 h'$ du pronom i's (ils) ne se fait jamais sentir : on prononce : 
i' sont, Vêtaient, ï seront, qu'i saint, font, i' ait aint, qu' ï aint, 
i' 1 iraint, etc. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DB LA FORÊT DE CLAIRVÀUI 



43 



Aivoir ou aivoi (avoir). 



PRÉSENT. DE l/llfD. 


IMPARFAIT 


PASSÉ 


J'ai», 


J'aivôs ou aivaûs, J'ai r-eue, 


t'aies •, 


t'aivôs, 


t'aies r-eue, 


Tsi •. 


i'aivot, 


i'ai ar-eue, 


j'ons, 


j'aivains, 


j'oos r-eue 


tous aftes 4 , 


vous aivains, tous aftes z-tue, 


i's ont \ 


i's aivaiot. 


i's ont *-eue. 


FUTUR 


COItDITIOXIfEL 


PRÉS. DU SCBJ. IMPARFAIT. DU SUW. 


J'ai rai, 


J'airôs ou raûs t 


, Que j'ôe, Que j'eue, 


t'ai raies (proa. fairées) 


6 t'airôs, 


que t'ôes, que feues, 


i'airai, 


i'airot, 


qu' i'ot, qu* i'eue, 


j'airons, 


j 'airains, 


que j'ains, que j'eussains, 


tous airâs (m ou raes?), 


vous airains, 


que vous ains, que vous eussains, 


i's airont. 


i's airaint. 


qu' i's aint. qu' i's eussaint. 



1 Ai ouvert comme dans clair, air. 

* Se prononce absolument comme la même personne du môme 
temps du verbe être. Nous l'orthographions différemment pour conci- 
lier autant que possible l'étymologie avec la prononciation. — (Voir 4 .) 

• Prononcez iai, comme une diphthongue, d'une seule émission de 
voix. 

* Môme observation qu'à la seconde personne du singulier... Dans 
quelques villages, cependant, l'ai est ouvert aux deux secondes per- 
sonnes, comme à la première du singulier et on supprime le t à la se- 
conde personne du pluriel, qui se prononce alors comme la seconde 
du singulier : vous aie*. Nous pensons donc qu'on doit écrire : Vous 
zUesein bieau couchon, M. te Curé..., et non vous êtes, comme quel- 
ques-uns l'ont cru ; puisqu'on dit au pluriel : /'ans ein bieau cou- 
chon, et au prés, du sub. : i' faut que vous ains toujous ein pus bieau 
couchon que les autes... y etc. 

> Prononcez iont y comme une diphthongue. (V. la note 7 de la 
page 42.) — C'est une règle générale d'ailleurs, qui admet très peu 
d'exception : Vi se môle toujours intimement à la voyelle suivante. 

• Dans quelques villages, Y ai fermé devient ouvert. 



Digitized by 



Google 



44 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIE VAUX 



Euje chante >, 
tu chantes, 
i'chante, 
euje chantons, 
vous chantez, 
i's chantent. 



Chanter 

Euje chantôs, 
tu chantôs, 
i'chantot s f 
euje chantaint, 
vous chantains, 
i's chantaint. 



roToa 

Euje chanterai, 

tu chanterates (pr. chanter éë), 

i 'chanterai, 

euje chanterons, 

▼ous chanteras 3 , 

i's chanteront. 



COXDlTIOSlfEL 

Euje chanteras, 
tu chanteras, 
i'chanterot, 
euje chanterains, 
▼ous ehanterains, 
i's chanteraint. 



J'ai chanté, 
t'aies chanté, 
i'ai chanté, 
j'ons chanté, 
vous aftes chanté, 
i's ont chanté. 

PRÉ. DO SUBJ. 



qu'euje chante, 
que tu chantes, 
qu' i'chanle, 
qu'euje chantains, 
que vous chantains, 
qu' i's chantaint. 



L'Impératif se fait du présent de l'Indicatif en supprimant 
les pronoms. 

On trouve des traces du passé défini et de l'imparfait du 
subjonctif. Nous avons entendu des personnes âgées dire : 
J'en bures (nous en bûmes). T faurot qu'euje fùgie, qu'euje 
fdhgissains (il faudrait que je fisse, il faudrait que nous fis- 
sions), au lieu de : J'en ons bue ou beue; ï faurotqi/euje 
f*\je, faijains... Il nous souvient de trois frères, contem- 
porains de mon aïeul, que la jeune génération surnommait : 
J'en bures, S en heures et S en buvires. Mais ces temps sont 
très peu employés hors du verbe être et du verbe avoir, et 
nous n'en parlons que pour mémoire. 

Nous bornerons là nos conjugaisons, pour ne pas faire 



4 La difficulté de prononcer/ chante en supprimant Ve du pronom 
je, amène ici forcément la syllabe eu. 

1 Dans quelques villages on prononce : i f chantât. — (Voir la même 
remarque au présent du subjonctif du verbe être.) 

3 Quelquefois cette 2 a personne pluriel se confond dans la pronon- 
ciation avec la seconde du singulier : vous ne vous plaindrées pas. . . 
(Vous ne vous plaindrez pas...) Doit-on écrire drezf Est-ce la seconde 
personne du pluriel qui est employée pour la seconde du singulier 
et réciproquement? 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 45 

une véritable grammaire. Au surplus, dans le Glossaire, 
nous citerons à l'occasion, et même nous conjuguerons 
différents temps de verbes en ir, oir et re. 

Ces verbes d'ailleurs sont beaucoup plus irréguliers qu'en 
français. Même, parmi ceux de la première conjugaison, 
peu suivent exactement le modèle chanter. Ainsi hier (lier; 
prononcez lo-ier), fait : je /de, tu lôes, etc. ; que je loye 
(prononcez /o-ieu), elc. ; pâcheler fait : que je pâcheulle, 
etc. 

LV final de l'infinitif de la première conjugaison ne se 
prononce pas; mais, comme nous l'avons dit, nous le con- 
servons, attendu qu'il en est de même en français. 

Pour la 2 e conjugaison, nous le supprimons, car il ne se 
fait jamais sentir. L'infinitif sonne absolument comme le 
participe passé : J'ai fini; ï faut fini 1 

Certains verbes en nir (participe passé : m), changent 
nir, à l'infinitif, et ni au part, passe, en nin : aigonin, 
fournin, garnin, dormin, endormin, etc., (agonir, fournir, 
garnir, dormir, endormir, ou agoni, fourni, etc.) Venir et tenir 
ayant, ainsi que leurs dérivés, l'infinif en in, ont le participe 
passé en un: venun^ tenun % revenun, retenun, etc. Ces 
participes en in ou un ne changent pas au féminin; seule- 
ment on allonge la syllabe finale en la prononçant. 

Dans quelques villages, à Cunfin et Ville-sous-la-Ferté, 
par exemple, on supprime aussi l'r final des infinitifs de la 
3* conjugaison, et on prononce : aivoi, pouvoi, saivoi 
(avoir, pouvoir, savoir). 

A la 4 e conjugaison, on supprime généralement ou IV 
de la terminaison à l'infinitif, ou la consonne qui précède 
cetr : mette, tende, penre, etc., (mettre, tendre, prendre, 
etc.). 

Il y a aussi des participe en in ou plutôt ins dans cette 
conjugaison, prins, minSj aipprins, soumins, etc., (pris, 
mis, appris, soumis) ; an féminin, la syllabe in ou ins, de 
brève devient très longue, simplement. 



Digitized by 



Google 



46 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 

Sentir et ses composés ont le participe passé en u, ne : 
$entu,sentue (senti, sentie). 

Les verbes en ailler (et on en compose ainsi, selon les be- 
soins) marquent, pour la plupart, la répétition ennuyeuse, 
la persistance inutile, agaçante, incomplète de Faction. U 
y a un certain mépris, un reproche, de l'impatience dans les 
mots : gibailler (de giber, jouer, s'amuser, plaisanter), se/?o- 
menailler, maingeailler, beuvailler, tr&inailler, rôdailler, 
chaissailler, glissailler (de glisser, patiner, courir sur la 
glace), etc. Du reste, ils ont à peu près la signification qu'ont 
en français les verbes de même terminaison : tirailler, ri- 
mailler, courailler, etc. Nous n'en donnons que quelques- 
uns dans le Glossaire, les plus communément employés. 

On répète presque toujours le pronom i\ i J s (il, ils) après 
un nom sujet : note champ, i* ast juste dans lai baisse 
(notre champ est juste dans la basse — basse ou baisse, en- 
droit plus bas, dépression de terrain, petit vallon). 

MOTS INVARIABLES 

Nous n'avons rien à signaler de particulier sur les ad- 
verbes, les prépositions, les conjonctions... Nous dirons 
seulement que les interjections sont assez fréquentes et très 
expressives dans ce langage brusque, imagé, plein d'onoma- 
topées, de mimologismes. Citons-en quelques-unes pour 
exemples : ac 9 ac ac ac, cri pour marquer la sensation de qui 
se brûle ou se pique ; iche, iche iche iche, pour exprimer 
la sensation du froid ; oille, oille oille oille ou oye oye oye 
(ahi?) pour exprimer la souffrance en général; frouste (qui 
a donné le verbe frouster); poigre (pouacre?), beurdôo, 
pûte, vourrr, ghiss, pitotot, housse ou ousse, etc. (Voir ces 
mots au Glossaire). 

Encore deux ou trois observations et nous clorons cette 
préface ou introduction déjà trop longue. 

En général pour faire une gradation, on répète le même 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAU1 47 

mot ou le même membre de phrase plusieurs fois : ï y en 
ai cheû, ï y en ai cheû, de ç'te pieue ! (Il en est tombé, il en 
est tombé de cette pluie !) En italien on dit de même : met- 
te te lo, vivo vivo nel fuoco (mettez -le tout vif dans le feu). 

On remarquera une tendance à donner aux mots étranges, 
techniques, inconnus, une orthographe positive d'après la 
signification apparente des sons, la ressemblance que ces 
mots ont avec d'autres mots connus, vulgaires. Ainsi, on dit : 
virbeurquin (vilbrequin), de virer, tourner; F eau danum (lau- 
danum) ; eau pionne (opium) ; feu nomenne (phénomène) ; 
sang suce (sangsue); Mathieu sailè (Mathusalem); sang 
d oreille (centaurée); mère eurluyingne ou r lugingne (mé- 
lusine); mouche catholique (cantharide) ; Marie f ordonne 
(majordome); pierre amide (pyramide); aigledon (édre- 
don), terre aspic (thlaspi), estropisie (hydropisie), etc 1 . 

Quelquefois le mot déformé, pa toisé, emporte une 
signification différente du français, une idée de mépris qu'il 
n'a pas quand il est bien prononcé. Ainsi on dira : mets tes 
guêtres, et ç'ast ein vieî tr&lne-gdtres ; ote tes sales gdtres 
du carron (c'est un vieux traîne-guêtres; ôte tes sales guê- 
tres du coin de la cheminée). 11 y a même certains mots 
qu'on n'emploie jamais qu'avec une nuance de mépris, 
par opposition au mot français ou quasi français. Une mère 
dira à son enfant : vai faire coper tes cheveux (va faire 
couper tes cheveux) ; et : n'euscueille pas tes gogans su 
note table (ne secoue pas ta perruque, tes crins, sur notre 
table) ; mets tes cueulottes propes pou ailler ai lai messe 
(mets tes culottes propres pour aller à la messe) ; et : brisa* 
que ! euje seûs houdée (ou oudée?) de raic'môder tes mai- 



i Phémie des Scènes de Bohème disait peigne noir, pour peignoir ; 
et nous avons entendu le tambour de ville de Bar-sur-Aube, qui pro- 
menait un âne à vendre au détail, terminer ainsi son annonce en 
montrant le quadrupède c . . . dont voici Y espèce humaine t » — il 
voulait dire le spécimen. 



Digitized by 



Google 



A 



48 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIR VAUX 

ringues (brise-tout! je suis fatiguée de racommoder ton 
pantalon.) 

Nous le répétons, nous n'avons pas recherché les origines 
possibles des mots, et pour cause... Cependant, quand une 
étymologie nous a paru certaine ou très probable, nous 
avons mis en italiques le radical supposé suivi d'un point 
d'interrogation. 

Nos exemples sont généralement pris dans les maximes, 
les proverbes, les' dictons populaires, formules, devinettes, 
etc., ou tout au moins choisis parmi les locutions et les 
phrases les plus fréquemment employées. 

Quand les mots présentent quelques difficultés de pro- 
nonciation avec l'orthographe du radical que nous tâchons 
de conserver, nous les écrivons dans l'exemple, absolument 
comme on les prononce. Ainsi nous écrivons sâc\ot en titre 
avec 17 mouillée d'origine (sarcloir), et sâquiot dans 
l'exemple (ou entre parenthèses, quand il n'y a pas d'exem- 
ples). 

Pour ne pas grossir inutilement notre recueil, nous en 
avons écarté, en grande partie, les mots qui ne diffèrent du 
français actuel que par une nuance de prononciation, par 
des accents transposés... Ainsi panais qu'on prononce pa- 
née, ètaux qu'on prononce èto, etc. 

D'un autre côté, nous avons cru devoir y introduire quel- 
ques mots français employés avec une signification tout à 
fait différente de la signification française, comme par exem- 
ple : curer, brancher ou broncher, fouler, etc. — (Voir au 
Glossaire). 

Un savant chercheur pourrait-il trouver là-dedans, une 
origine, une filiation, la confirmation d'une seule hypothèse? 
Nous le souhaitons. En tous cas, nous avons fouillé avec 
émotion dans nos souvenirs... C'est notre premier langage, 
et nous sommes suffisamment payé de notre peine. 

Pour donner une idée de l'assemblage des mots, de la 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAItVAUX 49 

construction, de l'harmonie des phrases, nous avons per- 
pétré le sonnet que voici : 



A M. E. SOCARD 

Ces méchant' écœurjoux qui ont * lâché lai lés vingnes, 
Qui s'en sont zeûs bè'lun, ai l'école, ai Pairi, 
I's * ont bieau paie meux qu' nous, mett' des cheminges ûngnes 
Les joua, des grands chaipés, des cales en midri; 

End' tous lés taftions moi jeunn' bafll'rés pas quat' dingnes 
De note chanve, ma fié, pas même de matri ! 
Et quand i's raippoutraint des sous pieun deux charpingnes, 
Jeunn' v'rés point m' dèrainger d'çai pou les ailler qu'ri. 

I's n' croyent a pus ai rin, i's tendent lés naqueltes, 
Quand eul grand venredi, vous n' v'iez pas mainger d' lard. 
D'ailleurs i's sont gormands, n'ié faurot que d'iai part. 

Vous ait' bieau les boquer, défaire vos casquettes, 
I's n' vous r'cueuneuchent pus ! Ma poutant si, quéqu'fois, 
I's vous digent bonjou. . ç'ast quand i's ont b'sun d'vos voix ! 

Traduction 

Ces méchants morveux qui ont abandonné leurs vignes, 
qui s'en sont allés bien loin à l'école, à Paris, ont beau 
parler mieux que nous, mettre des chemises fines, de 
grands chapeaux (à haute forme) les jours ouvrables (par 
opposition au dimanche) une casquette pointue, en cône, 
(un képi) ; je ne donnerais pas, moi, de tous leurs co- 
lifichets, leurs nippes, quatre brins de notre chanvre, ma 
foi, pas même quatre brins flétris, desséchés. — Et, quand 
ils rapporteraient des sous (de l'argent) plein deux corbeilles 



1 Prononcez : quUmt y iont, d'une seule émission de voix. 
' Prononcez : cro-ille. 

t. xux 4 



Digitized by 



Google 



50 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUI 

(des espèces de mannequins d'osier), je ne voudrais pas me 
déranger de ça (en faisant claquer son ongle sur ses dents), 
pour les aller chercher i . 

Ils ne croient plus à rien ; ils ricanent lorsque vous refusez 
de manger du lard le Vendredi- Saint. D'ailleurs, ils sont 
gourmands; il ne leur faudrait que de la viande ! 

Vous avez beau les frôler en passant, ôter vos casquettes : 
ils ne vous reconnaissent plus ! Mais, si pourtant : quelque- 
fois ils vous disent bonjour... C'est quand ils ont besoin de 
vos voix ! (au moment des élections). 



1 Ordinairement les parents, les amis qui possèdent des chevaux 
vont chercher aux gares ou aux bureaux de messageries, les jeunes 
étudiants, les employés, etc., qui reviennent passer des jours de va- 
cances dans leur village natal. 



J 



Digitized by 



Google 



GLOSSAIRE' 



abbe, n. c; arbre : ein gros ôbre (un gros arbre); entre Vàbre et 
l'ècorce (entre l'arbre et Técorce...)— De aubre ? xni« et xiv # 
siècle. 

ac, ac ac ac ou Aie Aie Aie Aie 3 , interject.; cri de qui se brûle, 
se pique, ou ressent une douleur semblable à une brûlure ou à 
une piqûre. La personne qui empoigne par mégarde un charbon 
incandescent ou une épine crie ac! l'enfant qu'on fouette crie ac 
acacl — ChouctThév.* 

accin, n., clos, propriété attenante à la maison; — de accedo ? 
achi, n. c; essieu : % ai cassé l'âchi de sai voitiure; ï.ast fort 

comme ein âchi de fer. (Il a cassé l'essieu de sa voiture; il est fort 

comme un essieu de fer). 

acle, ou haclb? (en), expression qui signifie en guenilles, les habits 
tout déchirés; quelquefois tout percés, tout usés, en haillons : 
*' ast rentré en aquieu du bois (il est rentré les habits tout dé- 
chirés...); euje seûs en aquiexx (je suis en guenilles, en haillons). 



4 Comme il n'y a pas d'à long ni d'italique en petites capitales, le 
lecteur voudra bien se reporter à l'exemple pour avoir la prononcia- 
tion exacte de certains mots. 

1 Quand les mots auront ainsi deux orthographes, ou plutôt deux 
manières de se prononcer, nous placerons la plus employée la pre- 
mière. 

• Nous citerons de cette façon les mots correspondants ou sem» 
blables des autres patois de l'Aube, quand nous les connaîtrons. . . 
Les signatures abrégées devront se lire ainsi : 

Gros. : Grosley; — L. C. : Lucien Goûtant; — P. T. : Prosper 
Tarbé ; — G. et R. : Guenin et Ray ; — ch. de n. : chanson de noce 
(Eugène Ray) ; — Thév. : Thévenot. 



Digitized by 



Google 



52 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIR VAUX 

aoa don et aigai don, interj . ; tiens, regarde donc : aga don F bel 
ougelot, là bas! (Tiens, regarde donc le bel oiseau là-bas !) S'em- 
ploie aussi pour marquer ï'étonneraent, l'admiration : ï ast zeue 
paie lu-méme au Préfet — aga don ! ï ai ousu ? (il a été parler 
lui-même au Préfet — tiens, il a osé?) Du vieux verbe agarder. 
— Aga don /... G. et R. 

âge, n. et adj.; aise : t" ast ai son âge (il est à son aise); i'ast bin 
âge (il est bien aise, bien content). 

âgé, adj.; aisé : çast bin âgé quand an fait ce qu'an veut (c'est bien 
aisé, quand on fait ce qu'on veut) ; ce moinge-lai, i' ast bin âgé 
(ce manche-là est bien aisé}. Çast bin agé 9 employé adverbiale- 
ment signifie : après tout, malgré tout, etc., c'est l'expression 
d'un regret, d'une protestation ironique : çast bin agé 9 ï ne fait 
rin de lai sainte jonnée (c'est bien aisé, il ne fait rien de la sainte 
journée). Un homme bat son cheval, sa femme lui crie : çast bin 
âgé, tue-le ! — Ajé et benajey, L. C. ; aige y aise, P. T.; âgé, G. et 
R.; aje t ch. de n. 

agement, n.; récipient, vase quelconque en bois, en terre, en métal, 
etc. : aies-Ju ein agement pou mett' eul vin qui restée (as- tu un 
vase, un récipient pour mettre, etc.) 

âges, n.; aîtres ou êtres : c'neute les âges d'eunne majon (connaître 
les êtres d'une maison). 

ai, prép. et verbe, à et a : ï ai ai boire et ai mainger (il a à boire 
et à manger); ai /' s'emploie souvent pour au : baille ai mainger 
ai V chien (donne à manger au chien). 

aibacher, v., abaisser; s'aibâcher, se courber : aibâche4e, que je 
monte ai graou, ai cavale su ton dos (abaisse-toi, courbe-toi, afin 
que je monte sur ton dos...) — Voir ai graou et ai cavale. 

aibauoue, n., bajoue, partie de la tête d'un porc; par analogie 
grosse joue pendante : i ast gras comme ein fouin, t ai des ai' 
baijoues !.. 

aibané (on èbané?) adj. ou part., grand ouvert. Se dit particuliè- 
rement d'une porte ou d'une croisée : ïs ont * lâché lai pote, lai 
croisée ouvrie toute aibânée (ils ont laissé la porte, la croisée 
ouverte toute grande). Ou même, sans le participe ouverte .... 
lai pote tout aibânée. 

aibier, v., abuter, jouer un premier coup pour déterminer le rang 

4 L'* de fs (ils) ne se fait jamais sentir. Prononcez iont. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAÏRVÀCX 53 

des joueurs, au palet, à la galline, à la bique, etc. : aibie le* 
prommer, tu jouerûes Vdarrer (abute le premier, tu joueras le 
dernier), lai bin aibié, ma t'ai mal joué (il a bien débuté, mais 
mal continué, mal fini). 

aibîmmer, y. (prononcez aibin-mer), abîmer, briser, fatiguer outre 
mesure, détruire, etc. : % ai aibîmmé sai faulx dans les piarres 
fil a abîmé, brisé sa faui dans les pierres); ï aibîmme son chevau 
ai V faire traivoiller si jeune (il abîme son cheval, etc.) 

aiboutener, v., boutonner : aibouteunne tai cueulotte (boutonne ta 
culotte). Momman, je me seûs aiboufné tout seul. — On dit 
aussi raibouiener dans le même sens. 

aibraimmer (prononcez aibrain-mer), v., avoir faim, une faim ca- 
nine ; être affamé en tout temps : i' aibraimme, comme si gri a aivot 
pas maingé depeûs huit jous (il est affamé comme s'il n'avait pas 
mangé depuis huit jours); an dirot qui* aibraimme : %' ai tou- 
jous eunn' aune de boyau veud'ieu (on dirait qu'il a la faim calle : 
il a toujours une aune de boyau vide). 

A1BRUVER, v., abreuver. 

aibuger et aimuger, v., amuser. (Voir aimuger). 

aicabler, v., accabler. Prononcez : aicâbier. 

àicc'môdé, part. pas. du v. aiccmôder, accomodé, apprêté, assai- 
sonné : vêlai ein \iéve qui ast bin aicc'môdé (prononcez quiast 
d'une seule émission de voix). (Voilà un lièvre qui est bien ac- 
commodé). — On prononce de même raicc'môder, raccommoder 
et mode, mode. — Acmodé, apprêté, ch. de n. 

aicc'môder, v., accommoder. (Voir akc'môde). — On dit dans le 
même sens : airrainger (arranger). 

aiccoler, v., accoler, lier aux échalas les nouvelles pousses de la 
vigne. — Ècoler, acoler la vigne, Gros. 

aiccouver (s'), v., s'accroupir : %' ast lai aiccouvé dans Vâtre qui se 
chauffe, en piaice d'aiguger ses pâchés (il est là, accroupi dans 
l'âtre, se chauffant an lieu d'aiguiser ses paisseaux) t'aies don les 
côtes en long? bâche te, mâtin, et ne (aiccouve pas f (tu as donc les 
côtes en long? baisse-toi, mâtin, et ne t'accroupis, ne t'écrase pas 
sur tes talons). — S'écouver, se blottir, s'accroupir, Gros.; s'ac- 
couver, s'affaisser, s'accroupir, Thév. 

1 II est bien entendu qu'on ne prnoonce jamais Ye de le, quand on 
emploie cet article. 

• Si gn' pour s'il n'. 



Digitized by 



Google 



54 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 

aiccueulé, adj. ou part, passé du verbe s' aiccueuler ; s'emploie no- 
minativement, et signifie petit, qui a les talons encore trop près 
du derrière, trop jeune; s'accompagne ordinairement d'un 
autre adjectif comme prauve (pauvre), méchant, etc. : Méchant 
aiccueulé, prauve aiccueulé! etc., s'applique à un gamin qui veut 
faire l'homme trop tôt, qui projette quelque chose au-dessus de 
son âge ou de ses forces : çai fume, çai pipe, euce méchant aie- 
cueulé-lai t Se dit aussi d'un homme court et chétif. 

aiccueulée, n., grande quantité d'une matière quelconque, versée 
brusquement ; tas, hottée, fardeau sous lequel on aiccueulé, on 
ploie : eunn 9 aiccueulée de piarres; i' en empoutot eunn' aicvueulée 
dans sai hotte; c'est-à-dire, il en emportait une quantité qui le 
faisait ployer; grande averse, provenant d'une nuée qui s'écrase 
toute dans le môme endroit : i' ai piû, ï ai piû, t'en ai cheû eunn 
aiccueulée du diâbe f (Il a plu, il a plu, etc.) On dit aussi ècrôlée, 
ruche et verse : aiccueulée est plus énergique. — Aculey, averse, • 
L. C. 

aiccubuler, v., acculer : aiccueuler ein tombereau, le faire pencher 
à l'arrière, le verser, le décharger ; aiccueuler sous quelque chose, 
ployer sous le poids. Saiccueuler, s'abaisser, s'accroupir, s'aic- 
couver : aiccueule4e darrer lai hâe, tu serties meux cûché (écrase- 
toi, accroupis-toi derrière la haie, tu seras mieux caché). 

aichaitti, v., affriander, rendre gourmand comme un chat : ï ast 
zeue mailaide, çai-U'ai aichaitti. (11 a été malade, cela Ta rendu 
friand, difficile). L'infinitif et le part, passé s'écrivent de même; 
— de chaît. 

àiGHETER, aigeter et aisseter (s), v., s'asseoir : t' s'aicheute su ses 
tailons (il s'asseoie sur ses talons,) ; aisseute-te ai bas (asseoie- toi 
par terre); t' s ast aigeté dans le mou (il s'est assis dans l'humi- 
dité, dans un endroit mouillé). — Acheteij, L. G.; s'achetey, P. 
T.; s'ajeter, G. et R. — On prononce de môme aicheter (ache- 
ter). 

aighbter, v. acheter. 

AIGHETÔ, AISSETÔ, AICHETOUE, AISSETOUE, AIGETOUE, (OU AICHETEAU? 

etc.), n., siège improvisé, sellette, banc, tronc, éminence de ter- 
rain, et particulièrement la pierre que disposent pour s'asseoir 
les vignerons, les braconniers à l'affût, etc. On dit aussi stô et 
stoue : J'aivôs fait ein bel aistou, ein bieau stô, qui que ç'ast 
qui me l'ai démoli, retivcliè, prins ? ("J'avais fait un beau siège, 
qui est-ce qui me l'a démoli, renversé, pris ?) — Acketou, L. C.; 
acheton, achetou, P. T.; ajetou, G. et R. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRYAUX 55 

AicHBTOUB, n., acheteur. 

aichevi et aigevi, v., iiif. et part, passé, achever; en particulier : 
finir de tuer, donner le coup de grâce : Y bouge enco, ï faut l'ai- 
chevi. (Il remue encore, il faut l'achever). 

aicoitot, n., abri ; se metf ai l'aicoiyot, se placer dans un en- 
droit où Ton est garanti du vent, du froid, de la pluie, surtout 
du vent : Je n'ai pas zeue trop frod pou goûter, jeum' seûs 
mins ai l'aicoiyot darrer l'èpingne. (Je n'ai pas eu trop froid pour 
goûter (dîner), je me suis mis à l'abri derrière l'épine); ces çops 
lai, qui étaint f ai l'aicoiyot desous les âbres, i's ne sont pas zeùs 
gelés (ces ceps là, qui étaient abrités sous les arbres, n'ont pas 
été gelés). — Ècoyau, abri, Gros.; acoyau et acoyo, L. C; acoyau 
a coyo, P. T.; à coyo ou à l'acoyo f G. et R.; accoi (abri), Thév. 
— Quand il s'agit de la pluie on dit plutôt ai Vaibri (à l'abri). 

AicouREAti (ouêcourô?) n., branche sèche, écorcée t à demi pourrie, 
tombée d'un arbre dans les forêts, ou y tenant encore : i' ai rai* 
massé ein fagot d'aicoureaux (il a ramassé un fagot A'aicoureaux; 
s'ï fayot ein grand vent, tous ces aicoureaux lai cheurraint (s'il 
faisait un grand vent, tous ces aicoureaux-h, tomberaient). 

aicouter, v., soutenir, étançonner, caler : on aicoute un mur qui 
menace de tomber, une hotte qu'on veut faire tenir debout, une 
roue de voiture pour qu'elle n'avance pas, etc. S' aicouter, se 
soutenir, s'appuyer à, contre quelque chose : euje me seûs aicoutée 
contre lai murûlle pou ne pas cheur (je me suis appuyée au mur 
pour ne pas tomber). Ne pas confondre avec écouter (écouter), 
entendre, obéir. — Acotiey, caler la roue, L. G. ; acotiey, ap- 
puyer, P. T.; acoter (s'), s'appuyer contre..., Thév. 

aicoutot(ou aicouteau?) n., pierre, tronc, etc., qui sert à aicouter 
quelque chose; en particulier le bâton qui sert à aicouter une 
hotte, quand on veut la faire tenir debout. — Ne pas confondre 
avec ècoutot. — Écotot, appui en forme de coin, Gros. 

aicroche, n. , mangeoire de la vache, espèce d'auge placée sur le 
sol, devant la tête de ces animaux, et où l'on met leur nourri- 
ture : renveuche lai chaudére de brouvée dans l'aicroche de lai 
vsiche (renverse la chaudière de brouvée dans l'ange de la vache) ; 
lai vûche, euW ai brigé son aicroche (la vache a brisé...). De 
crèche? par la confusion de l'article avec le nom, de lai avec 
l'ai?)— Ne pas confondre avec aiccroche, 3 e pers. du sing. du 
prés, de l'ind. du verbe aiccrocher, accrocher. 

1 Prononcez quiétaint. 



Digitized by 



Google 



56 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUÏ 

aicrômi et aicroumi, part. pas. (du verbe, j'aicrômi et j'aicroumi, 
s'accroupir, s'aiccouver, peu employé à l'infinitif) accroupi, 
resserré; qui a la tête renfoncée dans les épaules : cul co ï ai 
l'air mailaide, i'ast aicrômi, ï trûne les peneaux... (le coq a 
l'air malade, il est accroupi, il a le cou renfoncé, il traîne les 
ailes...); eurdrevssete don, peut 1 aicrômi f (redresse-toi donc, 
vilain refrogné, maussade, endormi I) 

aicueu (ou ècueu?) part. pas. écorché, excorié parle frottement, la 
marche ou la chaleur, à l'intérieur des cuisses : sitiât qui 9 mar- 
che, t" ast aicueu, tant i' ast gras (aussitôt qu'il marche, il est 

tant il est gras). Se dit aussi des enfants qui ont la peau 

entamée par l'urine. Dans quelques villages on dit : avoir le 
ou les frayons; voir scellé. Les délicats prononcent aicui ? 

aidioue, n., aide, du verbe aidier (aider) : Çast ein bon aidioue, 
aillez, qu'ein enfant comme çai ! (C'est une bonne aide, allez, 
etc.) Par ironie. 

aidos, n., ados ; les deux raies du milieu du champ jetées l'une 
contre l'autre, adossées et formant une petite élévation, quand 
on commence à labourer la pièce par le milieu : Faire ein aidos, 
commencer de labourer le champ par le milieu de manière à ra- 
masser la terre en dos fane et à creuser les rives. C'est le con- 
traire de tirer ai dia. (Voir ce mot). 

aidosser, v., faire un aidos en labourant. 

aidreussb, n., adresse; eune rin faire d'aidreusse, faire tout de 
travers, sans adresse, tout mal. Vai poutant fait çai d'aidreusse 
en sai vie (il a pourtant fait cela bien en sa vie). Eté d'aidreusse, 
être bien placé, à l'endroit convenable, dans le sens convenable : 
Eurtonne çai, ce n'ast pas d'aidreusse (retourne cela, c'est placé 
à l'envers, mal mis, etc.) ; mets-te d'aidreusse (place-toi bien, 
comme il convient). 

aidrot, aidret et adret, adj., adroit. 

aiffaire, n., affaire, chose, outil, objet quelconque, comme en fran- 
çais ; Eu je vas vous dire eunn ai/faire, eunne cheuse... (Je vais 
vous donner une raison, une explication, un argument, etc.); 
au pluriel, désigne tout particulièrement les vêtements, les ob- 
jets de toilette. Une mère dira à sa fille : t' n'aies point soin de 



1 Nous avons dit que nous écririons peut (laid) avec un eu long... 
cependant devant un nom commençant par une voyelle, la pronon- 
ciation devient brève et ouverte et le t se fait sentir. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DB LA FORÊT DB CLAIRTACJX 57 

tes aiffaires; piaice tes ai ff aires. (Tu n'as pas soin de tes vêle- 
ments, place tes vêtements). — On emploie dans le même sens le 
mot briques. 

aiffairottb, n., diminutif d'affaire, petit morceau d'une chose, 
petit bout : ïai tiué { ein sainguier tout seul et ï ne m'en ai bûllé 
rin qu'eunne méchant' petiote aiffairotte (il a tué seul un sanglier, 
et il ne m'en a donné rien qu'un méchant petit — c'est-à-dire 
tout petit — morceau). 

aiffautli, v. et part, pas.; priver de nourriture, affaiblir, prendre 
plus que sa part au râtelier commun, en parlant des animaux. 
Quand deux chevaux vivent ensemble, par exemple, si l'un est 
plus habile à manger ou plus vorace que l'autre, on dit que le 
premier aiffautUt le second, et que le second est aiffautli ; (pro- 
noncez presque aiffaut-gli ou aiffaut-lU; il est impossible de 
figurer exactement ce son). On dit d'un enfant maigre et qui 
mange bien, qui n'est privé de rien : ï nast ou gnast poutant 
pas aiffautli. (Il n'est pourtant pas réduit à la portion congrue, 
privé de..., etc.). — Affauti, manquer, L. C; affauti, man- 
quer, P. T. 

aiffétibr (ou ÈFFÉTiBR?) v., enlever les branches d'un arbre ou les 
rameaux d'une branche, émonder. On aiffétieu une canne qu'on 
vient de couper pour la rendre lisse, un osier avant de s'en ser- 
vir : J'ai aiffétié mes parches a" arpents a et fait des fagots aiveu 
les aiffétiurbs. (J'ai émondé, ébranché mes perches, etc.). 

aiffourbr et raiffourer, v., remplir les râteliers des moutons, leur 
donner à manger quand ils rentrent des champs : aies-tu aiffburé 
ou raiffourè les beurbis ? (as-tu approvisionné, préparé les râte- 
liers, etc ) ; — de affener? feutre ? fourrage? 

aiffourée, n., ration : bailler eunne bonne aiffourée, (mettre une 
bonne quantité de fourrage dans les râteliers). 

aiffutiau (ou aiffutiot ?) n., se dit d'un engin quelconque, d'un ou- 
til, d'un objet de toilette, etc., dont on ignore l'usage, ou dont on 
veut parler avec dédain : quast-ce que ç'ast que et* aiffutieauAai 
enco que tu raippoutes ? (qu'est-ce que c'est que cet engin, cet em- 



4 Prononcez ce mot en mêlant intimement Pi et Pu. Cette pronon- 
ciation de tuer se perd difficilement, plus tard, quand on veut parler 
français : c'est comme le schibboleth du patois de nos pays. 

2 Arpents, affouages; part d'arpents, part d'affouages. Bailler les 
arpents, délivrer les portions affouagères. 



Digitized by 



Google 



58 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 

barras, etc., que ta rapportes?) Ein bel aiffutiott ai quoi que 
ç'ast prope ? 

aiffutier, v., aller à l'affût, braconner : euce çoquier-lai taiffutien 
pus qui 9 ne raiguge sai ptainne (ce cerclier-là, va plus à l'affût 
qu'il n'émoud, n'aiguise sa plane). Jeu de mots sur aiffûtier, 
aller à l'affût, et aiffutier, affûter, aiguiser, donner le tranchant 
à un outil. 

àiffutioub, n., celui qui va à l'affût, braconnier. 

aigledon, n., édredon. 

AIGOCER (OU AIOOSSER OU AIOAUSSER OU ÈGAUSSBR, etc.?) V. t amuser, 

choyer un enfant, le bien accueillir, l'exciter à rire, lui faire des 
agaceries, le caresser : J'ai mené lai petiote chez son onquieu, qui 
l'ai bin aigocée et qui li ai bùllé ein gros mouchelot de sucre. 
(J'ai mené la petite chez son oncle, qui l'a bien accueillie, bien 
choyée, et qui lui a donné, etc.) ïaimme bin les enfants, x les 
aigosse bin. — De agacer? de gasf badinage, plaisanterie au 
xin e siècle? — Voir raimasser, môme sens. 

aigraipe, n., agrafe. 

aigraiper, v., agrafer : aigraip*. tai robe qui ast dègraipée (agrafe 
ta robe qui est dégrafée). 

aigripper, v., agripper, prendre à la dérobée, saisir au passage; 
arracher des mains : Tai aigrippè ein mouchelot de sucre ai lai 
cafetière. (J'ai tiré des mains...). Tgade son onquieu. pou tâcher 
d' aigripper quèque cheuse. 

aiguaissbr, gaisser et guiaisser (ou aigaicbr, etc.?) v., laver légère- 
ment, passer à l'eau, rincer du linge qui n'a guère servi : vai 
gaisser ou guiaicer les deux draps qui n'ont servi qu'eunne fois. 
Mai hottèe d'hades laivée, eulle l ai cheû dans lai boue; je seûs 
zeue obligée de tout aigaisser et de tout tode enco eunne fois... (va 
passer à l'eau, etc. Ma hottée de hardes lavée, elle est tombée dans 
la boue, et j'ai été obligée de tout rincer et de tout tordre une 
seconde fois). On dit dans le môme sens aiguayer. — Ègacer, 
passer du linge à l'eau, Gros.; égacer, rincer le linge, Thév. 

aiguayeb, v., (voir aiguaisser). 

aiguger, v., aiguiser, émoudre; s'emploie plutôt dans le sens de 
rendre aigu: on aiguge des pâchés, des piquots, einquiou, etc., 

( des paisseaux, des piquets, un clou, etc.), et on raiguge 

un outil tranchant, eunne sarpe, ein coutieau, eunn AaÀche, etc., 
(une serpe, un couteau, une hache, etc.). 



Digitized by 



/ 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DB CLAIRVAUI 59 

aiguiàincher \ y., éclabousser, faire jaillir de l'eau au visage ou 
sur les vêtements : en pompant, ï m'ai aiguiainché (en pompant, 
il m'a éclaboussé). Une roue de voiture, un cheval qui marche 
dans l'eau ou même dans la boue, etc., aiguiainchent les passants. 
— Êglisser, éclabousser, Gros. 

aiguillie, n. , (aigurïïie), aiguillée, ce qu'on met de fil à une ai- 
guille d'une fois. 

AiGuiLLOTTBs, (aigu-l\ottes) y n. pi., nom d'une plante adventice, le 
géranium, herbe à Robert. 

aiûuillottes (aivoir les), — voir quingnais ou quingnets (même sens). 

aigujon, n., pointe, partie aigûe d'un piquet, d'un paisseau, etc. : 
tous les aigujons de ces pâchés lai, ïs sont peurris. (Tous les bouts 
toutes les pointes des ces paisseaux-là sont pourries.) 

ailagne, n., alêne: ç'ast pointiu comme eunn'ailâgne (c'est pointu 
comme une alêne). Çai se cûche comme des ailâgnes dans un sai f 
(ça se cache comme des alênes dans un sac; c'est-à-dire cela ne 
peut se cacher). 

atllaige (été en été en bon) être en marche, en train, en bonne 

voie, en bonne allure : Note aiffaire eulM-ast en aillaige, en bon 
atllaige. (Notre affaire est en route, en train, en bonne voie, va 
bien.) 

ailambille, n., alambic. 

aille, interj., cri du voiturier pour exciter son cheval, hue. Faire 
aille, crier aille pour démarrer, donner le premier coup de fouet, 
commander le premier mouvement. Quand on s'est arrêté au 
pied d'un coteau, on fait aille pour reprendre la marche (a-illi). 

aille (ne pouvoir plus), être recru de fatigue, ne marcher qu'avec 
grand' peine par suite de lassitude, de souffrance ou de vieillesse : 
Je seus lassé que je ne peux pus aille. (Je suis si lassé que je ne 
peux plus bouger). Oht leprauve vieï, % ne peut pus aille /(Oh ! 
le pauvre vieux, etc.). — Ahir, marcher avec peine. Gros.; ahir> 
Thév. 

aillé, part. pas. allé, parti: te vêlai aillée (te voilà parti?). On 
adresse souvent cette question, pour dire quelque chose en pas- 
sant, aux personnes qu'on rencontre allant aux champs. (Les II ne 
sont pas mouillées). 



1 Les beaux parleurs disent aiglancher. Encore un exemple de la 
traduction de Yi en / mouillée. 



Digitized by 



Google 



60 PATOIS DE LA FORÊT DE CLÀIBVAUI 

ailler (en), v., en aller; se dit d'un vase qui laisse fuir, couler le 
liquide par un trou, un joint, une fente; se dit du liquide lui- 
même : note sieau ï ast eusé, ï en vai comme ein p'ner, (notre 
seau est usé, il fuit comme un panier). Popa, viens vor les meuds : 
le vin en vai tout pa lai caive. (Papa, viens voiries muids: le vin 
fuit tout par h cave). 

aillumer et ailleummer, v., allumer, éclairer: aillume ou ail- 
leumme eulfeu; tiens lai lanterne drot ieu et aillume on ailleumme 
me, (. . . tiens la lanterne droite et éclaire-moi). 

ailluré, part, p., qui a de l'allure, dégourdi, élégant, quia l'usage 
du monde. (Voir dèllurer). 

ailouche, n., fruit comestible du sorbus torminalis, en patois ailou- 
cher ou ailouchier. C'est un fruit rond, gris, un peu plus gros 
qu'une cenelle, et ayant, quand il est blet, la saveur de la corme. 
Ne pas le confondre avec le fruit du sorbus aria (en patois ailier, 
ramée biainche), beaucoup moins agréable au goût, et qu'on 
nomme aille. Les gamins, qui connaissent l'un et l'autre, chan- 
taient en les cueillant ce refrain aussi peu galant que suranné : 
Des ailouches 
Pou mai bouche, 
Des ailles 
Pou mai mie 

ailouchier et ailoucher, n., (voir ailouche), 

aimer, n., fiel des animaux: aie$-*t* oté l'aimer de lai frochuref 
(as-tu ôté le fiel du foie ?) 

AIMIONAUDER et RAIMIGNAODER (OU A1MIONÔDBR, 6tC ?) Voir RAIMIGNOT- 

TteR, même sens. 

aimmottes, n., aimourettes? — (voir cage). 

aimonnition, n., (voir monnition). 

aimorti, part, passé (de l'inf. aimorti, peu employé), pas tout à fait 
froid, presque tiède : C'f ieau-lai nast pas chaude eulle n'ast qu'ai- 
mortie. (Cette eau n'est pas chaude, elle est a peine tiède). On 
emploie quelquefois endormin dans le même sens. 

àimour, n., amour. Ne s'emploie guère que pour marquer la pas- 
sion d'un sexe pour l'autre. — Ameu, ch. de n. 

aimourettes, n. pi.; outre sa signification française d'amourettes, 
ce mot désigne encore : 1° certaines parties graisseuses des intes- 
tins d'un porc, qui avoisinent les testicules : .rat mins les aimou* 
rettes dans le boudin. (J'ai mis, etc.); 2° de petites boules d'étoupe 
ou de poupée, représentant des amoureux et des amoureuses, aux- 
quelles on met le feu dans les veillées, pour connaître l'amoureux 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 61 

ou l'amoureuse qui l'emportera en cas de rivalité : VAugusse vai 
va lai Poline et va l'Henriette, ai ce qu'an dit... Si je foijains 
des aimourettes pou vor lai que qu't chogirai f (Auguste va vers 
— c'est-à-dire fréquente, fait la cour — Pauline et Henriette, à ce 
qu'on dit. . . Si nous faisions des aimourettes pour voir laquelle 
il choisira ' ?) C'est un moyen divinatoire comme un autre. 

aimugbr et aibitger, v., amuser; s'aimuger, se divertir, plaisanter 
aux dépens de quelqu'un ; cacher d'abord ses forces, ses moyens, 
à un adversaire au jeu pour prolonger la partie et lui laisser 
croire qu'il peut gagner : tu pèdrsùes; tu ne vois don pas qu't 
s'aimuge t (tu perdras, etc.) — S'emploie aussi dans un sens ob- 
scène. 

aimujotte. n., amusette ; jouet d'enfant, joujou : je seùs zeue sou- 
haiter lai bonne année (an née) ai mon parrain qui m'ai baillé 
des belles aimujottes (j'ai été souhaiter la bonne année à mon par- 
rain qui m'a donné de beaux joujoux). Y ai brigé ses aimujottes 
(Il a brisé ses jouets.) Personne qui s'amuse, s'attarde facilement, 
flâneur, traînard : Que aimujotte t lai voù qu'ï ast, V s'y tient t 
(Quel pas-pressé, flâneur! là où il est, il s'y tient, il y reste). Ce 
mot sert pour les deux genres. Cependant au masc. on dit quel- 
quefois AiMUJOT et aimujoue, m ai s ce dernier s'emploie plutôt dans 
le sens actif d'amuseur, c'est-à-dire qui amuse, retarde les autres. 

aingné, n., agneau : Taivains deux beurbis ai r'tenin, qui ont fait 
chsicueunne deux aingnés (nous avions deux brebis à retenir — 
à cheptel. — qui ont fait chacune deux agneaux 9 ,). 
' aingnelt, n., laine d'agneau, laine fine et courte, agneline. 

aiouteb, v.; se dit des éclairs de chaleur qui ont lieu, sans nuée 
visible, dans les soirées de juillet et surtout d'août : eul temps 
aioute (ajoute). 

aipairer, v., apparier, mettre par paire. 

aippréte, n., apprête, mouillette de pain : fais tes aipprétes devant 
de casser ton œu (fais tes apprêtes avant de casser ton œuf). 

aippiôtâ, part, p., apprêté, habillé, paré, orné : % ast bin aipprôté 
( bien habillé, bien ajusté, avec luxe). 



1 On place l'amoureux au milieu, les amoureuses à proximité; on 
.allume l'amoureux, et la première des amoureuses qui s'enflamme 
est censée la préférée. 

9 Qui ont f prononcez quiont d'une seule émission de voix ; chai- 
cueunne, prononces chécutwte. 



s 



Digitized by 



Google 



62 PATOIS DE LA FORÊT DB CL AIR VAUX 

aippbôter (5'), v., s'apprêter, s'habiller : aipprôte4e pou ailler ai 
lai messe (apprête-toi, habille-toi, pour aller, etc.) 

aiprées, prép., après; s'emploie pour autour de, à, contre, sur: 
eulle met des farbonnas aiprées ses cotillons ; % piche aiprées le 
mur; ï cruche aiprées moi, etc. 

AiPBOuet aiper (ou éprou et êper?) n., sorbe, corme, fruit du cor- 
mier; — de asper, âpre, ou de aper, sanglier ? 

aiprouer, aipbouveb et aiperrier (ou èprouer, etc.?) n., cormier. 

aiprousses [faire dés) % expression qui signifie faire des embarras, 
faire l'important, l'affairé, s'agiter mal à propos : (en fais des 
aiprousses, pou tai méchant' ribotte ! an dirot bin que t'aie* tout 
le pays ai neurri t (Tu en fais des embarras pour ton mauvais 
repas I on dirait bien, etc.) 

aiquais, n., nabot, mal-venu, charculot, maladif; enfant qui veut 
paraître au-dessus de son âge; homme chétif : toi, pouter ein fusill 
(ou feusil) ein bel aiquais, ma fié t — C'ètot bin lai poinne de se 
mairier si lunpou prenre ein aiquais comme çai t (toi, porter un 
fusil ? un beau gamin ma foi ! — C'était bien la peine d'aller se 
marier si loin pour prendre un avorton comme ça !) S'emploie aussi 
en parlant des animaux, mais jamais des choses. (Voir aicueulé, 
aitrâ, jaidrou, charcueulot, aicueubi ou aicueubit, ècœurjou, cha- 
gnâ, qui s'emploient dans des sens à peu près identiques); — de 
acquêt, par ironie ? 

aiqueubi (ou aicueubit?) n. , sy nonyme de aiquais, et de aicueulé, etc. ; 
s'applique plus particulièrement aux enfants petits de taille, parce 
que jeunes; aiquais a un sens plus général ; aicueulé est plus in- 
jurieux : ein bel aiquebi pou monter tout seul su ein chevautait* 
tends que t'ôes maingé pus de soupe t — De acabit f 

aiquiabi (ou ècLARi?) (lesbeaux parleurs disent éclari), part. p. du 
verbe saiquiari ; se dit d'un vase de bois formé de plusieurs 
pièces, fût, jale, seau, baril, etc., dont les douves ou les pièces 
de fond sont disjointes par la sécheresse : quand les meuds sont 
aiquiaris, ïs en vont 4 de tous les coûtés, (quand les muids sont des- 
séchés, disjoints, ils fuient de toutes parts). Nous ne connaissons 
pas de synonymes en français; — de éclaircif moins serré, moins 
compacte... 

aiquiabi (s 9 ) (ou s' Éclari?) v. infinitif ; se dessécher, se disjoindre. 
— Voir le participe. 



1 Prononcez ian vont. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIR VAUX 63 

airainnb, n., espèce de terre blanchâtre, plus friable que l'argile 
qui forme le sous-sol de certains vallons, entre Fontette, Essoyes 
et Noé-les-Mallets. Elle est complètement st érile, impropre à 
la végétation. On l'emploie quelquefois dans les mortiers. — 
De arena? 

aire, adj., dur au toucher, sec, rèche, âpre, raboteux : aivoir les 
mains aires, c'est à dire sèches, raboteuses, rudes, comme après 
les avoir trempées dans l'eau de chaux. Du pain aire, du pain 
manquant de moelleux, d'onctueux, etc.; de lai paille aire, etc. 
— De areo? être desséché. 

AiRE,n., planche de jardinage; eunn aire de pourreaux (une planche 
de poireaux). 

aire, part, passé, aéré. 

airichal (fi 1 (T), n., fil d'arc h al. 

aihtgnâe, n., araignée, insecte et toile. S'emploie aussi quelquefois 
par plaisanterie, pour désigner les jambons et les morceaux de 
lard pendus au plafond ou à la cheminée : Vous ne vous plain- 
dras pas de n'aivoir rin ai mainger; en vêlai enco des airignées 
ai vote piaincher! (Vous ne vous plaindrez pas de n'avoir rien à 
manger; en voilà encore des araignées à votre plancher!) 

aïroille (ou eiroille, par une inversion?) et oroille, n., oreille : 
mets tes airoilles desous tai cale; (mets tes oreilles sous ta cas* 
quette). An voit toujous aissez clair (quiair) pou mainger, an 
ne poute pas ai son oroille. (On voit toujours assez clair pour 
manger, on ne porte pas à son oreille). 

airoiller (ou èroiller?) v., écouter pour tâcher de surprendre, 
épier, s'arrêter comme pour voir d'où vient le vent : t' vai tou- 
jous en airoillant, c'est à dire en épiant, le nez au vent, la 
barbe sur l'épaule; — de l'ital. origliare ? 

AffiONCE, n., ronce : ï ai des aironces pieun note champ (il y a des 
ronces plein notre champ). S'emploie au figuré pour désigner 
une personne grognon, d'un mauvais caractère, qu'on ne sait 
comment aborder : i'ast comme eunn' aironceaujiheu, i's'ast mal 
levé; çast eunn aironce; — voir broutné iams le même sens. — 
Il doit y avoir ici, comme dans beaucoup d'autres mots sem- 
blables augmentés de ai, confusion du nom avec l'article lai, 
l'air once, pour lai ronce. — Êronce, Gros. 

airraicha, n., terrassier, défricheur, arracheur de bois. On désigne 
ainsi plus particulièrement les ouvriers terrassiers de la Creuse 



Digitized by 



Google 



64 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUI 

et du Cantal ; ç'ast des airréchas qui font les faussés du bois. 
(Ce sont des terrassiers, des Limousins, qui font les fossés, etc.) 

aihraicher, v., arracher. 

airrhes, n., arrhes : bâiller des airrhes (donner des arrhes). 

airuelle, n., ruelle. Confusion probable du nom avec l'article lai. 

aisseter (*'), v. s'asseoir. — Voir s'aicheter. 

aisseutli, v., suivre un ou plusieurs ouvriers, aller aussi vite que 
lui ou qu'eux en faisant un travail qui est comme le complément 
du leur... On dira d'un metteur en gerbes, par exemple, qu'il 
aisseutlit un*, deux fauchoues (faucheurs); tu m'aisseutlirôs ai 
mainger les cacas pendant que j a les épluche (tu me suivrais, tu 
mangerais les noix à fur et à mesure que je les épluche); — de 
assequi ? ou de assortir ? 

aissou, aisseu, sou et seu, n., porcherie, tect à porc. On dit à un 
enfant qui s'oublie : vai dans note aissou (va dans notre tect à 
porc). Il y a encore sans doute ici confusion du nom avec l'ar- 
ticle. — Seu, étable de cochon, Gros.; sou, seu, rang à porc, 
Thév. — De sus? 

aisteurlogue, n., astrologue, 

aitailener (ou ètailener?) v., enlever le talon, la croûte d'une 
miche de pain, le tour d'un fromage, etc.; couper mal, de tra- 
vers, pour prendre le morceau de choix : t' n' faurot pas aitai- 
F ner le pain comme çai f (Il ne faudrait pas couper ainsi le croû- 
ton du pain). On dit dans le même sens aicroutener (ou ècrou- 
tener?) 

aitaine (ou aitêne ou ètène?) n. ,ennui, excès de besogne, tracas, 
souci, souffrance morale, tourment, chagrin, tribulation, em- 
barras : Tai zeue bin des ait aines } ou bin de V aitaine, dépens que 
f (ai vu : Tai mairie note Fanfan, j'ai pèdiu ein chevau, j'ai 
piùdié, etc., (j'ai eu bien de la besogne et de l'ennui depuis que 
je t'ai vu : J'ai marié notre Fanfan, j'ai perdu un cheval, j'ai eu 
un procès, etc.) ; — de atainer, irriter, obséder, xih* et xiv 6 
siècles ? 

aitelle, n., copeau de merrain ou de cercle, bûchette, menu bois; 
éclisse : mets vor eunne poingniein d 1 attelles su le feu (mets voir 
une poignée de copeaux sur le feu); — de atelle, petite planche, 
ais? 

1 Ne pas confondre un, adj. numéral, avec ein, article. 
* Prononcez quexy'. 



^v 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIR VAUX 65 

aitra (ou ètra?) il., voir aiquais. Exprime plus particulièrement la 
délicatesse, le peu d'apparence physique, la faiblesse de constitu- 
tion, etc.; se dira d'une jeune fille, d'un jeune homme, petit, fluet, 
pâle... Oh, que aitrât Ein bel aitrâ f Ces mots ne s'appliquent 
guère à des personnes d'âge. — Chitrât, faible, cbétif, petit, 
Thév. 

aitbebi et aiteurbi (ou ètrebi?) n., coup de vent qui soulève la pous- 
sière en tourbillon sur les chemins ; espèce de trombe : r ai passé 
ein aitrebi qui ai (quiai) empouté tous les tas de foin. V aif... 
le camp comme ein èteurbi (Il est passé un tourbillon qui a em- 
porté, etc. Il est parti comme un coup de vent). — De turbof 

àjtteléb, n., temps pendant lequel les chevaux restent attelés à la 
charrue; par analogie, temps pendant lequel un ouvrier reste à 
son travail : Euje sonspatis depeûs les trois heures du maitinjfons 
fait eunne bonne aitielée (Nous sommes partis depuis les trois heures 
du matin; nous avons fait....) 

aittloihe et aittloure, n., atteloire; pièce de l'attelage, petite che- 
ville de Lois qui servait autrefois à fixer le grand anneau du 
mancillon dans le limon de la charrette : Mon checau en s' élan* 
çanl pou manier le grippo, ï ai rongné les deux aittloures. (Mon 
cheval, en s'clançant pour monter le raidillon, a rogné les deux 
atteloires.) 

aittraipotte, n., chose qui attrape, piège : Eune passe pas dessus 
dte K paille lai; ï ai de lai bousée desous : çast eunn aittraipotte. 
Question en forme d'énigme, de devinette^ donnant lieu à une ré- 
plique qui attrape : Vois-tu lai lunne (lisez lun-ne) ? — Oui. — 
Eh bin, tu n'aies pas aiveugu\eu, ou mieux tu n'aie* pas de lai 
m.... aux œux, ou encore une réponse obscène... 

aittraipoue, n. adj., attrapeur, filou, voleur, surtout en parlant 
des commerçants peu délicats : Je n'ïi aicheute (prononcez : 
je grii aicheute) pus rin, çast ein aitttaipoue (Je ne lui achète 
plus rien, c'est un attrapeur). 

aitujon, n , arlison, insecte qui ronge la laine, les vêtements : Tai 
cueulotte, eulle l ast maingée aux aitujons (Ta culotte est mangée 
par les artisons). 

aivachi, inf. et part, pas., avachir et avachi, élargir et élargi. 

aivailée (ai l'), loc. adv., du haut en bas : Cheur ai l'aivailée 

d'ein toit, d' eunne majon, d'ein chevau (Tomber du haut d'un toit, 

1 II est entendu que le c de cUe et c'I ebt toujours doux. 

T. XUX i 



Digitized by 



Google 



66 PATOIS DE LA FORÊT DE GLAIBVAUX 

etc.) Lai majon vienrai bintôt ai l'aivailée (La maison s'écrou- 
lera bientôt, tombera bientôt en ruine). 
aitailkb, v., avaler, faire descendre par le gosier : aivailer sai soupe; 
aivailer son bien (avaler sa soupe ; manger son avoir) ; aivailer 
sai cheminge, faire descendre sa chemise le long de son corps; 
aivailer m jambes, ou absolument, s f aivailer, allonger ses jambes, 
s'allonger, particulièrement dans le lit : Eune le mets pas en hir- 
son, aivaile te, et t'aimes chaud (Ne te mets pas en hérisson ; al- 
longe-toi, etc.) Qu'ast-ce qu'ein bon cueurtien doit faire en se cou» 
chant ? — R.: Aivailer sai cheminge. (Qu'est-ce qu'un bon chré- 
tien doit faire en se couchant? — R.: Allonger, tirer sache- 
mise). 

aivaile-tout-cru, n . , glouton, avaleur, affamé, qui mange beaucoup. 

aivailoirb, n., partie du harnais d'un cheval; gosier, appétit : l'ai 

eunne bonne, eunne s aivailoire (Il a un bon gosier, il mange 

et boit bien); que aivailoire t (quel gosier t); s'applique à ceux 
dont Rabelais disait : « S'ils montaient comme ils avalent, ils 
iraient haut ! » 

aivailon, n., ce qu'on avale de liquide d'un trait, gorgée : Boire 
ein aivailon d'ieau-de-vie * , de tisane, etc. Gn'en restot pus quein 
aivailon dans lai cruche (Il n'en restait plus qu'une gorgée dans 
la cruche). 

aivant, prép. empl. adverb., profondément : Mon liéve, ï ast zeue 
cheur bin aivant dans le bois (Mon lièvre est allé tomber bien loin, 
bien profondément dans le bois). D'ailleurs, euje v'rôs été dans lai 
terre aussi aivant que V clocher (quiocher) ï ast haut! (En vérité, 
je voudrais être dans la terre aussi profondément que le clocher 
est haut !) S'asl-ï copé bin aivant? (S'est-il coupé beaucoup, pro- 
fondément ?) Pousser aivant le feu, attiser, rapprocher les tisons, 
les pousser au cœur du foyer. — La préposition avant est rem- 
placée d'ordinaire par devant : Tèlôs venun devant lu (J'étais 
arrivé avant lui). 

aivant-z'hier, loc. adv., avant-hier. 

aivelingne, n., aveline, espèce de noisette. 

aiveu et d' aiveu, prép., avec : Viens aiveu moi ou d'aiveu moi (Viens 
avec moi). — Dans quelques villages on prononce aiveur. 

aiveuglon (ai V) et aiveuglotte, loc. adverb., à tâtons, sans y 
voir, dans l'obscurité : Je seûs zeue dans lai cave ai Vaiveuguion, 

1 Encore un % qui s'est fourré là sans doute pour une / mouillée ! 
On dit de Veau, de l'eau de vie. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIR VAUX 67 

c'est à dire sans lanterne. Tai r'coudu ein bouton ai l'aiveu* 
guiotte ;fai enfiU mon aiguWe (enfi-ié, aiguAm) ai Vaiveuguion. 
aivbuglot, n. adj., qui ne voit pas bien clair, myope ; qui, faute 
d'attention ou autrement, ne voit pas un objet visible qu'il cher- 
che : Ma rgaitiea don ai bas, çai te creuve les ceux, aiveuguiot t 
(Mais regarde donc par terre, cela — l'objet cherché — te crève 
les yeux — est devant tes yeux — aiveuguiot !) 

AiviGER (**), v., s'aviser, se décider, se fixer, prendre un parti : I'ast 
longtemps ai saiviger (Il est longtemps à se décider, à réfléchir). 
Allons, aivige-te t (Allons, décide-toi, parle !) 

aivigio.x, n., caprice, désir, fantaisie, volonté : Vlai eunn* aute ai- 
vigion t (Voilà une autre idée, un autre caprice, un changement 
bizarre !) Se prend toujours en mauvaise part. — De avision f 
xiv« et xv« siècles. 

aivoindb, v., (voir raivoinde, plus employé et plus énergique). On 
prononce aivoinde et aivoindieu, raivoinde et raivoindim. 

aivoir et aivoi, v., avoir : aivoir de quoi, être riche, aisé : OA, t* ai de 
quoi, ï ast bin, c'est-à-dire, il est riche, à son aise. — Voir été bin. 

aivocsirr et ajvousiller, v., opposé à tutoyer; employer le pro- 
nom vous en parlant à une personne : /' ne faut pas nous aivou* 
sier, dijons nous toi (11 ne faut plus employer vous en nous par- 
lant, mais tu). Tu l'aivousilles? Moi, je U dis toi. — Êvoureyer, 
parler à quelqu'un par vous, Gros. ; avouseiller, id., Thév. 

AiXABiNGNB (ou EXARiNGNB ?) n. adj., jeune fille, enfant dissipée, 
étourdie, en jouant, en courant, etc. : Tu vas pède tai cale, 
grand' exaringnet (Tu vas perdre ton bonnet, grande étourdie!) 
— Les beaux parleurs disent aixarine. 

allé, pron., elle, dans certains villages, même de la nuance du 
ç'a$t. 

amm, — voir Hamm. 

A*, pron., on. Nous l'avons écrit ainsi pour le distinguer de en, 
pron. ou prépos. — Du reste, on l'écrivait de même au xm* 
siècle. 
. A5QK (ou eh scie ?) adj., agacée ; s'emploie dans cette expression : 

^ aivoir les dents ancies, avoir les dents agacées par les fruits 
verts. 

anb, n., le chevalet, le tréteau sur lequel les scieurs de long fixent 
la pièce de bois qu'ils doivent débiter. 

amotieb (ou hamotier ?) n., petit voiturier, qui n'a qu'un cheval et 
qui charrie pour l'un et pour l'autre; petit cultivateur mal ou- 



Digitized by 



Google 



68 PATOIS DE LA FOBÊT DE CLAIRVAUX 

tillé : Je ne sons pas des rabouroues, M. le juge de paix, je ne sons 
que des anotiers. — De âne ? 

ankumelle, n., alumelle, vieille lame de couteau séparée du man- 
che : /' ai chaingé (ou saingé) son coûté pou eunn an-numelle, c'est- 
à-dire il a fait un mauvais marché, échangé son cheval borgne 
contre un aveugle. Quelquefois la lame du couteau non séparée : 
L'an-numelle y eulle l ast cnco bonne, ma lemoinge ne vaut pus rin 
(La lame est encore bonne, mais le manche ne vaut plus rien). 

anscbnsion, n., ascension. 

y anvot (ou anveau?) n., orvet; petit serpent à reflets d'argent qui se 
brise en morceaux, comme du verre, dès qu'il reçoit un choc, 
tel qu'un coup de baguette, de fouet, etc.; on le croit à tort, très 
venimeux, d'où le dicton : l'anvot meunne au cro, c'est-à-dire 
mène au trou, dans la fosse. — Dans quelques villages on dit 
lanvot, ein lanvol. La lettre / fait-elle partie du nom, ou y a-t-il 
confusion de l'article et du nom comme cela arrive souvent? 

aoûtat, n., espèce de ciron qui s'attache à la peau et cause de vives 
démangeaisons. 11 est très commun dans certains villages de 
l'Aube en août, d'où son nom. 

aqujer, n., chantier, besogne ; s'applique surtout au chantier du 
bûcheron, du coupeur au bois : J'ai prins ein grand âquier c't' 
année (J'ai entrepris à couper une grande portion de bois cette 
année). J'ai lâché mai Imcheai mon âquier (... à mon chantier). 
On dit aussi en parlant d'une maison mal tenue, d'une besogne 
mal commencée, etc. : vlai ein bel âquier! — Voir Odon.— De 
atelier ? d'abord âl\ier t âtier, puis âquier? 

arbillot, n., pointe d'une boucle, ardillon. 

arche, (voir harche). 

archer, (voir harcher). 

archer, n., araignée, le faucheux. — Archet, chenille, Gros. 

archetêque, n., architecte. 

arcôme, n., alcôve. 

arcotte, n., râteau à dents de fer, dont se servent les jardiniers. 

arcotter, v., se servir de l'arcotte, pour ameublir la terre, pour 
niveler une planche de jardinage. 

argot, n., ergot; par analogie, orteil, ongle, avec mépris : T ne 
rongne jaimmas ses argots (Il ne fait jamais ses ongles,). 

arguigner et auguingner, v., taquiner, asticoter, irriter, agacer, 
contrarier: Allons, narguigne pas tai sœurt (Allons, ne taquine 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT "DE CLAIR VAUX 69 

pas ta sœur H Farguingnot le chien, et peite, t" ast zeua modiu. 
(Il agaçait le chien, et puis il a été mordu). On dit aussi : faire 
des arguingnes, dans le môme sens. 

arguignoue et arguingnoub, n. et adj., (féminin: arguignoure et 
arguingnoure) t celui qui arguiyne, pince, chicane, irrite les au- 
tres, gens ou botes, par gestes, paroles, actes, etc. 

aria, n.. train, ennui, dérangement, besogne, remue-ménage, em- 
barras, tablature; dit moins qaaitaîne. Beaucoup de gens vous 
tombent, cela vous fait de l'aria. Vous construisez, vous avez de 
Varia. Que d'aria que ces enfants-lai me baillent t dira une mère ; 
que charrue ! que odont se disent à peu près dans le môme 
sens, pour quelle difficile besogne, quel travail! Que âquiert veut 
plutôt dire quel désordre, quelle sale besogne, et 01*0' aria! quel 
remue-ménage, quel embarras! De arroi? (train). — Aria, 
embarras, travaux, Thév. 

arminette, n.. erminette, espèce de hachette à l'usage des char- 
rons. 

abmonna, n., almanach. Faire des armonnâs, faire des cancans, 
des paquets, babiller : Les femmes font des armonnâs ai lai /on- 
taine, c'est à dire des bavardages au lavoir. 

arpentodb, n., arpenteur; faucheux, espèce d'araignée. 

arré et arrié, sorte d'interjection qui s'emploie très souvent et de 
différentes manières, mais toujours pour exprimer un regret. 
Quelqu'un raconte qu'il a été malade, qu'il a perdu sa mère, un 
cheval, qu'il a étéenrhumé, qu'il a manqué son lièvre, etc., arrè l 
lui répond son interlocuteur en signe d'intérêt, de compassion. Une 
femme pressée découper du pain à ses enfants ne trouve pas son 
couteau : Vlai mon coutieau qui ast pèdu, arrè t dira-t-elle. 
ï"aie$ trouvé ein bieaujetion de mouches.,, etpeûs, vlai V diâbe, 
arrié, je viens te l'rèclamer 1 : çast d'ai moi. (Tu as trouvé un bel 
essaim, etc.) C'est Yarré ironique. Il est impossible de donner 
dés exemples de tous les cas où Ton emploie le mot... — Arrié, 
encore, sans doute, au contraire, Gros. ; arié, encore, G. et R. 
— De arrière l comme pour conjurer? ou de arroi, train? — 
Voir aute. 

arrioler, v., hésiter, marcher sur place, ne savoir de quel côté 
tourner. Se dit particulièrement d'un charretier qui tournaille à 
droite, à gauche, sans sortir du môme endroit, faute de savoir 



1 Prononces teul réquiamer. 



Digitized by 



Google 



70 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 

conduire ses chevaux. Mas, aivance don, prends don ton che- 
vaupa lai bridieu, et narriolepas tant! (Mais avance donc, prends 
ton cheval par la bride et... n'hésite, ne tournaille pas tant). 
Quelquefois perdre son temps à des détails au lieu d'aborder la 
besogne franchement; chercher le côté le plus facile de cette be- 
sogne; a aussi le sens de beurlauder, beurluter, etc. Voir ces 
mots. 

arrioloub, n. et adj., qui arriole, sujet à arrioler. Voir beurlau- 
dier, tacotot, etc. 

artifailles, n., atti failles, embarras de peu de valeur, vêtements 
prétentieux. S'emploie toujours avec une nuance de dédain : 
Piaice toutes tes artifailles (Place tous tes embarras, toutes tes 
nippes, etc.) 

artissb, n., artiste, vétérinaire : Euje vons charcher Partisse, note 
chevau %ast mailaide (Xous allons chercher le vétérinaire, etc.) 

aspergés, n., goupillon, et par extension tout ce dont on peut se 
servir pour jeter un liquide, éclabousser quelqu'un, asperger : 
rai fait ein aspergés d'aiveu sai poigniein d'aiccolure (Il a fait 
un goupillon avec sa poignée d'accolure). 

ast-çu, pour ast-ce, est-ce; v. interrog. : Diâbe ast-çu que çai? 
(Diable est-ce que cela?) Ce çu pour ce est encore une espèce de 
sifflement naturel amené par la difficulté de prononcer distincte- 
ment Ve muet .. Ne serait-ce pas là l'origine du fameux ochu bé, 
de MM. G. et R.? Ost-çubé x< f c'est-à-dire est-ce bien? est-ce 
possible ? pas possible ? 

atot, atiot et aitiot, n., orteil, doigt de pied : Tai l'ongle du gros 
atot r'boulé (J'ai l'ongle du gros orteil écaché, replié, refoulé). 
Atot de mort, atot de cosaque, la fève comestible. — Artot, ergpt 
de coq, Gros. / 

atout (recevoir ein) t recevoir un coup, particulièrement en p6 co- 
gnant dans quelque chose : rai reçu ein bon atout. On dit aussi : 
Euje M foutrôs son atout, c'est-à-dire un mauvais coup, le coup 
de la mort. On dit encore, dans ce sens, son aiffaire, son compte. 
Au figuré, reproche violent, vérité dure : V li ai envoyé ein bon 
atout. 

aujd'heu (ou auged'hed?) et aud'hieu, adv., aujourd'hui ; Çast 
aujd'heu venredi (C'est aujourd'hui vendredi). — Aud'jeu, L. C; 
aujad'keu, P. T.; aud'jeu, G. et R. 

1 On trouve chu pour su : Y m' bayro chu la ealle (L. C.) 



Digitized by 



Google 



PATOIS DK LA FOEÉT DE CLAIR VAUX 71 

aulong, prép., auprès, près, vers, contre : Viens aulong de moi 
(Viens auprès de moi). J'ai passé aulong du bois (. . . près du bois). 
On exprime le long par de long, du long et tout de long : fax 
passé de long, du long, ou tout de long de lai muraille (J'ai suivi 
le mur, j'ai passé tout le long). 

acte, adj. et pron., autre (prononcez été) : Ai £ autel espèce d'in- 
terjection qui signifie : en voilà bien d'une autre ! voilà bien un 
autre embarras, un autre ennui ! il ne manquait plus que cela, 
etc. ; remplace quelquefois arré. Un commencement d'incendie se 
manifeste, on court au puits, la corde casse : ai d'aute t vlai lai 
code cassée t s'écriera- t-on. — Ai (f aute ! c'est-à-dire passez à un 
autre, ou à l'autre. Un voiturier est embourbé, il prend son che- 
val par la bride, vous poussez une roue qui avance un peu : Ai 
et aute t vous crie alors le charretier, tout en continuant d'exciter 
son cheval, c'est-à-dire passez à l'autre roue. 

S auteur, n., cause : Si fées malaidrot, eust-ce que j'en seûs l'au- 
teur? (Si tu es maladroit, est-ce ma faute, en suis-je cause?) 

baba (ai), n., terme enfantin, à boire : /* vourot ai baba, et' enfant 
lai (Il voudrait à boire, cet enfant-là). 

baccaïer, v., se dit des cbiens qui suivent mal la piste d'un gibier, 
qui s'égarent, donnent de la voix irrégulièrement, au hasard, de 
tous côtés à la fois : Les chiens ïs ont bacca'ié deux heures euce 
Méve-lai sans pouwi le faire soti de lai vente, ou ce \ieve-lai s'ast 
fait baccater deux heures pa lai même vente (Les chiens ont battu, 
chassé, etc.) 

bache-dos, n., personne qui marche en courbant le dos. — On dit 
aussi casse-dos. 

bâcher (se), v., se baisser : Bâche-te (baisse-toi). — De même le 
dérivé s'aibâcher. 

bachique, adj., s'emploie pour bizarre, grotesque. 

BAOONTB, n., espèce de droguet fin, à rayures de diverses couleurs, 
qui servait à faire des jupons (bâconte). 

bagnole (ou BAWOLB ?), n., mauvaise voiture; charrette, voiture» 
avec mépris. 

baibburre, n., babeurre, lait de beurre. 

baibingne, n., grosse lèvre. Se dit en mauvaise part : F remue lai 
baibingne comme ein lapin, rai des baibingnes comme ein rebord 
de pot de chambre. 

baioot, n., gerbe battue avec précaution, de manière à ne pas briser 
les glumes, et qui sert à faire des glus (guius), — voir ce mot.— 



Digitized by 



Google 



72 PATOIS DE LA FORÊT DE CL AIR VAUX 

Bart, botte de paille non entièrement battue, Gros.; bacot, 
■ grosse botte de paille de seigle, Thév. 

baiguter et bacuter, v., s'occuper à des riens, par goût, par amour 
des minuties, des détails, par excès d'ordre, ou pour éviter la 
besogne plus sérieuse; perdre son temps; tourner autour du tra- 
vail : r ferot meux de f... son camp aux vingnes que de baicuter 
toujous pa sai cour, pa son jadin (Il ferait mieux de s'en aller 
travailler aux vignes que de perdre son temps à mettre en ordre 
sa cour, à peigner son jardin, etc. — Voir beurlauder, beurluter, 
bricoler, tacoter, tanuger, etc. Les mots qui expriment cette idée 
sont nombreux, et les nuances entre eux sont souvent difficiles 
à saisir... — Bacuter, s'occuper de divers petits ouvrages peu 
sérieux, Thév. 

baidingner et BAiDiGNBR, v., badiner, plaisanter. Une mère mena- 
çant son enfant dira : Fais aittention, je ne baidingne pas ! (Fais 
attention, je ne plaisante pas, c'est-à-dire, la menace est sérieuse). 

baigueulotte (ou bègueulotte ?) n., babillard, qui ne sait ce qu'il 
dit, surtout vantard, fort en gueule, qui parle à tort et à travers : 
Taise-te don, baiguelotte ; fées comme les escargots, tu n'aies que 
de lai laingue! (Tais- toi donc, bavard, vantard; tu es comme les 
escargots, tu n'as que de la langue). 

bailier et bai loyer, v., balayer : J'ai bailoyé lai majon deux fois 
aujd'heu (J'ai balayé la maison deux fois aujourd'hui). 

bailioue et bailoyoi'e, n., balayeur. 

bailiures et bailoyurbs, n., balayures. 

baille, n., bouche, avec une nuance de mépris ou de colère : 
Fromme tai bâille (Ferme ta bouche, tais-toi). S'emploie poliment 
pour gueule (ba-ille)^ 

bailler, v., crier : c'est le gueuler poli ; gronder : Quast-ce que tu 
cries don, mai gâchette ? — Çast momman qui m'ai baillée 
(Qu'est-ce que tu pleures donc, ma fille? — C'est maman qui 
m'a grondée!)— Voir piailler, môme sans. — Bâiller, crier, 
gronder, brailler, Gros. 

bailler, v., donner (vieux mot) : Brille-me du pain (Donne-moi, 
elc). Bai/fer et peûs r briller, çast ein péché, c'est-à-dire donner 
et puis redonner, etc., proverbe qui a cours chez les enfants pour 
refuser de partager avec leurs camarades ce qu'on leur donne. 
Briller ècœur (ou ai cœur?) dégoûter, donner la nausée : V ast si 
sale qui'me brille ècœur (Il est si sale qu'il me donne la nausée). — 
Bayro, bayer, batjey, rebeiller; y m' bayro chu la colle y L. C; 
bailley. baye y, P. T. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 73 

baingnoure, il, baignoire, caveau oblong pour ramener les raisins 
lors de la vendange : Note cuve euW a$t pieunne, et j'ons mins le 
reste dans note baingnoure. Eu et' année (an-née), fn empli- 
rons pas seulement note baingnoure (Notre cuve est pleine, et nous 
avons mis le reste dans notre cuveau. Cette année, etc.) 

baisse, n., (les beaux parleurs disent basse), petit vallon, creux, 
dépression de terrain : Note champ, tast juste dans lai baisse 
(Notre champ est juste dans le petit vallon). Une toute petite 
baisse, ou le fond de h baisse, se disent baissolte. — De basse, bas? 

baisser (ou baicer?), v., (syllabe bai très brève), agiter le liquide 
d'un vase; secouer un vase où se trouve du liquide : Eune 
baisse pas le baril en l'empoutani (Ne secoue pas, n'agite pas...). 
l' faut baisser lai boutoille chaque fois quan en vendiea (Il faut 
agiter la bouteille chaque fois qu'on en verse). — Bosser, agiter, 
Gros., Thév. — De brasser? 

baissin, n., casserole de cuivre munie d'une longue queue, qui 
sert à puiser de l'eau dans le seau. 

baissingnot (ou baissinniot?), n., la fleur jaune de la renoncule 
rampante : l'ast jaune comme ein baissingnot (Il est jaune comme, 
etc.) On la nomme aussi cocu, parce que c'est principalement cette 
fleur qu'on répand, dans la nuit de la saint (îengoult, devant la 
porte des maris trompés. — De baissin? petit bassin, jaune 
comme un bassin de cuivre ? 

baissot et baissicot, n., menu travail; les petits travaux du ménage 
que fait la femme avant de partir aux champs : J'ai fait mes pe- 
tits baissots, trait mai v&iche, etc., et peûs me vlai pâlie (J'ai fait 
les petits ouvrages de la maison, trait ma vache, etc., et me voilà 
partie).-- Bassot, corvée, minutie, Gros. — De bacelle, jeune fille? 

baissotteb, v., faire les petits travaux du ménage, donner à manger 
aux bestiaux, faire les lits, nettoyer la vaisselle, etc. S'emploie 
pour caissotter. — Voir ce mot. — On dit aussi baissicotter. 

baissottier, n., homme qui fait les travaux de la femme dans le 
ménage. On dit plutôt caissottier et caissotte. — Voir ces mots. 

bait-l'ane. n , bat-l ane, garçon meunier. 

baitinjon, n , baptême, avec une nuance de mépris Rappliquant au 
coté matériel de la cérémonie : Vlai ein bieau baitinjon qui' s 
ont iquiont) fait lai ; gn'aivot pa seulement de dragées l (Voilà 
un beau baptême qu'ils ont fait là : il n'y avait pas seulement de 
dragées 1} — Baieyon, batison, enfant que Ton porte au baptême. 
Gros. 



Digitized by 



Google 



s~ 



U'< 



74 PATOIS DE LA FOBÊT DB CLAIRVAUX 

baitte, v., battre. 

baitte, n., la partie mobile du fléau lf\ée) f le morceau de bois qui 
frappe, bat le grain. La baitte est attachée au manche de l' instru- 
ment par une courroie de cuir, ou entrelacs. — Batte, Gros. 

baittodre, BAiTTOiRB et BAiTTE-Ai-BEURRB, n., sorte de baril dans 
lequel on bat le beurre, baratte. 

baivb, n., bave. 

baivbr, v., bayer. Au 6g., causer sans savoir ce que l'on dit, à 
tort et à travers, surtout en faisant des reproches, en injuriant : 
Ècoute-lai, mon imbèciie de femme, v'iai eunri heure qu'eulle 
baive comme çai (Écoute-là, mon imbécile de femme, voilà une 
heure qu'elle en dégoise ainsi). 

baiverotte, n., bavette; le rabat du prêtre et du juge, la bavette 
qu'on met aux petits enfants. 

baivoux, adj. et n., qui bave. Au fig., homme qui cause sans 
savoir ce qu'il dit; menteur, hâbleur, mal embouché : Si tu fais 
aittention ai ce qu'ï te dit, c baivoux-lai, tu n'aie* pa fini t (Si 
tu fais attention à ce qu'il te dit, ce menteur-là, ce bavard-là, 
etc.). 

ballants (les brats), les bras pendants, c'est-à-dire sans rien por- 
ter : /' s'en aillot les brais ballants, quand moifètôs si çargée (Il 
s'en allait sans rien porter, quand j'étais si chargée). 

BALLER, v., battre, aplanir, frayer, en parlant d'un chemin : /' ai 
passé pieun des voitiures su lai route : eull'4-ast bin ballée (Il est 
passé beaucoup de voitures sur la route : elle est bien frayée, bien 
battue). 
yj> : baloquer, v., cahoter, danser, sauter, branler avec ou sans bruit» 
par défaut de solidité : Airrainge don meux que çai tes eutils su 
tai brouvotte: çai baloque (Arrange-donc mieux que celâtes outils 
sur ta brouette : ça danse, ça saute...) S'emploie surtout intran- 
sitivement. — Voir beurloquer, môme sens. 

X baluchon, n., paquet d'habits, de hardes, de linge, St-Frusquin : 
Prends ton baluchon et f... le camp (Prends tes hardes et va-t-en). 

bambiller, v., pendre, traîner; secouer, agiter. S'emploie transiti- 
vement et intransitivement. Un cheval échappé traîne sa longe 
qui bambille; la corde d'une cloche qui vient de sonner, bam- 
bille; on bambille ses bras, ses jambes quand on est assis, etc. : 
Eune lâche pas bambiller comme çai les ribans de tai cale (Ne 
laisse pas voltiger ainsi les rubans de ton bonnet). — Voir bam- 
boler } dandoler etgringoler. — Degambillerf de gandiller, tour- 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DB CLAIRVAUX 75 

ner, échapper, xn e au xv* siècle ? — Brambiller, se balancer, 
Thév. 
^ bambo (ou bambeau?), ri., personne déhanchée qui se bambole, se 
balancé en marchant, démène ses bras ses jambes : Tu ne peux 
don pas t'tenin meux que çai, grand bambô ? (Tu ne peux donc pas 
te tenir mieux que cela... ?) 

bamboche, n., babouche, pantoufle. Festin, repas où Ion se grise, 
ribote : Çai n'ai point de pain et çai fait des bamboches tous les 
lundU — prononcez lundAi (Ça n'a point de pain et ça fait des 
riboles tous les lundis). 

bambocher, y. , faire des bamboches, boire beaucoup, fréquenter les 
cafés ou les cabarets. 

bambochoub, n., qui fait des ribotes, ivrogne, homme de cabaret, 
débauché, viveur. 
Jx bamboler, v. act. et pronom., a la môme signification générale que 
bambiller» mais s'applique plus particulièrement au corps, aux 
membres : Eune bambou pas tes braîs, tes jambes comme çai (Ne 
balance pas, n'agite pas ainsi tes bras, etc.) Quand il s'agit du ba- 
lancement du corps entier, on dit plutôt dandoler : ï se dandole 
en marchant (voir ce mot). De bambola, ital., poupée? ou dondo- 
lare? — Voir aussi vamber; mais bamboler marque une action 
plus prolongée, plus habituelle : on vambe ses brais un moment, 
sous le coup de la surexcitation, on les bambole d'habitude. 

banc, n., amas de nuages à l'horizon : l'ai ein gros banc ai soleil 
couché (Il y a de gros nuages à soleil couchant). 

bandige (tenin en), tenir en suspens : Euje Vaittends, ï ne vient 
pas, ï me tient en bandige; ï mai tenun en bandige toute lai mai» 
tingnée, c'est-à-dire il me tient en suspens, il me fait croquer le 
marmot, etc. 

bandrouillérb, n., bandoulière : en bandrouillére (en bandoulière)- 
-" b&re et borne, adj., borgne, qui a perdu un œil : Ein chevau ban». 
(Un cheval borgne). 

babbô (ou babbeau?) n., brouillon, pâté d'encre que font les enfants 
sur leurs cahiers : /' fait pus de barbas que de lettes (11 fait plus 
de brouillons, de pâtés, que de lettres). — Baba, brouillon, Gros. 

barbocher, v., faire des barbas, écrire à la hâte, illisiblement, mal- 
proprement : l'ai barboché sai page, qu'ein chaît en ferot autant 
aiveu ses griffes (II a griffonné sa page, comme un chat, etc.) — 
Babocher, écrire malproprement, Gros. 

babbotiot (ou barbotibau?) n., émouchette, sorte de filet dont on 



Digitized by 



Google 



76 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 

caparaçonne les chevaux pour les émoueher. Par méprK les 
effilés que portent les femmes à leurs vêtements : Eull' ai des 
bar bot lots tout ailentour de sai robe ou de ses cotillons (Elle a des 
effilés tout autour de..., etc.) 

bardé, part, passé, couvert, rempli et comme enduit, crépi : Eul 
bas de ses cueulottes tast bardé de boue (Le bas de sa culotte est 
couvert, enduit de boue). — Voir rembardé. 

bardée, n. t jet, fusée; se dit d'une certaine quantité de matière 
semi-liquide, de boue par exemple, qui jaillit ou qu'on fait jail- 
lir, qu'on lance exprès sur quelqu'un ou sur quelque chose : J'ai 
jitié (ou j'tié) eunne grosse piarre au moitian de lai boue, et i'en 
ai reçu eunne bonne bardée! (J'ai jeté une grosse pierre au milieu 
de la boue, et il en a reçu un bon jet, une large éclaboussure. — 
De bard, civière ? 

barder, v., enduire, couvrir de boue ou d'une matière semi-liquide 
quelconque. On dit aussi que les roues d'une charrette bardent, 
quand elles s'enfoncent dans le sol humide, de manière à se rem- 
plir de terre entre les rais, ou encore lorsque au lieu de rouler, 
elles patinent, glissent, sur un sol dur ou gelé. — Voir rembarder. 

barogre (ou p a roche?) n., espèce, sorte, catégorie. S'emploie le 
plus souvent avec une nuance de mépris : J'en ai vu des bêtes ai 
lai foire! l'y en aivot de toutes les baroches (.... il y en avait de 
toute espèce). — De parodie, pour paroisse? 

bas (en du), loc. adv., du côté du bas, du côté du val, en bas; 
ai bas, à terre, par terre : ïai cheu ai bas; tast ai bas (Il est 
tombé à terre; il est par terre). 

basainne, n., basane; avec mépris, peau : Euje li crèveras lai ba- 
sainne (Je lui crèverais la peau du ventre). 

bastringue, n., tumulte, bruit, vacarme : An fait ein bastringue 
dans c't'ècole4ai, bailleurs*.... (On fait un vacarme dans cette 
école-là, à vrai dire!...). — Sans doute de bastringue, bal de 
guinguette, ordinairement bruyant? 

bâte, interj., bah! 



1 Une singulière signification du mot d'ailleurs, assez difficile à 
exprimer.... On dira : l'en ai cheu de lai pieue, aujd'heu, i'en ai 
cheu d'ailleurs! (11 en est tombé de la pluie aujourd'hui; il en est 
tombé.... une quantité]) Ne serait-ce pas qu'on sous-entend un 
membre de phrase comme par exemple : .... d'ailleurs tant qu'il me 
serait impossible de vous dire combien? 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 77 

battage, n., machine à battre. 

bauche, n., bauge, gîte : Eunne bauche de sainguier (Une bauge de 
sanglier). Avec mépris, en parlant d'un homme : l'ast enco dans 
sai bauche, pardi, cul lâche t (H est encore dans son lit, bien sûr, 
le paresseux, le fainéant ! 

bè, ad., pour bin, bien, dans be lun (bien loin). Cependant on dit 
aussi bin lun. 

beaume, n. ; on nomme ainsi plusieurs plantes de la famille des la- 
biées, particulièrement l'origan. 

bèbb, n., un mot du vocabulaire des enfants, pour désigner ce 
qu'on nomme ailleurs caca. 

beg-bôe, n., terme de mépris pour désigner un individu embarrassé 
de lui-même, désoeuvré, qui ne sait que faire, qui attend ou 
semble attendre : Aivance donc, grand bec-bôe (Marche-donc, etc.) 
l' se tient lai comme ein bec-bôe (Il reste là comme, etc.) Ce mot a 
dû désigner d'abord le pic, qu'on nomme aujourd'hui picard, 
picard vert, picard rouge... Cela parait d'autant plus probable 
qu'on emploie presque toujours bec-bôe comme terme de compa- 
raison. — Grosley dit : toque bois, pivert. 

bèclade, n. adj., femme bavarde, jacasse, tatillonne: Eulles n'en 
finiront pas, vai, de causer, ces deux bèclades-lai I 

becnellb (ou bèquenelle ?), n., femme bavarde, coureuse, tatil- 
lonne, qui perd son temps à voisiner. — Voir bèclade, leuve-nez, 
etc. 

becqdbr [se), v., se rencontrer bec à bec, se heurter presque. — 
Voir se bocquer. 

bedon, n., bourdon, espèce de mouche. Au fig., homme court, ven- 
tru, lourd : Eurmue-le don vor ein poicho. gros b'donf (Remue-toi 
donc un peu, gros lourdaud I) 

bée et bieau, adj., beau. 

bèe, onomat., pour imiter le cri de la brebis. Interj. du vocabu- 
laire enfantin marquant le dégoût : Oht ne touche pas çail Fi, 
bèel—Debèbè? 

beguer. v., bégayer : T bègue (Il bégaie). 

bel, adj., s'emploie parfois pour beau : Çast des bels hommes. ' 

bel et bin, expression qui signifie beaucoup, un peu trop, immodé- 
rément : Euje \i aivôs permins de mainger des ceréges su mon 
ceréger, mas ïen ai maingé bel et bin...., c'est-à-dire un peu trop, 
immodérément. 

belle (aivoir lai), expression qui signifie avoir grandement le temps 



Digitized by 



Google 



78 PATOIS DB LA FORÊT DE CLAIRVACX 

nécessaire, l'occasion, la facilité, etc., de faire quelque chose : 
Tons lai belle de fini note champ devant medli*, c'est-à-dire nous 
gagnerons la belle heure, nous finirons facilement notre champ 
avant midi. JTai belle ou lai belle de te raittraiper sans courre (Je 
te rattraperai aisément sans courir), dit un père à son enfant 
qui fuit pour échapper au châtiment, c'est-à-dire : je n'ai pas 
besoin de courir après toi, je te retrouverai toujours ce soir ou 
demain. — On dit quelquefois : J'ai lai belle heure de faire mon 
champ aujd'heu, ce qui indiquerait que le mot heure est toujours 
sous-entendu. — Avoir belle, avoir le temps, Thév. 

belle (en saivoir de). Voir saivoir. 

belle en vai, loc. prépos., grâce à..., si ce n'eût été..., heureuse- 
ment que, etc. : Si i'ai réussi, belle en vai moi (S'il a réussi, c'est 
grâce à moi). Belle en vai lui, t'airôs cheu, c'est-à-dire si ce n'eût 
été lui, tu serais tombé. 

bénin, adj., bénit; ne s'emploie guère que dans ces deux expres- 
sions : du pain b'nin ou m'nin, de Veau b'nintiea (du pain bénit, 
de l'eau bénite) ; dans les autres cas, on dit généralement bénit. 

benner (bin-né), n., voiturier qui conduit, ou plutôt qui conduisait 
autrefois les bennes de charbon : Les benners sont passés pus tiôt 
que les aûtes jous. Nor comme ein benner (Noir comme un voitu- 
rier à charbon). 

berger, ou bairger? (se), v., se ployer, en parlant d'un fond de 
tonneau, de cuve, etc., se tordre, se gondoler, se déjeler, se bom- 
ber : Eul bois du fond de cYeurcueilloue4ai tètot vart, % s'ast 
berge. (Le bois du fond de cette jale était vert, et il s'est bombé.) 

berne, n., fossé le long d'une route. — Berme? 

bête au bon Dieu, n., une espèce de punaise rouge qu'on trouve 
fréquemment dans les fentes des portes des églises. 

bêtige, n., bêtise; polissonnerie, grivoiserie : Y dit déjà des bitiges 
aux gâchottes, eul petit mâtin ! 

bêtotte, n., diminut., petite bête. 



4 On cite aux enfants, comme exemple à ne pas suivre, ces mots 
d'un paresseux qui disait à son père le matin : Oh! ne nous dépêchons 
(dans quelques villages, dèpoïcfions) pas tant, vai, popa, j'ons lai 
belle de faire note champ aujd'heu ! Puis, comme faute de s'être 
pressé, il restait beaucoup à faire après midi, il changeait de langage 
et disait : Oh l vai, popa, ce n'ast pas laipoinne de nous tant dépê- 
cher, je ne le ferons tovjous pus! 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIR VAUX 79 

bkuchb, n., bûche. Beûche. 

beuchotte, n., bûchette, petite bûche, copeau provenant de l'équar- 
rissage des arbres, de la fabrication du merrain, des cercles, etc.; 

- éclisse : Tirer ai lai beuchotte, tirer à la courte paille. 
Se bbuiller et builler(ou beuyer et buyer?), v., regarder à la dé- 
robée par un trou, par une porte entrebaillée, etc. : T beuille 
pa V larmier de sai caive, pou vor euce qui se passe dans mai cour 
(Il regarde par le soupirail de sa cave pour voir, etc.) — BeuiU 
1er, regarder à travers un trou ou une fente, Gros. ; beuyer, re- 
garder en se dissimulant, Thév. — Du vieux français beuiller, 
regarder de tout près? 
V beuillot et buillot, ou beuyot et butot? (faire coucou), expression 
qui signifie montrer sa tête par intervalles, dans une ouverture 
étroite, une porte entrebaillée, une fenêtre, entre deux rideaux, 
etc , puis la retirer vivement pour jouer avec un petit enfant, en 
criant : coucou I coucou I On dit aussi par ironie : Tu m'èpiôs, tu 
fsàjâs coucou beuillot pa tai croisée, c'est-à-dire tu m'épiais, tu pas- 
sais de temps en temps la tête par ta croisée). — Pie, pie I Thév. 

bbuue, n., bouillie de farine et de lait : Ç'ast faire de lai beûliepou 
les chatts (c'est faire de la bouillie pour les chats), c'est-à-dire : 
c'est de la peine perdue, c'est jeter, des perles aux pourceaux, 
etc. Gnai guère de beùlie dessus vos galettes (Il n'y a guère de 
bouillie sur vos tartes). J'en seûs lassé comme de beùlie en heule 
(J'en suis fatigué comme de bouillie en huile). Marie beulie...., 
espèce d'épithète ridicule, de sobriquet, qu'on attache au nom de 
Marie, sans doute à cause de la consonnance. Du reste, on trouve 
de ces dictons rimaillés à plusieurs noms de baptême : Henri, 
Vpot bout-ï ? Coulas des pois, du lard parfois; Henriette, leuve 
lai paitte, etc. 4 

beunnetron, n., cage à poulets en osier, poussinière : Eulle loche 
quate enfants enco tout petiots, qu'an mettrot tous les quate desous 
ein beunn'tron (Elle laisse quatre enfants encore tout petits, qu'on 
mettrait, etc.). — De benneton ou hanneton ? 

beurbe, n., bourbe, boue épaisse. 

beurbis, n., brebis. En frappant sur une branche de saule, afin 
d'en détacher l'écorce pour en faire un sifflet, les enfants de mon 
temps chantaient ce refrain moitié français, moitié patois : Tourne, 



< Nous ne donnons que la première partie de ces dictons, qui 
finissent en général par quelque inepte grossièreté. 



Digitized by 



Google 



80 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIBVADX 

tourne, sauce; su lai côte de Bar-sur-Aube, j'ai rencontré eunne 
beurbis fouirouse, j' \i ai tiré les vers du c, pou faire eunne 
bonne salade en verjus : Pou gui? Pou qui? Pou qui ? — Et ils 
nommaient alors celui d'entre eux qu'ils voulaient taquiner, ait- 
tratper.... C'était encore une espèce d'aittraipotte (voir ce mot). 
Beurbis qui bêle perd sai goulée (voir gueurlette). — Prebis, P. T.; 
berbis, au xiu e siècle. 

bburdacher, v., mal travailler, à la hâte, gâcher la besogne soit par 
manque de goût, soit en trop se pressant. — De beurdi-beurdâ? 

beurdi-bburda et beurdi beurdo, loc. adv., bredi-breda, à tort et à 
travers, sans faire attention, précipitamment, comme une cor- 
neille qui abat des noix : Y s dépêche, beurdi-beurdô, et peut 
ç'ast de lai prope ouvraige! (Il se dépèche, etc., et puis c'est de 
la belle besogne !) On dit dans le même sens vlin vlan, pin pan, 
etc. Quand il s'agit de la marche, on emploie plutôt beurlic-beur- 
loque (voir ce mot). 

bburdôo et bburdoub, interj., onomatopée, pour désigner et repro- 
duire le bruit d'un corps qui tombe, l'écho d'un coup de fusil 
dans le bois, etc. : T ai vlu prenre eul nind, et gnètot pa enco 
au moitian de iâbreque, beurdôot le v'iai ai bas (Il a voulu 
prendre le nid, et il n'était pas encore au milieu de l'arbre 
quand, etc.) On met d'autant plus d'dque l'écho est plus long. 
Quelques personnes prononcent peurdâô. 

beurdonner, v., murmurer, bourdonner, grogner, grommeler, bou- 
gonner. Voir raboter, catonner, etc. 

beurdonnoub et beurdo nnier., n., celui qui beurdonne par habitude. 

bbubdouille, n., gros ventre, bedondaine : Que beurdouille qui* ai, 
çtuUai ! (Ouel ventre il a, celui-là !/ 

beurdouiller, v., parler en bégayant, ou d'une manière confuse, 
hésiter en parlant; à la fois bredouiller et barbouiller. 

beurlan, n , bruit, tapage ; An fait ein beurlan ai l'école, qu'an ne 
s entend pas (On fait un vacarme, etc.). Que beurlan if ait aiveu 
ses gros mastots de saibots t (Quel tapage il fait avec ses gros sa- 
bots!) — De brelan? 

bburlauder, v., s'occuper à des riens, perdre son temps à des dé- 
tails, à de la besogne inutile, qui ne rapporte rien, par paresse, 
nonchalance, étroilesse d'esprit.. Si un cultivateur nettoie son 
jardin, sa cour, sa grange, emmanche un outil, etc., par un beau 
temps, au lieu d'aller aux champs, à une besogne importante 
qui presse, on dit qu'il beurlaude, beurlute, baicute, tacote, bri* 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 81 

cole, tanvge, etc. Beurlauder est an des pi as énergiques. On peut 
baicnter, bricoler et tacoter à propos quelquefois, beurlauder ja- 
mais. Signifie encore parler pour ne rien dire, radoter. — Voir bot- 
tekr, catonner, etc. — Berlauder, beurlauder, s'agiter et ne rien 
faire, Thév. ; brelauder, Gros. 

becrlàuderie, n., besogne de nulle valeur, riens auxquels on donne 
à tort de l'importance; radotage, discours sans suite : Tu perds 

ton temps ai des beurlauderies ; tu feras meux de dormin ( tu 

ferais mieux de dormir.) — Ber ou beurlauderie 9 Thév. 

beublaudieh et beurlaudoue, n., celui qui beurlaude souvent, par 
habitude, par goût; mauvais ouvrier; radoteur, qui ne sait ce 
qu'il dit. — Voir raivaudier et raivauderie. 

BEURLic-BEURLOQUE, loc. adv., bre lie- breloque. S'emploie à peu près 
comme beurdi-beurdâ, mais exclusivement pour peindre une 
marche irrégulière, la marche saccadée d'un estropié, d'un homme 
qui ne voit pas bien clair, et qui fait du bruit en buttant : /' s'en 
vai beurlic beurloque f... des coups de pieds ai toutes les piarres 
(Il s'en va clopin-clopant, etc.) 

beubloque (baitte lai), expression qui signifie perdre la tête, avoir 
l'esprit troublé, avoir le délire, déraisonner, etc. 

beurloquer, v., branler, remuer, et comme se disloquer avec bruit, 
plus rarement sans bruit : Tai voitiure n'ast don pas solide, 
queulle beurloque comme çai ? Eul moinge de mai pioche beur- 
loque b\n : an voit qui' fait so (Le manche de ma pioche branle 
bien : on voit qu'il fait sec). On dit d'une horloge qu'elle « bait 
lai beurloque » quand elle va mal ou qu'elle sonne onze heures à 
midi; de même d'une personne, quand elle perd la mémoire ou 
que sa tête déménage. — Voir baitte. 

beurlu, adj., myope, qui a la vue faible, qui regarde de tout près 
les objets pour les voir; quelquefois, plus rarement, louche. — 
Voir cannoyot et caliborgnot. — Beurlu, louche, Gros.; berlu, 
louche, Thév. — De èbeurlu, ébloui ? 

beurlue (aivoir lai), expression qui signifie avoir la berlue, avoir 
mauvaise vue, voir mal, être myope, à demi-aveugle : Comment, 
tu ne peux pas vor ç't'ougelot-lai, su lai nwutte de terre? Taies 
don lai beurlue? (Comment, tu ne peux pas voir cet oiseau-là, 
sur la motte de terre? Tu es donc, etc.) 

beurluter et son diminutif beurlutotter, v. ; à peu près le même 
sens que beurlauder; en particulier, perdre son temps dans les 
minuties, les détails, le perfectionnement de riens : Qu'astre que 

T. EUX 6 



Digitized by 



Google 



82 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIR VA II 

tu beurlutes don ? Allons don vitiexx / Quand tu serties zeue toute 
tai jonnée pou pieummer ein œu, çai ne serait toujous quein œu 
pieummél (Qu'est-ce que ta raffines donc? Allons donc vite! 
Quand tu auras été toute ta journée pour peler, enlever la coque 
d'un œuf, ce ne sera toujours qu'un œuf épluché, sans coque!) 
Beurlutotter fait supposer un travail moindre encore et plus de 
lenteur dans l'exécution. — De beurlu, beurlue? c'est à-dire tâ- 
tonner lentement, comme un homme qui ne voit goutte. 
beurluterie, n., occupation peu sérieuse, besogne de peu de 

valeur, qui rapporte peu. — Voir beurlauderie, beurluter, etc. 
bburlutier, n., celui qui beurlute. 

beurnacler, v., construire, emmancher, emmêler, entortiller, etc.; 
se prend toujours en mauvaise part : Tai fait eunne cabane dans 
mai vingne; j'ai beurnaquié çai en deux jous, c'est-à-dire j'ai 
construit à la hâte, à la grosse mordienne.... On dit aussi dans ce 
sens, bâcler (bâcler). Comment don que t'aies frommé lai pote, 
que t'axes aittaiché lai vaiche, comment don que t'aies beurnaquié 
çai, que je ne peux pas Vouvri, pas le défaire? etc., etc. — Voir 
dèbeurnader. 
beurnique, interj., bernique. 

beurziller, v., hacher menu, écraser, briser, brésiller : L'àbre, en 
cheujant, li ai beurzillé le pied (L'arbre, en tombant, lui a mis le 
pied en capilotade). Euje te beurzillerôs t dit une mère en colère 
à son gamin. — De brésiller? 
beurteler, v., marcher par saccades en se heurtant aux cailloux, 
chanceler, trébucher : Euje beurteulle tout de long le chemin aiveu 
mes saibots dèbridiés (Je fais des faux pas tout le long du chemin 
avec mes sabots débridés). Se dit aussi d'une roue qui tourne 
par sauts, excenlriquement : Çai beurteulle. — De beurtiotf — 
Voir beurlique-beur loque. 
beurtelle, n., bretelle. L. Coûtant et Tarbé disent ipsalle, ptalle, 
etc. ; ce sont des contractions de ce mot : beurtelle, b'telle, ou 
p' telle, p'talle, etc. 
beurtiot (ou BEURTiEAu ?), n., blutoir ou bluteau d'un moulin; sas 
mécanique pour séparer la farine du son. C'est le mouvement 
saccadé de cet instrument qui, avec le mécanisme de la trémie, 
produit le tic-tac du petit moulin. 
bi, ou bis? (faire), expression du vocabulaire enfantin qui signifie 
embrasser, baiser : Allons, faisbi, fais bibi, c'est-à-dire embrasse, 
donne un baiser. Certaines mères plus raffinées, ou plus mi- 
gnardes,disent : Fais ba 9 fais bicot, fais bicotte, etc. — Voir biser. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 83 

bîbie, n., joujou d'enfant, et eu particulier tesson de vaisselle avec 
lequel jouent les enfants des campagnes : Casse lai soupière, lai 
terringne, mon gachenot, pou te faire des bibies (Casse la sou- 
pière, la terrine, mon enfant, pour te faire des joujoux). — De 
bibusl 

bichonner (se), v., s'attifer, s'amignonner, se parer avec recherche» 
passer trop de temps à sa toilette : Ylai deux heures qu'eulie se 
bichonne (Voilà deux heures qu'elle met à s'atiiïer). 

bicri, ou biqueri (bois), n., le chèvre-feuille xylosteon, lonicera xy* 
losteum. On dit aussi bois de bicri, ou simplement bicri. 

bigonb, n., bigorne; espèce de clef en s, pour ouvrir du dehors une 
porte fermée au dedans par un verrou. 

bignoux, adj. et n., chassieux : raie* les œux bignoux (Tu as les 
yeux chassieux). Ç'ast ein peut bignoux (C'est un vilain chas- 
sieux). — De bigle ? 

bigot, n., pioche à deux dents. Bigot, adj., gourd, engourdi par le 
froid : J'ai les dogts bigots (J'ai les doigts gourds, engourdis 
par le froid). 

buottb, n., nom d'une espèce de champignon comestible qui pousse 
en abondance dans les plantations de marsault, vers le mois d'oc- 
tobre. On dit aussi grijotte. — De bis, gris-brun? 

billard, adj., qui a les jambes torses, de travers : C( enfant lai, 
an l f ai fait marcher trop tiôt, et iast bi-iard (Cet enfant là, on 
l'a fait marcher trop jeune, et il a les jambes de travers). 

billarder, v., avoir les jambes torses, marcher de travers. Terme 
de manège passé dans le patois? 

billaudiot?, n. , crochet de fer pour tisonner, espèce de tire-marrons. 

billon, n., cep de vigne, l'ensemble de la souche et du sarment, et 
même des fruits dans la saison : Enco ein bi-ion et mon pner serai 
pieun, c'est-à-dire encore un cep et mon panier sera plein; rondin 
préparé, prêt à être fendu pour faire des paisseaux : J'ai des biU 
Ions pou faire cent jaivelles de pâchés, dans mai part & arpent. 
Quand les billons sont petits, c'est-à-dire qu'ils proviennent du 
taillis et non de modernes, le nom de l'espèce est billotte : Tai 
de lai billotte, etc. — De «Me? 

billotte, n. Voir billon. 

bot, adv., bien, beaucoup; bintiôt, bientôt; très bin, beaucoup : 
Des rasins, ou ragins, dans mai vingne, oh, gny en ai pas très bin 
(Des raisins dans ma vigne, oh, il n'y en a pas beaucoup). On 
dit plutôt cependant : Oh, gn'y en ai pas tout pieun I On emploie 



Digitized by 



Google 



84 PATOIS DE LA FORÊT DB CLAIRVAUX 

bè pour bin dans bè'lun ou bellun, bien loin. — Bé et ben 9 trébé, 
beaucoup, benajey, bien aisé, L. C; très bé, beaucoup, G. etR.; 
bé, bien, P. T. ; trèe ben, beaucoup, Thév. 
binette, n., rosse, cheval maigre, mal nourri : Tu liô (ou \Ô) bulle 
don ai mainger des meuds, ai tes binettes, hè? que les codes (so* 
fluieu) liô sont restés dans le vente (Tu leur donnes donc à manger 
des muids, à tes rosses, hé? que les cercles leur sont restés, etc). 
S'emploie par mépris pour désigner môme un bon cheval : Dé- 
tonne tai binette, gahpint (Détourne ton cheval...) — On emploie 
dans le même sens le mot carcan. 

^J! bingne, n., coup auivi de bosse, taloche, particulièrement sur la 
tête; bigne : /' s'ast toqué le front dans lai pote, tai reçu eunne 
bonne bingne (Il s'est cogné le front contre la porte, il a reçu, etc.) 

— Beigne, coup avec excoriation, Gros. 

bique, n., espèce de trépied en bois fait d'une cime fourchue, d'une 
grosse branche à trois rameaux, qu'on emploie pour tenir les 
charrettes en équilibre; espèce de tréteau en croix, aussi à trois 
pieds, qui supporte le cuveau à lessive. Jouer ai lai bique, jouer 
à un jeu assez semblable à celui du bouchon ou du palet, mais 
où le but à atteindre est une petite bique, ou trépied, et où les 
palets sont remplacés par des bâtons. 

biques, n., espèces de brûlures, de taches aux jambes des femmes, 
occasionnées par l'usage immodéré de la chaufferette, du couvet. 

— Bicque, Gros; bique, Thév. 

biquot, n., chevreau, petit de la bique; chevreuil, par plaisanterie: 
Je nous pas vu de liéve en chaisse, masfons tiué deux biquots. 
Terme d amitié dont on se sert avec les enfants : mon biquot, mai 
biquotte. On dit de même : mai poulotte, mai chaitotte, mai rai- 
totte, etc. ; souvent, tous les animaux y passent. 
/ biquotte, n., diminut., petite bique, dans les divers sens de ce mot. 

biquetier, n., chévrier, gardien de biques; injure, comme vaicher, 
poucher, etc. (vacher, porcher, etc.) 

bisailles, n., espèce de pois mêlés à une autre plante fourragère. 

— De bis ? ou de pisum f 

biscambille, n,, estropié, déhanché, qui a les jambes torses, qui 
boite, qui traîne les pieds, qui jette les jambes de travers en 
marchant, etc. ; terme général exprimant à la fois les idées de 
billard, gambin, boitioux, etc. — Voir ces mots. 

biscarié, part, p., troublé par des malaises divers, contrarié par 
des infirmités, des souffrances, des ennuis physiques ou moraux, 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIR VAUX 85 

mais plus particulièrement physiques : Euje seûs souvent biscarié 
depeûs quéque temps; quand ce riast pas eunne cheuse, çen ast 
eunn' aute (Je suis souvent souffrant depuis, etc.) — Le verbe 
Vest guère employé. 

biser et biger, v., baiser, embrasser : Bise-le (Embrasse-le). — 
Voir M, faire bi. — Bije, bise, P. T. ; bâfra, baisera, ch. de n. 
Encore un exemple du peu d'exactitude des travaux sur le patois 
riceton ! 

bissô (ou bisseau?), n., le second fils, le cadet, dans beaucoup de 
villages, à Cunfin par exemple. — De bisser, répéter, ou de 
besson, jumeau? — Beucelot, enfant jumeau, Gros.; besselot ou 
beusselot, Thév. 

blafe, adj., pâle, gris pâle : Tai piauté des pois biafes (J'ai planté 
des haricots pâles, gris clair). Nous n'avons jamais entendu em- 
ployer ce mot que dans cette expression, c'est-à-dire avec le mot 
pois ou haricot. — Blaff, blême, Gros. — Pour blafard ? 

blainchi, part. pas. et inf., blanchi, blanchir; en particulier, blan- x' 
chir le linge : Euje les biainchis et je les recouds (Je blanchis 
leur linge et je le raccommode). 

blainchot, adj., pâlot : Eulle l ast einpoichot biainchotte (Elle est 
un peu pâle, maladive). 

blanc, adj., blanc : Du pain bianc; fém. biainche : Eulle ai mins 
sai robe biainche (Elle a mis sa robe blanche). Ailler mainger 
du pain bianc, aller en justice, plaider : Euje te ferai mainger 
du pain bianc (Je te ferai assigner, je t'attaquerai en justice); 
parce qu'on allait plaider à la ville, et qu'on déjeûnait à l'au- 
berge, où l'on mangeait du pain de boulanger. Ts sont zeûs 
mainger du pain bianc (Ils sont allés devant le juge de paix). Je 
ne te vois pas bianc, c'est-à-dire te voilà dans une belle situa- 
tion, tu n'as qu'à te bien tenir ! Faire comme les servantes de 
curés, mainger son pain bianc l'prommer, c'est-à-dire commencer 
par le plus facile, avoir une vie plus belle au commencement 
qu'à la fin, etc. Mette du nor su du bianc, écrire. 

blé, n., blé : Mainger son biéen harbe (Manger son blé, etc.) 

blette, n., betterave. Pronon. : Blette, Mette. 

bleu, adj., bleu : T n'y ai vu que du bieu (Il n'y a vu que du bleu). 
Y ai toujous pour qui* ne noge bieu (Il a toujours peur qu'il ne 
neige bleu), c'est-à-dire peur de ce qui ne peut arriver. 

blis (ou belin?), n., bélier : Tête de blin (Tête de bélier), 

buqub-bloqub, ou duc-bloc ? (s'en ailler), s'en aller à pas lourds, 



Digitized by 



Google 



86 PATOIS DE LA FORÊT DE CL AIR VAUX 

bruyants et lents : V s'en vai blique-bloque aiveu ses gros saibots, 

comme ein bœutier (Il s'en va lourdement, etc.) 
bloche, n., prune : Pâté en bloches (Tarte en prunes). — Blosse, 

Thév. 
blocheb, n., prunier. — Pné, prunier, P. T.; blossier, Thév. 

blonde, adj. n., bonne amie, maîtresse, fiancée : Faire eunne 
bionde (Commencer à fréquenter, faire la cour à une fille). Çast 
sai bionde (C'est sa bonne amie, son amoureuse, sa promise). 

blossi, v. infinitif, blossir, et part, passé, blossi. 

blot (ou blos?), fém. : bhsse] adj., blet, blette : Çai ne coûte pas 
des poirottes biosses t (Cela ne coûte pas des poirottes blettes !), 
c'est-à-dire cela coûte cher, ce n'est pas à bon marché. 

blouque, n., boucle : Eune fais pas ein non } fais eunne biouque 
(Ne fais pas un nœud, fais une boucle). Popa, ï me dit des noms? 
Rèponds-li des biotiques t (Espèce de jeu de mots sur non, nœud, 
et nom, employé pour faux-nom, sobriquet). On dit : eunne 
biouque de beurtelle, une boucle de bretelle, et eunne bougue 
d 'oreille, une boucle d'oreille. 

bôchebon, n., bûcheron. Bois de bâcheron, les copeaux, les petits 
troncs que font les bûcherons en coupant le taillis, le collet des 
branches. — Voir recoupes. 

boedtieb, n., bouvier, homme qui conduit des bœufs. Au fig., gros, 
sier, lourdaud, endormi, balourd. 

boicher, v., labourer avec le vessou ou mègle exclusivement : Boi- 
cher aux vingnes (Labourer aux vignes, — pour les vignes, ou dans 
les vignes). Boicher les pommes de terre (Labourer les pommes de 
terre, avec le vessou). — Voir vessou. — De bêcher ? 

boige, boge, boget, bouot, etc., noms de différents tissus, laine et 
fil, fabriqués autrefois par les tisserands des campagnes, et ser- 
vant à confectionner des vêtements grossiers et solides : Meux 
vaut cul de boige que cul de drap ai crédit t c'est-à-dire mieux vaut 
s'habiller de boige que de drap à crédit! — Voir droguet et M- 
conte. — De beige ou bège, gris? 

boigevot, ou boigeveau? (ai), loc. adv., en sens opposés, pieds 
contre têtes; se dira d'une gerbe dont les épis ne sont pas tournés 
tous dans le même sens, d'un fagot dont les ramilles sont bout-ci 
bout-là, etc. : Tu mets taijaivelle ai boigevot su lai mienne, c'est- 
à-dire tu la croises de manière que les épis de la tienne corres- 
pondent aux pieds de la mienne. Se coucher ai boigevot, se mettre 
la tête au pied du lit. — De beschevat, manière de se placer au 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CUIR VAUX 87 

lit en sorte que les pieds de Tan soient tournés vers la tète de 
l'autre, Gros. — De à bis chevet, à double chevet? 

boin, adj., bon; boinne, bonne. 

boibger, n., berger : Çast aussi râle que de lai siueur de boirger 
(C'est aussi rare que de la sueur de berger). 

boite, n., boisson, second vin obtenu au moyen d'eau jetée sur le 
marc. La boite diffère du râpé en ce qu'on la retire de la cuve 
après la fermentation, absolument comme on fait pour le vin, et 
qu'on la met en fût séparément, tandis que le râpé, laissé avec le 
marc, n'est tiré qu'à fur et à mesure des besoins. Souvent môme 
on fait ce qu'on appelle la lessive, c'est-à-dire qu'on remet une 
cruchée d'eau sur le marc à chaque cruchée de râpé qu'on tire. 
Dans un sens général, boisson : Euje mêle du vin d'aiveu du râpé, 
et ç'ai fait eunne bonne boite (Je mêle du vin avec du râpé, et ça 
fait une bonne boisson). — Boette, boitte, L. C; boete, P. T. ; 
boitte, Thév. 

boite, n., ce que l'on consomme de boisson dans l'année : J'ai du 
vin pou mai boite (J'ai du vin pour ma consommation). 

boitioux, adj., boiteux. 

bon (en de), loc. adv., sérieusement : Oh mas, paye me : j'onsjoué 
en de bon (Oh mais, paie-moi : nous avons joué sérieusement, 
c'est-à-dire ce n'était pas pour la frime, pour rire, pour plaisan- 
ter). Çast-ï en de bon que tu dis çai? (Est-ce sérieusement que 
tu dis cela?) 

bonbons, n., fruits secs, raisins, pruneaux, cerises, etc., qu'on 
donne aux enfants en guise de dragées. — Voir guingnottes. 

bône, n., borne, grosse pierre qui marque les limites de deux pro- 
priétés : Sens va \ c'te bône-lai, eulle sent l'heule (Sens voir, cette 
borne-là sent l'huile). Une douce plaisanterie qui consiste à 
pousser contre la borne le nez des naïfs qui se baissent pour sen- 
tir. — Bosne, Gros. 

bonnes (été dans ses), être bien disposé, de bonne humeur : T m'ai 
bin reçu, i'ast dans ses bonnes auj'd'heu (11 m'a bien reçu, il est 
de bonne humeur aujourd'hui, il s'est bien levé). S'emploie sur- 
tout en parlant d'une personne fantasque. 

boqueb, v., toucher, heurter : Boque-le, i' dort, c'est-à-dire louche- 
le, secoue-le pour l'éveiller. Boque-le vor t (Tâche d'y toucher !) 
Se boquer, se heurter en se rencontrant, passer tout près l'un de 

4 On dit aussi : Sens vor. 



Digitized by 



Google 



88 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVÀUX 

l'autre : ï sait boqué dans moi (Il m'a heurté) ; F s se sont boqués 
sans se paler (Ils se sont frôlés en passant sans se parler). — Voir 
se becquer. — Bocquer, heurter, Gros. ; bocquer, id., Thév. 

borde (feu de), grand feu, feu de corps de garde. 
' bdt, n., crapaud. : Tast enfié comme ein bot (Il est enflé comme un 
crapaud). Parole plus dédaigneuse qu'injurieuse qu'on adresse à 
un gamin, à un homme court de taille : Méchant bot, eust-ce* que 
tu v'rôs — ou vourôs — essayer de me faire cheur f (Méchant ga- 
min, est-ce que tu voudrais, oserais, essayer de me faire tom- 
ber, de me renverser?) Méchant est employé dédaigneusement 
aussi, dans ce cas et dans les cas semblables, pour pauvre, chétif, 
etc., deux fois gamin. — Bote, P. T.; bote, G. et R. 

boteret, n., petit bot, petit crapaud. S'emploie comme bot. — Bo» 
teret, G. et R. 

botte d'ècureu, n., nid d'écureuil; désigne également le nid de 
mousse que l'écureuil se construit entre deux branches d'arbre, 
et les petits écureuils qui y sont nés : J'ai vu eunne botte d'ècu- 
reu. J'ai prins lai botte d'ècureu et peûs lai mère. 

botteler, v., bougonner, grommeler, gronder entre ses dents, se 
plaindre : Gnast jaimmas content, t' botteulle toujous (Il n'est 
jamais content, il se plaint, il bougonne toujours). — Voir coton» 
ner, raboter, etc. 
/ boucheau (ou bouchô?), couvercle de pot, de soupière, etc.; toute 
espèce de couvercle et bouchon : Ein boucheau de caisse rôle. 
Boucheau de four, la porte du four; etc. On dira à quelqu'un qui 
gêne, qui masque la fenêtre : Eurtire*te* dt lai, boucheau! fées 

trop épais pou faire eunne croisée (Retire-toi de là , lu es trop 

épais pour, etc.) 

bouchblot, n. diminutif, petit boucher, boucher de carême, qui 



1 Dans les interrogations, avec le pronom ce, ast se change ordi- 
nairement en eus t. Cependant on dit : Diâbe ast-çu que çai? (Diable 
est-ce cela?) N'astce que çail (N'est-ce que cela?) D'ailleurs est-ce 
bien le verbe interrogatif, cet eust-cef Ne serait-ce pas plutôt la syl- 
labe euphonique eu jointe au pronom démonstratif? Souvent on ne 
prononce que le ce : S'que tu vrôs me faire cheur f (Est-ce que tu 
voudrais, etc.?) 

* Quelques personnes prononcent : Ertlre-te, i'ertient, ïernonce, 
etc., comme s'il y avait airtire, iair tient, iairnonce, etc. (Retire-toi, 
il retient, il renonce, etc.) 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 89 

rend peu. On donne aussi quelquefois ce nom aux enfants, aux 
fils du boucher. 

boucheton (ai), loc. adv,, couché sur le ventre, soit à plat, soit ap- 
puyé sur les mains; couché la bouche sur l'oreiller; à croupe- 
tons : Mets-te ai boucheton, je monterai sur ton dos. Mettre un 
pot, une jale, un vase quelconque ai boucheton, c'est le placer 
sur son ouverture, le fond en l'air. — Abouchetons, Gros. ; à 
boucheton, Thév. — Voir ai miaou. 

bouche-trous, d., maçon. 

bouchie, n., bouchée : Eunne bouchie de pain. Gn'ai pas sitiôt lai 
bouchie déhiors de lai bouche qu'ï s'endort, c'est-à-dire sa der- 
nière bouchée n'est pas avalée qu'il s'endort. Lai bouchie de lai 
reine, se dit d'une bonne bouchée, de la meilleure, qu'on garde 
pour la dernière. 

bouchon et bouchot, n. f buisson, bocqueteau; quelques cépées de 
bois isolées; remise à gibier : Ein bouchon d'èpingnes (Un buis- 
son d'épines). Les pèdrix sont dans les bouchots (Les perdrix 
sont dans les remises). — Bouchon, Gros. ; bouchon, G. et R. 

bouchon de chanve, n., poignée de chanvre, espèce de gerbot, ou 
petite gerbe. Dans ce sens on dit aussi bouchot. 

bouchot, n. Voir boùchotte et bouchon. 

boùchotte, n., jeu d'enfant dans lequel l'un des joueurs, que le 
hasard désigne la première fois, et qui est alors le bouchot, cherche 
les autres joueurs cachés et court après eux. Le premier qu'il 
peut découvrir et toucher devient bouchot à son tour. Quand les 
joueurs se cachent, c'est la boùchotte caichante; quand ils se con- 
tentent de s'éloigner à une certaine distance du bouchot et de le 
provoquer à la course, c'est la boùchotte courante. 

boude, n., nombril, ombilic : Si f'aie* mau au vente, tirc-te lai 
boude I — Boude, Gros, et Thév. 

BOUDERi, n., petit morceau de lard coupé autour du nombril du 
porc, à l'anus, etc., et qui sert ordinairement à graisser les scies. 

boudon, n., bondon, et quelquefois la bonde d'un tonneau, c'est-à- 
dire l'ouverture et le bouchon. Cependant on dit plus souvent 
pour désigner l'ouverture : Eul trou du boudon. 

boudonner, t., bondonner, fermer un tonneau avec le bondon. 

boue, n , humeur, pus qui se forme dans un bobo, une plaie, un 
abcès : J'ai ein mau dans le dogt qui vient ai boue; çai m'ai ta- 
boulé Unité lai neut (J'ai un mal dans le doigt qui vient à suppu- 



Digitized by 



Google 



90 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVÀUX 

ration, où se forme du pus; j'y ai ressenti des élancements toute 
la nuit.) — Voir tabouler. 

bouffe-lai-balle, n., personne grosse, grasse, qui a l'air de ne 
plus pouvoir respirer. 

bouillant, adj., pressé, actif, qui grille d'être à la besogne» 

impatient de travail. S'emploie plutôt avec la négation : Oh, gn'ast 

pas trop bouillant t (Oh, il ne se presse pas, il n'est pas ardent à 

.- ' '": la besogne !) Il est le plus souvent ironique. 

f^-vJ*-*- bouille, n., ampoule, cloche qui vient à la suite d'une brûlure, 

d'une meurtrissure, d'un frottement prolongé : Mon souMer m 

t sarre; j'ai eunne bouille darré le tailon (Mon soulier me serre, 

j'ai une ampoule derrière le talon). On dit aussi grillot. Quand 

l'ampoule provient d'un pincement, d'un écrasement de la peau, 

elle prend le nom àepinckon. — De bouille, marque? 

bouillot, n., grand panier à anse que portent les ânes, en double, 
comme une besace, de chaque côté des flancs. Par analogie, 
quand une bête est bien pleine, on dit qu'elle a deux bouillots. 
— Bouillot, G. et R. 

bouillu, part. pas. du verbe boûre (bouillir). 

bouis, n., buis. 

bouju, adj., qui a du bouge; ventru, par analogie avec un tonneau. 
^ boula, n. On nomme ainsi une espèce de champignon sec, dur et 
compact, assez semblable au liège, qui croît sur les bois morts ou 
malades, sur les vieux troncs d'arbres. So comme boula, très-sec : 
Note foin, i'ast so comme boula (Notre foin est très sec). — Voir 
grillot. 

boule au bâton (mener lai), expression qui signifie mener très vite, 
abuser, prodiguer sans ménagement : V meunne sai femme lai 
boule au bâton, c'est-à-dire il la fait marcher, il la malmène. 
/' meunne son bien lai boule au bâton, c'est-à-dire il dépense trop, 
il prodigue, il se ruine, etc. 

boulin, n., bouleau : Ein bailai de boulin (Un balai de bouleau). 
Ein rain de boulin (Un brin, une ramille de bouleau). 

boulivar, n., chapeau à larges bords. S'applique plus particulière- 
ment aux chapeaux de paille. 

boulot, n. diminut., petit bout, petit morceau : ein boulot de bou- 
din. Ç'ast lu qui ai copé le pain, et ï ne m'en ai bo\llè quein tout 
petiot boulot (C'est lui qui a coupé le pain, et il ne m'en a donné 
qu'un tout petit bout). Ein boulot d'homme, un bout d'homme, 
un petit homme. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIR VAUX 91 

boulotte, n. dimin., petite boule, boulette. Boulotte d'œu, jaune 
d'œuf. 

boulotée, n., grande quantité, troupe en mouvement, fourmilière : 
Eunne bouloyée de monde ai lai foire; eunne bouloyée d'enfants 
qui sotent de l'école. Y y ai des vers pieun nos jambons, V y en 
ai des bouhyèes (Il y a des vers plein nos jambons, il y en a des 
quantités). — Bouleyée, troupe confuse, Gros. ; bouleyée, Thév. 

bouloyeb, v., s'agiter, se remuer en grand nombre, fourmiller, 
grouiller : T y en ai (prononcez : ian ai) du monde su laipiaice; 
çai bouloye 1 (Il y en a du monde sur la place; il en grouille !) 
F ai des poux, c't'enfant4ai, t" en ai, i' en bouloye t (Prononcez : 
boulo-ille). Par analogie, simplement abonder : Fax des chadons 
dans note champ, i 1 en bouloye (Il y a des chardons, etc.) — Bou- 
léyer, Gros., Thév. — De l'italien brulicare't 

bouquet, n., fleur, en général : J'aipianté des bouquets (J'ai planté 
des fleurs). Bouquet de bois, bosquet, boqueteau, petit bois. — 
Voir bouchon. 

bouquin, n., bouc : V pue comme ein bouquin, comme eul bouquin 
de chez le boirger (Il pue comme un bouc, comme le bouc du 
berger). Bouquin de Chaicenay, espèce d'injure. 

boura, n., sorte de grosse toile faite avec la partie la moins fine de 
la filasse, le pied du chanvre. En certains villages téla. — Bour- 
ras, xv e siècle. 

bouraissot, n., lange de coton ou de laine qui sert à emmaillotter 
les enfants, l'enveloppe extérieure du maillot. — De bourras ? 

bourbotte et beurbotte, nom d'une espèce de plante qui vient 
dans les endroits humide^ bourbeux, le coqueret alkekange. — 
De bourbe? 

bourb, v., bouillir. Fut. boûrai; cond. boûrôs. 

bourlie, n., bourrelier, avec dédain. — Voir colleron. 

bourre, n., nom d'une espèce de jeu de cartes : Jouer ai lai bourre. 

bourre-lai-miche, n., gros mangeur, enfant affamé qui mange 
beaucoup, qui court toujours à la miche : Que bourre-lai-miche 
quec'i enfant lait (Quel mangeur, quel affamé que cet enfant 
là!) 

bourrrlotte, n., fagot de menues branchages, botte de ramillons : 
Eulle breûle quate bourrelottes pou chauffer son four. — Dimi- 
nutif de bourrée, fagot. 

bourrer, v., poursuivre quelqu'un, lui donner la chasse, courir 



Digitized by 



Google 



92 PATOIS DE LA FOBÊT DE CLAIRVAUX 

après : J* se sauve, bourre-le I c'est-à-dire, poursuis-le I — De 
bourrer, terme de chasse? 

bourribr, n., bourrelier. — On dit aussi colleron et bourlie. 

bourrique (faire tonner en), faire tourner en bourrique, ennuyer, 
persécuter, obséder, faire perdre la tête. On fait tonner en bour* 
rique quelqu'un à qui on monte une scie fatigante. 

bousée, n., bouse de vache : l'ai tripe dans lai bousée; ïy ai des 
bousées tout de long le chemin (Il a marché dans la bouse ; il y a 
des bouses tout le long du chemin). 

bousin, n., bruit, vacarme, boucan : V s font ein bousin dudiâbe 
(Ils font un bruit, un vacarme du diable). Mauvais lieu. 

boustifaille, n., mangeaille, victuaille, par plaisanterie, ou en 
mauvaise part. 

boustifailler, v., manger, bâfrer, festiner. 

bout du monde (ç'ast tout le), express, qui signifie tout au plus, à 
grande peine, c'est tout jusle, etc. : Si je trouve pou faire eunne 
cheminge lai-dedans, çai serai tout le bout du monde, c'est-à-dire : 
je trouverai à grand peine là-dedans — dans ce bout de toile — 
de quoi faire une chemise. Quand ï traivoille deux heures dans 
sai jonnée, ç'ast tout le bout du monde (Quand il travaille deui 
heures dans sa journée, c'est tout au plus, à grand peine...). — 
Tout le bout du monde, Thév. 

boutenrrb, n., boutonnière; par analogie, entaille, coupure pro- 
fonde : Eul charron s'ast fait aiveu le néron de sai haiche eunne 
s.... bont'nére dans le genon. Oh, gué bout'nérel (Le charron 
s'est fait avec l'angle de sa hache une profonde coupure au 
genou, etc.) 

bouteille, n , bulle qui se forme sur l'eau, quand il pleut en abon- 

• J dance : T pieut, i'pieut, que ç'ai fait des bouteilles su les pa- 

touillets. Bulle de savon : T s'aimuge ai souffier des bouteilles 

aiveu ein poi d'ètrain (Il s'amuse à souffler des bulles avec un 

brin de paille). On dit aussi boutoille et bouteillotte. 

boutoille, n., bouteille, avec mépris : Qu'ast-ce que tu veux que je 
fsige de tai boutoille veud'ieu.? — F... lai ai bas\ (Qu'est-ce que 
t tu veux que je fasse de ta bouteille vide?— Jette-là à terre I ) 

t | jx, x bouté (ou bouter? ou bouille?), n., trou laissé dans un mur par 

1 J les soliveaux de l'échafaudage, quand ils sont enlevés : r n'ai 

pas fait rocher son mur, V n'ai pas seulement fait boucher les 

bouyés (Il n'a pas fait crépir son mur, il n'a pas seulement bit 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 93 

boucher les trous...) Les moingneaux, % s ont fait Us ninds dans 
les bouilles de note mur (Les moineaux onl fait leurs nids, etc.) 

bototte, n., petite ouverture faite à dessein ou autrement, par 
hasard, par vétusté, etc., dans un mur, un toit, une cloison; 
espèce de juda : Eul chaît, i'ast passé pa lai boi-iotte (Le 
chat est passé par le trou). En otant eunne piarre, eunne teule, 
j'ai fait eunne boyottepou vor dans lai cour, — La boyotte désigne 

depuis la lucarne jusqu'au trou à passer un moineau Le 

bouyé fait une boyotte; on beuille, ou buille pa lai boyotte. — 
Bouillote, petite ouverture du poulailler où passent les volailles, 
Thév. — De l'ital. abbaino? 

braigb, n., braise : Çast chaud comme brûge (C'est chaud comme 
braise). 

braiger, n., brasier : Vlai du bois qui fait ein bon brsager (Voilà 
du bois qui fait un bon brasier). 

brainchb, n., branche. Y s'en faut de cent fagots qui* s ne saint 
de lai même brainche, c'est-à-dire ils ne sont pas parents, il 
s'en faut de beaucoup qu'ils ne soient parents.... 

BRAiNCHÎs, n., taillis. Voir parchîs, même sens. 

braissb-corps (prenre ai) } prendre à bras-le-corps. 

braissie, n., brassée. Gaingner de l'argent ai lai braissie, gagner 
beaucoup d'argent, autant qu'on en veut... 

brament et bramont, adv., bien comme il faut, convenablement; 
beaucoup; par ironie joliment, justement : traivoille brament, 
travaille comme il faut, bien, convenablement. l'y ai brament 
des bloches su vote blocher (Il y a beaucoup de prunes sur votre 
prunier). ïast-ïvenun t'aidier? Brament t (Est-il venu t'aiderî 
Joliment! Pas du tout!) Marche bramont dans lai houe, mon 
gachenott (Marche justement, exprès dans la boue, etc.) — Bra- 
man, L. C; branmant, vraiment oui, P. T.; bramant, G. et R.; 
brament, vraiment, Thév. — De bravement? 

bran (ou bren), n., vieux mot, matière fécale. S'emploie dans cette 
expression : je n'ai vu ni /"..., ni bran; je n'ai trouvé, ni, etc., 
c'est-à-dire, avec humeur: je n'ai rien trouvé, rien vu, rien ren- 
contré,etc, de ce que je cherchais, de ce que vous me disiez, etc. 

brandi, part, pass., préparé, disposé, avec ironie : Le v'iai tout 

brandi. — De brand, enseigne, en roman ? 
braque, adj., brusque, emporté, violent, capricieux, fantasque: An 

n'ouserot li paler, i'ast si braque l (On n'oserait lui parler, il est si 

colère, si brusque !) 



Digitized by 



Google 



94 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 

braqué,, part, pas., apprêté, préparer. S'emploie ordinairement 
avec la négation : Gn'astjaimmas braqué, gnaijaimmas fini ses 
quinze tours (Il n'est jamais prêt, il n'a jamais fini, etc.) Le verbe 
n'est guère employé. — Voir rebraquer. 

bréb, n., berceau, ordinairement en osier: Note petiot, tast couché 
dans son brée. On emploie aussi dans le même sens le mot balle 
ou ballotte : Y vai faire dôdô dans sai balle. 

bbeuler, v., brûler. En vouloir comme terre breîdée, en vouloir 
beaucoup, porter beaucoup de haine : /' m en veut comme terre 
breûlée, c'est-à-dire il me déteste. Breûler lai cueuche, brûler la 
cuisse ; se dit de quelque chose qu'on a et qu'on ne saurait garder, 
qui tente violemment la gourmandise : Quand ï ai des dragées, 
eulles li breûlent lai cueuche, c'est-à-dire il ne saurait les garder, 
il grille de les manger, etc. Ordinairement, les choses qui breûlent 
lai cueuche ainsi sont dans la poche, sur la cuisse. 

breulot, n., brûlot, espèce de punch à l'eau-de-vie; mauvais ma- 
réchal. Dans ce dernier sens on dit aussi : breûle-fer, brûle-fer. 

bricole, n., au prop. et au fig., chose de peu de valeur, menus 
objets, riens; ennui, embarras, embrouillamini, etc. S'emploie 
dans une foule de cas, toujours en mauvaise part : Pou n$ { 
méchante bricole comme çai, t'aies baillé dix sous t (Tu as donné 
dix sous pour cette niaiserie, cet objet de nulle valeur ! ) Que de 
bricoles qui s font don t c'est-à-dire quels embarras, quel train, 
que d'allées et venues, etc. V y en ai t-ï de lai bricole dans ce 
procès-lai ! etc. Quand on veut faire entendre à une personne 
que ses explications ne satisfont pas, sont inutiles, ou ne sont 
pas franches, on dit encore : Çai> c'ast de lai bricole l(Ç est cela, 
etc.) 

bricoler, v. travailler à des choses futiles, tourner autour de la be- 
sogne; s'y prendre mal, perdre son temps en allées et venues 
inutiles; faire un petit commerce, un commerce douteux, inter- 
lope, etc. : Oh, je ne fais pas grand cheuse, euje bricole, euje tue 
le temps. QuasUce que tu bricoles don ? marche don Mené sais 
pas ce qui' bricole, mas i' ne gaingne guère î — Absolument, char- 
rier pour le public avec un mauvais attelage. À aussi le sens 
à'arriokr. — Voir baicuter, tacoter, tanuger, etc. 

bricolier et bricoloue, n., celui qui a l'habitude de bricoler, homme 
qui perd son temps à des riens; brocanteur, revendeur, etc. 
(Prononcez : brico-ier). — Voir bricoler. 

1 Contraction de pou eunne, pour une. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÂT DB CLAIRVAUX 95 

i 

bringue, n. ; se dit d'une femme négligée dans ses vêtements, de 
mauvaise tournure, dégingandée, sans grâce, étourdie, d'allure 
insouciante. Ce mot est ordinairement précédé de l'adject. grande, 
et ne s'applique guère qu'à une femme d'une taille élevée : Eune 
te scueille don pas tant; tu vas pède tes cotillons, grand' bringue I 
(Ne te secoue donc pas tant; tu vas perdre tes jupons, grande 
étourdie !) Eulle l ast-ï belle f Non; çast eunne grande bringue 
qui tonne les paittes... (Est-elle belle? Non; c'est qui tourne 

: les pieds....). — Bringue, grande fille sans grâce, Thév. — Ce 
mot d'ailleurs s'emploie par toute la France. 

brinquin, n., cheval; se prend le plus souvent en mauvaise part, 
rosse : T ai deux brinquins au an pouterot su eunn hotte ! (Il a 
deux rosses qu'on porterait sur une hotte). On dit cependant par 
antiphrase : Ein bon petit brinquin (Un bon petit cheval). — 
Voir binette. 

brique, n., morceau : T prend eunne grosse brique de pain, c'est-à- 
dire un gros morceau de pain. Tu fais des briques? (Tu viens de 
casser quelque chose?) Objets de toilette, vêtements : Rainge tes 
briques, c'est-à-dire range, place tes affaires, les objets qui l'ap- 
partiennent. /' n'ai * point de soin de ses briques, ï les lâche traî- 
ner tout patout (Il n'a point soin de ses vêtements, de ses affaires, 
il les laisse traîner partout). — Brique, reste, miette, Gros. 

briquotte, n., diminutif de brique dans le sens de morceau : Eunne 
petiote briquotle de pain. 

brisac et brijac (ou BRI saque, etc. ?), n. et adj., homme, enfant qui 
use beaucoup, qui brise : Oh, que brisac t \ euserot bin eunne 
cueulotte par semainne (Quel brise-tout ! il userait une culottes 
par semaine). Que enfant brisac I V me casse des saibots tous les 
jous. — Brisac, maladroit, qui brise tout, Thév. 

brisaqubr, v., faire acte de brisac, user, briser, mettre en menus 
morceaux, déchirer en lambeaux : /' ai hrisaqué sai cale (Il a 
mis sa casquette en lambeaux). Euje li aivôs aicheté eunne tou- 
toute ai lai foire, ï Vai brisaquée en revenant (Je lui avais acheté 
une trompette, une flûte à la foire, et il l'a mise en pièces en 
revenant). 



1 On prononce également ï n'ai et gn'ai; nous ne reviendrons 
plus là dessus. 

2 Dans ce cas, le mot par garde son r. 



Digitized by 



Google 



96 PATOIS DE LA FORÊT DE CL AIR VAUX 

bhocailles, n., pierrailles où poussent les épines; mauvais champs, 
friches pleines de pierres et d'épines. 

broche et breuchb, n., fausset, brochette qui bouche le trou d'un 
tonneau. Les breuches sont cassées, c'est-à-dire on ne tirera plus 
de vin, les tonneaux sont vides, les vignes sont gelées... Broche» 
chaude, n., tige de fer pointue qui, rougie au feu, sert à percer 
des trous dans du bois. 

brocher, v. v couler, jaillir. Ne s'emploie que dans cette expression : 

r ai broché le sang, ou le sang ï ai broché T m! ai /".... ein 

coup de poing su le nez, que le sang ï ai broché, ou que j'ai 
broché le sang (Il m'a flanqué un tel coup de poing sur le nez 
que le sang a jailli). On dit donc également : Le chevreu blessé 
brochot le sang, ou le sang ï ai broché ai mon coup. — Voir jigler 
et drisser. — De brocher, percer? 

brochotte et breuchotte, n. diminut., petite broche, brochette. 

S'emploie dans un sens obscène. 

Tj / ' ^ brondi et vbondi, inf. et part, pass.; se dit du sifflement, du bruit 

r " [ 7 que fait une pierre lancée qui fend rapidement l'air, un bâton 

. /uv C ! qu'on fait tourner avec vitesse, etc. : r jittieu. bin les piarres, 

/, , / ; eulles brondichent. V fait, vrondi son bâton ailentour de lu (Il 

^ / '/ f J jette bien les pierres, elles sifflent. Il fait siffler son bâton autour 

V' i mi A,f / A. >t de lui). Çai me brondit dans les airoilles, c'est-à-dire mes oreilles 

/ cornent, sifflent. 

BRONoicHEifBNT et VRONDiCHEMENT, n., bourdonnement : T entends 
des brondichements dans les airoilles (J'entends des bourdonne- 
ments dans les oreilles). 
broque, n., dent; brèche, dent à un outil : F ai de bonnes braques 

(Il a de bonnes dents). 
broque-èpingne, n., nom d'un arbrisseau, le rhamnus cathar tiens. 
broquette, n., petit clou à souliers. 

broquigner et broqoinoner, v., grignotter, manger du bout des 
dents; manger délicatement ; I'ast lai qui broquingne son pain, 
qui ne sait pas s'ï veut aivailer, si veut lever les dents. (Il est là 
qui grignotte son pain, etc.) 
bboquotte, n., petite dent, terme enfantin : r ai bobô, f fait ses 
broquottes (Il a mal, il fait ses dents). Montre-me tes petites ira- 
quoltes, mon gaichenot. — Voir broque et naquette. 
brou, n., plante parasite, le gui, viscum, 
brouillon, n., pâté, tache d'encre. — Voir barbô. 
brousse, n., brosse. 



Digitized by 



Google 



.-V 



PATOIS DE LA FORÊT DB CLAIRVACX 97 

brousse (faire), expression qui signifie échapper, passer devant le 
nez : V croyot héritier de lai majon, mas gai li ai fait brousse, 
c'est-à-dire il croyait hériter la maison, mais il a été déçu.... 

broussbr, t., brosser; tourner, s'altérer, en parlant du lait qu'on 
fait chauffer : Euje n'ai point fait de beulie, mon lait i' ai brousse 
(Je n'ai point fait de bouillie, mon lait a tourné). 

brout (poi). Voir poi brout. 

brodtbné (ou BROUTJŒR?), n., églantier sauvage. Au figuré, homme 
difficile à vivre, de mauvaise humeur, de mauvais caractère : 
Ç'ast comme ein broutné, an ne sait pa que bout Vpenre (C'est 
comme un églantier, on ne sait par quel bout le prendre). On dit 

dans le même sens : Ç'ast comme ein bâton m Réponds don 

meus que çai, peut broutné ! (Réponds donc mieux que cela, 
vilain églantier !) 

brouton, n., le bourgeon, la jeune pousse des taillis, des haies que 
broutent les chèvres : -Ts ont cueilli tous les broutons de mai hae 
pou lô bique (Ils ont cueilli tous les bourgeons de ma haie pour 
leur bique). — Ne serait-ce pas de ce mot que viendrait le pré- 
cédent, les chèvre 3 étant assez friandes des pousses de l'églantier? 

brouvée et brodée (dans quelques villages buvée), n., mélange de 
grains, de racines, d'herbages, de tourteau, etc., que l'on fait 
cuire dans une chaudière pour la nourriture des bestiaux, et 
particulièrement des vaches qu'on engraisse ou qui viennent de 
vêler : Pousse ai vaut le feu desous lai brouvée. Lai vtùche, eulle 
nai pas bin mainge sai brouèe (Attise le feu sous la... chaudière. 
La vache, etc.) — De broet, jus, sauce, du xii e au xiv e ? ou de 
boire, buoée? — Amble, Gros. 

brouvottb et brouottb, n., brouette. 

brotbb, n., pilée, la quantité déterminée de graines oléagineuses 
qu'on met sous la presse et qu'on broie d'une fois pour faire de 
l'huile. On dit également : J'ons récolté eunne méchant' * bro-iée de 
naivette, eifonsfait eunne petiote bro-iée d'heule (Nous avons ré- 
colté, etc.) 

brotottb, n., brayette, fente pratiquée aux jupons des femmes, soit 

par devant, soit sur le côté (bro»iotte). — Pouillère f ouverture, 

fente dans le vêtement des femmes, Gros.; pouillére, Thév. 

bru, n., blé carié, charbonné; désigne la maladie en général, nielle, 

carie, et l'épi malade en particulier : T y ai du bru pieun mon 

4 Méchante dans le sens de pauvre, maigre, petite. 
t. xux 7 



Digitized by 



Google 



98 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 

champ. Tlai ein épi de bru. Eul bru s'y ast mins. Ç'ast eunn 
an-née de bru (Il y a du blé charbonné plein mon champ. Voilà 
un épi de blé carié. La carie s'y est mise, etc.) — Les beaux 
parleurs disent 6ru»? 

bruillbr et breuili.br (ou bruyer, etc.?), v. ; se dit du raugisse- 
ment de la vache, et particulièrement du cri plaintif qu'elle 
pousse dans certaines circonstances, par exemple quand on lui a 
enlevé son veau : t Quast~ce qu eulle l ai don, lai vùche ? Eulle 
bruille bin (Qu'est-ce qu'elle a donc, la vache? elle meugle bien). 

brunchbr, v., remuer, bouger, répliquer, faire acte de protestation : 
Eune brunche pas î dira une mère à son enfant qu'elle menace en 
levant la main; tiens, si tu brunchest.., c'est-à-dire si tu bouges, 
si tu protestes, si tu dis seulement un mot, si tu souffles!,., sous- 
entendu, je tape. — De broncher? — Voir moter, renoncer, etc. 

brut, n., bruit. — Bru, L. G. 

bryant, n., bruyant, crécelle, l'instrument dont on se sert pour 
sonner les offices pendant la semaine sainte. — Bruant, tanne- 
velle, Gros. ; bruant, Thév. 

bûcher et beucher, v., travailler beaucoup, n'importe à quoi : Ein 
bon ouvrer, qui bûche du maitin au sor (Un bon ouvrier, qui tra- 
vaille ferme du matin au soir). Frapper, cogner quelqu'un, corri- 
ger durement : Tape dessus, bûche~le t Mesurer avec un brin de 
paille ou une beûchotte, la distance entre les palets, les sous des 
joueurs 4 : Çast moi le pus prées a . — Non t ç'ast moi. — Eh bin, 
beuchons t (C'est moi le plus près. Non! c'est moi. Eh bien, mesu- 
rons !) — Bûcher, mesurer avec un brin de paille, Gros. 

buer, v., lessiver, faire la lessive, hlanchir le linge : Eulle le bue 
et eulle le raie mode (Elle le blanchit, lave son linge et le raccom- 
mode). 

Ai lai Saint-Thomas, 
Bue tes draps, 
Dans trois jous Noël t'airas. 
— Vieux mot. 

buie, n., lessive : Faire lai buie (Faire la lessive). — De buer. — 
Buais, G. et R. 



4 Voir galline, midri. 
1 Prononcez prée. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DB LA FORÊT DE CLAIRVAUI 99 

bujon, n., buson, base; bête, idiot, stapide : Que bujon que tu faisl 

c'est-à-dire que tu es sot, bête ! 
BtJBETON et beureton, n., vase à huile, petite buire, diminutif de 

burotte : Veudleu. ton beur'ton et n'toe-le, c'est-à-dire vide, verse 

ta burette et nettoie-la. 
burotte et beurottb, n., vase à huile, buire : Prends lai burotte et 

remplis le burton. 
butter, v., viser, prendre pour but, pour cible : F... .4% eunne 

piarre et Wrieu-fe bin (Jette-lui une pierre et vise-le bien). Bû- 

tieu c't'ougelot-lai et ne le manque pas t (Vise cet oiseau-là, etc.) 

bdvailler et BEuvAiLLEB, v., boire souvent et sans soif, buvotter, 
s'amuser à boire, godailler. — Voir clienrler. 

buvoub, n., buveur, ivrogne : Çast ein buvoue et ein fumoue (C'est 
un buveur et un fumeur). 

caboche, n.; outre la signification qu'il a en français, ce mot dé- 
signe particulièrement un clou à ferrer, vieux ou neuf, entier ou 
dont il ne reste plus que la tête : Raimasse çte (eu-steu) caboche» 
lai pou clouter (quiouter) tes saibots (Ramasse ce clou, cette tète de 
clou, pour mettre sous tes sabots). 

cabri, n., biquet, le petit de la chèvre. Cabris d'avril, les grésil- 
lades, les giboulées subites qui tombent en avril. 

caca, n., noix : Euje vas aibaitte des cacâs (Je vais abattre, gauler 
des noix). J'ai les mains teutes nores d'aivoir èchallé des cacâs, 
c'est-à-dire toutes noires d'avoir enlevé le brou des noix. — 
Cacas, noix, terme d'enfant, Gros.; cacas, L. G.; cacas, P. T.; 
cacas, G. et R. 

cacatier, n., noyer. 

cadabrb, n., cadavre; s'emploie pour corps : Que grand cadâbret 
(Quel grand corps, quel homme grand I) Ein drôle de caddbre, 
c'est-à-dire un drôle d'homme, un drôle de corps. 

CABÉiiiBS (faire des), expression qui signifie faire du train, des em- 
barras, du genre, des grimaces, des minauderies, etc., au propre 
et au fig. ; faire des difficultés avec ostentation pour accepter ou 
pour donner quelque chose : Pas tant de cadémies I Tu n'en veux 
point? Je le gade (Pas tant de train, d'explications, d'embarras ! 
Tu n'en veux point? Je le garde). Une femme se grime, s'attife, 
singe le beau langage, etc. : Elle fait des cadémies. 

cadrille (ou quadrille?), il., étoffe de coton quadrillée. 

caffres, n. plur., débris de pierres de maçonnerie, restes de mur 
en ruines : F ai fini sai majon, ai c't'heure ï vai oter les caffres 



Digitized by 



Google 



/ 



100 PATOIS DE LA FORÊT DB CLAIRVAUI 

(Il a fini sa maison, maintenant il va enlever les débris de ma- 
çonnerie). Teut le tas de piarres, ïast gelé; ce riast pus que des 
caffres. — Voir pt'uns. — Caffre, tuf, Gros. 
/£ ? £& h gagé et cagiau (ou cagio?), n., caillette, membrane de l'estomac 

'•' c du veau, le ventricule des animaux ruminants qui contient la 

présure : Pou faire de lai bonne peursure, an prend le câgé et les 
aimmottes.... Qu'entend-on par ce dernier mot? Je n'ai jamais pu 
le savoir.... les aimoureltes, peuWtre? — Voir aimourettes. — 
De caseum? 
cagnou, n. chien de peu de valeur, propre à rien, laid, sale; chien, 
avec mépris : Veux-tu t'en ailler ; cagnou t Ein bieau cagnou, 
pour payer six francs t Faire eut cagnou, faire le timide, le pi- 
teux, baisser la tète par crainte, etc. On dira à un enfant qui 
rentre humblement, après avoir désobéi : Taies bieau faire eul 
cagnou, t'aimes tai frottée, c'est-à-dire tu as beau faire l'humble, 
le gentil, tu seras puni. — Voir se cagnouser. On dit quelque- 
fois dans le môme sens : Faire le miquelot, le mignadon, etc. — 

— Voir ces mots. 
cagnouser (se), v., faire le cagnou, le câlin; se faire humble, flat- 
teur, affectueux, dans un but intéressé. — Voir cagnou. 

caibais, n., cabas, corbeille. 

caibille (ou quaibille?), n., (les beaux parleurs disent escabille?), 
ramille, petite brindille détachée d'une branche, les débris qui 
traînent, qui restent dans un endroit où Ton a déposé, remué des 
fagots : Prends eunne caibille pou aillun-mer lai lampe (Prends une 
brindille, un ramillon, etc.) Raimasse les caibilles pa lai cour,pa 
Vjadin. On dit aussi raibille. 

caibillotte, n„ diminutif de caibille, petite caibille. On dit aussi 
raibillottt. 

caichotte, n., cachette, provision cachée : J'ai eunne bonne que" 
chotte de noujôtles (J'ai une bonne provision de noisettes cachées). 

— Voir moinjotte. 
caichottoue, n., cachottier. 

caimmerolle, n., espèce de champignon; par ironie, chapeau à 
larges bords : Ole don tai caimmerolle, qu'an te voye (wi-ieu) 
l'nez (Ote donc ton chapeau, etc.) 

caingne, n., repas qu'on fait en réjouissance d'un travail important 
terminé : J'ons fait hier note caingne de moiclwn, de venainge, etc. 
S'emploie aussi pour faire entendre que le travail s'achève, est 
achevé : Eue' te voitiure-lai de foin, ç'ast lai caingne, c'est-à-dire 



LC t 



PATOIS DB LA FORÊT DE CLAIRVAUX 101 

c'est la dernière, les foins sont terminés. Te vêlai au bout de ton 
champ ? — Oui, et peûs ç'ast lai caingne (Te voilà au bout de ton 
champ? — Oui, et puis c'est le reste, c'est le dernier, j'ai fini). 

— Dans quelques pays on dit chien. — De cagna, chienne? 
caincnets, ou CAiNGNAis, ou QuiNGNBTS, etc. ? (aivoir les), ressentir 

une fatigue très douloureuse aux bras, aux jambes, aux reins, 
par suite d'un travail soutenu dans une position forcée, difficile; 
espèce de courbature : Eul prommerjou qu'an fauche, an ai 6.... 
les caingnets Vsor (Le premier jour qu'on fauche, on est b.... 
courbaturé le soir). — Les queignats, lassitude, courbature, 
Gros. ; quignats ou quingnats, Thév. 

CAiPÊet caipelan, n., mauvais chapeau; chapeau, avec mépris. 

caissottb, n., vieille casserole, vieux poêlon, vieil ustensile de cui- 
sine. Ne s'emploie qu'avec une nuance de mépris, et est le plus 
souvent précédé du mot veille (vieille) : An aitlaiche eunne veille 
caissotte ai lai quoue iïein chien (On attache une vieille casserole 
à la queue d'un chien). Eul chaudronnia raic'môde les caissottes. 

— Voir caissottier. 

caissotter, v., remuer des casseroles, des ustensiles de cuisine; se 
mêler des travaux qui regardent plus particulièrement la femme 
dans le ménage, cuisiner, rincer les verres, tâter les poules, parler 
linge, etc. S'emploie avec plus de mépris que baissotter et bais- 
sicolter. On dit aussi à quelqu'un qui perd son temps à un tra- 
vail de peu de valeur, ou qui le fait trop minutieusement : 
Quast-ce que tu caissottes don? — Voir beurluter, tacoter, tanu- 
ger, fonnoiller, etc. 

caissottier et caissotte, n., celui qui caissotte, qui s'occupe des 
travaux qui sont du ressort de la femme dans le ménage, etc. 
On dit aussi baissottier et tâte-poules. 

caitaiplaisse, n., cataplasme : An Yai mins ein caitaipiaisse de 
miotte de pain (On lui a posé un cataplasme de mie de pain). 

cale, n., outre les significations françaises, toute coiffure d'homme 
ou de femme, casquette, bonnet, etc., excepté le chapeau; dé- 
signe spécialement le bonnet d'indienne que portent les femmes 
de la campagne. Briller, ou /"... su lai cale, frapper sur la tête, 
frapper en général, donner une taloche. On dit à une jeune fille 
d'un caractère difficile : Si tu te mairies, tu raimasser&ies souvent 
tai cale, c'est-à-dire ton mari la fera souvent tomher d'un souf- 
flet, d'une taloche. — Cale, L. G. — Cale, calotte, au xiv 6 siècle. 

calé, part, passé, coiffé; riche, aisé : Tast calé (Il est riche). — 
Voir maucalé et recalé. 



Digitized by 



Google 



102 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX j^ 

calendot, il., homme de peu de valeur, risque-tout. 

caler (se), v., mettre sa cal», se coiffer. Une femme dira : Je n'ai 
pas zeue le temps de me caler auj'd'heu, c'est-à-dire de me pei- 
gner, de me coiffer. 

CALtRORGNOT, n, myope, bigle, louche, etc.; en général, qui a de 
mauvais yeux, qui regarde de travers, de tout près. — De 
calorgne^ ou de quasi borgne ? — Caliborgne, louche ou borgne, 
Thév. 

calorgne, n., louche, bigle, etc. ; même signification que calibor- 
gnot. Vieux mot français. 

calot, n. diminutif, petite cale; en particulier, le petit bonnet de 
lustrine noire que les vieilles femmes du peuple mettent ou met- 
taient sous leur bonnet. 

cambuse, n., masure, cassine, vilaine maison. S'emploie avec mé- 
pris pour une maison quelconque : J'riy f.Araipus les paittes 
dans tai cambuse! c'est-à-dire, je n'y entrerai plus, chez toi ! — 
Cambuse, pauvre chaumière, Thév. 

campagne (été en), être en voyage : Fast en campagne, i'ast pati en 
campagne (Il est parti en voyage). On dit aussi ailler en campagne, 
pour aller en voyage. 

campe, n., pose, attitude, manière de se tenir au chantier : T ai 
eunne belle campe, c'est-à-dire il se lient bien, il a bonne façon 
en travaillant. S'emploie le plus souvent ironiquement : Vlai 
eunne belle campe ! (Voilà une belle pose, la pose d'un fameux 
ouvrier !) 

camper (s*), se mettre en chantier pour travailler, commencer à 

travailler : Vlai que j'me campe, ou je viens de me camper, 

c'est à dire je viens de me mettre au travail à l'instant. Euse 

camper ai jouer, ai boire, se mettre à jouer, à boire. Vous ne 

vous camperas don pas auj'd'heu ? (Vous n'essairez donc pas de 

vous mettre à la besogne aujourd'hui?) F s ne se sont pas campés 

de lai jonnée (Ils n'ont pas touché à leurs outils de la journée). — 

Campey (s'), L. C; s' camper, se mettre à l'ouvrage, G. et R. 

cane, n., couenne : Euje mainge eul lard, mas je naimmepas lai 

«r r ;" j / ^ t */< ]oane (Je mange le lard, mais je n'aime pas la couenne). Cane, 

- 'adj., louche, bigle : Fast cane (11 est louche). On dit aussi canoyot. 

1 ^ ' caner, v., loucher : F cane (Il louche). On dit mieux canoyer. 

\ ? • k iLt Caner i v., hésiter, reculer par crainte, céder, caler : Tu v'iôs te 

f t - baitte d'aiveu lu, et peûs tu canes ? (Tu voulais te battre avec lui, 

9 f\ * ^ ? et puis ta recules, tu cèdes, tu cales?) On dit aussi ctisser. — De 

coter? 



Digitized by 



Google 






gk PATOIS DE LA FOUET DE CLAIRVAUX 103 

gani, o., petit canard. 

caniches (cheveux), adj., crêpas, frisée: Son petiot, % ai les cheveux 

tout caniches, c'est-à-dire tout frisés, tout crêpas. On dit avec 

mépris : Dupoi caniche, pour des cheveux crépus, frisés. « Voyez 

son gros nez, son petit poi caniche, elc. » (vieille chanson). — De 

caniche, barbet : comme le poil d'un chien canichel 
canoter (ou cannotbr?), v., loucher, avoir les yeux de travers : 

r canoye (prononcez cano-i\\e) de totes parts, c'est-à-dire il n f[ z . ^c"^>< Uv ' M, J 

louche affreusement : Se dit de ceux qui olera spectant, lardum * '" * 

tollunt. — De l'ital. cannocchiale, longue-vue? (^ ^ ^ ^/ - Cx 

canotot (ou cannotot?), adj., celui qui louche : I'ast canoyot f ai- 

veuguiot, bignou, etc. (Il est louche, myope, chassieux, etc.) 
canuche, n., souche, tronc plus ou moins difforme : Vlai eunne 

canuche quan ne serot piaicer dans le feu, c'est-à-dire voilà un 

tronc, une racine qu'on ne saurait, qu'on ne peut pas arranger, 

faire tenir sur les chenets... 
carabin, n., espèce d'injure que les gamins crient de loin au tau- 
reau : Carabin, lu, lu, tiâ f 
carbon, n., clou, abcès, furoncle : /' tn'ast venun ein carbon desous 

le brats (Il m'est venu un clou sous le bras). — De carboncle? 
carêmes (les), n., trémois, orges, avoines; semailles de mars. 
çarger, v., charger. 
carne et carnaige, n., mauvaise viande, chair gâtée; cadavres 

d'animaux en décomposition, charogne; mauvais cheval, rosse : 

Ein chevau, cai ? Ein bieau carnaige I c'est-à-dire un cheval, cela? 

Une belle rosse ! 
carquelin, n., écbaudé. — De craquelin? 
carre , n., coin, angle, corne : Ai lai carre d'ein bois (À la corne, 

à l'angle d'un bois). Ailler de carre, aller de travers. De carre 

en coin, de biais, diagonalement : V vai de carre en coin, c'est- 
à-dire il ne suit pas son chemin droit, il va en zigzag. — Carre, 

angle saillant; de carre en coin, diagonalement, Thév. 
carré, part, pass., vêtu, vêtu avec recherche, avec soin, avec luxe, 

attifé : Mas, f aies trop bin carré, trop bieau, mon gaichenot; qui 

ast-çu 1 qui te meunnerai ai lai messe ? (Mais tu es trop bien vêtu, 

trop beau, mon enfant; qui est-ce qui te mènera à la messe?) 

Oh, eulle l ast bin carrée! c'est-à-dire elle est bien vêtue, avec 

goût, des pieds à la tête, il n'y a rien à redire. Ç'ast lai sacris- 

1 Ç u pour ce. On prononce aussi : tiaçu. 



Digitized by 



Google 



104 PATOIS DE LA FOUET DE CLAIRVAUX 

tingne qui ai carré V autel (C'est la sacristine qui a orné, habillé 
l'autel, mis la nappe). 

cabrer (se), t., s'habiller avec coquetterie, avec recherche : Ts sont 
trop bin carrés, ïs se carrent trop bin, ces proûves-lai pou quej'lô* 
fange lai charité (Ils s'habillent trop bien, ces pauvres-là, etc.) 
Comme ïs se carrent! c'est-à-dire comme ils s'habillent avec 
luxe ! 

carron, n., coin du feu, de la cheminée : Rainge-te dans le carron. 
Lâche eul carron ai ton père (Range-toi dans le coin du feu. 
Laisse le coin du feu à ton père). Carron, petite pièce, petit 
morceau de terre, petite enclave : J'ai aicheté ein petiot carron 
pou me mette des pommes de terre, c'est-à-dire un petit coin de 
terre, une petite pièce. — Couron, coin, encoignure, xiv* siècle. 

cartelaige, n., morceau de bois de sciage carré, de la grosseur 
d'un chevron environ; soliveau : Tai fait débiter mes âbres : an 
m'ai fait des cartelaiges et des piainches (J'ai fait débiter mes 
arbres : on m'a fait des soliveaux et des planches). On dit aussi 
faire du catelaige, pour scier, débiter en morceaux carrés. — 
De écarteler, scier en quatre ? 

cartron, n., carton. 

cas (été dans le cas de...), expression qui signifie être capable de..., 
être susceptible de..., être en étal de..., etc. : I'ast dans le cas 
de tiuer son chevau, dans sai colère (Il est capable de tuer, etc. 
F vai pieuve : i'ast dans le cas d'été mouillé, c'est-à-dire il va 
pleuvoir : il pourrait bien arriver qu'il fût mouillé. 

casque, n., crâne : ï sast fendu le casque en cheujant du tôt (Il 
s'est fendu le crâne en tombant dû toit). 
1/ £^ <t/ casse, ad., dur, durci, tenace. S'emploie dans celte expression : 

• - *^ Terre casse, c'est-à-dire une terre que la pluie et la sécheresse 

ont rendue à la fois grasse, tenace et dure. 

casse-dos, n. Voir bâche-dos. 

castafour, n., pauvre maison, étroite, obscure; cassine, masure : 
r demoure dans* nne * méchant* castafour qui vai cheur (Il de- 
meure dans une pauvre masure qui menace de s'ébouler). — De 
chambre à four, case à four ? — Voir cambuse et turne. 

castonnade, n., cassonade. 



1 Prononcez à peu près giô. 

' Pour dans eunne. Prononcez dan n' méchant. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 105 

catholique (mouche), n., cantbaride, mouche cantbaride. 

catichisse, n., catéchisme. 

catonner, y., murmurer, radoter, bougonner, grommeler : Je seûs 
d'aiveu des vies pas âgés, qui calonnent toujous (Je demeure avec 
des vieux pas aisés, qui bougonnent toujours). — Voir beurdon- 
ner, raigonner, raimonner, etc. — Catonner donne plutôt l'idée 
de reproches que de plaintes. 

cause (d'ai), expression interrogative, à cause, pourquoi : D'ai 
cause que tu nées pas venun ? (Pourquoi n'es-tu pas venu?) 

causoub, n., causeur, babillard. Causoue ai jonnce, babillard, qui 
cause du matin au soir, comme si on le payait à la journée pour 
cela. 

caval, ou cavale? (ai), exprès, adv., à cheval, à califourchon, 
jambe deçà, jamb3 delà : T monte ai caval su son chien, su Vlimon 
de lai voitiure, c'est-à-dire il monte à cheval, à califourchon, etc. 

cavalier, n., s'emploie pour gendarme. On dit aux enfants : Sauve! 
v'iai les cavaliers (cava-iés) qui vont te penret J' te ferai penre 
pa les cavaliers. 

cbcue, n., cigûe : Eune cope pas, n' mêle pas les scues d'aiveu l'harbe 
(Ne coupe pas, ne môle pas les cigiies avec l'herbe). 

cendré, n., les cendres après qu'elles ont servi à la lessive, la 
charrée : Ole eul cendré de dessus le tenol (Ole la charrée de des- 
sus le cuveau, de dessus la lessive). 

cbrège, n., cerise. 

ceréger, n., cerisier. 

cèrimonnie, n., cérémonie.. 

cesse (ni fin, ni), exp. adv., sans discontinuer, toujours, en sous- 
entendant il crie, il demande, il se plaint, etc. : Griai ni fin ni 
cesse qu'an »' l' ot 4 bùllé ce qui' demande, c'est-à-dire il criera, 
il se plaindra toujours, tant qu'on ne lui aura pas donné ce qu'il 
demande; on n'aura pas de repos tant que, etc. 

ceummetère et CEUMETÉRE, n. fém. 9 cimetière : Euje v'rôs été dans 
lai ceum'tére aussi aivant que /' quiocher %'ast haut (Je voudrais 
être dans le cimetière aussi avant que le clocher est haut). 

cbumté et ceumtiot, adj. et n., lourd, endormi, engourdi, pares- 
seux: Gros ceumté, r'mue te don! (Gros lourdaud, remue-toi 
donc!) F dort comme ein ceumté. 



♦ Prononce! : qu'an nio. 



Digitized by 



Google 



106 PATOIS DE LA FORÊT DE CUIR VAUX 

chachouillbr, y., chuchotter, parler bas à l'oreille; parler entre 
ses dents. 

chadon et chadion, n., chardon, particulièrement \ecirsium arvense. 
Chadon l'âne, le cirsium lanceolatum et le cirsium $riophorum\ 
chadion roulant, Yeryngium campestre. 

chadronnet, n., chardonneret, oiseau. 

chaprongnbb, v., faire le mécontent, le dégoûté; accepter, recevoir 
de mauvaise grâce quelque chose, particulièrement en nourri- 
ture : Quast-ce que tu chafrongnes don? Prends ou tu n'atraie* 
rin, dit une mère à son enfant qui parait mécontent de ce qu'elle 
lui donne. On prononce aussi chaifrongner. 
b-i t^ CHAPRONONOux, adj. et n., difficile à nourrir, délicat, qui se dégoûte 

l /t '/ facilement, à qui un rien inspire de la répugnance... : Mainge, 

chaifrongnoux, tu ne sais pas qui çast qui te maingerai î c'est-à- 
dire mange..., tu ne sais pas qui te mangera I — Voir nâchoux. 

chagna, n. adj., malingre, chétif, délicat; désigne plutôt une cer- 
taine faiblesse d'estomac qui fait qu'on mange peu, qu'on est 
difficile à nourrir : Je ne sais que li briller ai mainger ai cte 
chagnâ-lai; % ne veut rin (Je ne sais que lui donner, etc.) — 
Voir jaidrou, aiquais, aitrâ, etc. Du reste, tous ces mots s'em- 
ploient les uns pour les autres; il nous semble impossible d'éta- 
blir des nuances certaines entre eux. 

chaicun, pron., fait au fém. chaicun-ne et chûcungne. 

chaipé et chaipieau, n., chapeau. — Voir caipelan. 

chaipon, n., chapon; brin de sarment sur un peu de souche ou de 
vieux bois, qu'on plante en guise de chevelée, de plant à racines. 

chaire, n., chaise. On prononce chère. 

chairotte, n, diminutif, chaise basse, petite chaise d'enfant (ché- 
rotte). 

ghaissoue, n., chasseur; outil de tonnelier : chassoir. — Chas- 
sons, outil de tonnelier, Gros.; chassou, outil de tonnelier, 
G. et R. 

chait, n., chat. Chatt d'âtre, chat qui, au lieu de faire la chasse 
aux souris, garde le coin du feu, chat maladif; enfant délicat, 
faible, qui ne peut quitter le feu. — Chat d'âtre, enfant maigre, 
mal nourri, Gros. — Voir couve-cendre. — Dans quelques pays 
on dit âtroux. 

chaitterie, n., chatterie, friandise; caresse. 

chaitotte, n. diminut., petite chatte; petit mot d'amitié qu'on em- 
ploie avec les enfants : Mainge bin tai soupe, mai chaitotte 



Digitized by 



Google 



FATOIS DE LA FORÊT DB CLAIRVAUX 107 

(Mange bien ta soupe, mon petit chat). — \o\r poulotte et rai- 
totte. 

chaitrb (été en), être en chartre, dépérir, avoir le carreau; se dit 
d'un enfant malndif, qui ne grandit, n'amende point : l'ast en 
chaître, son petiot; ïast comme VAncension^ ï n'aivance ni ne 
recueule (Il est en chartre, son petit; il est comme l'Ascension, il 
n'avance ni ne recule). 

chalande et ch alan te, n., charançon, insecte qui ronge le blé, 
calandre. 

challéb, n., sentier de fauve dans les bois, la coulée y la trace que 
laisse le gibier en passant dans l'herbe et dans les buissons : I' y 
ai du gibier par ici, ïai des châtiées pieun (Il y a du gibier par 
ici, il y a beaucoup de traces). 

chambiére, n., espèce de guéridon grossier qui supporte la lampe 
le soir, dans la veillée; ustensile de cuisine qui s'accroche à la 
crémaillère pour supporter la poêle; boucle de ruban, de tresse, 
pour tenir la quenouille à l'épaule. — De chambrière ? 

chambrottb, n. diminut., chambrette, petite chambre. 

chan de lard, n., lardon; petit morceau de lard pour faire une 
omelette, pour larder une daube, etc.; petit morceau de lard 
grillé, barde : Je naimme pas les chaos de lard dans les pois. — 
De chaon, viande grillée, xiv e siècle? 

chand'urr, n., chandelier. Prononcez chandié. 

crâne, n., chêne. (Châne). 

chanelle, n., nom d'une espèce de champignons qui pousse le plus 
souvent au pied d'un chêne. Dans quelques villages, tripes de 
chêne et fraise de veau. (Chanelle). 

CRANLAiTTE, n., chéneau, particulièrement le conduit de tôle en 
forme d'auge, qui reçoit les eaux de la gouttière : Eul vent, ï ai 
emporté lai chanlaitte. Çai piche comme eunne chanlaitte (Le vent 
a emporté le chéneau. Ça coule comme, etc.) — De chanlatte, 
par une confusion de mots. 

CHANLuicè (ou chanlumet, ou CHANLUMAi?), n., chalumeau, fétu de 
paille, tige de graminée, de plante fîstuleuse, etc., dont on se sert 
pour boire en aspirant à une fontaine, dans un tonneau, etc : 
Y ai veudié ein meud pa le boudon, d'aiveu ein chanlumet, c'te 
soûlant-lai t (Il a vidé un muid par la bonde, avec un chalu- 
meau, etc.) 

chanot, n., diminut., petit chêne. (Chânot). 

cHANTiRAU, n., chanteau, petite pièce de bois chantournée qui ter- 



Digitized by 



Google 



108 PATOIS DE LA FOBÊT DE CLAIBYAUX 

mine le fond du tonneau dans le sens de la largeur des autres 
pièces, c'est-à-dire qui forme un segment de fond dans le sens 
du Gl du bois. Partie d'un pain bénit qu'on donne comme aver- 
tissement à la personne qui doit offrir le pain bénit le dimanche 
suivant. De là le dicton : Aivoir eul chantieau, bailler le chantieau, 
qui s'emploie dans une foule de cas pour indiquer la succession. 
Par exemple, on vient d'enterrer une personne, et une autre 
tombe malade sérieusement... on dit alors que la première a 
bûllé le chantieau à la seconde, c'est-à-dire appelé la seconde à 
la suivre, et si celle-ci meurt, on dira qu'elle a eu le chantieau. 

chantre, n., jante, partie d'une roue de voiture. — Au xiv* siècle, 

chante. 
chauve, n., chanvre. 

chanvoux, adj., chanvreux, filandreux, ligneux. 
chapelet de buie, n., iris. On nomme ainsi cette plante, sans doute 

parce qu'on se sert de sa racine séchéc, découpée et disposée en 

chapelet, pour parfumer la lessive. 
chaquigner et chaquingner, v., taquiner, harceler, contrarier : 

Momman t mon frère me chaquigne; ï me tire les cheveux, i' me 

dit des noms... — On dit aussi argvAgner et arguingner. 
char, n., chair, viande. — Char, xiv e siècle. 

CHARB0UILLBR, ENCHARBOUILLER, CHABOUILLER et ENCHABOUILLER, V., 

emmêler, brouiller, enchevêtrer : Lai nuée, eulle ai charbouillé 
les biés; i*s ne seront pas âgés ai faucher. Y faut que je cope mon 
èchevotte — ou èjevotte, — eulle l ast toute charbouillée. Eune t'en* 
charbouillé pas les cheveux en te graittant (La nuée a couché, em- 
mêlé les blés; ils ne seront pas aisés à faucher. Il faut que je 
coupe mon écheveau: il est tout embrouillé. Ne t'emmêle pas les 
cheveux en te grattant). — On dit aussi que le temps se char- 
bouille, pour dire que le ciel devient nuageux. On dit encore dans 
ce dernier sens : le temps se chamaille. — Echarbouiller, Gros. 

charcher et çarcher, v., chercher. 

charchoue et çarchoue de pain, n., mendiant. 

charcueulot, n., culot, le dernier né des enfants ou des animaux; 
enfant chétif, délicat, qui ne vient pas vite, qui reste station- 
naire : Que méchant charcueulot, % naimende point t Se dit dans 
le même sens des petits animaux et même des plantes qui 
viennent mal. Terme de dédain, comme aiquais, aitrâ, etc. : Toi, 
pouter c'te hottée-lai, méchant charcueulot! (Toi, porter cette 
hottée-là, etc.) — Charculot, Gros; charculot, Thôv. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVACX 109 

charcutier, v., découper, tailler, taillader du bois par distraction, 
avec un canif, un couteau, etc. ; travailler le bois avec un outil 
qui coupe mal : Tu vas briger ton canif, en charcutiant comme 
çai d'aiveu. I'ast lai aicheté dans le carron qui prend des rains 
de fagot et peûs qui les charcut\eu. V charcut'ieu son crayon, ï nie 
teille pas (Tu vas briser ton canif en coupotant ainsi avec. Il est là 
assis au coin du feu, etc.) Faire une opération chirurgicale : Eul 
médecin l'ai charcutié. — Voir charonger. 

chargeoue et çargeoue, n., chargeoir, l'instrument sur lequel le 
vigneron pose sa hotte pour avoir plus facile de la reprendre 
quand elle est remplie, plus facile de se charger. 
'^ chari, n., le corps humain, avec mépris ou pitié : Je ne bailleras 
pas ein sou de son chari. Euje n f ai rin prins, rin mins dans mon 
chari , ou dans mon praûve chari, de lai jonnée (Je ne donnerais 
pas un sou de sa carcasse. Je n'ai rien pris, rien mis dans mon 
corps, etc.) 

charonger, v., couper avec les dents, avec un mauvais outil, mal 
trancher, ronger comme feraient les dents : Eune te charongepas 
les ongmens. Tu ne le copes pas, le bois, tu le charonges ! Qui don 
qui ai copé ce jambon4ai ? i'ast tout charongé (Ne te ronge pas les 
ongles. Tu ne le coupes pas, le bois, tu le brises, tu le déchires, 
tu le martyrises, etc.) — Voir charcutier. — Jaqueingner, cou- 
per maladroitement, Thév. 
/charpier, v., meure en charpie, dilacérer, dilanier; brésiller, mettro 
en menus morceaux : I' ai tiré dans sai cale : eulle l ast charpiée 
(Il a tiré dans sa casquette : cllo est en charpie). E.tce coprol-lai 
charpie ou charongé lai char (Ce couperet-là hache, brise la chair, 
la viande). — Du vieux mot charpis. 

charpingne, n., espèce de grand panier de viorne ou d'osier, de 
forme ovale ou hémisphérique, servant à transporter les copeaux, 
les fruits, les menues pailles, etc.; mannequin, banne. 

charpingnée, n., le contenu d'une charpingne : J'ai raimassé eunne 
charpingnée de noujotles (J'ai ramassé, cueilli un grand panier, 
une banne de noisettes). 

charrier, v., posséder, tenir sous sa puissance, tourmenter; être 
sous le coup de... : An dirot que ç'ast le diâbe qui le charrie ces 
jous-ci, comme i'ast malin ! Je ne me poute pas bin, j'ai quéque* 
cheuse qui me charrie (On dirait que c'est le diable qui le tour* 
mente, qui le pousse, tant il est méchant ces jours-ci ! Je ne me 
porte pas bien, j'ai quelque chose qui me tracasse, qui me me* 
nace). — Emprunté au langage de la fauconnerie? 



Digitized by 



Google 



110 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVALT 

chasiére, n., châssis à fromages, espèce de panier à plusieurs com- 
partiments. — Chazière, Gros. 

chaté et chatieau, n., château. Châiè s'emploie avec une nuance 
de mépris. — Chat ai, L. C. ; chatel, P, T. ; chatai, G. et R. 

chatre-bique, n., mauvais couteau, qui ne coupe pas; couteau, avec 
mépris : Fromme ton châtre-bique (Ferme ton couteau). 

chatrure, n., reprise mal faite, rentraiture, cousue comme on re- 
coud la plaie d'un cochon châtré. 

ghaucoter (ou chaucolier?), n., le troène, qu'on appelle aussi 
bois puant. 

chaudére, n., chaudière. 

chaubot (ou chaudeau?), n., endroit chaud, particulièrement dans 
un lit : Mon frère, ï se couche euV prommer, ï me fait ein chau- 
dot, c'est-à-dire il m'échauffe ma place. 

CHAUDnÉE, n., le contenu d'une chaudière, plein une chaudière : 
Eunne chaudrée de lochu, c'est-à-dire une pleine chaudière d'eau 
de lessive. 

chaudronnia, n., chaudronnier, avec mépris, rétameur: V pale 
comme les chaudrongnas (Il parle comme les chaudronniers, c'est- 
à-dire avec l'accent auvergnat). Chaudrongna matou, qui met lai 
pièce au long du trou (Chaudronnier matou, qui met la pièce à 
côté du trou), espèce de refrain dont les enfants poursuivaient les 
chaudronniers ambulants. 

chaudrotte, n. diminutif, petite chaudière de fonte. Ne pas con- 
fondre avec chaudron, qui désigne exclusivement la petite chau- 
dière de cuivre. 

chausses, n. pi., bas, avec une nuance de mépris : Ote tes chausses 
et vai te coucher (Ote tes bas et va te coucher). Raie mode tes 
chausses ! çai vaurait meux que de te biclwnner (Raccomode tes 
bas ! ça vaudra mieux que de t'atlifer, de passer tant de temps à 
ta toilette). 

chelingne et CHENiNGNE, n., chenille : V m'en veut comme si je li 
aivôs mins des chelingnes dans sai soupe (Il m'en veut comme si 
je lui avais mis des chenilles dans sa soupe). . 

cheminge, n., chemise : Vast sale comme eunne cheminge de quinze 
jous, c'est-à-dire comme une chemise qu'on a gardée quinze 
jours. Tast dans sai cheminge, qui passe aux deux bouts, réponse 
qu'on fait souvent aux enfants curieux : c Où est donc un tel? 
— Il est dans sa chemise, etc. • 

cheneveuille, n., chenevotte, tige de chanvre dépouillée de son 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FOBÊT DE CLA1RVAUX ili 

écorce : I'ast solide comme ein pont de cheneveuilles et le feu desous, 
c'est-à-dire il n'est pas plus solide qu'un pont de chenevottes, etc. 
On dit aussi comme ein pont de paille. 
chenevous, n., chenevis, graine de chanvre. Autrefois cheneveux. 

cheni et chenin, n., petite ordure, grain de poussière; amas de 
choses de peu de valeur; reste d'une marchandise dont on a en- 
levé le choix, etc. : J'ai ein cheni dans Vœu (J'ai une ordure 
dans l'œil), l'ai cheu des chenis dans mai soupe (Il est tombé de 
la poussière, des ordures dans ma soupe). V ai prins teus les 
bieaux cacâs; ï n'ai lâché que V cheni (11 a pris toutes les belles 
noix; il n'a laissé que le rebut). En parlant de gens de peu de 
valeur, on dit : Ç'ast du cheni. On dit également, dans ce cas : 
Ç'ast de lai ripopette, de lai raivauderie, de lai petite bière, de lai 
fripouille, etc. 

chenissb, n., cendre chaude, légère, neigeuse, qui voltige sur les 
tisons incandescents : rai voulé, ou ïai cheu, ein poicho de che» 
nisse su mai grillade (Il a volé, ou il est tombé un peu de cendre, 
etc.) — Cenise, cendre chaude, Gros. — Ce mot paraît avoir 
une origine commune avec le précédent. 

chérugien, n., chirurgien. 

cheur, v., choir, tomber : Lai pieue cheurt (La pluie tombe). Eul 
petiot, ï ai cheu (Le petit est tombé). 

cheurler, v., boire beaucoup; boire souvent, buvotter, godailler: 
Y cheurle du maitin au sor (Il godaille du matin au soir). S'em- 
ploie comme gobelolter et godailler; cependant cheurler indique 
une plus forte passion pour la boisson. — Chuler, boire d'un 
seul trait, Gros. ; cheurler, G. et R. 

cheurlot, n., enfant qui aime à boire, qui montre une passion pour 
le vin : Ah, petit cheurlot, tu vas été gris! 

cheurlooe, n., buveur, godailleur, qui aime à cheurler. 
cheurtien, n. et adj., chrétien. (Prononcez cueurtien.) 
cheurtienneté, n., chrétienté. (Prononcez cueurtienneté.) 

cheuse, n., chose; quiquecheuse, quelque chose : Je vas te dire 
eunni cheuse, quiquecheuse (Je vais te dire une chose, quelque 
chose). Tote cheuse quairrive..., c'est-à-dire quoiqu'il advienne, 
qu'il en soit..,) — Choose, L. C. 

chevet de vingne, n., rebord de terre au bout le plus élevé de la 
vigne, quand la vigne est en pente, ou l'extrémité par laquelle 
on achève le labour, quand le terrain est plan. Ce rebord sert à 



Digitized by 



Google 



112 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 

garantir la propriété et à fournir de la terre pour remplir Yen- 
taille finale. — Voir entaille. 

chbvbbu, n., chevreuil. 

chez, prép., s'emploie souvent avec de pour marquer la possession 
au génitif : Eut champ de chez..., lai vingne de chez... On veut 
indiquer ainsi que la vigne, que le champ, etc, appartiennent 
à toute la famille, à toute la maison. 

chiaisse, n., excrément d'insecte, chiure : Eunne chiaisse de mouche, 
de puche, une chiure de mouche, de puce, elc. Eunne belle 
chiaisse, un beau rien, particulièrement en victuailles : Euje 
t'aivôs demandé du pain, du fricot, du fron-maige, etc., tu m'en 
aie* brillé eunne belle chiaisse (Je t'avais demandé..., tu m'en as 
donné une belle miette, une belle lèche, un beau rien). Ç'ast de 
lai chiaisse, c'est une mauvaise plaisanterie, c'est de la niaiserie, 
ce n'est rien. — Chiasse, rebut, Gros. 

chîcbotte (ou chie cuoTTE?), n., homme chiche, ladre, avare, qui 
pousse la lésinerie jusqu'à se priver du nécessaire. On dit dans 
le même sens : cul savré (cul serré). 

CHIENQUEUE, CHIENQOUE, CHINQUBUE, CHINQUOUE, CtC, n., le mélam- 

pyre des champs et des prés, melampyrum arvense et pratense. 

chincre, adj., maigre, étique, en parlant du grain : Çai greunne 
aissez, mas le grain i' ast chincre : tout le champ tétot versé (Cela 
graine assez, mais le grain est étique : toute la récolte était cou- 
chée). — Chincre, Thév. 

CHioTTE, n., privé, latrines. 

chipette ign'en ai pas), expression qui signifie il n'y en a pas trace, 
reste, miette : A\es-tu enco trouvé des cerèges su l'cerégcrf — 
Gnen ai pas chipette : les moingneaux i's ont tout maingé (As-tu 
encore trouvé des cerises sur le cerisier? — 11 n'y en a pas trace 
d'une : les moineaux ont tout mangé). — Voir fistule et talipe, qui 
s'emploient de môme. — Pour tripette ? 

chipie, n., femme avare, qui chiche tout, qui rapine sur tout, 
pingre; femme à idées étroites, etc., etc. Se prend aussi dans 
les acceptions françaises. 

chocheresse et socheresse, n., sécheresse. 

chochi et sochi, v., part, et infinitif, sécher, séché: Tées mou? 
fais-te chochi (Tu es mouillé? fais-toi sécher). Note foin, ï ai bin 
sochi auj'd % heu (Notre foin a bien séché aujourd'hui). De même, 
dessécher tait dèchochi, ou dèssochi — Seuchey, P. T. 

CHoeno, n., soulier en mauvais état, éculé, savate; soulier, avec 



Digitized by 



Google 



tATOIS DB LA FORÊT DE CLAIR VAUX 113 

mépris ou colère : Ote tes chochos, que tu salis lai majon t (Ote 
tes souliers, car ta salis la maison!) — Traine<hochos h , traîne- 
savates, déguenillé. — Voir galocher et landrou. — Ckochos, sou- 
liers d'enfant, Gros. 

chogi, v. inf. et part., choisir, choisi : Tu peux chôgi (Tu peux 
choisir). Taies chôgi le pus bieau (Tu as choisi le plus beau). — 
Chogi, L. C. ; chogi, P. T. ; cliaugi ou cheugi, G. et R. 

choître, n., chevôtre, espèce de licou pour le cheval. ' ' *' c 

chômer, t., se dit des noisettes qui ne viennent pas à bien, qui 
restent vides : l'ai fait des méchants temps pou les noujottes, euiles 
sont chômées tourteutes, c'est-à-dire il a fait de mauvais temps 
pour les noisettes, elles sont toutes vides. 

choquer, t., trinquer, toaster : I's choquent ai chaique cueup qu'ïs 
buvent (Ils trinquent à chaque coup qu'ils boivent). — Coquer, 
heurter, xiv« siècle? 

chou, interj., mot dont on se sert pour appeler un chien : Chou, 
chou, tiens f — CJwu, Thév. — On dit aussi tou. — Voir toutou. 

chouche, n., souche, tronc d'arbre, grosse racine; chouche de 
Noël, grosse bûche, gros tronc qu'on met au foyer le soir de Noél, 
aGn de trouver, en rentrant de la messe de minuit, du feu pour 
faire le révoillon, qu'on appelle collation. — Voir souchotte. — 
Coque de Noél, Gros. 

choue, n., chouette, orfraie. Chove connotte, c'est-à-dire chouette 
cornue, à cornes, le scop ou petit duc. 

CHOUINARD, CHOUIGNARD, CHOUINGNARD, CHOUINOUR, GHOUINGNOUE , 

couinoue et couinard, n., celui qui chouine, grogneur, pleurni- 
cheur. — Voir chouiner. 

CHOUIHBR, CHOUINGNER, COU1NGNBR, COU1GNER et COUINER, T., pleurer, 

pleurer en mauvaise part; pleurnicher, crier de la gorge; crier 
de douleur ou faire semblant : Qu'ast-cequï chouine don, ce na- 
cou-lai ? A i t tends f je vas te faire cliouingner pou quiquecheuse, moi 
(Qu'est-ce qu'il pleure donc, ce morveux-là? Attends, je vais te 
faire pleurnicher pour quelque chose, moi). Taies don tiué ein 



1 On prononce tréne. Désormais nous n'indiquerons plus dans le 
texte, en caractères différents, la prononciation exacte de cette voyelle 
composée ai, qui revient trop souvent. Le lecteur devra se reporter, 
pour les temps des verbes à la conjugaison, page 41, et pour les 
autres mots à ces mots eux-mêmes, à leur ordre. 

t. sue t 



Digitized by 



Google 



{'ils 






114 FATOIS DE LA FORÊT DE CLAIR VAUX 

lapin? Je l'ai entendu couingner. Toutes ces formes du même mot 

se confondent dans l'usage. — Couiner, crier comme le cochon, 

Gros. ; couiner, pleurnicher, Thévenol. — Voir rècouiner. 

cii'ti, adj., chétif; de peu de valeur; maigre, malade, souffreteux. 

ch'tiveté, n., qualité de ce qui est chétif. 

cignellr, n., le petit fruit rouge de l'aubépine et du houx, senelle 

ou cenelle : Eune maingepas des agnelles, çai fait venin des poux 

(Ne mange pas decenelles, ça fait venir des poux). 

; i t £ cimer (ou simer?), v., suinter, transsuder. Se dit d'un vase, en 

, particulier d'un tonneau qui laisse fuir imperceptiblement le 

&. * ^ liquide par un joint, une fente, un nœud : Çai n'en vai pas, çai 

/ -. , ^ cime ein poiclwt (Ça ne fuit pas, ça ne coule pas, ça suinte, ça 

t^x l :/ '? ^ transsude un peu). On emploie aussi cimotter, qui dit encore 

moins. — Simer, suinter, Gros. 

cingler, v., cingler; fouetter, corriger : Euje te cingleras, moi, en 

lai piaice de ton père, c'est-à-dire je te corrigerais, etc. (Cinguier). 

cirer (ou siber?), v., effeuiller, égrener une plante, un rameau, en 

faisant glisser sa main serrée tout le long de la tige : En passant 

y > / au long de note champ, ï ai ciré eunne grante poingnien dïaivoine 

(En passant près, le long de notre champ, il a... éraflé, peigné, 

effioléV*... une grande poignée d'avoine). 

r ; f ; /(•' cirbsse, n., trait, raie, trace, que laisse un objet pointu ou tran- 

é ~~ chant sur un corps, sur un autre objet qu'il frôle, sur lequel il 

glisse, contre lequel il frotte, etc. : Euje me seûs entraipè dans 

les aironces a qui m'ont fait des tiresses pi-un les jambes (Je me 

suis embarrassé dans les ronces qui mont fait des égralignures, 

des éraflures plein les jambes). An ai traîné V 3 parche dans 

le chemin : an voit lai dresse (On a traîné une perche dans le 

chemin : on en voit la trace). 

asÉ et cigé, n., ciseau. — On dit aussi cisieau et cigieau. — De 

cisel? 
citrb, n., cidre. — Cistre au xiv° siècle. 



1 Nous ne connaissons pas de mot français qui exprime exactement 
cette action. 

2 On dit généralement les aironces, sans doute à cause du singu- 
lier lai ronce. Cependant, quelque* personnes prononcent ronce : 
Ein champ de ronces. 

9 Contraction de eunne. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRTADI 115 

cive, n.y ciboule, espèce d'échalotte, une liliacée comestible. — 
Cive, Gros. 

clair 1 , ad]., clair; clair-seraé : Vlai ein bié qui ast trop quiair 
(Voilà un blé qui est trop clair-semé). On dit aussi : qui ri ast pas 
fondé. Voir fondé. — De clerement, ei> petit nombre, xiv # siècle? 
— Cliey, L. C.;cliey, P. T. 

clairbr, t., flamber, donner de la flamme, en parlant du feu. 
Faire quiairer le feu, le faire flamber : Soufflen Vfeu pou qu'i 9 
quiaire. (Souille le feu afin qu'il flambe). 

claque, n., claque, soufflet : Euje \i ai f... 'ri bonne quiaque(Je 
lui ai f... un bon soufflet). Penre ses cliques et ses ciaques et /... 
son camp, c'est-à-dire prendre ce qui appartient, ramasser ses ou- 
tils, faire ses paquets, etc., et s'en aller. 

claqub-en-bec, n., f ro m âge maigre et mou, sans doute à cause du 
bruit que font avec la bouche certaines personnes en le mangeant. 
(Quiaque-en-bec). — Claquembet, Gros. 

claquer, v., claquer. (Quiaquer). 

claquotter, y., dimin. de claquer. Se dit du feu qui pétille, ou de 
bruits ressemblant à de petits coups de fouet : J'ai entendu quia- 
quotter l'âbre du peursoi et j'ai dit : ï vai casser (lu entendu 
gémir, se plaindre, l'arbre du pressoir, etc.) La grêle quiaquotte 
dans le bois. On dit aussi, par antiphrase, quand il tonne fort : 
Çai quiaquotte bin lai -haut, quast-ce qu'i' vai don cheurf 
(Ça fait bien du bruit là-haut, qu'est-ce qu'il va donc tomber?) 

claue, n., claie. (Quiaue). — Cloie, xiv e siècle. 

clée (ou claie?), n., petite porte à claire-voie qui se tient habituel- 
lement fermée quand la porte principale est ouverte, pour empê- 
cher les enfants de sortir, les volailles et les chiens d'entrer, etc. : 
Fromme eul quiée (Ferme le clayon). — Les beaux diseurs pro- 
noncent claie sans mouiller /. — Cleyon, Gros. — De claie, 
clayon? — Clayel, clôture, au xiv« siècle. 

clef, n., clef. (Quié). 

clenchotte, n., espèce de loquet de porte, verrou. (Quiainchotte*. 
— De clenche, verrou, xiv e siècle. 

4 La lettre / de ce mot est mouillée et serait en italique si les pe- 
tites capitales avaient des italiques,... 11 en est de même des mots sui- 
vants ciairer, claque, etc., jusqu'à cloyotte exclusivement. 

3 Dans beaucoup de villages, cet o bref et ouvert se change en eu : 
quiaincheutt*, quieucheutte, (clochette), etc. 



Digitized by 



Google 



116 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 

cuve, n., crible. Prononcez clive, cest-â-dire q-Wive. — Clive, Gros. 

cuver, v., cribler. (CUver). — Cliver, Gros. 

clivurb, n., criblure. (CHvure). 

clo (sonner le), expression qui signiûe sonner le cassé, rendre un 
son qui indique une fêlure : Ton saibot sonne eul quio : tu l'aies 
cassé, hein? (Ton sabot sonne le fêlé, etc.). Quelques personnes 
ne mouillent pas 17 et prononcent clo. — De clox, clos, boiteux, 
ou de dot, trou, fosse, du xn° au xv* siècle? 

cloche et cleuche, n.. cloche : An ai seûné les trois quioclies (On a 
sonné les trois cloches). — Quieuclie, L. C, P. T., G. et R. 

clocher et cleuchbr, n., clocher : Yast fier, xast aussi haut que 
Vquiocher (II est fier, il est aussi haut que le clocher). — Quieu- 
chie, P. T.; quieuche, G. et R. 

clochotte, n. diminutif, petite cloche; campanule, fleur. [Quio- 
chotte). 

cloquer, y., glousser à la manière d'une poule qui mène ses pou- 
lets : Vlai 'ri poule qui quioque, eulle vourot couver (Voilà une 
poule qui glousse, elle voudrait couver). 

clou et cleu, n., clou : Y se tient drot comme ein quiou (Il se lient 
droit comme un clou). 

clourb, v., clore. (Quioûre). De môme dèchûre, déclore. On dit 
aussi clos, clos, et endos, enclos. 

clototte, n. diminutif de claue (mais au se change en o bref, et l 
ne se mouille pas, probablement pour éviter deux sons io succes- 
sifs), petite claie sur laquelle on fait sécher des fruits au four, 
prunes, cerises, raisins : Eul feu ï ai prins dans mai cloyotte, et 
mes blockes eulles sont pèdues (Le feu a pris dans ma... petite 
claie, et mes prunes sont perdues). 

c'neuchance et cueuneuchance, n., connaissance; quelquefois mai- 
tresse : Y ai fait 'ri queneuchance pa lai, et peùs, i ai fini pa 
se mairier d'aiveu (Il a fait une maîtresse par là, et puis il a fini 
par se marier avec). 

c'neute et cueuneute, v., connaître : Y ne m'ai pas qu'nu. Je ne le 
quneuchôs pas t ou j'rieul* queneuelws pas (Il ne m'a pas connu. 
Je ne le connaissais pas). — Queneu, P. T.; connu, P. T. 

coche, n., truie, truie châtrée. — Coche, Gros. 

çocle, n., cercle : Su tous mes meuds x ai des soqukus de cassés (Sur 
tous mes muids il y a des cercles cassés). 

çoclier, n., cerclier : Y ai deux gaichons; l'un xast soquier, l'aûte, 



Digitized by 



Googl 



i 



PATOIS DE LA FORÊT DB CLAIRVAUX 117 

marronnier (Il a deux garçons: l'un est cerclier, l'autre fait du 
merrain). 
coco, n., mol du vocabulaire enfantin pour désigner un œuf: Tai- 
raies ein petit coco pou ton goûter, mon enfant (Tu auras un petit 
œuf pour ton dîner, etc.) — Caquin, P. T. ; coquin, Thév. 

cocu, n., la fleur de la renoncule; la baie de l'églantier. — Cocu, 
primevère, Gros. ; cocu t baie de l'églantier, Thév. — Voir bais* 
singnot, cul-de-chien, graitte-cul. 

code, n., corde : 1* ne vaut pas lai code pou le pende (Il ne vaut 
pas la corde pour le prendre). Enfant de loup, ton père fait des 
quious, tai mère les vai vende, pou aicheter V code pou te pende... 
que lai code casse, et que Vdiâbe te raimasse : Une des formules 
qu'on emploie pour trouver le premier bouchot. — Voir boûchotte. 

codelottb, n. diminutif, cordelette, ficelle : I's voulent mon chanve 
pou se faire des codelottes (Ils volent mon chanvre poar se faire 
des ficelles). 

coi (ou quouet?), coite au fém., adj., animal qui n'a plus de queue, 
diffamé en terme de blason. D'où ce jeu de mots, celte réponse 
qu'on fait à la question quoi : Quoi? Çast ein chaît qui n'ai pus 
de quoue. — Coi, Gros. / ' 

coppe, n., coque et cosse: Eunne coffe d'Ϟ; eunne coffe de pois 7L/- '^R f J 
(Une coque d'œuf ; une cosse de pois). 

coftier (ou coffetibr?), n., coquetier, ustensile de table. — Coffe, 
sorte de vase, xiv 6 siècle. 

coingner, n., cognassier. ^ s ^ /|U ^ 

coingner, v., mettre un coin à une pièce de charpente, à un instru- /^ v ^/ ^ \ 
ment, etc., particulièrement à un manche d'outil pour le conso- u. ^c ,fj 
lider : Tai poutiant bin coingnè mon martieau, et i' se dèmoinge ^g 
toujous, c'est-à-dire j'ai pourtant mis un bon coin à mon mar- 
teau, et il se démanche toujours. 

coingneïï, n., petit pain façonné ordinairement en espèce de sta- 
tuette, en figure humaine, que les parrains et les marraines 
donnaient autrefois à leurs filleuls et filleules, au premier de l'an 
ou à Noél : Taies enco zeû parrain? En v'iai des coingneux que 
d'aies ai bailler aux ètreunnest c'est-à-dire, tu as encore été par- 
rain? En voilà des petits pains que tu as à donner aux étrennes t 
— Cognot, Gros. ; cogneux ou cognot, Thév. — De cuignet, sorte 
de gâteau, xiv« siècle? 

coinnb, n., corne: Que maingeou de char! F aivailerot 'n* vaiche 
d'aiveu ses coinnes (Quel mangeur de viande! II avalerait une 



Digitized by 



Google 



118 PATOIS DB LA FORÊT DE CLAIRVAUX 

vache arec ses cornes). On dit aussi cône et conne, mais eoinne 
est plus énergique : Tasl maigre ai User V bique entre les cônes 
(11 est maigre à embrasser une bique entre les cornes). Cône, 
tonne, instrument à vent quelconque : Entends-tu lai cône du vai- 
cher 7 c'est-à-dire la cornemuse du vacher? /' en ai, dans cte 
musique-lai, des cannes et des connottes! (Il y en a, dans cette fan- 
fare, des instruments petits et grands I) — Voir toûtotte. 
coucher, coifBR et conner, v., frapper des cornes : V s'ast lâché 
coinner pa sai vaiche (Il s'est laissé corner, frapper des cornes par 
sa vache); corner, souffler dans un instrument à vent quel- 
conque, pins particulièrement la corne et la trompe de chasse : 
Eunne belle musique t An dirot qui 9 s tonnent dans des saibots. 
Coner quelqu'un, lui faire un charivari. — Voir toûler. — Cor- 
ner, onner de la trompe, Th. 
corn (o x quoubttb?), n., nuque : Y bdclie lai coite, c'est-à-dire il 
baisa la tête, au prop. et au fig. F...-U ein bon cop su lai coite 
(F.. .-lai un bon coup sur la nuque). — Coite, Gros. ; coite, Thév. 
— Voir fôssolte et crotot. — De quouette, petite queue, à cause 
des cheveux qui se redressent parfois au bas du cervelet en queue 
de eanardJ — De coueigne, coupet chignon, partie de derrière 
du cou, xiv* siècle? 

col, n., cravate : Fais V biouque 4 ai ton col (Fais une boucle à ta 
cravate). /* fait trop chaud pou mette ein col (Il fait trop chaud 
pour mettre une cravate). 

golidor, n., corridor. 

collation, n., repas supplémentaire, le soir, après la veillée; ré- 
veillon (Vieux français). 

collée, n., toute charge qui se porte sur les épaules : Eunne collée 
de bois mort (Une charge de bois mort) ; Eunne collée éCouséres 
(Une charge d'osiers) ; Charge en général, fardeau ; sac de grain 
représentant à peu près le poids qu'un homme peut porter. En 
aivoi sai collée, en avoir autant qu'on en peut porter, sa charge : 
V ai v'iu me pouter, mas i'en aivot sai collée (Il a voulu me 
porter, mais il en avait sa charge). 

collbron, n., bourrelier. — Voir bourrier et bourlie. 

combler, avec l mouillée, combier, v., combler. 

cômer, v., avoir l'air malade, abattu, triste. On came particulière- 



1 Les beaux parleurs disent biouque. L'iotacisme semble donc en- 
core ici dû à H mouillée. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT , DE CLAIRVAU1 119 

ment les jours qui précèdent une maladie. Les volailles cornent^ .O £>m<^'£. / i //,/ 
quand elles rentrent leur cou entre leurs ailes, etc. : Lai fiéve / ^-^ ^ 

eulle l ast dèquiarée : ï cômot dépens deuxjous (La fièvre est dé- 
clarée : il était souffant depuis deux jours). S'emploie aussi acti- 
vement avec la môme signification : Corner eunne mailaidie, 
c'est-à-dire être dans la période d'incubation d'une maladie. 
Lâcher corner, laisser cuire doucement, lentement, à petit feu, 
mijoter : /' faut faire meure tes choux vit\e\x; çai ne demande 
pas ai corner dans le pot, les choux, c'est-à-dire il faut faire cuire 
tes choux vite, à grands bouillons; les choux ne demandent pas 
à rester longtemps au pot. 

comme tout et COMME te ut, terme de comparaison qui équivaut à un 
superlatif, très, beaucoup, etc. : F ast bieau comme teut, c'est-à- 
dire comme tout ce qu'il y a de plus beau, très beau. , 

commelle, n., vallon étroit, petit repli de terrain; petite combe. 

compreunnotte et compeurnottb, entendement, intelligence, faculté 
de comprendre : ïai de lai comprun-notte, c'est-à-dire il com- 
prend bien ce qu'on lui dit, il saisit vite, il est intelligent. Ce mot 
a souvent un sens plaisant ou ironique. 

compter, v., s'emploie pour croire, penser : Euje compte bin qui* ast 
mort (Je crois bien qu'il est mort). Euje compte qu'ï vai pieuve 
(Je crois qu'il va pleuvoir). Comptes-tu me faire pour? (Penses-tu 
me faire peur?) 

comptoue, n., compteur: Çast ein bon comptoû 9 c'est-à-dire un bon 
compteur, un bon calculateur. Voir contoue. 

coneler et conneler, n., cornouiller, cornus mas. 

coneule et conneule, n., cornouille, fruit du cornouiller. 

congri, part, pass., formé spontanément, engendré sans cause ap- 
parente. — Voir se congri. 

congri (se), v., se former spontanément, s'engendrer sans cause ap- 
parente : ï y ai des vers pi-un mon jambon : çai se congrit pou- 
tant lai-dedans, car euje l'aivôs bin enveloppé... (Il y a des vers 
plein mon jambon : ça se forme pourtant spontanément là-dedans, 
car je l'avais biea enveloppé...). — De se congrier t xu e au xv e 
siècle? 

conot et connot, n., chaque sac de la besace : Les deux conots de 
note besaice sont p'chés (Les deux poches de notre besace sont per- 
cées); cornet d'écorce que font les enfants pour rapporter les 
fraises du bois : J'ai fait ein grand connot de malsauce, etpeusje 
l'ai empli de fraijottes (J'ai fait un grand cornet? de marsault, et 
puis je l'ai empli de fraises). 



Digitized by 



Google 



120 PATOIS Bl LA FORÊT DE CLAIftTAUX 

coifOTTE et coknotte, n. diminut., petite corne, petite trompe de 
chasse; extrémité d'une corne disposée comme une écritoire, 
fermée d'un fond fixeau gros bout, d'un liège mobile à l'autre 
bout, et qui sert aux Vignerons pour emporter du sel. — Voir 
choue. 

conoille et connoillb, n., corneille, corbeau : Eulle l ast nore 
comme eunne conoille (Elle est noire comme un corbeau). 

conte, abréviation de contraire : Bin au conte t c'est-à-dire bien au 
contraire, joliment! je vous en moque ! — Voir moquer. 

contour, n., conteur : Ein contoû de menteries, c'est-à-dire un con- 
teur de bourdes, un menteur. 

conventer (ou convanter?), v., offrir, proposer. Ne s'emploie que 
dans celte expression : conventer sai marchandige, c'est-à-dire 
offrir sa marchandise, la proposer aux chalands. — Conventer, 
faire une convention, xiv e siècle. 

çop, n., cep : Gn'ai rin aiprées les çops, c'est-à-dire il n'y a point 
de raisin après les ceps. On dit aussi billon. 

copblot, n., copeau, bûchette; plus particulièrement le copeau qui 
provient de l'abattage des arbres, et qu'on appelle aussi écaille. 

coper, v., couper : Qu'ï faïïle, qu'ï cope, qui' renoue, lache-le 
tranquille, c'est-à-dire qu'il fasse ce qu'il voudra, ne t'en occupe 
pas. 

copesse, copasse et copure, n., coupure. 

copouE. n., coupeur : Ein copoû au bois, c'est-à-dire un coupeur au 
bois, un bûcheron. 

copiot, n., couperet. 

coque, n., espèce de copeau, bois de bûcheron; le collet des bran- 
ches, des cépées de taillis; souche, tronc; On dit : Gelé comme 
eunne coque, pour fortement gelé, congelé, durci. 

con, n., petit tube de bois ou de for qui tient lieu de robinet dans 
une cuve, et qu'on ferme avec des balles de chanvre : J'ai vendu 
mon vin au cor de lai cuve, c'est-à-dire à livrer au sortir du cor 
de la cuve, avant de le mettre en fûts; tuyau de descente qui con- 
duit l'eau d'un chéneau sur le sol; tuyau, tube en général. 

CORBEU.LOTTE, n., petite corbeille; la cupule du gland. 

corniot (ou cornieau?), n., corneau, chien mâtiné destiné à la 
chasse; tout chien qui n'est pas de race pure, et spécialement le 
petit chien de braconnier, tenant du chien courant et du chien 
d'agrément, aux oreilles étroites, à la queue en trompette. 

cornolé, part, pass.; ne s'emploie que dans celte expression : saibot 



tf 



Digitized by 






PATOIS PB LA FOEÊT DE CLAIAVAUX 121 

cornolé, pour désigner des sabots fumés communs, portant des 
dessins en blanc, nyures, zébrures, fleurs, etc., obtenus en re- 
couvrant do bandelettes d'écorce les endroits que la fumée ne doit 
pas jaunir. Le verbe est peu ou point employé. 

connus, n., espèce de fourche qui, appuyée sur l'extrémité d'arrière 
du limon d'une charrette, et attachée à la ridelle, se dressait à la 
hauteur de la petite échelle (voir èckellotte) d'avant, pour main- 
tenir les charges volumineuses telles que celles de paille, de 
gerbes, de foin, etc. Aujourd'hui la cornue rustique primitive est 
généralement remplacée par un rancher à double tige. 

cossoNitiBR et cosson, n., coquetier, marchand d œufs, de beurre, 
de volailles, etc. — Cossonnier, cosson, Gros; cossonnier, cosson, 
cocassier, Thév. 

costiérb, n., la pièce principale du châssis d'une claie, c'est-à-dire 
chacun des deux côtés, des deux montants percés de trous où 
sont fixés les traverses ou fuseaux. — Costiére, côté, P. T. 

côtb, n., coteau, colline, montagne, raidillon, toute éminence de 
terrain. — Voir coup de cul et grippo. 

côtib, n., côte de porc, frais ou salé : Toi mins ein bon côtie dans 
note pot (Taiveu du riz (J'ai mis une bonne côte de porc, etc.). 

coton, n., tige de plante montée en graine, fistuleuse ou non : Ein 
coton d'oisille, ein coton d'èpiniard (Une tige d'oseille, etc.). 

couamb, adj., capon, honteux, pantois, interdit : Gn'ai rin répondu 
ai fait; oh t xétot bin couâme, binpeneul (Il n'a rien répondu du 
tout; oh, il était bien capon!) — Aivoir l'air couâme, avoir l'air 
doucereux, dissimulé, hypocrite, pince-sans-rire. 

coucrb, n., laps de temps : I'ast uu pati V bonne couche (Il a été 
parti longtemps, un bon laps de temps). 

couchknot, n. diminut., petit cochon, 

coucbbbi, n. diminut., petit coq, jeune coq : Dans mes poulets, x y 
ai cinq poulottes et trois coucheris (Dans mes poulets, il y a cinq 
poulettes et trois petits coqs). 

couchon, n., cochon. Couchon iéloupe, petit rouleau d'étoupe, de 
filasse, etc., préparé pour être fixé, attaché à la quenouille. 
Couchon de saint Antoine, cloporte. — Cochon d'étoupe, Gros. 

coucou, n. ; ce nom, outre l'oiseau bien connu, désigne une plante, 
la primevère officinale. — Cocu, primevère, Gros. 

coudelbr, y., cordeler, faire de la ficelle à la main : Euce petiot-lai, 
x coudeule daji bin : i ai fait eunne envargille tout seul (Ce petit 
là cordèle déjà bien : il a fait une... voir envargille— tout seul). 



Digitized by 



Google 



122 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIHTAUX 

coudelon et coudé, n. f un des brins, des fils, etc., tordus qui cons- 
tituent la corde ou la ficelle : /' coudeule ai deux, ai trois coude- 
Ions (Il cordèle à deux, à trois fils). Coudé désigne plutôt un des 
trois ou quatre faisceaux de ramillons do bouleau qui forment le 
balai. 

coudrou, n., dindon, coq d'Inde. Probablement à cause de son 
cri : onomatopée. 

coué, n., outil du faucheur, corne, ou petit vase de fer blanc co- 
nique destiné à contenir, avec de l'eau, la pierre à aiguiser la f aulx. 

— Voir cousse. 

coulaisson, n., petite lessive : Euje n'ai pas bué toutes mes hades; 
je n'ai fait quein petiot coulaisson, c'est-à-dire je n'ai pas lessivé 
toutes mes hardes; je n'ai fait qu'une petite lessive. — Coulot, 
petite lessive, Gros. — De couler? 

couleuvb, n., couleuvre. Escargot de couleûve, le petit colimaçon 
bariolé des haies. 

COULIGNER, COULINGNER, COULINER et COULEVINGNER (se), V., SC COUler, 

se glisser avec précaution en se baissant ou en rampant; se fau- 
filer doucement entre des objets qui masquent, de manière à 
n être ni vu ni entendu; s'échapper en s' effaçant : V s'ast couli- 
gné entre les torchées, de long de lai hae, et peus t" ai tiré (Il s'est 
faufilé entre les cépées, etc.) /' s'ast coulevingné pa l'harbe, et je 
Vaipèdu de vue (Il s'est dérobé en rampant dans l'herbe, etc.) 

— Ce mot est employé particulièrement par les chasseurs. — Se 
couleviner, Thév. — Voir miaou. 

coulisse, n., traînée de paille, de balles, de fumier, de marc de 
raisins, etc., sur la neige, pour attirer les petits oiseaux : Tai 
tiué dix moingneaux d'ein coup su mai coulisse; espèce de ché- 
neau, d'entonnoir, de conduit formé de planches, dont on se sert, 
dans certains cas, pour décharger les raisins, pour les faire glis- 
ser, les conduire de la baingnoure ou cuveau dans la cuve. — 
Coulisse, claie, Thév. 

coup de cul, cop de cul et cueup de cul, n., petite montée, raidillon 
où le cheval e3t obligé d'allonger la croupe, de donner un coup 
de collier. 

coupeau (ou coupau?), n., bardane, lappa; l'involucre de la fleur, 
qui, muni de bractées très pointues, s'attache facilement aux vê- 
tements, aux cheveux, etc. : /' mai jitié des coupeaux (Taiprées 
les cheveux (11 m'a jeté, etc.) — Coupaux, Gros. 

coupotte, n., sébile, ce que Grosley appelle sibilU ou subille. Les 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DB CLAIBVAUX 123 

vignerons se servent souvent de cette espèce d'écuelle non fragile 
pour faire tremper leur pain dur, quand ils prennent leur repas 
dans les vignes. — Voir trempée. 

coubaillbr, v., courir dune manière inégale, mal à propos; rôder, 
courir la prétentaine; faire des courses hasardeuses: Quast* 
ce tu courailles don tout de long le chemin, pou te lasser, mon 
gachenot ? Çai couraille totes les neuts (Qu'est-ce que lu, etc. Ça 
court la prétentaine toutes les nuits). 

coubcibot, n., homme gros, court, trapu, obèse; enfant gros et 
court. 

courdibàu (ou courdiot?), n. f petite corde; cordeau servant de 
guide pour conduire les chevaux à la charruo : Tire ai dia, tire 
eul courdiot (Tire les chevaux à dia, tire le cordeau). — De cor- 
deau ou de cordeleltoJ — Ne pas confondre avec codelotte. 

coure, n., coudre, coudrier, noisetier. (Coure). 

couréb et coréb, n., petite perche de noisetier, baguette de coudre: 
Tai levé des couréespou faire ein p'ner. — Voir èclicher. — Cou* 
ré y tige do vigne à treille, Gros. ; courai f racine de vigne, P. T.; 
couret, racine de vigne, G. et R. 

coubre, v., courir. Ailler courre, aller se promener, flâner, voisi- 
ner : r faiWot (fé-iot) traivoiller enpiaice (Tailler courre (Il fallait 
travailler au lieu de flâner, d'aller te promener). Venez don courre 
chez nous, c'est-à-dire venez donc travailler près de moi, causer, 
me visiter. 

cousiNONB, n., cousine; bocal de fruits à l'eau-de-vie : Aippoute lai 
cousingne de ceréges (Apporte le bocal de cerises). 

goussb (ou cous?), n., pierre à aiguiser les faulx; au figuré, niais, 
bêla, godiche. — Cœur, Gros. — Voir coué. — Couz, xiv e siècle. 

coutainnes (ou couTENNBS?), n., champ très court, ordinairement 
de forme triangulaire, placé au sommet de l'angle de deux che- 
mins qui se croisent : Tai rabouré des coutainnes et je seûs lassé; 

% faut faire pi-un des r' tonnes (J'ai labouré des et je suis 

fatigué; il faut faire beaucoup de retournes). — Voir retonne et 
point'ieu. 

coutance et coutangb, n., coût, dépense, prix : firôs bin ai Pairis, 
mas çai coûte cher... Et peus, ce n'ast pas encopou lai coutance, 
mas je n ai pas le temps (J'irais bien à Paris, mais ça coûte cher... 
Et puis ce n'est pas encore pour la dépense, mais, etc.) S'emploie 
surtout ainsi, quand on veut indiquer que la dépense n'est pas la 
principal obstacle, n'est que secondaire. — Coutange, Gros. ; eou- 
tance, Thév. 



Digitized by 



Google 



124 PATOIS DE LA FORÊT DE CLÀIHVACT 

coûté, n., côté. Ai conté, à côté. 

coûté, n., couteau. Ou dit aussi coutieau (voir co mot). Dans 
une espèce de jeu d'enfant, en môme temps qu'on mesure entre 
ses doigts les lames des couteaux qu'on veut comparer, on pro- 
nonce ces mots 1 : Coutieau, couli, conteste, rac\e-c..., racle /"... 
Coûté marque souvent du dédain. Coutieau ai deux dos, mauvais 
couteau, qui ne coupe pas plus du dos que du taillant. Au Gguré, 
homme double, sur lequel on ne peut compter, qui fait fausse 
épaule, qui est de l'avis de tout le monde; ganache. — Coutel, 
coustelesse, couteau, coutelas, xiv* siècle. 

coutelêe, n., ce que la faulx ou la faucille emporte d'un seul coup : 
Çast ein bon moichenoû; V fait de bonnes coutelées, c'est-à-dire 
c'est un bon moissonneur, il en enlève beaucoup, une bonne lar- 
geur à chaque coup de faulx. 

couteler, v., enlever, dëblaver d'un coup de faulx, ou de faucille, 
une bonne largeur de terrain; aller vite : Tu fauches du bec, çai 
ne couteule pas, çai nèpieule pas, et çai cope mal : fauche don du 
tailon (Tu fauches du bec, ça n'en prend guère, ça n'abrège pas, 
et ça coupe mal; fauche donc du talon). — Voir èpieuter. 

coutelot, n. diminut., petit couteau; mauvais couteau. Dans ce 
dernier sens, on dit plutôt châtre-bique et guiaudot. — Voir 
g\audot. 

coutieau, n., couteau. Coutieau de miée, rayon de miel. — Cou- 
teau de miel, Thév. — Voir coûté. 

coutre, n., coude : F me baille des cops de contre (Il me donne 
des coups de coude). 

coutumbré, n., espèce de culbute qui se fait en appuyant sa tète et 
ses mains sur le sol, en levant ses jambes en l'air et en se laissant 
retomber sur le dos. Faire le coutumeré, faire la culbute en pas- 
sant ainsi ses pieds par dessus sa tète; au flg., se ruiner, tomber 
du pouvoir, perdre sa situation, etc., le même sens enfin que 
faire la culbute. — Tourneboile, culbute sur les mains, Gros.; 
tournebouelle, culbute, faire un tour sur la tête, Thév. 



4 On prend d'une main, entre l'index et le pouce, la lame du cou- 
teau tout près du manche, en disant coutieau ; on place de même en 
suivant sur la lame le pouce et l'index de l'autre main et on dit cou- 
teste, et ainsi de suite alternativement. On attribue au couteau le 
dernier nom qu'on prononce quand les doigts serrent l'extrémité de 
la pointe. 



Digitized by 



Google 



/ 



PATOIS DE LA FORÊT DE GLAIRVAUX 125 

couva, n., couveuse, poule qui couve d'habitude, qui couve sou- 
vent : J'ai V bonne couva. On dit aussi couvoure, mais dans 
un sens moins général; couva indique plutôt l'état, et couvoure 
l'action. On dit d'une femme difficile, prompte à se rebiffer : 
Çast eunne vraie couva ; eulle l ast malingne comme eunne couva, 
c'est-à-dire toujours prête à vous sauter à la figure, comme une 
poule qui défend ses poussins. 

couve-cendre, n., cendrillon, qui aime à garder le coin du feu, qui 
se chauffe de trop près. S'applique aux gens comme aux b A ies : 
ï en prenrai des raites, c'te chatt-lai, je m'en f...i Tast toujous 
entre nos deux chiennets ; çast ein vrai couve-cendre (Il en pren- 
dra des souris ce chat-là, je m'en moque! Il est toujours entre 
nos deux chenets; c'est un vrai chat d'àtre). Que couve-cendre 
que c'te femme lait An ne lai voit jain-mas dans les champs. — 
Voir chaît d'âtre. — On dit aussi cuUcendron. 

couverte, n., couverture do lit, courte-pointe. — Voir mante. 

couvî, adj., gâté, couvé. Ne s'emploie guère que dans cette expres- 
sion : œu couvî, œuf gâté, couvé. Nous avons cependant entendu 
dire odeur couvie pour odeur de renfermé» odeur de relent. 

couvot, n., couvet, pot de feu, chaufferette. 

coyot (ai lai). Voir aicoyot. — Du latin cautusJ 

crai bosse et cradossb, n., têtard de grenouille. Au fig., enfant 
vive, espiègle : C'te petite craibosse lai, eulle l ast toujous pèdiue; 
eulle nairrêle point (Cette petite espiègle-là est toujours perdue, 
etc.) 

craicher, v., cracher. (Crécher). 

craichon, n., crachat; salive. (Créchon). 

craichoue, n., cracheur, qui crache beaucoup, graillonneur. (CW- 
choû). 

CBAiNDiu, part. pass. du verbe craindiea, craindre. 

crainte de, loc. prépos., de peur de : Y ne fait rin crainte de se 
tromper, c'est-à-dire en plaisantant, il ne fait rien de peur de se 
tromper. 

craissoux, adj., crasseux, au propre et au figuré. 

CRANCts (faire les), fairo semblant : ï fait les crances de crier (Il 
fait semblant de pleurer). Dans quelques villages on prononce 
cances. Faire crance, faire crédit, Gros. ; faire quence, faire sem- 
blant, Thév. 

cran.ner, v., faire des crans, des coches, des entailles : T s'aimuge 
q% cran-ner lai table d'aiveu son coutieau, en piaice d'aipprenri 



Digitized by 



Google 



*> 



.,/« 



126 PATOIS DB LA FORÊT DE CLAIBYAUX 

son aileçon*. (Il s'amuse à faire des coches dans la table, au lieu 
d'apprendre sa leçon). — On dit aussi encran-ner. 

crate, n., crête : Eunne crâte de co (Une crête de coq). 
- -j , -- - c rater, v., se dit de l'accouplement du coq et de la poule, de l'ac- 
tion du coq sur la poule, cocher : Eul co de chez lai Tonton V ai 
?* / crâlè nos poules. — Chaucher, Gros. 

4 cràue, n., craie, blanc de Troyes; craue rouge, la sanguine. 

creimmau, n., crémaillère; la partie de la cheminée qui avoisine la 
crémaillère : Fast nor comme note crin-mau (Il est noir comme 
notre crémaillère, ou comme notre cheminée). 

crbjot (ou craiot?), n., terre légère sur les hauteurs; terre cal- 
caire, pierreuse, de seconde ou de troisième qualité; terrain sec : 
J'ai pus récolté et' année dans mes cré-iots que dans mes grosses 
terres (J'ai plus récolté cette année dans mes terres légères, etc.) 
— De craie ? 

créiotie (ou craiotie?), n., espèce de créiot; créiot inférieur; créiot 
en général ou terre qui s'en rapproche : Ce n'ast pas des bin bons 
champs ;çast du cré-ioti (Ce n'est pas de bien bons champs, etc). 

crêpé et crêpiau, n., espèce d'omelette économique à l'huile, dans 
laquelle on mêle aux œufs de la farine délayée pour faire foison- 
ner : J'o)is maingé venredi ein crêpé pou note goûter. — De crêpe? 

creusot, n., creuset, petit vase de terre en tronc de cône, sans 
queue ni oreilles. 

creusoue et creujoue, n., creuseur, ouvrier qui creuse : Ein creu* 
sou de puts (Un creuseur de puits). 

creusures de saibots. On nomme ainsi en général les copeaux de 
sabotier, et particulièrement les copeaux en escargots que cet ou- 
vrier fait avec la cuillère. 

creuve de faim, n., crève de faim, malheureux, indigent. 

crevelot, n., espèce de prune hàlive. 

crevôle et ècrevôle, n., laitcron, ou laceron qu'on mange en sa- 
lade, un sonchus à fleur bleue, le sonchus oleraceus ou le sonchus 
arvensisl 

crier, v., s'emploie pour pleurer : Ai c't' enterrement-lai, tout le 
monde criot (A cet enterrement-là, tout le monde pleurait). 

1 On dit sai leçon et son aileçon, à cause de lai leçon. Nous avons 
déjà fait remarquer ce transport fréquent du ai de l'article lai au 
commencement des noms, et nous ne reviendrons plus sur cette ob- 
sérvatioA, 



Digitized by 



Google 



PATOIS DB LA FORÊT DE CLAIRVACX 127 

crôlée, n. Voir enrôlée. 

crôlir, v., trembler, remuer, branler : V fait crôler l'ormoire en 
dansant su le piaincher, c'est-à-dire il fait mouvoir, re:i uer, il 
ébranle l'armoire — qui menace de tomber — en dansant sur 
le plancher. Çai vai cheur, çai croie (Ça va tomber, ça branle). 
Ç'ast comme eunne queue de vaiche, çai croie, mas çai ne cheurt 
pas. l'en vai cheur de lai pieueî Eul temps ïen croie, c'est-à-dire 
le temps en est plein, en est ébranlé, il en tremble. Crôler, se- 
couer : Croie eul blocher (Secoue le prunier). — De craller et 
crosler, xii 6 , xiu, xiv* siècles? — Crosler, trembler, branler la 
tête, Gros. ; crolay, secouer, trembler, P. T. 

cROQUB-AivoiNNB, n., celui ou celle qui s'occupe de faire un mariage, 
qui met les jeunes gens en relation; entremetteur, entremetteuse. 

croqubnot, n., petit clou à souliers, à tête arrondie en segment de 

sphère; espèce de broquette. 
grorb, v., croire. Euje cros, euje cro-ios, euje crôerai, que je 

cro-ieu, cro-iant. — Croi, L. C. ; croi, P. T. 

crosse, n., béquille : T vai d'aiveu des crosses (Il marche avec des 
béquilles). Vieux français. 

crot, n., petit trou dans la terre, petite fosse, petit fossé; en parti- 
culier, le trou qu'on fait pour planter une pomme de terre, des 
haricots, etc. : Je mets V bonne poingnien de fien dans 
chaique crot de pois (Je mets une bonne poignée de fumier dans 
chaque trou, etc.) La trochée de haricots ou de pois en garde le 
nom : Mes pois ne sont pas venuns; j'en ai raipouté pus de deux 
cents crots su mai hotte (Mes haricots ne sont pas venus; j'en ai 
rapporté plus de deux cents trochées sur ma hotte). On dit d'un 
terrain mal uni, raboteux, inégal : Ce n'ast que crots et bosses. 
Crô, trou, fosse, Gros.; crot, trou, G. etR.; crau, trou, terrier, 
Thév. — Crot, creux, fossé, xiv e siècle. — Voir encrotter. 

crotot, n., la petite fossette qui se trouve au bas du cervelet; 
nuque. — Voir fôssotte et coite. 

crototte, n. diminut., petite crotte; petite tache de boue. 

crotot et croïoue, n., crédule, qui croit facilement tout ce qu'on 
lui raconte, simple, naïf : V ne faut pas été si croijot que çai; ïs 
se f... de toi ! (Il ne faut pas être si crédule que cela; il se moque 
de toi !) — Creôle, Gros. ; croyaud, Thév. 

cruchotte, n. diminut., petite cruche; son contenu : V ai bu sai 
petite cruchotte, euce maitin, an voit çai (Il a bu sa petite cruchiê 
ce matin, on s'en aperçoit). 



Digitized by 



Google 



128 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUI 

c'tâe-ci, c'tes-ci et c'tbl-ci 1 , pron. démons., celle-ci. — Cette-tif 

c'tée-lai et c'te-l-lai, pron. dém., celle-là. — Cette4à? — Stulay, 
stellai, ste, L. C. ; stulay, stilay, sti, stu; squi, ceci, P. T. 

c'tu-ci, c'tus-ci 2 et c'tul-ci, pron. démons., celui-ci. — Cettuy<i. 

c tu-lai et c'tul-lai (on fait sentir plus ou moins fortement /), pron. 
démons, celui-là. — Cettui-là? 

cueu, part, pass , cuit; fém. cueutieu. 

cueuche, n., cuisse. — Queuche, Gros. 

cueuchin, n., coussin. 

cueulard, n., sorte d'esprit follet. — Voir foulletot. 

cueulée, n., culée; tas, masse, quantité : V ai des cueulées de ra*> 
sins (Taiprées les çops (Il y a des tas de raisins après les ceps). 

cubglleron, n., lange d'enfant. Par mépris, mauvais linge, gue- 
nillon, linge sale. 

cueulïjbtonner, v., c'est proprement cueulotter en marchant, traîner 
par derrière : Marche dont QuasUce que tu cueulletonnes? — 
Voir cueulotter. 

cueulletonnier et cueulleton, n., celui qui cueulletonne, qui ne 
suit pas les autres en marchant, qui fait comme Creuse. — On 
dit aussi cunneter. 

cueulotte, n., culotte. 

cueulotter, v., perdre son temps à des détails, et surtout lambi- 
ner, traîner une besogne en longueur : Dèpêche-te don vor! 
quasHe que tu cueulottes don? tu n'en finiraies pas. — Voir 
beurlauder t beurluter, tanuger, etc. Les mots abondent pour ex- 
primer cette idée avec toutes ses nuances. — Culotter, ne rien 
faire en paraissant faire beaucoup, Gros. ; cuhtter, s'agiter et ne 
rien faire, Thév. 

cueulottier, n., celui qui cueulotte y qui traîne la besogne en lon- 
gueur, paresseux, minutieux, lambin : Que cueulottier l T n'en 
finirai pas! (Quel lambin, il n'en finira pas!); empâté, ventru, 



4 Gomme on supprime complètement Ye muet dans la prononcia- 
tion qui sonne ainsi : stèeci^ stessi, stelci % stelai, stellai, nous avons 
jugé inutile de mettre les deux tl 

* Ve muet de cetu, se trouvant élidé complètement dans la pro- 
nonciation, nous avons cru devoir le remplacer par une apostrophe, 
le c gardant bien entendu le son doux. On prononce tantôt êlûci, 
tantôt, en appuyant sur 1'*, stuscL Costuif 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DB CLAIRYAUX 129 

lourd, comme embarrassé dans sa calotte, lourdaud; traîne-ga- 
loches : Lu, me raittraiper en courant, euce gros cueulottier-laif 
c'est-à-dire lui, me rattrapper à la course, ce gros empâlèXil 

curup et cop, n., coup. 

cururchot, n., crochet : Ein cueurchot ai fien ou ai fun-mer (Un 
crochet à fumier). 

cuiurb, v., cuire. Part. prés, cueujant, part. pass. cueu, subj. prés. 
cueuge. 

cururson, n., cresson. 

cuiuimiN. Voir cheurtien. 

cuiutieu, n., cuite, fournée, l'ensemble des miches de pain qu'on 
fait cuire d'une fois dans le four : Je nen ai guère peurti, eunne 
toute petiote cueutieu; quate miches et ein michot (Je n'en ai guère 
pétri, une toute petite fournée ; quatre miches et une michette). 
On dit de même : Eunne cueutieu de chaux, eunne cueutien de 
tuiles, etc. 

cuoingne, n., cuisine : Eulle fait de lai bonne cugingne (Elle fait de 
la bonne cuisine). 

cul (été ai), être ruiné, réduit à la dernière extrémité : Le v'iai ai 
cul; ce nast pas étonnant d'aiprées les dépenses qu'ï faijot (Le 
voilà ruiné, ce n'est, etc.) Mette eunne toitiure ai cul, la mettre 
de manière que le bout d'arrière des limons s'appuie sur le sol. 
Cul su bout, sens dessus dessous, ai boigevot (voir ce mot); démoli, 
tombé en ruines. Lever le cul, ginguer, ruer, en parlant des 
chevaux : l'ast méchant, i' leuve eul cul. 
cul d'anr, n. ; on nomme ainsi une espèce de mauvaise prune al- 
longée, à demi-sauvage, la quetsche dégénérée.... 
cul db chien et ORAiTTB cul, n. , le fruit de l'églantier. — Voir cocu. 
cul dr poule, n., moue, grimace des lèvres qui témoigne le mé- 
contentement. — Voir pipion. 
cul péché, n., cul percé, mal vêtu, malheureux en habit percé, en 
guenilles, traînard, truand (cul pché). On dit aussi cul dépiiceti. 
— Voir landrou. 
cumr et cuiuur, n., écume 4 . On prononce aussi cun-me. 
comrr et cummrr, v., écumer, dans le sens de faire, produire de 



1 Lai cume pour l'écume, attendu que souvent IV se change en i 
dans la prononciation, et vice-versâ. 



t , xux 



Digitized by 



Google 



,'<• 



130 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 

l'écume : Y ètot si en colère qu'i' cun-mot (Il était si en colère 
qu'il écumait). — Voir ècummer. 

cunneter, v., (voir cueulletonner) . — De caneter? 

CUNNETON, n., hanneton. (Cun-nton). 

curer, v., en général, nettoyer; en particulier et absolument, enle- 
ver le fumier d'une étable : Vai curer lai vaiche. J'ai curé nos 
beurbis, c'est-à-dire va nettoyer l'étable de la vache, etc. On cure 
les outils sales, tels que pioche, bêche, charrue, etc. 

cunoT, n., mauvaise serpette usée dont les vignerons se servent or- 
dinairement pour curer, ôler la terre qui tient à leurs outils : J'ai 
pèdiu mon curot et j'en ai fait un { d'aiveu ein bout de pâché. — 
^ Voir curer. 

curotte, n., curoir, curon, petit instrument de fer en forme de ci- 
seau de menuisier, muni d'un long manche, qui sert à curer la 
charrue. 

cdssbr, v., reculer, se dédire, caler, caponner, revenir sur sa pa- 
role, manquer de hardiesse : Saute don ai l'aivaillée, hein ? tu 
n'ouserôs (ou nousoûrôs), tu eusses! (Saute donc..., tu n'oserais, 
tu caponnes!) — Voir caner, fouiner et renifler. 

cuvelot, n. diminut., petit cuveau. 

da, inlerj., tiens 1 vraiment! aht Exprime presque toujours un 
doute, un regret, de l'ironie : Euje n'ai pas pu fini le champ, dit 
le domestique, — Dâl répond le patron, c'est-à-dire est-ce bien 
vrai? ça m'étonne; c'est que tu n'as pas bien travaillé, etc. 

dada, n., femme ou fille niaise, maladroite, qui se laisse attraper 
facilement; ignorante, qui rit à propos de tout, nigaude. On fait 
ordinairement précéder ce mot de l'adjectif grante : Ris don bra- 
ment, grant' dada t Taies cru çai, grant' dadâ ? (Ris donc bien, 
grande dinde! Tu as cru cela, grande sotte?)— Dadet, niais, 
nigaud, Gros. — De dadais ? 
A v . dadoure, n., clifoire, espèce de seringue de sureau servant de jouet 
aux enfants. — Eglisse, Gros. 

dabourée, n., le contenu de la dadoure, le jet de liquide qu'elle 
lance : T mai f..., envoyé V dadourée d'ègout de f un-mer. 

dagonne, n., mauvaise vache; vache avec mépris. — Voir godelle. 
— De dagorne? 

* On prononcera ici un et non ein, parce que cet article n'est suivi 
d'aucun nom, d'aucun mot auquel il se rapporte. On dirait, au con- 
traire, j'en ai fait ein aûte, j'en ai fait ein bon, etc. 



Digitized by 



| 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIBYAUX 131 

daguer, y., se dit de l'action du chien qui tire la langue, quand il 
a chaud. Par analogie, être essouflô, ahaner. — Daguer, être 
essouflé, Grosl. ; daguer, Thév. — De dague? La langue du chien 
sort comme une dague du fourreau... 

d'ailleurs, ad v., s'emploie dans un sens particulier, différent du 
français : D'ailleurs, i* me fait langui; (tailleurs, euje vourôs 
(au v'rôs)ête mote (ou mo/ieu), c'est-à-dire à ne vous rien cacher, 
pour être brève, en résumé, etc. 

daimmb, n., dame. {Dain-me). 

daivantaigb, adv., davantage. 

daji, adv., déjà; s'emploie fréquemment pour d'abord : Cmen- 
çons daji pa çai (Commençons d'abord par cela). On emploie aussi 
ce mot comme en français, dans un sens assez difficile à préciser, 
à peu près le sens de (Tailleurs : Euce riast daji pas si bieaut 
(Ce n'est déjà pas si beau !) 

dandainnes, tantainnes et pantainnks, n., racontars de peu de 
valeur; conversations galantes, grivoiseries; contes à dormir 
debout, fariboles, niaiseries, mensonges : Oht v'iai des belles dan- 
dainnes! (Oh, voilà de beaux contes à dormir debout, de belles 
sornettes!) Aiguge tes pâchés putiôt que de conter des dandainnes 
aux femmes. Çai, ç'ast des dandainnes, c'est-à-dire aiguise tes 
paisseaux plutôt que de conter fleurette aux femmes, que dédire 
des gaudrioles. Ce que tu dis là ce sont des bêtises, des men- 
songes. — • Voir narrées et nivelles. Ce mot ne- s'emploie guère 
qu'au pluriel. — Dadées, contes sans suite, Gros.; dadées, plai- 
santeries et rires bêtes, Thév. 

dandan, n., terme du vocabulaire enfantin qui désigne l'église, le 
clocher; onomatopée tirée sans doute du son des cloches : Euje 
vons-t-ï ailler au dandan, mon gaichenot ? c'est-à-dire allons-nous 
aller à la messe, à l'église, mon enfant? Écoute cul dandan (Écoute 
les cloches). Vois-tu V dandan? (Vois-tu le clocher, l'église?) On 
chante aux enfants, en guise de berceuse, cette espèce de refrain, 
en imitant le carillon des cloches : 

f Dinn, dinn, dan, don, 

Les quate carillons, 

Les filles de Chûtillon 

ICont point de cotillon; 

Les charpentiers d f Essayes 

Lia zen feront de bois! » 

dandine, n., punition corporelle, frottée, fessée, coups; désigne 
surtout les corrections appliquées aux enfants : l'ai ui eunns 



Digitized by 



Google 



132 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIE VAUX 

bonne dandine et % sast zeû couché sans souper (Il a eu une bonne 
correction, une bonne fessée, et il a été se coucher sans souper). 

— Voir rodée, triquée, tournée, frôlée, dégelée, rincée, etc. — 
De dan dan, dine dine, onomatopée qui exprime les coups redou- 
blés, le son d'un corps qu'on frappe? Voir dandan. 

dandoler (se), v., se bercer en marchant. Voir bamboler. Généra- 
lement, on bambole quelquo chose, ses bras, ses jambes, etc., et 
on se dandole ; mais les deux mots s'emploient l'un pour l'autre. 

— De l'ital. dondolare? ou de dandan, le mouvement des cloches? 
dame, adj., qui a le tournis: aingnié dane, beurbis dane; par ana- 
logie, qui a des éblouissements, des étourdissements : Tout tonne 
ailentour de moi, je sens dane d'aivoi viré (Tout tourne autour de 
moi, je suis étourdi d'avoir tourné). Au figuré, brusque, étourdi; 
écervelé, toqué, un peu fou. — Darne, étourdi, ébloui, Gros.; 
darne ou derne, G. et R.; derne, dame, Thév. 

darnoyer(oudarnoiller?), v., aller tout de travers, butter, comme 
un aveugle ou un homme ivre : Taivôs si mau ai lai tête que je 
ne voyôs pus clair; eu je darnoyôs (J'avais si mal à la tête que je 
ne voyais plus clair : jo trébuchais). Tourner autour de quel- 
qu'un, comme pour vouloir aider, mais en réalité embarrasser, 
ennuyer, troubler : Quast-ce que tu darnoilles don? aisseute-te, 
tu m'embêtes, c'est-à-dire qu'est-ce que tu tournailles donc ainsi 
autour de moi? asseois-toi, etc. S'emploie aussi dans le sens de 
rôder, flâner, beurluter, tacoter, etc. (voir ces derniers mots), et 
pour épier, espionner. — Dognoier ou donoier, s'amuser, s'é- 
battre, du xn e au xv° siècle. — Darneyer, être darne, Gros.; 
derneyer, tourner sur soi-même, Thév. 

darnoyot, n., celui qui darnoille ou darno-ye, dans tous les sens de 
ce verbe. — Darneyot } Gros. 

darré (ou darrer?), n., derrière: Tonne eul darré en devant 
(Tourne le derrière en avant); prép., derrière : Tast toujouspa 
darré (Il est toujours par derrière). Eude que coûté qu'an se tonne, 
an ai toujous les fesses darré (De quel côté qu'on se tourne, on a 
toujours les fesses derrière), c'est-à-dire on n'échappe pas aux 
misères, aux ennuis de la vie, quelques précautions qu'on prenne. 

— Darrié, Gros.; darrié, L. C; daret, P. T.; dâré, G. et R. 
darré (ou darrer?), adj., dernier : Ce nast pas V darré venun qui 

me ferai lai loi (Ce n'est pas le dernier venu, etc.) Eulle l ast 
toujous lai darrére ai Vècole (Elle est toujours la dernière à l'é- 
cole). — Darrire, P. T. 
das, prép., dès : Dos le maitin (Dès le matin). 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVACX 133 

daubée, n., volée de coups, raclée; grande averse de plaie. — Voir 
dôlée. 

davidb, n., outil de tonnelier, davier. 

DÊBARLiFicoTER, v., défaire quelque chose qui est embarlificoié : 
Dèbarlificote-don vô çai,je ny cneus gouttieu, c'est-à-dire défais, 
dénoue, délie, démôle, etc. — Voir embarlificoter. 

dèbeurber, v., débourber, ôter la bourbe (beurbe), la terre des 
chaussures; décrotter, nettoyer quelque chose de très crotté : 
Débeurbe tai cueulotte (Décrotte ta culotte). On dit aussi absolu- 
ment se dèbeurber. — Voir dèpâter. 

dêbeurbure, n., bourbe, terre, boue enlevée des chaussures, et 
quelquefois des vêtements. — Voir dèpâture. 

dèbeurnacler, v., défaire, démolir, démêler, découdre, dénouer, 
détacher : Je ne peux pus pouter mai hotte; eulle l ast toute dé' 
beurnaquiée (Je ne peux plus porter ma hotte; elle est toute dé- 
molie), r y ùivot des bieaux reposois, mas quand ï ai piu an ai 
tout dèbeurnaquié (Il y avait de beaux rcposoirs, mais quand il 
a plu on a tout défait, tout démoli). Comment don que (aies aittai- 
ché çai ? Je ne peux pas l'dèbeurnaquier, c'est-à-dire comment 
donc que tu as attaché cela? Je ne peux pas le défaire, le dénouer, 
le détacher. Les beaux parleurs disent dèbeurnacler sans mouil- 
ler L — Voir beurnacler. 

dèbigxoussr, v., ôter la chassie des yeux : Se dèbignouser les ceux. 
— Voir bignoux. 

dèbiller, v., déshabiller. Se dèbiller, se déshabiller. 

dèbitiuer, v., déshabituer. Se dèbitiuer, se déshabituer. 

dèbouder, v., poindre, apparaître, sortir de : I' dèboude du bois, 
c'est-à-dire il débûche, il apparaît, il sort du bois. — De débor- 
der, sortir du bord? 

débouler, v., défaire, ébouler, démolir, déconstruire, renverser : 
I' ai déboulé mes tas de fain; t déboule mai cabane (Il a éboulé 
mes las de foin; il démolit, etc.)— On dit qu'un lièvre se dé* 
boule, pour signifier qu'il se lève, c'est-à-dire qu'il cesse d'être 
en boule. — Uéboulei\ démêler les cheveux, Gros. 

dêboutbnbr, v., déboutonner. (Prononcez dèboutner). 

dêbri.nguer (se), v., se déshabiller avec trop de laisser aller, se mettre 
trop à l'aise quant aux vêtements, en lieu ou temps inopportun : 
Qu'ast-ce que tu te dèbringues don comme çai, devant le monde? pa 
ce frod-lai? etc., c'est-à-dire pourquoi te déshabilles-tu donc 
ainsi devant le monde? par ce froid-là? etc. Se prend toujours 



Digitized by 



Google 



134 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 

en mauvaise part. On dira d'une femme négligée dans sa mise, 
dont les vêtements n'ont pas l'air de tenir ensemble, dépenaillée, 
décolletée, etc., qu'elle est toute dèbringuée. — Se débringuer^ se 
déshabiller, Thév. — Voir se décarcasser. 

décaler, v., décoiffer, enlever la cale; se décaler, se décoiffer : 

Dècale-te (découvre-toi). 
décarcasser (se) t v., se débrailler. S'applique plus particulièrement 

au débraillé du cou et de la poitrine. — Voir se dèbringuer. 

dêcesser, v., cesser; ne s'emploie qu'avec la négation, et ne se 
prend guère qu'en mauvaise part : ï ne décesse pas de faire des 
sottises, c'est-à-dire il fait, il dit continuellement des sottises. — 
Décesser, cesser, finir, Gros. 

dèchaippe, adj., échappé à..., quitte de..., débarrassé, guéri, 
sauvé, etc. : Le vlai dèchaippe enco ce cueup<i t mas ï ai vu le 
leup, c'est-à-dire le voilà échappé à la maladie, guéri, sauvé en- 
core cette fois, mais il a vu le loup, il a été bien malade. Été 
dèchaippe (ou d'èchaippe?) t être quitte de..., guéri, sauvé, etc. : 
Tast dèchaippe; t' ai raimené ein bon liméro, c'est-à-dire il est 
quitte du sort; il a ramené un bon numéro. — Voir dètraipe. 

décharpier, v., mettre en lambeaux, en pièces, en charpie : Eul 
petit chien, ï ai dècharpié mai cale en jouant d'aiveu (Le petit 
chien a mis en lambeaux, etc.) On dit aussi demicer. — • Demicer, 
Gros. 

dèclaquer (se) de rire, expression qui signifie rire à gorge déployée, 
à se démancher les mâchoires : rosi en feûlie; ï crie etpeùs ï se 
dèquiaque de rire aussitiôt, c'est-à-dire il est en folie, il est fou; 
il pleure, et puis il rit àgorge déployée immédiatement après. 

dégraisse a, v., décrasser;** dècraisser, se décrasser, se laver; 
faire sa toilette : J'nairaipas le temps de me dècraisser pou ailler 
ai lai messe. 

décrotture, n., boue, terre enlevée aux chaussures, aux habits, 
etc. — Voir dèbeurbure et dé pâture. 

dée, n., doigtée, la quantité de chanvre que le doigt peut contenir 
en teillant. 

dèfàitieu, n., maladie des yeux, caractérisée par un picotement 
douloureux, comme d'un gravier qui roule. Quelques femmes 
prétendent la guérir avec une prière : Eulle m* ai guéri lai dèfài- 
tieu. 
\ dépwaiqbr, v., changer de fi nage; dépayser afin de changer les habi- 
tudes : Je n'en seraîns venin ai bout de c't enfant4ai; t' faurai 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVACX 135 

F mette ai l'école ailleurs (ai-ieur) pou l'dèfinaiger ein poicho (Nous 
n'en pouvons venir à bout de cet enfant-là; il faudra le mettre à 
l'école ailleurs pour le dépayser, le changer un peu). Mon chien 
ne veut pas chaisser dans ce pays-ci; ïast tout dèfinaigé. — Voir 
dèlrainger. 
dèfleuter, v., défaire, arracher quelque chose qui est engaîné, 
emmanché à la façon d'une flûte (fleûte), tel que glume, roseau, 
etc. Ou dèfiente un tuyau d'un tuyau plus grand, un parapluie 
de son fourreau, une canne à pêcher, un brin de paille, etc. 

dèporci, v., éclaircir, rendre moins fort, moins dru; enlever, arra- 
cher d'un champ, d'une planche de jardinage, les plantes en ex- 
cédant; dèforci, part, pass., éclairci, etc. On dit aussi dèpaissi. 

dêfrichîs, n., friche nouvellement en culture. 

dêfrochurer, v., arracher la fressure (frochure), éventrer : Si je 
ne m'étôs pas retenun, je l'airôs de frochure (Si je ne m'étais pas 
retenu, je l'aurais éventré). 

dégarni et dêgarnin, v., dégarnir, en particulier déharnacher; 
part. pass. dégarni et dêgarnin, déharnaché. 

dégelée, n., coups de bâton, de canne, ou autres, donnés en cor- 
rection, raclée, frottée, volée, etc. : Si c'ètot d'-t-ai moi ce ca* 
gnou-laiyfli foutrôs eunne «... dégelée {Si c'était de moi ce chien- 
là, je lui donnerais une fameuse correction). — Voir dandine. 

dèjaiveler, v., désassembler à la manière d'une javelle qui se 
déforme. Se dit des objets composés de plusieurs pièces ajustées : 
un tonneau désa juste et dont les pièces se disjoignent, un livre 
débroché, etc., sont dêjaivelés* — Voir dèsoquier. 

dellurbb, v., former, dégourdir, déniaiser, donner de l'entregent : 
J'ons mins notegachenot en ville (vi-\\e) pou le dellurer (Nous avons 
mis notre gamin en ville pour le dégourdir). Au part. pass. on 
emploie plus souvent ailluré. Voir ce mot, qui a le même sens, 
bien que dellurer semble signifier le contraire de aillurer... Sans 
doute, il y a des sous-entendus, par exemple : dellurer des mau- 
vaises manières (allures) pour en donner de bonnes.... 

dèloter (ou DÉLoïsR?), v., délier. 

demicer, v., mettre en pièces, en menus morceaux, en tranches 
minces, en lanières fines. S'emploie particulièrement en parlant 
cuisine : Demicer de lai char, c'est-à-dire mettre la chair en 
morceaux petits, minces, la diviser comme fibre à fibre. — Voir 
dècharpier qui s'applique d'une manière plus générale. — Demi- 
cer. Gros. 



Digitized by 



Google 



136 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 

demmeke (ou dàimmerer?), il., espèce de cep de vigne, de raisin. 

dèmoinger, v., démancher : Tu vas dèmoinger ton martieau, tai 
pioche (Tu vas démancher, etc.) 

demourer, v., habiter, demeurer : F demoure ai Troyes. T demoure 
dans sai majon (Il demeure à Troyes, etc.) 

DÈMDRAiLLER, v., démolir un mur. (Dèmurè-ier). 

dèpachrler, v., dépaisseler, arracher les paisseaux pour les mettre 
en tas avant l'hiver, le contraire de pâcheler. On dit aussi dépi- 
quer les pochés. 

dèpàissi, v., rendre moins épais; dèpaissi, part, pass., rendu moins 
épais. — Voir dèforci. 

dèpatbr, v., enlever les em pâtures : Dèpâter ses sou\iers, ou abso- 
lument, se dèpâter. — Voir s'empâter et empâture. — On dit 
aussi dèbeurber. 

dèpatore, n., ce qui se détache de terre d'après les chaussures, 
quand on a marché dans les terrains gras, humides : T ai dépâté 
ses saibots ici; v'iai les dèpâtures (Il a décrotté, nettoyé ses sabots 
ici; voilà, etc.) S'emploie le plus souvent au pluriel, ainsi que 
ses synonymes dèbeurbure et dècrotture. — Voir empâture. 

dépecer (se), v., se dépêcher outre mesure, se remuer beaucoup, 
6e multiplier : N'te dèpeuce pas tant, vai, poxt nous recevoir ;j'ons 
le temps de teut faire t — De se dépecer, se mettre en pièce*? ou 
de se dépêcher ? 

dèpibauter, v., dépouiller : Dèpieaute eul lapin (Dépouille le lapin). 
— Dépiauter, dépouiller, Thév. 

dèpiécrtê, part, pass., déchiré, en loques, en guenilles : Cueidotl* 
dèpiécetée (culotte en guenilles). Cul dèpiéceté, enfant déguenillé, 
mal vêtu. — Voir cul péché. 

dèpiver, v. — Voir piver. 

dèplagi, n., déplaisir. (Dèpiagi). 

deraingé, part. pass. de dèrainger (déranger), dérangé, qui a la 
diarrhée, le dévoiement : Euje seûs ein poicho deraingé, c'est-à- 
dire j'ai un peu de diarrhée. Au moral, fou, toqué : Eune fais 
pas aiUention; i'ast deraingé, ï perd lai tète (Ne fais pas atten- 
tion, il est toqué, il perd la tête). 

dèrainger, infin., déranger. Voir deraingé. 

de rbvî de rêvai, ou deurvî deurvai (ailler), expression qui signi6e 
aller de côté et d'autre, ne pas marcher droit, aller de travers; à 
peu près la signification de beurlic beurloque, mais sans l'idée de 
bruit; aller sans but fixe, au hasard, à l'étourdie. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIR VAUX 1 37 

dérocher, v., décrépir, le contraire de rocher : Eune déroché pas 
lai muraille (Ne dégrade pas le mur). — Voir rocher. 

dèboi (ou derroi?), ii., dommage, dégât, préjudice, dérangement, 
trouble : Vos poules ïs ont fait (ïs pour eulles) bin du dèroi dans 
notejadin (Vos poules ont fait bien du dégât dans notre jardin). 
— Desroi, du xn e au xv* siècle. 

dérouter, v., pour désenrouter, tirer d'embarras un charretier 
embourbé, arrêté dans de mauvais chemins. (Voir enrouter). Au 
figuré, tirer d'un embarras quelconque. — Ce mot a aussi la si- 
gnification qu'il a en français. — Déhotter, débourber, Gros. 

deshainché, adj., déhanché. (Dèzainché). 

dèsoquier (ou dèsogler?), t., (les beaux parleurs disent désocler), 
mener un objet formé de plusieurs pièces, un vase de bois, un 
outil, un instrument, etc., de façon à en désajuster les parties, à 
le déconsolider : Y dèzoqueulle sai brouvotte en courant pa les 
cailloux. Y ai dèzoquié son meud en le roulant, c'est-à-dire il a 
disjoint, déconsolidé sa brouette, son muid, etc. — Voir dèjaive- 
1er. Dèsoquier dit moins; la ruine, la déformation n'est pas 
aussi complète. — Ne pas confondre avec dèçoc\er y décercler : 
Mon quartaut ïast tout dèçoquié (Mon quartaut est tout décerclé), 
bien que les deux mots aient peut-être la mémo origine. — De 
dessocler, détacher de sa base, de son socle? ou de décercler? 

desous, adv., dessous, sous : N'ailonge pas tant tes gunnevelles 
desous lai tab\e (N'allonge pas tant tes jambes sous, etc.). 

deteindb et DÈTOiNDE, v., déteindre : Mai blaude eulle se ditoint 
(Ma blouse se déteint). Part. pass. dèteindu et détoindu. 

dètrainger, v., détranger; déshabituer, former à d'autres cou- 
tumes; détruire, changer, déclimater : Ç'ast ein ouvrer qui vient 
des pays chauds; i'ast tout dètraingé par ici, c'est-à-dire c'est un 
ouvrier qui vient des pays chauds; il est tout changé, tout dépaysé, 
tout dérouté par ici; il n'est accoutumé à rien. Euje vons mette 
note gaichotte en pension pou lai dètrainger einpokho, c'est-à-dire 
pour changer un peu ses manières, la former à d'autres... T y 
aivot bin de lai chienqoue dans ce champ-lai; je seûs poutant par- 
venun ai lai dètrainger, c'est-à-dire à la détruire, à la faire chan- 
ger de lieu en quelque sorte... — Voir dèfinaiger. — Détranger, 
détruire, Gros. ; détranger, détruire, Thév. 

detraipe, n., débarras : Belle dètraipet (Bon débarras!); adj., 
débarrassé, tiré d'affaire : Le vlai detraipe, c'est-à-dire le voilà 
débarrassé, tiré d'un mauvais pas, sauvé, échappé, indemne.... 



Digitized by 



Google 



138 PATOIS DE LA FORÊT DB CLAIRYAUX 

Quand l'embarras, la situation est grave, surtout quand il s'agit 
de maladie, on emploie plutôt dèchaippe (voir ce mot). — Détrape, 
contraire à'entrape, Gros. — Voir dètraiper. 

dètraiper, v., défaire la courroie, la corde qui entraipe un cheval. 
(Voir entraiper). Au fig., tirer d'embarras, — Détraper, débar- 
rasser, Gros. 

détrempé, part, pass., détrempé, mouillé jusqu'aux os par la pluie: 
Euje seûs revenun tout détrempé (Je suis revenu mouillé jus- 
qu'aux os). 

dètriqub, n., le rebut, ce qui reste quand on a dètriquéles meilleurs 
objets d'une quantité. — "Voir dètriquer. 

dètriquer, v., choisir, démêler parmi plusieurs animaux, objets, etc. 
les meilleurs, trier : Tai aicheté vingt beurbis ai chogi dans lai 
troupe\ euje les ai dètriquées ce maitin, c'est-à-dire je les ai triées, 
démêlées ce matin. F ai des pommes peuries dans le tas; dètrique- 
Us (Il y a des pommes pourries dans le tas; démêle-les). — 
On dit aussi triquer. — Triquer, dètriquer ', choisir, démêler, G. 
et R.; dètriquer, trier, démêler, Thév. 

deuillot, adj., sensible, douloureux : Tai zeû ein panaris et j'ai 
enco le dogt deuillot (J'ai eu un panaris et j'ai encore le doigt 
sensible). Signifie aussi douillet. — Voir deurlot. 

deurlot, adj., douillet; qui aime à être dorloté, câlin : Pou ein 
méchant mau de tète, t' ne traivoille pus... ; tait si deurlot t (Pour 
un petit mal de tête, il ne travaille plus... ; il est si douillet!) — 
Voir deuillot, miquelot et mignadon* — De deurloterJ 

deurloter, v., dorloter. 

devant, prép., s'emploie pour avant : Je sens venun devant lu (Je 
suis arrivé avant lui). 

devante (ou de vanter?), n., devantier, tablier. On dit aussi tablier 
(tabier). 

devbnin, v., devenir. Fait au subj. que je devingne, et au part, 
pass. devemn. S'emploie souvent pour venir : J'en deviens, pour 
j'en viens. — Devenir, pour venir, Gros. 

dévers (en), expression qui signifie en pente, en déclivité. — Tieux 
français. 

DÉVEUDiBR, v., dévider : Euje dèveudieu eunne ègevotte (Je dévide 
un écheveau). 

déveudiot, n., dévidoir. Grand dèveudiot se dit d'une personne 
sèche, anguleuse, longue, qui fait beaucoup de gestes, de mou- 
vements, en parlant ou en marchant. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DB CLAIBTAUX 139 

dbviller, v., défaire, dérouler ce qui est envillé. — Voir enviller. 

dbtingnotte (ou devinniotte?), il., devinette, espèce d'énigme ou 
de charade populaire. Excmp. : Quast-cequi tegreingne les dents 
quand tu rentres chez vous ? — R. Çast note crin-mau. — Devi- 
gnotte, devinette, Gros. 

DiviROLEB, v., dérouler, défaire ce qui est envirolé (voir ce mot). 
On dèvirole du filé d'ailentour d'eunne bobingne, une tige de hari- 
cots d'aiprées lai raim-me, etc. Dans ce dernier cas on dit plutôt 
dèviller. 

dêvoirer, v., dévorer, déchirer; absolument, se dêvoirer, se déchi- 
rer les mains, les vêtements, etc. : Euje me seûs dèvoiré pa les 
èpingnes, c'est-à-dire je me suis déchiré les mains, le visage, 
etc., dans les épines. Déchirer, user ses habits à force de se traî- 
ner, de jouer, etc. : V me dèvoire eunne blaude tous les jeudis. A 
aussi les autres significations du verbe français dévorer. 

dia (tirer ai), expression qui signifie commencer de labourer un 
champ en tournant autour, de manière S jeter la première raie 
sur les voisins et à partager la pièce en deux; c'est le contraire 
d'aidosser, faire ein aidos. Cette expression vient de ce qu'on tire 
les chevaux à gauche, à dia. — Dans le sens opposé on àitpousser 
ai hue, c'est-à-dire pousser le cheval à droite. 

DUBï, n., diable. Diâbe minge (ou mainge% espèce de juron. 

diadia, n., mot du dict. enfantin qui veut dire cheval, dada : Veux- 
tu monter su Vdiadia, mon gaichenol f (Veux-tu monter sur le 
cheval, le dada, mon enfant?) 

dijollb et dicimille, (ou dix-mille?) adj. qu'on emploie avec gros 
ou grand pour signifier énorme, immense, etc., pour former une 
espèce de superlatif : Que gros dimiWe chien! (Quel énorme chien I) 
Euje l'ai baillé ein gros dicimitte chou, eul pus gros dujadin (Je lui 
ai donné un énorme chou, le plus gros du jardin). Marque quel- 
quefois le mépris : Que gros dicimiWes saibots t 

dindrlle, n., petite cloche; la plus petite cloche du clocher : Ce 
n'ast pas lai grosse quieuche qu'an seûne pou les gamins, çast lai 
dindelle (Ce n'est pas la grosse cloche qu'on sonne pour les en- 
fants, c'est la toute petite). — De din dinl 

DiKCNE, adj., digne. 
\ diwgne, n., tige, brin de chanvre, particulièrement quand le chanvre 
est arraché et roui : Euje n'en tillerôs pas V dingne de ton 
chante t (Je n'en teillerais pas un brin de ton chanvre 1) — Voir 
tUler. — Digne, Thév. 



Digitized by 



Google 



140 PATOIS DE LA FOBÉT DE CLAIRVAUX 

dîngner, v., dîner; en général manger : Je n'ai point dîaippétlit, je 
ne dingne point (Je n'ai point d'appétit, je ne mange point). 

dio d'ceus et guio d'oeus, expression qui correspond à chiche d'œufs, 
espèce de défi. On crie dio d 'œus f en même temps qu'on tend 
le dos à une personne qui tient ou qui porte des œufs, pour la 
provoquer, pour la défier de les jeter. 

dirib, n. fera., cancan, bavardage, faux rapport, dires, explications 
oiseuses, etc. : Ç'ast des diries ai n'en pus fini (Ce sont des bavar- 
dages, des explications à n'en plus finir). Çast ein mentoù; 
d'aiveu ses diries % ferot baitte deux montaingnes. 

dis don, expression qui signifie écoute voir, écoute donc, hein, et 
qu'on adresse à une personne pour appeler son attention : Dis 
don, tu t'en vas bin tardi c'est-à-dire tu t'en vas bien tard, hein? 

dôdinb (faire ou faire lai), faire dodo, faire faire dodo, dodinetle, 
endormir en chantant, en caressant, en berçant. — Voir dôdiner. 

dôdinbr, v., faire faire dodo t endormir en chantant, en berçant sur 
ses genoux, en caressant; par analogie, caresser, mignarder. — 
Dodiner, caresser, mignarder, Gros. 

dogt et dàgt, n., doigt. On amuse les petits enfants en leur dési- 
gnant ainsi les doigts, à partir du pouce : Y lai lepopa, vlai lai 
momman, v'iai le frérot, vlai lai sœurette, vlai le petit, gri gri 
gri. (Voir gri gri). 

doodbr, v., s'associer entre camarades, aller de paire en travaillant 
un jour pour l'un, un jour pour l'autre : Glande et Coulas doguent 
depeûs huitjous, c'est-à-dire depuis huit jours Claude et Nicolas 
travaillent ensemble, un jour au chantier de l'un, un jour au 
chantier de l'autre. On dit aussi avec ironie : Ailler dogue pou 
lâche, c'est-à-dire lourdaud, pour paresseux, fainéants ensemble. 

doguin, n. et adj., gros, gras, court, indolent. Se dit des gens et 
des botes : Çast ein gros doguin (C'est un gros lourdaud). On dit 
aussi dogue. 

dôlée, n., volée de coups sur le dos, frottée, raclée, dégelée... Par 
analogie, grande averse essuyée : ï ai reçu eunne bonne dôlée de 
pieue. On dit de môme eunne dôlée de sottises, une bordée d'in- 
jures. — Taulée, troupe, kyrielle, Gros.? — De doler? ou de dos? 
— Voir daubée. 

dondaixne, n., michette, petit pain qu'on tire du four pour les 
enfants, avant le reste de la cuite, soit en pâte ordinaire, soit en 
pâte contenant un peu de beurre ou de saindoux et de sel {dour- 
don) : J'ai maingé de lai dondainne breùlante. — Voir dourdon 
et michot. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIR VAUX 141 

dormin, y., infin et part., dormir et dormi. 

dosses (oq doces?), n., on nomme ainsi les bourriers, les grains de 
blé encore enveloppés dans les balles, ou menues-pailles, et qui 
remontent à la surface du van quand on vanne : Y ne faut pas 
bailler les doces ai les poules; an les rbaitttai (Il ne faut pas don- 
ner les bourriers aux poules; on les rebattra). Ce sont ces grains 
de blé qui forment en majeure partie les houtons (voir ce mot). 
— De dosse, planche de rebut, par analogie? — Dosse, gousse 
d'ail, et grain de froment dans sa balle, Gros. 

doublée, n., correction, châtiments, volée de coups. — Voir dége- 
lée, raclée, tripotée, etc. 

dourdon, n., pain mal levé, avec mépris; mauvais gâteau lourd et 
mal cuit... En particulier, espèce de gâteau rustique fait de fa- 
rine et de saindoux. — Voir dondainne. 

dousse (ou douce?), n., douche : J'ai reçu V bonne douce de pieue, 
c'est-à-dire une bonne douche de pluie. Voir aiccueulée, dôlée, 
etc. Dousse d'ail, gousse d'ail. — Dosse d'ail, Gros. 

doutance et doutangk (aivoir), avoir doute, se douter un peu, 
craindre : J'en aivôs doutance f c'est-à-dire j'en avais le pressen- 
timent, je m'en doutais un peu, je le redoutais. — De dotance, 
du xn e au xv e siècle? 

doyau (ou dogliô?), n., dé pour coudre. 

doyot, n., doiglier. — Voir peuçot. — Doyot, doigtier, Gros. 

dragsr, t., sourdre, jaillir; se dit particulièrement du sang qui 
sort d'une blessure, d'une piqûre : Oh mas, i'ast bin copéf Eul 
sang drageol (Oh ! mais, il est coupé beaucoup ! Le sang jaillis- 
sait). — Voir gigler. 

draipelot, n., lange d'enfant, couche, drapelet. 

drbusse-debout, n., espèce de dressoir ou d'étagère sans fond, où 
les assiettes, rangées une à une sur les rayons, sont dressées 
debout et garnissent le mur. 

drbusser, v., dresser; dreusser lai soupe, verser le bouillon sur le 
pain et servir sur la table. On dit de môme dreusser les choux, 
etc., les tirer du pot et les mettre sur un plat. 

drille, n., drille, guenille, lambeau, chiffon de toile : Gn'ai pas 
eunne drille de cueulotte ai mette, c'est-à-dire il n'a pas un lam- 
beau, un reste, un soupçon de culotte à mettre. Drille de couloi 
ou couloû, le morceau de toile qui forme le fond du couloir, et 
à travers lequel dire le lait. Drilles de coq, les testicules du coq 
et une espèce de raisin.-*- Drilles, les testicules du coq, Gros, 



Digitized by 



Google 



142 PATOIS DB LA FORÊT DE CLAIRVAUX 

drimer, v., trimer, marcher bon train; courir d'an endroit à un 
autre; travailler fort, (voir bûcher). Faire drimer quelqu'un, le 
faire aller, ne pas lui laisser de repos, etc. — Voir droguer. 
droguer, v., attendre en perdant son temps, se morfondre; aller en 
courses vaines; faire un travail inutile, sans nécessité, etc. Faire 
droguer quelqu'un, le faire attendre, lui faire perdre son temps 
à des choses futiles, lui faire des promesses qui ne se réalisent 
pas, etc. — Voir drimer. 
drot et drbt, adj., droit : Vai tout drot (Va tout droit). Au drot, 
vis-à-vis : Au drot de chez nous, c'est-à-dire vis-à-vis chez nous. 
De même les dérivés : Mets tai veste ai l'endrot ou ai Vaidrot 
(Mets ta veste à l'endroit). I'ast bin aidrot (Il est bien adroit). 
D rot-vent, droit vent, le vent de l'ouest et du sud-ouest : 
Soulaire (le vent du midi) 
Met lai pieue en Vair, 
Et drot-vent 
Lai répand. 

— Dret-vent, vent d'ouest, Gros. ; drai, droit, L. C; dret, P. T. 

dbotiurb et drbture, n., droiture, justice, honorabilité. 

dugin, n., petit torchon de paille qu'on met en guise de robinet dans 
le trou percé au fond du cuveau à lessive, et à travers lequel le 
lochu (voir ce mot) coule goutte à goutte : Mon dugin gn'ast pas 
aissez gros : % ne remplit pas bin le trou } et mai buie vai trop 
vîtïea (Mon dugin n'est pas assez gros; il ne remplit pas bien le 
trou, et ma lessive coule trop vite). — De duzil, douzil, au 
moyen-âge, cheville de tonneau, robinet, canal, fontaine, comme 
fragin de fraisil... « Puis à bouillons fumeux le faisaient doisil- 
1er » (ou doosiller), Remy Belleau, les Vendangeurs. — Du latin 
ducere f 

d'u vient? expression interrogative, pourquoi : fia vient que tu 
fiées pas venun? (Pourquoi n'es -tu pas venu?) Et la réponse se 
fait souvent en répétant la même expression : D'il vient çai (A 
cause de cela), quand on n'a pas d'autre réponse à donner ou 
qu'on n'en veut pas donner une. On répond aussi dans le même 
cas : Ai cause de çai (A cause de cela). — De d'où vient. 

*bait, n., ébat, plaisir, divertissement : r prend us èbaits ai lai 
sourdingne (Il prend ses ébats à la sourdine, en cachette). 

toÉCHEB. v., donner la becquée, nourrir un jeune oiseau. 

&BEURLU, adj. et part, pass., ébloui par le soleil, par une lumière 
vive, aveuglé : J'aivôs Vsero dans les aux, je ne voyôs pus 
quiair, j'itos èbeurlu (J'avais le soleil dans les yeux, je ne voyais 



Digitized by 



Google 



l 



PATOIS DK LA FORÊT DE CLÀIHVÀUI 143 

plus clair, j'étais ébloui, aveuglé). — Ebeurlui, ébloui, aveuglé, 
Thév. 

èbkurlurb, v., éblouir, aveugler en projetant un reflet de lumière 
sur les yeux. — Voir èbeurlu. 

èblonder, v., couper les branches inutiles d'un arbre ou d'un 
arbrisseau, élaguer, émonder; couper l'extrémité, la cime des 
rami lions d'un fagot pour l'ajuster; tondre. On èbionde un balai, 
une haie vive ou morte, un arbre, une perche, une baguette, 
etc. — Eblonder, ou élaver, élaguer un arbre, Gros. — De bion, 
tige, scion dans quelques pays? 

ébouler (s'), v., accoucher : Eulle vai bintôt s'ébouler; eulle l ast 
éboulée (Elle va bientôt accoucher; elle est accouchée). — Voir 
débouler. 

èbrannbr et s'èbranxkr, v., se branler, se balancer à la balançoire, 
à la bascule ou branloire, à l'escarpolette, etc. : Èbranne-me, 
c'est-à-dire pousse la balançoire. Une des manières les plus 
simples de s'èbranner deux ensemble consiste à placer une planche 
en travers sur un limon de charrette, sur une lisse de clôture, 
etc., et à s'asseoir chacun d'un bout en imprimant un mouvement 
contraire : quand l'un monte l'autre descend. On se sert aussi 
d'une voiture dont on abaisse et relève alternativement les limons; 
cela s'appelle en particulier sauter aux limons. 

(La suite au volume suivant). 



Digitized by 



Google 



Digitized by 



Google 



MÉMOIRES 



r w 



SOCIETE ACADEMIQUE 

D'AGRICULTURE 

DES SCIENCES, ARTS ET BELLES -LETTRES 
DU DÉPARTEMENT DE L'AUBE 



TOME L DE LA COLLECTION 
TOME X XIV. — TROISIÈME SÉRIE 



ANNÉE 1886 



TROYES 

LIBRAIRIE LÉOPOLD LACROIX 

83, ftUB KOTRC-DAMB 



Digitized by 



Google 



Digitized by 



Google 



GKLOSSA.IRE 1 



DU 



PATOIS DI LA FORÊT DE CLAIRVACX 

fa m 
M. ALPHONSE BAUDOUIN 

MIMBftE ASSOCIÉ DE LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE DC l'àUBI 



êbrànnot, n., tout ce qni sert pour s'èbranner, balançoire, bran- 
loire, escarpolette : Viens don, je vous faire ein èbrannut, c'est- 
à-dire nous allons construire une balançoire, une bascule, etc. 

tBHiQUER, v., écorner, enlever un morceau, une brique (voir ce 
mot), d'un objet fragile quelconque, outil, pierre, etc., en parti- 
culier d'un vase de terre, d'une assiette, etc. : fai èbriqué mai 
terringne en lai laivant, c'est-à-dire j'ai écorné, cassé ma ter- 
rine, etc. Eune tape pas su les piarres d'aiveu ton piochot, tu fa- 
briqueras (Ne frappe pas sur les pierres avec ton piochot, lu y 
ferais des dents, tu l'ébrècherais). Quand il s'agit d'un tranchant, 
on dit plutôt èbroquer. — Voir èbroquer et escat % moucher. 

àBROQué, part. pass. qui se prend nominat., brèche-dents : Tast 
èbroqué, c'est-à-dire il est brèche-dents, il lui manque des dents. 
Oh, le peut èbroqué t (Oh, le vilain brèche-dents I). 

èbroquer, v., ébrécher : Prends gade d' èbroquer mon rasoi (Prends 
garde d'ébrécher, de faire des dents à mon rasoir). — Voir èbrU 
quer. 

écaille, n., copeau. — Voir copeloL 



1 Voir le volume précédent des Mémoires, pages 5-143. 



Digitized by 



Google 



8 PATOIS DE LA FORÊT DE CLA1RVAUX 

ècalbr, t., écosser, décortiquer : Ècaler des pois (Ecosser des hari- 
cots). — Vieux français. Ne pas confondre avec èchaller. 

ècalot, n., cosse de pois, de haricots, coque de noix, de noisettes, 
d'oeuf, etc. : Eune breùle pas les ècalots d'œus : çai pue trop (Ne 
brûle pas les coquilles d'oeufs : ça pue trop). — Ecalat, écalot, 
noix dépouillée de son brou, Thév. — Dans quelques villages, 
les coques d'œufs et de noix s'appellent ècraches : Les cacas ïs 
srmt bons et' an-née : an voit les cueuches au traivers des ècraches 
(Les noix sont bonnes celte année : on voit les cuisses à travers 
les coques), c'est-à-dire les coquilles sont minces, les noix ne sont 
pas angleuses. — Ecrache. coquille d'oeuf, Gros. ; ècrage, co- 
quille d'oeuf, de noix, Thév. 

kcciômô, n., ecce homo; s'applique à une personne qui reste immo- 
bile quand elle devrait travailler, s'occuper, remuer; homme 
embarrassé de lui-même, stupide, idiot. 

èchadre, n., écharde, éclat de bois pointu qui pénètre comme une 
épine dans la chair : Airraiche^ne vor et' èchâdre-lai (Arrache- 
moi voir cette écharde-là). — Du vieux français escharde. 

êchaippe (été d'). Voir dèchaippe. 

èchaller, t., ôter le brou des noix vertes : Je vas aibaitte nos cacâs 
et tu les èclialleraies, c'est-à-dire je vais abattre nos noix et tu 
en ôteras le brou. Voir ècaler. — Déchallé, part, pass., amaigri, 
Thév. 

èchallures, n., le brou des noix, quand il est séparé du fruit : 
Jitt'ieu les èchallures su le fumer (Jette les débris de brou sur le 
fumier). 

èchellotte, n. dimin., petite échelle; en particulier espèce d'échelle 
plus large à la base qu'au sommet, qui forme le devant d'une 
charrette à moisson, et à laquelle s'accroche la perche : Je nons 
pas b'sun £ èchellotte : gnai pas dix jarbes en teutl c'est-à-dire 
nous n'avons pas besoin de cet accessoire, car nous n'aurons pas 
une grosse voiture.... — Voir parche. 

êchevotte et êgevotte, n., écheveau : Tai fi\é (fi-ie) vingt èchevottes 
euç't hiver (J'ai ûlé vingt écheveaux cet hiver). 

Tic, tic t tac, prends, 
Les pus belles ègevottes ç'ust pou laisser and. 

(Tic, tic, tac, prends, les plus beaux écheveaux, etc.) 

icHOGNE, n., ennui, tourment, tracas, embarras. — Voir attaine et 
aria, plus employés. — De essoine? 



Digitized by 



j 



tATOIS DE LA FORÊT DE CLAlfcVAGX 

ècholle, n., sonnaille, clairan, clarine, espèce de sonnette on de 
grelot qu'on attache au cou des animaux pâturant dans la forêt, 
afin qu'ils ne puissent s'égarer : Ten aies b'sun comme les leups 
ïs ont b'sun d'écholle y c'est-à-dire tu n'as pas plus besoin de cela 
que les loups n'ont besoin de sonnaille pour se retrouver dans les 
bois. — Du vieux français esquelle, esquille, sonnette? 

èclabi, v. inf. et part. pass. — Voir aiquiari*. 

èclicher, v., fendre en lattes minces; enlever, sur une branche de 
noisetier, des lamelles pour faire un panier, une hotte : F ècliche 
des parchottes pou li faire eunri hotte, c'est-à-dire il fendille des 
perches pour lui faire une hotte. — Voir aussi lever. — De esclis- 
ser, esclicier et esclicher, diviser, séparer, briser, du xn e au xvi 6 
siècle? 

ècloure, v. inf., éclore : Ce n'ast pas de quinze jous que les ougelots 
gn'èclougent (gn'èquiougent), c'est-à-dire il s'écoulera au moins 
quinze jours avant que les oiseaux éclosent. 

èclous, part, pass., éclos : V y ai trois ougelots d'èquious dans le 
nind (Il y a trois oiseaux d' éclos dans le nid). — Voir ècloure. 

ècceur (bailler), dégoûter, révolter l'estomac, provoquer la nausée : 
la vue d'un objet dégoûtant, d'un habit crasseux, etc., baille 
ècœur. — Ecamr, dégoût, répugnance, Gros. — Ne s'emploie 
guère au figuré. 

écœurer, v., provoquer la nausée, dégoûter, au propre et au figu- 
ré, bailler ècœur. 

ÈCŒURjou, adj. et n., petit, chétif, etc. (voir aiquais, aitrâ, chagnâ, 
etc.); ajoute presque toujours à la signification générale de ces 



1 Nous croyons devoir revenir une dernière fois sur cette / mouillée 
et compléter ce que nous avons dît pages 21, 25, 51, 59, 66, 115. 
Nous avons écrit aiquiari à son ordre pour nous conformer à la 
prononciation ordinaire, mais nous pensons qu'on doit orthographier 
ainsi : aicXari ou ècXari. En effet, la plupart des syllabes commençant 
par bl, cl. fl, gl, etc., ont deux prononciations, une commune et une 
à l'usage de ceux qui font de la mêlée. Là où le vulgaire introduit 
généralement le son de l't, bianc, biouque, biufe f quiou, aiqulari, 
saquiot, raquiotté, fieûte, fiée, fiunge, guieunne, guinndon^ giguier, 
etc , les raffinés rétablissent 17, et disent : blanc, biouque, blafe, 
clou, saclot, raclotte, èclari, flûte, fiée, flonge, gleunne, glandon, 
gigler, etc.; ce qui nous fait croire que ce son i vient d'une l mouillée 
aussi bien dans les mots d'origine douteuse, èclari, gigler, etc., que 
dans les autres. 

t. l 2 



Digitized by 



Google 



10 PATOIS DB U FORÊT DE CLAIRVAUl 

différentes épithètes l'idée de dégoût, et se prend d'ordinaire eu 
mauvaise part, tandis que les autres ne sont soavent qu'iro- 
niques, et marquent plutôt la pitié que la colère ou le mépris. 
Mais il est impossible de préciser la nuance exacte de tous ces mots 
qui se confondent souvent dans l'usage. Ècœurjou s'emploie aussi 
quelquefois, dans un sens opposé, pour nâchon, qui se dégoûte 
facilement. — Voir nâchoux et chafrongnoux. 

êcoinsdn, n., gousset; s'emploie pour morceau, corne; petit mor- 
ceau en gousset, en coin, en triangle, d'un vêtement, d'une pièce 
de menuiserie, etc. : On remet ein ècoinson à une épaule de che- 
mise, à une pièce qui n'est pas assez large, etc. ; on enlève ein 
ècoinson à un vêtement qu'on déchire, à un vase qu'on écorne, 
etc. 

ècoler, v., instruire, donner de l'éducation : Ç'ai coûte cher, ein 
enfant I i' faut l'neurri, Ventretenin, le faire ècoler, etc., c'est-à- 
dire cela coûte cher un enfant! il faut le nourrir, l'entretenir (le 
vêtir), le faire instruire, l'envoyer à l'école, etc. — Êcoler, acco- 
ler, Gros. 

ècornifler, v., écorner. {Ècornifler). — Voir èbriquer, èbroquer, 
escarmoucher, etc. 

ècorniflure, n., entaille, éclat, écornure; s'applique au morceau 
enlevé et au vide qui reste. V ècorniflure est plus petite que l'i- 
coinçon ou le modon. — Voir èbriquer, èbroquer, escarmoucher, etc. 

ècôter, v., arracher une branche à un arbre en la tirant de haut 
en bas, de manière à faire une longue déchirure. — Voir ècueu- 
cher. 

ècouer (ou aiccouer?), v., attacher à la queue, attacher un cheval 
à la queue d'un autre pour qu'il suive, et pour n'avoir ainsi que 
le premier à conduire : Ècoue don tes chevaux, t'airaies pus âgé 
de les mener, c'est-à-dire attache tes chevaux à la queue les uns 
des autres, etc. — Escoer, couper la queue, xn% xm% xiv 6 
siècles? accouer, attacher l'un à l'autre, xm e et xiv e siècles? 

ècourcher, v., écorcher, dépouiller. 

âcourchesse, n., écorchure. 

êcourchon, n. dimin., petite écorchure, petite excoriation de la peau. 

êcourchoue, n., équarrisseur; écorcheur, au propre et au Gguré. 

écouter, v., s'emploie pour obéir : ï ne m écoute point toui-ai- 
fait, et* enfant-lai, c'est-à-dire il ne m'obéit point du tout, cet 
enfant-là. 

écouter, v., accoter. — Voir aicouter. 



Digitized by 



/ 
/ 

Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRTAUX il 

êcoutot, n., celui qui écoule aux portés; une espèce de coléoplère 
de la grosseur d'un hanneton, qu'on rencontre souvent dans les 
allées des jardins, et qui s'arrête à chaque instant comme pour 
écouter...., dans quelques villages, couturier. 

ècrache, n. Voir ècalot. — Vieux franc, écruche. 

écrivain, n., insecte parasite do la vigne qui laisse sur le grain de 
raisin des traces ressemblant à de l'écriture. — Ecrivain, eumolpe 
de la vigne, G. et R. 

ècrôlée et cnôLÉE, n., grande averse, trombe d'eau : T y en ai 
cheu eunn ècrôlée ai teut casser, c'est-à-dire il en est tombé une 
averse, etc. ; quantité de fruits qui tombent d'un arbre quand on 
le secoue : ï ai fait cheur eunn* ècrôlée de bloches (Il a fait tom- 
ber une grande quantité de prunes, une averse). On dit aussi 
aiccueulée. — De s'écrouler? 

ècrôler (s), v., tomber, en parlafft do la pluie : Que nuée! enlle 
vai s' ècrôler par ici (Quelle nuée! elle va tomber, s'écraser par 
ici). S'ècrôler, s'écrouler, tomber en général : An dirot quel* temps 
vai s'ècrôler, cheur... Lai majon s'ast ècrôlée (On dirait que le 
temps, le ciel va tomber... La maison s'est écroulée). — Voir 
crôler. 

ècrôlis, n., amas de choses éboulées, éboulis, ruines; carrière, ter- 
rain, etc., miné, écroulé. 

ÈcnocTENKR (ou AiCRouTBNER?). Voir aitailener, môme sens. 

ècubllottb, ÊTiELLOTTE et ÉTiuELLOTTE, n. dimin., petite écuelle, 
petite tasse, petit creuset. 

ècueucher, v., écuisser, arracher une branche d'un arbre, un ra- 
millon d'une branche, une fleur de sa tige, etc., en les écartant 
violemment, en les tirant de haut en bas, de manière à faire une 
longue déchirure. Ou dit aussi ècôter. — Ecueàcher, écuisser, 
Gros. — De cueuche, cuisse. 

ècoiioure, n., écumoirc. 

êctjreu, n., écureuil. Botte iècureu, nid d'écureuil. 

èdane, n., taloche, coup violent, principalement à la tête; coup 
reçu par mégarde plutôt qu'autrement : En m'eurlevant je me 
seûi baillé V • bonne èdane dans le mantieau de lai chemingnée 
(En me relevant je me suis donné une bonne taloche dans le 
manteau de la cheminée). — Edarne ou éderne, coup de poing» 
Gros. ; édarne, éderne, coup de poing, Thév. 

f Beillé n' bonne pour eunne bonne. 



Digitized by 



Google 



12 PATOIS DE LA FORÊT DE CUIR VAUX 

êdàni, y. infinit, et part, pass., donner une èdane, rendre dane 
d'une taloche, d'un coup; étourdir, assommer; étourdi, assommé : 
Èdanis-le don d'ein coup de poing. Tu ne pouyôs pas Vèdani, Vè- 
tourdi ! V mai aittraipée d'aiveu son bâton, ï m'ai èdanie, aillez t 
fat cheu et je me seus èdani (Assomme-le donc d'un coup de 
poing. Tu ne pouvais pas l'assommer, l'étourdir? Il m'a attrapée 
avec son bâton, il m'a étourdie, allez! Je suis tombé et je me suis 
assommé). — Voir dane. 

ègland (ou aigland?), n., gland. (Èguian). — De lai glande 

èglioe, n., église. (Èg-\ige). — Eglige, P. T.; églije, ch. de n. 

ègouer (**), v., s'engouer, s'étouffer en mangeant trop vite ou en 
mangeant sans boire; on est ègoué, on s'ègoue quand la bouchée 
semble s'arrêter dans la gorge, ou descendre à grand peine. Ne 
pas confondre avec s'ètraingler (s'étrangler), avaler de travers, 
avaler par la trachée. — Vieux français agoué, dégoûté. 

ègoutter et êgouttier (lâcher), express, qui signifie laisser finir, 
passer, achever complètement; attendre même un peu après le 
dernier coup sonné, par exemple, la dernière goutte tombée : 
Lâche du moins ègoutter meidli, devant que de goûter, c'est-à-dire 
attends du moins que les derniers coups de midi soient sonnés 
avant de goûter. 

êgouttîs, n. fém., égouttures, les dernières gouttes qui tombent de 
quelque chose qu'on presse, qu'on fait ègoutter; endroit maréca- 
geux d'un champ où l'eau s'égoutte. — Voir rnouillére. 

ègoutton, n., les dernières gouttes de liquide d'un vase, et en par- 
ticulier le vin resté au fond d'une cruche, d'un verrre, etc. : 
Gnai pus quein ègoutton dans lai cruche. Bois don ct'èrjout ton-lai 
pou qui ne sot pas pèdu (Il n'y a plus que quelques gouttes dans 
la cruche. Bois donc ce reste là, afin qu'il ne soit pas perdu). 
Ne pas confondre avec êgouttîs. 

ègrumer et ègrummer, v., égrener des raisins, détacher les gmmes 
ou grains de la rafle. 

ein, art., un. Nous avons dit ailleurs pourquoi nous adoptions cette 
orthographe. L'adjectif numéral se prononce bien un, et il n'y a 
que l'article qui sonne in. — Eing, in, oinl P. T. 

eincher et einger, v., communiquer, produire, créer, contaminer. 
On dit qu'une maladie s'einche, c'est-à-dire se communique, est 
contagieuse; que le fumier einche de mauvaises herbes dans un 
champ, etc. — Enger, communiquer. Gros. ; enger, donner de 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 13 

l'engeance, Thév. — Voir congri. — De aenger, enger, multi- 
plier, croître? ou de enge, race? vieux français. 

bin peu prêks, loc. adv., pour ai peu pries, à peu près. 

elgi (ou aillegi?), t., iof. et part, pass., alléger, allégé : Ote don 
quéques piarres de dessus ton caimmion, pou l'elgi. J'ai rongné 
l'moinge de mai pioche, çai l'ai ein poicho elgie (Ote donc quelques 
pierres de dessus ton camion, pour l'alléger. J'ai rogné le manche 
de ma pioche, ça l'a rendue un peu moins lourde). — Elgir, 
alléger, Gros. 

éloquence et loquencb, n. Voir loquence. 

EMBARBouiLLÉ, adj. et part, pass., barbouillé, sale, souillé; enfant 
qui a la figure malpropre : Vai te laiver, peut embarbouillé t 
c'est-à-dire va te laver, vilain salel 

embarbouiller, v., barbouiller, salir. Embarbouiller une affaire, 
l'embrouiller. 

embaruficoter, v., emmêler, embrouiller. Se dit particulièrement 
de cordes, de ficelles, de fils : Je ne peux pas défaire euce paquet- 
lai : comment que çast don embarlificolé? (Je ne peux pas défaire 
ce paquet-là : comment est-ce donc attaché, noué, emmêlé, etc.?) 

— Emberlificoter, même sens, Thév. — Voir charbouiller. 

embarras {cen'ast pas l\ ou ce nast pas lai /*), expression qui veut 
dire: après tout, peut-être, vous pourriez bien avoir raison, toute 
réflexion faite, etc. : Sifaillains faucher aufd'heu? — F vaurot 
peut-éte meux ailler aux vingnesf... — Ce n'ast pas l'embarras, 
çai presse bin éteut, les vingnes, c'est-à-dire si nous allions faucher 
aujourd'hui? — Il vaudrait peut-être mieux aller aux vignes? 

— Je crois que vous avez raison, les vignes pressent beaucoup 
aussi. 

embarrasser une fille, la rendre enceinte. 

bmbeurber, v., embourber; s'embeurber, se crotter, se fourrer dans 
la bourbe; amasser des bottes à ses chaussures. — Voir s'empâ- 
ter. Embeurber se dit plutôt d'une boue liquide. 

embburbure, n., boue amassée au pantalon ou aux chaussures. 
Voir embeurber et empâture. 

emblave, n , emblavure : l'y ai des belles emblaves dans ces pays-ci 
c't'année, c'est-à-dire les champs sont bien emblavés, les récoltes 
sont belles, promettent. 

embouchure, n., la partie de la circonférence d'une miche de pain 
qui a touché une autre miche dans le four, baisure. 



Digitized by 



Google 



14 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 

EMBROuiLLis et BRouTLLis, il., chose embrouillée, embrouillement, 
brouillamini. — Vieux franc, broillis. 

èmier, v., mettre en miettes, émietter, écraser : Èmier du pain 
dans du lait, c'est-à-dire émietter du pain, etc. — Voir èmioler. 
— De esmier, vieux français. 

èmioler et èmiotter, v. dimin., émietter; en particulier, émietter 
du pain, très fin, dans du vin ou dans du lait, pour faire ce 
qu'on appelle une miolée. — Èmier, mettre en miettes; èmiotter, 
mettre en miettes plus fines; et èmioler, en miettes plus fines 
encore 

BMMARGOULOTTBR (OU ENMARGOCLOTTER?) et «'eMMARGOULOTTER, V., 

entortiller, s'entortiller le cou, les oreilles, le menton, avec un 
mouchoir, un foulard, un cache-nez en frileuse, en fanchon, 
s'emmitoufler la loto : Eulle l ast toujous emmargoulottée comme 
t'ï faijol cent pieds de gelée (Elle est toujours emmaillotée, emmi- 
touflée, etc.). — Voir margouloite. 

emmarrer (*'), se mettre en train, se mettre à une besogne, la com- 
mencer : Nous vlai emmarrés, çai vai bin ailler, c'est-à-dire nous 
voici en chemin, en train, en bonne voie, le plus difficile est fait, 
etc. Je gaingnerai mon procès, Vaiffaire s'emmarre bin (Je gagne- 
rai mon procès, l'affaire débute, commence, se présente bien). 

emmoinger, v., emmancher. — Voir dèmoinger et moinge. 

êmoochotte, n., chasse-mouche, tout ce qui sert à émnucher; pro- 
prement, une queue de cheval emmanchée qui sert à émoucher 
les chevaux pendant qu'on les ferre. — Voir barbotiot. 

èmoutteler, v., émotter, briser les moites. — Voir moût te. 

emparcher, v., cartayer, faire suivre aux roues d'une charrette, 
dans les mauvais chemins, une ligne parallèle à l'ornière, pour 
donner moins de tirage aux chevaux : L'ornière eulle l ast trop 
creuse, emparche, c'est-à-dire l'ornière est trop creuse, mets à 
côté, cartaie. 
\ empâter («'), v., s'embourber dans des terres grasses qui tiennent 
aux chaussures en formant des espèces de patins, des bottes (em- 
pâtures) : Quand an ast empâté, eh bin, an se dèpâte, si an ne veut 
pas se tode les paittes (Quand on est embourbé, eh bien, on se 
débourbe, si on ne veut pas se tordre les pieds). — Voir embeur* 
ber. 

empature, n., môme signification que dèpâture, avec cette différence 
que Y empature tient encore aux chaussures, tandis que la dèpâ- 
ture est ôtée, séparée. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DB CLAIR VAUX 15 

empiété (cul), n. corn p., cul de jatte, probablement parce que ces 
sortes d'estropiés se traînent sur une espèce d'escabeau qui forme 
pied. 

bmpiger et bmpiéoer, v. Voir entraiper, même signification. — De 
piège? ou du vieux français empiger, enduire de poix? 

emplâtre, n., emplâtre, emplâtre. (Empiâtre). 

empli, v., inf. et part., emplir, empli; de même les dérivés. (Em- 
pAî). Au subj. : que \empliche, etc. Dans ces verbes, on prononce 
quelquefois l'r final de l'infinitif, ce qui est une exception. 

empoîcher, v., empêcher. De même dèpoîcher, dépêcher. 

KMPouiLLER (s'), taller, se garnir; se dit des emblavures en général : 
Ein blé (bié) bin empouillé, c'est-à-dire bien dru, qui couvre son 
terrain). Mon treufegnèlot pas aissez fort, mas ï cmence ai s'em- 
pouiller (Mon trèfle n'était pas assez épais, assez dru, mais il 
commence à taller, à garnir son terrain). On dit de même que le 
champ s empouillé, qu'il est bien empouillé. — Empouillé, pré 
bien garni d'herbe, Gros. — Vieux français empoillier, empouil- 
lé, même sens. 

emputer, v., empuantir, répandre une mauvaise odeur; s'emputer, 
se corrompre, se gâter. On dit plutôt encarner et s'encarner. 

bnaigri (s'), v., s'aigrir : Note vin % s'asl en-aigri (Notre vin s'est 
aigri). — De enegrir, même sens, vieux français. 

encarner et s'encarner, v., empuantir, répandre une mauvaise 
odeur; se corrompre, s'empuantir. Se dit plus particulièrement 
de la viande : V lai de lai char encarnée qui encarne lai majon 
(Voilà de la viande empuantie qui empeste la maison). Cependant 
on dit aussi : Ole don ces soti\iers4ai, ïs encarnent, c'est-à-dire 
ils puent, ils empestent. 

bncharbouillbr (s), v. Voir charbouilUr (se), même sens. 

bncharcouer (s 9 ), v., se dit d'un chien et d'une chienne qui se 
lient : Les vlai qui s'encharcouent ; ¥ s sont encharcoués. 

bnchargrr (*') et s'ençarger, v., se charger : Euje m'encharge de 
lu (Je me charge de lui). J' m'en ençarge de li /'.... sai pile, 
c'est-à-dire je m'en charge de, etc. 

bnchateler, v., grouper par rangs les objets, les uns sur les autres, 
comme un château de cartes; remplir par dessus les bords en 
empilant : l'ai comblé lai mesure de pommes de terre, i' les ai 
enchâtelées, c'est-à-dire il a comblé la mesure de pommes de 
terre, il les a empilées par dessus bords. On dit aussi enfraîtier. 

bnghouer, v., chauler : J'ai enchoué mon bié ce maitin d'aiveu du 



Digitized by 



Google 



16 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRTAUX 

vitriol. J'ai prins du vitriol euç't'an- née pou enchouer, c'est-à- 
dire j'ai chaulé mon blé ce malin, etc. 

inclime et enclibumme, n., enclume. (Enc-\ime). 

inclos, n., enclos. (EnquiS). 

engo, adv., encore. 

bncrotter, v., synonyme dépréciatif de enterrer. On encrotte un 
chien. 

endêvé (éle endêvé pou....), expression qui signifie être enclin à, fort 
pour, etc. : Tast endêvé pou ailler pieds dèchaus, tête nûn, c'est- 
à-dire enragé pour aller pieds nus, tête nue. Absolument, été 
endêvé, être vif, remuant, éveillé, endiablé : T chante, % boit, ï 
fait rire, i'ast endêvé à ï ailleurs l 

endormin, v., inf. et part, pass., endormir, endormi; s'endormin, 
s'endormir. Aivoi lai jambe endormin, avoir la jambe engourdie 
(voir aivoi les frommins). De Veau endormin, de l'eau entre 
froide et tiède, presque tiède. 

endormoub, n., enjôleur, endormeur, flatteur, habile à persuader, 
finaud qui s'y prend adroitement pour arriver à ses fins. — Voir 
enjôloue. 

enfilée, n., enfilade, rangée, longue suite de choses, mots, apparte- 
ments, arbres, maisons, etc. (Enfi-iéé). 

bnfraîtibr et renfraîtier, v., combler, en mettre par dessus les 
bords, en empiler de manière à former comme un faite. (Enfreî- 
tié). — Voir enchâteler. 

BNGiGoiNNBR ET BNGiGoiNGNER, v., emmêler, entortiller, mettre à 
l'envers; arranger, disposer, agencer maladroitement. S'em- 
ploie comme embarlificoter, mais d'une manière plus générale : 
Comment don que (aies engigoinné les traits de lai charrue, que je 
ne peux pas les défaire? c'est-à-dire comment as-lu donc disposé, 
emmêlé, arrangé, etc.? Une mère dira à sa petite fille : Comme 
fengigoinnes don tai fille, vai! Tu n'aies potUiant pas Vaidreusse 
de l'haibiller! (Comme tu fagottes donc ta poupée, va! Tu n'as 
pourtant pas l'adresse de l'habiller!) — Engigorné, embrouillé, 
intrigué, Gros. ; engigorner, enrouler, entortiller, Thév. — De 
engin, ingeniumï 

engimellb, n., se dit avec mépris d'un instrument, d'une machine 
peu commode, inconnue, compliquée, ou dont on ne sait pas se 
servir : Des sécateurs pou tailler ? Eunne belle engimelle ! J'aimme 
enco meux mai sarpotte (Des sécateurs pour tailler? Un bel 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 17 

outil? J'aime encore mieux ma serpette).— De enginî — Voir 
manique. 

knglauder, v., séduire, persuader à laide de belles paroles, de 
promesses : /' mai enguiaudé; euje \i ai vendu mai vingne moins 
qu'eulle ne vaut. Séduire une femme (voir engueuser); mais en- 
g\auder est moins dur et implique plus de finesse que de vraie 
fausseté. — Tromper comme on trompe un Claudel 

engoler et engouler, v., avaler gloutonnement, d'un trait, sans 
mâcher : ï ne Us mainge pas, les cerèges, i' les engoule, ï les boit 
(Il ne les mange pas les cerises, etc.). — Angouler, avaler d'une 
bouchée, Gros. — Vieux français. 

ENGUBUSBR, v., séduire, tromper par de belles paroles, des promesses 
menteuses. Ne se prend qu'en mauvaise part, et se dit particuliè- 
rement de l'action de séduire une femme : F l'ai engueusée, et 
petits t" Vai lâchée lai, c'est-à-dire il l'a séduite, puis abandonnée. 
On dit aussi eng\auder. — Engueuser, enjôler, pateliner, ama- 
douer, Gros. 

bnjôloue, n., enjôleur, séducteur. 

nufACHBR, v., lier le chanvre en bottes (mâches) pour le mettre 
rouir. — Vieux franc, emmaser, mettre ensemble? 

isiiENRi et renmbnri, v., inf. et part, pass., devenir plus maigre, 
de moins bonne mine, plus affaibli : ï en-menrit, c'est-à-dire il 
devient plus maigro, plus faible, il diminue de force, d'embon- 
point, il dépérit : Y ast ren-menri 9 c'est-à-dire il est devenu plus 
faible, etc. — Voir menre. 

ennater et RiwAiTER, v., exciter deux rivaux l'un contre l'autre, 
pousser à la lutte, dresser contre; semer la dissension. On en-note 
un chien contre un chien, un homme contre un homme, pour 
les amener à se quereller, à se battre : Mon homme i' m'ai baiU 
tue; c'ast sai mère qui l'en -note d'aiprées moi, c'est-à-dire c'est sa 
mère qui l'excite contre moi. 

EimiXAuvER, ou engneauvbr (*'), ▼., s'emplir d'eau, d'humidité, à 
la façon d'une éponge; en parlant des fruits, des légumes, devenir 
aqueux par suite de l'humidité de l'année : Tu lâches ton bois ai 
rhus, % sennieauve, ï se peurit, c'est-à-dire tu laisses ton bois 
dehors, à découvert — à la porte — il s'humecte, prend l'eau, 
se pourrit. Les pommes de terre ne vauront rin; i* ai trop plu 
(ptu), l'année eulle l ast zeue trop moulle, tout ast engneauvé (Les 
pommes de terre ne vaudront rien; il a trop plu, l'année a été 
trop molle, tout est plein d'eau). — Du mot eau? 



Digitized by 



Google 



18 PATOIS DE LA FORÊT DE GLA1RVAUX 

ennutoub, n., celai qui ennuie d'habitude : Têts ein ennuyoù, 
c'est-à-dire ta es un ennuyeur, an fâcheux. Ici le féminin est 
ennuyoure. 

ênnuyoux, adj., ennuyeux : Vlai eunn' ai ff aire bin ennuyouse, 
c'est-à-dire une affaire bien ennuyeuse. 

enréde (ou enraide?), adj., tôtu, opiniâtre, cabochard : Tast enréde 
pou lai poinne, têtu comme ein chaît borne, c'est-à-dire ii est tôtu 
pour la peine, tôtu comme un chat borgne. — Vieux franc, en- 
réde, errede, enrederie, enrestie. 

\ enrédi (ou enràidi?), t., inf. et part., s'obstiner, s'entêter, soute- 
nir avec trop de persistance : Oh, si ï enrédit, ce n'ast pas lai 
poinne d'essayer de le vainque, c'est-à-dire oh, s'il s'entête, ce n'est 
pas la peine d'essayer de le convaincre, de lutter.... V m ai en- 
rédi çai, c'est-à-dire il m'a soutenu cela, etc. 

enrédige (ou enraidigb?), n., entêtement, obstination : V ai teut 
pèdiu pa son enrédige, en piaidiant (Il a tout perdu par son obs- 
tination, en plaidant). — Les beaux parleurs prononcent enrè- 
dise. — Vieux français enrederie ? 

enrouter, v., être arrêté en route par un obstacle. Au propre, un 
charretier enroute, est enroulé, quand sa voiture est arrêtée, 
immobilisée par les difficultés du chemin, embourbée : Eul che- 
min i'ast bin méchant, prends gade d enrouler (Le chemin est bien 
mauvais, prends garde de t'embourber, d'être arrêté, enrayé). 
Par analogie, on dit à un enfant qui s'arrête en lisant devant un 
mot difficile : Te vlai daji enrouté? Tenroutes daji? c'est-à-dird 
te voilà déjà arrêté par les difficultés? Tu t'arrêtes déjà? — Par 
opposition à être arrouté, sarroutert ou par corruption et mau- 
vais emploi de ce vieux mot? — Enhotter, embourber, Gros.; 
enrotté, G. et R.; enhotter, embourber, Thév. 

ekroybr, v., enrayer, tracer les deux premières raies d'un champ. 

entaille, n. ; outre le sens français, ce mot désigne à proprement 
parler la ligne, la raie, le petit fossé, V entaille enfin qui sépare, 
dans une vigne, un champ, etc., qu'on est en train de cultiver, 
la partie déjà labourée de celle qui reste à labourer : V ne faut 
pas faire eunne si large enteille. Quand on cultive avec la bêche, 
Xenteille se nomme jauge. Entaille, en général, chantier : 
J'eurtonne ai mon enteille, c'est-à-dire je retourne à mon chantier, 
ou plus exactement, je retourne à l'endroit juste où je dois re- 
prendre mon travail, à la raie de séparation. Entaille, coupure : 
/' s'ast fait V bonne enteille, eunne bonne bout'nére (boutonnière), 



Digitized by 



Google 






PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 19 

c'est-à-dire une large coupure. — Anteille, L. C; entaille, taille 
de la vigne!!! P. T. : entaille, G. et R. 

bntaincher, v., étancher : Y ai entainché lai fontainne, c'est-à-dire 

il l'a étanchée, empêchée de couler. Euje saingnôs au nez qu'an 

ne pouyot pas entaincher le sang, c'est-à-dire je saignais du nez 

tellement qu'en ne pouvait pas étancher le sang. 
bntbsser, v. entasser, presser : Enteusse bin les vagins dans lai 

hotte pou qui* en tienne daivantaige (Entasse bien les raisins dans » - ^ ,. ^ £_ M\* 

la hotto pour qu'il en tienne davantage). Absolument, arranger ' ; j " ^ 

en meule, dans la grange, les gerbes au fur et à mesure qu'on /. ^ 

les rentre : J'ai ent'sé les deux voitiures tout de suite (Le* beaux 

parleurs disent entisser). J'ai ent'sé tote lai jonnée, c'est-à-dire 

j'ai entassé, mis des gerbes en recule, toute la journée. Entesçer, 

placer, disposer le lingo dans le cuvier (tenot)> avant de couler 

la lessive : J'ai ent'sé mai buie hier au sor. — Ennontrer, arran- 
ger la lessive dans le teno, Gros; encontrer, même sens, Thév. — 

— Voir tisse et poule e. 
enteummer, v., entamer : Entun-me lai miche (Entame la miche). 
enteummon, n., entame, entamure; premier morceau de pain coupé 

en segment à la miche : Mets l'entun-mon de lai miclie dans lai 

besaice, c'est-à-dire mets l'entame, etc. 
entômi, adj. et part, pass., endormi, lourd, peu alerte, la tête dans 

les épaules : Lu, courre aussi fort que moi? Mas ç'ast ein gros 

entômi! (Lui, courir aussi fort que moi? Mais c'est un gros 

lourdaud, un endormi!) Aivoi ein braîs, eunne jambe entômie, 

avoir un bras, une jambe engourdie, endolorie. Dans ce dernier 

sens, quelques-uns disent entumi. — Anthumi, engourdi, Gros.; 

eniemi, engourdi, endolori, Thév. — Vieux français entômi. 
entômi (s'), v., s'engourdir, rester immobile, etc. — Voir entômi, 

part. pass. 
entraipb, personne inutile qui gêne, emplâtre; embarras, obstacle, 

particulièrement ce qui peut faire trébucher ou tomber en embar- 
rassant les jambes. On dit à un enfant qui vous barre le chemin : 

Ote-te don de lai, entraipet — Voir s entraiper. — Entrape, em- 
barras, Gros. ; entrape, personne peu agile, Thév. 

entraiper (**), v., s'embarrasser les jambes dans une branche, une 
corde, une ronce : Euje me seûs entraipé dans eunn aironce et 
j'ai cheu, c'est-à-dire je me suis embarrassé dans une ronce, et je 
suis tombé. Entraiper ein chevau, lui attacher le bout de son li- 
col, de sa longe, à une jambe de derrière, pour qu'il ne puisse 



Digitized by 



Google 



20 PATOIS DE LA FOBÊT DE CLAIR VAUX 

s'enfuir, l'enheurder. On dit aussi empiger. — Entraper, embar- 
rasser, Gros. — Du vieux français sentrailter, se prendre dans 
ses traits? 

entreprknre (V) d'aiveu quéqu'un, expression qui veut dire se me- 
surer avec quelqu'un, se disputer, se quereller, lutter, au propre 
et au figuré : N't' entreprends pas d'aiveu moi, tu ne seras pas l'puê 
fort, c'est-à-dire n'essaie pas de te mesurer avec moi, etc. 

bnvacheler, v. 9 mettre dans des tonneaux, dans des vaisseaux. Se 
dit particulièrement et presque exclusivement du vin. — Vieux 
français envaisseler. 

envalkr (^), v., s'embraser, s'enflammer, devenir rouge de cha- 
leur. On dit dans un incendie que le toit s'envâle, quand la flamme 
commence à le dévorer; que V temps ïast envâlé, quand il est 
rouge, enflammé; qu'une plaie s'envâle, quand elle s'enflamme, etc. 

bnvambée, n., élan pour sauter : Penre son envambëe (Prendre 
son élan). — Voir senvamber. 

bnvamber (s'), v., s'élancer pour sauter plus loin, pour franchir un 
obstacle, prendre du champ : SatUerôs-ta bin ce foussé-lai sans 
fenvamber? c'est-à-dire sauterais-tu bien ce fossé-là sans prendre 
du champ, sans te reculer pour mieux t'élancer? — Envamber 
ses braîs en marchant, les balancer, les faire mouvoir comme un 
pendule. F m'ai envambé son bâton, c'est-à-dire il a fait mine de 
vouloir me donner nn coup de bâton, il m'a menacé de son bâton. 
Dans ces deux derniers cas, on dit plutôt vamber. 

knvargbr, v., se dit de l'action de l'ivraie du seigle, varge, sur 
ceux qui en mangent : T y ai du seigle (seigu'ieiï) qui envarge; 
an ast comme si an èlôt gris ou dane; je sens zeû envargé eunne 
fois, c'est-à-dire il y a du seiglo qui.... envarge*! on est tout comme 
si on était gris, comme si on avait le vertige; j'ai été envargé une 
fois. — Enverger, môme sens, Gros. — C'est peut-être l'effet de 
l'ergot qu'on attribue à l'ivraie? 

bnvargillb, n., petit bout de ficelle à nœuds serrés qui se met à 
l'extrémité d'un fouet, d'une verge (varge) : Tai fait sauter mon 
envargille en claquant (quiaquant) trop fort. — Envergée, ficelle 
chargée de nœuds qui termine un fouet, Gros. ; envargie, même 
sens, Thév. 

envelimer et BNVELiMMBR, t., envenimer : Mai copure s'emelime 
(Ma coupure s'envenime). Eune bois pas, gai envelin^merot tai 
p\aie {piaie). — Vieux franc, envelimer. 

enviller (s*), v., s'entortiller ; se dit particulièrement de l'action 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAtJX 21 

de certaines plantes dont les filets, vrilles, cirres, tiges, etc., se 
roulent autour d'un tuteur : les haricots, le houblon, la bryone, 
etc., senvillent d'aiprées les rames, les épines des haies, etc. 

envillures, n., spirales des vrilles, tiges, cirres, etc., de tout ce 
qui est envillé ou s'enville. On dit aussi villures. — Enveuilles, 
tenons de la vigne, etc., Gros. 

bnvirolbr et en virer, v., r ou 1er quelque chose de flexible autour 
d'un centre, d'un cylindre; rouler en spirale : An envirole du fi\é 
(fi-ié) ailentour d'eunne bobingne ou d'aiprées V bobingne, c'est- 
à-dire du fil autour d'une bobine, après une bobine. An envire. 
envirole eunri ousère ailentour d'eunne brainche d'âbre cassée pou 
lai raittaicher, c'est-à dire un osier autour d'une branche d'arbre 
cassée pour la rattacher. Les pois senvirolent ailentour de lai 
raimme (Les haricots se roulent autour de la rame). Dans ce 
dernier cas, on dit plutôt senvillent. — Voir s'enviller. 

envoche, n., poignée de paille dont on enveloppe l'extrémité (cime) 
d'un lien de bois pour en faciliter la torsion, quand on lie de la 
paille, du blé, etc. 

f enyot, n., orvet. — Voir anvot. 

s bnvouléb, n., envolée, compagnie, couvée : Eunn' envoûtée de pi- 
drix (Une compagnie de perdrix). Eunn 9 envoulée d'ougelots, 
c'est-à-dire toute la bande d'oiseaux qui s'envolent d'un coup. 

envouler (s'), v., s'envoler. — Vieux français. 

èpakter, v., épouvanter, faire peur : ï èpante tant %'ast peut, c'est- 
à-dire il épouvante tant il est laid. JP èpante d'aiveu son chien (Il 
fait peur avec son chien). Ailler jusque lai ai paitte, çai m èpante 
(Aller jusque-là à pied, ça m'épouvante). Sèpanler, s'épouvan- 
ter : J'm èpante lai neut (Je m'épouvante la nuit), — Epanter f 
épouvanter, Gros.; épanter, effrayer, Thév. — Espanter du xu e 
au xvi e siècle. 

èpantot, n., épouvantai!, espèce de mannequin, bâtons en croix 
garnis de haillons destinés à épouvanter les oiseaux et à les em- 
pêcher de s'approcher des fruits ou des grains qu'ils pillent. Par 
analogie, on donne ce nom à une personne lourde, difforme, sans 
grâce, taciturne, mal habillée, etc. : Ç'ast ein vrai èpantot; çai 
ne dit rin ai nun (C'est un vrai mannequin; ça ne parle à per- 
sonne). Qiïast-ce que tu restes don lai debout ', peut èpantot ? c'est- 
à-dire debout comme un èpantot, au lieu de travailler, d'aller à 
tes affaires? — Épointeau, épouvantai) d'oiseau, Gros.; èpantot, 
môme sens, Thév. 



Digitized by 



Google 



22 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAÎRVAUI 

êpatter, v M couper, rogner jusqu'au collet les racines, les pieds du 
chanvre arranhé, avant de les mettre rouir : Vlai ein bouchon, 
ein meunnevé de chanve qugnast pas èpatté (Voilà une poignée de 
chanvre qui n'est pas rognée). — De patte? 

êpattures, n., les rognures du chanvre, les racines coupées; les 
menus brins de chanvre avorté mêlés aux mauvaises herbes de 
la cheneviôre : Bouche eul tas d'chanve d'aiveu les èpattures, c'est- 
à-dire recouvre le las de chanvre avec, etc. 

èpenouillkr, v., secouer, dans le sens de réprimander, faire des 
reproches : Ah, tu fais enraiger mon chien, aittends, je vas t'èpe- 
nouiller, c'est-à-dîro je vais le secouer, t'arranger. S'épenouiller, 
se vêtir, s'apprêter, faire sa toilette; ne s'emploiequ'en mauvaise 
part : Aies-tu bintôt fini de t'èpenouiller? J* t'en faut du temps, 
dâ, mâtin t (As-tu bientôt fini de t'apprêler? Il t'en faut, etc.). 
— Voir bichonner. 

èpichon, n., petit ramillon d'osier détaché de la tige principale : 
Cope des èpichom d'aiprées les ousères pou lo'ier les poingniens de 
pois (Coupe des brindilles après les osiers pour lier les poignées 
de haricots). — De épisser, lier, entrelacer : épichon pour épissonf 

êpibr, v., s'emploie pour hésiter, rester incertain, réfléchir trop 
longtemps quand on devrait agir : Mas, qu'ast-ce que l'épies? 
fouS'li don 'n claque (quiaque) (Mais, qu'est-ce que tu hésites? 
flanque-\ui donc un soulllet). On dit aussi èpiloguer, dans le 
même sens. 

êpleuter, v., abréger en travaillant, sans avoir l'air de se presser 
plus qu'un autre; aller vite tout en faisant bien, expédier sa be- 
sogne : Ylai des fauchons qui ép\euteut (èpieutent) tout piun % 
c'est-à-dire voilà des faucheurs qui vont très vite, qui gagnent du 
temps sur leurs compagnons, etc. — Eplèter, aller vite en be- 
sogne, Gros.; épléter, G. et R.; épletter, Thév. — Du vieux 
français espleiter, se hâter? 

èpiloguer, v., s'emploie pour hésiter, réfléchir trop longtemps (voir 
épier); épier dans le sens du français, 'surveiller, espionner, 
tâcher de surprendre uno conversation. — Voir airoiller. 

èpingne, n., épine. Èpingne blainche (biainche), épine blanche, au- 
bépine. 

èpingnotte, n. dimin., petite épine; petit buisson d'épine. 

èpingue, n., épingle. 

èpoulot (ou êpoulo?), n., petite bobine de fil, petite fusée : Euje 
n'ai pas filé ein èpoulot dans toute mon hiver, c'est-à-dire je n'ai 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DB CLAIRVAl'I 23 

pas filé la moindre fusée, je n'ai pas filé du tout. — Do Citai. 
spola, navette? 

èpreunne (ou èperonne?), n., pièce de bois de l'avant-lrain d'une 
charrue, d'une herse, etc., à chaque bout de laquelle on attache, 
on fixe les traits; espèce de palonnier. — Vieux franc, esperonne, 
peronne, peronnete. 

èprou, n. Voir aiprou. 

èprouer, n. Voir aiprouer. 

èquarrî (ou ècarrî?), n., angle extérieur d'un mur : Y s'ast cassé 
lai tête contre V èquarrî (Il s'est cassé la tête contre l'angle du 
mur). Ai l' èquarrî de lai majon, de lai mureille du ceumtère. — 
Ecarts, L. C; écarts^ coin, écart!!! P. T. 

êqueucher, v. Voir ècueucher. 

escargoter, v., broyer, briser, mettre en pièces un ôtre animé : 
Que je seûs don en colère d'aiprées cte chien-lai t (Tailleurs si je 
le tenôs, je Vescargoterôs, c'est-à-dire je le briserais. — Comme 
on traite un escargot sur lequel on marche? ou du vieux fran- 
çais escharbotter, tisonner, ou escarbouiller, écraser? 

escarmouciier et ècarmoucher, v., écorner. On escarmouche une 
assiette, un plat, quand on en enlève un petit morceau par ma- 
ladresse, d'un coup, d'un choc, etc. : Gnai que des aissiettes 
ècarmouchées (Il n'y a que des assiettes cassées, écornées). — Ne 
serait-ce pas plutôt ècarnoucher, de carne, angle? — Voir èbri- 
quer, èbroquer, ècornifler. 

esclipe, n., éclipse : F y ai zeû eunn' esclipe de lungne aivant-z- 
hier, c'est-à-dire il y a eu une éclipse de lune avant-hier. 

escouer, v., secouer : Ah, lu vas te faire escouerpa tai mérel c'est- 
à-dire tu vas te faire secouer, gronder, etc. 

kscousse, n., secousse. 

escueuiller, secouer. — Voir escouer et scueiller. 

espacieux, adj., spacieux; s'emploie pour grand, gros, fort, mais 
plutôt avec la négation et par ironie souvent, quand il y a doute : 
l'ast si fort que çai, et' homme-lai ? ï nast poutant pas bin espa- 
cieux! c'est-à-dire il n'est pourtant pas bien gros, grand, etc., 
enfin, il ne me parait pas si terrible à moi. 

bspadron, n., espadon, sabre. 

bsquelette et esqlette, n., squelette 1 . 

4 La plupart des mots commençant par une s suivie d'une autre 
consonne, changent ainsi s en es, ou plutôt ont gardé leur ancienne 
orthographe. 



Digitized by 



Google 



24 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 

esquinter, v., éreinter. S'esquinter, se fatiguer, s'éreinter. On s'es- 
quinte en travaillant trop, en faisant nne besogne difficile, etc. : 
ï' m'ai esquinté d'ein coup de bâton, c'est-à-dire il m'a éreinté, 
cassé les reins, etc. Euje m'esquinte ai traivoiller pou lu. Euje 
m esquinte ai li causer, i' ne me répond pas seulement (Je m'éreinte 
à travailler pour lui. Je m'époumonne, etc.). — Mot du patois 
général. 

bssarmenter, v., ramasser dans une vigne les sarments taillés. — 
Vieux français essermenter. 

essayon, n., échantillon; se dit exclusivement de la poignée de 
chanvre que le propriétaire d'une rage envoie, après un certain 
temps de rouissage, au dépositaire, pour que ce dernier ait à ju- 
ger si l'opération est terminée et si l'on doit retirer les mâches 
de l'eau. — De essayer, sans doute? — On dit aussi rouichon. — 
Essayon, essai, tentative, Gros. 

essuer et s'essuer, commencer à sécher, à se sécher : Devant de 
mette chochi tai cueuktte au long de note feu, poute4ai daji essuer 
ou s'essuer su lai hae de notejadin, c'est-à-dire avant de mettre 
sécher ta culotte près de notre feu, porte-la d'abord s'égoutter, 
s'essorer, se sécher un peu sur la haie de notre jardin. — De s'es- 
suyer? 

estoc (ce n'ast pas de ton) 9 ce n'est pas dû à ta science, à ton 
adresse, à ton mérite, à ta valeur, etc. On dit d'un homme que 
les circonstances, les intrigues ou les hasards seuls ont favorisé : 
I'ast riche, i'ast zeû décoré, i'ast, etc., mas ce n'ast pas de son 
estoc! c'est-à-dire il n'a pas le mérite d'être pour quoi que ce soit 
dans ses succès; il doit cela à la chance, à la faveur, etc. On 
dit même, contrairement à la signification de ce vieux mot : Si 
i'ast riche, belle en vai son père, ce n'ast pas de son estoc, c'est-à- 
dire s'il est riche, c'est grâce à son père, ça ne vient pas de son 
adresse, de son travail personnel, etc. 

estragot, n., escargot : Estragot, viragot, pitagot, tire tes cônes, 
etc., obscures et menaçantes paroles que les enfants chantent à 
l'escargot qui leur tombe sous la main, dans l'intention de l'obli- 
ger à montrer les cornes, à sortir de sa coquille. 

estropique et ètropique, adj., hydropique. — Vieux franc, ytropice. 
estropisie, n., bydropisie. 

été bin, être bien; en particulier, être à son aise sous le rapport de 
la fortune, être dans une bonne médiocrité: Gnast pas riche. 



Digitized by 



jGoogle 



PATOIS DB LA FOBÊT DE CLAIBVACX 25 

riche, mas i'ast bin, quoi! c'est-à-dire il n'est pas très riche, mais 

il est à son aise. 
èteindb et ètoinde, v., éteindre. Part, pass., èteindu et èioindu; 

part, prés., èteindant et èloindant. 
êtènb, n. Voir aitaine. 
èteut, êtout et ètot, adv., aussi : J'y seul zeû èteut (J'y suis allé 

aussi). Eulle l ast mot\e\x ètot (Elle est morte aussi). — Itou, 

aussi, P. T.; itou, aussi, Thév. 
en (ou AiT-f?), espèce de réponse qu'on fait à un appel, à un ordre, 

soit pour dire me voici, soit pour prier de répéter. — Abrévia- 
tion de plaît-il^ 
ÊTivER, v., étuver, laver légèrement, nettoyer doucement un mal, 

une plaie. 
ètouffûtte, n., étouffoir, éteignoir : rai le nez comme eunn* ètouf- 

fotte ai cierges, c'est-à-dire il a le nez comme un éteignoir à 

éteindre les cierges. 
étourdi, èteurdi et ètordi, v., inGn. et part, pass., assommer et 

assommé : Euje Vétourdirôs d'ein coup de saibot (Je l'assommerais 

d'un coup de sabot). Étourdi, demi-sec, demi-fané : Note foin ï 

vai été bintôt so, i'ast daji étourdi, c'est-à-dire notre foin sera 

bientôt sec, il est déjà fané, demi-sec. 

ètrain, n., paille, litière : Eunne poingnien d'ètrain (Une poignée de 
paille). 1 couche su Vètrain (Il couôhe sur la paille, sur la litière). 
— Vieux français eslrain, du latin stramen, paille, chaume. 

ètbaingb, n., étranger, qui n'est pris de la famille : J'aimme meux 
demander ai des pairents quai des ètrainges, c'est-à-dire qu'à des 
étrangers à la famille. — Etringè, étranger, P. T. 

ètraingler, v., étrangler : Tu vas mètraing\er (ètrainguier) en me 
sarrant tant que çai, c'est-à-dire tu vas m'étrangler en me serrant 
tant que cela. 

iTRODDLE, n., éteule, chaume, esteuble, estouble, étouble, le bout 
inférieur des glumes, le tronc de paille qui reste dans la terre 
quand le blé, l'avoine, l'orge, sont moissonnés. Désigne aussi les 
champs couverts d'éteule: Les beurbis vont dans les ètroubles 
(ètroubieu), c'est-à-dire les brebis vont dans les champs moisson- 
nés. Les sombres et fe.« ètroubles, c'est-à-dire les jachères et les 
champs couverts d'éteule, d'où l'on a enluvô la moisson.... — 
Ètoule et ètouliire, Thév. — Du vieux français estroble, estouble, 
esteule. 

t. l 3 



Digitized by 



Google 



26 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIHVACX 

ètdellk et ètiuelle, il., écuelle, tasse. 

ètuyer, t., enlever les talles gourmandes an pied des ceps de vigne. 
— Étaller, supprimer sur les ceps les pousses inutiles, 6. et R. 

bu, syllabe euphonique qui se place dans certains cas devant diffé- 
rents mots. — Voir page 30. 

eul (ou el, ou eu l'?), art. simple le. Dans certains villages, au lieu 
de eul on dit lu et lou, comme dans le patois du ç'ost. 

bulle, pron. f elle; le aile du patois riceton. — Al, aile, L. C; ol, 
elle, P. T.; aile, G. et R. 

eunne, art. indéf. et adj. num., fém. de ein et de un, une. On pro- 
nonce un -ne : nous n'avons ajouté un e que pour forcer à cette 
prononciation. Eunne par eunne, une à une : Eunne par eunne, 
allons! criait le jeune soldat aux guêpes qu'il était allé provo- 
quer, et qu'il voulait pourfendre avec sa latte. — lue. L* C; 
ine, eine, P. T. 

euriobe et oriore, interj. qu'on emploie pour faire reculer un che- 
val : Euriore, ho, euriorel dit le charretier en repoussant le che- 
val par la bride. — De arrière? — Vieux franc, arrérer, reculer. 

euser, v., user, détériorer : Keuse pas tai cueulotte aigraivi d'ai- 
prées les âbres, c'est-à-dire n'use pas ta culotte à grimper aux 
arbres. 

eusse, n., esse, cheville de fer qui empêche la roue d'une voiture de 
sortir de l'essieu. — Vieux français eusse, heusse. 

eutil, n., outil; objet quelconque, avec dédain : Et t'aies aicheté ce 
chaipé-lai? Ein bel eutil, ma fit c'est-à-dire tu as acheté ce cha- 
peau là? Un bel objet, ma foi ! 

êvoiller, v., éveiller; de même rèvoiller, rèvoil, etc., réveiller, 
réveil, etc. 

fàchelle, n., faisselle, vase de fer blanc cylindrique, percé de 
trous, où Ton fait le fromage; moule, forme à fromages. 

fâches (les), n., la partie nue du tonneau qui s'étend de la bonde 
aux premiers cerceaux, quand le tonneau n'est pas habillé à 
plein, c'est-à-dire n'est pas entièrement recouvert de cercles : Eul 
meud i* en vai dans les fâches, le tonneau fuit, etc. 

fachoux, adj., fâcheux, regrettable. S'emploie souvent ironique- 
ment: Ç'ost bin fâchouxt c'est-à-dire c'est bien fâcheux, tant pis, 
mais c'est comme celai etc. 

fafiots, n., menus copeaux dont on se sert pour allumer le feu. — 
Voir feurluche. 



n 



Digitized by VjOOQlC 



Patois de la forêt de clairvaux &1 

faiche, n., hêtre. (Prononcez feiche). On dit aussi foyard. — De 
fagus. — Vieux français : failhard. — Fayte, fouteau, arbre f 
Gros. 

faîchotte, n. dim., petite feiche. 

faiçon, n., façon. 

fauoue, n. adj., faiseur, fabricant. S'emploie par périphrase pour 
désigner, à l'aide des noms de choses, toutes les professions peu 
connues à la campagne : Ein faijoû de journal; ein faijoû de 
livres; ein faijoû de dragées, etc., c'est-à-dire un journaliste, un 
écrivain, un confiseur, etc. 

fàimingue, n., famine : F crie toujous faimingue, c'est-à-dire il se 
plaint toujours qu'il n'a pas assez, qu'il est pauvre, que les ré- 
coltes vont mal, etc. 

fainniant (ou faingniant ?), adj., fainéant. 

fainniantige (ou faingnantige?), n., fainéantise. 

faire, y., s'emploie au jeu de cartes pour donner, en sous-enten- 
dant sans doute le mot jeux : Ç'ast ai toi ai faire, c'est à toi à 
faire les jeux, à donner les cartes. 

faire (bin), expression qui signifie proprement faire l'aumône. On 
dit à un mendiant : Je n pouions (pou-ions) pas vous bin faire, 
pour : nous ne pouvons rien vous donner; et autrefois on ajou- 
tait : Que V bon Dieu vous V niche I 

fairingne, n., farine : F rit bianc comme f air ingne. (Il rit blanc 
comme farine), c'est-à-dire il est content, il a réussi, il est sa- 
tisfait... Implique d'ordinaire que la personne qui rit a réussi 
par habileté, par ruse, aux dépens d'un autre. 

fait (aivoi), avoir fini . Mas, tu ne traivoilles don pus? — F ai fait; 
c'est- à dire j'ai fini mon travail, ma besogne. — Avoir fait, avoir 
fini, Thév. 

faite (été au), pour être au fait, c'est-à-dire ôtre habitué, accou- 
tumé : Je seâs au faite ai traivoiller (Je suis habitué à travailler). 
/' m'ai dit des sottiges, mas çai m'ast bin égal, j'y seûs au faitïeu. 
— Fait ou faite? En tout cas, on appuie fortement sur le t 
quand on ne le mouille pas. 

faite, (faitieu) part, pass fém. de fait, faite; n., au jeu de cartes, 
tour de donner les cartes, action de les donner : T'aies passé tai 
faitieu, c'est-à-dire tu as passé ton tour de faire, de donner les 
cartes. 

faloter, v., flamber, passer sur une flamme légère : /' ai manqué 
d'été falote; eul feu prenot dans sai barbe (Il a failli être grillé, 



Digitized by 



Google 



28 PATOIS DB LA FORÊT DE CLAIRVAUX 

flambé; le feu prenait dans sa barbe). — De falot? — Voir 
frilltr. 

fandaisse, n., fente, gerçure. Les raffinés disent fandasse. — 
Vieux franc, fandace. 
t / , • fanée, n., farine folle qui s'échappe et se répand partout dans les 

moulins. Les tisserands s'en servaient pour faire leur colle. — 
/ A * Voir pairou. 

far, n., fer. 

farauder, v., faire le faraud, le pimpant, le coquet, l'élégant, le 
casseur, etc. : T met son chaipé su son oroille, % faraude; c'est-à- 
dire il met son chapeau sur l'oreille, etc. 

farbonna et farbana, n., falbala; feston, guipure, volant, etc. : 
Eulle l ai des farbonnas pieun d'aiprèes lé, c'est-à-dire elle a des 
falbalas plein autour d'elle, après su robe. 

faucher, n , le manche de la faulx. — Hante de faulx, Gro3 — 
tient d'épéc, poignée d'épée au xin e siècle. 

fadchot, n., nom général des rapaces, buses, milans, éperviers, etc.: 
J'ai vu ein fauchot vouler au dessus de nos coudrous, c'est-à-dire 
j'ai vu un oiseau de proie voler, planer au-dessus de nos din- 
dons. — De ce que ces oiseaux font de longs traits sans agiter les 
ailes, comme s'ils fauchaient? 

fauchoue, n., faucheur; espèce d'araignée à longues pattes, fau- 
cheux. 

factre, n., feutre. 

fenaisse et fenassb, n., grande herbe sèche des haies, des buissons, 
des friches : Y s'ast levé ein Méve ai coûté de moi dans lai fe- 
naisse, c'est-à-dire il s'est levé un lièvre à côté de moi, dans 
l'herbe fanée. 

fené, adj. et part, pass., fané, flétri, sec : De Vharbe fnée, c'est- 
à-dire de l'herbe fanée, sèche. Mon bouquet s'ast fné, ma fleur 
s'est flétrie. 

fenbr, v., faner, faire du foin : F'ner de lai luzarne, c'est-à-dire 
faner de la luzerne, en faire du foin. Ailler fener t aller faire 
du foin. Se fener, se faner, se flétrir, se dessécher : Tout se 
feunnerai, si ce temps lai dure (Tout se fanera, etc.). — Voir 
flâtri. 

feu d'enfer et d'enfar, n. compos., coquelicot (papaver rhœas). 

feuillot, n., feuillet : Tonne eut feuillot, c'est-à-dire tourne le 
feuillet. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DB LA FORÊT DE CLAIRVAUI 29 

feuiixots et FEuiLLOTTES, n. dimin., petites feuilles, spécialement 
les jeunes pousses de navette qu'on mange au printemps en guise 
de choux : J'ai mins des feuillots (ou des feuillotles) dans note 
pot, c'est-à-dire j*ai mis des feuilles de navette, etc. 

feulie, n , folie : /' ast dans ses feûlies, ou ses feûlies le tiennent, 
c'est-à-dire il est dans ses folies, dans ses jours de caprices, d'ex- 
travagances. Eunne chienne en feulie, une chienne en chaleur. 

feulaine, (ou feulinne ?) n , feu do paille, de chenevottes, de 
menu hois, qu'on allumait autrefois à l'un des bouts du vil- 
lage, ou sur la place publique, le premier dimanche de carême, 
pour brûler Carnaval. — Feuline, feu de réjouissance, Gros. 

feu nomène, n. composé, phénomène. Eul temps i'ast teut rouge, 
çast ein feu nomènne. 

feurcin, n., farcin, sorte de gale. 

feurcingner et se FEuaciNGNER, v., se gratter, se frotter le dos con- 
tre sa chaise, faire des mouvements forcés pour que les habits 
frottent la peau où cela démange : Qu'ast-ce que tu feurcingnes, 
ou te feurcingnes, don ? Eust-ce que Vaies des poux dans tai che- 
minge? c'est-à-dire qu'est-ce que tu te remues, que tu te frottes 
donc ainsi, etc. — De feurcin ? 

feurdailler, v., jeter, lancer un objet, particulièrement un bâton, 
de biais, en fauchant, au travers de quelque chose qui laisse 
passer tout en offrant une certaine résistance, et en faisant gé- 
néralement dévier... N'ayant pas de synonyme en français, ce 
mot est très difficile à définir... On feurdaille ein bâton, eunne 
poingnien de piarrottes, etc., au traivers d'eunri hâe, d' eunne 
chenevêre, pa les paittes d'ein chien; on feurdaille ein bout de 
charbonnette pa les brainches d'ein châne, etc. Par analogie, on 
dit que la pluie, la grôle feurdaillent pa les vingnes, les bois, d'ai- 
prèes les vitres, etc., peut-être à cause de la répétition de l'ac- 
tion. On confond quelquefois feurdailler avec veurdailler. Ces 
vocables d'ailleurs paraissent avoir un radical commun. — Feur- 
dailler, L. C. — Feurdailley, percer, casser (!!!) P. T. 

feurgon, n., fourgon, instrument pour attiser le feu dans le four : 
/' ast nor comme ein feurgon, c'est-à-dire il est noir comme... Se 
dit par analogie d'une femme malpropre, qui s'agite beaucoup, 
qui se fourre partout, qui n'a pas le temps de faire sa toilette : 
Que feurgon ! 

feurgon.ner, v., fourgonner; exciter, tracasser, aiguillonner; fouil- 
ler maladroitement dans quelque chose. S'emploie particulière- 



Digitized by 



Google 



30 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVACX 

ment quand il s'agit du feu : Eune feurgonne pas note feu (Ne 
tisonne pas...) — Voir feurguger, feurguillei; fonnoiller, etc. 

— Vieux franc, furger. 

feurgonnoue, n. adj., celui qui feurgonne. On dit de même/ipur- 
gujoû, feurguilloû, feurguignou, etc. 

FEURGUGER, FEURGU1LLER, FEURGUIGNER, FBURGUINGNER, V., aiguil- 

lonner, fouiller, tâtonner. Ces mots s'emploient dans le môme 
sens général que feurgonnerei fonnoiller, mais avec des nuances 
différentes. On dira par exemple à un boucher lent à trouver 
l'endroit où il doit saigner un porc : Eune feurguge ou feurguille 
don pas tant d'aiveu ton coutieau; enfonce dont — Ferguignier, 
exciter, tracasser le feu, Gros. 

feurluche et fanfeurluche, n., fanfreluche ; en général ruban, 
colifichet, falbala : Eune mets pas tant de feurluckes ou de fan- 
feurluches d'aiprêes tai robe, d'aiprées tai cale. (Ne mets pas tant 
de falbalas après ta robe, de rubans après ton bonnet). Feurlu- 
ches s'emploie en particulier pour désigner les copeaux de me- 
nuisier, faits à la varlope, qu'on appelle aussi frisons et fafiots : 
F me faurot des feurluches pou aillummer mon feu, c'est-à-dire il 
me faudrait des menus copeaux pour, etc. Du vieux français /an- 
feluche. 

feurluquet, n., freluquet. 

feurtbr, v., peigner le chanvre; frotter, user en frottant, en re- 
muant, rendre comme du chanvre peigné : Reste tranquille su 
tai chaire et ne feurte pas le fond de tai cueulotte (Reste tran- 
quille sur ta chaise et n'use pas le fond de ta culotte). Dors et ne 
feurte pas les draps. 

feurtiller et feurtouiller, v., se remuer, s'agiter, principale- 
ment dans un endroit où l'on agile'en même temps quelque chose 
autour de soi. On feurtille ou feurtouille dans un lit, dans un 
buisson, un taillis ; un lézard feurtouille dans l'herbe. — Feur- 
tiller s'emploie aussi quelquefois, pour feurguiller, feurgonner. 

— De frétiller ou de feurter? Ces mots ont d'ailleurs une foule 
de nuances et d'emplois différents. 

feurtoub, n., chanvier, peigneur de chanvre, celui qui feurte le 
chanvre. 

feusé et fbusieau, n., fuseau : Je lâche cheur mon feusê bin sou- 
vent, j'ai envie dedormin (Je laisse tomber mon fuseau, etc.). 
— Vieux franc, fusciau. 

fbusée, n., fusée, ce qu'il tient de fil autour d'un fuseau : /' faut 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE GLAULYAUX 31 

six boinnes feusées pou faire eunn' ègevotte, c'est-à-dire il faut 
six bonnes fusées pour faire un écheveau. 

fbuselottb, n. dimin., petite fusée : Euje n'ai fi\é queunne mé- 
chant' feuselotte dans niai voillée, c'est-à-dire je n'ai filé qu'une 
pauvre petite fusée dans ma veillée. — Voir èpoulot. 

fbusi (bois), n., fusain, arbrisseau. — Feusi de fusain, et par un 
altération contraire, fragin de fraisil, dugin de douzil? 

feusil, n. f fusil. 

fiantbr et fiainter (ou fienter?), v., rendre les gros excréments, 
cacare. Se dit particulièrement des animaux, chevaux et vaches. 
— Vieux français. 

fiatte et fiaitte, n., mot qui s'emploie seulement dans cette 
phrase : Gn'ai pas de fiatte ai aivoir, ou gn'ai pas grand' fiaitte 
ai aivoir en lu, c'est-a-dire il ne faut pas s'y fier, il n'y a pas 
grande confiance à avoir en lui. — Fiate, confiance, Thév. — 
Du vieux franc, affiat, promesse, assurance? 

Ficnè, n., chevillon d'une échelle, d'une chaise. — Du vieux fran- 
çais fusciau, fuseau ? 

fié et fi (mai), sorte d'interj., ma foi. Parmaifié, parmaifi (par 
mai fié, par ma fi), espèce de jurement, par ma foi. 

fiembrer, v., fumer, épandre du fien sur une terre pour l'engrais- 
ser. On dit plutôt /wmrotfr. 

fien, n., fumier. On dit également fien (fiain) et fumer ou fummer 
(fun-mé); mais fien est plus relevé, plus délicat. —Vieux fran- 
çais, fiens, fient, fumier, ordure. — Fiant, fumier à demi-con- 
sommé, Gros. 

fier, adj., s'emploie pour vain, orgueilleux, hautain, et se prend 
toujours en mauvaise part : T ast-i'-fiert T ne dit pa seulement 
bonjou, c'est-à-dire est-il hautain, etc. Fier, acide, sûr; on dit 
que Yoisille (oseille) ast fiére. — Fier, acide, en parlant des fruits, 
Thév. — Fierté se prend dans le même sens de vanité, de hau- 
teur, de pose. 

filé, n., fil : Eunn' aiguille de fi\è (fi-ie), c'est-à-dire une aiguillée 
de fil ; part. pas. du verbe filer. — Quelques-uns disent fil 
(/î-ieu). 

filer, v., (fi-ier), filer, faire du fil : Etdle file (/î-ieu) daji, tai 
gakhotte ? — Oh, V belle filoure t (fi-ioure) Pou faire des gâtres 
ai note col (Elle file déjà ta fillette? — Oh, une belle fileuse! 
Elle file pour faire des guêtres à notre coq !) On prononce de 
même faufiler (faufi-ler) et les autres dérivés. 



Digitized by 



Google 



32 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUI 

fille, n., s'emploie pour poupée : Aimuge-te d'aiveu lai fille, 
c'est-à-dire amuse-toi avec ta poupée, 

fillette, n., fût, feuillette, la moitié d'un muid. — S'emploie aussi 
comme nom propre de femme. 

filleu, n., filleul. (Fi-ieu). — Vieux français. 

fin (postant que d'eunne), expression qui signifie pas tant que cela, 
moins que vous ne croyez, moins qu'on ne suppose... : De l'ar- 
gent ? Oh, gnen ai pas tant que d'eunne fin! An le crot pus riche 
que i'ast (De l'argent! Oh, il n'en a pas tant que cola! On le 
croit plus riche qu'il n'est). Eune te dépêche pas trop ai mainger 
les pommes : Je nen ons pas récolté tant que d'eunne fin, c'est-à- 
dire nous en avons récolté moins que tu ne penses, moins que tu 
as l'air de croire. 

fin- fond, n., le tréfond, l'extrême fond d'une chose profonde : Au 
fin fond du bois, très avant dans le bois ; au fin fond du puts, 
jusqu'au fond du puits supposé profond; au fin fond d'une con- 
trée, d'un lieu-dit, à l'extrémité de la contrée déjà éloignée ou 
vaste, etc. 

fingnb, adj., féminin de fin, fine. 

fion et RBFiox (bailler le coup de), donner le dernier coup, mettre 
la dernière main à un travail ; finir, limer, polir, parfaire : J'ai 
fini, je n'ai pus quai bailler le coup de fion, ou le coup de r'fion 
(d'eurfion), c'est-à-dire je n'ai plus qu'à polir, qu'à donner le 
dernier coup à mon travail. 

FisoNOMiE, n., physionomie. — Vieux français. 

fistule et fisture, n., miette, trace, atome; s'emploie surtout dans 
cette expression : Gnen ai pas fistule, c'est-à-dire il n'y en a pas 
trace, il n'y en a pas du tout. — Voir chipette et talipe. — Fu- 
ture on fistule, parcelle, miette, Gros. 

flache, adj., courbé, tordu, fléchi, déjeté, en parlant du bois en 
grume ou travaillé On dit qu'une poutre, une solive, une plan- 
che, etc., sont f\âches (fidehes), quand elles se sont courbées, 
qu'elles ont travaillé, gondolé, etc. — Voir se berger. — Flâché, 
lâche, énervé, Gros. — Est-ce flache, détourné de son sens fran- 
çais, et employé pour flacheux ? 

flaimmb et flamme, n , (fiainme et fiante), flamme. 

flaimmeron, fleummeron et flammeron, n., tison enflammé; tison 
dont on se sert pour transporter le feu d'un endroit dans un au- 
tre : Fai prins ein flaimmeron. (fiainmeron) dans note feu et 
i'ai ailleummé Vharbe soche de lai hâe (Il a pris un tison en- 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIR VAUX 33 

flammé, etc.). — Flammeron, charbon à demi-cuit, Gros. — 
Flammeron, flammèche, Thév. — Vieux franc, flameron. 

FLAiMMOiciiK et FLAMMoicHE, il., (fiain-moiche et flamoiche), flam- 
mèche. 

flatri, part, pas., flétri : tai rose, eulle l ast (latrie (fiâtrie). Les 
autres temps ne sont guère employés; on se sert plutôt de fener. 

flaubb, n., mensonge, fable, conte à dormir debout : Tu nous rai- 
contes des flâubes, euje cros (on prononce rarement fizube); conte 
tes flâubes ai d'autes (Tu nous racontes dos fables, dos men- 
songes, etc.). — Voir dandainnes, narrée, nivelle, mois qui s'em- 
ploient les uns pour les autres, bien qu'ils aient des nuances dif- 
férentes. Ainsi, l'idée de bâtise domine dans dandainnes, et celle 
de mensonge dans flâube. On dit aussi : Conter des flâubes aux 
filles. — Flove, conte bleu >ans vraisemblance, Gros. — De fa- 
bula? fiaba? 

flaubbe (ou flobéb?), n., volée de coups. — Voir frôlée. 

flée, n., fléau abattre le grain : J'ai cassé lai baitte de mon fiée 
(J'ai cassé la batte de mon fléau). Baitte ai deux fiées (battre à 
deux fléaux), avoir les pieds dans deux camps, soutenir deux 
opinions différentes. — Fiés ou fiais, fléau de grange, Gros. 
Fié, fléau à battre en grange, Thév. — Vieux franc, flael. 

fleume. n., flegme, lourdeur, paresse. — Vieux franc, fleume. 

fleur, n., (fieur), fleur. 

fleuré (ou fleurer?), n., (fleuré), charrier, drap de toile grossière 
sur lequel on place les cendres dans le euvier. — Voir tapin. — 
Fleurier, treillis qui porte les cendres de lessive, Gros, 

fleurer, v., saupoudrer de farine la corbeille avant d'y déposer 
la pâte : J'ai fleuré mes caibais devant de peurti, c'est-à-dire j'ai 
enfariné mes corbeilles avant de pétrir. Fleurer, flairer, sentir : 
Fieure vor cte meud-lai, si gn'ai pas ein goût; c'est-à-dire flaire 
voir, sens voir ce muid-là, afin de savoir s'il n'a pas de mauvais 
goût. On dit aussi dans ce dernier sens, avec un peu d ironie ou 
de mépris, renifler (renifler). 

fleute, n., (fieûte), flûte, flageolet, etc., tout ce qui sert à fleûter. 

fleuter, v., (fieûter), flûter, souffler dans un instrument à vent 
quelconque, rendant des sons aigus, clairs, tel que llûte, fla- 
geolet, hautbois, fifre, etc — Voir toûter et coinner. Fleûter, 
boire avec excès, par gourmandise : F fieûte enco meux dans ein 
baril que dans son fieûtot. — Flûter, boire, siffler avec la bou- 
che, Gros. 



Digitized by 



Google 



/' 






34 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVÀUX 

fleutot et fleutotte, n., dimin., petite flûte. Le fieûtot est entre 
la fieûte et la fieûtotte, et emporte le plus souvent une nuance de 
dédain. — Flutot, sifflet, flageolet de berger, Gros. 

flociiot, n., nœud de ruban, cocarde, trocbet de fleurs, de fruits, 
etc. : Eulle met trop de flochots d'aiprées sai cale pou V vin- 
gneronne, c'est-à-dire elle met trop de nœuds de ruban après son 

N bonnet, pour une vigneronne. Ein fiochot de cacas, de noujottes 
^<jL , j-" Ui '/- r ^ (Un trochet de noix, de noiseltes). Les beaux parleurs disent flo- 
chet. — Vieux franc, floche, floichet, flocon. — De flosculus ? 

flunge, adj., mince, pâle, grêle; mince, faible, fistuleux, en par- 
lant des plantes : Des dogts flunges, c'est-à-dire des doigts mai- 
gres, longs, décharnés ; du bié fiunge, de l'harbe fiunge, du blé 
qui ne peut se soutenir, qui verse (voir ce mot), de l'herbe grêle, 
fistuleuse, qui se couche, elc. — Flonger, enfoncer, plier, Gros. 

flungeot, adj. n., jeune homme délicat, mince, frêle : Ç'ast ein 
grand fiungeot qui plôerot comme eunne roJieu, c'est-à-dire un 
grand mince, frêle, qui ploierait comme un hart, comme un 
osier. — Voir flunge. 

foce et foche (ou fosse?), n. , petite perche, gaule, longue baguette : 
/ *t, /' ne t' écoute pas ton gaichenot; prends don V foce, eunn hous- 

singne, et tape dessus (Il ne t'obéit pas, ton gamin ; prends donc 
une baguette, une houssine, etc.). Vlai eunne* belle fosse qui 
ferot bin deux çoc\es de quartaut, c'est-à-dire une belle petite 
perche qui ferait bien deux cerceaux, etc. — Vo de ce mot est 
très bref. 

foche. foice et foiche, n., force : Euje n ai pus lai foiche de trai- 
voilier (Je n'ai plus la force, etc.). Ai foche de, à force de : Ai 
foche d'ailler ai Veau, lai cruche eulle casse t c'est-a-dire tant va 
la cruche, etc. 

foice et foiche {été bin), être bien force, expression qui s'emploie 
pour falloir, être nécessaire, être forcé : Vous li aîtes baillé vote 
chien ? — Fast zeû bin foiche, je ne pouillôs (pou-iô) pu le neurri, 
c'est-à-dire il a bien fallu que je le lui donne, j'ai été bien obligé 
de le lui donner, etc. 
* foinde, v., feindre, hésiter, craindre, redouter, céder : /' ne faut 
pas foind'ieu, marche! (Il ne faut pas hésiter...). Tu ne foins pas 
de me faire de lai poinne (Tu ne crains pas de me faire de la 



1 Eu général, on ne contracte pas le mot eunne quand on veut ap- 
peler, d'une manière particulière, l'attention sur le nom suivant. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 35 

peine). F ne foint rin, c'est-à-dire il ne redoute rien, il va tout 
au travers, il ne recule devant aucune sottise, aucune dépense, 
etc. jP faurot peuJt-ète que je foind'wu, ou foindie, moi, sai mère? 
(Il faudrait peut-être que je cédasse, moi, sa mère?). — Foindre, 
mollir, se laisser emporter??? Gros. 

fointb, n., feinte; faux mouvement, glissade, faux pas: F ai fait 
V fointieu, et peûs i'ai loche cheureucequ'ïpoutot, c'est-à-dire il 
a fait un faux mouvement, et puis il a laissé tomber ce qu'il por- 
tait. 

foncé, n. adj., mangeur à qui la nourriture ne profite pas; affamé 
qui a comme la boulimie : Ein gros foncé qui mainge Me lai 
jonnéet c'esl-à dire un gros plein de soupe qui mange toute la 
journée. F mainge comme ein foncé. 

fondé, adj. ou part, pass , dru, épais, fourni, serré, en parlant 
d'un blé, d'une prairie artificielle, d'une emblavure quelconque: 
Mon treufe gnast pas grand, mas tast bin fondé, c'est-à-dire mon 
trèfle n'est pas grand, mais il est dru, bien implanté, bien pris. 

fondoub et fondioue, n., fondeur. 

fonnagb, n., fournaise. (Fonnâgé). 

fonné et fournieau, n., fourneau. Fonné ai chaux, fourneau à 
chaux. Piaice ai fonné, la place où Ton a fait du charbon dans 
les forêts. Ne s'emploie guère pour four, bien qu'on dise fonnée 
(fournée), et enfonner. 

fonnée, n., fournée. — Voir cueutieu. 

fonnoiller, v., farfouiller, fouiller maladroitement, curieusement, % ffry^ • ( "? / 
en cachette; chercher, fureter; déranger : Ç'ast toi qui ai fon- 
noillé (fon-no-ié) dans note ormoire pendant que j'ètains patis au 
bois? (C'est loi qui as farfouillé, etc ). Nos couchons fonnoillent 
là lotière (Nos cochons fouillent, rerouent leur litière). J'entendôs 
fonnoiller pa les bouchons; cèlot ein Méve (J'entendais remuer, 
dans les buissons, etc.). Dans ce dernier sens, voir feurtiller et / 

frouster. — Fonnoiller le feu, tisonner mal à propos, trop remuer 
le feu. S'emploie aussi pour feurgonner, feurguger, etc. 

fonnoilloue, adj. n., celui qui aime à fonnoiller, à farfouiller. — 
Voir raivâtier. 

fontaine, n., s'emploie pour lavoir. 

fortungne, n., fortune, richesse. 

fôssotte, n. dimin., fossette, petite fosse, petit trou. Absolument, 
la fossette qui se trouve au bas du cervelet, sur la nuque. On dit 
aussi crotot. 



Digitized by 



Google 



36 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 

foucade, n., caprice, coup de tôle, lubie, accès de cottre : /' li prend 
souvent des foucades, c'est-à-dire il a souvent des caprices, des 
lubies, eic. La foucade s'étend du simple caprice à l'accès de folie. 

fouillis et feuillis, n.. ramassis, balayures bonnes à, brûler, menu 
bois, débris de fagots, de copeaux, brindilles, tiges sèches de 
places, etc, : Mets ces fouillis-lai su le feu pou faire bourre lai 
chaudére, c'est-à-dire mets ces débris-là, ces ramassis, etc. — 
Fouillis, menu bois, balayures, Gros. ; fouillis, ramassis de menu 
bois, Thév. 

fouillon et feuillon, n., groin, le museau du cochon; terme de 
mépris pour désigner le nez, la ligure d'une personne : Laive ton 
feuillon, c'est-à-dire lave ta figure. 

fouillouse, n., poche : Mets çai dans tai fouillouse (Mets ça dans 
ta poche). Espèce d'argot qui vient sans doute de fouiller. — 
Vieux franc, fouillouse, môme sens. 

Fûuitf, n., fouine : Eul fouin i' ai maingè nos poules, c'est-à-dire la 
fouine a mangé, etc. 

fouiner, fouigner et foingxer, reculer, caler, caponner, saiguer du 
nez au figuré. — Voir cusser. — Fouiner, se dérober, s'échapper, 
Gros. 

fouire, n., foire, diarrhée. 

fouirer, v., foirer, 

fouiroux, adj. n., foireux; trembleur. S'emploie aussi dans le sens 
A'aiquais, ècœurjou, etc. 

fouleme (ou foulére?) n., bon feu flambant de menu bois, co- 
peaux légers, sarment ou fagot, qui s'allume vite et s'éteint de 
môme. Quand on est un peu mouillé en été on fait V bonne 
foulére, c'est-à-dire une bonne flambée. On dit aussi gâudelle. — 
Ne pas confondre avec feulaine, feu public. 

fouler, v., aggraver, par un travail trop prompt ou trop soutenu, 
l'inflammation, l'enflure d'un membre déjà malade ou blessé : 
/' aivot ein c\ou dans le braîs, i'ai v'iu ailler aux vingnes trop 
tiôt et i' l'ai foulé; i'ai ein brais comme ein sieaul 

foulle, adj. féminin de fou, folle. 

foullbtot, n., espèce de feu follet; esprit méchant qui se prome- 
nait la nuit, avec une lanterne, au bord des rivières et des pré- 
cipices pour y attirer les voyageurs égarés, et qui riait aux éclats 
quand il entendait la chute de ses victimes : Tu ris comme Foul- 
letot, toi, quand ïairrive du mau aux aides. On dit aussi cueu- 



Digitized by 



Googl 



l 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIR VAUX 37 

lard. — Culart, feu follet, Gros. — Vieux franc, follot, espèce 
de follet. 

foulure, n., inflammation, enflure survenue après avoir fatigué 
imprudemment un membre blessé. — Voir fouler. 

fournichoub, n., fournisseur. — Fournir, v., se dit fourni et four- 
hin. 

fous le camp et fous ton camp, locul. interject. du langage popu- 
laire général, va-t-en ! hors d'ici !... — On dit quelquefois : Prends 
saint Foulcan pou ton paitron. 

foussé, n., fossé. 

foutant, adj. verb., fichant, décourageant, vexant, ennuyeux, dé- 
sagréable : Comme t pleut t Ç'ast-Ï foutant, aillez, de ne pas 
pouvoi soti de laijonnéet c'est-à-dire comme il pleut! Est-ce con- 
trariant, allez, de ne pas pouvoir sortir, etc.. 

foyard, n., voir Faîche. — Du vieux franc, failhard. 

fragin, n., fraisil, braise ou charbon brisé mêlé de terre brûlée; 
fond de fourneau. 

FRAiJOTTE, n., fraise, particulièrement la fraise des bois : J'ai 
cueilli des freijottes pieun ein connot (J'ai cueilli des fraises plein 
un cornet. — Voir connot). Çai li monte gros, ein œût Comme 
eunne freijolte dans lai gueule d'ein leup, c'est-à-dire comme une 
fraise dans la gueule d'un loup. 

fraîte, n., faîte : Note chaît, t ast au freiïieu du tôt, c'est-à-dire 
notre chat est au faîte du toit. 

fraîtiére, n., faîtière, tuilée. (Frêtiére). 

frappouille (en), en miettes, écrasé, brisé, pulvérisé : fai lâché 
cheur mai pioche su mon saibot; eulle l'ai mins en frappouille, 
c'esl-à-dire elle l'a écrasé, brisé, mis en capilotade. J'ai tiré mai 
caille de trop prêes : eulle l ast en frappouille, c'est-à-dire hachée, 
en pièces, en miettes. 

fras, frasse et frasque, adj., friable, cassant, qui se rompt faci- 
lement, en parlant du bois : Vlai de Vousére qui ast frasse comme 
du pommer, c'est-à-dire voilà de l'osier qui est cassant, qui se 
rompt comme du pommier. Des cacas frasses, des noix friables 
dont l'amande se brise quand on veut l'arracher de la coque; 
des noix angleuses. — Du vieux franc, frai, rompu, brisé, fraire, 
rompre, briser? 

frayon et proyox (aivoir le on aivoir les). Voir aicueu. — Vieux 
franc, froion, coup. — De frayer ? 



Digitized by 



Google 



38 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVACX 

fricaissie, n., fricassée; d'une manière absolue, omelette: Faire 
lai fricaissie (Faire une omelette). On dit que la linotte chante : 
Vingneron, vingneron qui ch.. 
Pou qu'an Vaippoute lai fricaissie. 

Le plus souvent, c'est d'une omelette que les vignerons font leur 
repas de midi. — Fricaissie, ch. de n. 

frille-cul, n., serre-fesse, Jean gelé, qui se resserre à cause du 
iroid, frileux outré. On dit aussi frodiurot. 

frillkr (ou fribr?) v., passer quelque chose de velu sur une 
flamme vive et légère, pour en brûler les poils, les duvets, etc., 
flamber. On frille une volaille, quand elle est plumée; on frille 
ses mains, ses bras, etc. On dit aussi que la gelée a frille les 
vignes, quand elle a légèrement endommagé les feuilles des 
jeunes pousses au printemps. — Voir faloter. 

friloux (fri-iou), adj., frileux, sensible au froid; dit moin9 que 
frille-cul et frodiurot, et ne s'emploie qu'en bonne part. 

frio et frioul (faire), expression qui signifie tenter, exciter la 
gourmandise ou la sensualité, allécher, faire envie : /' voyotroti 
le jambon, et çai li faijot frio, c'est-à-dire il voyait griller le 
jambon et ça lui chatouillait le palais. 

friouler, verbe de môme origine, et qui s'emploie dans le môme 
sens : Lai gueule li frioule, c'est-à-dire sa gourmandise est gran- 
dement excitée, l'eau lui en vient à la bouche... On dit de môme 
lai gueule li tape, li tiaffe ou // c\aque (quiaque) (La gueule lui 
tape, lui claque, etc.) — Voir tiaffer. 

fripouille, n., menues choses de peu de valeur; rebuts : An ai 
maingé teutes les belles noujottes, et i' ne reste pus que lai fri- 
pouille su l'aissiette, c'est-à-dire il ne reste plus que les petites, 
les mauvaises, le rebut. Appliqué aux personnes, signifie ra- 
caille, lie du peuple, canaille. Ne pas confondre ce mot popu- 
laire employé un peu partout avec frappouille. — Voir peurtin* 
taille. 

frochure, n., fressure; le cœur, la rate, le foie et les poumons 
d'un animal, en particulier du porc; corôe. 

frod, n. et adj., froid. L'adjectif fait au fém. frode (frodïexx.) 

faobiure, n., froidure, froid. On prononce ce mot, ainsi que le 
suivant, en mêlant intimement les lettres i et u. 

frodiurot, n., trop frileux, trop sensible au froid : Tu te chauffes 
pa ce bieau temps-lai, frodiurot! — Voir fri\oux et frille-cul. 

frôlée, n., volée de coups, correction corporelle : F...-U V frôlée 



Digitized by 



Qbo< 



PATOIS DE LA FORÂT DE CLAIRVAUX 39 

(Donne lai une volée). On dit aussi dégelée, dandine, raclée, pile, 
filée, etc. 

frommaige, n., fromage. (Fron-mége). 

frommaigeot, n., la petite mauve (malva rotundifolia). — À cause 
du fruit qui ressemble à un petit fromage? 2 

frommentelle, n., espèce de graminée à épi roussâlre, qui pousse v • £ ^ » v £ '- ? ' 
en abondance dans les vignes, un panicum, croyons-nous. (Fron- K u /,'£, ci s J^ 
ment elle). ;. /.^^ 

FROMMEa, v., fermer. De même enfrommer et renfrommer (fron- 
mé). — Froumer, G. et R. 

FHOMMiÊRB, n. f fourmilière. (Fron-miére). 

frommin, n., fourmi. Aivoir les frommins (/ron-mm) dans les jam- 
bes, les brais, avoir les jambes, les bras engourdis, endormis. 

fronce, n., ride. — Vieux français. 

frondoille, n., espèce de fronde que se fabriquent les gamins pour 
lancer des pierres. (Fronrfo-ieu). 

frongner et refrongner, v., faire le grognon, le maussade, pren- 
dre un air mécontent en recevant un ordre, obéir avec dépit, 
regret; rechigner, faire des mouvements d'épaule comme pour 
se gratter, etc. : Quast-ce que tu frongnes don ? Ce nastpas dif- 
ficile poutiant de faire çai (Qu'est-ce que tu rechigne donc? etc ). 
/' l'ai fait, mas en r frongnant, c'est-à-dire de mauvaise grâce, 
en faisant la grimace. — Frongner s'emploie dans quelques vil- 
lages pour frôler, toucher, frotter : /' m'ai fivngné en passant. 

— Voir froyer. 

FRO.vnoT (ou frontieau?) n., espèce de toque, de bourrelet, dont 
on coiffe les petits enfants qui commencent à marcher, afin de 
leur préserver le front des chutes. — Vieux franc, fronteau, 
ornement du front. 

froques, n., habits en général, avec une nuance de mépris, nippes, 
frusques, frusquin; Raimasse tes froques et vai-t'en, c'est-à dire 
ramasse tes nippes, prends ton saint-frusquin, etc. — Voir claque. 

— De défroque? 

frotte, n., frette, lien de fer autour du moyeu d'une roue, petite 
rondelle. — Frotte, bourrelet de paille qui se met sur la tête. . . 
Grosl. 

frouste, interj., mimologisme peignant l'action, imitant le brait 
d'un animal qui sort brusquement d'un buisson, d'un oiseau qui 
s'envole tout à coup, etc., et, par analogie, d'une personne qui 
s'échappe, qui disparait vite, au moment où l'on no s'y attend 



Digitized by 



Google 



40 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRYAUX 

pas : Y vient, et peûs, frouste, le v'iai patit (Il vient, et puis.. . 
le voilà parti !) Frouste, n., peur : Aivoi lai frouste, c'est-à-dire 
avoir peur, avoir la suée, trembler; quelquefois avoir la diar- 
rhée, la courante. 
frouster, verbe de même origine que le nom précédent et qui ne 
s'emploie guère qu'à l'infinitif; se dit du bruit que fait un ani- 
mal, particulièrement le gibier, en se levant dans le bois ou dans 
un buisson et en s'échappant : J'ai entendu frouster dans lai tor- 
chée de pignajot, mas je n'ai rin vu, c'est-à-dire j'ai entendu un 
froufrou dans la cépée do nerprun, etc. 
FROYEn, v., frayer; frôler, friser, effleurer : J'ai froyé V chemin 
(J'ai frayé le chemin). /' me froijot et ï ri me r'cueuneuchot pas 
(Il me frôlait et il ne me reconnaissait pas). Si mai piarre ne 
l'aittraipe pas, eulle le froyerait (Si ma pierre ne le louche pas, 
elle le frisera). Absolument, marclu r en serrant les jambes, de 
manière à user, par le frottement, le bas de la jambière du pan- 
talon : /' y ai toujous des fraimjes d'aiprées lai jambe de sai 
cueulotte, % froye (/ro- ieu), c'est-à-dire il marche en frottant les 
jambes l'une contre l'autre. — Vieux franc, affroyer, frôler. — 
Défrayer? 
froyoue, n., perche qu'on tient serrée, à l'aide d'une corde, contre 
la roue d'une charrette, en guise de frein, de mécanique. On dit 
aussi braloue. Froyoue, celui qui frotte, en marchant, les jambes 
l'une contre l'autre, et qui use ainsi le bas intérieur de la jambe 
du pantalon. — Oefroyer, frayer. 
frut, n., fruit. 

fumard, fummard, foumoue et fummoue, n. adj., fumeur, celui qui 
fume; boudeur. Fumard et fun-mard s'appliquent plutôt au 
boudeur, et fumoue, fun-moue, au fumeur de tabac. Dans les 
deux sens, on dit quelquefois, en faisant un mauvais calembour g, 
fumer et fummer (fumier). 
Fumelle et fummelle, n., femelle; femme avec mépris. 
fumer et fummer, n., fumier : Ein tas de fummer (fun-mé). Quand 
on veut y mettre plus de délicatesse, on dit fien, et quelquefois 
putif. 
fumer et fummer, v., bouder : Ç'ast ein grand défaut, aillez, de 
fummer (fun-mé), et i" fummerot d'où trois * mois, p't'-étepus, si je 
ri lipalôspas (C'est un grand défaut, allez de bouder, et il bou- 

* D'où trois, contraction de deux ou trois. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIR VAUX 41 

derait deux ou trois mois, peut être plus, etc.). — Fumer, bou- 
der, Grosl. — Voir mingne, mené, pipion. 

fumeron et fummeron, n. Oq nomme ainsi les petits tas de fumier 
déchargés d'une voiture et espacés à intervalles égaux dans le 
champ à fumer : J'ai zeû vingt fummerons (fun j meron) dans mai 
voitiure, c'est-à-dire j'ai eu vingt tas, etc. 

fummer, v., fumer, engraisser de fumier. (Fun-me). 

fummure, n., fumure. (Fun-mure). 

6ACHBMÉRB, n., garçonnière, petite fille qui fréquente les petits 
garçons, injure entre enfants : Eulle l ast toujous d'aiveu les ga- 
mins, cte gacheniére-iai. 

gachenot et gaichenot, n. dimin , petit garçon, gamin; mot de 
tendresse qui s'applique aux plus grands enfants, môme aux 
adultes : J'ai rencontré nos gaichenot* qui s'en vont ensemble (en* 
sembïeu) ai l'école, c'est-à-dire j'ai rencontré nos gamins, nos en- 
fants, etc. — Je viens de vor mon prâuve gachenot qui ast bin mai- 
laide, dira une mère en parlant d'un fils de trente ou quarante ans. 

gachbnotte et gaichenotte, n. dimin., second fém. ie gachenot, 
gamine, fillette. Ne s'applique guère qu'aux petites fillettes et 
emporte très souvent une nuance de mépris. 

gachon et gaichon, n., garçon, fils : J'ai deux gâchons et eunne fille 
(J'ai deux garçons, deux fils et une fille). Ç'ast ein bon gaichon 
(C'est un bon garçon). — Gachon, L. C. ; gachon, gaichon, P. T.; 
gachon, G. et R. 

gachottb et GAicHOTTE, n., fém. de gachon et de gachenot, fille, fil- 
lette : Eulle l ast aiccouchée d'eunne gachotte, c'est-à-dire d'une 
petite fille. S'emploie souvent avec une nuance de tendresse : 
Eune crie pas mai gaichotte (Ne pleure pas ma fille, ma chérie). 
Lai belle gachotte t c'est-à-dire la belle fille! 

gade (gade et nadieu), n , garde : Eul gadleu te ferai ein rapport, 
c'est-à-dire le garde te fera un procès. 

GADBR, GAIDKR et GADIBR, Y., garder. 

gai don et ga don. Voiraja don. — Cette interjection s'emploie quel- 
quefois ironiquement pour répondre à une plaisanterie risquée, 
à un compliment exagéré, à une affirmation saugrenue, etc. : 
Ga dont gai dont aga dont c'est-à-dire ah bah! Tiens! Vrai- 
ment! Pas possible! etc. 

oaige, n., gage : Baille-me ein gaige (guêgé), c'est-à-dire donne-moi 
un gage. 

T. I. h 



Digitized by 



Google 



/, 



û-îtL 



n «x 






Ut* ^'.J tt^ 



42 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIR VAUX 

GAI6ER, v., goger, parier. (Guêgé) t 

gailefeurtier, n., vaurien, polisson; mendiant, voyou, truand, 
traîneur de routes, etc. Quel rapport entre ce mot et gaile-terre et 
gailer? Ne semblerait-il pas plutôt de môme origine que qui- 
1er?... 
fç oailbr, v., labourer légèrement, racler, gratter la terre; labourer 

par un mauvais temps, mal cultiver, labourer en général avec 
A c ; = t <~ u - dédain ou pitié. 

gaile-terre, n. comp., pauvre laboureur qui a de mauvais champs, 
de mauvais chevaux, qui est mal outillé; laboureur en général, 
avec pitié ou mépris : Ein méchant gaile-terre qui ne rècorte pas 
seulement pou vivet (Un mauvais laboureur qui ne récolte pas 
seulement pour vivre!) Oh, les prâuves gaile-terre, i's ne sont 
guère heuroux pa ces méchants temps-lait (Oh, les pauvres culti- 
vateurs, gratte-terre, ils ne sont guère heureux, etc. — Voir 
gailer. 

gailvauder, v., s'emploie pour marauder, picorer, flâner dans un 
but de maraude; gaspiller, perdre, prodiguer; vendre à trop bas 
prix : /' vai tous les jous gailvauder pa le bois, pa les vingnes, 
c'est-à-dire il va tous les jours cherchant à marauder, etc. I'gail- 
vaudeson bien, c'est-à-dire il gaspille, dissipe, mange, etc. 

gaîlvaudier et gailvaudioue, n., celui qui gailvaude; rôdeur, ma- 
raudeur, prodigue, gâte-métier, etc. 

gain-gain, n., terme enfantin pour dire pois et haricots * : /' veut-i' 
des gains-gains, mon gachenot? c'est-à-dire veut-il des haricots, 
des pois, mon enfant? — De grain? — Gain-gain, pois, P. T. 

gaingne-pain, n., petit outil de bois, en forme d'épée, qui sert aux 
maçons pour décrotter leur truelle. — Vieux franc, gaignepain, 
sorte d'épéc. 

gaingner, v., gagner. Ceux qui raffinent prononcent gangner. De 
môme regaingner. 

gaisser, aigaisser, guiaisser (ou GUAissEB, etc.?), v., laver légè- 
rement, passer à l'eau du linge qui n'est guère sale, ou en re- 
passer qui s'est un peu sali en séchant, guéer» aiguayer. Gaisser, 
laver mal, à la hâte, etc.; voir dans ce sens gassouiller. Gaisser 
dans Veau, voir gargouiller, patouiller, etc. 



« On confond dans le langage les haricots avec les pois, ou plutôt 
les haricots se disent pois tout court, et les pois, pois roulots. 



Digitized by 



Google 



V'- 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIftVAUl 43 

galafrb, d. adj., glouton, gros mangeur. Yoir gouliaf. — Galafe, 
goulafe, qui mange gloutonnement, Thév. 
; i galabme, n., galeme, vent du nord-ouest; Borée, l'aquilon.— Ga- 
^ lêne, P. T.; galeme (ce mot est français), G. et R. 

galatib, n., champ où l'on ne trouve pas assez de terre pour la- / c 

bourer, champ maigre et de mauvaise qualité. On dit aussi ga- 
lette. Galati n'est peut-être qu'un augmentatif de ee dernier 
mot? — Voir gayette et crèiotie. 

GALLiNE, n., bouchon qui sert au jeu de ce nom. Quand l'enjeu se 
compose de ferrailles au lieu de sous, le bouchon est remplacé - ; 

par une pierre conique beaucoup plus grosse qui se nomme ro*- 
dri. — Galline, jeu de bouchon, Thév. 

qalocher et GALOCH1ER, n., mal chaussé, pauvre homme plus ou , } 
moins négligé dans sa mise, particulièrement la chaussure, dé- , >, 

guenille. Au fig., misérable, traînard, truand, mendiant. — Voir ' / 
traîne-galoches, vâchou, landrou, etc. — Vieux franc galocher, 
rustre, grossier. 

qalocher, v., traîner des galoches, aller mal chaussé, etc. — Voir 
galocher, nom. 

galoches (traîne), n. cornp., mal chaussé, qui a ses chaussures en 
mauvais état, qui manque de tenue; mendiant, déguenillé, traî- 
neur de grande route; au fig., lambin, négligent, traînard : 
Eurleuve-don tes chausses, treine-galoches (Relève- donc tes bas* 
nonchalant). Je ne veux pas lâcher entrer ein vie treine~galoches 
comme çai chez nous (Je ne veux pas laisser entrer un vieux 
mendiant, truand, etc.). Gnast jaimmas pi % ôt, euce trein&galo* 
ches4ai(l\ n'est jamais prêt, ce lambin-là). — Gai loches, guêtres 
sans boutonnière, Gros. — Voir galocher. 

galopée (ai lai), locut. adv., à la hâte, encourant. Faire ai lai 
galopée, une chose quelconque, la faire à la hàle, soit parce qu'on 
est pressé, soit parce qu'on ne veut pas y mettre le temps et le 
soin nécessaires. 

galoux et gailoux, n. adj., qui a la gale, galeux, au prop. et au 6g. 

gaxbin, n. et adj., boiteux, bancal : Y boitien et sai femme eulle l 
ast gambingne, çai fait lai paire, c'est-à-dire il boite et sa femme 
aussi, etc. — Gambin, boiteux, G. et R. — Vieux franc, gambe, 
jambe. 

gambingnbr, v., boiter, tirer la jambe en marchant. 

gamingnb, n., gamine. — Voir gâchenotte et ganelle. 

ganellb, n., gamine; se prend le plus souvent en mauvaise part m 



.(V 






Digitized by 



Google 



44 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIR VAUX 

Çai v'rot daji se passer de sai mère, eunne méchant' ganelle comme 
çait c'est-à-dire ça voudrait déjà se passer de sa mère une ga- 
mine, une morveuse, comme ça! — Ne pas confondre avec ga- 
chotte qui se prend au contraire presque toujours en bonnj part. 

oangan, mot qui ne s'emploie qu'avec l'adjectif veille (vieil e), et 
désigne alors une vieille, vieille femme, caduque, au chef bran- 
lant... Est le plus souvent dépéciatif : Eulle vourot se r'mairicr 
c'te veille gangan-lai? c'est-à-dire elle voudrait se remarier, cette 
vieille.... sorcière-là? 

garde, n., carde, outil à peigner la laine. 

garb-louvoir, inlerj., gare à vous, gare dessous, sauve qui peut! 
S'emploie d'ordinaire plaisamment, pour signaler l'approche d'un 
danger peu sérieux; par exemple on jette en l'air, au-dessus de 
votre tête une poignée de terre, de sable, un chiffon sale, etc., 
et on vous crie : Gare louvoirt — De loup voir? 

gabgan, n., espèce d'injure, nom que l'on donne au coq, lorsqu'on 
est irrité par le chant répété ou par l'effronterie de cet animal : 
Veux-tu te sauver, grand gargan ! Euce grand gargan-lai, i' bait 
nos chaipons. 

gabgari, n. (Voir garguillot). — Vieux franc, garyaite, gosier. 

gargouiller, v., patauger dans une eau bourbeuse, agiter l'eau 
d'une flaque, ou d'un ruisseau, avec ses pieds, ses mains, un bâ- 
ton, etc. On dit à un enfant qui fait des fontaines : Tu vas t'en- 
rheummer ai gargouiller lai dedans (Tu vas l'enrhumer à pa- 
tauger, etc.). — V oir patouiller, tatouiller, gaisser. Gargouiller a 
une signification plus générale et s'emploie surtout quand l'eau 
est bourbcus*e. Gargouiller, se dit eucore de certain bruit que 
font parfois les intestins quand le ventre est relâché : Çai me 
gargouille dans le vente. — \ r oir grouiller. — De gargouille? 

gargouillis, n., mauvaise cuisine, à grande sauce; flaque d'eau 
bourbeuse. — Voir dans ce dernier sens margouillait. 

garguillot, n., la trachée artère d'un animal mort en boucherie : 
J'ai maingé du garguillot de vieau. Pour désigner la trachée d'un 
être humain ou d'un animal vivant, on dit plutôt gargari; mais 
ces deux mots se confondent souvent. On les emploie tous deux 
aussi, indifféremment, pour trachée et pour œsophage: Note vai- 
che, eulle vai crever; eulle l ai aivaillé V pomme de terre qui 
li ast restée dans le gargari, ou dans le garguillot, ou même dans 
le goulot. — Vieux franc, gargaite, gave, gosier. 

6ARiu, y., inf. et part, pass., garnir et garni, harnacher et barna- 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIBYAUX 45 

ché : r faut garni lai jiment (Il faut garnir la jument). On dit 
aussi gamin à l'inf. et au part, passé : J'ai gamin, vai gamin 
lai jiment, c'est-à-dire j'ai garni, etc. 

gassouiller et gaissouiller, verbe de même origine que gaisser, 
mais qui s'emploie surtout dans le sens de laver mal, à la hâte, 
ou dans de l'eau sale : Eulle ne laive pas, eulle gassouille ses 
haies dans de Veau • teuie nore, c'est-à-dire elle ne lave pas, elle 
trempe, elle agile ses hardes dans de l'eau toute noire. Tri- 
poter dans l'eau : Voir en ce sens gargouiller, patouiller, etc. 

gatâ, n., gâteau, le plus souvent avec une nuance de mépris: Ç'ast 
du gâté de St-Miché, — Qu gnai 3 ni beurre, ni sè\ — Gâtai, gâ- 
teau, P. T. — Du vieux franc. Gastel? — Voir gâtieau. 

oatieau, n., gâteau. S'emploie plus généralement que gâté. 

GATOUILLER, GRATOUILLER, GA1TOUILLER et GRAITOU1LLER , V., cha- 

touiller, titiller, gratter, pincer légèrement; taquiner : Ç'ast lu 
qui méfait rire, t me gatouille (C'est lui qui me fait rire, il me 
chatouille). — Voir arguigner et chaquigner. — Gratouiller, cha- 
touiller, Gros.; Gratouiller, gratter légèrement, Tliév. — Dimi- 
nutif de gratter? 

gaudelle, n., bonne flambée de menu-bois. — Voir fouleire. Ne pas 
confondre avec godelle. — De gaudere f 

gauviottb, n., carotte sauvage (daucus carota); bourse, porte- 
monnaie, réserve, cachette d'argent : Gnai pus rin dans mai 
gauviotte (Il n'y a plus rien dans ma bourse). J'ai V bonne gau- 
viotte decaichée, c'est-à-dire une bonne réserve, une bonne bourse 
de cachée. — Goviotte, racine de carotte sauvage, Gros. — Voir 
moinjotte. 

gautis (ou gaulus, ou g5tis, ou gôillis?) n., choses qui tentent le 
palais et ne sont point nourrissantes, crudités de digestion dif- 
ficile, fruits verts, etc. Une mère dira à son enfant : T'aies mau 
au vente d'aivoi maingé desgô*\is, c'est-à-dire tu as mal au ventre 
d'avoir mangé des crudités, des choses indigestes, etc. Se prend 
aussi pour ramonnances et pour fouillis, cheni : voir ces mots. 
— Le singulier est rarement employé. — Goillis, ordure, mau- 
vaise nourriture, Gros. ; goillis, mauvais aliment, Thév. 

GATBTTB (ou GUÉTKTTE?) n., mauvaise vigne, maigre, mal implan- 
tée, peu productive; vigne négligée, en friche : Eulle ne vaut 

1 Prononcei cTieau. 

* Qu'gn'ai pour qui n'ai, qui n'a. 



Digitized by 



Google 



46 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 

pas lai poinne qu'an lai boiche, c'te gayette-lai (gué-iette), c'est- 
à-dire elle ne vaut pas la peine qu'on la laboure, etc. — Gayette, 
chèvre (?) P. T.; gayette, mauvaise vigne, 6. et R. 

geae, n., geai, oiseau. (Jâ). 

GBiNDB (pétfufieu), v., geindre, se plaindre. 

geinmoue, n. adj., qui geint, qui se plaint de tout et toujours, 
pleureur; malade imaginaire. S'emploie au propre et au fig. : Mas 
gnai rinpèdiu, ç'ast ein geindioû (Mais il n'a rien perdu, c'est 
un homme qui se plaint toujours). Gn'ast pas pu mailaide que 
moi euce geindioû lai t 

génie, n., s'emploie pour intelligence, jugement, compréhension, 
etc. : Gnai point de génie c't' enfant-lai, ï ne comprend rin, i 
n' devingne rin! c'est-à-dire pas d'intelligence, pas de réflexion; 
il ne comprend rien, ne devine rien ! 

genon, n., genou : J'ai mau augenon (J'ai mal au genou). S' mette 
ai gênons (Se mettre à genoux). — Vieux franc, genollon, genou. 

gbnsaingne, n., gentiane, plante (jjentiana lutea). 

gèvre, n., givre. 

gibailler, v., jouer, badiner à chaque instant, avec persistance, 
dune façon ennuyeuse, etc. — Voir gibet. 

gibaillerib, n. dimin., action de gibailler. 

giber, v., jouer, badiner, folâtrer; les enfants gibent, les jeunes 
chiens gibent : En gibant ne vous faitïms pas mau, mes enfants 
(En folâtrant, ne vous faites pas de mal . . .) Ce nast pas pou te mo- 
rfiea, vai, ç'ast pou giber (Ce n'est pas pour te mordre, va, c'est 
pour jouer). S'amuser parfois, comme le chat avec la souris : un 
joueur, un rival quelconque gibe quand il épargne son adver- 
saire d'abord, soit pour l'encourager, soit pour l'endormir, afin 
de le battre ensuite plus complètement. — Jober, plaisanter, 
Gros. ; jauper, sauter, G. et R. — Du vieux franc, jober, rail- 
ler, plaisanter ? ou giber, se débattre, s'agiter, lutter? 

gibbrie, n., action de giber, badinage, folàtrerie, jeu, plaisanterie : 
Aies-tu fini tes giberiesf c'est-à-dire as-tu fini tes folàtreries? tes 
badinages? tes gamineries? tes jeux de vilain? etc. — Joberie, 
Gros. 

gifflard, n. adj., joufflu, qui a de grosses joues, des joues pen- 
dantes, des bajoues. Ne se dit qu'en mauvaise part : Ç'ast ein 
grosgiff\ard (gifflard), c'est-à-dire un gros joufflu, un gros plein 
de soupe. — Vieux franc, gifflard, joufflu. 



Digitized by 



Google 



— // 



PATOIS DB LA FORÊT DE CLAIRVAUI 47 

gifle (gifle), n., soufflet, gifle. Par analogie, sans doute, on ap- 
pelle aussi gifles une inflammation des glandes salivaires qui fait 

enfler les joues : Aivoir les gif -ieus. 
gifler (gifler), v., souffleter, gifler. 
gigance, n., morceau de viande, plutôt fraîche : Eulle sotot de lai 

boucherie d'aiveu V bonne gigance de char (Elle sortait de la 

boucherie avec un gros morceau de viande). Eulle l en tenoUÏ 

eunne, hein, eunne gigance de vieau! c'est-à-dire en tenait-elle 

une, etc. Ce mot emporte une idée de désir, d'envie. — De gigue, 

c'est-à-dire de la forme et de la grosseur d'une gigue? 
gigier, n., gésier; estomac avec mépris : l'en foume pleun son gi- 

gier, c'est-à-dire plein son estomac, il s'emplit la panse. On dit 

de même : pieun sonjaibot. — Voir jabot. 
giglbr (ou jigler?), v., jaillir, sourdre : Veau gigle d'eunne rfa- ^\^/c - ? v ' L 

doure, c'est-à-dire l'eau jaillit... (Voir dadoure). Eul sang li ai 

giglé (giguiè) du nez. Dans ce dernier cas on dit plutôt drager. 

Voir aussi tricer. — Richepin a employé gicler dans le môme 

sens, Blasphèmes, Mort des dieux. 
gignerée et GiNGNERÉE, n , ce que peut contenir le tablier ou le de- 
vant de la jupe, ce qu'une femme peut porter dans son tablier 

relevé, ou dans le giron de sa robe : l'ai cueilli dans note jadin 

V grand' gignerée de pois. J'ai raippouté des vingnes eunne 

gingnerée dharbe. — De gironnée ? — Vieux franc, géronnée. 
gîtrb, n., gîte, demeure. 
gla, n., espèce de roseau, très dur et très fistuleux, qui abonde 

dans les eaux stagnantes, et dont les enfants autrefois se f lisaient 

des moules à fondre des crayons de plomb : Eune cope pas des 

g\âs (guiâs), tu cheurôs dans Veau (Ne coupe pas des roseaux, 

tu tomberais, etc.). — Glas, glaïeul, Gros. 

glaice, n. ; glace : Y ai gelé ai glaice (guiaice), c'est-à-dire il a gelé 
à glace. 

glaiçon, n., glaçon. (Guiaiçon). 

glaire, n., glaire. (Guiaire). 

glairer (glairer), n., glairer, baver, laisser échapper de la salive par 

la bouche eu causant; parler mal à propos, médire, injurier : 

Quast-ce tu glaires (guiaire) don? taise4e, c'est-à-dire qu'est-ce 

que tu bavardes donc, etc. Dans ce dernier sens, on dit plutôt 

baiver. 
glairoux, n. et adj., glaireux, qui glaire, sale, morveux; se dit 

au fig. d'un blanc-bec, d'un adversaire qu'on dédaigne, etc. : 



Digitized by 



Google 



48 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVACX 

Oh, je le crains bin, oui, ein bieau glairoux ! (guiairoux). S'em- 

, ploie aussi pour baivoux, ècœurjou, etc. 

glandon, n., brin d'avoine épiée; épi des graminées en général à 
épis lâches : Oh, lai belle aivoine ! l'ai des g\andons (guiandons) 
qui sont aussi hauts que moi. Les beaux parleurs prononcent 
glandon, sans mouiller 17. 

glaude, n. propre, Claude. (Guiaude). 

glaudot, n. prop., diminutif de Glaude; mauvais couteau à man- 
che de bois, sans ressort, mauvais couteau en général : Ein cou- 
tieau çai? brament! çast einguiaudot! c'est-à-dire un couteau 
cela? joliment! etc. 

gleunne, n., glane. G\eunne (guieunne) d'ongnons, ognons attachés 
en épi le long d'une tige, d'une baguette : J'ètains sarrés comme 
eunne g\eunne d'ongnons, c'est-à-dire nous étions serrés comme 
les ognons d'une glane. — Vieux franc, glaine et glenne, glane. 

gleunner, v., glaner : Eulle l ai g\eunnè {guieunne) tote lai moi- 
chon d'aiveu ses ganelles, c'est-à-dire elle a glané toute la moisson 
avec ses petites filles. 

glinguer, v., heurter des objets sonores, les secouer, faire du bruit 
avec... On dit plutôt gringoler. 

glorb, n., pour gloire, orgueil, recherche dans les vêtements, 
vanité, coquetterie, luxe, pose : I's dépensent pus qu gnont * 
veillant; ï ai trop de glore on g\ore (guiore) dans cte majon- 
lai, c'est-à-dire ils dépensent plus qu'ils n'ont vaillant; il y a 
trop de luxe, de représentation, etc., dans cette maison-là. 

glorieux, adj., s'emploie pour coquet, vaniteux, luxueux : V n se 
raimasserai rin, t ast trop glorieux, c'est-à-dire trop vaniteux, 
il dépense trop pour paraître... 

glousser, v., s'emploie pour désigner certain bruit que fait Peau 
battue, comprimée... et particulièrement dans les chaussures : 
/' ai pugé, çai glousse (guiousse) dans ses saibots. — Voir puger. 
— Par analogie avec le cri de la poule qui appelle ses poussins? 
(mais glousser se dit cloquer) ; ou le glouglou d'une bouteille? 

glu, n., glui, botte de paille de seigle, quelquefois de blé, peignée, 
ajustée de façon à ce que tous les épis se trouvent ensemble, qui 
servait autrefois pour la couverture des maisons. Ne s'emploie 
guère aujourd'hui que pour accoler la vigne. Se prononce g\u 



4 Pour qu'fs n'ont. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DB CLAIRVAUX 49 

(guiu). — Vieux franc, jagleus, gluy, gluyon, botte de foin, de 
paille, gerbe, etc. 

gnogxottb, n., mot du langage populaire général, qui s'emploie 
comme partout pour chose de peu d'importance, rien, niaiserie, 
mauvaise raison» mauvaise excuse, etc. : Ç'ast de lai gnognotte I 
? cnolle (ou niolle?) n., conte à dormir debout, mensonge, fable; 
(voir narrée, nivelle); niaiserie, rien, chose de nulle valeur; 
(confusion avec gnognotte?) personne sans caractère, sans fer- 
meté, niaise, crédule : Tées V gnolle, c'est-à-dire un nigaud, un 
badaud, un bêta, etc. 

gobinot, n., espèce de petit pot à confiture en terre ou en faïence ; 
petit vase à mettre le goûter des gens qui vont aux champs : 
1' ai empouté de lai fricaissie pleun son gobinot (Il a emporté de 
l'omelette plein son petit pot). — Voir poûtot. — Quand le vase 
est en ferblanc il prend le nom de pot-de-camp. — De gobelet? 
'/ godblle, n., mauvaise vache, maigre, vieille, qui donne peu de 
lait; vache avec mépris : Détonne don vor tai godelle qui vai 
canner les enfants; c'est-à-dire détourne donc voir ta vache, etc. 

— Voir dagonne. — Du vieux franc, code, mauvaise brebis? ou 
de godin? ou de codelle, codelotte, corde, vache à corde, qui se 
fait traîner par la corde?... — Nous avons entendu dire : Tées 
pus bête que tai vaicke, pus bête que sai code. . . 

godot, n., godet, petit vase de terre, de ferblanc, etc., plus petit 
encore que le gobinot. 

gôdron, n., goudron. Saligôdron (voir ce mot à son ordre). 

gôdronnbr, v., goudronner. 

gogan, n., cheveu avec mépris : N'escoue — ou n'escueille — pas 
tes gogans su note table, c'est-à-dire ne secoue pas tes crins sur 
notre table. Le mot gogans désigne des cheveux plutôt longs... 

— De catogan? 

gogo (mailaide), adj. compos., malade pour rire, malade imagi- 
naire; celui qui fait le malade pour ne pas travailler, pour être 
mieux soigné, etc. : Ta, mailaide? Ein bieau mailaide gogot y 

Vai-t'en don putiôt aux vingnest c'est-à-dire toi, malade? Un 
beau malade pour rire! Va-t'en donc, etc. — y ^ 

> gôïon (ou gadillon?), n. adj., femme malpropre, qui gâche ce V 'y 
qu'elle fait par trop de hâte ou trop peu de soin, souillon.— Voir 
tatouille, toillon, tôt-tôt (Marie), etc. 

- i gôné, part, pas., mal habillé, fagoté, habillé sans goût : Te v'iai 
bin gênée, mai gaichottel (Te voilà bien fagotée, ma fille I) Ne 



Digitized by 



Google 



50 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 

s'emploie qu'en mauvaise part, sans adverbe, ou avec bien, mal, 
joliment, etc. — Du vieux franc, gonnelle, gonne, casaque, habit, 
robe ou cotillon? 

gôner (se), v., s'habiller sans goût, à la hâte, de travers, se fago- 
ter : Comme eulle se gône don, cte veille intéressée-lai! c'est-à- 
dire comme elle se fagote donc, comme elle s'habille donc pau- 
vrement, ridiculement, cette vieille ladre-là î — Du vieux franc. 
gonne, gonnelle ? — Voir gôné. 

gorgette, n., gorgerette, collerette. 

gormand, ad]., gourmand. 

gorbiander, v., gourraander dans le sens de convoiter la portion des 
autres, en prendre, en manger une partie... Un cheval gormande 
ses camarades quand il mange plus que la part qui lui revient de 
droit au râtelier commun. — Vieux français. 

gormandige, n., gourmandise. 

gouba, n., espèce de grosse cerise douce, de guigne. — De gober? 

gouliaf et gouliafre, n. adj., qui mange avec excès, glouton, 
goinfre, avale-tout-cru qu'on ne peut rassasier. On dit aussi ga- 
lafre. — Goulafe, galafe, qui mange gloutonnement, Thév. — 
Vieux franc, goulafre. — De goule, engouler? 

goulot, n., s'emploie pour gosier, trachée, artère. — Voir gar~ 
guillot. 

godrit, n., goret, petit cochon. Par analogie, enfant sale. — Vieux 
franc, gorin, gorreau, petit cochon. 

goûter, n., repas de midi. Le repas de quatre heures en été, s'ap- 
pelle petit goûter. 

goûter, v., manger pour la seconde fois vers midi; grand déjeuner, 
ou dîner. 

gotette (paitté), n. corn p., patte malade, pied non valide, pied 

blessé On rencontre quelqu'un qui traîne la jambe : 

Quast-ce que t'aies don trouvé? Là voù don que tu vas d'aiveu 
tai paitte-goyette? c'est-à-dire qu'est-ce qu'il t'est donc arrivé? 
Où donc vas-tu, en tirant ainsi la jambe?... Boiteux, invalide, 
estropié d'une jambe : Ç'ast ein boitioux, eunne paitte-goyette. 
Ce mot goyette ne s'emploie pas seul. 

grabuche, n., grabuge. — Grabuche, L. C. ; grabuche, P. T. 

grache, n., graisse; adj. grasse : /' ast mort de qrâche fondue (Il 
est mort de graisse foudue). Eunne vaiche grache. 

grageler, v., se dit des premiers balbutiements, des premiers sons 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIR VAUX 51 

articulés de l'enfant : An dirot qu't veut causer, ï grageule daji 
(On dirait qu'il veut parler, il balbutie déjà. — Onomatopée? 

graiffin, graiffignure et graiffingnure, n., égratignure, griffade. 
— Du vieux franc, agrafineure, égratignure? 

graiffigner et GRAiFFiNGNBR, v., égratigncr, griffer, déchirer avec 
les ongles ou les griffes. — Du vieux franc, agraffyner, agrif- 
fer? — Egrafigner, Gros. 

grailler, v., s'emploie pour graillonner: cracher en tirant delà 
gorge, avec bruit. 

grainniot (ou graingniot?) n. dimin., petit grain : Ein graingniot 
depoive, ein petiot graingniot de poive, c'est-à-dire un tout petit 
grain de poivre; désigne en particulier la baie du troène (chau- 
coyer ou bois puant) : Fs mettent des graingniots dans là vin pou 
V couleurer, c'est-à-dire ils mettent des baies de troène, etc. 

graippe, n., grappe, grappillon, raisin qui mûrit tardivement et 
après les autres. 

graippbr, v., grappiller, cueillir les grappes qui restent après la 
vendange. 

X graittb-cul, n., gratte-cul, baie de l'églantier. — De ce que la 
graine de ce fruit, que mangent les enfants, est très hispide? — 
Voir cocu. 

graivandure et graivandiure, n., ouverture, fente, joint baillant, 
entre deux pavés, deux ais de parquet, deux planches d'une ta- 
ble, etc. : Mon aigutte (aigu-ieu), eulle l ai cheue dans lai grai- 
vandure, c'est-à-dire mon aiguille est tombée dans la fente, dans 
le déjoint. — Egravandure, fente, rainure, Gros. — Du vieux 
franc, graveure, fente? 
■ . gratve, n., rainure, entaille pratiquée dans la douve d'un tonneau, 
d'une cuve, etc., pour y assujettir le fond. — Vieux franc, grève, 
ligne, raie. 

graiveucher, v., gravir un peu et redescendre pour remonter, 
grimper en égratignant, en chatouillant, monter le long de quel- 
que chose en s'y cramponnant comme avec des griffes : Quast-ce 
que je sens don qui me graiveuche dans ou d'aiprèes les jambes, 
eunne bête ? Non, ce n'ast quein poi d'harbe, c'est-à-dire qu'est-ce 
que je sens donc qui m'égratigne, qui me grimpe le long des 
jambes, une bête? Non, ce n'est qu'un brin d'herbe. 

graivi, v., infin. et part, pas., gravir, grimper, et gravi, grimpé. 

graivichot, n., grimpereau, petit oiseau grimpeur, qui s'attache 
à l'écorce des arbres, qui gravit en spirale le long des troncs. 



Digitized by 



Google 



52 PATOIS DE LA FORÊT DE ClAIRVAUX 

graivichoue, n., enfant qui gravit bien, qui grimpe facilement aux 
arhres et qui y déchire, y use ses pantalons : /' faut qui' grai- 
viche, qui' dèvoire sai cueulotte, euce graivichoâ-lait c'est-à-dire 
il faut qu'il grimpe, qu'il déchire, etc. 

grand (ailler de), expression qui signifie aller vite, s'élancer brus- 
quement, aller hardiment, sans précaution. Vous voulez repren- 
dre un animal échappé qui vous fuit, et on vous crie : Mas, tu 
li fais pour, t'y vas trop de grand, vai don piane piane, c'est-à- 
dire tu lui fais peur, tu y vas trop brusquement, va donc douce- 
ment. — S'emploie quelquefois au figuré. 

grante, adj., grande, fém. de grand. 

graou (pouter ai), porter quelqu'un sur son dos en le soutenant 
sous les reins, tandis qu'il croise les bras autour du cou du por- 
teur. On porte de cette façon les enfants surtout. On dit aussi pou- 
ter ai graiou, ai graiou-mouton. ai graivou-mouton. — Graviau ou 
grahau, cri des bouchers cherchant des veaux gras, Gros.; à 
graos, loc. adv., porter quelqu'un sur le dos, Thév. 

gré (faire), expression qui signifie faire de la p^ine, causer des 
regrets : Çai m ai fait b in gré de le vor meuri (Cela m'a fait bien 
de la peine de le voir mourir). Çai me fait gré de mainger çai 
sans mes enfants, c'est-à-dire je souffre, je sens comme un re- 
mords, de manger cela sans mes enfants. — Gré : cela me fait 
gré, je le regrette, Gros. — De faire regret ? 

grêlon (ou grailon?) n., le résidu des petits morceaux de panne 
que l'on a coupés et fait fondre pour en tirer le saindoux : J'ai 
fondu note panne, et j'ai fait un dourdon d'aiveu les grêlons, 
c'est-à-dire une espèce de gâteau avec les résidus. (Voir dourdon). 
Grêlon, lardon. Dans ce dernier sens, on dit plutôt chan de lard. 

greunne, n., graine. (Grun-ne). On prononce de môme grun-netier, 
grenetior, grainier. 

gri gri gri, espèce d'interjection qu'on articule en même temps 
qu'on chatouille les enfants pour les exciter à rire. — Voir dogt. 

griache (pie), n., pie grièche. 

grigou, n., s'applique, à Clairvaux, spécialement aux prisonniers : 
Vlai les grigous qui vingnent, c'est-à-dire les détenus qui vien- 
nent. 

GRUOTTB, n. Voir bijotte. 

grilleboui, n., bonnet de colon simple que les vieilles femmes por- 
tent en hiver sous la cale et le calot. 



Digitized by 



Goiogle 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 53 

griller, v., sonner, résonner, crier; se dit du bruit que font les 
grelots {grillots), et par analogie du son que rendent certains 
objets, par exemple une chaîne qu'on secoue, de la monnaie dans 
une bourse, des dragées dans un cornet, les feuilles sèches, le 
papier, la soie qu'on froisse, etc.: Eh, çai grille dans tai bourse? 
(Eh, ça sonne dans ta bourse?) Çai grille comme des pois dans 
ein tambour; et par antiphrase, comme du boudin dans V besaice, 
c'est-à-dire ça ne résonne pas du tout. 

grillot et gueurlot, n., grelot, sonnaille : Anmet desgrillots — ou 
des gueurlots — aux chevaux qui s'èpantent, c'est-à-dire on met 
des grelots aux chevaux qui s'épouvantent, aux chevaux om- 
brageux. La sonnaille proprement dite s'appelle ècholle.— Gril- 
lot, n., grillon, insecte : Prins, grillot t (Pris, grillon).— Grillot, 
n., le rhinantus crista galli, et le rhinantus major, plantes qui 
se dessèchent très vite et qui grillent (voir griller) fortemeut dans 
l'herbe des prés et dans le foin nouvellement fait qu'on remue; 
d'où la comparaison : So comme grillot, c'est-à-dire sec comme... 
— Grillot. n., pinçon, ampoule : J'ai des gr illots desous les pieds 
d'aivoitrop marché, c'est-à-dire j'ai des ampoules, etc. 

grilloter, v., griller avec un sens restreint, c'est-à-dire plus par- 
ticulièrement à la façon des grillots plantes. 

grimonner, v., se plaindre, bougonner, etc. — Voir cotonner etra- 
boter, qui ont le môme sens et s'emploient plus fréquemment. 

grimpe {été en), être en bras de chemise, sans vêtement de dessus, 
avoir ôté sa blouse ou son paletot. S'mette en grimpe, se mettre 
en bras de chemise. — En guimpe? 

grincher les dents, grincer les dents. — Voir gringner. 

grinchoux, adj., grinche, bourru, d'une humeur difficile, aca- 
riâtre, revêche; mal disposé. — Y o'ir gritigne. 

gringne, adj., a, à peu près, la même signification que le précédent, 
avec cette différence que grinchoux se rapporte plutôt au carac- 
tère général, et que gringne marque une disposition, un état ac- 
cidentel : Quast-ce qu ï ai don? i ast-i' gringne euce maitint 
c'est-à-dire est-il mal disposé ce matin! — Greingne, triste, qui a 
de l'humeur, Gros. 

gringne-dents, n. comp., qui rit de tout mal à propos; maigre à 
montrer les dents, affaibli par la maladie; pauvre, souffreteux, 
de peu de valeur en général : Ah, je te ferai rire, vai, grand 
gringne-dents, c'est-à-dire mauvais ricaneur! Hein, monprâuve 
gringne-dents, t'aies zeû étrillé? c'est-à-dire tu as été bien malade? 



^t*»- 



Digitized by 



Google 



54 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIE VAUX 

Eulle s'ast r'mairiée d'aiveu ein méchant gringne-dents de St- 
Usaige, c'est-à-dire elle s'est remariée avec un pauvre homme, 
cbélif, de peu de considération, etc., de St-Usage.— Voir gringner. 

gringner les dents, retirer les lèvres de manière à laisser voir, à 
tendre les dents; faire avec les lèvres et les dents des grimaces 
de dédain, de menace, de souffrance... Ne pas confondre ce 
mot avec grincher, grincer, faire crier les dents en serrant les 
mâchoires. — Grigner les dents, grincer, G. et R. — De l'italien 
digr ignare? a Non vedi tu cK e digrignan li denti... » (Dante, 
Inf.). 

gringoler, v., remuer, agiter quelque chose de sonore, de bruyant : 
gringoler V chaîne, c'est-à-dire agiter, secouer une chaîne. N' 
gringole pas lai pincette contre lai toque. S'emploie aussi intran- 
sitivement : Raittaiche don vô tai chaîne qui gringole darrè tai 
voitiure, c'est-à-dire rattache donc voir ta chaîne qui pend et fait 
du bruit derrière ta voiture. 

grioler, v., grelolter, frissonner, trembler, trembloter : J'ai frod 

quejegriole, d'ailleurs, c'est-à-dire j'ai si froid que je grelotte. 

Eujegriolôs de pour (Je tremblais de peur). On dit que la gelée, 

') la gélatine, etc., griolent, d'où griolotte (voir ce mot). — Grioler 

J se dit des raisins qui commencent à mûrir, Gros. 

griolotte, n., gelée, en particulier la gelée de la galantine ou du 
fromage d'Italie. — De grioler, trembloter. 

grippo (ou grippeau?), n., petit raidillon, coteau difficile à monter, 
petit bout de chemin en pente rapide, qu'on appelle aussi coup de 
cul, sans doute parce que le cheval est obligé d'allonger le train 
de derrière?... — Grippo, tertre, colline, Gros. 

gritiot, n., aiguillier, étui à aiguiller. — Garitieau, étui à aiguil- 
les, Gros. 

gritolé, adj. ou part, pas., grivelé, bigarré, tacheté de couleurs 
où le gris domine. 

grôche, adj., grosse, fcm. de gros. 

grongner, v., grogner. 

grongnoler, v., dimin. de grongner, murmurer, maugréer, grom- 
meler, tout bas, d'une manière indistincte; se plaindre douce- 
ment, pleurnicher. Les enfants grongnolent quand ils sont souf- 
frants et disposés à pleurer sérieusement... 

gros-pied, nom d'une espèce de champignon comestible de la forêt 
de Clairvaux. (?) 

grouiller, v., s'emploie pour causer, répliquer, faire mine de vou- 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DB CLAIRVÀLX 55 

loir protester ou se défendre. Une mère dit à son enfant qu'elle 
gronde ou qu'elle corrige et qui veut s'excuser : Tiens, n grouille 
pas ou je te... c'est-à-dire pas un mot, n'ouvre pas la bouche ou 
je... tape. Grouiller se dit encore du bruit sourd que font par- 
fois les intestins : Mon vente, t grouille, c'est-à-dire mon ventre 
gronde. — Voir gargouiller. — S'emploie aussi dans le sens fran- 
çais. 

grume et grbumme, n., grain de raisin : Je n mainge pas V 1 grume 
de ragin en venaingeant (Je ne mange pas un grain de raisin en 
vendangeant). — Grume, id., Gros. 

grume et grkummé, n., noyau de fruit, cerise, prune, pèche, etc. : 
En maingeant les ceréges, i aivaile les grun-més, c'est-à-dire en 
mangeant les cerises, il avale les noyaux. Dans quelques villages 
grumieau et greummieau. — Gremets, sorte de bouillie faite de 
lait et de petits morceaux de pâte, Thév. 

grumelot et greummelot, n., petit amas de farine en boule dans la 
bouillie, la colle de pâte, etc. ; petite boule qui se forme dans une 
farine qui s'échauffe et se gâte; petit amas faisant corps à part 
dans une matière quelconque, en poudre ou demi-liquide, etc. 
Diminutif de grume ou de grumeau? Ou dit aussi maton. 

gruotte et gruiottb, n., fressure de grand gibier, chevreuil, san- 
glier, etc., qu'on enlève du corps tout chaud et qu'on apprête 
pour être mangée immédiatement : Tons tiué ein chevreu, et j'ons 
maingé lai gruiotte (gru-iotte) pou note dèjeunné (dèjun-né). — 
Vieux franc, grue, fraise de veau. 

6UATRE, n.. guêtre, le plus souvent avec une nuance de mépris. 
(Guâlre). Traine-guâtres (voir traîne -galoches). 

gdè, n., abreuvoir, espèce de mare, réservoir d'eau où l'on mène 
boire les bestiaux, guéyer les chevaux, etc. — De gué ? 

guenilloux, n., enguenillé, qui porte des guenilles, des habits en 
mauvais état, mendiant, truand; enfant qui use beaucoup et 
qu'il est difficile de tenir propre. S'emploie comme galocher, lan- 
drou, cul p'ché, etc. 

ouenuchb, n., s'emploie pour guenipe, catin: femme de mœurs lé- 
gères. 

gueuleton, n. , rep*s abondant et qui, le plus souvent, ne coûte rien, 
franche lippée; festin, ripaille, ribcte. 

gueuletonner, v., faire un gueuleton; ripailler, riboter. 

1 Contraction de pas eunne; prononcez pane. 



Digitized by 



Google 



56 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVÀUX 

gueulot, gueuleron et gueuleri, il., goulot d'une bouteille, col et 
embouchure d'un vase, d'une buire, etc. : J'ai ècarmouché le 
gueuleron de lai boutoille (J'ai ébréehé le goulot de la bou- 
teille). — La trachée artère se dit goulot et non gueulot. — Voir 
garguillot. — Gueulleri, goulot de bouteille, Gros. 

gueurlette, n., mauvaise brebis, maigre ou vieille : I's ont maingé 
du mouton, zeux? — Brament! Ç'ast de lai méchant' gueurlette 
(ils ont mangé du mouton, eux? — Joliment ! C'est de la mauvaise 
brebis). S'emploie pour mouton en général avec une idée de dé- 
préciation : Les gueurlettes, eulles sont leues tôt pa note treufe, 
c'est-à-dire les moutons sont allés tout au travers de notre trèfle. 

— Grelette, vieille brebis maigre, Gros.; gueurlette, id., P. T. 
gueurli, v., infin. et part, pas., griller, brûler, roussir, hâler,etc, 

ou grillé, brûlé, roussi, hàl»' 1 , etc. : Notejadin, ï ast tout gueurli 
pa le soleil, c'est-à-dire tout grillé, tout desséché. Maigue comme 
ein chait gueurli (Maigre comme un chat rôti). Tu mets tes cho- 
chos trop prées du feu, i's vont guerli (Tu mets tes souliers trop 
près du feu, ils vont brûler). Pois gueurlis. pois qu'on a fait 
griller comme des marrons, en les couvrant de charbons ardents. 

— Groslir, grosli, faire griller, grillé, Gros. — Du vieux franc. 
groler, rissoler? 

gueurlu, adj., grelu, paresseux, gourmand, etc. : Eune li baillez 
don rin ai ce prâuve-lai, ç'ast ein vie' gueurlu, c'est-à-dire ne lui 
donnez donc rien à ce pauvre-là, c'est un vieux paresseux, gour- 
mand, qui mendie pour sa gueule, etc. 

gueurner, v., grainer, produire beaucoup de graines : Les b\és 
(biés) vont gueurner et' année. De môme ègueurner, égrener. 

gueurmer et graingnier, n., grenier. 

gueurnon, n., gratin, espèce de croûte qui tient au fond de la cas- 
sero'e où l'on fait une cuisine farineuse ou féculente, telle que 
bouillie, purée de pomme de terre, etc. : Sauce eul fond du pot, 
t'airaies V gueumon, c'est-à-dire tu auras le gratin. Racle don V 
gueumon* (Racle donc le gratin). — Voir raigueurner et rai- 
gueumon. 

gueurnotte, n. dimin., petite graine en général; en particulier les 
criblures du blé. 



1 Cette syllabe gueur est généralement prononcée gre par tous 
ceux qui raffinent : grenon, grenotte ou greunnotle, greselle, ra- 
grener, etc. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DB CLAIRVAUX 57 

gueurnoutlle, n., grenouille. Penre les gueurnouilles pa lai quoue 
(coue), prendre les grenouilles par la queue, faire l'impossible, 
ferrer les cigales, etc. A un imbécile, ou un fainéant qui vante 
son adresse, ses travaux, etc., on répond : Oh, oui, t'en prends 
des gueurnouilles pa lai quoue t 

goeurnouillis, n., masse gélatineuse qui surnage au printemps 
dans les eaux stagnantes; espèce de cryptogame verdâtre, sem- 
blable à de la gelée, qui couvre le sol en certains endroits hu- 
mides, ou après des pluies abondantes. 

gueurzblle, n., groseille. Gueurzelle piquante, groseille à maque- 
reau. 

gdeurzeller et gueurz'leb, n., groseillier. 

GUBUBZiLLBR, v., intrans., grésiller, tomber du grésil ; gueurziller, 
v. trans., se dit de l'action du grésil sur les récoltes : /' gueur- 
zille, et çai vai gueurziller nos vingnes, c'est-à-dire il tombe du 
grésil, et ça va grésiller nos vignes. 

GuâTER, v., guéer : Euje vas faire guéyer (jguè-ie) on je vas guéyer 
mon chevau (Je vais guéer mon cheval). Par analogie, entrer dans 
l'eau jusqu'aux genoux : Je n' nous sons pas baingnés, je nous 
sons seulement guéyés, c'est-à-dire nous ne nous sommes pas bai- 
gnés, etc. 

guibole, n., mot du langage populaire général, jambe. — Voir 
gunnevelle. 

gcignànder et guingnander, v., aller où l'on n'a que faire, perdre 
son temps à flâner; courir la prétantaine, etc. Ne se prend qu'en 
mauvaise part : /' ast pati guignander pa les rues (Il est parti 
flâner par les rues). /' ast zeû guingnander ce maitin d'aiveu son 
feusil, c'est-à-dire il a été flâner ce matin avec son fusil, perdre 
son temps à braconner. /' guingnande tente lai neut (Il court la 
prétentaine toute la nuit). — Guignander, demander bassement 
et avec importunité, Gros.; guignander, courir le soir, Thév. 

GUIGNANDIER, GUINGNANDIER, GUIGNANDIOUB, etc., n. et adj., Celui 

qui guignande, coureur, flâneur, braconnier. — Guignandeux, 

mendiant, Gros. ; guignandier, flâneur, Thév. 
guimbardéb, n., grosse voiture, charretée élevée, branlante, de 

foin, de fagots, de gerbes, etc. : Oh, que guimbardéet (Oh, 

quelle charretée !) — De guimbarde, voiture* 
guingne, n., fruit du guingnier, guigne, espèce de cerise douce. 
guingner, v., guigner, loucher; regarder du coin de l'oeil. — Voir 

oanoyer, plus employé* 

T. L 5 



Digitized by 



Google 



X 



58 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 

guingnikr, n., espèce de cerisier à fruits dont, guignier. 

guingnotte, n. dimin. Aeguingne, pruneau de cerise sécbée au four. 

gunnevelle, n., jambe, avec mépris : R'tire tes gunnevelles (gun- 
n'velle) de devant note feu, que je pouille passer) Retire tes jam- 
bes de devant notre feu, afin que je puisse passer). On emploie 
aussi dans le même sens le mot guibole, qui implique parfois 
une difformité de ce membre. — Kennevelles, jambes, Gros. 

habeur-sai et habrb-sai, n., havre-sac; besace, carnier, etc. S'em- 
ploie le plus souvent avec une nuance de mépris : Moi, empouter 
c't' hâbeur-sai-lai ? J' aimer ôs enco meux ein p'ner, c'est-à-dire 
moi, emporter ce havre-sac, ce vilain carnier-là, etc. ? J'aimerais 
encore mieux emporter un panier. 

hac hag hac, interj. — (Voir acacac). 

rachbler, v., mal travailler, gâcher la besogne. — Voir kachier. 
On dit aussi poucheler. 

hachier, n., mauvais ouvrier en général qui gâche la besogne, 
sabrenas ; homme indécis, vendeur ou acheteur qui hésite, qui 
marchande beaucoup, qui ne sait pas en finir; en particulior 
mauvais cultivateur. Dans ce dernier sens on dit plutôt gaile- 
terre. — Hachelier, laboureur mal attelé, Gros. ; hachelier ou 
hachier, ouvrier qui travaille mal, G. et R. — De hache? qui 
travaille à la hache, grossièrement? 

*hades < , n. pi., hardes, linge, effets, vêtements : J'ai renv'ché mai 
hottée d' hades, c'est-à-dire j'ai renversé ma hottée de hardes. 

hadi, adj., hardi. 

hab, n., haie : J'ai planté (pianté) eunn' hâe vive (J'ai planté une 
haie vive). — Haille, P. T. 

haibile, adj., habile : HaibAe (haibiAexx) ai mainger, haibûe ai 
traivoiller (Habile à manger, habile à travailler; sous entendu : 
celui qui est...) S'emploie souvent pour adroit. 

# haiche, n., hache. (Êche). 

haichotte, n. dim., hachette, petite hache. (Échotte). — Vieux 
franc, aiscette, petite hache. 

# hailles, n. pi., haillons, guenilles; linge, hardes, avec mépris : 
Eu&t-ce que j'ai b'sun de ses hailles su note hâe ? c'est-à-dire 
est-ce que j'ai besoin de ses guenilles, de son linge, sur notre 
haie? Pourquoi les y étend-elle? 



4 Nous marquerons ainsi d'un astérisque les mots ou Yh est le plus 
louvent aspirée. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DB LA FORÊT DE CLAIRVADI 59 

'hainche, n., hanche : J'ai mau ai lai hainche, c'est-à-dire j'ai mal 
à la hanche. 

*hairb (ou aire, ou ÈRE, etc.?), adj., sec, dur, rêche, sans suc, 
âpre, raboteux. On dit que le pain est haire, quand il est mal 
levé, mal cuit et desséché; que la terre est haire, quand le so- 
leil l'a desséchée subitement après des pluies abondantes; qu'on 
a les mains haires, quand on les a trempées dans du vin, des 
acides, etc., ou qu'on a jardiné, et que la peau en est sèche, ra- 
boteuse, etc, — Haire, sec, sans suc, sans moiteur, Gros. 

haireng, n., hareng : Ein haireng, deux hairengs, trois hairengs, 
piquet (Un hareng, deux harengs, etc.). C'est une de ces for- 
mules bizarres dont on se sert pour faire le premier bouchot 
(voir boûchotte), et dont nous avons parlé dans c le baron Cro- 
quepoule. » 

hallier (ou hailler?), n., espèce de hangar, bûcher: J'ons du 
bois pieun note haMier (a-ié), c'est-à-dire nous avons du bois plein 
notre bûcher. 

1 hamm, interj., sorte d'onomatopée, son qu'on fait entendre en ou- 
vrant la bouche grande pour exciter les petits enfants à man- 
ger leur|soupe : Oh, comme ç'ast bon! Allons, hammt c'est-à- 
dire, ouvre la bouche, avale ! 

harbe, n., herbe. 

harbiére, n., œsophage des petits quadrupèdes qui vivent d'herbe, 
en particulier du lièvre et du lapin : T'aies dèpieauté V liéve ; 
aies-tu oté Vharbiére? c'est-à-dire tu as dépouillé le lièvre; as-tu 
ôté, enlevé l'œsophage? 

harbolisse, n., herboriste. 

harcelier, n., mauvais charretier, qui conduit mal les chevaux. 
(Ar-ce-ié). Peu employé. 

harche, n., herse, instrument aratoire. 

harcher, v., herser. — Erser, herser?! Gros. 

harle, n., hàle. — Vieux français. 

HARNicHERet harnucher, v., harnacher. On dit plus souvent garni 
et gamin. 

harper, v., s'emploie pour happer, saisir, prendre avidement :Euje 
li baille du pain, et t m' harpe çai comme ein chien (Je lui donne 
du pain, et il me happe cela comme un chien). Happer? ou har- 
per, détourné de son sens? 

hasard {ç'ast d' ), expression qui signifie c'est peu probable : Iraies- 



Digitized by 



Google 



60 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRYABX 

tu at Paris ? — Ç'ast d'hasard, c'est-à-dire c'est peu probable, 
je n'irai probablement pas. Ç'ast d'hasard si... Il n'est pas pro- 
bable que... ou il est probable que... selon que cette expression 
est suivie ou non de la négation : Ç'ast d'hasard s' i' pleut (pieut) 
aujd'heu (Il n'est pas probable qu'il pleuve aujourd'hui). Ç'ast 
d'hasard s'i' ne pleut pas aujd'heu (Il est probable qu'il pleuvra 
aujourd'hui). Ç'ast d'hasard si équivaut donc à : ce serait un 
hasard, un bel hasard si... 

hâte déterre, n., morceau, coin de terre; petite pièce de terre, 
plutôt bonne que mauvaise, possédée par quelqu'un qui n'en a 
guère. Un manouvrier, un vigneron dira : J'aiaicheté eunne hâte 
de terre, eunne petite hâte, eunne méchant' hâte, quéques hâtes. . . 
pou me mette des pommes de terre. On prononce tantôt aie, tantôt 
hâte, avec h aspirée. — Hatter, franchir par enjambée, Gros. — 
Du vieux franc, haste, mesure de terre. — On dit aussi loquette. 

haut-lai-quoue, n. comp., homme orgueilleux, vain, qui prend 
des airs de supériorité ridicules : Ç'ast ein haut-lai-quoue, un 
haut-la-queue, c'est-à-dire un poseur, un faiseur d'embarras, etc. 

• hauts, n. plur., s'emploie pour hauteurs, coteaux, collines, som- 
mets. Pa hauts et pa chemins, par monts et par vaux : J' sens 
toujous pa hauts et pa chemins, c'est-à-dire je suis toujours en 
marche, par les coteaux et par les plaines, par monts et par vaux, 
par les terres et par les ehemins. 

*hbin don, interj., tiens donc, allons donc, encore un effort, etc. : 
Hein don, aittraipet (Tiens, vl'an, attrape). Hein don, pousse, 
tire, taipe, c'est-à-dire, allons donc, pousse, tire, tape, etc. — 
Heingne donc, Thév. 

heingner (ou heinnier?), v., hennir : Ç'ast don ein chevau entier* 
qu'% heingne, comme çai? (C'est donc un cheval entier, qu'il 
hennit comme cela?) Au part, pass., heingne. 

HÊMORuiTBS H n., hémorroïdes. 

heulb, n., huile. — Heul, L. C; heul, ch. de n. — Vieux franc. 
oelle. 

heure (aic'f), loc. adv., à cette heure, à présent, maintenant, tout 
de suite : Aie' t'heure que j'ai fait mai vingne, j'vas t'aidter, 
c'est-à-dire maintenant que j'ai fini ma vigne, je vais t'aider. 

heurler, v., hurler. 

hburoux, adj ., heureux. S'emploie souvent pour tranquille, à l'aise, 

4 On prononce toujours IV dans ce mot, comme dans fier : entierr f 



Digitized by 



Go. g 



i 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 61 

etc. : Taies Un heuroux, tu n'aies pus tin ai faire de Vannée 
(an-née), c'est-à-dire tu es bien tranquille, tu n'as plus rien à 
faire de l'année. I's sont bin heuroux, i's ont du pain, du vin et 
de l'argent. 
heursé, adj. et part, pass., hérissé, mal peigné : Eunne grôche tête 
heursée (Une grosse tête hérissée). Au fig. grinche, bourru, re- 
vôche, irritable : Pale don vor meux que çai, peut heursé t c'est- 
à-dire parle donc voir mieux que cela, vilain bourru, grinche. 

hburseh (s*), v., se hérisser les cheveux, se peigner à rebours ; au 
fig., se mettre de mauvaise humeur, s'irriter, se cabrer. — Voir 
heursé. 

hiche et hiche HiCHE hiche! interject., qui exprime la sensation du 
froid, ou du frisson, au propre et au fig. : Qh, qu'f fait frod ce 
tnaitin, hiche hiche hiche l (Oh, qu'il fait froid ce matin, brrr !) 
Que coutieau, hiche t Çai fait frod dans le dos. — Hiche, même 
sens, Thév. 

himeur, n., humeur dans toutes ses acceptions. On fait ce mot mas- 
culin. 

hirsoh, n., hérisson, animal; roue d'une charrue; une espèce de 
galium très commun dans les moissons, le galium aparine et ses 
variétés. 

hôlée, houléb et HULÉB (ou ôliSb, ouléb et uléb?), n., averse, la- 
vasse : /' ai cheu V boinne hôlée de p)ene (pieue), c'est-à-dire il 
est tombé une averse, une bonne averse de pluie. S'emploie aussi 
au figuré, comme averse, pour gronderie subite, réprimande sé- 
vère : l'en ai zeû eunn 9 hôlée du maite $ école t—Hulée, giboulée, 
Gros.; hulée, averse, G. et R. 

# hôlbr, v., s'emploie pour appeler en criant, se réclamer : T ètot / / 
pèdiu, i' hôlot teut pa le bois (Il était perdu, il criait, appelait, 
tout par le bois, c'est-à-dire tout au travers du bois, dans tous 
les coins du bois. On trouve ollant pour hurlant, xm* siècle. 

hongnard et hoingnard, n. adj., grognon, pleurnicheur; qui chan- 
tonne entre ses dents; qui chante mal. — Voir hongner. 

bongnbr et hoingner, v., chantonner enlre les dents ; mal chanter ; 
fredonner, avec une idée de dépréciation : Lé, chanter? Eulle l 
hongnet c'est-à-dire elle, chanter ? Elle chantonne, elle détonne, 
elle dégoise ! S'emploie aussi pour grogner, geindre, pleurni- 
cher : Quast<e que V hongnes don ? Taies mau aux dents ? — 
De hogner? Hoingner, huigner, murmurer, gronder, xin* siècle. 
— Hongner, pleurnicher, Thév. 



Digitized by 



Google 



62 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 

hontable et HONTABE, adj., honteux, vergogneux, qui doit faire 
honte, déshonorant, flétrissant : Çast hontable (hontâtteu), c'est- 
à-dire cela fait honte. Dans le sens de timide, on dit hontoux. 

hontoux, adj., honteux. — Voir hontable. 

hoqueler, v., agiter, secouer, hocher, cahoter, ébranler, faire des 
hoquelots : N hoqueulle pas tant tai brouvotte, tu vas renv'cher, 
c'est-à-dire ne secoue, ne cahotte pas tant ta brouette, tu vas 
renverser, sous entend, ce quelle contient. Hoqueler, intransilif, 
être peu solide, remuer, branler : Tlai V piarre de lai mureille 
qui hoqueulle et qui vai bintot cheur (Voilà une pierre du mur qui 
branle, etc.). Tai V dent qui hoqueulle. Hoqueler, travailler 
pour rire, gaspiller, perdre son temps à des minuties, à de la 
besogne de peu de valeur (voir dans ce sens arrioler, beurlau- 
der, etc.). Au fig. hésiter en affaire, marchandailler, n'y aller 
que d'une jambe (voir épier, èpiloguer, etc.). Hoqueler, se prend 
toujours en mauvaise part. Au propre et dans le premier sens, si 
les secousses ne sont pas maladroites, si elles sont voulues, on 
dira plutôt escouer ou scueiller * . — Hocler, remuer, secouer, 
ébranler, Gros. ; hocler, secouer, cahoter, heurter à la porte, 
Thév. — Du vieux franc, hocqueter, ébranler, secouer ? ou hoc- 
queller, chicaner, quereller, disputer ? 

hoquelle, n., vieille vache; vache avec une idée de dépréciation, 
de mépris; s'accompagne ordinairement des adjectifs veille, 
(vieille) ou méchante. On dit aussi godelle; mais hoquelleest plus 
énergique. — Hocqudle, meuble usé, vieil outil, Gros. — De 
hoqueler ? 

hoquelot, n., secousse, cahot : Les hoquelots i's ont fait cheur les 
jarbes de dessus lai voitiure (Les cahots ont fait tomber les gerbes 
de dessus la voiture). Y ailler par hoquelots, c'est-à-dire en ho- 
quetant, par secousses, irrégulièrement. On dit aussi sargot ou 
sarcot. 

hoqueton, n., homme, enfant, qui n'a pas la taille ordinaire, petit 
court, mal venu, difforme, bout d'homme; se dit avec mépris : 
Ein bel hoqueton pou penser ai se mairiert c'est-à-dire un beau 
nain, un beau nabot, etc. S'emploie aussi quelquefois en parlant 
des animaux. — Voir aiquais. 

1 Hoqueler et dèsoquier ou dèshoqueler sont-ils de môme origine? 
Nous n'avons pu déterminer les rapports exacts qu'il y a entre ces 
mots, tant ils ont de significations et de prononciations diverses et 
confuses. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FOBÊT DE CLAIRVAUX 63 

hoqubullerie, n., besogne mal faite, travail inutile, minutie; tra- 
casserie en affaire, etc. — Voir hoqueler. 

hoquier (ou hoquelier?), n., mauvais ouvrier, qui travaille mal, 
qui perd son temps (voir bricoUer et hachier); tracassier en af- 
faires. — Voir hoqueler. 

hosto (ou osto?), d., maison, domicile : Aujd'heu, je reste ai 
thosto, c'est-à-dire aujourd'hui, je ne sors pas, je reste à la mai- 
son. S'emploie plutôt en plaisantant. — Hotey, L. C; hoté, hotai, 
P. T.; hotai, G. et R. — Du vieux franc, ost? 

hotteret, n. dim., petite hotte; la hotte ordinaire, par opposition 
avec la hotte à vendange beaucoup plus grande. 

* hottitie, hottètèe et HOTTATA, interj., sorte de mimologisme, mot 
qu'on prononce en même temps qu'on soulève un petit enfant 
pour le prendre sur ses bras : Viens vas moi, mon gachenot, 
viens, allons hottitie î c'est-à-dire, viens vers (\xmr près de) moi, 
mon enfant, etc. On dit aussi : Viens faire hottitie t c'est-à-dire 
viens entre mes bras, viens t'élancer, faire un effort, un houp t 

hoddé et hodé (ou oudé et odé?) \ part, pass., fatigué, lassé, dé- 
goûté, importuné : Toujous goder les petiots, j'en seâs houdée 
(Toujours garder les enfants, j'en suis fatiguée, ennuyée, rebu- 
tée). F p\eut tous les jous, an en ast odé, c'est-à-dire on en est 
lassé, dégoûté. — Odé, las, fatigué, Gros. — Vieux franc, hodé, 
lassitude. 

houder et hoder (ou ouder et oder), v., fatiguer, lasser, ennuyer, 
rebuter, excéder. S'emploie beaucoup plus rarement que le par- 
ticipe passé. — Oder, fatiguer, Thév. 

houle au bâton et boule au bâton, espèce de jeu d'enfants. — Me- 
ner lai boule au bâton (voir boule). 

houper, v., appeler quelqu'un en criant : hoûpet Ne pas confondre 
ce mot avec hôler : hôler, c'est plutôt crier fort ; hoûper, c'est 
pousser le seul son hoûpe répété et prolongé.— De houpper, terme 
de vénerie, sans doute. 

houspingner et houspailler, v., houspiller, secouer, gronder; 
maltraiter, corriger corporellement. 



* Dans la plupart de ces mots, haire, hôlée, hongner, hoqueler, 
houder, etc., l'A, s'il existe, se fait rarement sentir... Cependant 
quelquefois on prononce dé t hoquelots, dé hôlées, etc., et presque 
toujours de houtons : c'est pourquoi nous avons cru devoir ortho- 
graphier ainsi... 



Digitized by 



Google 



64 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 

* housse, interj., arrière, fi, va4-en, f... le camp, loin de mo\,apage... 
Housse t contient plus de mépris encore que tous ces mots en- 
semble; c'est là manière la plus énergique, la plus grossière de 
chasser quelqu'un : Allons, housse t c'est-à-dire f... le camp, dé- 
busque! — De huis, porte, ou du vieux franc, hus, cri pour ar- 
rêter un voleur? 

houssinonb, n., houssine, baguette longue et flexible. 

houtons, n. pi., grains dans leurs balles ou glumes (voir dosses) 9 
bourriers, débris de paille et d'épis qui s'amassent à la surface 
du van : Ç'ast mal baittu, t y ai p\eun des houtons, c'est-à-dire 
c'est mal battu, il y a beaucoup de bourriers, de grains dans les 
balles, etc. Ne pas confondre ce mot avec clivures, criblures : 
dans les houtons, se trouvent quelquefois les plus beaux grains 
de blé, les plus gros. Ceux qui raffinent disent hautons. — Hot- 
tons, graine maigre qu'on sépare du blé en le nettoyant, Gros.— 
Vieux franc, hauton, aulton. 

rus (ai F ), loc. adv., à la porte, dehors : F... 4e ai F hus (Mets-le 
à la porte). T pleut qu'an ne mettrot pas ein chien ai Vhus, c'est- 
à-dire il pleut à ne pas mettre un chien dehors. — Hus, à Vhus, 
huis, porte, Gros.; hû, porte, G. et R. — Du vieux franc, ius, 
us, huis, uis, porte. 

russieb, n., huissier. 

i', pron. pers., il. Au pluriel, nous écrivons t$; mais on ne doit 

jamais faire sentir 1'* en prononçant ce mot. 
imprimoub, n., imprimeur. 

ilai, adv., là : T ast ilai, c'est-à-dire il est là. — Du vieux franc. 
ilec ? 

incre (ou aincre?), adj., raide, tenace, têtu, rancunier, d'un ca- 
ractère difficile : T ast bon gachon, mas ein poichot incre, c'est- 
à-dire un peu susceptible, un peu difficile à convaincre... Le 
sens de ce mot est assez vague. 

inc'môde, ad., incommode. 

indifférent (néte pas), être assez bien, assez bon, assez beau, pas 
mauvais, etc., selon les cas : Eullel ast-ï belle, sai femme? — 
Eulle n f ast pas indifférente. — Ton liéve forcé t ètot-i bon ? — /* 
n*ètot pas indifférent, c'est-à-dire elle est passable, assez belle, 
elle n'est pas laide; mon lièvre n'était pas trop mauvais. 

indingnb, adj., indigne; remuant, insupportable. Se dit particu- 
lièrement d'un enfant difficile à tenir, à garder, etc. : r ne peut 
pas se tenin tranquille, ï ast indingne, euce petiot-lait 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DI CLAIRVAUX 65 

nn>iOT, adj., idiot. 

ivrogne et ivrongne, ii M pièce d'an pressoir, morceau de bois long 

et étroit qui se place immédiatement sur le marc et supporte les 

planches. Cette pièce, s" enfonçant entièrement dans le marc, est 

censée boire plus que de raison. 

jabe et jable, n., s'emploie pour désigner à la fois l'entaille, la rai- ~7*0'V~ ( J • n M y 
nure du tonneau, et la partie extérieure des douves qui fait sail- J 
lie autour du fond : Prends le meud pa V jâb\e. / J/^r & 

iabi, part, pass., mal habillé, fagoté : Oh, mon gaichenot, comme te _ , — - A 
vlaijâbxt c'est-à-dire comme te voilà fagoté, ficelé! Eulle last Ix'}^*)^'^' 
binjâbie, ma fi, pou V mairiée t Se prend toujours en mauvaise / ' ± ( *JUIjC ' ] 
part. * ^ 

jabi (s'), infin., se fagoter, s'habiller sans goût; s'habiller avec 
dédain. Peu employé. — Voir gôné. 

jabot et jaibot, n., estomac, avec une nuance de dépréciation plai- 
sante : Ai c'Vheure que t'aies le jabot p\eun, mi traivoiller, c'est- 
à-dire à présent que tu as la panse pleine, etc. Mets çai dans ton 
jaibot, c'est-à-dire avale cela, mets-toi cela sur la conscience. 

jachon et jAiGHOif, n., aiguillon, dard d'abeille, de guêpe, etc. ; 
langue de couleuvre, de vipère : Eulle l ai loche son jachon dans 
mon pence, lai mouche ai mxèe, c'est-à-dire l'abeille a laissé son 
aiguillon dans mon pouce. Vlai V couleuve qui tire son jai- 
chon*. Par analogie, voix piquante qui entre dans les oreilles 
comme un dard : Taise-te, tu me fends-lai tète cTaiveu ton jachon, 
c'est-à-dire avec ta voix criarde, ton babil incessant, etc. On' 1 ( 

nomme aassi jachons, jaichons, les lattes qui servent comme de 
charpente dans une hotte, un mannequin, etc., et autour des 
quelles se tresse l'osier, la partie d'un panier qu'on appelle co- J 
lonnailles : Teus les jaichons de mai hotte i's sont cassés. — Jar- 
son, langue ou dard de couleuvre, Gros. 

jàcquedàlle et jacquedane, n., étourdi, évaporé, personne sans 
jugement, qui agit brusquement sans réflexion; toqué. Jacques 
danef — Voir dans. 

jadin et jadiin, n., jardin. — Qiïtchin, G. et R. ; queutchin, P. T. _ / ^ / 

JA1DRB (ou gêdre?), adjectif qui ne s'emploie qu'avec le nom œû % i s*rf-&t 
(œuf) : œû gèdre, œuf qui n'a pas de coque, que la poule a pondu 

* On croit encore assez généralement que les serpents piquent 
avec leur langue, qu'on prend pour un dard. 



Digitized by 



Google 



M-* 



66 PATOIS DE LA FORÊT DIS CLAIRVAUX 

prématurément. — Jadre (œuf) qui n'a qu'une pellicule pont 
coque, Gros. 

jaidrou, adj., maladif, malingre, rachitique, souffreteux. S'appli- 
que plus particulièrement aux petit» enfants, avec une nuance de 
pitié.— Pour chaitroux, c'est-à-dire en chaitre? (voir chaitre). — 
Vieux franc, chestreux, chestron, malheureux, digne de pitié. 

jaimmas, adj., jamais. (Jain-mâ). 

jaimmée, n., la largeur de terrain qu'en labourant le vigneron 
prend, mène dune fois, ce qu'il peut cultiver avec la pioche ou 
le vessou, en allant droit devant lui, sans effort de côté, c'est-à- 
dire à peu près la largeur de l'écartement des jambes : Tées 
gêné, t'aies prins V jain-mée trop large (Tu es gêné, tu as pris, 
etc.). — Du vieux mot jame, jambe? 

jairle et jarle, n., jale, espèce de baquet; petit fût, qui n'a qu'un 
fond et qui sert à transporter le vin du pressoir.— Gerle ou jarle, 
Gros. ; gerle, jarle, petit cuvier, G, et R. ; jalois, seau, vase de 
bois, P. T. — Vieux franc, jalle, jarle, jaille, jallaie, jalois, 
mesure, seau. 

jarbe (ougearbe?), n., gerbe. — Vieux franc, jarle, botte. 

,, a V jargillerie, n., plante adventice, une, et même plusieurs espèces 

7 / V /^ J \ de vesces, les vicia cracca, villosa, glabrescens.— Du vieux franc. 

^ -*V jergerie, gergerie, mauvaise herbe? 

jargotter, v., tousser, d'une toux nerveuse causée par une irrita- 
tion des bronches, toussai lier; tousser, avec une nuance de dé- 
pit : Je ne sens pas enrheummé et j'ai jargotté tente lai neut, c'est- 
à-dire j'ai toussaillé. Diâbe qui te jargotté t Le diable qui te 
^ " • v v tousse ! 

/ jaser, v., s'emploie pour hésiter en quoi que ce soit, être indécis, 

incertain; dilayer : Quast-ce que tu jases don? Gnai point de 

danger (Qu'est-ce que tu hésites donc? il n'y a pas de danger). 

1 D'aiveu moi, % ne faut pas jaser, çast tout de suite ou point 

(Avec moi, il ne faut pas tergiverser, etc.). — Voir épier, épilo- 
guer. — De jaser, causer, c'est-à-dire bavarder au lieu d'agir? 

jauge, n., désigne particulièrement Yentaille qu'on fait en culti- 
vant avec la bêche. — Voir entaille. — Du vieux franc, gaugef 

- ' jaunotte, n., espèce de champignon comestible, la chanterelle, 

-'I r s L cantharellus cibarius. 

jéionner (ou géionner?), v., jalonner. 
JÉON et jéion (ou géon?), n., jalon. 



Digitized by 



Goqgle 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIR VAUX 67 

jetion et nnotf, n., essaim, essaim d'abeilles : Ein ftion, ou ein 
jition de mouches (Un essaim d'abeilles). —Jeton, essaim d'abeil- 
beilles, Thév. — \oir jitier. 

jeue et joe, n., joue : Menton rond, bouche d'argent, nez cancan, 
jeue breûlée,jeue rôtie, petit œillot, gros œillot, toque maillot t 

jiment, n., jument. — Giment, Gros. 

jitier et j'tier, v., jeter : Jittieu bramont des piarres dans monja- 
din ! (Jette bien des pierres dans mon jardin !) — Jitier-lai, jeter 
dehors, rejeter, rebuter : Tu ne sais pas éplucher les mousserons, 
t'en jittien-lai trop, c'est-à-dire tu en rejettes trop, tu en rebutes 
trop. Jitier en parlant des abeilles, essaimer : /' fait chaud, nos 
mouches jitt'iexiront pt-éte aujd'heu, c'est-à-dire essaimeront 
peut-être aujourd'hui. — Jiquey, P. T.; jiquer, G. et R.; jiquier, 
ch. de h. ; jeter, essaimer, Thév. 

joinde (joindieu), v., joindre; obéir : D'aiveu moi, i' faut que les 
enfants /otWieu 4 , ou joindiaint, c'est-à-dire avec moi, il faut 
que les enfants joignent, plient, obéissent. Faire joindieix aux 
bosses, faire obéir quand même, à la parole : Si jaivôs ton gai- 
min, je le feras joind'ieu aux bosses, c'est-à-dire je le ferais obéir 
vite et quand même. 

joinbioub, n., outil de tonnelier qui sert à joindre les douves d'un 
tonneau, jointeur. — Joindoux, pince avec laquelle on force le 
dernier cerceau d'un tonneau, Gros. — Grosley a confondu cet 
instrument avec le chien ou le davier, sans doute. 

jointiéb, n., joinlée, ce que les deux mains jointes peuvent conte- 
nir. — Vieux français. 

jonné, jonnau et jonniau, n., journal, mesure de terre d'environ 
trente-deux ares : Ce nast pas les grands chevaux qui font les 
grands jonnaux, c'est-à-dire ce ne sont pas les plus apparents, 
les plus forts, etc., qui font le plus de besogne. 

jonnée, n., journée. Homme de jonnée, journalier, homme qu'on 
loue a la journée : J'ons zeû 'n jonnée aujd'heu, c'est-à-dire nous 
avons eu une personne de journée (homme ou femme) aujour- 
d'hui. /' ne fait rin de lai sainte jonnée, il ne travaille pas de la 
journée, de la grande journée, de toute la journée du bon Dieu. 

jou, jeu et jo, n., jour : Tu le sentiraies meux que V point du jou 



4 Nous sommes obligés de supprimer ici la marque du pluriel, 
afin de pouvoir conserver à peu près la prononciation. 



Digitized by 



Google 



68 PATOIS DE LA FORÊT DB ttAIRVAUX 

(Ta le sentiras mieux que le point du jour). Euljou a lai neut. 
r y ai pus de jous que de semaines» 

jouaillon, jouasse et jouasson, n., joueur, avec une idée de dé- 
préciation, joueur qui joue mal, ou qui joue trop... Dans le pre- 
mier sens on dit aussi juotin. 

jouchoue, n., juc, juchoir, perchoir, lieu ou les poules et autres 
volailles juchent, perchent, se couchent. — Voir Jouquer. 

jououe, n., joueur. Prononcez comme joueur, en changeant eur en 
où. — Voir jouaillon. 

jouquer, juquer et joucher, v., jucher, percher : Là vou dan qu'i' 
vai se jouquer? (Où donc va-t-il se percher, se jucher?)— Vieux 
franc, jouquer, même sens. 

jousqub, prép., jusque. 

joutte, n., bette-poirée, carde. (Beta vulgaris et delà). 

jun, n., juin, nom de mois. 

_ lâche, adj., s'emploie exclusivement pour paresseux, fainéant. 

ci lâche, n., laisse ou lesse, glas funèbre, certaine liturgie en l'hon- 

~V. neur des morts : Quand an seûne trois lâches, ç'ast ein homme, 

deux, ç'ast V femme % c'est-à-dire quand on sonne trois lesses, 
etc. — Laisse ou lesse, sonnerie pour les morts, Gros. — Du vieux 
franc, lesse, air, chanson? 
lâcher, v., laisser. — Lachey, L. C; lachey, P. T. — Ne pas con- 
fondre ce mot, dont Y a est très bref, avec lâcher. 
, - - ladon et lardon, n., espèce de champignon comestible dont la chair 

. ) ressemble en quelque sorte à du lard. ? 

lai, art. simp. fém., la : Lai majon (La maison).— Lai, la, P. T. 
- / * lai, pron. pers. fém., la : Je lai demanderai en mairiaige (Je la 
Y * c demanderai en mariage). S'emploie à l'accusatif. 

' t \ fi\C lai, adv., là : Bulle l ast lai (Elle est là). — Voir lai vob. 

I laiçot, n., lacet. Laiçot, nœud coulant pour prendre des oiseaux, 

particulièrement les mères sur leurs nids. 

lainoue (ou lingue?), n., languo : Tèes comme les estragtàs, tu 
/ ,i \ l ^ n'aies que lai laingue de boinne, c'est-à-dire tu es comme les es- 

* K ' * y 4 , t , , , ) cargots, tu n'as que la langue de bonne. — Vieux franc, laingue. 

/,*'•'/ laitice, n., laite, laitance : J'ons maingé trois hairands (airan) 3 

f deux laitices et ein œuvé, c'est-à-dire deux laites et un œuvé. 

lai vou et la vou, adv., là où, et simplement où : Tte meunnerai 
lai voit qu'f ast (Je te mènerai là où il est). Là voit que tu vas 



/.^A 



* f - 



'...//. 



, ; ■ • j / y c „ >;•■<:-' ; ' ; -..■• . ,^^ ier 



( fr.r.u 



V 

■--W.J 



Digitized by 



Googlg 



PATOIS DB LA FORÊT DE CLAIRVAUI 69 

don? (Où donc vas-tu?) S'emploie quelquefois par ironie pour 
comment, allons donc, etc., en réponse à des insinuations, des 
menaces, qu'on dédaigne : Ah, tu riêet pas dèchaippe, mon ga- 
chon d'aiveu moil — Lai voit? lai voû çaif (Àh, tu n'en es pas 
quitte avec moi, mon garçon! — Comment ça? Je me moque bien 
de toi !) Là voù que, loc. conjonc, an lieu qpe : Si tu riètos pas 
venun, fairôs travoïllé, là voù que f ai pèdiu maijonnée (Si ta 
n'étais pas venu j'aurais travaillé, au lieu que j'ai perdu ma 
journée). — La vou que, au lieu que, Gros.; là vou, loc. adv., 
là où, quand, où, Thév. 

lalas (ou lala?), n., terme enfantin, petit siège, petite chaise, 
chairotte : Viens su ton laid, ou dans ton laid, mon enfant, c'est- 
à-dire viens sur ta chaise, viens t'asseoir. — Faire lalas, s'as- 
seoir : Fais laid, mon petiot. 

lambingner, v. 9 lambiner. 

lamper, v., s'emploie pour flamber, et se dit de la flamme du foyer 
quand elle monte très haut dans la cheminée : Oh, comme çai 
lampe I Eul feu vaipenre, si V feu peumot dans lai chemingnée, 
c'est-à-dire comme ça flambe ! le feu va prendre, si le feu pre- 
nait, etc. Quand la flamme est modérée on dit clairer. 

lànceron, n., cochon vers l'âge de trois mois, quand il n'est plus 
cochon de lait; cochon à engraisser : Tons aicheté deux lancerons 
que je vons tâcher de grâcher pou Noël, c'est-à-dire nous avons 
acheté deux jeunes porcs, etc. 

lande, n., s'emploie pour désigner des terres de première qualité 
situées dans les vallées, sur les bords d'une rivière. 

lande (ou lendeÎ), n., traverse de clôture, pièce transversale qui 
relie les autres pièce» d'une palissade, lisse. \ h , r)J/ / 

landrou, n., traînard, truand, homme de peu de valeur; per- j Ai^,,*:/* 
sonne sale, négligée, négligente : F boit d'aiveu le vrommer lan- \ ' \ t 



/ 






!u*. 



t A < 



drou qui passe (Il boit avec le premier grelu, truand qui passe). / 

Plaies don tes briques, landrou l c'est-à-dire place donc tes / ^ /, 

affaires, négligent l — Dans le Châtillonnais, on dit gandrou. ^ n -*^ofe 

lanterner, v., s'emploie pour bossuer, tordre, gondoler, spéciale- > " < fZ c J 
ment en parlant d'une faulx : F lanterne sai faulx tentes les fois 
qui' lai bait, c'est-à-dire il tord, il gondole, etc. 

laper, v., s'emploie pour être poisseux, gluant : F ai maingé du - * < «< 

miée, des ragins, des confitures, etc., et mes doigts lapent, 
c'est-à-dire mes doigts sont poissés, gluants, se collent ensemble. 
De happer? ou de ce que le bruit des mains, des doigts, en se 



t V SX ; t f ^ A C 



Digitized by 



Google 



70 PATOIS DI LA FOIÊT DE CLAIR VAUX 

décollant, rappelle l'espèce de clappement que fait le chi6n qui 
boit? — Lapper, être gluant, Gros.; lapper, coller, tenir aux 
doigts, Thév. 

lapingne, n., lapine, femelle da lapin. 

largeotte, n., plante adventice, les lactuca et les sonchus à fleurs 
jaunes en général. 

larmier, n., s'emploie pour soupirail : Ein larmier de caive, c'est- 
à-dire un soupirail de cave. 
f lauche, n., laiche, mauvaise herbe qui vient dans certains prés 

marécageux, diverses espèces de carex. (Loche). 
K } /;- / /Lauder, v., se perdre dans des explications longues et inutiles, 

/ * * -'" parler pour ne rien dire, raconter des fariboles, se répéter, etc.; 

grommeler, se plaindre. — Voir nasiller, niveler, beurdonner, 
renauder, etc. — Lauder, dire des riens, des futilités, Gros., 
Thév. 

lavier et laivier, n., évier. On dit plutôt soiller. 

lé, pron. pers. fera., elle, la. S'emploie à différents cas : Ç'ast de 
t ai lé; ç'ast ai lé que je Vai dit; çast pou lé (c'est d'elle; c'est à 
elle que je l'ai dit; c'est pour elle). A l'accus., avec le verbe être : 
çai serot lé (ce serait elle) et non lai qui, à ce cas, s'emploie avec 
les autres verbes. — Laye, elle, L. C; lé pour lie du verbe lier, 
ch. de n.; lay, elle, P. T. 

let, n., lit : Eulle l ast bin veille, eulle ne s rot pus faire son let, 
c'est-à-dire elle ne saurait, elle ne peut plus faire son lit, — 
Leyt, lit, P. T. 

lette, n., lettre dans les deux sens du mot. 

leup et lop, n., loup (Leu, lo). — Vieux franc, leu. 

leuve nez, n. comp., curieux, flâneur, qui va le nez au vent, dé- 
sœuvré, paresseux, qui au lieu de travailler regarde voler les 
allouettes ; effronté. — Voir nairoue, querrenier. 

levée, n., s'emploie pour fossé; petit fossé qu'on fait au bout d'un 
champ, d'une vigne, soit pour défendre la propriété et en mieux 
marquer la limite, soit pour écouler l'eau, soit enfin pour utiliser 
la terre qu'on en retire. 

lever des courres, expression qui signifie éclisser, diviser, fendre 
des branches, spécialement de coudrier, en lamelles étroites, 
pour tresser des paniers, des hottes, etc. On lève avec le pouce 
la mince lanière, en faisant ployer la coudre sur son genou. — 
Voir iclicher. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIR VAUX 71 

li et l', pron. pers. des deux genres, lui : Baille li; prends li 
(Donne lui... ou donne le lui; prends lui... ou prends le lui). 
EujeYai* dit ai lu, ou ai lé, c'est-à-dire je lui ai dit à lui-môme, 
ou à elle-même. — Yoir lu et lé. — Li, lui, xiv e siècle : « Mar- 
coul li répond....» 

liaisse, n., liasse, cordon; jarretière : Eunne liaisse {liéce) de bas, -X £> J $•*/. 
c'est-à-dire une jarretière. /j, *•'[/*,) 

liarbe, n. t lierre. V - y l "*" s 

libandelle et ribakdelle, n., ribambelle, kyrielle. — Libambelle, 
kirielle, grand nombre, Gros. 

LicHEet loche, n., lèche, loquette, toute petite tranche, spéciale- 
ment de choses comestibles, viande, pain, etc., une quantité in- 
suffisante, une miette, un rien : Tu \i baille teut çai de gailette? 
eunne belle loche, eunne belle miottef Çai vai li monter comme 
eunne fraijotte en lai gueule d'ein leup (Tu lui donnes tout cela de 
tarte? une belle lèche, une belle miette? Ça va lui monter comme 
une fraise, etc.). — Lèche, brin, miette, Gros. — Vieux franc. 
lesche, petite tranche. 

lichotte et lochotte, n. dim., petite liche ou loche, très mince < % / *■ V" 
tranche, moins que rien. 

lie (terre), terre meuble, en bon état, bien émiettée, facile à cul- 
tiver. 

liéfe, n., lèvre. 

lieur et ailieur, n., lueur. La dernière forme doit être encore une 
confusion du nom avec l'article. 

ueur (au), loc. adv., au contraire, loin de là : I's devraint bin s'en- 
tende ensembXe (ensemb'ieu) et traivoiller pou neurri los quaite 
enfants, mas bin au Heurt c'est-à-dire bien au contraire, loin de 
là I Sous-entendu, ils vont chacun de leur côté, ne travaillent 
pas, etc. Au lieur de, loc. prépos., au lieu de. 

liéve, n., lièvre : J'ai vu ein bieau liève, ou ein bieau \iéve (iéve), 

c'est-à-dire un beau lièvre. 
ligneu et linoneu (ou ligneux?), n., plante adventice, liseron. 

Grand ligneu : convolvulus sepium\ petit ligneu : convoi, ar- 

vensis. — Lignot, liseron, Gros. 



1 Remarquez qne la lettre / du pronom le, /a, /' (le, la, F), né se 
mouille jamais, à moins que ce pronom ne soit suivi du pronom li 
(lui) avec lequel alors il se confond, comme dans l'exemple cité. 



Digitized by 



Google 



72 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIBVAUX 

LUOUE, n., liseur, qui aime beaucoup à lire; lecteur : Ç'ast ein 
lijoû, eunne lijoure, c'est-à-dire un amateur de lecture. 

liju et u, part. pass. du verbe lire : J'ai H ou j'ai liju euime 
heure, c'est-à-dire j'ai lu pendant une heure. 

limêrô, n., numéro. — Limèro, L. C. 

lire, v., choisir, éplucher, monder; ne s'emploie guère que dans 
cette expression, lire des pois, des nentilles, etc. : Hèlasl j* n'ai 
jaimmas su lire que des pois pou mette dans note pot. Jeu de mots 
sur lire au sens ordinaire et cet autre verbe du vieux français. 
Imparf. lijôs, subj. lije, part. prés, lijant, part. pass. H elliju. 

— Légeot, L. C. ; légeait, P. T. 

liser, v., longer, suivre la lisière, côtoyer, tourner, doubler : J'ai 
lise le bois, c'est-à-dire j'ai suivi le bord, la lisière, du bois. 

lô, adj. poss., leur. S'emploie quelquefois au pluriel pour ses : Je 
le dirai ai Us gens qui 1 s eut baittu, c'est-à-dire je le dirai à ses 
gens (ses parents), qu'il s'est battu. 

lô, pron. poss. : Euje lô diras (Je leur dirais). Lô, pron., a presque 
toujours son / mouillée, lô, adj., assez rarement. — Leux, leus, 
L. C. et P. T. 

locher, v., lécher; embrasser, baiser : Griast pas gras de locher 
les mureilles (Il n'est pas gras de lécher les murs). Tt n'en fini- 
chent pas de se locher, c'est-à-dire ils n'en finissent pas de s'em- 
brasser. 

lochoue, n., qui embrasse souvent, qui aime à embrasser. (Lochoû). 

lochu, n., eau de lessive. Ceux qui raffinent disent léchu.—Léchu, 
eau de lessive, Gros, et Thév. 

logai et loga (ou loguet?), n., flaque d'un liquide quelconque : 
Eul meud i* en vai, ï y ai ein logai de vin desous, c'est-à-dire 
le tonneau fuit, il y a du vin répandu dessous... T saingne au 
nezpieun, ï y ai ein loga de sang. Absolument, flaque d'eau : 
T ai plu, n' marche pas dans les loguets, c'est-à-dire il a plu, ne 
marche pas dans les flaques d'eau. — Voir patoùillait. — De 
l'ital. laghetto, petit lac? 

lôoi, n., loisir : Je n'ai pas V lôgi de..., c'est-à-dire je n'ai pas le 
loisir, le temps de... 

loïbn (ou loyain?), n., lien. (Lo-tafn). — Voir rote. 

loïer (ou loyer?), v., lier : Euje loe, euje loyains (lo-iain), qu'i' 
loge (toîeu), logé (lote); je lie, nous liions, qu'il lie, lié. De môme 
dèloïer, délier, et relater, relier. — Layey, L. C; layey, P. T. 

— Vieux franc, loyeure, lien. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DB CLAIRVAUX 73 

lolo, n., mot enfantin, lait. 

lôlusse (aï), ou ôlussb (ai /'?), loc. adverb., qui s'emploie pour 
secrètement , en cachette, en fraude, dans cette expression : 
Vende ai lôlusse, ou vende du vin ai lôlusse, c'est-à-dire sans 
avoir fait de déclaration, sans payer les droits au Gsc. — Lolus 
(vendre à), vendre du vin en cachette, Gros. ; olus (à /'), en 
fraude, clandestinement, Thév. — Vieux franc, oluse. 

lommer, v., nommer. De môme relommer, renommer, relommèe, 
renommée, etc. 

long (au), loc. adv., à côté, auprès : Viens au long de moi (Viens 
près de moi). Mets-le au long de... (Mets-le à côté de...). Chau- 
dronnia matou — Qui met lai pièce au long du trou. — Selon, 
le long; selon la rivière, Gros. — Vieux franc, selon. 

longuerelle, n., chose disproportionnément longue. En parlant de 
terre, une longuerelle, c'est un champ plus ou moins long et 
n'ayant que quelques raies; une longuerelle d'étoffe, une bande 
d'étoffe, etc. 

loquence et éloquence, n., élocution, loquèle, bagout; qualité de 
celui qui parle longtemps sans s'arrêter, sans reprendre haleine, 
vite, fort, etc.; voix, gosier : /' palerot comme çai V grand' 
jonnée sans craicher, gué loquence! (H parlerait ainsi une grande 
journée sans cracher, quelle facilité, quelle platine \)Ah, mâtin, 
comme f gueule cT aivocait-lai ! ï faut qu'i' ot'n's.... éloquence! 
c'est-à-dire il faut qu'il ait un fameux gosier. On dit aussi d'un 
chantre d'église qu'il a une bonne loquence, une bonne éloquence, 
quand il peut crier longtemps, fort et haut. — Eloquence, lo- 
quance, voix forte, Gros. — Vieux franc, loquence, môme sens. v 

loquet, n., hoquet : Aivoir eul loquet (Avoir le hoquet). Tai le £ / X *< - ^ 
loquet — Dieu me lai fait — Par Jésus — Je ne Vai pus, paroles 
qu'il faut répéter plusieurs fois de suite, sans repenre son vent, 
c'est-à-dire sans reprendre haleine, pour être guéri du hoquet.— 
Double confusion de l'A aspirée avec l'A muette, et du nom avec 
l'article, l'hoquet, loquet, pour le hoquet? 

loquette de terre, n., petit champ, plutôt long que large, moindre 
encore que la hâte. — Du vieux franc, aucquette? 

loquot, n., loquet : Ein loquot dépote (Un loquet de porte). Ailler 
lever les loquots, expression qui signifie aller solliciter, quêter, 
mendier... 

loquotte et loquette, n., morceau de viande cuite que les enfants 
allaient quêter le jour d'un mariage à la porte de la maison où 



Digitized by 



Google 



/ 






f'i 



74 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 

se faisait la noce, en chantant sur l'air des Lampions, jusqu'à 
ce que la cuisinière se montrât : D'iai loquotte — Pa dessus lai 
pote — Ein sieau d'ieau — Pa dessus le dos t — De loquot, loquet, 
parce qu'on levait le loquot de la porte? 

lor, n., loir, espèce de rat : F dort comme ein lor, c'est-à-dire 
comme un loir. 

lotiére, n., litière, paille qu'on répand dans les écuries sous les 
animaux; mauvaise paille à demi consumée. 

lou et lu, art. simp., le ; s'emploient pour eul, dans certains vil- 
lages. 
fj^T **>■ *- / louache et louaiche, n., espèce de tique ou de ricin, qui s'attache 
à la peau des vaches et devient gros comme une noisette : Note 
vaiche, eulle l ast maingée aux louâches. 

loude, adj., fém. de lourd, lourde. 

louvairou (ou loup vairou, ou vèrou?), nom qui s'emploie dans 
le sens du français loup-garou, le plus souvent avec l'adjectif 
p eût : Çast ein peut louvairou (C'est un vilain chien, un vilain 
coucheur, un homme difficile). Ah, que louvairou, comme % mar- 
che! (Ah, quel enragé, comme il marche!) Interj. : Loup vèrou, 
que sale temps t 

lu, pron. pers. masc., lui. S'emploie après les prépositions, et 
comme complément direct du verbe être : Euje Y ai dit ai lu; 
çast pou lu (Je lui ai dit à lui-même ; c'est pour lui). Si cètot 
lu, ï maivailerot (Si c'était lui, il m'avalerait). Son féminin est 
lé. Teutpa lu, ou tôt pa lu (tout par lui), tout seul : F s'en vai 
teut pa lu, c'est-à-dire il s'en va seul, tout seul. A l'accusatif, 
avec tout autre verbe que être, on se sert de le, V, dont le fémi- 
nin est lai (la), comme en français. 

lubre (faire), expression qui signifie selon les circonstances, tantôt 

faire sombre, obscur, tantôt faire un peu clair... On dit qu'il 

°~ fait lubre, là où on trouve inopinément une demi-obscurité en 

t< j plein jour, une faible lumière en pleine nuit... Le sens de cette 

expression est très vague. 

luiia. n., mot enfantin, rameau, branche de verdure que les en- 
» u fants portent en chantant, pour imiter la procession de Pâques 
fleuries : Ah, les bieaux luiia ! Veux-tu que je te cope ein luiia 
dans le bois ? Faire luiia, se promener en chantant, un rameau 
à la main. — Espèce de parodie : Alleluiia, — Nos choux sont 
gras, — Nos panées n' le sont pas II 

LUMaice, n., limace. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DB CLÀIEVAUX 75 

lumaiçon, n. dira., limaçon. 

lumbre, n., lumière; lampe, chandelle, flambeau quelconque : 
Empoute lai lumére, c'est-à-dire emporte la lampe. Pour lu- 
mière. 

lumichon, n. dim., lumignon, petite lampe, petite lumière. — Du 
vieux franc, limechon? 

lun, adv., loin. Bellun ou be lun, pour bin lun, bien loin : Euje 
m'en irôs bellun, de l'aute coûté de soleil lever, c'est-à-dire bien 
loin, de l'autre côté du lever du soleil. 

lunnk et lungne, n., lune : Vois4u Judas, dans lai lun-ne, d'aiveu 
son fagot d'èpingne ? 

lunné et lungné, adj. ou part, pass., capricieux, fantasque, qui 
subit les influences de la lune, toqué. 

lunnotte, n., lunette, petite ouverture ronde : Eurgaitku pa lai 
lun-note, c'est-à-dire regarde par la lunette, par le petit trou. — 
Voir boyotte. — - Quand un enfant a été fouetté par sa mère, les 
autres lui chantent ce refrain sur un air moqueur : Cul fouetté 
ai lai lunnotte — J'ai du pain dans maipochotte, etc.?? 

lUnotte et lunette, n., linote, petit oiseau, linaria. 

lure-lurr (ai), loc. adv., à vue de nez, à peu près, approximati- 
vement, au hasard, à l'étourdie, etc. : Je n' saivôs pas combin 
i' faillot (fé-iot) de semence, j'ai semé ai lurelure, c'est-à-dire 
j'ai semé au hasard, par approximation. S'en ailler ai lure-lure, 
s'en aller devant soi, sans but fixe, sans savoir où ; se mettre en 
route à l'étourdie sans avoir fait les préparatifs nécessaires, pris 
les précautions voulues, etc. — Lure-lure, au hasard, Thév. — 
N'y a-t-il rien de commun entre ce mot et lôlusse ? 

lurette (t y ai belle), ou bellurette (i' y ai), expression qui si- 
gnifie il y a longtemps, beau temps : T y ai belle lurette quT 
ast pati, ma fié, et % ast lun si i' ai v'iu courre, c'est-à-dire il y 
a beau temps qu'il est parti, ma foi, et il est loin, etc. 

lustubeurlu, n., hurluberlu, étourdi, qui manque de réflexion, 
de jugement. 

luzarnb, n., luzerne. 

mâche, n., grosse gerbe de chanvre, formée de meunnevés ou poi- 
gnées, préparée pour être mise dans la rage ou rouissoir. (Mâche). 
— Machon, chanvre, Gros.; machet, machot, petite meule de foin, 
Thév. — Vieux franc, moche, meule, tas, monceau. 



Digitized by 



Google 



r 



76 PATOIS DE LA FORÊT DE CLATRVAUX 

mâche, n., goût, saveur... S'emploie principalement dans cette 
expression : Foin d'eunne bonne mâche, c'est-à-dire foin de bon 
goût ; bon à mâcher, sain, appétissant, profitable aux animaux. 
On se sert rarement de ce mot avec un adjectif dépréciatif. — 
Mâche, qualité de foin bonne ou mauvaise, Gros. 

mâchouiller, verbe dépréc., mâchonner ou mâchotter, mâcher 
avec dégoût, indifférence, lenteur ou difficulté; mordiller : Ai- 
mile et ne mâchouille pas tant ! V mâchouillât son mouchoi, il 
mordillait, etc. 

machouillis, n., débris, restes de choses mâchouillées... Mâchouil- 
lis de raites (voir raitis). 

machouillement, n., action de mâchouiller. 
X ;/ ; \ ! maclotte, n., terre qui s'amasse en boulette aux crins des jambes 
du cheval, aux poils du chien, etc. ; petite pelote de crasse, 
d'ordure, etc., tenant aux poils. (Maclotte, mâquiotte). Ceux 
qui raffinent ne mouillent pas 17. 

made, n., merde. (Mode et marfieu). 

maga (ou maguas?), n., abréviation péjorative de Marguitieu 
(Marguerite), Marguerite sale, Marguerite négligente, insou- 
ciante, etc. Par analogie, s'applique à toute femme sale, insou- 
ciante, etc. (Magâ). — Fagas (Marie), fille malpropre, mal fa- 
gottée, Thév. 

magcenotte (ou magnotte?), n., centaurée jacée. (Mag-notte). 
maigue, adj., maigre. 

maigueurlin et maingueurlin, n. et adj., maigre, maigrelet, dé- 
licat, faible, chélif, d'une mauvaise santé. — Dimin. de maigue, 
ou de l'ital. mingherlino, môme sens? — Mingrelin, enfant fai- 
ble et délicat, Gros.; mingrelet, frêle, chétif, Thév. 

mailler, v., se dit de l'action de l'eau qui adhère aux parois d'un 
vase et s'y roule en gouttelettes, comme à un corps gras : 
Quast-ce quan ai don fait d'aiveu le baissin qui' maille? c'est- 
à-dire qu'est-ce qu'on a donc fait avec le bassin pour que... l'eau 
s'y attache ainsi ? Nous ne connaissons pas de mot français qui 
rende celte idée. 

maillon (ou mayon?), n., le gros bout d'un lien de bois, jusqu'à 
l'endroit où il est tordu. (Mâ-ion). — Voir rôte. — Mayon, gros 
manche de fouet, Thév. 

maillouche et malloche, n., mailloche, gros maillet de bois. On 
prononce ma-iouche, maloche. 



Digitized by 



Google 



/ 



PATOIS DB LA FORÊT DE CLAIRVAUX 77 

kainchot, adj., manchot. ^ ? /£- / £ ( le! 

mainchottbs(ouminchottbsÎ), n. pi., cimettes, jeunes tiges de * ■" 

choux verts qui repoussent au printemps. On dit aussi qui- 

chottes ' S 4 JCc't^A 

maingbaillbr, v., manger à chaque instant, sans besoin réel; ~ (\ 

manger peu, manger du bout des dents, sans appétit. */^ i* )? d '-n., *\* 

maingeoub, n., mangeur; absolument, personne d'un gros appétit: 

Çast ein maingeoût ï aivailerot Molesme et les trois Riceys. 
maingbb, v., manger : Faire comme les servantes de curé, mainger 

son pain blanc ï prommer. Ailler mainger du pain blanc, faire 

ailler mainger du pain blanc, aller plaider, faire aller en justice, 

parce que les plaideurs, dînant à l'hôtel le jour de l'audience, 

mangent du pain de boulanger plus blanc d'ordinaire que le 

pain de ménage, 

maingetout, maingeteut et maingetot, n., prodigue, dépensier, 

qui mange tout ce qu'il a. — Maingetin, mangeur, P. T. 
mairerib, n., mairie. 
mairiaige, n., mariage : r ai promesse de mairiaige — Entre Fon- 

tette et St-Usaige — Que si vous vlez y mette empêchement — 

Entrez au meûlin ai vent. Il y avait entre ces deux villages un 

moulin à vent. 

mairichaux, n., maréchal -ferrant; au fém. mairichaude. — Vieux 
franc, mareschaude. 

mairier, v., marier. S'mairier, se marier : Mairie-te (Marie-toi). 
Note Pierrot, i' se manierai au c. de lai lunne pou engendrer 
V bieau temps. 

mairingne (ou mèringne?), n., culotte, pantalon, avec déprécia- 
tion : F ai vendu jousqu'ai ses mairingnes pou li boire. Ote tes 
mairingnes quej' les raicc mode. (Il a vendu jusqu'à ses cu- 
lottes, etc.). — Dans quelques villages maronnes. 

mairioue, n., homme à marier, dans un sens ironique, le plus 
souvent : Lu se mairier? Ein bieau mairwç, j' m'en /".../ Au 
fém. mairioure. Ne pas confondre avec mairie, mairiée, marié, 
mariée. — Vieux franc, mairion : t Quand Gautiron se mairia, 
— Mairion print qui dit li a. . . » 

maissuelle et massuellb, n., scabieuse commune {scabiosa ar- 
vensis). Maissuelle des bois, scabiosa succisa. — Du vieux franc. 
massuette, petite massue? 

MAISSU1LLER (ou MESSUILLER, OU MESSUYER ?), V., S6 dit de l'action 



Digitized by 



Google 



- £ 



78 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIR VAUX 

d'une plante qui, sous l'influence du froid ou d'une maladie, se 
déforme, se recroqueville et dont la tige s'aplatit, se tord bizar- 
rement... On trouve des exemples fréquents de cette déformation 
dans la chicorée des chemins. Nous ne connaissons point de 
synonymes en français. Se coffiner ne donne pas l'idée exacte de 
messuyer. 
mai™, n., matin. 
maitikgnée, n., matinée. 

màjenotte, n. f dim., petite maison, maisonnette; petite cabane que 

construisent les enfants, pour s'amuser, en gardant les bestiaux 

dans les champs. 

'V : majbu, adv., désormais, dorénavant, à l'avenir: Ah, si t'y r tonnes 

tnajeu, gare ai tes cotes! (Ah, si tu y retournes dorénavant, 

•>7 C ,'r>'\{. ele ). — Vieux franc, meshuy. — Maieu, plus, Gros. ; majeu, 

à l'avenir, P. T.; majeu, id., G. et R.; mès'huy, id., Thév. 

-"■ f i % \ C >u major, n., maison : /' dit des rajons — Comme des majons (II dit 

'^ y w des raisons, grosses comme des maisons, c'est-à-dire de grosses 

I" P. <{ £ bêtises.) — Majon, P. T. 

malagé, adj., malaisé, difficile; fait au fém. mdagêe et malagére, 

malagère, n. adj., femme difficile à vivre, acariâtre, querel- 
leuse. 

malainjotte, n., mésange, oiseau. Malainjotte, piège pour pren- 
dre les mésanges et les autres petits oiseaux, espèce de cage dans 
laquelle se trouve un appât, et qui se referme brusquement aussi- 
tôt que l'oiseau y est entré. — De mésangettef 

malbrou, n., grosse charrette on camion, dont les fortes roues ont 
des jantes de onze à douze centimètres de largeur a n moins. — 
Voir maringotte. 

mâle, n. fém., merle, oiseau : J'ai prins ein nind de maie, c'est- 
à-dire j'ai pris un nid de merle. 

malheuroux, ad., malheureux; pauvre. 

malice, n. f s'emploie pour désigner une espèce de parement, qui 
tient lieu de poignet, aux manches des anciennes chemises. 

malsauce, n., saule marceau {salix caprœa). 

mamie, manmie et mîmie (faire), caresser légèrement avec la main : 
Fais-li manmie, au toutou, mon gachenot, c'est-à-dire caresse le, 
passe lui doucement la main sur le dos. Faire semblant de cor- 
riger, frapper pour rire : Mas, vous ne le fouettez pas vote ga- 
min, vous li faitïeus seulement mâmie. On dit aussi dans le 
môme sens faire minette. 



Digitizedby 



by Google 



/ 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRYAUX 79 

mancingne, n., viorne (viburna lantana) : J'ai rencontré, voisingne 
— Ein homme au bois quillon — Qui copot des mancingnes — 
Pou li faire ein beunntron. — Mairions nos filles, voisingne — 
Mairions-les don ! 

manderolle, n., désigne, avec une nuance de mépris, toute bande 
d'étoffe pendante ou flottante dans les vêlements, écharpe, ruban, 
lambeau, guenille... Corruption de banderole? — On dit aussi 
napperon. 

manique, n., s'emploie dépréciativement pour machine, engin; en- 
gin peu commode, ennuyeux, inutile, compliqué, invention ri- 
dicule, etc. : Eunne belle manique ! c'est-à-dire un bel engin ! — 
Voir engimelle, môme sens. 

maniquer, v., arranger, agencer; combiner, manigancer, comploter : 
Fs ont manique çai ensemble (ensemblexx), c'est-à-dire ils ont ar- 
rangé cette affaire, machiné cela ensemble. Se prend le plus sou- 
vent en mauvaise part, au prop. et au figuré. 

mansillon (ou mencillon?), n., espèce de petit trait de fer, s'adap- . > ' l fl m' ^/ T< 
tant au collier du cheval, et muni d'un large anneau dans lequel 
entre le limon. On n'en fait plus guère usage. On dit encore, 
en manière de proverbe, quand on donne une friandise à un en- 
fant, par exemple : T n'en ferai pas des mansillons, co qui si- 
gnifie : il va l'avaler tout de suite, il ne la gardera pas. Proba- 
blement un jeu de mots sur mansillon et avaloire, une autre 
partie du harnais. — Du vieux franc, mancelon, manchette? 

mante, n., couverture de lit en laine foulée.— Vieux franc, mante, 
sorte de vêtement. 

mante et mantieau, n., manteau. Mante est le plus souvent dé* 
préciatif. 

maque (ou mas que?), loc. conj., quand, lorsque, dès que : Moque 
j'ains fini * note champ j' goûterons , c'est-à-dire quand nous au- 
rons fini, etc. On emploie aussi dans le même sens vaque : Vaque 
j'ains fini, etc. — Mes que, quand, Gros. ; mais que, lorsque, 
Thév... t Mais que nous soyons ivre, » Oliv. Basselin. 

marcagb. n., marécage. 

marchait et marchât, n., souille, petite mare, lieu bourbeux où 
les sangliers viennent boire et se vautrer. — Sourd, petite mare 
d'eau dans les bois, G. et R. — Du vieux franc, mareschat, ma- 
rais, lieux marécageux ? ou marcheau, mare, amas d'eau ? 

4 J'ains pour j'airons, cette expression demandant le subjonctif. 



"V- 



Digitized by 



Google 



80 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIR VAUX 

marchandée et marchaindige, d., marchandise. S'emploie dépré- 
ciati vement pour désigner certaines choses mal faites, mal réussies, 
ou qu'on trouve laides, peu commodes, etc. : Mas ton pain 
gnast pas levé; vlai de lai belle marchandise ! c'est-à-dire du beau 
pain, quelque chose de propre t 

mahcou, n., matou, chat mâle entier : F rouille les œux comme ein 
marcou qu an châtre, c'est-à-dire il écarquille, il tourne, il roule 
les yeux comme un matou, etc. — Marcoux, pièce de pressoir, 
Gros.; marcou, matou, gros chat, Thév. 

, ^ w > margotte, n., marcotte, rejeton de plante, particulièrement d'oeillet. 

" / y / . •' margouillait et margouillat, n., flaque d'eau bourbeuse, endroit 

'■ ' f marécageux, vaseux; margouillis, patrouillis. — Vieux franc. 

margoilloier, rouler dans la boue. — X oïr patouillait. 

7 V /'*'"■ ; / k< * margouiller, v., barbotter dans l'eau, dans les margouillis, pa- 
* [>.'?<*-? J J ' trouiller. — Voir patouiller, margouillait, etc. — Vieux franc. 

/ margoilloier, se vautrer dans la fange. 

margoulotte, n., belette; le menton, le dessous du menton : /' li 
i( -, '.■ - < '.'■ c / , > ai rlevé lai margoulotte d'ein cueup de poing (Il lui a relevé le 
* %9 J menton, etc.). Margoulotte, mouchoir, foulard, etc., passé en 
fanchon pour se préserver du froid aux dents ou aux oreilles : 
Otetai margoulotte, i ne fait pus frod. — Voir emmargoulotter. 
— Vieux franc, bacoule, belette, fouine, mot qui s'emploie en- 
core dans quelques villages. 

marguitiotte, n. dim., petite marguerite, marguerite, pâquerette, 
camomille, etc. Presque toutes les plantes radiées de la famille 
des composées portent le nom de marguitiotte, marguerite. 

maringotte, n., petite charrette à roues étroites, pointues, par op- 
position au malbrou, dont les roues ont des jantes très larges. 

marlin et malin, n., merlin, massue, gros marteau à long manche; 
marteau-hache dont on se sert pour fendre le bois. 

marque, n., s'emploie pour brandon : espèce de voyant fait le plus 
souvent d'un échalas et d'un torchon de paille ou d'une latte en 
croix, qu'on fiche en terre à chaque bout d'un champ emblave 
pour en interdire la pâture, au milieu d'un sentier pour en dé- 
fendre le passage, etc. On dit aussi remarque et torche. 

marquot(ou marcot?), n., pièce de bois équarrie, de la grosseur 
d'un chevron environ, qui se place sur le marc pour achever de 
remplir l'intervalle entre la maie (ou le meth) et le levier du 
pressoir. — Marcoux, Gros. — De marc? 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVADX 81 

marriain, n. t merrain, planchettes de chêne destinées à faire des ' ( sv--ï ' / <? • ; v/ 
tonneaux. — Vieux franc, marrien, marren, bois. de charpente. 

marronnier, n., fabricant de marriain ou merrain.— Vieux franc. 
marroner, couper du marrien. 

martieau, n., marteau; espèce de grosse fraise, capron. — Voir 
maté. 

mas, conj., mais. Mas que (voir moque). 

mastoque (ou mastoc?), n. et adj., personne lourde, épaisse, in- 
dolente, endormie, maladroite ; en parlant des choses, pesant, 
grossi v, matériel : Tai des gros mastocs de souliers qui me las- 
sent devant que d'été mins, c'est-à-dire j'ai des gros souliers mas- 
sifs, pesants, qui me fatiguent ayant d'être mis, d'être à mes 
pieds. — De masse, massif? 

matau, interj. Voir malin. (Mâtâu). 

maté, n., marteau, avec une nuance de dépréciation. On dit plus 
souvent martieau. 

maté re aux, n., matériaux. 

matin! interj., du langage pop. général, équivaut à diable, diantre, 
mazette, fichtre, peste, etc. : Ah, mâtin, tu ne te gênes pas! Ah, 
mâtin, on s... mâtin 1 1 fait-ï frod! Les délicats disent mâtâu 
et sapré mâtâu. — Mâtin, interj., Thév. 

matingne, n. et adj., féminin de mâtin. (Mâtingne). 

maton, n., petit amas de farine mal délayée, en boulette dans la 
bouillie, etc. — Voir grumelot plus employé. —Vieux franc, ma- 
ton, sorte de gâteau. 

matou (chaudronnia), espèce d'injure sans doute, dont les enfants 
poursuivaient les chaudronniers ambulants, étameurs, etc. : 
c Chaudronnia matou — Qui met lai pièce au long du trou... » 
c'eetrà-dire à côté du trou. 

matre et maîte, n., maître : Eune fais pas tant ton mâtre! Le 
fém. est mâtrôsse, maîtresse : Ç'ast lai mâtrôsse de lai majon, 
c'est-à-dire la maîtresse de la maison. 

m a tri, adj. ou part, pas.; ne s'emploie que dans cette expression : - - * ( 
Chanve matri, pour désigner les brins de chanvre desséchés, / 

fanés, morts dans la chenevière avant la complète maturité. Les 
' ( ^ ,V^ enfants l'arrachaient pour se faire des fouets et des codelottes. 

matrige, n., maîtrise, droit de commander, qualité, pouvoir du 
maître. Aivoi lai mâtrige, avoir le commandement, la direc- 
tion : Ç'ast ce gamin lai qui ai lai mâtrige de lai majon, c'est- 
à-dire qui commande en chef, qui dirige la maison. 



Digitized by 



Google 



82 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIR VAUX 

mau, n., mal : J'ai mau au vente (J'ai mal au ventre). Mau, n., 
abcès, clou, tumeur, mal blanc, etc., en général bobo quelconque 
suppurant et venu naturellement sans coup ni blessure : l'ai ein 
mau dans lai tête quijitt'ieu, c'est-à-dire il a, à la tête, un abcès, 
un bobo... qm jette, qui suppure. Été en mau de.,, souffrir de 
l'absence de..., regretter, s'ennuyer : Eudepeûs que note Mairie 
eulle l ast en pension, ï m* en ast en mau, ou i m'ast en mau de 
lé, c'est-à-dire je souffre de son absence, je la regrette, je m'en- 
nuie. M ai que deuxjous que je sens ici, ehbin, ï m'ast poutiant 
daji en mau de chez nous, c'est-à-dire je trouve déjà le temps 
long, je m'ennuie de ne pas voir ma famille, mon pays, etc. Ab- 
solument aivoi des maux, bin des maux, avoir de la peine, tra- 
vailler beaucoup. Aivoi bin des maux de faire, de dire, etc., 
avoir bien de la peine à se décider, à faire, à dire : J'airôs bin 
des maux d' m'eurtenin de li /"... eunne c\aque (J'aurais bien de 
la peine à me retenir, à ne pas lui donner un soufflet).— // m est 
en mau, je m'ennuie, je regrette, Gros. ; mau, mal, P. T. — 
Vieux franc, mau, mal. 

maucabré (àbre), désigne une traînée de nuages (stratus), brossés 
par un coup de vent dans le ciel sur une grande étendue, d'une 
extrémité de l'horizon à l'autre quelquefois» et dessinant vague- 
ment une espèce d'arbre avec son fût, ses branches et môme ses 
racines. 

maucalé, adj., mal calé, mal coiffé, mal 'peigné, négligé dans sa 
toilette, particulièrement en ce qui concerne la tête : Ç'ast V 
peute maucalée qui ai toujous Vair de soti de lai gueule de c'tu 
qui prend les beurbis, c'est-à-dire de la gueule du loup. 

mausaidreusse, n., mot qui ne s'emploie guère que dans cette ex- 
pression : T n rit qu'en mausaidreusse, c'est-à-dire il ne rit qu'en 
cas d'accident, quand il y a une maladresse de faite, quand il 
faudrait plutôt pleurer... Maladresse se rend d'ordinaire par ma- 
laidreusse. 

méchant, adj„ s'emploie pour mauvais en parlant des choses : 
Oh le méchant temps! Oh lai méchant' soupe ! Signifie quelque- 
fois pauvre, avec la nuance de pitié, d'intérêt que comporte sou- 
vent ce dernier mot : /' me tirot les larmes des œux, ce méchant 
petiot-lai, c'est-à-dire ce pauvre petit. 

meghingne et MECHiNE, n., moissine, faisceau de sarments coupés 
avec les grappes mûres. (M'chingne). 

mécueurdi, n., mercredi. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FOBÊT DE OLAIBVAUX 83 

mégujon, n., bulbe comestible, tubercule du latyrus tuberosus; la 
plante elle-même. — Macujon, Thév. 

meidi, n., midi : Charcher ou çarcher meid\i (médAi) ai quatorze 
heures. 

meineut, n., minuit : Ai meineut comme aimeidli. 

mêlée (faire de lai), mêler du français et du patois, en voulant 
essayer de parler mieux que les autres. 

mêler, v. intrans., se dit des raisins qui commencent à mûrir, et 
dont quelques grains sont déjà rouges : Les ragins mêlent. Çai 
c'mence ai mêler. — Grioler, Gros. 

MBNiN ou menint (m'nîn), adj. ou part. pass. de bénir, bénit, altéra- 
tion de bénin.— Cette voyelle composée longue m, substituée 
à la voyelle simple •', est ici encore dépréciative. 

menotte et mainnotte, n., espèce de champignon comestible, la cla- 
vaire. — En forme de main? 

menre, adj., délicat, chétif, pâle, maladif, amaigri, en dépérisse- 
ment : Oh, i' ast bin menre son petiot t c'est-à-dire il est bien 
pâlot, bien chétif, etc. Y se crot guéri, mas t ast toujous bin 
menre, de pus en pus menre, etc. — Menre, ou moindre, maigri, 
Gros. — Vieux franc, mendre, moindre, amenrir, amoindrir. — 
Voir enmenri. 

menteux et mentoue, n. adj., menteur. Fém. mentouse et men- 
toure. 

menuserib, n., menuiserie. 

menusier, n., menuisier. 

méprisoue et méprijoue, n. adj., celui qui méprise d'Labitude, 
mauvaise langue, calomniateur. (Mêprijoû). 

mere-goutte, n. comp.; on nomme ainsi le vin qui est tiré de la 
cuve avant le pressurage. 

merégb, n., merise, fruit du meréger, merisier. 

MERÊGER, n , merisier (cerasusavium). (M'rêgé*). 

mèrldgingne et mère EURLUGiNGNE, n., salamandre, celle qu'on 
trouve dans les débris de murs humides, salamandra maculosa, 
croyons-nous. — De mellusine? 

merveil, adj., vermeil : Y lai des rasins qui sont enco aussi mer» 
veils quai lai venainge, c'est-à-dire aussi vermeils qu'à la ven- 
dange, aussi bien conservés. 

mervô et mervor, adverbe de désir, de doute, d'étonnement, de 
crainte, de défi, etc. ; Mervô s'ï vienraif(h me demande, avec 



Digitized by 



Google 



84 PATOIft DE LA FORÊT DE CLAIRVAIX 

curiosité, avec désir, etc., s'il viendra.) Mervor s' ï pourrai le 
faire? Meroor si fairôs le couraige de mainger ton co teut en- 
tier sans nous ? Mervô don s* ï ferai bieau temps demain ? Euje 
vous dis qui' ai tiué ein Uéve. — Mas mervô? répondra égale- 
ment celui que la chose étonne, celui qui en doute, qui la 
souhaite ou qui la craint. — Les beaux parleurs disent mervoir. 
— Meure vôi si, je m'étonne si, 6. et R. — Mirum videri? 

meuche, n., mouche. Meuche, ou mouche ai miêe, mouche à 
miel, abeille; mouche catholique, cantharide. Mette les mouches 
ou les meuches, poser un vésicatoire : An ni ' ai mins les mouches 
en deux plaices, c'est-à-dire on lui a posé deux vésicatoires. 

meud, n., muid, tonneau. Le meud proprement dit est un tonneau 
de la contenance de deux cent-vingt litres. 

meue, n., moue, grimace. Faire lai meue, faire la moue, bouder. 
On dit dans le même sens faire lai mingne. (Voir pipion, cul de 
poule.) — Vieux franc, moe, bouche. 

meule, n., espèce d'engelure au talon, dont la démangeaison est 
très vive : Aivoir lai meule. 

meulin, n., moulin: Meulin ai vent, meûlin ai Veau. — Melin, 
moulin, L. C. et P. T.; rn'lin, G. et R. — Vieux franc, moelin, 
muelin, moulin. 

meunnetrer, n., ménétrier, joueur de violon qui fait danser. (Meun- 
ntre). 

meunnevé et meunnevieau, n., poignée de chanvre liée et disposée 
pour être mise en mâche, puis au rouissoir... La mâche se com- 
pose d'une vingtaine de meunnevés. — Mauvée, Gros. — Du 
vieux franc, manée, poignée? 

meur, adj., mûr, en maturité. (Meûr). — Vieux franc, meur, mûr. 

meurgé (ou meurger?), n., monceau, tas de pierres amassées dans 
les champs, les vignes, les friches, et provenant d'ordinaire de 
l'épierrement des propriétés voisines, de défoncements , de 
vieilles carrières, etc.; vieux mur en ruine... On dit plus sou- 
vent murot. — Vieux franc, murgier. 

meuri, v., infin., mourir. — MotchiJl P. T.; meuri, mourir, 
G. etR. 

meuri, v. infin. et part, pas., mûrir, mûri. (Meûri). 

meurottb, n., provision, conserve, réserve, économies. S'ap- 



1 An ni ai pour an li ai, on lui a. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DR LA FORÊT DE CL AIR VAUX 8 8 

plique tout particulièrement aux provisions de bouche salées : 
T'en aies don enco du saing\ier ? — Oui.j'aivôs fait V petite 
meûrotte, c'est-à-dire j'avais fait une petite conserve, j'en avais 
détourné, caché, salé un peu... C'est de là probablement que 
vient l'expression sailé comme d* lai meûrotte, très salé, salé 
comme des conserves salées. — De sailemeûre, saumure. — Voir 
moinjotte. 

mbusi, v., inf. et part, pas., moisir, moisi. Meusi, adj. et n., pâle, 
blême, maladif : I'ast bin meusi pour ein monsieur qui mainge de 
lai char (Il est bien pâle, pour un monsieur, etc.). Oh V peut 
meusi que tu fais dont dira avec regret et dépit une mère à son 
enfant, c'est-à-dire le vilain blême, le pauvre délicat, etc. — 
Meugi, moisi, 6. et R. — Vieux franc, muisi, moisi. 

mbusser (se), v., se musser, se cacher, caponner, reculer, se taire : . ? > ' ^\it6 (■ 
T vlot teut tiuer, mas quand je seus airrivé, t' sast meussé, c'est- 
à-dire il s'est calmé, il a fait le mort, il s'est tu. Meùsse-tel tais- 
toi 1 — S' musser, se cacher 1 ! G. et R. 

mbdx, adv., mieux : F serot meux en tarre qu'en pré, c'est-à-dire il 
serait mieux mort que vivant. — Miay, mieux, L. C. 

miaille, n., menuaille, toutes sortes de petits objets dont on a pré- 
levé le choix, criblures; spécialement, tout petit plomb de chasse, 
n 08 7, 8, 9. — Voir cheni et raivauderie. 

mialer, v., miauler. Se dit du cri des chats et des petits enfants. 
(Miâle). 

miaou (marcher ai, ou ailler ai) 9 marcher courbé, ployé en deux, 
soit pour se dissimuler, soit pour cause de vieillesse ou de dou- 
leur : r marchot ai miaou, mas je Vai toujous bin vu (Il marchait 
en se courbant jusqu'à terre, mais je l'ai quand même vu), r ast 
bin cassé, ï vai ai miaou, c'est-à-dire il est bien cassé, bien vieux, 
il va tout courbé. — Voir se couligner. — Ne pas confondre avec 
ai boucheton, bien qu'on emploie quelquefois ces deux mots l'un 
pour l'autre. 

michot, n. dim., toute petite miche, poignée de pâte qu'on jette 
au four et qu'on retire avant le reste de la fournée. — Voir don- 
dainne. 

mic hotte, n. dimin., petite miche; la michotte est l'intermédiaire 
entre la miche et le michot : S' ïs sont riches — l's maingeront 
de lai miche — Nom je sons richots — Et je maingerons du mi* 
chot, c'est-à-dire nous qui ne sommes pas riches, nous mange- 
rons du pain tout comme ceux qui le sont. Une consolation qui a 
bien sa petite nuance de dépit et d'envie. 



Digitized by 



Google 



86 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIR VAUX 

micmac, n., s'emploie pour grimace, affectation, girie, pose : /' 
fait bin des micmacs, c'est-à-dire il fait bien des embarras, bien 
du train. 

midri (ou midrit?), n., pierre en tronc de cône ou de pyramide 
plus ou moins irrégulier se substituant au liège, dans un jeu 
semblable à celui du bouchon, mais qui se joue avec des pierres 
plates ou pailots (palets), au lieu de gros sous, et où la monnaie 
d'enjeu est remplacée par des ferrailles. Par analogie, on donne 
aussi ce nom aux képis de différentes sortes, à toutes les coiffures 
d'uniformes plus ou moins en tronc de cône. — Midret, but de 
jeu de palet, Gros. — De mi-droit? (ml-dret, m\-drit). 

miée, n., miel. Mouches ai miée, abeilles.— Mouches à mié, abeilles, 
Gros. 

mignadon et mingnadon, n., mignot, enfant gâté; enfant câlin qui 
cherche des caresses; enfant affété, précieux.— De mignard, mi- 
gnarder? 

minabr et minable, atîj., misérable, malheureux, souffrant; pau- 
vre, sale, en haillons : Je n serôs pus aille, oh, je seus bin mi- 
nâbet (Je ne peux plus aller, plus marcher, oh, je sris bien souf- 
rant, bien à plaindre). I'aivot l'air bin mi?iâb\e (minâbieu), 
c'est-à dire l'air bien pauvre, il était bien râpé, bien sale, bien 
caduc. Se prend toujours en bonne part. — Minable, pauvre, 
délabré, pitoyable, Thév. 

MiNERESsEet minneresse, adj. fém., mineure, qui n'a pas atteint sa 
majorité. 

minet, n., chenet. — Vieux franc, queminel. 

mingne, n., mine, air, figure. Faire lai mingne, faire la moue, 
bouder. — Voir meue, pipion, etc. 

mingne, n., mine : Qu'an en dépense don de c't' argent t 1' en faurot 

V mingne, d'ailleurs t 

minine, minotte et minonne, n. dim., terme enfantin, petite main : 

Y fait frod, hiche t Caichez ses minines, mai gachotte, c'est-à-dire 
cachez vos (ses pour vos) petites mains, etc. 

mins, p. pass. de mette (mettre), mis : Eulle l ai mins sai caile de 
traivers (Elle a mis sa coiffure, son bonnet de travers, c'est-à- 
dire elle est mal disposée, elle est de mauvaise humeur). Le fém. 
se fait en allongeant le son : min. 

miolée, n., mie de pain émiettée dans du vin ou dans du lait : 
lai maingé de lai miolée en lait. On ne désigne pas le liquide, 
quand ce liquide est le vin : J'ai maingé de lai miolée, c'est-à- 



Digitized by 



Google 



."/ 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 87 

dire du pain émietté dans da vin. — Miaulée, ce qu'on miche 
u avant de le donner aux petits chats?? Gros. 

miot et muot, adj., muet. Fém. miotte et muotte. 

miotte, n., miette; miette de pain, reste, débris de nourriture; 

j petit débris, petit reste d'une chose quelconque : V ai maingé 
tente lai part, gn'en reste pas V miotte (Il a mangé toute la 
viande, il n'en reste pas un atome). Miotte, mie de pain : Mainge 
lai creûte et lâche me lai miotte (Mange la croûte et laisse-moi 
la mie). Raimasser ses miottes, reprendre haleine en achevant 
doucement un exercice plus ou moins violent, prolonger encore 
un peu le plaisir ou la récréation pour en mieux savourer la 
fin, jouir de son reste, gagner du temps : Ç'ast mon teur ai 
m'èbranner, oie te «tfieu. — Aittends don ein poichot quej' rat- 
masse mes miottes (C'est ,à mon tour à me balancer, ôte toi vite ! 
—Attends donc un peu que je jouisse de mon reste, que je m'ar- 
rête doucement, etc.). — Voir chipette, fistule et talipe. 

miquelot, n. adj., s'emploie pour douillet, délicat, câlin, qui aime 
à être dorloté (voir mignadon). Faire eul miquelot, faire le ma- 
lade, le souffrant, le triste, pour être plaint, soigné, caressé. Se 
dit particulièrement des enfants : Ein bieau miquelot qui geint 
toujoust 

miquette, nonTgénérique des chattes, par opposition à marcou 
(matou) : Ç'ast V miquette que j'ons, et vous ç'ast ein peut 
marcou, c'est-à-dire c'est une chatte que nous avons, etc. 

miroie et miroue, n,, miroir, glace. (Mirof). — Miroi, ch. de n. 

misserandb (ai lai), expression qui ne s'emploie que dans une es- 
pèce de jeu de boûchotte caichante. Le bouchot, à qui on a bandé 
les yeux, crie : Ai lai misserandet Un des joueurs répond de 
sa cachette : Qui que tu demandes?... L'enfant demandé va dé- 
livrer de son bandeau le patient qui se met alors à la recherche 
de ses autres camarades. — Mizerande, hydromel, Gros. ; mis- 
serande, hydromel, Thév. 

mitiainne, n., mitaine, espèce de gros gant pour travailler aux 
champs par le froid, moufle. S'emploie quelquefois pour main, 
avec dépréciation ou plaisamment : Fat laiver tes mitiainnes, 
c'est-à-dire va te laver les mains. 

mition, n., miton. 

mode (mode et morfieu), v., mordre. Part, pass., modu elmodtu. 
— Moghiu, mordu, G. et R. 

modbssb, n., morsure : Taies don mau ai lai jambe ? — Oui, 



'r, 



Digitized by 



Google 



Si 



88 PATOIS DE LA FOHÊT DE CLAIRVACX 

eunne modesse de chien. Ceux qui font de la mêlée disent mo- 
dasse et mordasse. 

modon et modion, n., ce qu'on enlève avec les dents en mordant à 
môme dans quelque chose, un fruit, du gâteau, du .pain : F ai 
modu ein bon modon dans mai pomme, c'est-à-dire il a mordu 
une bonne bouchée. Modon désigne aussi le vide laissé par le 
morceau enlevé : F ai des modions teut ailentour de lai gailette. 
Par analogie, entaille en rond occasionnée par un choc, une 
chute, à un vase, une assiette, un couvercle de terre, etc. 

moéche, n., mèche : Eunne moéche de lampe, eunne moéche de vir* 
beurquin, etc. 

moguigner et moguingner, v., mordre à petits coups répétés, mor- 
diller, ronger : F moguigne ses ong\es, c'est-à-dire il mordille, il 
ronge. Un jeune chien moguingne tout ce qui lui tombe sous les 
dents. — Voir charonger. 

moible, n., meuble. (Moible). — Vieux franc, moible. 

moichener, v., moissonner. 

moichenoue, n., moissonneur, aoûteron. (Moichenoû). 

iioiCHÔN, n., moisson. La syllabe chon se fait très longue. — Mé- 
chon, G. et R. 

moillou, adj., meilleur : Ç'ast le moillou de tourteus, c'est-à-dire 
le meilleur de tous. 

moinche et moinge, n., manche : Ein moinche de sarpe, ein moinge 
d'haiche. — Vieux franc, mange. 

moingneau, n., moineau, pierrot. 

moinjotte, n., petite réserve amassée, économisée avec soin et ca- 
chée, ou du moins mise à part ; petite cachette : Eulle met sai 
moinjotte dans sai paillaisse (pai-iesse), c'est-à-dire sa bourse 
dans sa paillasse. — Voir Gauviotte. S'applique plus spéciale- 
ment à certaines provisions de bouche d'une conservation facile, 
fruits secs et séchés, friandises, etc. : Fai raimassé V bonne 
moinjotte de noujottes que jegade pou lai S 1 Nicoulas, c'est-à-dire 
une bonne petite provision de noisettes, etc. — Voir meùrotte. 
Désigne aussi un petit sac, une espèce de bourse en toile, plutôt 
longue que large, propre à contenir au besoin les choses à con- 
server ainsi... — Maingeotte, de manger? Des vieux mots mu- 
chote, cachette? ou montjoie ? 

moiniser et mouner, v., sucer son doigt, ou plutôt son mouchoir 
(voir non-non) ; ramasser et agiter les lèvres comme lorsqu'on 
fait une succion. — Voir nonner. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DB CL AIR VAUX 89 

moins (du) } s'emploie pour c'est-à-dire, quand on s'est trompé et 
qu'on se reprend : Viens d'aiveu moi, Ugène, du moins, non f 
Baptisse ? Viens avec moi, Eugène, c'est-à-dire Baptiste, je me 
trompe. 
/ moison, n., taille, mesure, dimension. S'emploie exclusivement dans 
cette expression : de bonne maison, pour dire de moyenne taille, 
de bonne grosseur, do dimensions convenables : Note chanvegn'ast 
pas grand, grand, mas ï ast de bonne moison (Notre cbanvre 
n'est pas bien grand, mais il est de bonne taille, bien propor- 
tionnée, de longueur suffisante). — Moison (grain de) grain tel 
qu'il est recueilli par les fermiers?? — Vieux franc, moison, me- 
sure, forme. 

moitian, n. , milieu : Au moitian de lai rue (Au milieu de la rue.)\ / ^ ; -' ' ' 
Vlai les deux bouts et le moitian (Voilà les deux bouts et le mi- c 

lieu, c'est-à-dire voilà la chose, c'est comme cela, c'est tout !) — ' ; Au- 
Meitian, milieu, P. T. — Vieux franc, mitan, moitié. 

molliture et moulliture, n., humidité, état de ce qui est humide, 
mouillé, température très humide, temps pluvieux : An ne peut 
pas traivoiller aux vingnes pa c 'te molliture lai % c'est-à-dire par 
ce temps humide là, quand la terre est aussi molle, aussi dé- 
trempée, etc. Ç'ast zeû seummé pa lai moulliture. — Moliture, 
humidité. Gros. 

monnition et aimonnition, n., munition : T vai ai lai chaisse sans 
ses monnitions (Il va à la chasse sans ses munitions). Pain d'au 
monnition, pain de munition. Vieux franc, amonition. 

moque (Je vous en, oxxje t'en), se dit pour joliment ! quelle erreur! 
Ah bien oui ! etc.; Aites-vous hèritié de vote onde? — Ah je vous 
en moque t c'est-à-dire avez-vous hérité de votre oncle ? — Joli- 
ment ! Ce n'est pas à nous que ces choses-là arrivent, etc. On dit 
aussi dans le môme sens de belle : Tons hèritié de belle! 

moque (aivoi lai), être dédaigné, oublié; être de reste, de trop, ne 
pas servir : Ton dingner, i* ai zeû lai moque, c'est-à-dire n'a pas 
été mangé, les convives ayant manqué volontairement ou non. 
Tvous aivôs fait V boinne fouleire, mas eulle 1 ai zeû lai moque; 
vous n'êtes pas venuns goûter au long de moi. 

morelle, n., traverse de bois terminée à chaque bo t par une gar- 
niture de fer, qui sert à relier entre elles et à maintenir les 
ridelles d'une charrette. Morelle, insecte noirâtre, une espèce de 
blatte, qu'on trouve souvent dans la farine et même dans le 
pain. 

t. i.. 7 



Digitized by 



Google 



90 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 

mote (mote et mofieu), part. pas. fém. de meuri (mourir), morte. 
Mote et mot'ieu, n.: Ein mort et eunne mote, ou eunne motieu. 

motbr (n' pas), ne pas dire, ne pas répondre un mot, ne pas pro- 
tester, être interdit : Euje 1» ai dit tôt çai et \ n'ai pas moté (Je 
lui ai dit tout cela et il n'a pas ouvert la bouche). Eun mote 
pas! c'est-à-dire ne proteste pas, ne dis pas un seul mot, ne 
souffle pas ! — Voir grouiller , piper, souffler, etc. 

mou et meu, adj., s'emploie pour mouillé, trempé : Euje seus rve- 
nun pa lai p\eue, j'ètôs tout mou (Je suis revenu par la pluie, 
j'étais tout trempé). ïast teut meu de suieur, c'est-à-dire tout 
mouillé, tout trempé de sueur. — Mou, mouillé, moite, Gros. 

moucé et mouché, n., morceau, monceau, tas : Ein moucé de pain 
(Un gros morceau de pain). Ein mouché de fien (Un tas de fu- 
mier). Ce mot est plutôt un augmentatif de morceau... — Mou- 
chet, morceau, L. C. et P. T.; mouchai, G. et R. 

mouchelot, nom diminutif par la forme, mais non par le sens qu'on 
y attache ; signifie proprement morceau : Ein mouchelot de pain, 
un morceau de pain. On dit un gros mouchelot, ou un moucé, un 
gros morceau, et un petit mouchelot, un petit morceau. 

mouchetaiche, n., moustache. 

mouchette, n. dim., petit mouchoir qu'on attachait autrefois .à l'é- 
paule des enfants, afin qu'il ne pût s'égarer. 

mouillére, n., endroit humide, marécageux, dans les champs cul- 
tivés ; endroit où l'eau s'égoutte, séjourne, dort. On dit aussi 
ègouttîs. — Mouillére, endroit marécageux, Gros. 

mouillotte et meuillotte, n., terme de fileuse, la salive dont elle 
mouille son fil, à défaut de mouilloir ou d'épongé : Euf moguigne 
des pnelles pou me bailler de lai mouillotte (Je mâchonne des 
prunelles, etc.). Par extension, salive en général : J'ai lai bouche 
si choche que je nai pus d' mouillotte, c'est-à-dire que je n'ai plus 
de salive du tout. 

mouire, n., petit fruit noir de la ronce, mûre, mûron. — Vieux 
franc, meuron, mûre sauvage. 

mourtia, n., mortier, et, par analogie, terre molle, détrempée : 
Çast-x bin moupa les champs ? — Çast du mourtia, c'est-à-dire 
la terre est comme du mortier. Chichie mourtia, goujat, maçon 
qui fait le mortier ; espèce de défi dont les enfants poursuivent 
les maçons afin que ceux-ci leur jettent une truellée de mortier : 
On crie chichie mourtia, comme on crie dio d'ceûs. — De chiche ? 

moutellb, n., poisson d'eau de rivière, la lotte, croyons-nous. Ce 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DB CLAIRVAUI 91 

mot s'emploie par plaisanterie dans cette phrase : Vati'en pêcher 
des moutelles, c'est-à-dire va-t'en où ta voudras, tu n'as que 
faire ici, tu nous gênes, f... le camp t 

moutte, n., petit morceau de terre, motte : J'ai èmouttelé mon champ 
qui ètot p\eun de mouttes, c'est-à-dire j'ai émotté, etc. 

mouvant, adj., s'emploie pour humide, marécageux : Ç'ast des 
terrains mouvants, c'est-à-dire des terrains humides d'où l'eau 
suinte. — Voir ègouttts, mouillére, sourds. 

mouver, v. intrans., mouvoir, changer de place, bouger : Eune 
mouve pas, ou je t'écrase (Ne bouge pas, ou...). Ne pas mouver, 
quelquefois ne pas répondre, ne pas protester, rester interdit: 
Euf li ai dit ses vérités et gnai pas mouvé, c'est-à-dire il n'a rien 
répondu, il est resté coi. — Voir dans ce dernier sens : dèbailler, 
grouiller, moter, piper, renifler, renoncer, souffler. 

mouzon, n., grosse femme sans souci, rieuse, indifférente : Eulle 
rit de teuC;~cle mouzon-lai (Elle rit de tout cette grosse noncha- 
lante, cette sans cœur-là). On dit aussi grosse mouzon. Ce mot 
est beaucoup moins injurieux que trouille, et s'emploie le plus 
souvent plaisamment. 

mugue, n., plante adventice, le melilot jaune (melilotus arvensis). 
Muque, mélilot, Gros. 

mujotte, n., petit mammifère insectivore, musaraigne. (Mûjotte). 

mule, n , meule, dans le sens de tas : Eunne mule de foin, eunne 
mule de paille (pé-\eu). (Voir tisse, poutée). Fronmaige de mule, 
frommage de Gruyère. 

mumelle, n., mamelle. 

muraille, n., s'emploie pour mur : T te f...trôs 'n claque que lai 
mureille t'en baillerot autant, c'est-à-dire un soufflet si fort que 
le mur, contre lequel tu tomberais, te frapperait de l'autre côté. 

murailler, v., maçonner, faire du mur. (Muré-ié). 

muraillotte, n. dim., petit mur; mur éboulé, ruines de mur, 
éboulis, (Muré-iotte). 

murot, n., tas de pierres provenant de champs épierrés, de plan- 
tations de vignes, de fouilles, de ruines, etc. : AnjUtien toujous 
les piarres su les murots, c'est-à-dire l'eau va toujours à la ri- 
vière. — Voir meurgé, synonyme. 

muscadet, n., désigne une espèce de raisin, le chasselas. 

musieau, muoieau, MsuGiEAu, meugeau, n., museau; nez, figure, 
avec mépris. 



Digitized by 



Google 



I 92 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVACI 

\ nachouï, adj., délicat en ce qui concerne la nourriture, difficile à 
nourrir, nachon, qui se dégoûte aisément ; qui mange du bout 
des dents, comme avec défiance en épluchant ses aliments. Les 
beaux parleurs disent nâcheux. — Voir chafrongnoux. 

! mailles, n. pi., terme de mépris pour désigner les enfants : Vlai 
les nâilles qui soient de l'école, c'est-à-dire voilà les enfants, etc. 
— Nailles, enfants ; se dit en mauvaise part, Thév. 
naillou, n., enfant, gamin, avec une nuance de mépris ou plutôt 
d'ironie, de plaisanterie narquoise. Au fig., s'emploie comme 
, - aiquais, nacou, etc. 

tl : v '* naippe, n., nappe. 

, / nairer, v., quêter, aller comme en flairant, avoir l'air de cher- 

(? j v cher quelque chose à la sourdine, rôder ; épier curieusement, 

J mettre le nez dans les affaires qui ne regardent pas, etc.: Quasi- 

ce que t'aillas don nairerpa les vingnes ? (Qu'est-ce que tu allais 
donc quêter, flairer, par les vignes ?) J'I'ai surprins qui nairot 
pa mes paipiers, c'est-à-dire je l'ai surpris cherchant, fouillant 
dans, etc. 
• naiboue, n., celui qui naire, quêteur, curieux, rôdeur; flâneur, 
et surtout flâneur quœrens quem devoret. Ne s'emploie qu'en 
mauvaise part. (Nairoû). 
naivette, n., navette. Gader, ou gadier les naivettes, être languis- 
sant, traînant, malade, en parlant d'un nouveau marié* 
nana, n., dadais, niais» bêta; mignard. S'emploie d'ordinaire avec 
l'adjectif grand, grante, et est des deux genres. (Nana). — Voir 
dadâ. — Nanas, femmelette qui croit tout, Gros. 
napperon et naipperon, n., s'emploie avec une nuance de mépris, 
de dédain, pour désigner : 1° un linge quelconque, du drap au 
torchon; 2° tout vêtement flottant ou tombant des épaules, châle, 
fichu, dentelle, collerette, etc.: Quast-ce que çast, arré, que ce 
napp'ron-lai queulle aivot su le dos, ou qui pendot pa darré lé ? 
c'est-à-dire qu'est-ce que c'est encore que cette guenille, etc. 
(Voir dans ce dernier sens manderolle.) — Napron, torchon, 
Gros. — Vieux franc, naperon, grande nappe. 
naquard, n. augm., de naque, matière évacuée par le nez, épaisse 

et formant comme un crachat. 
naque, n., humeur visqueuse évacuée par le nez, ce*qu'on mouche, 

morve. 
naquer, v., répandre de l'humeur (naque) par le nez, morver, 
1 • avoir le nez sale ; se moucher, se moucher souvent. — Nacquer 



Digitized by 



Google 



^ > yvx^KO 



PATOIS PB LA FORÊT DE CLAIBVAUX 93 

aux mouches, tâcher de les attraper avec les dents, tuer le temps, 

Gros... Se dit particulièrement des^chevaux, Thév. , ^ / -^ 

naqueter (bu NACQUETRR ?) les dents, claquer des dents de froid ; • /> î- ^/^° 
F aivot frod qui' naquetot les dents, c'est-à-dire il avait si froid - 
qu'il claquait des dents. 

naquettes (ou nacquettes ?) n. pi., dents (ou mâchoires?). Ne 
s'emploie guère que dans cette expression : Tende ses naquettes, 
ricaner, rire en se moquant : J'ai cheâ et i's tendant los naquettes 
(Je suis tombé et ils rient.) — Nacquelle, grande mâchoire; 
nacques, dents, mâchoire ; nacquettes, première culotte d'enfant, 
Gros.; nacquettes, grand os maxillaire des animaux, Thév. 

naquiller (ou nacquiller ?), v., manger du bout des dents, sans 

appétit ; faire le difficile, le nachoux. (Voir pluchotter). — Nac- 
quiller, Thév. 
naquou, ou nacou, n. adj., morveux, qui a le nez sale, ein pied de 

beurbis au bout du nez. Au fig., s'applique dépréciativement à un 

gamin qui veut faire l'homme, le fort, le brave : Toi, dire çai? 

Toi, faire çai ? toi, pouter çai, méchant nacou ? (Voir aiquais, 

aitrâ, etc.). Avec une nuance plaisante, presque admirative : 

Tu vois bin ce nacou-lai, eh bin, çai boit daji dans ein baril I 

narrée, n., récit niais, fadaise, conte à dormir debout, conversa- 
tion longue et ennuyeuse, goguenette, mensonge, compliment 
grivois, gravelure : /' membêtot d'aiveu ses narrées qui n'en fi- 
nichaint pas (Il m'embêtait avec ses fariboles, etc.). Qués nar- 
réesl (Quels mensonges, quelles fables !) /' conte des narrées aux 
femmes, c'est-à-dire des gaudrioles, des gaillardises. — Voir 
dandaines, flaube, nivelle, nasillerie, etc. Tous ces mots s'em- 
ploient indifféremment les uns pour les autres. Cependant on 
peut dire que dandaines signifie plus spécialement fadaises, niai- 
series, narrée, guoguenette, fleurette, gaudriole, flaube, men- 
songe, nivelle, conte bleu, récit de choses incroyables, nasillerie, 
conversations ennuyeuses, fatigantes, etc. — Du vieux franc. 
nare, moqueries, plaisanterie ? 

nasillerie, n. pi., fadaises, bavardages, fables, propos grivois; 
et plus spécialement, conversations ennuyeuses, fatigantes. — 
Voir narrée. 

nasiller, v., s'emploie pour bavarder, dire des riens, des fadaises, 
faire des observations saugrenues, conter des narrées, des 
nivelles, et surtout ennuyer, fatiguer de sa conversation. 

nasilloub, n, adj., celui qui nasille, bavard ennuyeux, conteur de 



Digitized by 



Google 



94 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 

sornettes, dej riens, faiseur d'observations ridicules, inutiles, etc. 
Quand fie vois venin chez nous eue' grand nasilloû-lai, çai m'è- 
pante, c'est-à-dire ce grand diseur de fadaises, d'àneries, ce rado- 
teur assommant, etc. On dit aussi nivier. 

nation, n., s'emploie pour race, engeance : Ç'ast V petite nation 
que les poules, c'est-à-dire une ennuyeuse engeance, une vilaine 
race. — Vieux franc, nation, famille. 

nein (ou nin?) adv., non, nenni. Nin-da, non-da. — Nein, non, 
nenni, L. C, P. T.; nein ou nun, personne, G. et R. 

nêle, n., plante adventive des blés, nielle (lychnis githago). 

nentille, n., lentille, légume, et lentille tache de rousseur. 

nbntillé, n. adj., lentilleux, qui a des taches de rousseur : Oh le 
peut nentille t On dit dans le môme sens vri. 

néron, ou nairon de haiche, angle extérieur de la hache. — Vieux 
franc., néron, nairon, môme sens. 

neu, adj., neuf, opposé de vieux : Ein haibit neù. 

nbunne, ou nunne, adj. fém., nulle. Ne s'emploie guère que dans 
cette expression, nun-nepart, nulle part. 

neurri, v., inf. et part, pas., nourrir et nourri, Faire du neurri, 
faire de l'élevage. 

neut, n., nuit : T ast neut, c'est-à-dire il est nuit. — Neu, nuit, 
G. et R. 

niain-niain, n. adj., niais, dadais; qui affecte une délicatesse, des 
sentiments exagérés ; qui a des jeux, des manières, des caresses, 
des joies, etc., trop enfantines. — Voir mignadon, nanâ, etc. 

nicaisser et ricaisser, v., ricaner ; rire niaisement : Euje me sens 
breûlé les dogts, et çai le fait nicaisser (Je me suis brûlé les 
doigts, et ça le fait rire.) On dit aussi, dans ce sens, tende ses 
naquettes. Y nicaisse pou rin comme eunne bête, c'est-à-dire il rit 
bôlement sans cause. — Nicasser, grimacer, Gros,; nicasser, 
rire sottement, Thév. 

nicaissier, n., celui qui nicaisse, c'est-à-dire qui ricane mécham- 
ment ou qui rit bêtement. — Nicassier, grimacier, Gros. 

niche, n., rate: J'ai mainge lai niche de note couchon (J'ai mangé 
la rate, etc.). De ce # que cette chair est fade? — Voir niche ad- 
jectif. 

niche, adj. des deux genres, mou, fade, qui manque de ton, d'as- 
saisonnement, etc. Un homme est niche > quand il est paresseux, 
mou, sans courage et sans vigueur; une cuisine est niche, quan<j( 



Digitized by 



Google 



patois de la forêt db clairvaux 95 

elle est doucereuse, qu'elle manque de saveur ou d'épices ; une 
étoffe esl niche, quand elle ne se soutient pas, qu'elle manque de 
corps, de raideur, d'empesage, etc. — Vieux franc., niche, nice, 
sot, niais. 

niô (ou niau?), n., nichet, œuf qu'on laisse dans le nid des vo- 
lailles afin qu'elles reviennent y pondre. Au fig., et avec une 
nuance dépréciative, petit enfant : Couche ton niô (gnô) en p\aice 
de ï tenin su tes gênons, et vai ai ton ouvraige, c'est-à-dire 
couche ton petit, etc. Niô, enfant bèta, simple, qui fait des 
mignardises qui ne sont plus de son âge, qui s'amuse avec des 
plus petits que lui, etc.: F faut enco que vous le poulains cou- 
chei % , ce grand niô lai ? c'est-à-dire ce grand dadais-là. — Voir, 
pour ce dernier sens, mignadon. 

nivelle, n., niaiserie, fadaise, conversation futile, mensonge, gail- 
lardise, et surtout conte bleu, récit invraisemblable. — Voir 
narrée. S'emploie le plus souvent au pluriel de même que dan- 
dainnes, nasilleries, etc. 

niveler, v., niaiser, conter des fadaises, des bourdes, des grave- 
lures, et spécialement des choses invraisemblables; perdre son 
temps à des bagatelles, s'amuser à des riens. — Voir nasiller et 
narrée. — Niveler, mettre beaucoup de temps à faire peu de 
chose, Thév. 

nivier 4 , n., celui qui dit des nivelles, des balivernes, des riens, 
des gravelures aux femmes, etc.; imbécile, niais. — Voir nasiU 
loue et narrée. 

noge, n., neige. — Noef, neige, xin e siècle. 

noger, v., neiger: l' ai toujous pour qu'ï n' noge bleu (Il a toujours 
peur qu'il ne neige bleu, c'est-à-dire il redoute toujours des 
choses qui n'arrivent jamais.) Qu'ï pleuve, qui' noge, qu'ï vente, 
j'irai charcher mon bois. 

non, ou nons, pro. pers., s'emploie dans quelques villages pour 
nous : Chez non, chez nous. 

non ou nond, n., nœud. D'où le calembourg qu'on fait aux en- 
fants qui se plaignent de ce que les autres leur disent des noms 
(des sobriquets): S'ïs te digent des nons, réponds liô des blouques, 
c'est-à-dire s'ils te disent des nœuds, réponds-leur des boucles. 

nonner, v. — Voir mouner. 



4 On peut voir dans ce mot une contraction de nivellier, sans 
doute un effet des il mouillées. 



Digitized by 



Google 



06 PATOIS DE LA FORÊT DB CL AIR VAUX 

nonnon, n., terme enfantin, mouchoir, guenille qui sert à nonner, 
à mouner : J'aipèdiu mon non-non. 

nor, adj., noir : Eut temps i' ast nor comme ein cul de chaudêre, 
c'est-à-dire le ciel est noir comme, etc.— Noi, noir, L.C., P.T., 
G. elR. 

nos, pro. pers., s'emploie pour nous dans quelques expressions: 
Viens nos deux, viens nous deux. 

noujotte, n., noisette. 

noujottbr et noujottier, n., noisetier. On dit aussi coure. 

nourri a, n., nourrisson : Eulle prend des nourrias de Pairis, c'est- 
à-dire elle prend des nourrissons de Paris. 

noyer (se prononce no-ié), v. , noyer : Y se nôe, qui' se noyé (no-ieu), 
c'est-à-dire il se noie, qu'il se noie. 

n'toyer, v., nettoyer. Spécialement, écurer, laver la vaisselle : J'ai 
n'toyè (n'to-ié), et peûs je setis patie (J'ai lavé la vaisselle, etc.). 
On dit dans le môme sens relaiver. 

nuaige, n., nuage (nuége). On dit aussi brouillard: F y ai des 
brouillards au temps, c'est-à-dire il y a des nuages au ciel. 

run, pron. ind., personne : J'ai taipé ai lai pote t et gn aivot nûn 
(J'ai frappé à la porte, il n'y avait personne.) Nûn nast venun, 
personne n'est venu. — Nézun, personne, Gros. — Voix d'un, 
voix de nun, xiv e siècle. 

n'un va l'adte et n'un vai l'adte, pour l'un va l'aute (l'un vers 
l'autre, ouïes uns vers les autres), par un changement assez fré- 
quent de / en n. 

nun, adj. nu. Au fém. on traîne le son : Euje vas tente nûn et tente 
déchausse, c'est-à-dire toute nue et sans chaussure. 

obeurdons (/"... les) à quelqu'un : le faire citer en justice, lui en- 
voyer l'huissier, lui faire un procès ; lui donner une raclée : /' 
m'ai r' tonné V roie, mas j'Y ai /"... les obeurdons (Il m'a re- 
tourné une raie de champ, mais je lui ai flanqué l'huissier, le 
papier timbré, etc.). Taies pûgé? Tai mère te /"... les obeur- 
dons csoir, c'est-à-dire tu 't'es mouillé les pieds ? Ta mère te 
donnera le fouet ce soir. — Oberdies, rêveries d'une tête embar- 
rassée, Gros. 

ocre, n., ogre : Oh V peut ocre t Oh le vilain ogre ! 

odon, n., chantier; besogne, tintouin, embarras: Euje vas ai mon 
odon (Je vais à mon chantier). D'aiveu quate enfants, j'en ai de 
l'odont (Avec quatre enfants, j'en 41 de la besogne, du tintouin!) 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLA1RVAUI 97 

Tout traîne pa c'te majon-lai, çast ein bel odon, ein bel dquier ! 
c'est-à-dire un beau chantier, une belle besogne ! (Voir aria.) 

— Ordon, rangée de vendangeurs, Gros.; ordon, tâche limitée; 
où Ton en est de son travail, Thév. — Du vieux franc. Ordon, 
rang, ordre, arrangement? de ordoï 

œu, n., œil : G'nai pus depain chez nous, pas ce qui me ferot mau 
en l'ceu (Il n'y a plus de pain chez nous, pas ce qui me ferait 
mal à l'œil, c'est-à-dire pas une miette, pas un atome). Picher, 
et môme ch... des œux { , pisser des yeux, pleurer. — Vieux 
franc, eux, euz. 

cbu, n., œuf: Tu n'airaies pastoujous deux œûs d'aiprèes tai soupeî 
(Tu n'auras pas toujours deux œufs après ta soupe !) Ce dicton, 
qui s'adresse ou s'adressait aux enfants difficiles, exigeants pour 
la nourriture, prouve la sobriété des habitants de nos villages. 

geillot, n. dim., petit œil, petit trou rond, œillet: p'tit œillot, gros 
(Billot, etc. (Voir & jette.) Passe eul laiçot dans Vœillot, c'est-à-dire 
passe le lacet dans l'œillet. 

oeuvre, n., s'emploie pour désigner la partie la plus fine du 
chanvre peigné, qu'on nomme aussi poupée. — Œuvre, filasse, 
Gros. 

offri, v. inf. et part, pas., offrir et offert. 

ôgé, n., oiseau. — Ogeai, oiseau, P. T., G. et R. — Du vieux 
franc, oisel? 

oille, interj., cri de douleur, ahi : Çai me fait mau, oille (o-ieu) ! 
Oille oille oille î — De ahi? ou du vieux franc, aie, aide, secours, 
hay, cri pour appeler du secours ? 

oin, ou ouix, interj., espèce de oui goguenard, ironique, qui s'em- 
ploie le plus souvent par antiphrase pour non, joliment, ce n'est 
pas cela, au contraire, etc.: F paraît que vous aillez faire lai noce? 

— Ouin t c'est-à-dire pas du tout ! Joliment! Ç'ast vrai comme 
i p\eut du boudin. Taies gaingné ? — Ouin t du coûté de mai 
poche, c'est-à-dire j'ai gagné comme on perd à Paris. Nous 
l'avons déjà dit, la voyelle in substituée à l't ajoute en général à 
la signification du mot une idée de dépréciation, d'ironie. On ré- 
pond aussi dans le même sens bramant. 

oisillb, n., oseille. Oisille des prés, différents rumex, rumex aceto- 
sa, rumex acetosella, et rumex scutatus. 



4 Nous écrivons au pluriel œûs (œufs) et ceux (yeux). La voyelle œu 
du premier mot est très longue, et celle du second mot très brève. 



Digitized by 



Google 



9$ PATOIS PB LA FORÊT DE CLAIRVAUI 

ôlée, n. — Voir hôlée. 

omption (aivoi V), avoir le dessus, prendre l'autorité, l'emporter, 
dominer, commander : /' veut atvoi l'omption su tôt le monde, 
t n'écoute nân, c'esl-à-dire il veut dominer partout, il n'obéit à 
personne, etc. 

ongle, n., (ong\e), ongle. On dit à un chat qui gratigneé par mé- 
garde : Tu n'aies pas rongné tes on^uieu* aujd'heu. Qui t'a créé 
et mis au monde? — Ç'ast lai mère une telle — une sage- 
femme quelconque — d'aiveu ses ong\es : Espèce de parodie du 
catéchisme. 

OPiNiNioN, n., opinion. (Opingnon). 

oqueler, oquelot, etc. — Voir koqueler, hoquelot, etc. 

oreillotte et airoillotte, n. dim., petite oreille, oreillette. 

orerie (ou orrie?), n., bijoux d'or, orfèvrerie : Aicheter des oreries, 
acheter des bijoux, des joyaux. Ailler aux oreries, en particu- 
lier, aller acheter l'anneau et les autres cadeaux de noce d'une 
mariée. 

orpéve, n., orfèvre. 

oriller et airoiller, n., oreiller : Vorïller et Vtraiversin. 

oriot, n., chardon acaule, circe laineux (cirsium eriophorum) ; ai- 
grettes des graines de ce chardon que les pauvres gens recueil- 
laient autrefois pour en faire des lits à leurs enfants : J'ai fait 
ein oriller d'aiveu des oriots. Oriot, n., oiseau, loriot, par la 
confusion de l'article et du nom. 

ormoire (ou aurmoire?), n., armoire. 

orniot (ou orgnot, ormeau?), n., mauvais coucheur, homme dif- 
ficultueux, querelleur, bizarre; homme de petite taille, nabot, 
avorton, homme faible, laid, contrefait, etc. S'emploie souvent 
avec les adjectifs peut (laid), bel, méchant, etc.: Oh, le peut or- 
niott r n'ast { jainmas content (Oh, le vilain oiseau ! etc.). Ein 
bel orniot pou se mairier d'aiveu note Julie ! c'est-à-dire un beau 
nabot, etc. 

oroille, n., oreille. (Voir airoille). 

ossenge (ai /'), expression qui signifie dans l'intention, dans le 
but, avec l'arrière-pensée, etc. S'emploie le plus souvent avec la 
négation : Si j'H ai rendu service, ce n'ètot pas ai l'ossence d'en 
été récompensé, c'est-à-dire ce n'était pas dans le but d'en être 
récompensé. 

1 Au lieu de gn'ast qui sç dit plus souvent. 



DigitizedbyG< 



PATOIS DE LA FOHÊÎ DB CLAIRVAUX 99 

ostingnrr, v., Irriter, pousser à bout : Tiens, ne m'ostingne pas, tu 
n'en seras pas le bon marchand, tu me V payeras, c'est-à-dire De 
m'impatiente pas, ne me pousse pas à bout, etc. — S'ostingner, 
v. p., s' obstiner, s'entêter:/' s'ostingne ai vouloi piaidier, quand 
i' sait qui' ai tort (Il s'obstine à vouloir plaider, etc.). — Oste- 
ner, impatienter, pousser à bout, Gros. 

otib, n., ortie. Otie blainche, ouseûçot, lamium album. y 

oudri, adj., employé seul signifie pourri, consumé : Ces piquots-lai 
sont oudris (Ces pieux-là sont pourris). Ajouté à certain ad- 4 

jectif, il marque l'excès, le superlatif : Oudri sq 3 très sec, archi- < - • - * 
sec, oudri meûr, trop mûr, pourri mûr. — De outré ? que nous 
avons entendu également employer dans le même sens avec ces 
mômes adjectifs : outré so, outré meûr, etc. ou du vieux franc. 
heudrir, pourrir ? Ou confusion de ces deux mots ensemble? 

ougelot, n. dim., petit oiseau, oiseau avec dépréciation : /' y ai '^ 5 
dans le bois ein ougelot qui dit: « Comme an te fait, fais-li » (Il y 
a dans le bois un petit oiseau qui dit, etc.). l'ai tiué ein ougelot, 
ein méchant ougelot dans toute saijonnée de chaisse, c'est-à-dire 
un oiseau seulement dans toute sa journée de chasse ! Cet oiseau 
pourrait être aussi bien une perdrix qu'un moineau... Du reste, 
ougelot est un diminutif d'origine, de forme plutôt que de sens, 
car on dit très communément : Ein gros ougelot, ein ptiot 
ougelot. 

oui (ah) y interj. d'admiration : J'ai tiué mes trois lapins c' maitin 
dans les préres. — Ah oui t c'est-à-dire vraiment ï tu as de la 
chance; quelle aubaine ! 

oussb, interj. (Voir housse). 

ousére, n., osier: Pends eunn'ousére etrlôe laibeurtelle detai 
hotte, c'est-à-dire prends un osier et relie, rattache, etc. — Ozière % 
osier, Gros. — Vieux franc, ousier. 

ousu, part. pas. du verbe oûser, oser. Condition: J'oûserôs, et j'oû* 
sourds. 

outons et otons. (Voir houtons). 

ouvraigb, n., ouvrage. On fait ce mot fém.: De lai belle ouvraige 
(ouvrége), du bel ouvrage. 

ouvrer, n., ouvrier. Fém. ouvrére. Ein jou ouvrer, ou ein jou 
l'ouvrer, un jour ouvrier, ouvrable. 

ouvri, v. inf. et part, pas., ouvrir et ouvert. Eunne gueule ouvrie 
(Une gueule ouverte), un muid qui n'a qu'un fonc| f 



Digitized by 



Google 



100 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIR VAUX 



pa, prép., par. Pa lai p\aice (par la place), par terre, tombé : Le 
v'iai pa lai piaice, ou le v'iai ai bas, ou le vlai cheû (Le voilà r^ 

tombé). Teutpa lai piaice, dans beaucoup d'endroits, partout : Des 
pommes ai cueilli ? J'en ons teut pa lai p\aice, ou teut patent 
(Des pommes à cueillir ? Nous en avons dans beaucoup d'en- 
droits, dans toutes nos propriétés, partout. Tout, ou teut, ou tôt 
pa moi, toutpa toi, teut pa lu, tôt pa lé, etc., seul, tout seul : T 
s'en vai teut pa lu (Il s'en va seul, tout seul). — Par li, tout 
seul, xin e siècle. — Pa de va (par de vers), du côté de, aux envi- 
rons de : Si tu viens pa de va chez nous, t' entreraies (Si tu viens 
du côté de, près de chez nous, tu entreras). /' demoure padeva 
chez Jeannot, c'est-à-dire il demeure aux environs de chez Jean- 
not. — Pa lai-bas, pa lai-haut (par là-bas, par là-haut), se disent 
pour quartier du bas, quartier du haut : /' demoure jusqu'ai 
faute bout de pa lai-bas, ai Vaute bout de pa lai-haut, c'est-à- 
dire il demeure à l'autre extrémité du quartier bas du village, 
etc. — Devant certains mots, l'r se rétablit : /' traivoille ai 
tant par jou. 

pace que, loc. conj., parce que. 

paché, n., paisseau, échalas. (Pâche). — Pesseau, petit échalas, 
Gros.; pachet, L. C, P. T.; pâchet, G. et R. — Vieux franc. 
peyssel, pescheau. 

pacheler, v., paisseler, piquer, ficher les paisseaux en terre, à côté 
des ceps de vigne. Prés, de l'ind. : Euje pâcheulle, etc. — Pa- 
cheler, mettre des paisseaux, Gros.; pâcheler 9 paisseler, G. et R. 
— Vieux franc, passeler. (Pâch'lé). 

pachelot, n. dim., petit pâché, petit paisseau; bout de paisseau, 
paisseau usé. (Pâclïlo). 

pacheloub, n., paisseleur, celui qui paisselle; instrument dont on 
se sert pour paisseler. (Pâch'loiï). 

padé, interjec., pardi, pardié, pardine, pardienne, abréviation de 
pardieu. 

pai, interj., s'emploie pour paix, silence, taisez-vous, et se pro- 
nonce très brièvement : Pèt tandis que paix se prononce comme 
en français ?? 

paie, n., omoplate du porc salé, paleron ; J'ai mins 'n' pat dans 
not' pot. 

paillaisse, n., paillasse; panse, ventre avec mépris: I'U ai crevé 
ou cueurvé lai paillaisse. (Pai-iesse). 

paille, n., paille, se prononce petite, 



r 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DZ CLAIR VAUX 101 

pailot, n., palet, pierre plate, plus ou moins arrondie, dont on se 
sert à certains jeux. 

pain d'ougblot (pain d'oiseau), désigne : 1° différents sedum,\e se- 
dum acre, le sedum album, etc.; 2° le pain qu'on a de reste, qu'on 
rapporte des champs et qu'on donne souvent aux enfants comme 
une friandise : Mainge, çast du pain d'ougelot. On dit plutôt dans 
ce dernier sens : du pain d'ailouette. 

paingnottb (ou piNONOTTE ?), n., homme pauvre, misérable ; 
homme de peu de valeur, de basse mine. 

pairaidis, n., paradis; reposoir, particulièrement le reposoir qu'on 
fait à l'église le jour du Jeudi-Saint. 

pairesse, n., paresse. 

pairessoux, adj., paresseux : Pairessoux et gormand, ç'ai ne vai 
pas riun h sans l'aute. 

pairou, n., chas, espèce de colle de pâte dont les tisserands se ser- 
vent pour apprêter, parer leur fil. — De parer? 

pàirtaige, n., partage (Pairtége). 

pairtaigbr, v., partager. 

pairtaigeoub, n., partageur, partageux, socialiste, communard. 

paitte, n., patte; pied avec mépris ou plaisamment : /' n bouge ni 
pied ni paitte (11 ne bouge, ne remue point du tout). Euriire tai 
paitte que ;' pouille passer, c'est-à-dire retire ton pied, ta jambe, 
etc. Paitte goyette, voir goyette. 

paittblot, n., espèce de pou de bois, tique ou ricin. 

paittoybr (ou pètoyer? ou PAiToiLLER ?), v., piétiner, marcher sur 
place ; marcher où il ne faut pas, sur un terrain emblavé ou 
fraîchement labouré, par exemple : Note chevau paittoye (pai- 
to-ieu), t" doit aivoi mau au vente (Noire cheval piétine, s'agite, 
frappe du pied, etc.). Quast-ce que tu viens don paitoiller dessus 
mon rabouréf c'est-à-dire fouler aux pieds mon terrain labouré? 
— On dit aussi, dans ce dernier sens, pillâuder, triper, tripoter, 
tripâiller. — Du vieux franc, piétoier, se promener? — Ne pas 
confondre ce mot avec patouiller, paitouiller. 

paittotot, n., qui fait de petits pas en marchant, qui marche en 
quelque sorte sans avancer ; qui marche là où il ne faut pas 
marcher, sur un terrain cultivé, emblavé, etc. On dit aussi tri- 
potot, et pilldudoue. — Vieux franc, piétoier, marcher. 



1 Pfun pour l'un. 



Digitized by 



Google 



102 PATOIS DE LA FORÊT DE CLÀIRVALX 

paivé, n., p&vé. 

paiver, v., paver. 

paivoue, n., paveur. (Paivoû). 

palbr, v., parler, causer : F pale bin (Il parle bien). Paler, par- 
ler, xin' siècle. 

paloub ai jonnée, voir causoue. 

pan (aï) ou èpand? loc. adv., sans choix, en suivant Tordre, sans 
rien passer, sans rien excepter: F prend. ïraimasse, etc., ai pan, 
ou teut èpand, % n'y chôgit rin, c'est-à-dire il prend, il ramasse, 
etc., en suivant l'ordre, comme cela se présente ou lui tombe sous 
la main, sans rien démêler, rien rebuter... Tu peux empli ton p'ner 
de pommes; mas ne chôgispas, prends tôt ai pan.— A pan, beau- 
coup : Y a dou râgin à pan, il y a du raisin beaucoup, à tous les 
ceps; provigner une vigne à pan, la provigner entièrement, L. C. 
— De espandre, espandu, espand ? 
* pancheb de Veau, expression délicate pour dire uriner, pisser : 
Euf vas pancher de Y eau. — Épancher? 

pané, ou panet de cheminge, pan de chemise, la partie inférieure 
de la chemise. Eté en pané, s'eurlever en pané, rester en panet, 
c'est-à-dire être en chemise, se relever en chemise, rester en che- 
mise, sans s'habiller. 

panée, n., panais, légumes. Ce mot est féminin. (Panée). 

panserot, n. dimin., petite panse, spécialement, l'estomac da 
porc. 

pantager, v., haleter, panteler, anheler, être très essoufflé, très 
O ^ oppressé, battre des flancs. Se dit surtout des animaux : /' ast 

( /l prins de chaleur, notecôuchon, ï pantâge, c'est-à-dire il est pris 

de chaleur, il halète, il bat des flancs. — De panteler? 

pantainnes, n., voir dandainnes. 

PAPiLLOT, n., papillon. 

paquotte, n., chaton odorant du saule marceau, qui fleurit aux 
environs de Pâques. Les enfants en mêlaient à leurs branches de 
buis, le dimanche des rameaux. (Pâcotte). 

paraite, v., paraître. De même les dérivés, disparaite, compa- 
raîte, etc. 

parche, n., perche, brin de bois. Parche ai moichon, perche qui 
sert à maintenir, à serrer les voitures de foin, de gerbes, de fa- 
gots. Mette lai parche (mettre la perche) achever une besogne; 
par analogie, de ce qu'on termine, achève le chargement de ta 
voiture en mettant, en serrant la perche. 



Z- 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVÀUX 103 

X&h J<" parchis, 11., taillis. — De parcke, perche. 

. parchottb, n. dimin., petite perche. Une parchotte souple, fine, 

lisse et droite, se nomme aussi foce. 

parcommencer, v., synonyme énergique de commencer... Ne s'em- 
ploie guère qu'à l'impératif et à l'infinitif : Parcommence ai te 
taire (Commence bien vite par te taire, je t'ordonne de te taire). 
Quelquefois on répète par: /' faurot parcommencer pa f...ton 
camp, c'est-à-dire il faudrait bien Vite décamper, sans faire autre 
chose avant. 

parfonne, n., espèce de tarte à l'huile. — Pafourne, pain que 
les paysans font cuire pendant que le four cbaufle, Gros. 

parioub et pairioub, n., parieur, qui a la manie de parier. 

pariure, n., pari, gageure; enjeu, chose pariée. 

paroil, adj., Pareil : Ç'ast du paroil au même, c'est-à-dire c'est la 
même chose. 

part, n., s'emploie absolument pour chair, viande: /' mainge pus 
souvent du fronmaige d'aiveu son pain que <F lai part. 

parterrer, v., abattre, renverser par terre ; culbuter son adver- 
saire en luttant corps à corps : T ai v'iu se collter d'aiveu moi, 
mas f ai zeû bintiôt fait de V parterrer, c'est-à-dire il a voulu se 
colleter avec moi, mais j'ai eu bientôt fini de le renverser à terre, 
de le culbuter. 

pas de chait (pas de chat), ricochet, bond que fait une pierre 
plate, un morceau de tuile, etc., jeté presque horizontalement 
sur la surface de l'eau : Viens faire des pas de chait su Vguè. 

pas moins, s'emploie pour cependant, pourtant, néanmoins, enfin : 
Pas moins t l'ai fait, ï Yy ast airrivé (Cependant, il l'a fait, il 
l'y est arrivé). — Pas moins, cependant, néanmoins, Gros. 

passabe, adj., passable. On prononce passâbe et passable (pas- 
sâb\e\x). 

passade, n., s'emploie pour averse, courte averse. Voir ruche. — 
De passer, qui passe vite. 

pàssmge et paissaige, n., passage 

passance, n., temps à passer, durée, saison. S'emploie dans le sens 
de consommation, provision suffisante pour passer un temps 
déterminé, généralement l'année : fai rècorté du vin pou mai 
passance, c'est-à-dire pour ma consommation pendant Tannée. On 
dit aussi dans le môme sens, pou mai ou mon convenûn. 

patapouf, n., personne grosse, grasse, lourde, qw peine en mar* 



Digitized by 



Google 



104 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIR VAUX 

chant, qui se hâte sans avancer. Est, par surcroît, assez sou- 
vent précédé de l'adj. gros. On dit aussi pouf; mais pouf est 
plutôt employé pour l'état de repos et patapouf pour l'état de 
mouvement. Des deux genres. S'applique aussi aux animaux et 
plus rarement aux choses. 

patarod (été en), express, du langage populaire général, être in- 
quiet, tourmenté, troublé, irrité, en colère ; se démener, s'agi- 
ter outre mesure : Son chien t" ast pèdiu et le vlai en patarou. 
Fs sont bin en patarou, ïs n'ont pas V jarbe de rentrée, et vlai 
V nuée du diâbe qui se prépare I 

patatraque, interj., patatras, onomatopée, qui exprime le bruit 
d'un corps qui tombe avec fracas. — Patatraphe, Thév. 

pati et paiti. v., inf. et part, pas., partir et parti.— Patchy, partir, 
P. T.; paqui, G. et R. — Dans quelques villages on mouille en 
quelque sorte le t, on prononce patAi : est-ce cette prononciation 
que MM. P. T„ G. et R. ont voulu figurer? 

patingner et paitingnbr, v., patiner, manier indiscrètement, indé- 
licatement, sans précaution. On dit plutôt tatingner. Voir aussi 
peuçoyer. 

pâtira,* n., s'emploie pour souffre-douleurs : Ç'ast ein pâtira, c't' 
enfantlai, c'est-à-dire un souffre-douleurs, une victime, le jouet 
des autres, etc. 

patouillait et patouillat, n., flaque d'eau stagnante, particuliè- 
rement d'eau de pluie, dans la rue ou sur un chemin où l'on est 
exposé à patouiiler; margouillis, patrouillis. — Patouillat, 
bourbier, Gros.; souillât, G. et R.; patouillat et patouillis, eau 
stagnante des chemins, Thév. (Voir margouillait et logai). Pa- 
touillait et margouillait impliquent généralement une eau plus 
remuée, plus impure que logai. 

patociller et paitouiller, v., marcher dans les flaques d'eau, vo- 
lontairement ou non, barbotter avec les pieds et les mains, pa- 
trouiller... Avec les mains seulement, on dit plutôt tatouiller. 
Un enfant patouille et tatouille quant il fait des fontuines, en 
barrant les ruisseaux des rues. — Patouiiler, marcher dans la 
fange, Gros.; patouiiler, marcher dans l'eau et la boue, Thév. 
(Voir gargouiller, gaisser). — De patrouiller? ou du vieux 
franc, tooillierf 

patouillis, n., endroit où l'on a patouille, patrouillis. Se confond 
avec patouillait. 

patouillot, n., petit enfant très gras, très potelé : Oh que gros pa* 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAÏRVAUI 



10» 



touillot l On dit dans le même sens peloton : Que gros p'ioton I — 
Patouillà, Gros. — De pâte, pâté? ou de patouiller f 

paumelles (faire des), exprès, de fileuse au fuseau : imprimer à son 
fuseau un mouvement de rotation prolongé en le roulant rapide- 
ment entre les paumes des mains, au lieu de le faire tourner 
avec le pouce et l'index. (Pômelle). 

patoue, n., payeur : Les conseilloûs n sont pas les payoûs 
(pé-ioû). 

p'cheunnb, pron. indéf., personne. Ne s'emploie guère que dans 
cette expression : Griy ai p'chun-n (Il n'y a personne). On dit 
plus souvent : Gn'y ai nû,n. 

pé, adj., pis et pire : Çast bin pé, c'est bien pire. 

pbcher,v., percer : Peuche ein trou dans lemeudpouy mette eunne 
broche (Perce un trou dans le muid, etc.). Ce nast pas cheû dans 
ein p'ner p'ché (Ce n'est pas tombé dans un panier percé, c'est- 
à-dire la nouvelle est en bonne main, elle sera répétée). Cul 
p'ché, voir cul-peché. 

pède, v., perdre. Prés, de l'ind.: Euje perds; imparf.: pidôs; fu- 
tur : pedrai; part, pas.: pèdu. 

pèdrix, n., perdrix. 

pèdu, pèdiu et p'du, part. pas. de pède : J'ai pèdu mes bieaux sai~ 
bots — Dans V petit bois d' tremblots. — Pedju, perdre, P. T.; 
pedju, p'du, p'dju, G. et R. 

peingne, n., peigne. Le peigne à démêler, démêloir, se nomme cW- 
villoue (dèvi-ioû). 

PEiNGNÉB, n., peignée, raclée, volée. — Voir tâgnée. 

pbinoner, v., peigner. Eus' peingner d'aiveu ein râtieau, avoir la 
tôle ébouriffée, ne pas se peigner du tout. 

peihgnot, n., chardon à foulon (dipsacus sylvestris). 

peis, n., pis, mamelle, tétine : Note miche, eulle ai ein gros peis 
(pé) c'maitin, c'est-à-dire notre vache a un gros pis, etc. 

pellotte, n. dimin., petite pelle; proprement battoir à lessive. — 
Rouillot, Gros. 

pblloyer(ou pelloiller ?), v., se servir d'une pelle, enlever 

. quelque chose à l'aide d'une pelle, en particulier la terre pio- 
chée, pelleter : r pioche, et moi, jpelloye (pelloieu) ou fpelloe, 
c'est-à-dire il pioche et moi j'enlève la terre avec une pelle. 

pe5auillbr, v., donner une raclée, une correction, pelauder, 
épousseter. Voir èpenouiller, plus employé. 



T. k 



,v^ 



<t ^c 






r 



i- 



/(("A 



cl- 



J(- 



Cfl, 



ï\ ! 






-^w.,,.'', ' 



Digitized by 



Google 



106 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIftYACI 

pendoue, n., espèce de bâton en forme d'arc, qui sert à suspendre 
le porc quand il est tué, pendoir. — Vieux franc, pendouer. 
Pendoue, n., celui qui pend, pendeur, bourreau. De même de- 
pendoue: Ein grand dèpendou d'andouilles, un homme grand, 
plutôt fluet, qui est censé dépendre les andoûilles du plafond 
sans monter sur une chaise. 

pbneau, n., extrémité de l'aile d'un gros oiseau de basse-cour, la 
dernière phalange, dont on se sert en guise de plumasseau : 
Baille ein cop d' peneau sur lai cWmingnèe pou oter V poussât 
(Donne «n coup de plumasseau, etc.). Traîner les p'neaux, être 
souffrant, malade, par analogie, sans doute, avec les volailles 
malades qui laissent tomber, traîner leurs ailes. (Voir Corner). 

— Penô, bout d'aile d'oie ou de canard. Traîner les penôs, être 
mal en point, ou pour la santé, ou pour la fortune, Gros. 

pbnblle, prbuhnellb et PEURNELLB, n., prunelle, fruit du prunel- 
lier; pupille: y ai maingè des p'nelles gelées (J'ai mangé des 
prunelles gelées). Jy tiens comme ai lai peurnelle de mes ceux, 
c'est-à-dire à la prunelle de mes yeux. 

pbnellbr, preunneller et PEURNELLBB, n., prunellier, prunier épi- 
neux, prunus spinosa. (Fnellé). 

pener, n., panier. P'ner p'ché, panier percé, homme prodigue. — 
Vieux franc, penier. (P'né). 

pbnbu etPENOT, adj. f capon, honteux, pantois... Et ta, norotf — 
Et ta, rougeot f — Si mon cul s % effondrât — Tu seras bin p'not ! 
c'est-à-dire tu serais bien sol, bien attrappé, bien pantois. Dia- 
logue-devinette entre le feu (rougeot) et la chaudière (norot). 

— Penez, honteux, confus, xiv - siècle. 

pennibe, adj., pénible. Se prononce piwnibe et />w-niïl*(pw-miieu). 

penrb, v., voir prenre. 

penser (se), s'emploie pour penser : Je m 9 pensas, c'est-à-dire je 
pensais à part moi, je me disais. Pensez (ou pensé ?), impérat. ou 
part, pas., s'emploie ironiquement pour hein, tu te figures peut- 
être, tu crois, etc. Vous expliquez, vous affirmez quelque chose 
à quelqu'un qui vous paraît douter, protester, et vous lui dites : 
Je n' sais pas, pensez f c'est-à-dire tu crois peut-être, tu serais 
capable de penser que je ne sais pas, hein ? Pensez que (ou pensé 
que?) peut-être que, Dieu veuille que, je pense bien que, etc.: 
Je V tueras c' carcan de chien-lai I — Pensé que non, tu n' le tue- 
ras pas! c'est-à-dire j'espère que non, je te prie de ne pas le 
tuer, de réfléchir, etc. Ce pensé est un appel à la réflexion, 
une prière, une défense. 



Digitized by 



Google 



f\!4> 



PATOIS M LA FORÊT DE CLAIRVAUX 107 

pèhale, n., patience (rumex patientia). 

permette, v., permettre.. . 

peset et p'zet, n. ? ti_ge mortty de certaines plantes, en particulier 
des pois, des haricots, des pommes de terre et de la navette : Du 
p'zet de pommes de terre, c'est-à-dire des fanes de, etc. S'ap- 
plique plus rarement à ces mômes tiges encore vertes. On pro- 
nonce aussi beset et b'zet. — Vieux franc, pesus, pesole, pois ; 
p esac, pesaz, cosses de pois ; peseau, pezière, champ de pois. 

petiot, adj., petit. (P'tiot). 

petiolot et petiololot, adj. diminutif de petit, tout petit, tout petit, 
petit. (Ftiolot, ptiololot). 

petoue, n., péteur, qui pète souvent. — Vieux franc, pettour. 
(Ptoû). 

petuns, n. pi., débris de pierres de maçonnerie, ou de murs ébou- 
lés ; débris de pierres en général, décombres : Les maiçons i's 
ont fait, et je vas débarrasser les ptuns (Les maçons ont fini et je 
vais enlever les débris, les décombres). Voir caffres. P'tuns, 
butins, décombres de bâtiments, Gros.; p'tuns, décombres de 
bâtiments, G. et R. — - Vieux franc, betuns, immondices, vi- 
danges, etc. On forme de ce mot le verbe dèptungner, ou dèptunr 
nier, enlever les p'tuns, démolir de vieux murs, de vieilles 
fondations. Mais on dit plus souvent dans le même sens 
dècaffrer. 

peuce, n., pouce. Tnin sonpeûce dans sai main, tenir son pouce 
dans sa main, c'est-à-dire se tenir sur ses gardes, agir avec pru- 
dence ou même défiance. 

peuche (mette en), mettre en perce : Mets en penche ein aute meud, 
eunne aute fillette, c'est-à-dire mets en perce un autre muid, une 
autre feuillette. Peuche, sing. du présent de l'ind. et de l'impé- 
ratif du verbe pécher ou pcher, percer. 

peuçot, n., petit fourreau, petite gaine de toile ou de basane, sem- 
blable à un doigt de gant, dont on revêt un pouce malade ou 
blessé. Le doyot se met au doigt, et le peuçot, au pouce ; mais 
peuçot s'emploie souvent pour doyot. 

peuçoyer et pecciller (ou peuçoiller ?), v., masser avec le pouce \ y ^ V *"' J 
ou avec les doigts, tàtiner, presser, manier sans précaution : l ' . 
Euri peûçoille pas tant ces poires-lai, tu vas les faire b\ossi d' r- £& ^ L 
foiche (Ne presse, ne tàtine pas tant ces poires-là, tu vas les ^ 
faire blessir de force). Ton bouton n' se r' guérirai jainmas si tu 
V peucilles comme çai, c'est-à-dire ton bouton ne guérira jamais 



Digitized by 



Google 



108 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRYAUX 

si ta y touches, si tu le presses, le tàtes ainsi. (Voir pâtingner 
et tatingner). — Peuceyer, appliquer le pouce en appuyant, 
Gros. — Du vieux franc. Peçoier, briser, détruire, mettre en 
pièce? ou àepeuce? 

peunkeréb, n,, panerée, le contenu d'un panier, le panier plein : 

Eunne pun-rirée de rasins. 
peupler, v., se prononce peupler (peupié). De môme peup\e, peuple. 

peurge. n., purge, action de purger; purgatif; arrière-faix, «n 
parlant des animaux : Ein mouchai sale, dégoûtant comme eunne 
peurge de bique. 

peurger, v., purger; jeter l'arrière-faix, la peurge: Eut vieau i'ast 
fait, mas lai vaiche eulle n'ai pas enco peurge. S' peurger, V. 
pron., se purger. 

peurnon et pronnon (faire ein), expression qui signifie supposer 
que..., prendre que..., etc.: Taies pèdu vingt sous ? Eh bin, 
fais ein peurnon que tu les aies maingés, et tu ny penseraies pus, 
c'est-à-dire suppose que, prends que tu les as mangés, etc. De 
faire un prenons, de dire prenons que... ? 

peurri, v., inf. et part, pas., pourrir et pourri : t Gallimard — 
Veux-tu du lard f — Veux-tu des pommes peurries ? — Eh 
bin, charche toi vie h Paroles qu'on adresse au joueur qui a les 
yeux bandés, au jeu de Colin-Maillard, pour le prévenir que la 
partie commence. 
\ ' peurrion, n., quelque chose de pourri, de gâté, ou de très sale, 
spécialement en fait de linge et de vêtement : EuUe traîne des 
% i' -: * cotillons dégoûtants, d'ailleurs des vrais peurrions. S'applique 

aussi aux personnes. 

peursailler et peursiller, v., fréquentatif de peurser, presser par 
saccades, presser avec insistance, mal à propos, d'une façon ma- 
ladroite, ennuyeuse.... Ne pas confondre avec peuçoyer, peu- 
ciller. 

peurser, v., presser : Peurse lai-dessus, c'est-à-dire presse là- 
dessus. 

peursoi, n., pressoir. — P'choui, pressoir, G. et R. 

peursourbr, v., pressurer. — Pchourey, écraser,? I P. T.; p'chou* 
rer, pressurer, G. et R. 

peurtbr, v., prêter : Peurte-me cent sous? c'est-à-dire prête-moi, etc. 
An n' peurte quai les riches. 

pburti, v., inf. et part, pas., pétrir et pétri : Quand an ai peurti 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIBTAUX 109 

t faut enfonner (Quand on a pétri, il faut enfourner). — Preu* 
tir et prétir, Gros.; ptchir, L. C; ptchi, P. T. 

pburtintaille, n., pretintaille, gens ou choses de peu de valeur, 
menu fretin, reste d'objets, de choses dont on a prélevé le choix, 
rebuts, menuaille. débris, rogatons, ramassis, friperie, etc. On 
dit: çast de lai peurtintaille, en parlant des gens, comme on dit 
de la racaille. — Voir cheni et fripouille, plus dépréciatifs 
encore. 

P9URTOUB, n. adj., prêteur. Ein peurtoù d'airgent, un capitaliste, 

un banquier. 
pkus, adv., puis. Etpeûs, et puis. (La voyelle eu est très longue). 

— Etpeue,et puis, G. et R.; peux, puis, peur?! P. T. 

pbut, adj., laid, vilain : /' ast pus peut que c'tu qui pend les beur» 
bis; il est plus laid que celui qui prend les brebis, c'est-à-dire le 
loup. (Eu est long dans peut, et bref dans le fém. peute). — Put, 
laid, P. T.; put, pute, vilain, vilaine, G. et R.; put ; laid, vilain, 
Thév. — Du vieux franc, put, puant, mauvais, pute, laide au 
morale, puttana : 

« Toutes êtes, serez ou fûtes, 
De fait ou de volonté, putes. » 

phobmagie, n. pharmacie. 

phormacibn, n., pharmacien. 

piailler, v. t crier; s'emploie pour gronder : Si tu neurviens pas, 
tai mère te piaillerai, c'est-à-dire si tu ne reviens pas, ta mère te 
grondera. 

piailloub et piaillard, n. adj., piailleur, qui crie, qui piaille, qui 
gronde souvent. (Pia-ioû). 

piarre, n., pierre : Eunne piarre jitiée n'ai point de quoue. Ein 

cassoue depiarres. A formé le verbe èpiarrer, épierrer. 
piarrottb, n. dim., petite pierre, pierrette : Tai V piarrotte dans 

mon soulier. ***'-/< ' ~ ' 

piarroox, adj., pierreux, qui est plein de pierres; noueux, en 

parlant de fruits: Ein champ piarroux; eunne poire piarrouse 

ou nouyouse. 
picader, v., piquer, picoter, aiguillonner, exciter, irriter, au prop. 

et au fig. : /' picadot l'âne desous lai quoue d'aiveu ein bâton 

pointiu, c'est-à-dire il piquait, il aiguillonnait l'âne, etc. 
pichenet, n., petit vin acide, vin de mauvaise provenance ou d'une Ji pr \, 

mauvaise récolte, ginguet. \ J>^' 



X 



!- ; -■' Digitizedby GOOgk 



110 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 

picher, v., pisser ; couler en jet, en filet continu, jaillir : T saigne 
au nez, ç'ai piche, c'est-à-dire ça ne tombe pas goutte à goutte, 
ça coule, ça jaillit. (Voir gig\er et drager). Picher su ses quoues 
(pisser sur ses queues), se dit d'un tonneau presque vide, dont le 
vin coule sur le jable : Eulle meud t ast quasi veu, i' piche su 
ses quoues, c'est-à-dire le muid est quasi vide, le vin coule sur 
le jable. Picher des ceux, voir œu. 

picherotte (coûter, cheur, s'en ailler, etc., ai lai), couler à jet 
continu, jaillir, picher : F p\eut, i' en cheurt ai lai picherotte, 
c'est-à-dire il pleut, il en tombe (sous-entendu : de la pluie) à 
jets, à flots. T saingne, çai coule ai lai picherotte (Il saigne, le 
sang jaillit). Eul meud i' en vai, çai piche, ou çai coule ai lai 
picherotte. (Voir en ailler). — Picherotte, essui de lessive (?) 
Gros. 

pïchon, n., pissat, urine : Pichon d'âne, pissat d'âne. 

picoté, n. adj., grêlé, marqué de petite vérole. S'emploie souvent 
comme sobriquet : Eul picoté, lai picotée. 

picotin (gaingnerson) t se rouler, en parlant des ânes. Par analogie, 
on dit à un enfant qui trépigne, qui se roule de colère : Tu veux 
gaingner ton picotin ? 

pibau, nL, peau. Pieau de vieux-oing, la pellicule qui recouvre le 
vieux-oing... Cette peau, séparée de la graisse, s'appliquait 
comme résolutif sur certains bobos, clous, abcès, etc. 

piéton, n., s'emploie pour facteur : Eut piéton t" ai V lette pou toi, 
ou pou ta. 

piednnerie, n., corvée, prestation : Nos gens ts sont zeâs ai lai 
piun-n'rie lundU (Nos gens sont allés à la corvée lundi, c'est-à- 
dire sont allés faire leur corvée, leur prestation. — Piounnerie, 
corvée, Gros.; piounnerie, corvée, P. T. — On dit aussi 
courvée. 

pignagb et pingnage (ou piniage?), n., punaise : Eujef écraseras 
comme eunne pignage. 

pignajot et pingnajot (ou piniajot?), n., prunier de Sainte-Lucie. 
(Prunus mahleb). 

pionas et pingnas (ou pinias?), adj., punais : Ein œ&pignâs (pt- 
gniâ), c'est-à-dire un œuf punais. 

pignoler et pingnolbb les œux (ou pinioler?), cligner, papillotter 
les yeux : Eurgaitieu vô P s'ro sans pignoler les ceux (Regarde 
voir le soleil sans papilloter les yeux). — Ne pas confondre avec 
rebouler et rouiller. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIR VAUX 1 1 f 

pué et PiDié, n., pitié : V m'faijotpiié, c'est-à-dire il me faisait pitié. 

pile, n., tas, se prononce pi\e (pi-ieu). 

pile et pilée, n., s'emploie pour volée, raclée, correction. F... 
eunnepile à quelqu'un, le battre, le vaincre, être plus fort que 
lui physiquement, au jeu, etc.: Eune Venteurpends pas d'aiveu 
lu, t te f... tai pile, i' ast pus fort, pus malin que ta (N'essaie 
pas de lutter avec lui, il te flanquerait une raclée, etc.). F t'ai 
f... 'ri pilée, hein, au billard ? — Voir dégelée, frôlée, etc. 

piler, v., s'emploie pour battre, rosser. Voir jpife et pilée. 

pillauder et pillaudier, v., écraser, piétiner, fouler aux pieds, 
particulièrement un terrain, une récolte : /' aiboutit su mon champ 
et i' l'pillâude (pi-iôde) ai chaique fois (Il aboutit sur mon champ, 
et il le foule, le piétine, l'endommage à chaque fois). Ses chevaux 
Cs ont pillâudié mon aivoine. (Voir paittoyer, triper, tripoter.) 
— De piler? 

pillaudoue et pillaudioub, n., celui qui pilldude d'habitude, qui 
surmarche, qui foule sans précaution les propriétés d'autrui. 

pdiper les barbes, faire le pimpant, prendre une Ggure de circons- 
tance, serrer gravement les lèvres, se donner de l'importance : 
F pronmenot lai mairiée, mâtin, i' pimpot les barbes t 

pinchbr, v., pincer. 

piNcaoN, n., pinçon et pinson. 

pingeon, n., pigeon : Veux-tu 'ri paire de pingeonsï Ah, les v'iai 
envoûtés t Jeu qui consiste à croiser les doigts les uns sur les 
autres, puis à les écarter brusquement pour amuser les petits 
enfants. 

pingeonnibr, n., pigeonnier, colombier. 

pinpin (ou peimpin?), n., pépin: Ein pinpin de gueurzelle, ein 
peimpin de ragin. 

piochot, n. dim., petite pioche, serfouette. — Vieux franc, pio- 
chet. 

piochoub. n., piocheur, celui qui pioche; travailleur ardent. (Pio- 
choû). 

piolé, adj., s'emploie pour lentilleux, taché de rousseurs. On dit 
aussi nentxllé et vri. 

pionne (Y eau), n., opium : D' Veau (d'ieau) pionne. On dit de même 
d' Veau d'anum, ou d' l'eau d'anum, pour du laudanum. 

piotbr, v., piauler; se dit du cri des poussins : Nos poulets piotent 
griont f'tète bin pas chaud. -— Onomatopée? 



J» 



Digitized by 



A 



Google 



112 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 

piper, v., s'emploie pour fumer, en général: r pipe et ï prige 
(Il fume et il prise). N' pas piper, ne pas répondre, ne pas pro- 
tester, ne pas ouvrir la bouche : T n pipot pas quand j'ètos 
lai, moit ï Y ai f... çai dans lai main, et gnai pas essayé de 
piper. — On dit aussi dans ce dernier sens bruncher, grouiller, 
renoncer, etc. 

pipion, n., moue, grimace des lèvres ramassées comme pour piper: 
Gnast pas content : ï fait ein pipion que toutes les poules du pays 
ch.... dessus, c'est-à-dire il boude, il fait une moue, une gri- 
mace si prononcée, que, etc. On dit dans le même sens cul de 
poule, mené et reue. 

pipolé, adj., s'emploie pour tacheté, marqueté, pointillé, grivelé, 
moucheté. — Vieux franc, pipoler, parer avec affectation, pom- 
peusement. ' 

piquâisse et piquasse, n., piqûre: Eunne piquaisse d'èpingue ou 
èpingU (Une piqûre d'épingle). Eunne piquasse de chaidon. 

pique, n., s'emploie pour piquette, mauvais vin, râpé : Dlai pique 
en p nettes, c'est-à-dire de la piquette de prunelles. 

piqueron, n., épine, piquant de certaines plantes : Eun f touche pas 
les aironces, t' y ai des piquerons d'aiprées; çast p\eun de pi- 
querons, c'est-à-dire ne touche pas aux ronces, il y a des piquants 
après, etc. 

piquot, n., piquet, pieux : T ast d'bout comme ein piquot. 

pirouelle, n., toupie, sabot; pirouette dans les différents sens; 
spécialement bouton de bois dans le trou duquel on a passé un 
pivot, un bout d'allumette, par exemple, et qu'on fait tourner, 
pirouetter, sur une table. — Pirouette, bouton de bois que l'on 
enveloppe d'étoffe pour l'attacher aux vêtements, Thév. 

pitioux, adj., sensible, qui s'apitoie facilement; piteux, digne de 
pitié, propre à exciter la pitié. Se prend en bonne part. 

pitotot (courre au), courir au pitotot j onomatopée des enfants pour 
désigner et imiter le galop du cheval : F court au pitotot, au 
grand pitotot (Il court au galop, au grand galop, à sabots rabat- 
tus). Quand on fait sauter les enfants sur ses genoux, on leur 
chante, en accélérant de plus en plus le mouvement : Au trot, au 
trot, au galop, au galop, au pitotot, au pitotot! 

piver, v., tourner, pirouetter: Taipivésu ses talions (Il a tourné 
sur ses Ulons). Quand on joue à croix ou pile, on fait piver ein 
sou en l'air. On fait piver et dèpiver, avec un levier surtout, un 
fardeau, une masse quelconque, lorsqu'on fait glisser cette masse 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 113 

en tournant, ou qu'on lui donne quartier... Dipiver s'emploie 
souvent absolument pour piver. Cependant ce mot signifie plutôt 
piver une seconde fois et en sens contraire. — Piver (faire), 
faire sauter, chasser, Gros.; piver, se sauver, s'esquiver, courir, 
Thév. 

placard, n., (placard), placard, espèce d'armoire; large et épaisse 
tache, couche de boue ou de toute autre matière qui gâte, 
souillle, salit : Sai jambière de cueulotte euç' nètot pus quein 
p\acard (piacard) de boue, c'est-à-dire n'était plus qu'une tache, 
une couche de boue. Ce mot est un augmentatif de plague (piaque) 
qu'on emploie aussi dans le même sens. 

plae et plaie, n., plaie : Plae (piâ) d'airgent n'astpas mortelle. T 
ne charche que plaies (piaies) et bosses. 

plagi, n., plaisir : Euje seus bin âge que çai te faige p\âgi (piâgi), 
c'est-à-dire je suis bien aise que cela te fasse plaisir. — Plagi, 
plaisir, G. et R.; plagy, plaisir, L. C. 

plaice, n., place: Gn'ai point de bonne p\aice (piaice) ai l'odon 
pou les lâches, ou pou les pairessoux (Il n'y a point de bonne 
place à l'ouvrage pour les paresseux). Pa lai plaice, voir pa. 

plaicer, v., placer, dans tous les sens : T plaice (piaice) de l'air- 
gent tous les jous. Plaice tes briques, c'est-à-dire place tes vête- 
ments, tes affaires. 

plaidi ailler, v., fréquent, de plaidier, plaider souvent, plaider 
pour rien. 

plaidiailloue, n. fréq. de jriaûfroue, qui plaide souvent, qui plaide 
pour rien.... (piédia-iaû). 

plaidier, v., plaider : En plaidiant (piédian), an perd teus les 
deux. 

plajdioub, n., plaideur, qui aime à plaider : Ç'ast einplaidioû, ein 
chicainnier. 

plaifond, n., plafond. (Piaifon). 

plaiponnbr, v., plafonner. (Piaifonné). 

plaiponnode, n., plafonneur, plâtrier. (Piaifon-noû). 

plàinche, n., planche: Entre quaite plainches (piainché), c'est-à- 
dire dans le cercueil. Plàinche, outil de tonnelier, espèce de 
grosse varlope renversée en plan incliné et formant banc. 

plaincheter, v., planchéier, garnir de planches : F faurot plain- / 

cheter (jpiaincKté) lai voitiure. 

PLAiNCHOT,n. dim., bout de planche, petit bout, débris de planche; 
rarement petite planche. (Piaincho). 






/-- 



Digitized by 



Google 



/ 






1^ " '^' 



r 7 '' 

^4 rr 



"^/ £ 114 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 

plainchottb, il. dim., petite planche, planchette; plas rarement 
bout de planche. (Piainchotte). 

plàinde, y., plaindre : /' ast pus ai p\ainde (piaindieu) qu'ai blâ- 
mer (biâme). 

plare et plaire, y. plaire : Çaimep\ait (piait) etçaime dèplait. Si 
çai me p\ajot (piajot), tu V voiras bin, c'est-à-dire si ça me plai- 
sait, etc. 

plaît, n., plat, vaisselle : An ai mins lesp'titsplaits (piaits) dam 
les grands. 

plaît, adj., plat, uni, plan. (Piaï). 

plan, n , (plan), plan : An ai levé V plan {pian) de lai commeunne 
(commun-ne). 

plant, n., (plant), plant : J'ai raipouté ein cent de plants (plants) des 
vingnes. 

plante, n., (plante), plante; absolument jeune vigne : Y ferai pus 
de dix pièces de vin dans mai plante (piante), c'est-à-dire dans 
ma vigne nouvellement plantée. 

planter, v., (planter), planter: Airrive qui plante (piante). 

plantoub, n. adj , planteur: Einplantoue (piantoû) d'âbres. Plan- 
toue, n., plantoir, morceau de bois pointu dont on se sert en jar- 
dinage pour repiquer les choux ou autres légumes. 

plaque et plaiqub, n., plaque. Plaque (piaque) de boue, voir pla- 
card. 

platieau et plaitieau. n., grosse planche très large et très épaisse. 
— Vieux franc, plateau, môme sens. (On prononce piatieau et 
platieau. 

platine, plaitine, platingnb, plaitingnb, n., patène: Biser lai 
platine, c'est-à-dire baiser la patène. (On prononce platine et 
piatine). 

plâtre, n., se prononce plâtre (piàtre). De même les dérivés : plâ- 
trer, plâtrer, etc. 

plbue, n., pluie : V cheujot d' lai pleue (piew) ai sieau, c'est-à-dire 
il tombait de la pluie à seau. — Pleue, pluie, L. C. et P. T. — 
Vieux franc, pleuve, pluie. 

PLBUMMB, n., plume. On dit à un enfant qui baille pendant la veil- 
lée : Çasl V pleumme (piun-me) de ton lel qui t'aippelle (c'est 
une plume de ton lit, etc.) ; et à un chasseur qui vient de 
manquer un gibier de vol : Lai pleumme Vempottie, la plume 
l'emporte. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVÀDI 115 

pleummer, y., plumer. On dit, par analogie, pleummer (piunrtné) / 

ein œû dur, pour ôter la coque; pleummer 'ri pomme, pour 
pelurer, enlever la pelure, etc. Quand an mettrot 'ri demin~ 
jonnée pou pleummer ein œû, çai ne serot toujous quein œû 
pleummé, s'adresse aux gens minutieux qui passent trop de 
temps à parfaire leur besogne. — Pleummer -lai terre, en gratter 
seulement la surface, labourer mal, peu profondément. 

pleummure, n., pelure, épluchure de fruit, de légume, raclure de 
fromage, etc.: Euri jitt'ieii pas tes pleummures (piun-mures) de 
raibille pa note majon, c'est-à-dire ne jette pas tes épluchures de 
radis, etc. Quelques-uns disent èpleummure. 

pleun, adj., plein ; beaucoup, en quantité : Note puts ï ast pleun / 

(pi-vri), c'est-à-dire notre puits est plein. V y aivot du monde 
pleun (Il y avait beaucoup de monde). Tout pleun, teut pleun, 
tôt pleun, beaucoup, en grande quantité, très: V y ai des rasins 
teut pleun dans les vingnes (Il y a des raisins en grande quantité 
dans les vignes) . T ast tôt pleun méchant, c'est-à-dire il est très 
méchant, très mauvais. 

pleuve, v., pleuvoir: F vai pleuve (pieuvé) (Il va pleuvoir). Çast 
vrai comme V pleut du boudin, c'est-à-dire ce n'est pas vrai du 
tout. 

pleuvailler, v., fréquent, de pleuve (pleuvoir), pleuvoir souvent, 
pleuvoir peu et à chaque instant : An ri faitrin, i' pleuvaille 
(pieuvaille) toute lai jonnée. 

plbuvigner et pleuvingner (ou pleuvinier ?), v., dim. de pleuvoir, 
pleuviner, tomber une pluie fine : V pleuvingnerai (pieuvingne- 
rai) comme çai et ï ri pleuvrai, ou pieurrai, pas pou tremper lai 
terre. — Vieux franc, plouvignier et pluviner. 

pli, n., levée au jeu de cartes : T ai fait ein pli, c'est-à-dire il a v 
fait une levée. f , 

pliche (ou peliche c f) % n., morceau de peau d'agneau ou de brebis Ctl / ( ^ 
avec sa laine, qu'on plaçait à l'ouverture du sabot, moitié de- ' 

dans, moitié en recouvrement, pour garantir le pied du froid. 
Par analogie, la feuille tomenteuse du pas-d'àne (tussilago), — 
De pelisse ? f , v f 

PLO t n., grosse bille de bois préparée pour être débitée à la sciej j L Ç 
^ ^espèce de piège à raf; billot de cuisine. Dans le dernier sens, 
^ ^- on * l pl alôt ploute. On prononce aussi blo. — Vieux franc, bloc, 



/, 



JU 



billot. * ''■ ! 



plomb, n., plomb (plomb) : F ast loud comme ein sai de plomb 



Digitized by LjOÔQIC 



k 






1 10 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUI 

(pion), c'est-à-dire comme an sac de plomb. Ç'ast ein coutieau 
de plomb que t'aies lai. — Plion, plomb, L. C. 

plomber, v., se prononce plomber (piombé). 

pioute et plotb (oa peloute et pelote?), n., billot de cuisine; 

pelote, petit coussinet à mettre des aiguilles, des épingles : Gope 

c'te char-lai su lai phute (pioute). Quand on dit : V s' poute Un, 

i' ast gras comme eunne ploie, gras comme eunne phute, doit-on 

entendre gras, luisant comme un billot, ou gras, pelotonné, arrondi 

comme une pelote coussinet? Y a-t-il confusion de ces deux 

mots, ou plutôt de ces deux sens? On mouille généralement 17, 

pioute, piote; cependant on prononce aussi pioute, plote, et 

spécialement quand on veut désigner la pelote coussinet à 

"%, aiguilles. 

<, . ,1 ^ v ployon et plion, n., perche qui sert comme de levier pour tendre 

J une corde, ou une chaîne de voiture, de manière à serrer et à 

maintenir la charge : Mets V ployon (plo-iori) et sarre. — Du 

vieux franc, playon et ploiortf 

ployer, v., (se prononce plo-ié), plier et ployer. Prés, de l'ind.; 
Euje plôe ; futur : Euje plôerai; prés, du subj.: que je ployé 
(pto-ieu); part, pas.: ployé (plo-ie). 
i 7 1 i < pluchotter, v., manger avec défiance, avec dégoût, comme en 
\ v épluchant ses mets, sa nourriture; manger sans appétit, du 

bout des dents : Ç'ast délicat, nachoux, çai n' sait pas si çai veut 
aivailer, ç'ai pluchotte tout... Voir naquiller; mais pluchotter 
exprime plutôt le dégoût, et naquiller le manque d'appétit. 

plungeonou plunjon, n., javelle d'avoine ou d'orge dont les épis 
sont placés en sens contraires, la moitié d'un bout, la moitié de 
l'autre : Ce sont ces petits tas, ces brassées qu'on forme, en ra- 
massant les andains avec le râteau...: ï y ai pus d* deux cents 
plunjons (piunjons) par andain. — Plongeon, tas de gerbes nou- 
vellement faucillées, Gros. — Vieux franc, plaujon, plonjeon, 
plongeon, amas de gerbes. 

pè, n.. pièce de bois debout formant pilier, pour soutenir une char- 
pente, un toit, etc., poteau. 

pochotte etPocHETON, n. dim., pochette, petite poche; petit gousset 
de ceinture pour placer la montre. 

poffer de rire, pouffer de rire. 

poi, n., poil ; brin, miette, petite parcelle : An voit dâji des pois 
blancs dans sai barbe. Ein poi d'ousére (Un brin d'osier). Gn'ai 
pus pas einpoid'ètrain ai bailler ai lai vaiche (Il n'y a plus un 



Digitized by 



Google 



^ ■•• >.> •> ' A 



vJt>' 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIR VAUX ' il Y 

seul brin de paille à donner, etc.). Ts n'ont pas lâché et* poi de 
soupe, i's ont teut maingé, c'est-à-dire ils n'ont pas laissé une 
miette de soupe, etc. — De poil ? ou du vieux franc, poi, peu ? 
ou confusion de ces deux mots ? 

poi brout, n. comp., la tige du salsifis des prés (trapogogonpra- / 

tense), que les enfants vont cueillir et mangent crue comme l'o- 
seille. — De pot qu'on broutel 

poiche, n., poche, cuillère à potage: Prends laipoichepou te servi 
des pois. — Poche, cuillère à pot, Gros. , ^j( 

poichée, n., pochée, le contenu d'une poiche ou cuillère à potage : 
" Eunne poichée de beulie, c'est-à-dire une pochée de bouillie. 

poichbnigo (ou poichenicot ?), n. et adv., dimin. de poicho, une 
toute petite quantité, un tout petit peu. {Poich'nico). 

poiiHo, pocho et p'cho (ou poichot?), n. et adv., peu : Baille-me 
einpoicho de pain (Donne-moi un peu, etc.). — Pocho, peu, 
Gros.; pocho, peu, L. G. et P. T. — Vieux franc, pochet. 

poichotte, n. dimin. de poiche, petite cuillère à potage. S'emploie 
souvent pour poiche. Ne pas confondre avec pochotte, pochette, 
petit sac, petite poche, gousset. — Pochotte, dimin. de poche, 
cuiller, Gros. 
poichottée, n. dimin., le contenu d'une poichotte, une pleine poi- 
chotte; pochée. 
, poi de loup et poi de leup, n. comp., poil de loup, espèce de gazon 
/ dru, sec et dur, des friches et des bords des fossés. 

poi foullot, n. comp. , poil follet : T ai prins des ougelots tout rouges, 
qu'griont pas même enco de poi foullot t (Il a pris des oiseaux tout 
rouges, c'est-à-dire tout nouvellement éclos, qui n'ont pas même 
encore de poil follet I) Poi foullot, barbe naissante, avec une 
nuance de dépréciation. Pois blancs, espèce de sobriquet, blondin, 
enfant dont les cheveux sont d'un blond très pâle. Cette syllabe 
poi, plur. pois, est très brève. 

poigre, espèce d'interj. qui s'emploie quand la fumée prend à la 
gorge : Comme çai feumme ici, poigre! — Pouacreî 

poilou, adj., poilu, garni de poils, pubescént. 

poingniain et poingnie, n., poignée : Tast gros comme eunne poin» 
gniain d'aiccolure, c'est-à-dire comme une poignée. Eunne poin* 
gniain de sottises (Une bordée d'injures). Baille-li 'n' poingnie de 
main. — Vieux franc, poignie. 

poinne, n., peine : C n'ast pas laipoinne (Ce n'est pas la peine), 



Digitized by 



Google 



118 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIR VAUX 

Çai me fait de lai poinne (Ça me fait de la peine). Voir gré. — 
Pouine, peine, L. C, P. T., G. et R. 

points, n., (pointieu), pointe, espèce de clou; champ dont un bout 
est beaucoup moins large que l'autre, qui finit en pointe, quel- 
quefois par une seule raie. On dit aussi aipointis (t mouillé, 
aipointAi) et coutainnes quand le champ en pointe est très court, 
aussi large que long. Su lai point\eu dujou, sur le point du jour. 
Par analogie, on dit ironiquement : /' s' leuve su lai point ieu des 
neuf heures, des dix heures, etc. 

poirer, n., poirier : I'ast r monté su son poiré (Il est remonté sur 
son poirier, c'est-à-dire sa santé ou ses affaires sont rétablies, il 
est relevé). Faire eul poiré fourchu, se dresser verticalement sur 
la tête et sur les mains, les pieds en haut. 

poirottb, n. dimin., petite poire; spécialement le fruit du poirier 

\,<r " \^ sauvage (poirotler) : Çai ne coûte pas despoirottes blosses, cest- 

, A , / * à-dire cela ne coûte pas rien, cela coûte cher. Mainger des poi- 

V , x rottes, être immobilisé, maintenu de force en l'air quand on joue 






\ 



î \ 



.J~ 



à la bascule. Voir èbranner. 
poirotter, n. dimin., petit poirier; spécialement poirier sauvage 

{pyrus communis). 
pois, n., s'emploie pour haricot. — Vieux franc, pois, haricot. 
poitoux, n. adj., qui a des habits gras et sales : c'est une épithète 

qui s'applique spécialement aux fabricants d'huile. — De poix, 

poisseux, poiteuxf 
poitral, n., poitrail; avec mépris, poitrine, gorge: Que poitrail 

c'est-à-dire quelle gorge ! quels appâts ! 
polie, n., poulie. — Ampolie, Gros. 
pommer, n., pommier : J'ai p\anté ein pommer. — Poumé, pommier, 

L. C. et P. T. — Vieux franc, pumer. 
pommotte, n. dimin. de pomme, petite pomme; spécialement le 

fruit du pommier sauvage ou pommotter. On dit aussi pommotte 

de bois. 
pommotter, n. dimin., petit pommier; spécialement le pommier 

sauvage {pyrus malus) : Des chânes brainchus comme des pom- 
mâtes. 
pondoure, n. adj., pondeuse, poule qui pond beaucoup : Çast V 

pondoure, c' .est-à-dire une bonne pondeuse. 
popa et poupa, n., papa, père. 
popilier, n., peuplier : Y azt long comme ein popiUer (popi-ié) 

d'Hollande. On dit aussi poplin. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 119 

poplin (ou popblin?), ii., peuplier, arec nne nuauce de plaisan- 
terie. Voir popilier plus employé. 

poriginel, n., polichinel; enfant espiègle qui tait des grimaces, des 
singeries. Se prend d'ordinaire en bonne part, plaisamment. 

posoue, n., poseur, dans toutes les acceptions de ce mot. 

postigb, adj., postiche : Eunne barbe postige. 

pote, n., porte : Fronme lai pote (Ferme la porte). On prononce 
pote et /wrfieu. — Pouot's, porte, ch. de n.; potche, porte, L. C, 
P. T., G. et R. 

potottb et potiotte, n. dimin., petite porte. On prononce aussi 
potottieu. 

pou, prép., pour. De même les composés : pouquoi, pourquoi, 
pouç'que, pour ce que, poutarU, pourtant, etc. 

poucheler, v., gâcher la besogne, travailler malproprement, comme 
un porcher, cochonner : Ce riast pas fait, c't'ouvraige4ai, ç'ast 
pouchelé. F ne raboure pas, % poucheulle. On dit aussi hacheler. 

pouchbnot, n. dimin. de poucher, petit cochon. Se confond dans 
l'usage avec couchenot. 

poucher, n., porcher; s'applique le plus souvent au porc même : 
Tons tiué note poucher. Y gaidiot les beurbis, les biques et les 
pouchers (Il gardait les brebis, les biques et les cochons). Ce mot 
est une injure plus grossière encore que cochon. 



(La fin au volume suivant). 



j^Ê 



Digitized by 



Google 



MÉMOIRES 



r w 



SOCIETE ACADEMIQUE 

D'AGRICULTURE 

DES SCIENCES, ARTS ET BELLES -LETTRES 
DU DÉPARTEIEIT DE L'AUDE 



TOME LI DB LA COLLECTION 
TOME ZZIV. — TROISIÈME SÉRIE 



ANNÉE 1887 



TROYES 

DUFOUR-BOUQUOT, IMPRIMEUR DE LA SOCIÉTÉ 
Rvi Notre-Dame, 43 et 41 



Digitized by 



Google 



Digitized by 



Google 



M 



GLOSSAIRE 



PATOIS DE 11 FORÊT DE CLAIRYADX 



PAR 



M. ALPHONSE BAUDOUIN 

MEMBRE ASSOCIÉ DE LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE DE l'AUBE 



pouf, n., homme replet, gras, lourd, qui se remue avec peine. Est 
précédé ordinairement de l'adj. gros : Que gros pouf! ï ne peut 
pas seulement souffler, aillez t (Quel gros plein de soupe, etc.). 
Voir patapouf. 

pougblot, n., pouliot, thym des jardins, marjolaine (origanum ma- 
jorana). 

pouillassb et pouillaisse, n., gens pauvres, de peu de valeur mo- 
rale, lie, populace, racaille : Ç'ast de lai pouillasse (Ce sont des 
gens de rien, c'est de la racaille). On dit aussi pouillasserie, et 
plus souvent fripouille, dans le même sens. 

POUILLASSERIE et POUILLAISSBRIE, n. Voir pOUilloSSe. 

pouiller, n., poulailler : Eul fouin t aiprins nos poules dans note 
pouiller (pou~ie) pendant lai neut y c'est-à-dire la fouine a pris 
nos poules dans notre poulailler, etc. 

pouillot, n. dimin. de pou, terme enfantin, petit pou : N'eurmue 
don pas que f preunne tes pouillots (pouiots). 

pouilloux, adj., pouilleux, qui a des poux. Au fi g-, pauvre, misé- 
rable, meurt de faim. 



4 Voir les Mémoires de la Société Académique, t. XLIX, paye 
6-143, et t. L, page 5-119. 



Digitized by 



Google 



8 PATOIS DIS LA FORÊT DE CLAIHVAtfl 

pouitron, n., fruit rouge de l'églantier. S'emploie presque exclusi- 
vement dans cette expression : Les pus belles roses devingnent 
pouitrons. D'ordinaire on dit graitte-cul et cul de chien. 

poulmonique, adj., pulraonique, phthisique, poitrinaire. 

poulottb, n. dimin., petite poule, poulette; terme mignard, petit 
mot d'amitié dont on se sert arec les enfants, comme biquotte, 
chaitotte, raitotte, etc. 

poulottbr, v., caresser, choyer, câliner, dorloter, gâter, pour ainsi 
dire appeler poulotte, spécialement les enfants. 

poupée, n., la partie la plus fine du chanvre peigné; on dit aussi 
oeuvre. Aivoi 'n poupée au dogt, avoir un doigt blessé et envelop- 
pé de linge, ein doyot, ein peuçot. — Poupée, chanvre à filer, 
Gros. 

poupou, n., terme enfantin, soupe. 

pour et pou, n. , peur : / n'ai pas pus pour de lu que d'ein mort et de 
deux tiués. Y ne faut pas aivoi pou d'eunne méchante année : i en 
vient bin deux tout de suite (Il ne faut pas avoir peur d'une mau- 
vaise année, etc.). Taies pour de lai bête queulle l ast dans toi 
cheminge ? (Tu as peur de la bête qui est, etc.). — Vieux franc. 
paour, peur. 
, t a ' j. v J pouragine et pouragingne, n., poix résine : /* y ai ein rètamoue — 
' $ ' J ou ein eurtamoue — par ici : çai sent lai pouragine (Il y a un 

étameur, un chaudronnier aux environs: ça sent la poix résine). 
— Prononciation auvergnate de poix résine, sans doute. 

pourcblaingne et pourcbline, n„ porcelaine.— Pourselaine, pour- 
pier, Gros. 

pourpier sauvaigb, n., renoncule rampante (ranunculus repens) : 
Eut pourpier sauvaige, ç'ast 'ri méchant denrée; an riserot tdè- 
trainger, c'est-à-dire une mauvaise marchandise, une mauvaise 
plante; on ne peut le détruire, le déraciner. — Pourselaine^ 
Gros. ; piè-pou, aux environs de Troyes. 

pourre, n., poudre, et spécialement la poudre à tirer : Lai pourre 9 
çai me fait pour (La poudre, ça me fait peur). — Vieux franc. 
pourre. 

pourreau, n., poireau : Vart comme êtinne quoue de pouweau. 

p pourrottb, n., espèce d'ail sauvage qui abonde dans certaines 

vignes, en juin, allium rotondum, croyons-nous. 

pousque, conj., puisque. Ne pas confondre avec/wu ç que, pou Câ 
que, pour ce que. — Peuy qu, puisque, L. C, 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRYAUX 9 

poussée, n., s'emploie pour échappée, dans le sens de à F échappée, 
intervalle de temps saisi qu'on met à profit à la hâte; coup de 
feu : Euje sens zeûe V poussée sâcler (sâquier) pendant que mon 
p'tiot dormot (Je me suis échappée, je suis allée un moment, à la 
hâte, sarcler pendant, etc.). Aillons, enco V boinne poussée et 
peûsj'airons fait, c'est-à-dire un bon coup de collier et puis nous 
aurons fini. On dit aussi aittelèe, mais aittelée implique plus de 
temps et moins de hâte. — Vieux franc, arsée. 

pousser aivant V feu, attiser le feu, pousser les tisons pour les 
rapprocher : iV lâche pas èteinde eul feu, pousse-le aivant, c'est- 
à-dire attise-le, rapproche les tisons. 

pousserotte et pousserot, n., poudre fine, et spécialement la poudre 
d'écritoire, sable, plâtre, etc. : Tai mins d'iai pousserotte su mai 
paige pou lai faire chochi, c'est-à-dire de la poudre, de la pous- 
sière sur ma page pour la faire sécher. 

poussot, n., poussière : V ai du poussot p\eun su tes souUers (11 y a 
de la poussière, etc.). Faire du poussot dans lai boue ou beue, 
faire du train, vouloir paraître plus qu'on n'est, vouloir jeter de la 
poudre aux yeux et n'y pas réussir, etc. Poussot, n., brin, miette : 
Grien ai pus pas ein poussot (Il n'y en a plus une miette, pas un 
atome). — Poussier, poussière, Gros. 

poutant et poutiant, conj., pourtant. — Pou itiant, pourtant, P. T. 

poutée et potée, n., meule de grain en épis dans la grange, tas de 
blé non battu, d'avoine, d'orge, etc., entassé en rond ou arrangé 
avec ordre : Note poutée de b\é, eulle riast pas haute eue t' année 
(an-née), gn'ai quasiment point de paille (peille). On dit aussi 
tisse. — Potée, tas de blé en grange non battu, Gros.; potée ou 
poutée, meule de blé dans la grange, Thév. 

pouter, v., porter : Euje m'en irôs tant que terre me pout'rot. Oh, 
t'en pout 'raies enco bin eunne, et peus enco bin eunne, disait à son 
âne l'homme de Cunfin aux cuillères de bois. De môme les déri- 
vés : aipouter, empouter, r pouter, raippouter, rempouter, etc. 

poutot, n. dimin. de pot, petit pot, potot. (Poûto). 

poutoub, n., porteur. Poutoue de soupe, par plaisanterie, les valets 
au jeu de cartes : Tai les quaite poutoâs de soupe, c'est-à-dire les 
serviteurs, ceux qui portent à manger. 

pouturb, n., s'emploie pour désigner un mélange de farines diverses / y 

et de son qui sert à nourrir et à engraisser les bestiaux.— Vieux / ' ' f ( 
franc, peuture, pâture, nourriture. <- M x - v j 

prauve et prouve, n. adj., pauvre, mendiant : An meurt tort eus, 

t. u 2 



Digitized by 



Google 



10 PATOIS DE LA FORÊT DE CLA1RVÀUX 

les riches et les praûves. V y ai ein vie' prouve ai lai pote qui dit 

ses prières. 
phauvbté et prouvbté, n., pauvreté. (Prôv'té). 
précepteur, n., percepteur. 
prêche, n., pèche, fruit du pocher. 
prêcher, n., pêcher, arbrisseau. 
prêchotte, n., chaire à prêcher, avec une nuance d'ironie ou de 

dédain plaisant. On dit aussi cueulotte de bois : Monsieur le curé 

i ai monté dans sai cueulotte de bois. 

prêchoue, n. adj., prêcheur, curé qui prêche longtemps et souvent : 
Note curé ç riast pas ein prêchoâ, ç n'ast pas ein breûle-cire, et 
an nast pas longtemps ai lai messe d'aiveu lu : messes coûtes et 
longs dingners. 

précorce, adj., précoce, hâtif. On dit plutôt tôtive, au masc. comme 

au fém. 
prenre et penrb, v., prendre : Je ri sens pasprins, mas faicûe ai 

prenre. Les concilies eulles chantaint « t' faut V penre, ï faut 

V penret » — Ind. prés, et itnp. preunnons (prun-nori) onpeur- 

nons, preunnez ou peurnez; imparf. j' preunnôs ou peurnôs; subj. 

que f preunne (prun~ne) t etc. De même les dérivés : aipprenre 

ou aippenre, r'prenre ou r penre, etc. — Vieux franc, pranre 

et panre. 
prérb, n., perrière, carrière où Ton tire de la pierre. F... dans les 

frères, jeter à la voirie : Ç'ast ein carnaige ai f. . . dans les préres. 

Eune vai pas au long des préres; r homme rouge te tirerot d'dans. 

— Vieux franc, perrière. 
prête, n., prêtre. On prononce quelquefois prétien. 
prétexe, n., prétexte. 
pRBtJNNOUE et peurnoub, n. adj., preneur. (Prun-noû). De même 

les dérivés entrepeurnoue, etc. 
, prevet et privé, n., espèce de champignon comestible; par ironie, 

I *$ ' * v ■ chapeau de feutre mou, à cause de la forme, qui ressemble à celle 

( - du champignon en question. 

v principau, adj., principal : Lai santé, ç'ast le principau, c'est-à- 
dire le principal, l'essentiel. 
prinjo*, n., prison : Oh, si tu touchas ai çait t'irôs en prinjon, lai 
voù qu'an mainge des cheunri veuilles et qu'an boit du pichon d'âne.» 
C'est ainsi qu'on présentait la prison aux enfants de notre temps. 

paras, part. pass. du verbe prenre : Eul gode m'ai prins, c'est-à- 



%J 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIR VA IX 11 

dire le garde ma pris, m'a fait un procès. (Prin). — Prias au 

xiv« siècle. 
prisoue et pruoub, n. adj., priseur, celui qui prise beaucoup. 

Voir tabatiou. 
probabe, adj., probable. On prononce probâbe et probable (probd- 

iieu). 
profitiabe, adj., profitable On prononce projitidbe et profitiâble. 
profitirr, y., profiter. 
prommenaillbr ($), v. fréquentatif de se promener, se promener 

trop souvent, mal à propos, pour flâner, perdre son temps, etc. 
prommer, adj. num., premier; au fém. prommére (pron-mère) : 

Euje sens V prommer (pron-mé) d' l école* — Promé, promère, 

P. T. 
prommrtte, v., promettre. S'emploie pour assurer, jurer • Euje te 

pron-mets que j' seus bin ai plainde (piaindxeu), bin mailaide, 

etc., c'est-à-dire je te jure que je suis, etc. 
prope, adj., propre. 
prop'té, n., propreté. 
prop'mbnt, adv., proprement. 

prôt, adj., prêt : «T seusprot ai pat i, c'est-à-dire je suis prêt à partir f . 
prugnoler et PRUNONOLBR (ou prunioler?), v., pâturer à la manière 

des moutons, en tondant ras, en foulant le terrain et en y laissant 

des crottes... On dit que les lièvres, les lapins ont prugnolé, prun» 

gnolent un sainfoin, une friche, quand ce sainfoin, cette friche 

gardent de nombreuses traces du passage de ces animaux, 

semblent avoir été parqués. 
prunieau, preunnieau et PEURNiEAu, n., pruneau : Blanc (bianc) 

comme ein prugnieau laivé, c'est-à-dire noir. 

PRUNIÉRE, PREUNNIÉRE, PEU RM ÈRE, OU PRUGNIÉRB, CtC. ? (ailler en, 

ou lâcher en), se dit de l'action du pâtre qui, pendant les fortes 
chaleurs de l'été, s'en va aux champs dès le matin, pour rentrer 
vers neuf heures et repartir le soir, quand le soleil décline : S ï 
fait enco chaud comme çai demain, V boirger '1 irait en prunier e, 
ou V boirger ï lâcherai en peurgnére. 

pruntemps, n., printemps. 

p'sou, n. (Voir vessou). 

p't'étb, adv., peut-être. F Vête bin, peut-être bien, probablement. 

1 Dans quelques villages on mouille le t : pat-li f 



Digitized by 



Google 



12 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIR VAUX 

p'tiot, p'tiolot. (Voit petiot). 

p'tuns. (Voir petuns). 

puche, n., pace : Lai promtnére voitiure de foin, fast 'ri voitiure 

de puches. 
puger, v., emplir d'eau, par accident, ses sabots ou ses souliers, se 

mouiller les pieds : Tes bas i's sont tout mous, t'aies don pugé ? Si 

tupuges enco, tu seraies claqué. — De puiser? — Vieux franc. 

puchoir, puisoir. 
puissant, adj., s'emploie pour gros, gras, corpulent, obèse. 
porisie, n., pleurésie, pneumonie : Ah, gri aittraiperai pas deux 

purisies dans einjout c'est-à-dire, il ne se foule pas la rate, 
pus, adv., plus. Pustiôt, plus tôt. — Pus, L. C; P. T. 

put, interj. qui exprime tout ce qu'on veut, mais particulièrement 
le dédain : Eul gode te pincherai (Le garde te pincera, te pren- 
dra). — PûtU! c'est-à-dire je m'en moque, je ne le crains guère, 
etc. On vante quelque chose : PâtU t répond celui à qui on s'a- 
dresse, si tu voyôs... telle autre chose; sous-entendu, tu serais 
bien plus ébahi encore. Voir tti et zut. 

putif, n., fumier. Ce mot s'emploie assez rarement, par excès de 
délicatesse, quand on ne veut pas dire fumier ou fien. 

putiôt, adv., plutôt. — Putcho, plutôt, L. C. ; putchot, plutôt, P. T. 

puts, n., puits : Vlai ein Ϟ qui ast creux comme ein puis, c'est- 
à-dire un œuf qui est profond comme un puits, fai cheu dans 
note puts. 

quand, conj., se prononce cante. Quand et, en môme temps que : 
J' goûterai quand et vous, quant et zeux, c'est-à-dire je dînerai en 
môme temps que vous, en môme temps qu'eux. Ceux qui font 
de la mêlée disent quand à, vieux français. 

quarantain, n., giroflée, baguette d'or, violier des jardins. 

quarrb. (Voir carre). — Quarre, bon côté, Gros. 

quarré. (Voir carré). 

quarron. (Voir carrori). — Quarron, petit morceau d'héritage, 
Gros. 

quatb etQUAiTB, n. de nombre, quatre. Tr'oûquaite, contraction de 
trois ou quaite, trois ou quatre. 

Eunne, deusse, troisse, quaite, 
Les meûlins vont s'baltte, etc. ; 

\ine des formules dont on se sert pour faire le premier bouchot 



Digitized by 



Google 



\ 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 13 

(voir boûchotte). Vouloir, ou ne pas vouloir, une chose pa ses quate 
bons dieux, s'entêter vouloir, ou ne pas vouloir absolument, 
avec persistance, sans admettre aucune explication, etc. 

quater, quartier, morceau : Eingros quater (coté) de pain (Un gros 
morceau de pain). Que caté! Quel morceau ! eu parlant d'une 
grosse personne. 

que, adj., quel, quelle : Que temps! Que majont (Quel temps I 
Quelle maison \)Eul que? Lai qué?pvon. interrog., lequel? 
laquelle? Eul que ! Lai que t sous-entendu gros, grand, ou, par 
ironie, petit, etc.: Voyons vor tai pomme? Oh, lai que! c'est-à- 
dire oh, quelle pomme ! qu'elle est grosse ! — La queulle, la 
quelle, L. C; Que, quieu, quel, P. T. 

quechingnf, n , agneau femelle : Nos beurbis n' nous ont fait rin 
que des quchingnes, eue' t' an-née (Nos brebis ne nous ont fait 
que des femelles, cette année). Çast V petiote queuehingne, 
c'est-à-dire une petite brebis, un agneau femelle. — Quetine ou 
ctine f brebis vierge. Gros.; Queutchine, le lit et les rideaux, L. 
C; Queutchine, rideau, Queutchinotte, queutchin, jardin, P. T.; 
Quetignot, rideau, qutchin, jardin, G. et R. 

queulotte. (Voir cueulotte). 

queulottier. (Voir cueulottier) . 
^ quêler, v., flâner, surtout aller flâner en quelque endroit par cu- 
riosité, indiscrètement, comme pour y mendier quelque chose 
par sa présence ; rôder, quémander. Un enfant va chez le voisin, 
qui vient de tuer un porc, et rapporte du boudin : Quast-ce que 
tu vas don quêler comme çaipa les majons ? lui dit sa mère en le 
grondant. On prononce aussi guêler ou gaîler: Est-ce une confusion 
de mots, et y a-t-il quelque rapport entre ces expressions etgaile- 
feurtier, gaile-terre ? — Voir aussi querrener. 

quêloue, n., celui qui quêle, flâneur indiscret, rôdeur. On dit plus 
souvent querrenier. 
\ quenaisser (ou c'naisser?) et queneller, v., babiller, jacasser, 
cancaner, perdre son temps à des discours oiseux, nasiller: V 
vaurot meux queulle faige (ou faigie) sai besongne que d' s en 
aillei % c'naisser pa les rues, c'est-à-dire il vaudrait mieux qu'elle 
fit sa besogne que d'aller faire des paquets par les rues. Du 
vieux franc, canabasser, discuter ? 

quenaissier (ou c'naissier?), n., qui c naisse d'habitude, cancanier, 
babillard, diseur de riens, faiseur de paquets. 

quéqub, adj. ind., quelque. — Queuque y quelque, P. T. 



Digitized by 



Google 



H PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 

quéqu'fois, adv., quelquefois. 

quéqu'un, pron. ind., quelqu'un. 

quêrelloub, n. adj., querelleur, chicanier. 

queri, v. inf. et part, pas., quérir, chercher : Vai qu'ri ton père; 
j' sens zeû qu'ri d' Veau, c'est-à-dire va chercher ton père, etc. 

querinc ailler, n., quincailler (crincaillé). 

querrener (ou qubrner ?), v., rôder, flâner dans un but intéressé, 
en quête de quelque chose (voir quêler); fureter (voir nairer). 
S'emploie plutôt quand l'intention de la personne qui querrenait a 
été déçue. Un enfant, en cherchant des nids, s'est piqué aux 
épines : Çast bin fait, lui dit son père, qu'ast-ce que t'aillôs 
querner (cairné) pa les bas ? Ces mots nairer, quêler, querrener, 
ne se prennent qu'en mauvaise part et se confondent souvent 
dans l'usage. 

querrbnibr et querrenoue (ou quernier?), n., celui qui querne, 
flâne, rôde, surtout dans un but intéressé ; braconnier (cairnié). 

— Voir nairoue. 

quôtoue, n., quêteur, solliciteur, mendiant. Au fém. quêtoure, quê- 
teuse : J' ont zeu V belle quêtoure, V belle poutoure de pain 
m'nint, dimainche : j'airons V belle sernainne. 

queu. (Voir cueu). 

quburb. (Voir cueure). 

quiaçu, contraction de qui ast-çu, qui est-ce. On prononce plutôt 

«\s-î tiaçu ' 

i 2 ' quiaune (ou QUiÔNE?), n., quenouille. Les beaux parleurs pronon- 
u \L cent clone et clôgne: d'où on pourrait inférer qu'ils prennent le 

(l ~ / son i pour le son de l mouillée. — Quelongne ou quelogne, que- 

nouille, Gros. — Vieux franc, quelongne, conoingnole. 
quiaunéb (ou qoiônée), n., quenouillée. 

quiche, n., cime d'un arbre, faite, sommet d'un édifice, d'une 
montagne, etc. : J'ai vu ein nind de conoille ai lai quiche d'ein 
châne. Des fagots de quiche. Lai quiche du c\ocher (quiocher) (J'ai 
vu un nid de corbeau, de corneille à la cime d'un chêne, etc.). 

— Dans quelques villages, chique. — Du vieux français suc et 
suque, sommet? 

quicheri, n., le fin sommet, l'extrémité la plus élevée de la quiche, 
l'extrême cime, la pointe, le vertex, le point culminant : Su V 
quicheri de lai côte. Eul quicheri de lai tète.... Le quicheri est 
pour ainsi dire un point, tandis que la quiche peut être une ligne, 
une surface, même un volume. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVACX 15 

Quichotte, n. dimin., petite quiche, extrême cime des arbres et des 
plantes : Ai lai fingne quichotte du popilier. DaDS ce dernier sens 
il se confond avec quicheri. Quichotte, cimette de chou. Voir 
mainchotte, plus employé. 

qui-con, interj., imitation du cri de l'âne, hi-han : /' en fait des 
quî-con, ton âne l 

quié. (Voir clef). 

quiée. (Voir c\êe). 

quingne. (Voir caingné). — Queigne, fille de mauvaise vie, Gros. ; 

queigne (faire la), G. et R. ; queingne, chienne en chaleur, 

Thév. 

quingnets (aivoi les). — Voir caingnets. 

quioche. (Voir cloché). 

quiocher. (Voir clocher). 

quiqu'cheuse et quéqu'cheuse, pron. ind., quelque chose: J'airai 
quiqu cheuse ou rin. 

quittier, v. inf., quitter. 

quoingnbu. (Voir coingneu). 

quoue (ou coue?), n., queue : Quand an pale du loup, an en voit 
lai quoue (Quand on parle du loup, etc.) Eunnepiarre jitièe n'ai 
pus de cime, c'est-à-dire qu'on ne peut plus la retenir. — Coue 
d'eurnard (queue de renard), une espèce de prêle commune dans 
les champs humides, equisetum arvense, et dont on se sert pour 
nettoyer les objets d'étain. Ai lai coue du loup, à la queue leu 
leu, les uns derrière les autres sur un seul rang. — Vieux franc. 
coe. 

quouére (ou couére?), n., partie du harnais d'un cheval fixée à 
l'avaloire ou à un prolongement de la bride, trousse-queue : 
Ç'ast insulter l'âne jousquai lai couére, comme on dit jusqu'à la 
bride. 

quouet (ou couet?), adj., au fém. quouette ou couette, qui n'a plus 
de queue, qui a la queue coupée, diffamé, en terme de blason : 
Ein chien couet, an n s' rot le penre pa lai quoue, c'est-à-dire un 
chien qui a la queue coupée, etc. De là ce calembourg, cette ré- 
ponse plaisante aux curieux qui vous font la question quoi: Eh 
bin quouet? quouet ? çast ein chaît qugnaipus d* quoue. 

quouette. (Voir coite). 

qu'tia, qu'tia, espèce de cri, de son qu'on fait entendre pour appe- 
ler le porc, comme on dit petit, petit t pour appeler les poules. 
— Quia-quia, porc, terme d'enfant, Thév. 



Digitized by 



Google 



/Vi 






16 l PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIR VAUX 

babille et raibille, n., radis en général, radis noir, raifort, petite 
rave. — Vieux français rabe, rahbe. 

rabotée et raibotée, n., kirielle avec mépris, tirade: Eunnerai- 
botée de sottises, c'est-à-dire une kirielle, une tirade d'injures. 
Rabotée, quantité. Voir dans ce dernier sens tournée. 

raboter et raiboter, v., bougonner, grommeler, témoigner du 
mécontentement en se plaignant, en murmurant, en grognant, 
en faisant des reproches; importuner par de sottes observations; 
se plaindre mal à propos de tout et toujours : Allons, an n'ai pas 
enco fait ai son idée, le v'iai qui raibote. — Voir les mots 
catonner, grimonner, botteler, ragonner, etc., qui ont à peu près 
la même signification, et entre lesquels il est assez difficile de 
saisir des nuances. 

rabotoux et raibotoux, adj., raboteux. On dit aussi rafloux. 

rabour, n., labour. 

rabourer et raibourer, v., labourer, cultiver: Raibourer aux 
vingms, labourer les vignes avec le vessou ou vsou. 

rabouroue et raibouroue, n., laboureur, cultivateur. 

rache, n., maladie du cuir chevelu, teigne, ou espèce de teigne. 
Les gamins, par plaisanterie, jettent quelquefois en l'air des 
pierres, de la terre, etc., et crient en guise de sauve qui peut : 
Gare-louvoir ! Ceux su qui çai cheurrai, ïs airont lai râche. • — 
Voir gareJouvoir. 

rachée, n., cépée, trochée. On dit plus souvent torchée. 

rachoux, adj., qui a la râche, teigneux; qui a la tête enfoncée 
dans les épaules, engoncée dans les habits de manière à cacher le 
linge. S'emploie aussi par mépris, par ironie, comme nacou, 
charcueulot, etc., en parlant à un gamin qui veut faire l'homme: 
Veux-tu bin te taire et t'oter de lai t méchant râchoux, méchant 
nacou, méchant glairoux I Ai quoi don que fées prope ? 

raclée, n., raclée, décharge, volée de coups. Se prononce raclée. 

racler, v., s'emploie pour renâcler, et pour exprimer l'action de 
faire remonter avec effort de la trachée, comme en raclant, les 
muquosités qui s'y trouvent, d'expectorer bruyamment: Tées 
don bin enrheummé qu' tu racles comme çai? — Vieux franc. 
rachier. 

raclotte, n., racloir, racloire et radoire, tout instrument qui sert 
à racler ou à rader; spécialement le racloir du ramoneur et le 
racloir dont on fait usage pour ratisser la maie. 

racloue, n., celui qui racle, racleur (râquioû). 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 17 

racoin et raicoin, n., coin, avec une nuance de mépris, recoin : 
l'y en ai des coins et des raicoins dans ces vieilles majons-lai t 

rafle, n., se prononce rafle (rafiexx). De même rafler, rafler. 

rafloux, adj., râfleux, dont la surface est inégale, mal unie: 
J'ai les mains raflouses (rafiouses), c'est-à-dire j'ai les mains ra- 
boteuses, rêches. 

rafot, aHj. et n., petit, rabougri, malingre, mal venant : J'onsein 
méchant rafot de couchon qui n'aimende point. S'emploie quel- 
quefois en bonne part, plaisamment, pour court, trapu, épais : 
/' ast fort, vai, c' méchant rafot-lai, c'est-à-dire ce bout 
d'homme-là. 

ragonnbr et raigonner, v., bougonner, murmurer, rognoner, 
parler en grognant et en faisant des reproches. — (Voir raboter, ra- 
goter, etc.) — Ragonner, grommeler entre ses dents, Gros. 

ragot et raigot, n., éclat de bois, bâton noueux, chicot, pointe, 
crochet, dent qui raccroche le passant (voir ragoter); chicot, 
reste de dent ; mauvais balai usé qui gratte le pavé, balai avec 
lequel on nettoie le four avant d'y mettre le pain, etc. — Ragot, 
id. que tricot, Gros.; ragot, bavardage, Thév. Dans ce dernier 
sens, ragot est français. 

ragoter et raigoter, v., s'emploie pour accrocher, raccrocher : 
Ç'ast le bout de lai brainche qui m'ai ragoté lai figure. Euje me 
seus raigoté dans ein broutné. S'emploie aussi pour marmonner, 
grommeler, rabâcher, dire des ragots, chercher de mauvaises 
excuses, etc. Voir raboter. — Ragoter, revenir sur les mômes 
choses, Gros. 

raibait, n., rabat. De raibaitte, rabattre. 

raibêti, v., inf. et part, pas., abêtir et abêti. — S'raibêti, s'a- 
bêtir. 

raibigoter, v., ravigoter. 

raibille, raibillotte. (Voir caibille, caibillotte). 

raibeutelée, n., kirielle, tirade, quantité.— Voir raibotée, râtelée, 
tournée. 

raibobiner et raibobingner, v., raccommoder de vieilles choses, 
vieux habits, vieux meubles, etc., de manière à les faire servir 
encore un peu, ravauder, rapsoder; rapatrier, réconcilier. — 
Voir rètapsôder. 

raibotée et rabotée, n., kirielle, tirade. — Voir râtelée. 

raicc'môdaige, n., raccommodage. 

baigg'môder, v., raccommoder. 



Digitized by 



Google 



18 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVACX 

raicc'môdoue, n., raccommodeur. 

raiccousingner, v., appeler cousin, surtout avec affectation, ou en 
rappelant des degrés de parenté trop éloignés. — Vieux franc., 
accousiner. 

RAiCB, n., race, engeance: Oh, lai pente raice! c'est-à-dire oh, la 
vilaine race, la vilaine engeance ! 

raichefi, raichevi, raigefi et RAiGEvi, v., achever, donner le coup 
de grâce. S'emploie comme aiehevi. On prononce : RaicKfi, 
raich'vi, etc. 

RAicHBTER et raigeter, v., racheter. S' raicheter, s' raigeter, se ra- 
cheter. 

raicheter et raigeter, rasseoir. S' raicheter et *' raigeter, se 
rasseoir. Même prononciation que le mot précédent. 

raicingne, n., racine. De môme les dérivés : enraicingner, dèrai- 
cingner, enraciner, etc. 

raigousser (ou itfecoussER?), v., aiguiser, affiler, repasser avec la 
cousse (voir ce mot) : Raicousse tai faulx. J'ai rècoussé mon 
coidieau, mai sarpotte, etc., c'est-à-dire affile, aiguise ta 
faulx, etc. 

raidoter, v., radoter. 

raidotier etRAiDOTouE, n. adj., radoteur. 

raidrbdsser et r'dreusser, v., redresser. — De môme : dreusser, 
dresser, aidreusser, adresser, etc. 

raiffingner, v., raffiner, finir, parfaire; essayer de parler un 
meilleur français que ses concitoyens, faire le beau parleur. — 
Voir mêlée. 

raiffutier, v., affûter, aiguiser, soit à l'aide d'une pierre, soit 
sur une meule. 

raifristoler, v., rafistoler et afistoler, raccommoder, orner, em- 
bellir. 

raifrodi, v., inf. et part, pas., refroidir et refroidi. Le d se mouille: 
raifrthdU. 

raigaugnies (ou règôgnies?), n. mas. pi., restes de mangeaille, 
débris de vieux mets, de mauvais plats ; emporte une idée de 
dégoût : Je n' mainge pas ces règaugnîs4ai (Je ne mange pas ces 
vieux restes là). On dit aussi raigognaisses, fém. pi., dans le 
môme sens. 

raigaumion (ou règomion?) n., restes d'un bon repas : Euje sons 
airrivès Vlendemain d' lai fétïeu, et j'ons maingé les raigau- 



"V 



Digitized by 



Google 



FATOIS DE LA FORÊT DE CLAIR VAUX 19 

mions. Vous nattes pas enco ein p'tiot régomion devoteribote 
d'hier f Se prend toujours en bonne part, au contraire du mot 
raigaugnies. — Régomion, même sens, Gros. 

raigk, n., rage. 

raigbr, y., rager. 

raiorandi, v., inf. et part, pas., agrandir et agrandi. 

RAioRippER, y., rattraper une ehose qui tombe, la ressaisir ou la 
retenir avec les mains. S* raigripper, se raccrocher à quelque 
chose quand on est sur le point de tomber : Taillas cheur, euje 
me seus raigrippé d'aiprêes 'n' chaire. 

raiorunneb et raiguburnrr, v., enlever, ôter ce qui reste, ce qui 
s'attache aux bords, aux parois, au fond d'un sac, d'un vase, 
ramasser en quelque sorte les derniers grains, nettoyer : Rai- 
grun-ne ton aissiette (Nettoie ton assiette, achève de manger les 
restes qui sont dessus). Pou aicheter çai, j'ai raigueurné le fond 
de mai gauviotte, c'est-à-dite j'ai épuisé ma bourse, pris les der- 
nières pièces de monnaie. Raigrunner 9 raigueurner, enlever le 
gueurnon (voir ce mot). — Regrener, détacher en grattant le re- 
grenon, Gros. ; ragrener, râteler, Thév. — Raigueurner, Labou- 
rasse, Patois de la Meuse. De l'ital. raggrenellare f 

raigueurnon et raigrunnon, n., tout ce qu'on raigrwwie, au fond 
d'un vase, d'un sac, etc.: /' te baille eut raigueurnon de mai 
bourse, de mai saquée, etc., c'est-à-dire le fin fond, le dernier 
reste. Ne pas confondre ce mot avec gueurnon, qui désigne plus 
spécialement le gratin de certaines cuisines au lait. — Regrenon 
ongrenon, grattin de bouillie, Gros.; ragrenon, ragueumon, gra- 
tin de cuisine qui s'attache au fond de la marmite, Thév. — 
Raigueurnon, Labourasse, Patois de la Meuse. 

raiguger et raigukugbr, v., s'emploie comme aigûger, aigueûger, 
aiguiser, émoudre : Tiens, v'iai mai cousse, raigûge tai sarpe. — 
Oui, mas i' faurot queulle feût raigûgée su 'n' meule. On dit 
aussi dans le môme sens raicousser. 

raigujotte et raigueujotte, n., cous (cousse); toute pierre à aigui- 
ser, à affûter. 

raioujoue, n., celui qui raiguge, rémouleur, gagne-petit. On dit 
aussi rèmouloue et rpassoue. 

rauustaige, n., rajustage, ajustage. De même raijuster, rajuster, 
ajuster. 

rauustoue, n., rajusteur, ajusteur, celui qui ajuste ou rajuste. 

r'ailler (s en), v., aller de nouveau, s'en retourner. (Rè-lé). 



Digitized by 



Google 



20 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVACX 

raimaige, n., ramage. 

raimaiger (ou rèméger ?), v., apaiser, calmer, consoler, particu- 
lièrement un enfant qui pleure. (Voir raipâger). A l'idée de 
consoler, raimaiger ajoute l'idée de soigner, de protéger, de satis- 
faire aux besoins, etc. Une poule rèmége ses poussins quand elle 
les abrite sous ses ailes. 

raimasser et raimacher, v., ramasser, a deux significations oppo- 
sées, outre le sens français : i° accueillir favorablement, témoi- 
gner de l'amitié : Euje li ai m'né mon ptiot, % Vai bin raimassé 
(Je lui ai conduit mon enfant, il l'a bien accueilli) ; 2° par 
antiphrase, sans doute, répondre vertement, répondre avec ai- 
greur, relever, rabrouer, river le clou : Ah, j* te Vai raimassé 
au demi-çoc\e, popement, c'est-à-dire je lui ai bien rivé son clou. 
— Raimasser ses miettes (voir miotte). — Ramasser, relever 
quelqu'un qu'on trouve en faute, Gros. 

raimassoue, n , ramasseur : Ein raimassoû d' crottes. 

raimioter, raimignoter et raimingnoter, v., mignoter, amignoter, 
caresser, consoler, flatter, dorloter, traiter délicatement : /' rai- 
miote les bêtes et ï hait ses enfants (11 caresse, flatte les animaux 
et il bat ses enfants). Quand i* ast malin comme çai, t n faut 
pas V raimignoter, mas V c\aquer, c'est-à-dire quand il est mé- 
chant ainsi, il ne faut pas le dorloter, le caresser, mais le fouetter. 
On dit dans le môme sens poulotter. 

raimmier, n., rangée de taillis abattu, avant qu'il soit fabriqué, 
mis en fagots, espèce d'andain de perches ou de ramilles. Raim- 
mier (rain-mié), pingeon raimmier, ramier, pigeon ramier. 

raimonnances, n. f. pi., restes, débris, choses de peu de valeur, 
particulièrement en mangeaille: Tons enco quéques raimonnances 
que y maingerons pou note souper. Ce mot est moins dépréciatif 
que raigaugnies, et marque plutôt la petite quantité que la 
mauvaise qualité. — Vieux franc, remanant, remenant, surplus, 
restant. De remanere. 

raimonner, v., ramoner, ôter la suie d'une cheminée; remuer, dé- 
ranger, bouleverser quelque chose avec bruit, fouiller, farfouil- 
ler : J' V entends qui raimonne les chaires, qui raimonne pa 
Vormoire. (Voir raivâter). Au fig., grommeler, murmurer, 
rognoner, etc. Voir dans ce dernier sens raboter. 

raimonnot et raimon, n., grande perche garnie de ses ramilles, 
auxquelles on ajoute souvent de menues branches de genévrier, 
dont on se sert pour ramoner les cheminées : Raipoute ein rai- 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIR VAUX 21 

monnot du bois, que j' raimonnains note ch'mingnée. Ne pas 
confondre ce mot avec ramongnia, raimonna, petit savoyard, 
ramoneur. — Du vieux franc, ramon, rameau, balai. 

raimonnoue, n., qui grogne, qui gronde, murmure d'habitude, 
se plaint sans cesse. 

raimourre, v., émoudre, aiguiser sur une meule. Vieux français 

amourre. 
'Raimsins et ramasins, n. pi., menu bois restant de la fabrication 
des perches en ckarbonnetle, extrémités, cimes des branches, 
ramilles à faire des fagots. Fagot d* raimsins, fagot de menu 
bois, de brindilles, par opposition aux cotrets ou fagots de 
branches plus grosses. — Voir bourrelotte. 

rain, n., ramille, brin de menu bois, brindille. — Rain, petit brin 
de saule, Gros. — Vieux franc, raim, rain. 

rainge, n., rangée : Eunne rainge d'âbres, eunne rainge de hottées. 
De même rainger, ranger, et les dérivés : airrainger, arranger, 
airraingement, etc. 

raingeoue, n., rangeur, qui range, soigneux, qui a de Tordre. 

raingne, n., grenouille, particulièrement la grenouille verte, rai- 
nette (hyla viridis). On dit plutôt gueurnouille. — Raigne, gre- 
nouille, Gros.; Raigne, grenouille, Thév. 

raipager, v., au lieu de aipâger, apaiser, calmer, consoler, parti- 
culièrement un enfant qui pleure. On dit plus rarement rai- 
maiger. 

raipatronner, v., réunir, rajuster ensemble les deux bouts d'un 
objet qui a été coupé, tranché, cassé, afin de s'assurer que ces 
deux bouts se rejoignent exactement et faisaient corps avant la 
séparation : Eul gode i ai rempouté lai parchotte au bois, et t 
Vai raipatronnée, c'est-à-dire le garde a remporté la petite perche 
(le corps d'un délit) au bois, et il l'a rajustée sur le tronc. — 
Vieux franc, rapareller,' rassembler, réunir; reparrier 3 reper- 
rier, retourner, revenir; reppareil, réparation, raccommodage : 
appatronner, comparer avec le modèle, étalonner. 

raipetioti, v., inf. et part, pas., rapetisser, devenir plus petit, 
rendre plus petit : /' n'aimende point et' enfant-lai; j' cros pu- 
tiôt, qui' raiptiotit, aillez, c'est-à-dire il ne grandit point, cet 
enfant-là; je crois plutôt qu'il diminue, qu'il devient plus 
petit. 

raipieau et rapibau, n., rampeau, mot qui s'emploie dans certains 
jeux, en particulier le jeu de quilles, pour exprimer la parité, 



Digitized by 



Google 



22 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 

l'égalité de points entre les coups de deux ou plusieurs joueurs : 
Taies quaite quilles et moi èteut,j'ons raipieau, onj'onsfait 
rapieau.... Il y a alors renvi, c'est-à-dire que les joueurs remet- 
tent un second enjeu, et recommencent la partie. 

raippareiller, v. raparier, réassortir. S'emploie quelquefois pour 
raipatronner. 

raipiéceter, v.,rapiéceter. Cul raipiéceié, espèce d'injure plaisante 
qui s'applique à un pauvre, à un enfant remuant dont les fonds 
de culotte sont chargés de pièces, etc. — Voir cul péché, cul 
dèpiéceté, etc, tous ces mots se confondant parfois. 

raippouter, v., rapporter. Raippouter d' lai chaisse ein bec rouge, 
revenir de la chasse bredouille, avec le nez rougi par le froid. 

raipropier, v., rendre plus propre, nettoyer, laver, blanchir : T ètot 
sale, guenilloux, maingè aux poux, ai lai varmingne, et j' lai 
raipropié. 

raipsôdbr, v., rapsoder, raccommoder malproprement, raccommoder 
de vieux habits qui n'en valent presque plus la peine. — Voir 
rètapsôder. Vieux français. 

rassembler, v., rassembler, s'emploie pour assembler : An vai 
raissembXer V conseil pou voter le bulget. Raissembk (missent- 
bieu) dâji tes lettes, assemble d'abord tes lettres, c'est-à-dire 



raisonnoue, n., raisonneur, enfant qui n'obéit pas sur le champ, 
qui discute les ordres, qui réplique. 

rait, n. rat : 

M, le curé, peurnez vos bottes, 
Et peus v'nez nous malrier : 
Dans note cœur l'amour y trotte, 
Comme les raits su vote gueurnier, 

raitaitingner (**), ▼•> se ratatiner. On dit plus souvent s'récoquiller 

et se reteurli ou s'eurteurli. 
raite, n., fém. de rait, souris. Beaucoup de gens autrefois 

croyaient que la souris était la femelle du rat. Raite, n., rate, 

viscère, qu'on nomme aussi niche. 
raité, adj.ou part, pas., rongé aux souris, pâturé, détérioré, gâté, 

souillé, foulé, détruit en partie par les souris ou les rats : D' lai 

paille raitée, du grain raité, c'est-à-dire de la paille mangée par 

les souris, etc. 
raitis (ou raitie?), n., paille, épis, débris de grains mangés par 

les rats ou les souris, soit dans les champs, soit dans la grange ; 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 23 

Note blé (bié) ï ast maingè, confondu ; j'ai j'tié trois charpin- 
gnées de raitis ai nos poules. 

raitotte, n. dimin., petite souris; petit mot d'amitié, de ten- 
dresse, qu'on emploie avec les enfants, comme chaitotte et 
poulotte. 

raitoure, n. fém., ratière, souricière. 

raittelée, n., seconde aittelèe, attelée de l'après-midi. 

raivaiger, v., ravager, s'emploie pour remuer indiscrètement, 
changer les objets de place, toucher à tout, etc., particulièrement 
en parlant des enfants. Voir raivâter. 

raivaigeot, n., celui qui raivaige, remue, déplace les objets, brise, 
détruit; en particulier, enfant remuant, qui touche à tout. 

raivailer, v., ravaler. Raivailer son craichon, ravaler sa salive, 
déglutir ; au fig. se taire. Raivailer, en parlant des branches des 
arbres chargées de fruits, retomber, pendre :Tyen ai des bloches 
que les brainches eulles en raivailent, ou tout simplement : /' en 
raivaile, des bloches, c'est-à-dire il y a tant de prunes que les 
branches en ploient, retombent vers la terre. 

raivâter et ravater, v., recevoir mal, renvoyer de cent lieues, 
gronder, rabrouer; toucher à tout, fouiller partout, changer les 
objets de place, les culbuter, remuer bruyamment, etc.: Euje 
vlôs li bailler ein avis, mas i' m'ai joliment raivâté. G'te p'ttt 
mâtin-lai, i' raivâte teut, i' traîne teut, pa lai majon. On dit 
aussi dans ce dernier sens raimonner et fonnoiller. — Ravacher, 
ravauder, radoter, gronder sans sujet. Gros.; ravater, tancer 
vertement, G. et R. 

raivatier et ravatier, n., rêveur, radoteur, grognon, qui bou- 
gonne toujours et à tort; enfant qui raivâte, qui touche à tout, 
dérange tout. 

raivadder, v., ravauder. — Voir raivâter, dans les deux sens, 
raimonner, raboter, etc. 

raivauderie, n., ravauderie, mauvaise raison, mauvais argu- 
ment; gens ou choses de peu de valeur, rebut. — Voir dans ce 
dernier sens cheni. 

raivaudier et raivaudoue, n., ravaudeur, celui qui ravaude, dans 
les deux sens de ce mot. — Voir raivatier. 

raivb, n. , rave, navet, radis. Faire d'une chose quelconque des choux, 
des raives, en faire ce qu'on veut, en disposer à son gré : Vlai 
tai part, fais-en des choux, des raives, c'est-à-dire fais-en ce que 
tu voudras, uses-en bien ou mal. Cette expression renferme une 



Digitized by 



Google 



24 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIR VAUX 

menace, par exemple: ne te plains pas ensuite, n'y reviens 
plus, etc. 

raivioion, n., changement d'avis, de caprice. — Voir aivigion. On 
dit de môme s'aiviger, s'raiviger, etc. 

raivin, n., ravin, ravine. 

raivingner, v., être ravagé par des ravines; faire, creuser des 
ravines : /' ai tant p\u hier qui' y ai des vingnes de rai- 
vingnées. C'te gnuée-lai eulle vai raivingner lai moitié du fin- 
gnaige. 

raivoinde, v., s'emploie au Heu ftaivoinde, aveindre. Ce verbe 
marque le plus souvent un effort à faire en allongeant les bras : 
/' ai raivoindiu note sieau de note puis. Raivoins /' pain de des- 
sus lai p\ainche. On prononce raivoindiexx, en mouillant le d. 

rajon, n., raison : Taies rajon, et moi f n'ai pas tort t F dit des 
rajons comme des majons, c est-à-dire il donne de mauvaises 
raisons, il dit de grosses bêtises. 

rajonner, v., raisonner, discuter. De même les dérivés, rajon- 
nab\e, dèrajonner, etc. 

râle, adj., rare. 

RALETé, n., rareté. De même râlement, rarement. 

ramieau (/"... du), fouetter, corriger : Si tu n' rentres pas chez 
vous tout en sotiant d 1 l'école, tai mère eulle te f... du ramieau, 
ou t'airaies du ramieau, V ramieau, c'est-à-dire tu auras du 
bouleau } tu auras le fouet, tu seras corrigé. Cette expression ne 
s'emploie guère qu'en parlant aux enfants. 

rancer, v., siffler de la gorge en respirant, respirer avec bruit, 
être enroué, râler. On rance dans certains rhumes, certaines 
bronchites, etc. 

rançoux et rançoue. adj., celui qui rance, quia comme un embar- 
ras dans la gorge, qui est enrhumé, malade de la poitrine, 
asthmatique, etc.: /' ast enroué, rançoux. Taise4e don, rançoue 
ai jonnée, c'est-à-dire toi qui rances à la journée, continuelle- 
ment. Cette prononciation longue, ainsi que nous l'avons dit 
dans l'introduction (page 33), marque plutôt l'action que l'état. 

rancunner, v., grogner, bougonner, être mécontent : /' rancun-ne 
toujous (Il grogne, il bougonne continuellement). Rancunner 
quéquun, malmener quelqu'un en parole, le tancer, le rabrouer, 
le quereller, lui faire des reproches. 

rancunmer, adj., celui qui rancun-ne. S'emploie pour grognon, 
bougon. - On dit aussi rancun-noue. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLA1RYA0X 25 

rancuser et rancueusrr, y. , dénoncer, rapporter ce qui s'est dit, 
s'est fait, dans un lieu où Ton se trouvait... Nous n'avons guère 
entendu employer ce mot que dans cette expression : Rancuser 
l'école, rapporter dans sa famille, dans le village, etc., ce qui se 
dit, se passe a l'école. — Remputer, dire les nouvelles de 
l'école, Gros.; raiqueuzer, Labourasse, Patois de la Meuse. — 
Vieux français racuser. 

randon (ou rendons?), n., défaut, manque dans le labour, saut de 
la charrue causé par un obstacle, un écart des chevaux, etc.: 
/' s'ast trouvé V piarre devant lai diarrue, ou lai charrue eulle- 
l-ast venûn trop ai roie, et j'ai fait ein randon. — De rendons, 
sous-entendu la main, c'est-à-dire cédons ? — Vieux français 
randon, de randon, avec force et violence. 

ranfraichi, v., inf. et part, pas., rafraîchir et rafraîchi. 

ranter (ourenterî), v., raccommoder, faire un renton, rajuster 
une partie neuve à un objet, un vêtement, un outil, etc., cassé, 
usé, etc.: l'ai rente son limon de voitiure, c'est-à-dire il a remis 
un bout neuf à son limon de voiture. Ranter des bas, des 
chaussettes, tricoter des pieds neufs à de vieux bas, de vieilles 
chaussettes. — Voir réponde. 

rapiat, n. adj., ladre, avare, qui tondrait sur un œuf, qui rapine 
sur tout, qui a les mains crochues. Vieux franc rapiax, ra- 
visseur. 

rapport et rajpport, n., s'emploie absolument pour procès-verbal : 
Eul gade-champête mai fait ein rapport (Le garde-champêtre 
m'a fait un procès). Rapport, concours de personnes dans un 
endroit, ordinairement à l'occasion de la fête d'un saint, espèce 
de pèlerinage à jour fixe : /' n vai pas tant d' monde au rapport 
de saint Abdon quai c tu du Val des Dames. — Rapport ou 
raipport ai, loc. prép. à cause de : Je n seus peu soti raipport ai 
lu, c'est-à-dire je ne suis pas sorti à cause de lui. — Rapport, 
foire, concours de peuple, Gros. 

rasin et ragin, n., raisin : Gros comme eunne grun-me de rasin. 

— Ragin, raisin, L. C.; rajain, rajin, P. T.; râgin, G. et R. 
raté et ratibau, n., râteau. (Raté, râtieau). 

râtelée et raitelée, n., râtelée; au fig., kirielle, quantité, tirade: 
Eunne râtelée de sottiges (Une kirielle d'injures). — Vieux fran- 
* çais. On dit aussi raibotée et raibeut'lée. 

ratelot, n. dim., petit râteau; en particulier, espèce de râteau, de 
t. u 3 



Digitized by 



Google 



26 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 

crochets de bois, qui s'adapteut a la faulx pour ramasser en 
même temps qu'on fauche. 

ratlier, n., râtelier. On prononce rât\ier (râtier). 

rayée de soleil, rayon de soleil qui perce un nuage, courte appari- 
tion du soleil entre deux nuages par un ciel couvert : /' ai 
poutant fait quéques rayées de soleil aujd'heu, c'est-à-dire le soleil 
s'est pourtant montré par courts intervalles aujourd'hui. 

rebailler, v., donner de nouveau, redonner : Bailler (bé-ié) et 
peûs r bailler, ç'ast ein péché. Se prononce souvent eurbailler t 
comme tous les mots qui commencent par re. — Voir l'intro- 
duction, page 30. — Rebeiller, redonner, L. C; rebeillay, id., 
P. T. 

rébecca, n., enfant, en particulier jeune fille, qui répond avec ar- 
rogance, qui se rebéque, se rebiffe, qui répond de travers, aigre- 
ment, à des observations légitimes, etc. Se prend toujours en 
mauvaise part : Taise4e, rébecca t c'est-à-dire tais-toi, répondeuse, 
raisonneuse, impertinente l 

reblainchi, v., inf. et part, pas., reblanchir et reblanchi, blanchir 
et blanchi. En particulier, lessiver, laver, tenir propre: J' les 
r'b\ainchis et f les r couds. — Voir b\anchi et raipropier. 

rebouler et rembouler, v., émousser, refouler, écacher, tordre la 
pointe, le taillant. On remboule ou r boule une lame, une pointe, 
un clou, etc.: /' ai remboule sai faulx dans V piarre. Euce bôs- 
lai, t ast si dur qui' r'boule les chus (quioui), ou que les c\ous 
seurboulent dessus. Dans ce dernier cas, on dit aussi que les 
chus rnif\ent (voir renifler). — R bouler quéquun, mal re- 
cevoir quelqu'un, répondre, répliquer durement. Voir rebourrer. 
— Rebouler, moussser, Gros.; rebouler, repousser, brusquer, 
Thév. 

rebouler et ribouler les œux, écarquiller les yeux, les ouvrir tant 
qu'on peut. On dit aussi rouiller ou reuiller les œux, avec cette 
différence qug r bouler ou ribouler signifie plutôt ouvrir de sur- 
prise, comme pour mieux voir, tandis que rouiller ou reuiller 
veut dire ouvrir avec affectation, rouler, faire les gros yeux 
pour inspirer de la crainte. — Gnen ai pas ai r bouler Vœu, il 
n'y en a pas en abondance, de quoi faire écarquiller les yeux ; il 
n'y en a guère : N'en mainge pas d' si grousses bouchies, gnen 
ai pas ai r bouler Vœu, c'est-à-dire il n'y en a pas à dévorer ainsi 
d avance, à écarquiller les yeux de plaisir, etc.?... D'autant qm, 
cette expression s'applique à peu près exclusivement aux vic- 
tuailles, aux friandises, etc. 



Digitized by 



{a 



PATOkS DE LA FORÊT DE CLAIRVADI 27 

rrbourrer, v., mal recevoir, gronder, rabrouer, repousser dans 
tous les sens, par tous les moyens, du mot dur, aigre, à la 
bourrade inclusivement, au propre et au figuré : Euce prouve- 
lai li demandot du pain, mas t faut vor comme % ast uu 
r bourré I Y mai r'bourré si fort qui* m'ai fait cheur. 

rèboutener et rèbouteunner, v., reboutonner. Srèbout'ner ou 
seurbouVner, se reboutonner : Rèbouteunne ou eurbouteunne tai 
cueuloUe. Rèbout'ner sai gueule, se taire. S'emploie aussi quel- 
quefois pour aiboutener, boutonner. 

rebbaqger (se), v., se redresser pour ne rien perdre de sa taille, 
regimber, se rebiffer : Sitiôt qu'an li dit ein mot qui n'ii p\aît 
pas, t s'eurbraque, c'est-à-dire il se redresse prêt à répondre, à se 
défendre, à protester, à discuter, à chercher querelle. 

rebrater, v., retourner en arrière, par peur, par ruse, par pru- 
dence, etc., quitter son chemin pour prendre une voie oblique, 
battre en retraite : Y v'not su moi tôt drot ton \iéve, mas, quand 
i' m'ai r'cueunû, i' ai r'brâté. Empoingne don ein gourdin et 
fais-le rbrâter, quand i' courrai, comme çai, su toi, c'est-à-di re 
fais le reculer, quand il courra ainsi sur toi. On dit quelquefois 
dans le même sens brâter. 

bebuer, v., s'emploie pour buer, laver, lessiver; lessiver souvent: 
Y faut que j'eurcoude et qu' j'eurbue tous les jous, d'aiveu ces 
enfants-lai, c'est-à-dire il faut que je couse, que je racommode 
et que je fasse la lessive tous les jours, etc. 

recaler, v., remettre la cale, recoiffer. Au fig. refaire, attraper : 
/' croyot gaingner, et t ai pèdiu, % ast bin r'caié. Y t'ai aittraipé, 
mas moij' l'eurcalerai ai mon tour, mit — Requilleroxx reca- 
ler quelqu'un, lui répliquer vertement, Gros, 

rêcarcitrant, adj., récalcitrant. 

recas, n., recassis, terre recassée, c'est-à-dire labourée pour la 
seconde fois : Les recas sont dâjip\euns (pi-uns) d'harbe. 

RECHAiNGE, n., rechange. De même rechainger, rechanger: feur- 
chainge, tu r'chainges, etc. 

rech arche et resarche, n., recherche : An ai fait des r'charches 
dans sai majon, c'est-à-dire on a fait une perquisition, etc. 

rechingner, v., rechigner. Faire quelque chose en r'chingnant, 
faire quelque chose malgré soi, de mauvaise grâce. 

récompenser, t., s'emploie au lieu de compenser. — Voir rècom> 
penson. 

rècompenson, n , portion supplémentaire qui fait compensation! 




>^ 



Digitized by 



Google 



28 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 

qui rétablit l'équilibre, l'égalité, entre deux ou plusieurs parts: 
Note pari d'arpent riètot pas fameuse, mas j'ons zeû ein p'tiot 
rècompenson, c est-à-dire notre part d'affouage n'était pas très 
bonne, mais nous avons eu une petite portion supplémentaire en 
compensation. 

recontroyer et regontrater, v., se dit des plantes qui poussent 
des tiges nouvelles à côté des vieilles à demi-sèches, par suite de 
maladie, de sécheresse, de température contraire : Èud'peûs lai 
pleue, les pommes de terre, qui ètaint quasi choches, eurcontroyent 
(eurcontro-ien), c'est-à-dire qu'il pousse des tiges nouvelles, et 
môme de petites pommes de terre à côté des autres déjà mûres, 
ou mûries de force. — Dans quelques villages de l'Aube, on 
dit roingnei*. 

rècoquiller (s'), v., se recroqueviller. On dit aussi se recrincheler 
ou s'eurcrincheler, et se reteurli ou s'eurteurli. — Recrocriller, 
effet de l'action du feu sur le parchemin, Gros.; racrocriller, rac- 
courcir, Thév. 

rècortb, n., récolte. 

rècorter, v., récolter. 

recoucher, v., renfoncer jusqu'à la pousse de l'année, jusqu'au 
sarment, un cep de vigne autour duquel on a enlevé la terre 
en creusant une espèce de trou (provin), et dont on a respecté la 
racine. R coucher ou eurcoucher ein provin, le replanter en se 
servant des vieilles souches épargnées à cet effet. On rcouche de 
môme une lige de plante, un surgeon, etc. 

recoub (ou raicoué ?), p. pas. ou n. adj., maladif, souffreteux, 
réchappé, trompe la mort, etc. (Voir rècouer.) On dit avec une 
nuance d'intérêt ou de dédain à un eufant faible, ou réchappé d'une 
maladie grave : Prouve rècoué t — Voir charcueulot, jaidrou, etc. 

rècouer (ou raicouer?), v., tirer d'une maladie grave, sauver, 
aider à réchapper, plus que ravigoter, presque ressusciter : J'ai 
rècoué c'V aingné-lai qu gnaivot pas de mère (J'ai nourri, forcé 
à vivre, sauvé cet agneau-là, etc.). /' ai cheû, an V croyot mort, 
mas an ai pu Vrècouer, c'est-à-dire on a pu le rappeler à la vie et 
le guérir. 

recouiner(s'), v., crier de douleur, de surprise, etc.; crier haut, fort. 
Faire rècouiner, faire crier haut, fort, sur le ton de la plainte. 
Ou dit aussi dans le môme sens srègueuler et faire règueuler. 

recouler, v., donner le second labour à la vigne, retcrcer : fai 
fii\i de sombrer, j'eurcoule. C'est ce qu'on appelle recasser eu 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 29 

agriculture. Donner le troisième labour, se dit r' faire de trois 
fois. — R'couler, donner aux vignes le troisième labour, G. et 
R. — Le second labour se dit aux Riceys, d'après MM. Guenin 
et Ray, à r'meuvoi, s'campé à r'meuvoi ; sans doute de à remue 
voir, c'est-à-dire remue voir encore la terre? ou de aile m'revoit, 
elle me revoit ? 
rbçoupb et recipe, n., copeau, tronçon de bois à brûler, pris au 
collet de l'arbre, du brin, de la perche, de la cépée, bouts de 
sciage : Ç'ast du bon bois, les r'çoupes, ç ai fait du bon feu. 

recouper et reciper, v., recéper, couper, scier perpendiculaire- 
ment à l'axe le bout inférieur d'un arbre, d'une branche, d'un 
brin plus ou moins en biseau ; retailler le tronc d'une cépée, 
d'un arbre, etc., mal taillé ou coupé trop haut : J'ai r coupé ou 
r'çipé les troncs, et ç'ai m'ai fait V grante voitiure de copelots, 
d'eurçoupes. 

recousesse, n., couture, cicatrice : /' ai eunne eurcousesse ai lai fi- 
gure, c'est-à-dire il a une cicatrice, etc. 

rècousser (ou RAicoussER ?), v. affiler, aiguiser un outil tranchant 
avec la pierre appelée cousse, cous : Raicousse tai faulx qui ri 
cope pus. 

recrincheler (se), v., se recroqueviller. S'emploie plus particuliè- 
rement en parlant des étoffes, se gripper, se froncer : r ai p\u 
su mon cotillon et ï s'eurcrincheulle. — Voir rècoquiller et re- 
teurli. 

recruter, v., s'emploie pour quêter, chercher, trouver, découvrir, 
prendre, etc.: Lai voit don qui ast zeâ rcruter ces haibitslai f 
F aivot vendu les siennes (Où donc a-t-il pu aller chercher, dé- 
terrer, etc ?) Qu'ast-ce que tu viens don r'crûter au long de nous ? 
(Qu'est-ce que tu viens donc chercher, épier, etc.?) Lai y'où 
diâbe eurcrute-t-% don tout c' qui' raiconte ? c'est-à-dire où 
peut-il bien prendre, etc.? Dans ce dernier cas, recruter est em- 
ployé in bonne part, on admire. 

recueilloue, n., recueuilloir, espèce de jale qui se met sous le 
cuvier pour recueillir l'eau qui coule de la lessive : F ai du 
lochu p\eun l eurcueuilloue (eurcueu-ioue) . Par extension, toute 
espèce de jale, tine, baquet. 

recueuléb, n., ruelle, cul-de-sac, endroit reculé d'un village, 
éloigné du centre : /' demourot lai-bas, au fond d' lai cour, dans 
eunne eurcueulée, dans lai rcueulée. On dit aussi dans le môme 
sens recueulis. — Vieux franc, recullis, retraite. 



Digitized by 



Google 



30 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVACX 

RBcuEULOïc,n., envers: Ce n'ast pas ce coutéJai l'aidrot de ton 
étoffe, ç'ast Veurcueulon, c'estrà-dire c'est l'envers. 

recubulons (ai), loc. adv., à reculons, à l'envers : I'vai ai r'cueu- 
lons (11 va à reculons, il recule). On prononce quelquefois ai 
l'ercueulons, ou ai lai r'cuetdons : V ai mins sai ch'minge ai 
l'ercueulons, c'est-à-dire à l'envers. 

rrcueunruchàncb, n., faculté de reconnaître : Ah, tu n m'aies pas 
r'cueunu ? Tu n'aies guère d'eurcueuneuchance, c'est-à-dire tu 
n'as guère de mémoire pour reconnaître les gens. 

recubuneutb, v., reconnaître. (Voir c'neute). — Vieux français 
requenoistre. 

recule, n., hercule, homme fort, hercule forain : Ç'ast ein r'cule, 
i' ast fort comme ein r'cule. 

rècuron, n., torchon de paille qui sert à écurer {récurer) les mar- 
mites, les vases de fonte, à l'aide de cendre; laveuse de vaisselle. 
Au Gg. femme malpropre sur elle. 

redent (ou redan?), n., saillie à une montagne, au flanc d'un 
coteau, d'un fossé, etc.; pierres en saillie, moulure autour d'un 
édifice, d'un meuble, ressaut, etc.: Ç'ai fait ein r'dan, juste au 
moitian d' lai côte (Ça fait une saillie, un renflement brusque, 
etc.). L'eurdan du foussè (Le rebord du fossé). Au moitian du 
mur, i' y ai ein r'dan, c'est-à-dire une moulure, des pierres en 
saillie. 

rédicule, adj., ridicule, s'emploie le plus souvent pour difficile, 
bizarre, raide, hautain, et avec la négation : /' ast-t' bin gentil 
c' ( homme-lai ? — Oht gn'ast pas rédicule, c'est-à-dire oui, il est 
est assez gentil, assez bienveillant, d'humeur facile, etc. 

rédiculer, v., marchander, débattre le prix en achetant ou en 
vendant, hésiter, ne pas tomber d'accord : Allons, n faut pas 
rédiculer;j* vous loche mon couchon pou cent francs et c n'ast 
pas cher I 

rrdonder, v., s'emploie encore pour rebondir : Lai piarre eulle li 
ai cheû su lai tête et peus eulle ai rdondé. Eut martieau i' r'donde 
sut' piquotqui n'entre pas. — Redonder, rebondir, Thév. 

rbdouiller, v., rédarguer, battre en paroles, battre au jeu ou de 
toute autre manière, apaiser le caquet, tancer, refaire (voir 
recaler) ; punir, corriger : Taies trouvé ton maire, hein ! ï t'ai 
r'douilléyC' tul-lai?(Tu as trouvé ton maître, hein? Il t'a 
secoué, tancé, etc., celui-là t) Çai les r douille les malins, çai t 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 31 

c'est-à-dire ça les attrape les malins. — Redouiller, vexer, mor- 
tifier, Thév. 

rèfier (s'), v., s'emploie pour se fier. S'rèfier su, se fier à, se con- 
fier en, compter sur : T s'ast rèfié su sai foiclw et peûs, ï ast zeû 
baittu, c'est-à-dire il s'est Rè en, il a compté sur sa force, etc. 

rèfrillé, part. pas. et adj., refroidi, devenu frileux à la suite 
d'une pluie, d'un malaise, etc.: Jai du rheumme, çai m'ai rè- 
frillé {rèfri-ié), je ri peux pas quittier note feu. /' seus zeû 
mouillé cmaitin et j'en seus teut rèfrillé. Oh, que vieux rèfrillé 
que tu fais t 

rèfriller, v., rendre frileux : Été mouillé, traip'ché, çai rèfrillé, 
c'est-à-dire être mouillé jusqu'à la peau, ça rend frileux. — 
Voir rèfrillé. 

rèfrodi et r'frodi, v., inf. et part, pas., refroidir, refroidi. Se 
prononce en mouillant le d, rèfrodAi. 

rèfrodighement et r'frodichbment, n.,- refroidissement: J'ai 
aittraipé ein rèfrod-Uchement. 

rêfroi (ou réfroid?) n., refroidissement subit, maladie qui en est 
la suite, principalement chez les femmes: Eulle ai zeûe ein 
réfroi, et çai li ai duré d'où trois ans, c'est-à-dire elle a eu 
un refroidissement, et elle en a été malade pendant deux ou trois 
ans. 

regaidiure, n., yeux, figure, tête; on dit plaisamment : Les quaite 
trottingnons et lai rgaidiure d'ein vieau, c'est-à-dire les quatre 
pieds et la tête d'un veau. 

règailer, v., régaler, répandre, aplanir : J'ai règailé du foin. Y 
règailot des taupéres. S'règailer, tomber, s'étendre par terre : 
Eulle s'ast régailée juste au moitian du patouillait, c'est-à-dire 
elle est tombée juste au milieu de la flaque d'eau. 

regaitiant, adj., regardant, intéressé, trop ménager, trop économe, 
avare : /' ri peut pas trouver ai s' faire servi, i* ast trop r'gai- 
tiant. 

regaitier, regaidier et regamer, v , regarder : Eurgaite ou r'gaite 
(t mouillé : eurgaitieu) vô V belougelot t c'est-à-dire regarde voir 
le bel oiseau! — Eurgatde, L. C; regardiay, regarder, P. T. 
— Vieux franc, gaiter, observer ; aigaiter, agaitier, épier. 

règaucher (ou règôcher ?), v., recevoir dans les mains un objet 
qu'on a lancé en l'air, ou qui vous est lancé par un autre, ou 
qui tombe, attraper au Vol : Tiens, règauche lai balle quej* t'en- 
vôe. Sij' riaivôs pas règôché l'aissiette, eulle cheujot. En donnant 



Digitized by 



Google 



32 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVACX 

un soufflet à quelqu'un on dira : Règauche çai t (accipe hoc /). 
Dans quelques villages règuicher. — Régosser, saisir une chose 
jetée en l'air, réfaler, Gros.; rafaler, ratafaler, id. Thév. — 
De esquicher, esquiver la balle au jeu de paume? ou du vieux 
mot regaust, rebondissement? 

beginouer, v., ginguer, ruer, regimber : Ein ch'fau qui r'gingue 
(Un cheval qui rue). Se r'ginguer, se redresser, répliquer vive- 
ment, se rtbéquer, se révolter : J'ai v'iu li bailler ein avis, mas 
% s'ast r'gingue, t" s'eurgingue. On dit aussi requinquer. 

reginguet, n., ginguet, petit vin acide, mauvais vin : Les rasins 
ne meûrirontpas ; an ferai du r ginguet. 

règle, n., règle. Prononcez en mouillant 17 rég\e (r^uieu). De 
môme rêg\er (réguier) et les autres dérivés. 

règliche, n., réglisse. RègMche en bois, racine de réglisse. 

regobiller, v., vomir, dégobiller. Se prend toujours en mauvaise 
part : /' ai r'gobillé su lai table. 

regobillis, n., dégobillis, vomissement. 

règouleb, v., couler, en parlant de l'eau ou d'un autre liquide; 
rouler, «n parlant d'un objet rond sur un plan incliné : Veau 
regarde du tôt; les larmes règoulent su ses joues ; eunne piarre 
règoule dans ein foussè, ai ïaivailée d eunne côte, etc.— Rigoler, 
couler, ruisseler, Gros.; régotUer, L. C; règouley, P. T.; régou- 
1er, couler, rigoler, Thév. 

règoulotte, n. dimin., petite rigole; rigole, petit fossé, raie par ou 
l'eau règoule ; fente, entaille, coche, coulisse, etc. 

reguèri, v., inf. et part, pas., guérir et guéri : Vote petiot ï asUÏ 
r'guèri I — Oh I i' n' s'eurguèrirai p't'éte bin jainmas t c'est- 
à-dire votre enfant est-il guéri? — Oh 1 il ne se guérira peut- 
être bien jamais ! 

règueuler [s\ gueuler, crier très fort, hurler ; pleurer tout haut ; 
crier de surprise, se récrier ; se réclamer, etc. : Ç'ai li faijot 
bin mau, car i' s' règueulot qu'an Vairot entendiu ai V lieue, 
J'ètôs pédiue et j' me règueulôs. Faire règueuler, faire crier, 
pleurer, hurler : Pouquoi don que tu fais règueuler cte chien-lai 
comme çai ? — On dit de môme s'rècouiner. 

reingne, n., influence, épidémie: T ai tout p\eun des enfants d' 
mailaides, ç'ast comme ein reingne, ou çast ein reingne, c'est-à- 
dire c'est une épidémie. 

RHEumuTissB, n., rhumatisme (run^natisse). 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FOUET DE CLAIRVAUX 33 

rheumme, n., rhume. On prononce run-me. De môme enrheummé, 
s'enrheummer, etc. 

rejau (ou rejô?), n., reginglette, rejet, rejettoir, piège à prendre 
les oiseaux, baguette de bois vert courbée au bout de laquelle 
est fixé un lacet. Ne pas confondre le r'jô avec la raquette. — 
Faire eurjaû, faire ressort, se détendre brusquement. — Vieux 
français rejaux, rebondissement ; regipper, regimber ; regimba, 
ressort, mentula; regetoore, engin à prendre les oiseaux. 

bejaunkr (ou rejôner?), v., singer, contrefaire, imiter en char- 
geant, particulièrement la manière de parler, la voix, les gestes: 
Pace que je bègue, t meurjône... (Parce que je bégaio, il mo 
singe..,) — Dégeigner, Gros ; dèjauner, G. et R.; rengeingner, 
répondre à quelqu'un en le grimaçant, Thév. — Vieux franc. 
rechigner, faire la moue, la grimace. Nous avons entendu em- 
ployer resigner dans le môme sens. 

rejition, n., nouveau jet, surgeon; second essaim d'abeilles: 
L'âbre t ast mort, mas ï pousse des rjitions au pied. 

rejonfler et se rejonfler, v., se renfler, se distendre, regonfler, 
dépasser les bords ; se relever avec élasticité, ôtre élastique : Lai 
pâte eurjonf\e (eurjonf\en) pa d f ssus les caibaits (La pâte re- 
gonfle, déborde, etc.). J'ai mins mon let au soleilet i' seurjonf\e... 
Son gros cou r'jonf\ot pa d'ssus sai craivaite. — Voir redonder. — 
Rejonfler, déborder, regonfler, Thév. 

relaiver, v., relaver, spécialement laver la vaisselle : C'ètot lai 
fille quirlaivot les aissiettes. — Voir ntoyer. 

relaivotte, n., lavette, petit torchon, guenille qui sert à laver la 
vaisselle; langue : Sai rlaivotte, eulle vai toujous, c'est-à-dire sa 
langue va toujours. 

relaivube, n., eau grasse, eau de vaisselle : An baille les rlaivures 
aux couchons. 

relioue de meuds, n., tonnelier- rhabil leur : Tons zeû Veurlioû, 
c'est-à-dire nous avons eu (sous-entendu : en journée) le relieur, 
le rhabilleur de tonneaux. — Vieux franc, relieur, tonnelier. 

reloge et heurlogb (ou eurloge?), n., horloge : Vous aites ein 
bieau rloge, ou ein T)el heurloge (ou ein bel eurloge, avec Y eu 
euphonique?). — Reloge, horloge, Gros.; rloge, horloge, G. et 
R. — De môme r loger, heurloger, horloger. 

relure, v., luire, reluire, briller: Eul soleil eurlut pou tout le 
monde. Çair'lut, c'est-à-dire ça brille. Part. prés, rlujant. 

remarque, n., s'emploie pour brandon: N 9 passe pas lai, i' ai 



Digitized by 



Google 



34 PATOIS DE LA FORÊT M CLAIR VAUX 

eunne eurmarque» Faire eunne eurmarque à quelque chose,... 
faire une marque pour reconnaître cette chose. — Voir 
marque. 

rembarder, v., barder au plus haut point, couvrir d'une couche 
très épaisse, crotter de haut en bas, crotter jusqu'aux épaules : 
Oh, comme te v'iai rembardé t (Oh, comme te voilà crotté, souillé, 
couvert de boue I) S'emploie le plus souvent au part, passé. 

remblaiver, v., remblaver; semer de nouveau, de blé ou de toute 
autre graine. On prononce ranbiaivé. 

rkmbraisser, v., embrasser, donner un baiser. 

rbmbrunche, n., accident, contre- temps, retardement ; obstacle, 
embarras, inconvénient ; mauvaise excuse, détour, etc. : Quand 
f veux soti d' chez nous, ï s' trouve toujous des rembrunches, 
euj' seus mailaide, ï m* vient quéquun, note vache eulle fait son 
vieau, etc. Allons, dis qu tu n'aies pas vlu et n charche pas 
tant de rembrunches. — Rembrunche, obstacle, embarras, Gros. 
— Vieux franc, embrunche, embuscade; embruncher, entortiller, 
embarrasser. 

rembruncher, v., au propre, tordre, ployer, river; au fig., riposter, 
répliquer vertement. Rembruncher ein clou, le tordre ou le river ; 
rembruncher quelqu'un, lui river son clou. Un clou s'rem- 
branche, quand il se tord au lieu de s'enfoncer. Un clou dont la 
pointe est émoussée, tordue, est un c\ou rembrunche. On dit 
dans les mêmes sens, propre et figuré, rebouler. 

remède, n., remède. Se prononce en mouillant le d: r'médlm. 

remontrance, n., s'emploie pour figure, image, portrait, ressem- 
blance, trace, ombre, souvenir : /' ast maigue, cassé, gnai pus 
de cheveux, pus de dents.. . gnai pas lai r'montrance d!ein homme. 
Lai grêle eulle ai tout brigè, gn'ai pus de rasin dans les vingnes, 
gnen ai pas lai r'montrance. — Du vieux franc, remembrance ? 
ou de montre, montrer ? 

rèmouloue, n., rémouleur, gagne-petit. On dit aussi repassoue. 

rèmourre,v., émoudre, affûter, aiguiser sur une meule. — Vieux 

franc, amourre, aiguiser. 
rempleummer (5'), v., se remplumer, reprendre de la santé, des 

forces, de l'embonpoint, etc. (S'ranpiun-mê). 
rempli, v., inf. et part, pas., remplir et rempli : Taies rempli, tu 

vas rempli ton pner (Tu as rempli, tu vas remplir ton panier). 

Mon p'ner ï ast rempli, c'est-à-dire est plein. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVADX 35 

renader, v., renarder, vomir par suite d'un excès de table, faire 
des renards. 

renaré, part, pas., rusé, On, habile, astucieux, retors : Oh, défie- 
tel t ast bin r'nârè. Nous avons entendu employer quelquefois 
l'infinitif: /' faurot Veurnarer, c'est-à-dire il faudrait le dresser, 
le déniaiser, lui apprendre les ruses, les roueries du monde. — 
De renard ? ou de nares acutœ, emunctœ ? 

renauder, v., maugréer, grommeler, grogner, radoter, etc.:/' 
r'naude ou t" eurnaude toujous, c'est-à-dire il est grognon, de 
mauvaise humeur, il se plaint, etc., en tout temps. — Voir bot- 
teler, entonner, etc. 

renchéri, v., inf. et part, pas., enchérir et enchéri. 

rende, v., rendre, vomir. 

rendition de compte, reddition de compte. 

renégat, adj., s'emploie pour vif, remuant, turbulent, espiègle, 
drôle, plaisant, en parlant des enfants : Ah, que rnégat t t ast 
toujous prêt ai s* sauver, toujous en train $ toucher ai tout,... 
t m' fait chochi, d'ailleurs t 

rengreunner et rengueurner ($'), v., se rengrénor, retrouver, 
regagner, rattraper, ravoir de la graine ; regagner au jeu ou 
autrement, de quoi se remettre à flots, quand on est épuisé, 
ruiné... Une femme dira:/' n'ai pas rècorté ein pois Van-née 
passée, etf sens zeûe obligée d'en aicheter ein litre c' t' an-née pou 
m* rengreunner (rangrun-né) ; et un joueur qui a perdu toute sa 
sa monnaie et qui regagne quelque sous, s'écriera : Ah, v'iai pou 
m' rengueurner t ou çai vai m' rengueurner t 

renifler, v., sentir, flairer avec défiance ; reculer, caler, caponner ; 
protester, répliquer ; se tordre, s'écraser, s'émousser, en parlant 
d'une pointe, d'un clou; rebondir, en parlant d'un marteau, d'un 
maillet : Q'ast-ce que tu r f nif\es (r'm/ieu) don comme çai Ion 
aissiette? aivaile, nâchoux t (Qu'est-ce que tu flaires donc ainsi, 
etc.). Ah t tu nées pas aissez hadi, tu r'nif\erôs, c'est-à-dire lu 
caponnerais. N'eurnif\e pas, tiens t (N'ouvre pas la bouche pour 
essayer de protester, de te justifier, tiens!). Eul marlin r'nif\c 
su c tronc-lat qui ast p\eun de nons. — Voir fleurer, cusser, 
grouiller, piper, renoncer, redonder, etc. 

renifloue, n., renifleur. On mouille 17 : rnif\oue. 
renlbvbr, v., re-enlever, enlever de nouveau. 
renmenri, v., inf. et part. pas. — Voir enmenri. 



Digitized by 



Google 



36 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAÏUVAIX 

renoncer, v., s'emploie pour protester, essayer de se disculper, 
dire un mot, faire un geste de dénégation, souffler: /' l'ai fait 
ailler coucher sans souper , et i ri ai pas r nonce, c'est-à-dire il n'a 
pas protesté, pas dit une parole, fait un geste. Tiens, rieurnonce 
pas t si tu rnonçôs f. . . . (Tiens, ne réplique pas, ne souffle pas i si 
tu faisais seulement mine de vouloir parler !...)> dit une mère, 
en levant la main d'avance. C'est le quos ego. On emploie de môme 
grouiller, moter, renifler, piper. 

renoyer et renier, v., abandonner, en parlant des oiseaux qui 
abandonnent leur couvée, leur nid : T'aies zeû rôdé ailentour 
du nind,et peûs lai mère eulle l'ai r'noyé (rno-ié), ou eulle Veur- 
noerai. 

rentillon, n., dim., petite rente, intérêt des iutérôts : T niai 
fait payer les rentes et les rentillons, c'est-à-dire les intérêts 
composés. 

rentraite, n., rcntraiture, reprise, couture de ce qui est rentrait : 
/' ai sauté eunne étincelle su mon devante; fais-me 'ri rentraite. 
— Voir châtrure. 

renvecher, v., renverser : /' ai renvchi sai voitiure dejarbes (Il 
a renversé, culbuté, etc.) N' renveucfie pas tai hottée. — Voir 
tumer. — Renvechey, P. T.; renvcher, G. etR. — Vieux franc. 
revei % cher. 

reparer, v., s'emploie pour parer : Les haibits ri font pas V 
moine, mas i's Veurparent bin. 

rèparme, n., épargne, économie. 

Rèp armer, v., épargner, ménager, faire des économies: V faut 
rèparmerl' vin, les vingnes sont gellées (gè-lées), c'est-à-dire il 
faut ménager, etc. 

repassoue, n., repasseur, rémouleur, gagne-petit : L'eurpassoû 
d' coutieaux, i' ast cassé sai meule. Repassoure, n., fém., lingère. 

repiquer le foin, secouer le foin, le retourner avec une fourche, 
quand il est sec d'un côté, pour le faire sécher de l'autre. 

replant, n., plant. — Voir plant. 

replat, n., s'emploie pour plateau, surface plane au sommet d'une 
colline : Su Veurplat d' lai côte, c'est-à-dire sur le plateau, sur 
le sommet plan de la colline. — Vieux franc, replat. 

réponde, v., répondre; rallonger, raccorder, attacher un bout de 
ficelle à un autre bout trop court, une pièce à un morceau d'é- 
toffe, etc.: J'ai répondu lai ventrière de m'tn ch'fau qui ètot trop 
coûte, ou qui ètot cassée, f faut que j'rèponde mon gilet (gi-iet) 



Digitized by 



J 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIR VAUX 37 

d* flanelle qui s'ast r'tiré, c'est-à-dire j'ai rallongé, etc.; il 
faut que je rallonge, etc. S'emploie quelquefois pour vanter ou 
renter, 

repouser, v., reposer, poser de nouveau; prendre du repos, dor- 
mir : N' dèrainge pas V mailaide, V r'pouse, c'est-à-dire il dort. 
Se r'pouser, s'eurpouser, se reposer. 

rkpousoi, n., reposoir. — Voir pairaidis. 

rrpousot, n., endroit plan sur une petite éminence — un rebord de 
fossé, par exemple — le long "d'un chemin, d'une montée, etc., 
où l'on peut s'asseoir avec une hottéeet se relever facilement en- 
suite. — R'posou, G. et R. 

rbpousoub, n., bâton qui sert à supporter, à soulever un peu la 
hotte qu'on a sur les épaules, quand on veut se reposer sans 
s'asseoir : Mets ton rpousoû desou (dzou) ton hotte et airrêle-te 
ein poicho pou souffler. Se confond parfois avec le mot précédent : 
rpousot. — R'posou, endroit propre à se reposer quand on porte 
un fardeau, G. etR. 

réprouves (ailler aux), expression qui signifie aller aux preuves, 
quand on est accusé à tort d'avoir dit ou fait quelque chose, aller 
demander des explications aux personnes qui ont répandu 
ces faux bruits, ou desquelles l'accusateur prétend tenir ce qu'il 
a avancé. 

requinquer (s'), v., outre son sens français, signifie se regimber, 
se rebéquer, répliquer vertement, se redresser en quelque sorte 
pour mieux protester contre les paroles de quelqu'un qui fait des 
reproches, donne des ordres, des conseils, etc.: Ah! ï n se la- 
cherai pas mainger lai laine su ïdos, ctul-lai t ï s'eurquinque 
d'aivance. V ast-ï bintôt r'quinqué ! c'est-à-dire est-il bientôt sur 
la défensive ! — Voir reginguer. 

résida, n., réséda. 

résipére, n., érysipèle. 

résous, part, pas., s'emploie comme adjectif pour résolu, déter- 
miné, hardi, brave : Oh, gnirai pas l' trouver, V Préfet t gnast 
pas aissez résous pou çai, c'est-à-dire pas assez résolu, hardi. 

respectabe, adj., respectable. On prononce respectâbe et respec- 
table. 11 en est de môme de presque tous les mots en able. 

ressarré {été), être resserré, être constipé. On prononce rsarré ou 
eursarré. 

ressauter, v., rebondir. On dit aussi redonder. 

ressueu, v., sécher: Eul soleil ressue l % chemin. S* ressuer, so 



Digitized by 



Google 



38 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 

ressuyer, se sécher quand on est mouillé : Aillun-me ein p'cho 
d* feu pou nous ressuer (rè-sué). — Ressuer (se), se sécher après 
une sueur, ou après avoir été mouillé, Gros. 

rétabli, v., inf. et part, pas., rétablir et rétabli. On mouille 17. 

rètaimmer, v., étamer. On prononce quelquefois : Eurtaimmer. 

rètaimmoue, n., étameur, chaudronnier ambulant: Vlai V rètaim- 
moue ou l'eurtaimmoûe de cuillers (cu-iés), c'est-à-dire voilà réta- 
meur, le chaudronnier. 

rètapsôder, v., raccommoder grossièrement, rajuster, réparer du 
vieux, vieux, des objets tombant de vétusté, en particulier du 
linge, des vêtements en guenilles. Augmentatif péjoratif de raip* 
sôder, rapsoder. — Rètapsôder, raccommoder de vieilles hardes, 
Gros. 

r'étb, v., être pour la seconde fois, être de nouveau : V r'asten 
prinjon, c'est-à-dire il est de nouveau en prison. Se prend, le 
plus souvent, en mauvaise part. 

rbteurli, v., inf. et part, pas., recroqueviller, rétrécir, rider, et 
recroquevillé, rétréci, ridé. S'eurteurli, se recroqueviller, se ra- 
tatiner, se rider, se rétrécir. S'applique plus particulièrement 
aux fruits : Nos pommes seurteurlichent. Si tu pends tes rasins 
au p\aincher, i's s'eurteurliront, V grand air les r'teurlirai. On 
dit d'un visage ridé qui' ast tout eurteurli, c'est-à-dire tout ra- 
tatiné. — Voir rècoquiller et recrincheler. 

retirer (O, v > s'emploie pour se rétrécir: Lai flanelle s'eurtire 
quand an lai laive, c'est-à-dire la flanelle se rétrécit, etc. 

RBTONNB, n., tour incomplet qu'on fait en labourant un champ plus 
large à un bout qu'à l'autre. On fait eunne eurtonne chaque fois 
qu'on retourne, c'est-à-dire qu'on revient sur ses pas, avant d'être 
arrivé jusqu'au fin bout de la pièce. R'tonne, n., carte retournée 
à certains jeux de cartes. 

rbtonner, v., retourner. R' tonner ou eur tonner 'n' roie, retourner 
une raie, prendre en labourant une raie du champ voisin pour 
la mettre dans son propre champ. Absolument en r tonner, re- 
tourner une ou plusieurs raies, voler du terrain. S'en r'tonner, 
s'en retourner. 

retrait, n., s'emploie pour ressemblance, trait de ressemblance : 
/' ai des retraits de son grand-père. 

heu, n., ruisseau, ruisselet (Reû). 

&BUE, n., moue, grimace. Faire lai reue, faire la moue, la mine, 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 39 

bouder : /' fait 'ri reue, c f maitin, qu toutes les poules du pays 
ch... d'ssus. — Voir meue, pipion, cul de poule. 

reuille, n., rouiïle. 

reuiller, v., mouiller, se couvrir dérouille. On dit aussi vri. Reuïl- 
ler les ceux. Jo\v rouiller et rebouler. 

rêvassoue, n., rêveur, rôvasseur. — Voir remue. 

revas-y et revais-y (senti V), expression qu'on emploie plaisamment 
quand on vent dire qu'une liqueur, un vin, un plat, etc., a bon 
goût, est agréable, laisse l'envie d'y retourner, d'en reprendre : 
Quast-ce qui' sent mon vin? Y n'ai pas dégoût, hein? — Non, i' 
ri sent qu Veurvais-y, c'est-à-dire qu'est-ce qu'il sent mon vin? 
Il n'a pas de mauvais goût, hein ? Non, au contraire, etc. 

rbvenin,. v. inf., revenir. Présent du subj.: qu' j'eurvingne, que tu 
r'vingnes, etc.; part. pas. r'venun. — Voir venin. 

revi (de) rêvai (de). — Voir de revi, de rêvai. 

rèvoil, n., réveil. 

rèvoille-maitin, n. comp., réveille-matin. 

rèvoiller, v., réveiller et éveiller. On dit d'un enfant: /' ast bin 
rèvoillé (rèvoi-ié), pour il est bien éveillé. S'rèvoiller, s'éveiller, 
se réveiller. 

revoinge, n., revanche : Baille-me mai r'voinge, c'est-à-dire 
donne-moi ma revanche. 

revoinger, v., revancher ; défendre : An bait ton frère, vai don 
l'eurvoinger (On bat ton frère, va donc le défendre). Ser'voinger 
ou mieux s'eurvoinger, se défendre. Mas, t'ées aissezfort, pouliant, 
rvoinge-te, c'est-à-dire défends-toi. 

rêvoue, n. , rêveur, radoteur ; grognon, qui maugrée, rognone 
souvent à tort ou à raison. 

revoyure (ai lai) et revoyotte (ai lai), se disent parfois, en plai- 
santant, pour à revoir. 

rhaibiller, v., rhabiller; acheter, vêtir des habits neufs; faire 
cadeau d'un habillement : J' me rhaibillerai, f s'rai rhaibillè 
ai lai fête ("J'aurai, je m'achèterai, on m'achètera des habits 
neufs à la fête). Son parrain Vai rkaibillé pou sai pronmére com- 
munnion, c'est-à-dire son parrain lui a fait cadeau d'un habille- 
ment, etc. 

rhaibilloue, n., rhabilleur : Ein rhaibilloûe d' meûlin. 

rheumme, n., rhume. On prononce run-me. 

rheummblot et rhumelot, petit rhume; absolument le râle du 



Digitized by 



Google 



40 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIR VA IX 

mourant : /' ast ai l'aigonîn, ï ai V rheum.neht (run-melot). — 

Crâlot, Gros. 
riban, n., ruban. Riban de quoue, ruban de queue, long bout de 

chemin visible se déroulant devant le voyageur: Que riban de 

quoue enco f c'est-à-dire quel long chemin à parcourir encore ! 
ribandelle, n., ribambelle. 
ricainner, v., ricaner, rire sottement, à tout propos: Qui te ricainne 

(ricain-ne) pou rin, comme çai, vai ! On dit aussi ricaisser et 

nicaisser. 
ricainnoue, n., celui qui ricane, qui rit à tout propos, sottement. 

(Ricain-noûe) — Voir ricaissier. 

ricaisser, v., ricaner, rire niaisement. — Voir nicaisser. 

ricaissier et ricaissoue, n., celui qui ricaisse ou nicaisse. On dit 
aussi ricainnoue. 

ricandrillb, n., racaille, traîneur de route, truand ; homme de 
peu de valeur... On dit : Ç 'ast des ricandrilles, çast d % lai ri- 
candrille, comme on dit : ç'ast des trainoûes, ou çast d' lai ra- 
caille. 

ridé et ridié, n., rideau avec une nuance dépréciative le plus sou- 
vent. 

ridieau, n., rideau. 

ridielle, n. ridelle. Charcher charrotte dèridiellée, chercher char- 
rette sans ridelle, chercher chape-chute, une occasion de s'amu- 
ser, un désordre, etc. On dit dans un sens plus restreint : Char- 
cher souUor faire, soulier à refaire. 

rigodon, n., s'emploie pour régal, festin, repas copieux et gai, ri- 
bote : Faire ein rigodon. 

rillon (guè), n. corap., gué du ruisseau, gué formé dans le 
village par un ruisseau. — Vieux franc, riller, couler, ruijot et 
ruiot, ruisseau d'une rue. 

rin et ren (ran) t adv. et pron. ind., rien : Çai n vaut rin (Ça ne 
vaut rien). Ç' riast ran teut nette. ï ri ai rin ai faire. — Ré> 
rien, chose, P. T.; ré, rien, G. et R. 

rincée, n., averse reçue, essuyée: f* sont patis c* maitin et ïs 
ont zeûs 'ri bonne rincée su V dos. Au ùg., s'emploie comme 
orage, averse, pour réprimande, leçon. Rincée ou mieux rainsée, 
volée, raclée, décharge de coups. — Vieux franc, rainser, battre 
à coups de bâton. 

rioue, n. rieur. 

jtiPOPETTE, n., gens ou choses de peu de valeur, racaille, rebut: 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 41 

Ces gm$4ai, çast £ lai ripopeUe, c'est-à-dire des gens de rien, 
de la racaille. On dit dans le môme sens : Çast <T lai fripouille, 
d' lai p'tite bière, i* lai peur t intaille, d' lai raivaud'rie, du 
cVni, etc. — Ripopée, gens de peu de valeur, Thév. — De ri- 
popée? 
riqui et riquiqui, n., petit, chétif, de taille exiguë. S'applique aux 
personnes, aux animaux et quelquefois aux choses. Appliqué 
aux personnes, il ajoute souvent à l'idée d'exiguité une idée de 
vivacité, de gentillesse, de bizarrerie, de vanité plaisante, etc., 
et peut se prendre en bonne part : Comme ï s'eurdreusse eue petit 
riqui ou riquiqui-lai, comme % fait l'malin I et ç'ast gros comme 
pou deux \iards de beurre I c'est-à-dire comme il se redresse 
ce nabot-là, etc. Riquiqui, ginguet, vin de mauvais crû, de 
mauvaise année, vin sûr, aigrelet. 

risibb, adj., risible. Se prononce rîsibe et risible. 

risque (gnai pas d'), s'emploie ironiquement pour il n'y a pas à 
craindre, dans les phrases suivantes et les semblables : Ah, gnai 
pas d* risque qui 1 traivoille, quand ï fait si chaud qu çai ! 
Gnai pas d' risque qu f i' raimasse quiqucheuse en s'en aillant 
aux vingnes! c'est-à-dire il n'y a pas à craindre qu'il travaille, 
il se gardera bien de travailler, etc.; il n'y a pas à craindre qu'il 
ramasse quelque chose, etc. Dans cette dernière phrase on veut 
faire entendre qu'il s'en va trop tard, et que les objets perdus 
sont ramassés depuis longtemps. 

risquer, v., s'emploie par antiphrase, avec un sens menaçant, 
ironique, dans les expressions suivantes : Ah, tu ne risques rin, 
ou d* rin, vai, euje te raittraiperai bin sans courre ! (Ah, tu 
risques gros, tu peux préparer tes côtes, etc.) Tu ne risques rin, 
j'te frai airrainger pa ïmaîte d'école, c'est-à-dire tu n'as qu'à 
te bien tenir, gare à toi, etc. 

rive, n., s'emploie pour côté; limite d'un champ, d'une propriété, 
dans le sens de la longueur, par opposition à bout : Les bouts et 
les rives de mon champ. F ai des bônes ai lai rive d'en bas, c'est- 
à-dire du côté du bas. Vlai V bout et lai rivet c'est ainsi, 
voilà mon dernier mot ! M'ner sai rive, mener sa rive, tenir 
son bout, bien travailler, ne pas rester en arrière au chantier. 

rivérb, n., rivière. 

rivot, n. , rivet. 

ro, n., roi : T s* laive les paittes toutes les fois que Yro passe, c'est- 
à-dire il ne se lave jamais les pieds. 

t, u 4 



Digitized by 



Google 



42 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 

robottb, n. dim., petite robe, robe d'enfant. On dit aussi bobot. 

rocher, y., crépir, enduire un mur de plâtre, ragréer, badigeonner, 
crotter, souiller de boue : Euje venons de faire rocfier note mu- 
veille, et vlai qu tu lai déroches, rai roche sai cueulotte jus- 
qu'aux gênons — Voir, dans ce dernier sens, barder et rem- 
barder. 

rochot, n., petit cotillon mince qui traîne, qui bat les jambes; co- 
tillon usé, râpé, déteint : T n'aivôs mins quein méchant rochot, 
et j'ètos gellée, c'est-à-dire je n'avais mis qu'un mince jupon, 
etc. — De rochet ? ou de rocher, qui se roche, se crotte facile- 
ment? 

roghoue, n., ouvrier qui roche, plâtrier, plafonneur. 

rochurb, n., enduit de plâtre, de mortier, badigeon : T fait cheur 
lai rochure, ï déroche. — Voir rocher. 

rode, adj., raide. Se prononce rodieu. De même rodi (en mouillant 
le d 9 rodAi), raidir, dérodi, etc. 

RODiNGOTTB, n., redingote, paletot en général. Avec ironie, mépris, 
roding\aude ou rodinglôde: Pace qu'ï met 'rigrant' rodinguiaude, 
ï s' crot bin (T quoi. 

rôdoub, n., rôdeur. On mouille souvent le d: rôdioue. 

rôge, n., roise, rouissoir, routoir, fossé, mare où l'on fait rouir le 
chanvre. — Roise, eau morte où le chanvre se rouit, Gros.; 
roise, id., Thév. — Vieux franc, roise, rouissoir. 

roie et rôe, n., raie ; spécialement raie de terre : An mai r' tonné 
d'où trois roies dans mon champ de... c'est-à-dire le voisin m'a 
pris deux ou trois raies, etc. — Voir retonner. — Vieux franc. 
roie. 

rôle, n., instrument pour tirer ou ranger la braise du four, espèce 
de racloir muni d'un long manche. Ne pas confondre le rôle 
avec le feurgonqm sert à exciter le feu, ni avec le ragot : Prends 
V rôle, eurtire lai brége, et peâs, bailôe ou bailoille, les cendres 
d'aivev l' ragot. — Vieux franc, roable, rouable. 

rompurb, n., hernie : T ai 'ri rompure qui V fait bin soujfri. On 
dit plus souvent : ï ast rompu, il est rompu. — Du verbe rompe, 
rompre. 

roncher, n., rancher, montant placé de chaque côté et à chaque 
bout de la charrette, pour maintenir les ridelles, ou pour les 
suppléer. — Vieux franc, ranche, ranchier. 

ronfloue, n. ronfleur, qui ronfle d'habitude : T riaimme pas les 
ronf\oûs (ronfioû), surteut quand ïs ronflent si fort. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 43 

rongeon, n., trognon de pomme ou de poire; reste d'un fruit, d'un 
morceau de pain, etc., rongé: T m'ai j'tié ein rongeon <f 
pomme au nez (Il m'a jeté un trognon, etc). Jen' veux point 
<f tes rongeons, c'est-à-dire de tes restes, du pain que tu as 
rongé, etc. 

rongnoler, v., rognonner, grommeler.— Voir botteler. 

roqubladre, n., bêtement long, redingote ou paletot, avec dédain. 
On dit aussi rodinglôde. — Voir rodingotte. 

Roquer (ou rauquer ?), v., rendre au frottement un son dur et sec. 
On dit que les dents roquent, qu'un os déboîté roque, etc. : T ai 
p't-èie bin quiqucheuse de dèmins ; çai roque quand an li r'mue 
ï braîs, c'est-à-dire il a peut-être bien quelque chose de 
démis, etc. 

rossée, n. , fessée, frottée, correction. — Voir dégelée, pile, etc. — 
De rosser. 

rôt, n., rôti de porc exclusivement. 

Mementomo qu' t'aies maingé du rôt 
Et qu* tu n'en maingerales pas de sitiôt : 

Parodie du Mémento homo du jour des Cendres. 

rôte, n., espèce de hart pour lier les fagots, lien; brin de bois 
vert en général, surgeon : Aies-tu des rôtes pou loïer tes sar- 
ments f S'ï n (écoute pas, pends V bonne rôte (ou rorieu en 
mouillant le*) et f...Âi 'n' dégelée. Le hart qui sert à lier les 
gerbes se nomme plus particulièrement loi en (lo-iain). La cime 
de la rôte est tordue en une espèce de boucle dans laquelle on 
fait passer le gros bout du brin ; au contraire, c'est le gros 
bout du loien qui se tord autour de la cime. — Vieux français 
reorte, roertre, roorte, rorte, roollon, rooite, etc. 

rôtie, n., tartine : Eunne rôtie de beurre ; eunne rôtie de confi- 
ture. 

rotier, n., gril : Prends-l' rotier et mets ton beudin dessus, c'est-à- 
dire prends le gril et mets ton boudin dessus. — Vieux français 
roteil, rotiaus et rostier. 

roti-pain, n. comp., grille-pain, ustensile de cuisine pour faire 
griller du pain. 

roubar, n., vaurien, mauvais sujet, drôle (?) 

rouelle, n., roue de l'avant-train de la charrue. On dit plutôt 
hirson. 

bougeotte, n., espèce de champignon comestible d'un rouge vio- 
lacé (?). 



Digitized by 



Google 



44 PATOIS DE LA FORÊT DE C! A lit VAUX 

bougie et rougée, n., rougeole, maladie exhanthématique. 

rouichon, n., échantillon de chanvre. — Voir essayon. 

rouiller et REuiLLBR les œux, faire les gros yeux pour inspirer 
de la crainte, rouler les yeux. — Voir rebouler. 

roulant (chadon, chadion et chaidion), n., panicaut, eryngium 
campestre. 

roule, n., espèce de long rouleau de foin ramassé au milieu du 
champ pour être chargé sur la voiture. On met ainsi le foin en 
roule, quand il est bien sec et qu'on peut se dispenser de le mettre 
en tas. 

roule (de), loc. adv., de façon à pouvoir rouler. Se dit de la ma- 
nière de placer les tonneaux parallèlement à l'axe, sur les 
douves, debout, par opposition à de bout, sur le fond. 

roulée, n., œuf teint, œuf de Pâques. Bailler à un enfant ses rou- 
lées, lui donner des œufs de Pâques : Euje te baillerais tes roulées 
ai Pâques, mon gaichenot. Le double sens de ce mot, qui 
signifie aussi volée, décharge de coups, donne lieu à de nombreux 
calem bourgs. 

roulé-gras, expression qui signifie très gras, fin gras. — Gras comme 
une boule de graisse ? Gras à rouler ? 

roulot (pois), n. comp., pois, petit pois; sans doute pour distin- 
guer ce légume du haricot qu'on nomme aussi pois, et qui ne 
roule pas? Ceux qui raffinent disent pois rond. 

roulotte, n., disque de bois scié plus ou moins perpendiculaire- 
ment à l'axe, au bout d'un arbre non équarri, d'une branche 
ronde, etc., que les enfants de la campagne font rouler pour 
s'amuser ; bille, boule, sphère, en général tout ce qui peut rouler. 

roupie, n., s'emploie pour désigner la caroncule du dindon. On dit 
aussi naque. 

roupioux, n., roupieux, qui a souvent la roupie au nez. 

rousée, n., rosée. De même airrousèr, arroser, airrousaige, arro- 
sage. 

rousse et rousset, adj. n., roux, rousseau, rouge, en parlant des 
personnes et des animaux : Oh, V peut rousse t c'est-à-dire oh, le 
vilain roux 1 

routelot, n. dimin., roitelet, petit oiseau. 

ItoYOR, h., fossé, saignée, petit canal d'irrigation, rigole; sillon, 
raie : Griai pus pas V gueutte d' Veau (d' ieau) dans les royons 
(ro'ions) des prés. ïai planté mes pois en royons. — De rayon, 
rayonner? 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 45 

rubrique, n., s'emploie pour réplique, tour, stratagème, ruse, 
excuse : Ah, ï ai de bonnes rubriques, eul mâtin I (Ah, il a de 
bonnes répliques, etc.). En v'iai V rubrique t c'est-à-dire en 
voilà une ruse, une excuse ! 

ruche, n., petite averse subite et qui ne dure guère : Tons r'çu 
V bonne ruche de p\eue, ou simplement, V bonne ruche. 
Ceux qui raffinent prononcent rouche et rouge. — Yoitaicueullée. 
— On dit aussi passade. 

ruchée, n., averse un peu plus prolongée que la ruche. 

ruellotte, n. dim. de ruelle, petite ruelle. 

ruge, n., ruse. 

rugé, adj. et n., rusé. 

rungne, n., ruine. 

rungnb, part, pas., ruiné. 

rungnrr(s'), v., se ruiner. 

saclot, n., sarcloir, instrument dont on se sert pour sarcler : J'ai 
raigugé mon sâc\ot. 

sacler, v., sarcler : J'ai sâc\é (sâquié) lai moitié d' mon seillon. 

sacloue, n., sarcleur. (On mouille l). 

saga, n., souillon, femme malpropre; femme toujours pressée, qui 
ne prend pas le temps de soigner son ménage. Voir magâ. Peut- 
être ces deux mots n'en font-ils qu'un, et saga n'est-il qu'une 
prononciation défectueuse de magâ. 

sai, n., sac. Eulle en ai pleun son sat, elle en a plein son sac, c'est- 
à-dire elle est enceinte. 

sai, adj. pos., sa. 

saibbait, n., sabbat; bruit, tapage, vacarme. En parlant d'un 
enfant bruyant, remuant, difficile à garder, une femme dira : /' 
m' fait V saibbait. 

saibot, n., sabot. Casser son saibot, en parlant d'une fille, faire un 
faux pas, devenir enceinte. 

saiccaiger, v., saccager, briser, mettre en pièces ; endommager, 
fouler aux pieds, en parlant de récoltes, de terres ensemencées, 
de plantations. 

saichenot, n. dim. de sac, petit sac, sachelet, sachet. 

saicquée, n., sachée, contenu d'un sac, un plein sac. 

saide, adj., doux, moelleux, d'une saveur agréable dont le type 
est la saveur de la noisette. Ne s'ap^licjue qu'aux choses cornes- 



Digitized by 



Google 



46 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 

tibles : Çast bon, ç'ast saide, ç'ast saide comme de lai noujotte. 
— De l'ancien adjectif sade, agréable, charmant? 

sailé, n., porc salé. Sailé, part. pas. de sailer (saler), salé. 

sailemeure (ou sailmeure?), n., saumure. — Voir meûrotte. 

sailer, v., saler. Se sailer, à certains jeux d'enfants se neutraliser 
en quelque sorte momentanément, se mettre hors de prise, ne 
plus faire partie des joueurs, afin de replacer le but, par exemple, 
de satisfaire un besoin, etc. 

sailoue, n., saloir, vase, espèce de tonneau où Ton sale le porc. 

saingkh et chainger, v., changer, échanger : J'ai chaingé mon 
champ pou le sien. ï chainge son cKfau bane pou ein aiveug\e, 
c'est-à-dire son cheval borgne contre un aveugle. 

sainglb, n., sangle; ceinture, écharpe, avec mépris : Eul maire 
i' ai mins sai saingle, c'est-à-dire le maire a ceint son écharpe. 

saingler, v., sangler, ceindre: Te v'iai saingU (sainguié), c'est-à- 
dire te voilà sanglé, ceint. Jeu de mots avec saing\ier (sanglier), 
qui se prononce de la même manière. On prononce de même 
aussi cingler, cingler. 

sainglier, n., sanglier : Eunne pieau d' saingUer (Une peau de 
sanglier). Se prononce absolument comme saingXer (sainguier), 
sangler, et comme cing\er {cinguier) t cingler, ce qui donne lieu 
à des jeux de mots plus ou moins grossiers. — Vieux français 
sengler. 

sainglot, n., sanglot. Pousser son darré sainght (sainguiot), expi- 
rer. De même sainghter, sangloter. 

saipingne, n., sapine, seau plus large et moins haut que le seau 
ordinaire, servant à soutirer le vin. — Sapine, seau de sapin, 
Gros.; sapine, baquet à deux anses servant à soutirer le vin, G. 
etR. 

saivaitb, n., savate; avec mépris, soulier; babouche, pantoufle, 
etc. Jouer ai lai saivaite, jouer à une sorte de jeu qui se nomme 
ailleurs jeu du furet. S'emploie au fig. comme en français. 

saivaot, n. et adj., savant. 

saivoir et saivoi, v., savoir. Fut. euje sairai; cond. prés, euje sai- 
rôs; prés, du subj. quef saive, etc. En saivoir de belle, ne pas 
savoir du tout ce dont il s'agit, ce sur quoi on est questionné, et 
de plus, n'avoir aucune raison pour le savoir : J'en sais de belle t 
c'est-à-dire que me demandez-vous? Où diable aurais-je appris 
cela ? Comment voulez-vous que je sache ? etc. Réponse imper- 
tinente le plus souvent. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CL AIR VAUX 47 

saligôdron, n. 9 saligaud, homme sale sur soi ; qui salit tout ce 
qu'il touche ; qui travaille salement. — Voir salpétrer. — De 
salir et de gôdron, goudron ? 

saur et sailir, v., en parlant d'un champ, produire beaucoup de 
mauvaises herbes, de plantes adventices : Çast ein terrain qui 
salit toujous p\eun (C'est une terre qui produit toujours beau- 
coup de mauvaises herbes). Ces champs-lai salichent en diâbe. 

salpétrer, n., salpêtrier; homme sale sur soi, sale en travaillant, 
qui fait malproprement, qui gâche sa besogne; au 6g., qui parle 
grossièrement. On dit dans le même sens saligôdron. 

sandale, n., s'emploie pour savate, vieux soulier; pantoufle, 
chaussure en général, avec mépris. 

sangonnant, adj. sanglant, ensanglanté, dégouttant de sang : 
r ai raippouté ein Méve, son carnier % ast tout sangonnant. 

sangsuce, n., sangsue. 

sanve, sénevé sauvage, sinapis arvensis. 

sanvin (ou sent vin?), n., cornouiller sanguin, cornus sanguinea. 
Aivoi des chantiers d' sanvin — espèce de jeu de mot sur sanvin 
(sans vin) — n'avoir plus de vin dans sa cave, sur les chantiers 
de sa cave. 

saquet, n., petite secousse. Y ailler par saquets, pousser par sa- 
quets 9 pousser irrégulièrement, par petites secousses, etc. 

sarchbr, v. — Voir charcher. — Vieux franc, sercher. 

sargot et s argot, n., secousse violente et brusque, cahot. S'em- 
ploie particulièrement quand il s'agit des secousses d'une voiture. 
On dit plus généralement hoquelot. 

sarpe, n., serpe. Par antiphrase, drot comme eunne sarpe, c'est-à- 
dire courbe, tortu. On dit de même drot comme eunne faucille, 
drot comme mon braîs quand euf me mouche, etc. 

sarpent, n., serpent, couleuvre, etc., ophidien en général. 

sarpottb, n. dim., petite serpe, serpette. — Sarpotte, serpotte, 
serpe, P. T.; sarpotte, serpette, G. et R. 

sarre, n., serre ; spécialement aclion de serrer, de presser les rai- 
sins au pressoir : I's baillent lai pronmére sarre, c'est-à-dire 
ils pressent les raisins pour la première fois. Baillei* lai darrére 
sarre, se dit en plaisantant pour manger, prendre part au festin 
qui suit le pressurage. 

sarrer, v., serrer. De même les dérivés, dessamr, desserrer, 
rsarrer, resserrer, rsarrement, etc. 



Digitized by 



Google 



48 PATOIS DE LA FOBÊT DE CL AIE VAUX 

sassot, n. dim. de sas, petit sas. 

saupbe, prép., sauf, excepté. 

sausse (ou sauge ?), n., saule, salix. 

Tonne, tonne, sausse l 

Su lai côte de Bar-sur-Aube, 

J'ai rencontré 'n' beurbis fouirouse, etc. 

(Tourne, tourne, saule ! etc.) Espèce de grossier refrain que 
chantonnaient les enfants de nos pays en même temps qu'ils 
frappaient avec le manche de leur couteau, afin de séparer l'é- 
corce, le bout de rameau de saule dont ils voulaient faire un sif- 
flet. — Sauce, saule, Gros.; sauce, saule, P. T. 

sauterelle, n,, cep de vigne recouché; espèce de petit provin fait 

d'un seul cep renfoncé en terre. 
sautoue, n., sauteur. 
sautret (ou sauteret, sautrait?), n., œuf de la mouche à vers ou 

le ver à peine éclos. — De sauter, qui saute? 

sauvagin, n., sauvageon ; jeune pied d'arbre sauvage destiné à re- 
cevoir une greffe. — Vieux franc, sauvagin, sauvage. 

sauve, interj., sauve-toi, fuis, dérange-toi, gare: Aillons, sauve! 
ouf vas t' écraser. Sauve ! vlai tai mère qui vient d'aiveu ein 
rain. 

scéier, v., scier : An vai scéier (sé-ie) l'abre. 

sgéiure, n., sciure (Sé-iuré). 

scellé, part, pas., écorché par la marche, la chaleur, etc., à l'in- 
térieur des cuisses. S'applique plus spécialement aux petits en- 
fants. — Voir aicueu. — Scellé, se dit des cuisses des enfants 
entamées dans le maillot, Gros. 

SCUEILLER, SCUEILLI, et ESCUEILLER, ESCUEILLI, 6tC., V., SOCOUer, 

agiter : Scueille ow. escueille eul blocher (Secoue le prunier) Eus- 
cueille tai blaude, ï y ai du feu d'aiprées. Ah, f te scueillerai, 
vai! c'est-à-dire je te secouerai, je te corrigerai, va! — On dit 
de môme escouer ou euscouer. — Sequeiller, secouer vivement, 
rincer, Thév. 

se, pro. pers., soi. Teut, tout ou tôt pa se, seul : S'en ailler teut 
pa se (S'en aller seul, tout seul). On dit de même : T s'en vai 
tôt pa lu, il s'en va tout par lui, c'est-à-dire seul, tout seul. — 
Voirjwi. 

se', n., sel : Mets-li ein grain d f se su lai quoue. Se £ bique et sel 
de bique, cristaux de carbonate de chaux qu'on trouve dans les 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 49 

champs, soit isolés, en forme de petites boules, soit enchâssés 
dans une autre pierre. — Sey, L. C , P. T.; se, G. et R. 

séiance, n., séance. Un exemple des mombreux cas d'iotacisme, 
dont nous parlons, page 21 de l'introduction. 

seillon, n., sillon, aire, division, partie d'un champ comprise entre 
deux raies creuses. 

sellotte, n. dira., petite selle, sellette; escabeau, petit banc à trois 
pieds : Aicheute-te su tai sellotte, c'est-à-dire asseois-toi, etc. Se 
confond avec selle. 

semoue, n., semoir, espèce de grand tablier où le semeur met la 
graine à semer; semeur, celui qui sème: Mon s' moue ï ast 
p'ché. Tu seummes {sun-me) tout par p\alces : tu fais ein bieau 
s' moue, j* m'en moque t c'est-à-dire tu sèmes par tas, inégalement. 

senterot, n. dim., petit sentier, — Vieux franc, senteret. 

seré, n., séran, sérançoir, peigne à peigner le chanvre. — Vieux 
franc, serens. 

sbro, n., soleil : Eul s'ro ï ast mailaide aujd'heu (Le soleil est ma- 
lade aujourd'hui). Ce mot n'est guère employé qu'avec une 
nuance de plaisanterie. — S'ié, soulet, soleil, P. T.; sole, soleil, 
6. et R. 

serôs, sbrot, sourôs, sourot, etc., cond. prés, du verbe saivoir, 
savoir; s'emploie pour le présent de l'indicatif ou le conditionnel 
présent du verbe pouvoir : T n 9 s'rôs faire çai, non je n' sourôs V 
faire; je ri s'rains vous payer, etc., c'est-à-dire je ne peux ou 
je ne pourrais faire cela ; nous ne pourrions, etc. 

sbtier (ou seutier?), n., chacun des deux associés formant 
ensemble une charrue: Tai ein méchant seutier qui nast jainmas 
prêt (J'ai un mauvais associé qui n'est jamais prêt). Ailler ai 
seutier, être associé, s'associer avec un autre laboureur pour 
former ainsi à deux un attelage de charrue, quand on n'est pas 
organisé de manière à pouvoir faire sa culture seul, particuliè- 
rement quand on n'a qu'un cheval et peu de terres. On laboure 
alors un jour pour l'un, un jour pour l'autre : Euje vons ai 
seutier d'aiveu mon onde. Dans quelques villages sosson. — As- 
sentie, asseutier, associé, associer, Gros. — Vieux franc, soçon 
et sosson, compagnon, camarade, ami. — De sequor? 

seu, n., seuil : Eul seu d' lai pote, c'est-à-dire le seuil de la 

porte. 
seu et sou, n. — Voir aissou. — Vieux franc, seu et sou, étable à 

pourceaux. 



Digitized by 



Google 



50 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 

sbucer, v., sucsr. De môme les dérivés r'seûcer, sucer de nouveau, 
seûçot, etc. 

sbuçon, n., suçon. Seûçon, n. , espèce de mouchoir de poche que quel- 
ques petits enfants sucent avant de s'endormir, et qu'on nomme 
aussi non-non et nin-nin, mouchoir sale ; enfant qui suce son 
doigt ou son mouchoir : Mets ton seuçon dans tai poche. Grand 
seûçon t tu seûceraies don jousquai temps qu'an f mairie ? On dit 
aussi seûçot. 

seuçot, n., enfant qui suce son doigt ou son mouchoir; labiées dont 
les enfants sucent les fleurs pour en tirer le miel, particulière- 
ment le lamium album et la salviapratensis. — Voir seûçon, ces 
deux mots se confondant souvent dans l'usage. 

seugue, v., suivre: Je n' s'rôs Vseugue (Je ne saurais le suivre). 
Présent de l'indicatif, euf sens ; futur, evj' seuguerai ; présent 
du subjonctif, que]' seugue; participe présent, seuguant; parti- 
cipe passé, seugu. — Seug, suis, L. C; je te seug, je te suis, 
P. T.; seugre, suivre, 6. et R. — Vieux franc, segre, suivre. 

seule, n., solive, soliveau, poutre : Les seules du plaincher. V y 
ai pleun du lard de pendu d'aiprées les seules. Ct f âbre-lai 
pourrot fournin 'ri petite seule. — Vieux franc, solle, seule, 
solive. 

sbunailler, v., fréq. de seûner, sonner souvent, d'une façon inter- 
rompue, irrégulière ; sonner de manière à ennuyer, à fatiguer 
les gens; sonner mal. 

seuner, v., sonner: F s ont seûné les cloches (quioches) toute lai 
nettt. — Snay, L. C. ; Senay, sonner, P. T. — Vieux français 
suner. 

seunoue et sonnoub, n., sonneur, celui qui sonne les cloches. — 
Seneux, sonneur, L. C, P. T. 

sieau, n., seau, vaisseau à puiser de l'eau. Sieau ou scieau, n , 
espèce de petit bondon. 

sieur, suieur, n., sueur. 

signelle (ou cignelle ?), n., senelle, spécialement le petit fruit de 
l'aubépine : Euri mainge pas des cignelles, çai (frot v*nin des 
poux, c'est-à-dire cela te ferait venir des poux. 

sineau (ou sinot?), n , étage fait de planches, de claies, de perches, 
etc., sous les combles, pour mettre le foin, grenier à foin. — Sinot, 
perches jetées sur des étables où l'on place du foin, Gros. — 
Vieux franc sanail, endroit où l'on met le foin; synau, 
sinault, dessus d'une bergerie ; san, foin ; sanic, menu foin. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 51 

sïnbautîs (ou sinotîs?), n., espèce de sineau, grenier à foin plus 
rustique encore, plus provisoire que le sineau. 

singne, n., signe : Fais4% vor sinpie. Fais F singne de lai croix. 

singner, v., signer : Griast pas saivant, ï n* sait pas seulement 
singner son nom. De môme singnature, singnalement, etc. 

singneulle et siNGNOLLB, n., espèce de dévidoir, manivelle, spécia- 
lement la manivelle du treuil qui sert pour tirer l'eau d'un puits. 

— Vieux franc, signolle, soignolle. 

si tellement, loc. adv., s'emploie par pléonasme pour tellement, 
tant : T ai si tellement p\u que lai tarre eulle en ast toute 
détrempée, c'est-à-dire il a plu tellement, il a tant plu, etc. 

sitiôt, adv., sitôt, aussitôt. De même aussitiôt, aussitôt. 

so, adj., sec. Au fém., soche, sèche. 

socheron et ghogheron, n., pré sec où il pousse peu d'herbe. 

sochi, v., sécher. — Voir chochi. 

socle, n., cercle. — Voir code. 

soclier, n., cerclier. — Voir çoc\ier. 

soi et so, n., soif: J'ai soi, ou/at so (J'ai soif). — Soi, soif, L. 
C, P. T., G. et R. 

soie ou soye, n., cheville de fer qui retenait les limons d'une char- 
rette à l'essieu. Ces chevilles sont aujourd'hui remplacées par 
des chanti gnôles qu'on nomme èchantignoles. — Vieux français 
soyée, soye, cheville. 

soiller, n., pierre d'évier : Mets ton aissiette sale su V soiller 
(so-ié). On dit aussi laivier. — Vieux franc, seiller, lieu où 
l'on met les seilles ou seaux ; yauve, eau, yauver, arroser. 

soingnoux, adj., soigneux. 

soleil couché (d' Vaute coûté d % ), expression qui signifie loin, 
bien loin : r ast au diâbe, Un lun, d Vaute coûté d' soleil couché, 
c'est-à-dire au-delà de l'endroit où le soleil se couche! 

sombre, n., terre qu'on laisse reposer, jachère : Les beurbis vont pa 
les sombres. Lâcher ein champ en sombre, laisser un champ en 
jachère. — Sombre, n., premier labour donné aux terres en 
repos : An vai c'mencer V sombre, c'est-à-dire, le labour des 
terres en repos, en jachères. Le second labour se nomme recas. 

— Sombre, terre en repos, premier labour, Gros. — Voir som- 
brer. 

sombrer, v., donner le premier labour de l'année aux sombres, aux 
jachères ; donner le premier labour aux vignes. — Voir recasser 



Digitized by 



Google 



52 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIR VAUX 

et recouler. — Sombrer, donner le premier labour de printemps, 
après une récolte d'orge ou de sarrazin, Tb. 

somme, n., s'emploie pour sommeil : Aivoi somme, c'est-à-dire 
avoir sommeil, envie de dormir. 

sonnot, n., son, écorce des graines de céréales moulues : V y ai du 
sonnot pleun note pain Eul méchant sonnot t An dirot du sonnot 
d'orge. — Sonà, son de farine, Gros. 

son, n., soir : /' crie du maitin au sor, c'est-à-dire il pleure du ma- 
tin au soir. 

sosson (ou soçon?, n. f associé de charrue. — Voir setier. 

son, v., inf. et part, pas., sortir et sorti. Soti d' faire, venir de 
faire: Mes courvées? j' sors de les faire, c'est-à-dire je les ai 
faites il n'y a pas longtemps, je viens de les faire. On mouille 
souvent le t : sot-li. — Soyti. sortir, P. T. 

sotie, n., sortie : Ç'astmai pronmére sotie aufd'heu. 

sottige et sottise, n., s'emploie le plus souvent pour injure : V rn 
dit des sottiges (11 me dit des grossièretés, des injures). C'est 
dire eunne sottise à quelqu'un que de l'appeler voleur, ou imbé- 
cile, par exemple. 

sottisioue et sottisoue, n., diseur de sottises, d'injures, homme 
grossier, mal embouché. 

sou et seu, n., étable à porc. — Vieux français sou. — Voir 
aissou. 

soublbh, v., siffler : /' souble (soubieu) dans sai c\é (quié), c'est- 
à-dire il siffle dans, avec sa clef. — Vieux franc, sibler et subler. 

sooblot, n., sifflet : JTai fait ein soub\ot (soubiot) d'aiveu d 9 lai 
sausse (voir sausse). Coutieau ai soubiot, petit couteau d'enfant à 
manche de bois formant sifflet, eustache. — Vieux franc, siblet 
et subie t. 

soubre-coup, n., comp., contre-coup : Ç'ast le soubre-coup qui mai 
fait mau, c'est-à-dire c'est le contre-coup, etc. 

soubriquet, n., sobriquet. On dit aussi nom, dans le même sens : 
/' m dit des noms, c'est-à-dire il me dit des surnoms, dev 
sobriquets. 

souchon, n., partie d'un animal de boucherie, bœuf ou vache, com- 
prenant les muscles internes de la cuisse. 

souchotte et chouc hotte, n. dim., petite souche, petit tronc ; spé- 
cialement le tronc et la racine de la vigne, même le cep entier : 
Gnai pus d' feuilles d'aiprées les souchottes. Toutes les sou- 
ckottessont motes. — Voir dans ce dernier sens cop et billon. 



Digitized by 



Google 



■--<••■ ■'■■- — -'-M 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAtJI 53 

souci, n. sourcil. Se prononce absolument comme souci, inquié- >^ 

tude. ' . J'î' 

soucier {ri pas s), s'emploie pour : ne pas consentir volontiers, 
n'être pas disposé à. . . Viens-tu d'aiveu moi ai lai foire ? — Je 
ri m'en soucie pas, c'est-à-dire cela ne me plaît guère, je ne suis guère 
disposé, etc. Ce n'est point un refus formel. 

soude, adj., fém. de sourd, sourde. Ce mot, comme la plupart 
des mots où se trouve la syllabe ou, a trois prononciations diffé- 
rentes, selon les villages: soude, seude et sodé. De plus le d se 
mouille quelquefois. 

soudé, n. adj., qui est très sourd, sourd comme un pot : Tu ri en- 
tends don pus rin, soudé ? Se prend le plus souvent en assez 
mauvaise part. 

soue, n., petit trou creusé en terre pour servir au jeu de billes *t s 
au jeu de boule au bâton. 

souffler (ri pas), ne rien dire, se taire : Euri souffle pas t — Voir 
brancher, grouiller, etc. 

soufflot, n., soufflet : Prends V souffbt (soufjlot) et souffle eul feu 
(souffieulfeu). Soufflet, coup, se dit c\aque. 

souhaite (je vous en), s'emploie pour joliment, bien loin de là, ah 
bien oui ! etc.: Aies-tu gaingné ai lai loterie ? — T vous en sou- 
haite I c'est-à-dire j'ai joliment gagné, c'est bien à moi que ces 
choses-là arrivent ! etc. 

souhaiter (t" ri s* rot pas aï), s'emploie pour : il n'est pas possible, 
et, si c'était, gare à toi !... Momman, je ri seus pas zeû ai 
V école auj'd'heu. — Ah ! t ri s rot pas ai souhaiter t c'est-à-dire 
tu plaisantes, j'espère, mais si tu disais vrai, gare! Il ne 
serait pas à souhaiter pour toi que tu aies fait cela, etc. 

soulaire, n., vent du midi, ou plutôt du sud-ouest : 

Soulaire 
Met lai pleue en l'air ; 
Et drot vent 
Lai répand; s 

c'est-à-dire et droit vent (le vent d'ouest) la répand, la fait tomber. 

— Soulers, vent du sud, Gros.; soulaire, vent d'Orient, P. T. ; 

solaire ou soulaire, vent de l'est ou du sud-est, G. et R. 
soûlant, n., s'emploie pour soulard, ivrogne, qui est saoul, qui a 

l'habitude de se saouler. 
soulever, v., s'emploie pour enlever, voler: Taivôs lâché mai 

pioche ai mon odon, et an m' l'ai soulevée. 






Digitized by 



Google 



54 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 

soulier du bon Dieu, n., ancolie vulgaire. — Souléro, ancolie, G. 
et R. — Ces noms sont dus, sans doute, à la ressemblance des 
pétales de cette Oeur avec un petit soulier. 

soulior faire (ou soulio r'faire?), imitation du cri des savetiers, 
contraction et prononciation défectueuse de soulier à refaire. 
Charcher sou-ior faire. — Voir ridielle. 

soupe, seupe, sope (naivoi pas maingé aissez <f), n'avoir pas 
mangé assez de soupe, s'emploie pour n'être pas assez grand, 
assez âgé, assez fort, etc.: Ta, chaisser ?... ta, t'mairier ?... ta, 
m'empoîcher d! passer ?... Ah, tu n aies pas enco maingé aissez 
d! seupe ! 

soupe en vin, n., orchis à fleur violacée, Yorchis militaris et l'or- 
chis variegata, croyons-nous. 

soupe, n., s'emploie pour désigner l'extrémité postérieure du fer 
de la charrue, la partie d'arrière où se trouvent fixés les 
manches. — De sous pied ? 

sourcer, v., sourdre, jaillir : Veau sourçot d' lai mureille, c'est-à- 
dire l'eau sourdait, etc. 

sourcîs, n., endroit mouvant d'un terrain d'où l'eau suinte plutôt 
qu'elle ne sourd : Ces champs-lai i's sont bin mouvants, ï y ai 
des sourds tout pa teut. 

sourdingne, n., sourdine. Ai lai sourdingne, à la sourdine. 

sourdité, n., surdité. 

souriat, n., petit cochon, cochon de sourie. S'emploie en plaisan- 
tant pour désigner un enfant malpropre. 

sourie et sourée, n., troupeau de jeunes porcs (voir lanceron) : 
Vlai ein marchand d' couchons qui passe d'aiveu V belle sourie. 
— Vieux franc, soure, troupeau de porcs. 

souriot, n., espèce de tubercule farineux, comestible, de la gros- 
seur d'une petite noix environ, produit par la racine d'une om- 
bellifère, le bunium bulbocastanum. — Sorelle, plante, bulbocas- 
tanum, terre-noix, Gros. 

souRis-vouLAHTB,n., souris volante, chauve-souris.— Souris-chaude, 
chauve-souris, Gros. 

soutrait, n., litière, paille, mauvais foin, etc., dont on recouvre 
d'abord le sol avant de commencer une meule, afin que le grain 
ne soit pas en contact direct avec la terre ; sous-main, buvard, 
papier qu'on place entre la table et la feuille sur laquelle on 
écrit. 

statuer ou estatuer (se), v., s'appliquer beaucoup, mettre toute 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 55 

son attention, se concentrer, s'absorber : /' s'estatue toute lai 

jonnée su les livres. 
stô et stoue (ou stau?), il., siège. — Voir aichetâ. 
su, prépos., sur : Mets ton chaipé su tai tête. Su, interj., debout, 

lève-toi, en route, allons vite 1 A une personne assise ou couchée, 

ou dira : Su I et partons. Su t v'iai deux heures que tu dors. — 

Du vieux franc, sus ? 
subtil, adj., s'emploie au prop. pour vif, agile, preste, et au 6g. 

pour adroit, ingénieux : Saute vor pa d'ssus lai hâe ? Tu n'aies 

pas aissez subtil, hein f 
sucre, n., s'emploie pour suc: Çast f sucre (T lai terre; ç'ast V 

sucre de Vharbe. On dit également le sucre d'uu fruit, le sucre 

d'un mets, etc., pour l'essence, le meilleur, la partie la plus 

substantielle, la plus savoureuse. 
sue, n., suie : T ai d* laisuepleun note chemingnée. 
surteut, adv., surtout. 
suyon (ou suillon?), n., sureau: D«J fleurs de suy on (su-ion). 

— Seuillon, sureau, Gros. 

t, s'emploie quelquefois comme lettre euphonique ou explétive : 
Ç'ast d' t'ai vous, çast d' (ai leux, etc.. (C'est de vous, c'est 
d'eux). Ces phrases ne sont-elles pas un mélange, une confusion 
de : C'est à vous et c'est de vous, c'est à eux et c'est d'eux, etc.? 

ta et to, pron. pers., toi. 

tabatioux, n. adj., priseur, qui prise beaucoup, surtout qui a le 
nez plein de tabac, qui sent le tabac. 

tabb, TAiBEetTAiBLE, n., table: T ai renv'ché lai tabe. On prononce 
tabe et table, taibe et taible. 

tablette et taiblette, n., alphabet, croix de Jésus, croix de par 
Dieu : Empoute tai tablette ai l'école et n lai perds pas. 

taboulement, n., action de tabouler, tabourement, élancement. — 
Voir tabouler. 

tabouler et taibouler, v., labourer; frapper à coups redoublés sur 
un objet plus ou moins sonore, soit en travaillant, soit par dis- 
traction; se prend en mauvaise part dans les deux cas : Tai ta- 
boulé su nos meuds toute lai semainne, et gnai enco rin (T fait 
(Il a travaillé au rhabillage de nos tonneaux, etc.). Tu m' casses 
lai tête ai toujous tabouler comme çai su lai table. — Tabouler 
quéquun, battre, corriger quelqu'un. Tabouler, en parlant d'une 
douleur, d'un mal, causer des élancements : Jai ein clou qui 



Digitized by 



Google 



56 PATOIS DB LA FORÊT DE CLAIRYACX 

m' taboulé (J'ai un clou, un abcès, qui m'élance, qui me cause 
des élancements). On dit de même par analogie: Les dogts m' 
taboulent de frod. — Tabouler, frapper à coups redoublés, Gros.; 
tabouler, frapper, battre, Thév. — Vieux franc, tabouler, 
frapper, faire beaucoup de bruit ; taborer, tabourer, battre le 
tambour. 

tacoter et taicoter, v., tapoter, frapper doucement, à petits coups; 
battre, corriger (voir tabouler); faire semblant de travailler, 
perdre son temps à des travaux peu pressants, futiles: Eul volet 
gnétot pas bin frommé, ï ai tacoté toute lai neut. En piaice de 
s' dèpoicher ai boicher ses vingnes, t" tacote pa sai majon. 
Voir dans ce dernier sens baicuter, beurlauder, tanuger, etc. 

tacotot, n., qui tacote, qui perd son temps à des riens, qui tra- 
vaille peu habilement, avec peu de courage. 

TAFFioNet taiffion, n., nippe, colifichet, falbala, ornement, vête- 
ment de luxe; vêtement de femme en général, avec mépris : /' 
vaurot meux queulle gadée * son airgent pou payer ses dettes que 
d'aicheter tant de taffions. 

tai, adj. poss. fém., la : Peurte^ne taip\eumme {piun-me), c'est-à- 
dire prête-moi ta plume. 

taiche, n., tache: Eunne taiche (téche) dheule, c'est-à-dire une 
tache d'huile. 

taicher, v., tacher. 

tailer, v., taler, fouler, froisser, meurtrir. — Tailer, meurtrir, 
Gros. 

t' ai l'heure, contraction de tout ai Vheure, tout à l'heure, c'est- 
à-dire dans un moment, bientôt. 

taille, n., talle, jeune pousse d'arbre et même de plante; spécia- 
lement jeune pousse de la vigne : /' y ai des rasins d'aiprées 
chaique taille {tèle). — Talle, jeune jet de la vigne, Gros. 

tailon, n., talon. — De même les dérivés : tailonner, tailon- 
nette, etc. 

tailure, n., meurtrissure, foulure, contusion. 

tailus, n., talus; le dernier cerceau placé à chaque bout du ton- 
neau, sur le jable, à côté et au-delà du sommier. 
tairi, v., inf. et part, pas., tarir et tari : Noteputsï ast tairi, ou 

t vai s' tairi. 
tairibuster, v., tarabuster. 

1 Le d se mouille. Gadée y gaidiêe, gaidie, etc., espèce d'imparfaits 
du éubjonctif : le présent est gade ou gaide. 



\ l 



PATOIS DB LA FORÊT DB CLAIRVAUX 57 

talaire (ou talère?), n., espèce de losse, de tarière pour amorcer, 
amorçoir. — Vieux franc, tairelle, talière. 

talandier, n., taillandier. 

talifon et tailifon, n., morceau mal taillé ou plus gros qu'il ne 
convient, particulièrement en victuailles; gros morceau de pain, 
de viande, morceau mal coupé, énorme bouchée : T copedestali- 
fons d' pain, t" en mainge, ï en ai aivaile des talifons t (Il 
coupe des morceaux de pain, il en avale des bouchées I) Se prend 
le plus souvent en mauvaise part. — Voir quater. 

talipe et tailipe, n., miette, vestige, trace: s'emploie seulement 
dans cette expression: Gn'en reste pas talipe, c'est-à-dire il n'en 
reste pas une miette, pas trace. On dit de môme fistule et quel- 
quefois chipette. Nous avons entendu certaines personnes pro- 
noncer galipe ? 

talvande et tailvande, n., dessous de la gouttière à l'intérieur du 
bâtiment ; espace qui se trouve sous le rampant du toit, c'est-à- 
dire entre le toit et le mur où s'appuient les chevrons. 

talvandier et tailvandier, n. On avait donné ce nom, sous le 
premier empire, à quelques conscrits réfractaires de nos 
villages qui s'étaient cachés sous ou dans les talvandes. 

tamoin, n., témoin; petite brioche, reste de pâte, qu'on met au 
four en même temps qu'une plus grosse, et qu'on retire un peu 
avant, afin de pouvoir goûter et s'assurer ainsi de la qualité, de 
la réussite, de la cuisson, etc., sans être obligé d'entamer la 
pièce principale. — Vieux français témoing, montre, échan- 
tillon. 

tan, n., bryone dioïque, bryonia dioïca. 

tanner, et tanner d' coups, v., battre avec cruauté, donner une 
forte correction : /' V tanne (tan-ne), ou ï V tanne de coups, 
c'est-à-dire il le roue de coups. Tanner, v.,mal faire un travail, 
une besogne, spécialement en agriculture : ï n' l'ai pas rabouré 
son champ, % l'ai tanné (tawné). T n' lai fauche pas sai luzarne, 
t" lai tan-ne: c' nast ni fait ni ai faire. 

tant (pousque ç'ast), puisque c'est tant, locution qui signifie 
puisque, puisqu'il en est ainsi : Pousque ç'ast tant qu tu n' veux 
pas m* obéi, je n' te d manderai pus rtn, c'est-à-dire puisqu'il en 
est ainsi, que tu ne veux pas, etc. 

tantainnbs, n. (Voir dandainnes). 

tant qu et plus, loc. adv., beaucoup, en grande quantité. Aivoi 

T. LI 5 






- 



Digitized by 



Google 



58 PATOIS DE LA FORÊT DB CLAIRVAII 

S l'airgent tant qu et plus, avoir beaucoup d'argent. En dire 
tant qu' et plus, en dire par-dessus la corde, faire des reproches 
sanglants, agonir d'injures, etc. 

tanuger, v M perdre son temps à des travaux futiles, à des riens 
(voir tacoter) ; plus particulièrement traîner sa besogne en 
longueur, faire durer le travail trop longtemps. Ceux qui raffinent 
disent tanuser : le ser doux aimant à se changer en ger. 

tanujot, n., qui tanuge, perd son temps à des riens, traîne sa be- 
sogne en longueur ; homme lent, peu habile, mauvais ouvrier. 

tapée et taipée, n., grande quantité, averse, avalanche : J'aiftié 
V piarre d'aiprées V cacâtier, et ï ai cheu 'n' tapée d' cacas. 
— Voir tournée. — On emploie aussi dans ce sens les mots décoc- 
tion et tambour igniée. 

taper et taipeb, v., frapper; crever, éclater avec bruit; crever, 
mourir en parlant des animaux, et particulièrement crever pour 
avoir trop mangé : An tape ai lai pote (On frappe à la porte), T 

J£ ai fait taper eunne aimorce; ï ai fait taiper V veussie (Il a fait 
éclater, détonner une capsule, etc.) Note vaiche eulle-l-ast trop 
pleunne, etUle vai taiper, c'est-à-dire elle va crever, pour ainsi 
dire éclater bruyamment. — Voir tapot. 

tapin, n., tambour, avec dédain, celui qui tambourine ; drap 
grossier sur lequel on met les cendres de la lessive, charrier 
(voir fleuré) ; drap bleu à grands ramages blancs, qui servaient 
autrefois de couverture, de dessus de lit. 

tapot et taipot (ou tape au?), n., bout de sureau évidé — c'est-à- 
dire dont on a enlevé la moelle — avec lequel les enfants s'amu- 
sent à lancer des balles de chanvre ou de filasse. Chaque coup 
s'accompagne d'un bruit, d'un claquement plus ou moins so- 
nore. Tapot, n., une espèce de silène, silène inflata, dont les 
enfants font claquer, taper le calice. Tapot, n., outil avec lequel 
on tape, on bat l'aire d'argile d'une grange, pour la rendre com- 
pacte, unie, et l'empêcher de se crevasser. — Taperiau, sureau 
creusé dans lequel une boule de chanvre en chasse une autre 
par compression, Gros. 

taqubr, v., tisser, tistre : Toquer d' lai tôle (Tisser de la toile). Du 
bruit de tic-tac que fait le métier du tisserand? Tic, tac, prends, 
etc. — Voir èchevotte. 

taquiotte et taiquiottb, n., plat de la couverture d'un livre car- 
tonné ou relié : /' ai cassé les taquiottes (ou tacXottesT) de sai 
géographie. 



Digitized by 



Google 



■'#5? 



PATOIS DE LA FORÊT DB CLAIRVÀUX 59 

tarauder et TAiRAUDER, v., s'emploie pour corriger, battre, don- 
ner une volée... Ce mot de patois douteux n'aurait-il pas été 
introduit dans le langage par des gens de métier, maréchaux ou 
mécaniciens? On dit dans le même sens burinei\ Voir aussi 
trempe. 

tarme, n., terme : Note vaiche evlle vai pas d'ssus son tarme, c'est- 
à-dire dépasse son terme. Ai tarme de, au lieu de, loin de, au 
contraire : Ai tarme de m'aidier, i* m'eurtade, c'est-à-dire au 
lieu de m'aider, il me retarde. 

tarre, n., terre. Peu employé. 

tartre et tarte, n., tertre, sommet, plateau. 

tatille, n., tatillon, tatillonne, qui tatillonne, qui bavarde sans 
cesse, qui dit des riens, qui fatigue de ses bavardages. On dit de 
môme tatiller, pour tatillonner. — Tatille, tatillon, femme ba- 
varde, Thév. 

tatingner et TAiTiNGNBR, v., tâtiner, manier sans précaution, tou- 
cher indiscrètement : /' n' faurot pas tatingner ces prêches-lai 
(Il ne faudrait pas manier, toucher, ternir ces pêches-là). On 
dit dans le même sens patingner et peuçoyer. — Tatiner, ma- 
nier, Gros. 

tatouille, taitouille, tatouillon, n., qui tatouille; en particu- 
lier femme qui fait tout à la hâte, qui gâche tout, qui tatouille 
au lieu de laver, par exemple; correction, volée, décharge de 
coups : r V M ai /*... V s... tatouille, c'estrà-dire il te lui a 
flanqué une fameuse volée. 

tatouiller et TAiTouiLLER, v., remuer, agiter l'eau avec ses 
mains (voir patouiller et gargouiller) ; gâcher la besogne, parti- 
culièrement en fait de cuisine, cuisiner mal ou malproprement : 
Je n veux point d' son gâtieau qu'eulle ai tatouille en peingnant 
ses p'tiots. 

tatouillis et taitouillis, n., eau sale dans laquelle on a tatouille; 
mauvaise cuisine, trop délayée, trop mélangée, malpropre. 

taudion, n., taudis, maison sale, mal tenue. Se prend en très 
mauvaise part, et s'applique plutôt à l'intérieur, au ménage, au 
mobilier. 

taupérr, n., taupinière, petite butte de terre soulevée par la 
taupe. 

taure, n., taureau. Taure bannal (ban-nal), injure qui signifie 
taureau par excellence, triple taureau. — Vieux franc, thoureau, 
taureau; thoré, géoisse, jeune vache. 



m. 



Digitized by 



Google 



60 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIR Y AUX 

taureler, v., se dit de l'action du taureau sur la vache : F l'ai 
taur'lée. — Tauriner, Gros. 

taurie, n., jeune taure, petite génisse. Les beaux parleurs disent 
toire. 

tayilloN) n., espèce de latte large sciée en lame de rasoir. 
tàvillonner, v., poser, clouer sur les chevrons le tavillon qui 
supportera la tuile. 

tavin, n., taon, tabanus, la grosse mouche qui tourmente les ani- 
maux. 

té, n. f taupe-grillon, courtilière. — En forme de T? 

té, adj. et pron., tel, telle : Té mère, té fille. Téjou ast V pronmer, 
té jou ast V huit, c'est-à-dire tel jour est le premier, tel jour est 
le huit. 

têchon, n., tesson, débris de poterie, de vase brisé; avec mépris 
tète, caboche. 

teilles, n. pi., tailles, impôt : Tons payé nos teilles et nos 
courvées, c'est-à-dire nous avons payé nos tailles, etc. 

teinde et toinde, v., teindre. Imp. euje teindôs ou toindôs; subj. 
prés, que j' teinde ou toinde; part. prés, teindant ou toindant ; 
part. pas. teindu ou toindu. — De même dèteinde, r teinde, etc. 

teindoue et toindoue, n., qui teint, teinturier. 

teintière, n., têtière, espèce de muselière du cheval. 

temps, n., s'emploie pour ciel : Eut temps % ast p\eun d'ètoles (Le 
ciel est plein d'étoiles). /' ast fier, tast haut comme eul temps, 
c'est-à-dire il est orgueilleux, altier, haut comme le ciel. 

tende, v., tendre. De même les composés : aittende, étende, en- 
tende, prétende, r' tende, etc., attendre, étendre, entendre, pré- 
tendre, retendre, etc. 

tendon, n., bugrane rampante, ononis repens; l'épine de cette 
plante : J'ai ein tendon dans lai main, c'est-à-dire j'ai une épine 
de tendon, etc. 

tenin, v., tenir. T pèdrot son c... s'ï n' tenot pas. Fut. euje tien- 
rai; cond. prés, euje tienrôs; part. pas. tenun, t'nun. Bailler 
des beurbis ai t f nin ou ai r'tenin, donner des brebis, un 
troupeau à bail cheptel. De même les composés r'tenin ou rèt'nin, 
retenir, aippartenin, appartenir, soutenin, soutenir, etc. 

tenot (ou teneau?), n., cuvier, petite cuve à lessive: J'ai des 
hades p\eun mes deux t'nots. — Tenô, Gros. 

tenrk, adj., tendre : Du pain tenre; d* laxpiarre tenre. — Tenre, 
tendre, frais, Gros. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIR VAUX 61 

tenrerb (miche), vache qui vient de voler, fraîche de lait : Ç'ast 

V vaiche tenrére, eut lait gn'ast pas si gras. 

tenun, n., tenue, maintien, dégaine: Tiens-te meux qu çait Vlai 

V belle tenûn qu (aies lai ! On allonge le son un en le pronon- 
çant, pour former le féminin, pour remplacer en quelque sorte 
le son de Ye muet. 

terre-breulee (en vouloir comme), en vouloir beaucoup, avoir une 
haine profonde : ï m'en veut comme terre-breàlée, c'est-à-dire il 
me déteste, il m'en veut à mort. Est-ce en vouloir comme terre 
breulée en veut ? ou en vouloir comme on en veut à terre breûlée ? 
Nous n'avons jamais pu nous expliquer littéralement le sens de 
cette expression. 

trrringnb, n., terrine, vase de terre, espèce de grand creuset. 

terroux et tarroux, n., terreux. Ein cul terroux, une fille de la 
campagne dont les parents possèdent des terres. Se prend en 
mauvaise part : I's digent que note maîte d'école, en p\aice de 
penre eunne belle demoiselle de lai ville, t" s'ast mairie d'aiveu 
ein cul terroux qui n' sait quasiment pas lire. 

tétar (ou têtard?), n., cornue de l'alambic: rai si tellement 
chauffé son ailambille qu'i' ai fait sauter V tétar. 

tedle et tieule, n., tuile. On dit tuilot (tuileau) et non teulot. — 
Vieux franc, tieule. 

tbummere et tumbré, n., tombereau : Sarge çai dans ton teumm'ré. 
Désigne aussi le contenu d'un tombereau : Ein teumm'ré d' fien. 
J'ai teû trois tumrés d' pommes de terre dans mon champ. — 
Vieux franc, tumerel, tumereau, tombereau. 

teummerée et tumerée, n. f., contenu d'un tombereau, charretée : 
Eunne teumm'rée d* pommes d' terre. C'est le mot précédent fémi- 
nisé. 

TEURBiLust, v., marcher en trébuchant; chanceler après s'être 
heurté à quelque obstacle, chanceler en avançant ou sur place : 
r s'en vai en teurbillant (Il s'en va en trébuchant, en se heur- 
tant à tous les obstacles du chemin). Euje me sens boqué dans V 
piarre, fat teurbillé et peusj'ai cheû.J'air'çu ein cueup d* poing 
qui m'ai fait teurbiller. — Voir teurteler. 

tburbillot, n., qui teurbillé, qui a l'habitude de teurbiller, de tré- 
bucher, de chanceler, de se heurter aux objets. Se confond avec 
teurt'lot. 

teurteladb et tortbladb, n., action de teurteuler ou de teurbiller, 



Digitized by 



Google 



62 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIR VAUX 

faux pas suivi de plusieurs autres qu'on fait précipitamment 
pour reprendre suréquilibre. — Voir teurteler et teurbiller. 

teurteler et torteler, v., chanceler, marcher comme un homme 
ivre, tituber : Tètos si foib\equej' teurt'lôs. Marque en général 
une action de plus de durée, moins accidentelle que teurbiller : 
L'homme qui a reçu un choc teurbille, l'homme ivre teurteulle; 
mais ces deux mots se confondent souvent dans l'usage. — De 
tarte ire? 

teurtelot, n., qui teurteulle, qui a l'habitude de teurt'ler, peu so- 
lide sur ses jambes ; qui se heurte à tout, étourdi. 

teusser et t'sser, v., téter : J'ons deux aingnées qui teussent lai 
même mère (Nous avons deux agneaux qui tètent, etc.). Popa, 
note vieau n veut pas t'sser. — Si I j'vas bin V faire teusser, vai, 
moi. On voit qu'on prononce teusser ou t'sser selon la terminai- 
son du mot précédent. 

teussi, v., inf. et part, pas., tousser et toussé : T ai teussi tente lai 
neut; f n' fait qu teussi. 

teussotte, n., espèce de tétine artificielle, de biberon improvisé 
fait ordinairement d'un chalumeau et d'une guenille, dont on se 
sert pour faire boire les jeunes animaux, en particulier les 
agneaux qu'on élève sans mère. 

tbussoue et toussoue, n., tousseur, qui tousse d'habitude, qui en- 
nuie à tousser. 

tbut et tôt, adj. et pron., tout. Selon les villages, on prononce 
tout, teut ou tôt, toute, tente ou tote, ètout, èteut ou ètot (aussi), 
etc. — Teut pa teut, adv. Voir tout pa tout. 

tiaçd et quiaçu? Contraction de qui ast-çu, qui est-ce. qui est 
celui...: Tiaçu qui en veut ?(Qui est-ce qui en veut? Qui est 
celui qui en veut?) On dit de môme : Diâbe ast-çu qu' çai ? c'est- 
à-dire diable est-ce cela ? 

tiaffer, v., faire avec la bouche en mangeant ce bruit que font 
certains animaux, le porc en particulier : Euri tiaffe pas comme 
çai, c' n'ast pas prope. On dit aussi lai gueule li tiaffe, comme 
on dit lai gueule li c\aque, ou lai gueule lifrioule (voir friouler) : 
Sitiôt qui' voit lai tabe dreussée, lai gueule li tiaffe, c'est-à-dire 
il est impatient de manger, l'eau lui vient à la bouche, il fait 
déjà claquer ses lèvres comme s'il mangeait.... — Onomatopée. 

tiatia et tata, n., terme enfantin qui désigne la viande : T aimme 
bin lai tiatia, note enfant, aillez, c'est-à-dire il aime bien la 
viande, etc. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CL AIR VAUX 63 

tiatias, n., espèce de grive, qu'on nomme aussi drainne. Onomato- 
pée du cri de cet oiseau : tia-tiâ. — Quias-quias, espèce de 
grive, Gros.; tiatia, grive, P. T.; quia-quia, porc, terme d'en- 
fant, Thév. 

tignache et tingnachb, n., teignasse, terme de mépris pour 
désigner la chevelure, et, par extension, la tôte : Oh, que 
tignache ai poux t An n' peut rin li faire entrer dans lai 
tingnache. 

tignoux, adj., teigneux. Au Gg. entêté, cabochard. 

tille, n., écorce ou partie de Técorce d'un brin de chanvre prise 
séparément, filament de chanvre : Vlai V tille qui vai cheur 
de tai dée. — Voir dée et tiller. 

tiller, v., teiller, casser le brin de chanvre pour en détacher l'é- 
corce. — Vieux franc, teiller, ôter, enlever ? 

tillol et tillot, n., tilleul. 

tilloter, v., rompre, briser quelque chose de ligneux, comme on 
brise le chanvre, fendre de manière à réduire en lattes minces, 
en éclats. S'emploie surtout en parlant des arbres rompus, bri- 
sés, fendus par la foudre ou le vent : L'oraige tai brigé tous 
les popiUers ; t y en ai qui sont cassés, fendus, tillotés, en bouts 
d'aillummeUes (ailun-mette).— Tilloter, briser, mettre en pièces. 
Se dit seulement des corps ligneux, Thév. 

timonner, v., ennuyer, talonner, importuner, tarabuster, dans le 
but de persuader, de décider, de convaincre : Je n' 1* vendrai pas 
mon champ, non, % airai bieau m' timonner. 

tintamarre, n., espèce de van nommé aussi tarare. Du bruit que 
fait cet instrument ? 

tiôt, adv., tôt : /' vaut tneux pus tiôt qu pus tard. De même les 
dérivés, aussitiôt, bintiôt, etc. 

tiran, n., tiroir avec une nuance de dépréciation. D'ordinaire on 
dit tiroi, 

tirk-lairigot et tire eul rigot (boire ai), boire à tire-larigot. 

tire-monde (mère), n., sage-femme. 

tirer su et tirer d'ssus 'n' cheuse, avoir une certaine ressemblance 
avec une chose, s'en rapprocher : Lai mugue çai tiré su lai lu- 
zarne (Le mélilot a une certaine ressemblance avec la luzerne). 
/' n' pale pas français, t" pale allemand... ou, si c' n'ast pas 
d' l'allemand, çai tire bin lai-d'ssus. 

tiroue, n., tireur, chasseur : Çast einbon tiroûe, c'est un bon ti- 
reur, un bon coup de fusil. 






Digitized by 



Google 



64 PATOIS DE LA FORÊT DE CLÀIRVAUX 



tisse, n., meule de blé, ou d'autres céréales, en grange. — Voir 
pontée. — De entesser, ent'ser, entasser? Nous avons entendu 
prononcer entisser. 

titi, n., mamelle, gorge, sein de femme. Mot du dictionnaire en- 
fantin qui s'emploie en goguenardant... — De téter î 

tocane, n., mauvais vin, de mauvaise provenance, de mauvaise 
année, piquette. — Voir reginguet. 

tode, v., tordre. Part pas. todu et todiu. De môme les dérivés de- 
iode y détordre, r'tode, retordre, etc. 

tôgnée, n., lutte corps à corps, action de tôgner, peignée. La tôgnée 
suppose rarement des coups donnés ou reçus... Quand, dans une 
lutte, une espèce d'assaut, le vaincu est renversé, on dit qu'il a 
été tôgné, qu'il a reçu sa tôgnée. Ne pas confondre avec breâlée, 
dégelée, frôlée, pile, etc., quoique la tôgnée dégénère assez souvent 
en véritable bataille. — Voir tôgner. 

tôgner, v., empoigner à bras le corps et culbuter. S' tôgner, lutter 
à qui sera le plus fort, se colleter, essayer de se culbuter, plutôt 
que se battre sérieusement: Tôgnez-vous vor, vos deux (Col- 
letez-vous voir, vous deux). Ts s' sont tôgnés, mas i's n* se sont 
point fait mau. 

toib et toe, n., taie : Eunne toie d'oriller; eunne toe d' let. 

toillon, touillon et tôdion, n., souillon, femme sale sur elle, sale 
dans son ménage. — Voir tatouille et gôion. — Vieux français 
toullon, torchon. 

toindb, v. (Voir teindej. 

tôle, n., toile : Que grosche femme f Mas ffaut autant d' tôle pou li 
faire eunne cheminge que pou rhaibiller ein meûlin. 

toli, v., inf. et part, pas., priver, privé ; faire tort, être frustré : 
F tolit sai femme de teut, c'est-à-dire il prive sa femme de tout, 
elle n'a aucun droit, elle ne jouit de rien... Euje sens zeû toli 
d' bin des cheuses dans lai sucession (On m'a frustré, on m'a fait 
tort de bien des choses, etc.). — Vieux franc, tollir, ôter, enle- 
ver de force. 

tonde, v., tondre, couper les cheveux. Tonde les beurbis, tondre 
les brebis. De même r'tonde, retondre. 

tondoue, n., tondeur, perruquier coiffeur : Baille-me don Vaidreusse 
de ton tondoue ? Çai dot été ein m'nusier, pousqu'% t'ai fait des 
escaliers (Donne-moi donc l'adresse de ton perruquier ? Ce doit 
être, etc.). V ast tondoue, c'est-à-dire il est perruquier, coiffeur. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIBVAUX 65 

tonnailler, v., fréq. de tonner (tourner), tourner souvent, tour- 
ner mal à propos, etc. On dit de même r tonnailler, retourner 
souvent. 

tonnant, n., tournant^ détour: Au tonnant d' lai route, c'est-à-dire 
au tournant, à l'angle de la route. 

tonné, part, pas., tourné. S'emploie pour prêt dans cette expres- 
sion : Gnast jainmas tonné, c'est-à-dire il n'est jamais prêt, il 
n'en finit pas, quel lambin ! 

tonnée, n., tournée, voyage. — Voir tournée. 

tonn'lier, n., tonnelier. On mouille 17 : tonriMer, à peu près 
ton-nié. 

tonneb, v., tourner : Tonne don vor ton chaipé autrement (Tourne 
donc voir ton chapeau autrement). Qu'ï tonne, qui vire, x n 
réussirai pas y c'est-à-dire qu'il fasse ce qu'il voudra, les démar- 
ches, les efforts qu'il voudra, etc., il ne réussira pas. Se 
prononce et se conjugue absolument comme le verbe unipers. 
tonner. De même les composés détonner, détourner, r'tonner, re- 
tourner, etc. 

tonnot, n., plateau de bois sur lequel on pétrit, on fait et souvent 
on sert les galettes, les tartes, etc. 

toquard, n.,qui a une grosse tête; au fi g. cabochard, entêté.— De 
toque? 

toquer, v., heurter, frapper, taper : T m'ai toqué en passant (Il 
m'a heurté, etc.). Toquer ai lai pote, frapper à la porte. — Voir 
boquer. — Vieux franc, toquer, même sens. 

torche, n., s'emploie pour brandon (voir marque). Torche, n., tro- 
chée : Eunne torche d'harbe, c'est-à-dire une trochée d'herbe. 
Torche, n., pièce de linge lavée, encore molle et tordue: Vai 
étende les d'où trois torches qui sont daji laivées, c'est-à-dire va 
étendre les deux ou trois hardes, etc. — Torche, voyez frotte, 
Gros.; torche, brandon, Thév. 

torché (été bin ou été mal), être mal habillé, sans goût, sans soin, 
être fagoté * Te vlai bin torché! (Te voilà bien fagoté!) /' ast si 
mal torché! c'est-à-dire il est si mal habillé, avec si peu de 
goût 1 On dit dans le même sens : été bin ou mal ficelé, été bin 
ou mal jabi, été bin ou mal gôné, etc. — Torché bien ou mal, 
bien ou mal arrangé, Gros. — Vieux franc, torcher, travailler 
grossièrement. 

torchée, n., trochée, cépée : Eunne torchée de sainfoin; eunne tor- 
chée d 9 noujotter. On dit aussi torclie. — Troche, pied d'herbe 



Digitized by 



Google 



66 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAÏRVAUX 

sauvage ou potager, Gros.; troche, plante d'herbe à pied touffu, 
Thév. 

torcher, v., s'emploie pour taller en parlant des plantes, particu- 
lièrement des céréales : Note b\ê griast pas fondé, mas ï 
torcherai au bon temps. T faut boire sept coups en tnaingeant V 
roulée, ai Pâques, pou faire torcher les blés. — Trocher, pulluler, 
Gros. 

torchette, n., ne s'emploie — ou du moins nous n'avons entendu 
employer ce mot — que dans cette expression : n^te comme tor- 
chette, c'est-à-dire très net, très nettement, très proprement, tout 
à fait, sans hésitation, etc. : Çai l'ai copé net K comme torchette 
(Ça l'a coupé très net, sans difficulté). Euje li répondras çai, 
moi, net comme torchette, c'est-à-dire sans hésitation, sans bargui- 
gner. 

torment, n., tourment. De môme les dérivés : tormenter, tour- 
menter, tormentant, tourmentant, tormentoue, tourmenteur, etc. 

tortiller, v., hésiter à prendre un parti, réfléchir, lanterner, ter- 
giverser : Gn'ai pas ai tortiller, t faut qu tu me V vendes (Il 
n'y a pas à hésiter, à réfléchir, etc.). Quast-ce que tu tortilles 
don ? Mairie-V don, pousqui' veut s* mairier. — Voir rédiculer, 
jaser, épier, etc. 

tortillon, n., ce qui est tortillé, tordu, roulé sans précaution, 
chiffonné, en parlant de paille, de foin, de linge, et d'autres 
choses semblables : Ein tortillon d'ètrain (Une poignée de paille 
tortillée). V met son col en tortillon (Il met sa cravate en corde, 
en torchon). Une vache aivaile des bons tortillons d*harbe, c'est- 
à-dire de bonnes goulées tortillées. Par analogie on dit également 
qu'une personne aivaile des bons tortillons d' pain. . . — De tor- 
tiller. 

tôt, n., toit : /' ai cheû ai Vaivailêe du tôt, c'est-à-dire il est tombé 
du toit. 

tôtive, adj. des deux genres, hâtif: Des rasins tôtives (Des raisins 
hâtifs). Gnastpas tôtive, dit-on, en parlant d'un homme qui ne 
se lève pas matin, qui n'est pas pressé, qui est souvent en retard 
dans ses trawtux, etc. — Tôtif, hâtif, Gros. 

tôtivet, n., râpé fait avec des raisins cueillis un peu avant la ma- 
turité, ou du moins quelques jours avant la vendange, dans les 



1 Ce mot se prononce d'ordinaire au masculin comme au féminin, 
c'est-à-dire en faisant sonner fortement le t : net-t. 



Digitized by 



Google 







'3 




* , *"i 



Digitized by 



Google 



,* 



^ 



PATOIS DB LA FORÊT DE CUIR VAUX 67 ' 'M 

années où Ton manque de vin : Euje riaivains pus ai boire, fons £| 

fait ein tôtivet, pou ri pas nous mette eut bec ai Y eau pendant lai • )ç$ 

vnainge. D'ordinaire ce sont les pauvres gens qui font des ^ 

tôtivets. V?- 

toto, n., mot du dictionnaire enfantin qui signifie soulier : T airai 
des bieaux totos ai Pâques, note Fanfan, c'est-à-dire il aura de 
beaux petits souliers à Pâques. 

tôt-tôt (Marie), n., femme toujours pressée, qui fait tout en cou- 
rant, et, par conséquent, tout mal, tout à demi ; brouillon, 
gâcheuse de besogne. — Voir tatouille. 

totu, adj., tortu. Ein ϝ totu, une crotte de poule ou de coq : Note 
co % ri pond qu' des Ϟs. totus. 

toturer, v., muser, faire des pas inutiles, perdre son temps ; s'oc- 
cuper à des choses de rien par paresse, par désœuvrement, etc., 
au lieu de faire la besogne principale et censée plus difficile. 
Voir tacoter, tanuger, etc. Toturer signifie plus spécialement 
perdre son temps en flâneries, en allées et venues : T s'en vai 
toturer d'aiveu son feusil, c'est-à-dire il va perdre son temps à 
chasser, à braconner. 

toturot, n., qui Mure, qui flâne. Voir tanujot, tacotot. Toturot, 
n., par plaisanterie, la vigne, le cep tortueux qui va de 
tous côtés : Du jus d' toturot, ç'ast d' l'heule de braîs, c'est-à- 
dire le jus du cep, de la vigne, c'est de l'huile pour les bras. 

touche et teuche, n., s'emploie pour manière, maintien, tenue: 
Oh, % ai 'ri peute touche ! c'est-à-dire une vilaine tenue, une 
triste dégaine. — Voir tenûn. 

toue ! toue ! et choub 1 choue t interj., cri dont on se sert pour ap- 
peler les chiens : Tiens, toûe I toûet ou choûe t choûe t — Tou, 
interj., pour appeler un chien, Thév. 

touffe (faire), faire un temps lourd, épais, une chaleur étouffante: 
Eut temps, i* ast couvri, mas t" fait touffe, c'est-à-dire le temps 
est couvert, mais il fait chaud cependant, une chaleur lourde, 
étouffante. — Touffa, temps chaud et lourd, Gros., Thév. 

toujous, adv., toujours. 

toulipe, n., fleur, tulipe : Fanfan lai toulipe. : : \ 

toulon (ou tout long?), n., champignon comestible qui pousse dans N : 

les friches, une espèce d'agaric, croyons-nous (?). V 

toupette, n., houppe, touffe, flocon, et spécialement la houppe du 
bonnet de coton. 

tour et tourbt, n., rouet à filer. — Vieux franc, touret. 



\';r 



•-Si 



68 PATOIS DE LA FORÊT DE GLAIRYAUX 

tournée, n., s'emploie pour quantité, abondance, etc., et pour vo- 
lée, décharge de coups : J'ai raippotUé des estragots d'aux vingnes 
et j'en ai maingé'n bonne tournée (J'ai rapporté des escargots des 
vignes et j'en ai mangé beaucoup, sans compter, une grande 
quantité). On dit aussi tapée dans ce môme sens. F. . . li V tournée, 
c est-à-dire Qanque lui une raclée, une brossée. Voir dans ce 
dernier sens dégelée, frottée, tatouille, trempe, tripotée, etc. — 
Tournée, dans le sens français de voyage, se dit tonnée. 

tourniole et torniole (ou tourgnole ?), n., coup, chiquenaude, 
mornifle, taloche. La tourniole se donne ou se reçoit comme la 
chiquenaude ou la taloche, et elle n'est pas aussi violente, aussi 
grave que Yèdane. 

tournure, n., s'emploie pour détour,[biais, mensonge : N'nousf... 
pas V tournure, tiens I tu nètôs pas mailaide euc'jou-lai, pousque 
t'ètôs ai lai chaisse. 

TOURTOUS, TOURTEUS, TEURTOUS, TEURTEUS, TORTOUS, TORTEUS, adj. 

ind., tous sans exception. Fait au fém. tourtoutes, tourteutes, 
«te. Se place ordinairement à la fin de la phrase : /"* sont r've- 
nuns tourtous, c'est-à-dire ils sont revenus. tous, sans exception. 
On dit pourtant bien : /** sont zeûs tourteus mailaides (Ils ont 
été tous malades, tous, sans exception). — Vieux franc, trestot, 
trestuit, tretous, etc. 

tout de même, s'emploie pour peut-être bien, oui-da, volontiers, etc : 
Veux-tu v'nin d'aiveu moi ai lai fête ? — Tout d' même, çai m' 
pronmeunnrai (Veux-tu venir à la fête avec moi ? — Volon- 
tiers, je n'y vois pas d'empêchement, ça me promènera). Pieu- 
vrai-t-V aujd'heu? — I' p\euvrai tout d' même, c'est-à-dire il 
pleuvra peut-être bien, il est possible qu'il pleuve, je le crois. 

tout pa l', tout pa lai, par tout le, par toute la : /' ai s'mé son 
blé tout pa V chemin, c'est-à-dire il a semé son blé tout le long 
du chemin, tout à travers le chemin, etc. Taies ftié les jarbes 
tout pa laigrainge. 

TOUT PA TOI, TEUT PA LU, TOT PA SE, etC. — Voir pa. 

TOUT PA TOUT, TEUT PA TEUT TOT PA TOT, etc., adv., tout par tout, 

partout, en tout lieu : Eul chiendent, çai pousse tout pa tout, 
c'est-à-dire partout, en tout terrain. 
tout pleun, teut pleun et tôt pleun, exprès, adv., beaucoup, 
abondamment : T ai des ra&ins tout pleun (pi-un), c'est-à-dire il 
y a des raisins beaucoup, abondamment, plein tout. — Tout 
plein, beaucoup, en grande quantité, Thév. 



Digitized by 



Google 



TJpVW^ 1 ^ ' '- fT ';1| 



M 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIHVAUX 69 ■''Ij 

toutelot (ou toutlot?), n., espèc* de gâteau assez indigeste fait de "| 

farine et de saindoux. — Voir dondainne et dourdon. "1 

touter, v., corner, souffler dans une cornemuse, et, en général, , ^(| 

jouer d'un instrument à vent quelconque : Vlai V boirger qui ^ 

toute, lâchez les beurbis (Voilà le berger qui corne, etc.). J'ai .. - ;: $ 

écouté lai musique : i's ètaînt V vingtainne qui toûtaînt. . . ;>1 

c'est-à-dire une vingtaine qui jouaient. Quand l'instrument rend 3 

des sons aigus, on dit plutôt f\eùter. — Voir aussi tromper et 

coinner. ^ 

toutotte, n., cornemuse, corne, trompe, etc., en général tout ins- V 

trument à vent dans lequel on souffle, depuis la flûte en écorce 

de coudrier que confectionnent les enfants, jusqu'aux cornets 

les plus compliqués. Quand ce mot n'est pas dépréciatif, il 

exprime une nuance de plaisanterie : T soufflot dans sai toutotte 

pendant qu l'aûte % racïot son violon. Nous avons quelquefois 

entendu dire ein toutot. — Voir fleûte et toutoûte. 
toutou, n., terme du dictionnaire enfantin qui signifie chien : 

Aippelle eul toutou, mon enfant, c'est-à-dire appelle le chien. 
toutoûte, n., terme enfantin, petite trompette de bois ou de fer- 
blanc qu'on achète chez les marchands de jouets. Ce mot est 

employé plaisamment par les grandes personnes : I's en fai- 

jaint-fs ein vaicairne, ein saibbait, d'aiveu los toutoûtes, ces 

commédiens-lai! c'est-à-dire en faisaient-ils un vacarme avec leurs 

instruments, ces saltimbanques-là I Se confond souvent avec 

toutotte. 
traicais, n., tracas. 
traicaisser, v. , tracasser. 
traicaissier, n., tracassier. 

trauoue d' bique, n. comp., qui trait la bique, homme qui s'oc- 
cupe plus qu'il ne convient des affaires du ménage. (Tré-ioûé). 
— Voir baissottier, caissottier, tâte poules. 

traimme, n., trame, espoulin, fil roulé sur un petit tube de roseau, 
de chardon à foulon, etc., que les tisserands mettent dans leur 
navette et qui forme la trame de la toile : Pou s' mairier d'aiveu 
ein tisserand, ï faut saivoi faire des trainmes, c'est-à-dire il faut , 

savoir dévider le fil sur les espoulins ou espolins en question. 

trainailler, v. fréq. de traîner, traîner à tort, maladroitement, 
lentement, avec arrêts et reprises; lambiner, rester en arrière ; 
flâner, truander : Fais don coper ces cK feux-lai qui traînaillent 
pa-d'ssus tes épaules. Qu'ast-ce que tu traînailles don, comme çat, 



Digitized by 



Google 



70 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUÏ 

pa darrê les ailles ? Ç'ast ein vieux fainniant qui traînaille pa 
toutes les fermes. 

trainaillerie, n., négligence, nonchalance, défaut de celai qui 
laisse traîner : l'ai tout pèdiu pa sai nêgUgence, sai traînaîU'rie. 
Tu n'aies pas enco fait d' seummer ? Ç'ast d' lai traînaUVrie, 
çai. 

traine-chochos, n. comp., traîne-savates, mal chaussé ; indolent, 
lourdaud, qui lève à peine les pieds en marchant; traînard, 
truand. — Voir chocho. 

trainoue, n., traînard, traîneur de grande route, vagabond, truand. 
(Trénoûe). — Voir landrou. 

trainoux, n., négligent, sans soin, qui laisse tout traîner autour 
de lui : Plaice don tes briques, trainoux (tré^nou). Ne pas con- 
fondre avec trainoue. 

traipbcheb, v., traverser, en parlant de la pluie, mouiller de part 
en part : /' p\eut qu çai traipeuche mon parapluie. Traipecher, 
subir l'action de la pluie, être mouillé, être trempé. On dit éga- 
lement : Si tu n te mets pas ai l'aibri, tu vas traip'cher, ou tu 
vas t' faire traip'cker, ou tu vas été traip'ché. Ylai des haibits 
su lai hâe qui traipeuchent, ou qui vont traipcher, ou qui vont 
été traip'chés. — Les beaux parleurs disent trapercer. — Tra- 
percé, mouillé jusqu'aux os, Gros. ; traipchay, id., L. C. ; 
trapechay, transpercer, P. T.; trèpercer, mouiller à travers les 
vêtements, Thév. — Vieux franc, trespercer, percer à travers. 

traite, n., traître. On mouille le t : treit'iQu*. 

traite, n., ce qu'on tire, en une fois, de lait à une vache : J'ai 
mêlé* lai treitieu du maitin d'aiveu cté du sor. 

traitier de haut en bas (traiter de haut en bas), maltraiter en 
paroles, injurier, invectiver : /' m'ai traitiée du haut en bas, et 
gny ai qu çai s'i' n' m'ai pas baittue, c'est-à-dire il m'a agonie 
d'injures, etc. 

traivars, n., travers. En traivars, de traivars, en travers, de tra- 
vers, etc. De même traivarse, traverse, traivarser, traverser, et 
les autres dérivés. 

traivoil, n., travail. 

traivoiller, v., travailler : Traivoille, mon corps, i' n' te s'rai 
point fait d' tort, c'est-à-dire travaille, mon corps, on ne fera 

1 En perdant le son ouvert, les voyelles aî, é, n'en restent pa» 
moins longues dans la presque totalité des ca3. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 71 

point d'économie ; ta auras, ta boiras, tu mangeras tout ce que 
tu gagneras : dicton qu'on prêle aux viveurs, aux ivrognes, aux 
prodigues. 

traivoilloub, n., travailleur, ouvrier: Ç'ast ein bon traivoilloûe, 
c'est un bon ouvrier. 

thalle thalle (ailler), se hâter lentement ; aller avec assurance, 
d'un pas allègre, dégagé, mais non précipité: T s'en ailltà 
traite traite aux vingnes su lai pointien des neuf heures, c'est-à- 
dire gaillardement, sans trop se presser, sans s'émouvoir, bien 
qu'il fût neuf heures. J'ai vu mon liéve qui s'en v'not traite 
traite, c'est-à-dire en trottinant doucement, hardiment, sans 
se douter du sort qui l'attendait. — Voir traiter, qui paraît de 
môme origine, malgré une assez grande différence de significa- 
tion... Le sens de traite traite n'aurait-il point été altéré? 

traller, v., presser le pas, aller vivement d'un lieu à un autre, en 
quête de quelque chose ; aller d'un pas ému, saccadé : /' 
traite, eue maitin, pou aivoi desjonnées. Ah,j' l'ai fait traiter, 
vai, c'est-à-dire je l'ai forcé à se hâter, à courir pour obéir à mes 
ordres, pour parer le coup que je lui portais, etc. — Voir valider. 

thasse, n., tresse, en particulier tresse défaille que les enfants et 
les femmes de nos campagnes fabriquaient autrefois, et qui ser- 
vait à faire des chapeaux rustiques. Trasse,n., espèce d'argile 
jaunâtre mêlée de sable, et complètement stérile. 

trasseb, v., tresser, spécialement tresser la paille pour faire des 
chapeaux. 

trassoue, n., qui tresse, qui fait de la trasse (tresse) de paille. 

trater, v., traire : Vai trayer (tré-ié) les vaiches. 

trèfiller, v., frissonner, frémir, avoir un brusque frisson de 
froid ou de peur : T faijot si frod c' maitin que f trèfillôs en 
m'haïbillant. Tais-te t tu m' fais trèfiller, tu m' bailles lai char 
de poule d'aiveu tes contes. 

tremble-au-vent, n. comp., qui est délicat, maladif, que le vent 
pourrait renverser : Ein bel homme, aillez, pou faire ein soldat, 
c' méchant tremble-au-vent-lai, qui n' sWot seulement pouter sai 
hotte vende. 

trembler (çai fait), expression qui marque un superlatif de 
quantité dans cette phrase et d'autres semblables : Des poires su 
note poirer ? % y en ai qu çai fait trembler, c'est-à-dire il y en a 
une quantité énorme, épouvantable. 



Digitized by 



Google 



X 



72 PATOIS DE LA FORÊT DE CL AIR VAUX 

tremblot, il. dimin., petit tremble : 

J'ai cassé mes bieaux saibots 
Dans V petit bas d' tremblots. 

trembloue, n., trembleur, peureux: Ç'ast ein tremb\oue, c'est un 
peureux, un couard. 

trèmeure et trèmoure, n., trémie : Eul munier ï pêche dans sai 
trèmeûre putiôt deux fois qu'eunne. — Vieux franc, tremuée, 
trammeure, trèmoure. 

trempe, n., s'emploie pour trempée, volée de coups, correction. 
Voir dégelée, frôlée, tripotée, etc. — Ce mot, comme tarauder et 
buriner, aura sans doute été employé d'abord par quelque for- 
geron, maréchal ou taillandier. Trempe, n., bonne pluie qui 
trempe la terre. Voir trempée. 

trempée, n., paii qu'on a fait tremper dans du vin ; grande pluie 
qui arrive à propos quand la terre a besoin d'eau : Tons maingé 
9 ri trempée au sucre. T ai cheâ 'ri bonne trempée, c'est-à-dire il 
est tombé une bonne pluie qui a bien trempé la terre. 

tremper lai buie, essauger, mouiller le lingo sale avant de Yent'ser, 

c'est-à-dire de l'entasser dans le cuvier. 
très-bin, adv., très-bien, s'emploie pour beaucoup. — Voir bin. 
tret (ou trait?), n., entrait, poutre horizontale, grosse pièce 

d'une charpente qui soutient les arbalétriers. — Vieux français 

tre, poutre. 
treue, n., truie; femme sale, injure grossière : 

En aivant deux, 
Les coches et les treues. 

treufe, n., trèfle, trifolium. 

treuffb, n., truffe. Se prononce absolument comme le mot précé- 
dent. 

tricer et dricer (ou trisser ?), v., jaillir en filet rapide. Se dit 
spécialement du liquide d'un vase qui s'échappe brusquement 
par une ouverture étroite, ou du sang qui jaillit d'une veine. 
On emploie plus souvent drager. Voir aussi gig\er. 

tricoter et tricoter les côtes, s'emploie pour battre, frapper, cor- 
riger : Ah, si tu m' fais ailler va toi, j' te tricoterai, dit un père 
à son enfant, ou f te tricoterai les côtes. Au fig., tricoter les 
côtes à quelqu'un, le miner, chercher à lui nuire, le dénoncer, 
le poursuivre de sa haine. Tricoter des jambes ou des guiboles, 
jouer des jambes, courir, s'enfuir, se sauver. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DB LA FORÊT DB CLAIR VAUX 73 

trie, n., terre glaise battue remplaçant le pavé on le parquet dans 
une chambre ; couche d'argile ou de terre étendue sur de mau- 
vaises planches de merrain en guise de plancher, de plafond. 
— Vieux franc, terriz, chaumière, cabane couverte de terre. 

trie, n , triage, choix : An ai fait V trie d' nos pommes et an ai 
baillé les vèrouses ai nos couchons, c'est-à-dire on a fait le triage, 
le choix, etc. 

trio, n., besogne, entreprise difficile, tracas, tintouin : Ç'ast ein 
gros trio que d' soingner trois godelles. (C'est une grosse besogne 
que de soigner trois vaches). Oh, j'ons bin du trio en c moment-ci 
quef faijons bâti! c'est-à-dire nous avons bien du tracas, bien 
du tintouin, etc. — Voir aitaine. 

triôler (ou triaulbr?), v., perdre son temps en allées et venues ; 
tourner autour de la besogne, auUieu de s'y mettre sérieusement. 
C'est toturer, mais en général plutôt forcé par les circonstances 
que volontairement. 

triolot, n., espèce d'agenouilloir, garde-genoux à l'usage des la- 
, veuses de lessive. — Triolot, promenoir d'enfant, meuble de 
"lessiveuse, Gros.; triolon, triolot, promenoir à roulettes pour 
les petits enfants, Thév. 

tripaillbr, v., fréquent, de triper, triper souvent, triper sans 
motif, marcher sans précaution sur un terrain ensemencé ou 
récemment cultivé. 

triper, V., fouler aux pieds. Triper quiqu'cheuse, triper su 
quiqucheuse, etc., poser son pied dans ou sur quelque chose : 
Eun tripe pas su mai robe (Ne marche pas sur ma robe). l'ai 
tripe dans lai bousée. Euje triperôs d'ssus, si je n* m'eurtenôs 
pas (Je marcherais dessus, j'écraserais, je foulerais aux pieds, 
si je ne me retenais pas). /' triperot su les gens d' son pays qui 
n' \iô palerot pas. Absolument fouler la terre cultivée de ma- 
nière à y laisser une trace de pas, des sentiers, faire des 
tripes : Eun tripe pas mon rabouré, ou su mon rabouré. — 
Voir paittoyer. — Triper, fouler aux pieds, Gros.; triper, mar- 
cher sur quelque chose, fouler aux pieds, Thév.— Vieux franc. 
triper, sauter, bondir. 

tripes, n. plur., pas qui s'enfoncent dans la terre meuble et la 
rendent plus difficile à cultiver ensuite : Traivarser les vingnes 
pa ces temps mous-lai, c'en fait des tripes t — Voir triper et 
tripoter. 

T. u 6 



Digitized by 



Google 



74 PATOIS DE LA PORE* M ÛlAltkYAtt 

tripotée, n., décharge de coups, volée, correction.— Voir dégelée, 
frôlée, trempe, etc. 

tripoter, v., s'emploie pour triper avec précipitation et réité- 
ration, piétiner, trépigner; marcher à petits pas, aller et venir 
sans but : /' aijitiè soi cale ai bas d' colère, et peus, % ai tripoté 
pa d'ssus (Il a jeté sa casquette à terre, et puis il a piétiné des- 
sus). Les gamins en s'aimujant, ts ont tripoté tout pa V jadin. 
F n peut pus aille, eue' vie -lai, € tripote, % tripote. Quast-c que 
tu tripotes don ? aicheute-te; c'est-à-dire qu'est-ce que tu te pro- 
mènes donc ainsi de long en large? asseois-toi. Tripoter, v., 
manier indiscrètement (voir tatingner). — Trippoter, frapper 
des pieds, aller et venir sans objet, Gros.; trippoter, piétiner, 
Thév. 

tripotot et tripotoub, n., qui tripote, qui marche où il ne faut 
pas marcher; qui fait de petits pas en marchant; qui fait des 
pas inutiles. — Voir patttoyot et toturot. 

triquéb, n., décharge de coups de triques, volée de bois vert, cor- 
rection. — Voir dégelée, frôlée, etc. 

triqueh, v., choisir, démêler. — Voir dètriquer. 

trogne, adj., court, camard, le contraire d'effilé. Se dit en parti- 
culier d'un biseau, d'une pointe, d'une lame, d'un cône, etc., 
qui se termine brusquement : Eut V bouvreuil ï ai V bec trogne. 
N'aiguge pas tes pochés si trognes, c'est-à-dire aiguise tes pais- 
seaux plus en pointe, en pointe plus effilée. On prononce aussi 
trongne. Nous ne connaissons pas à ce mot d'équivalent exact en 
français. 

trois-pieds, n., trépied, ustensile de cuisine à trois pieds. 

trompé, part, pas., s'emploie pour malheureux, infortuné. Un 
homme souffrant, malade, accablé de besogne, de chagrin, etc., 
dira : Que j' sens don trompé I c'est-à-dire que je suis donc 
malheureux, que je suis donc à plaindre t 

tromper et trompetter, v., souffler dans une trompe, une corne- 
muse, jouer d'un instrument à vent quelconque. Se prend géné- 
ralement en bonne part, tandis que toûter et coinner sont le 
plus souvent dépréciatifs, à moins qu'il ne s'agisse des pâtres de 
la commune. 

trompoue, n., trompeur, filou, voleur. Trompoue et trompettoue, 
n«, qui joue de la trompette, qui joue d'un instrument à vent 
quelconque, l'orgue excepté, bien entendu. 

tronchot, n., tronchet, petit billot sur lequel on appuie le mor- 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LÀ FORÉf DB ClÀIRVAUX 75 

ceau de bois qu'on veut travailler à la serpe ou à la hachette, 
en parliculer, le paisseau. — Vieux franc, tronchet, billot, mor- 
ceau de bois. 

tronc d' chou, n., la tige du chou privée de sa tête. Au fig., femme 
petite, boulotte, mal faite. — Tron de chou, pivot de tête dé 
chou, Gros. 

trop (que), expression qui s'emploie pour peut-être bien, probable- 
ment, etc.: Tirai qu' trop au bois d'maxn (J'irai probablement 
au bois demain). T p\euvrai qu 9 trop aujd'heu, c'est-à-dire il est 
possible qu'il pleuve, il est probable, je crois, qu'il pleuvra au- 
jourd'hui. — Voir tout (T même. 

trottignoi* et trottingnon, n., pied ou patte : T ai réservé les 
quaite trottingnons et lai r'gaidiure de son vieau. — Voir regair 
diure. 

troubiot, n., trèfle sauvage, trifolium repens. Les beaux parleurs 
prononcent troubiot, ce qui semble indiquer que le son i est 
encore dû ici. à VI mouillée, et qu'il faudrait peut-être écrire 
trouhht ? 

troubli, v., inf. et part, pas., troubler et troublé : An ai troubM 
Veau (On a troublé l'eau). T n' faut pas troubM lai boutoille. On 
dit aussi troub\er (troubier). On prononce de même, en mouillant 
Yl, troub\e f trouble. 

trouille, n., terme injurieux qui s'applique à une femme grosse, 
grasse, nonchalante, malpropre, etc. Il est le plus souvent 
accompagné de l'adjectif grosse : Que grosse trouille! que grausse 
coche t Ces deux mots sont à peu près synonymes. — Voir aussi 
mouzon. 

trouillbr, v. t péter. 

trouiot, n. dim. de trou, petit trou : T ai p'ché ein méchant 
trouiot (trou-io) dans l'meud, quefseus'n'grant' heure pou empli 
note cruche 1 

troupe, n., s'emploie pour troupeau : /' y ai trois troupes de beur- 
bis dans V pays, c'est-à-dire il y a trois troupeaux de moutons 
dans la commune. 

tr'ou quaite, contraction de trois ou quaite, trois ou quatre : Baille- 
me vô trou quaite sous pou aivoi du se. 

troussé, n., trousseau ; vêlement, linge en général : /' en ai du 
troussé dans c'te majon-lai ! c'est-à-dire il y en a du linge, des 
vêtements, de la literie, etc. 

trouve, trbuve et trovs, n., trouvaille, chose trouvée: Euf viens 



Digitized by 



Google 



76 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIR VAUX 

d' faire eunne belle trouve: en tiens-tu part ? c'est-à-dire je viens 
de faire une belle trouvaille, etc. - Vieux franc, trceve. 

troyen, n., espèce de raisin noir ressemblant assez au pineau, mais 
à grains moins serrés, moins fins et moins savoureux (?). 

tuaison, n., action de tuer : Quand j' f'rons lai tuaison (tiuaison) 
d' note couchon, tu seraies rf' lai fête, rieustrce-pas ? — Vieux 
franc, tuaison, môme sens. 

tuaisse, n., restes de ce qui est tué, cadavre. S'emploie le plus 
souvent en plaisantant : Eut' tuer ? mas, quast-ce qu'an frot d' 
lai tuaisse? c'est-à-dire te tuer? mais que ferait-on de tes 
restes, de ton cadavre? Sous-entendu si tu étais seulement bon 
à saler, à manger, etc.l « Que feriez-vous, Monsieur, du nez 
d'un marguillier? » Dans ces mots, on mouille ht: Huer, 
t tuaisse, tiuaison, etc. 

tue-bois et tue bôs, n., grosse hacbe de bûcheron, cognée. 

tuiter, v., se dit proprement du chant, du cri, du tuituit de cer- 
tains petits oiseaux : Vlai V pruntemps; an entend daji les ouge- 
lots tuiter. Par analogie, et avec ironie ou en mauvaise part, se 
dit du cri d'un enfant, des criailleries d'une femme, d'une per- 
sonne qui se plaint, qui récrimine, qui bavarde, etc. : Aies-tu 
bintôt fait d' tuiter ? c'est-à-dire as-tu fini de crier, de te plain- 
dre? vas-tu bientôt te taire? 

tumbr et teummbr,v., renverser, verser à côté, répandre, répandre 
par dessus les bords. On tume son vin, sai soupe, eul blé de son 
sai, lai pousserotte de son ècritoire, etc.: Tiens don ton aissiette 
drote (drotieu) que tu vas tumer, c'est-à-dire tiens donc ton assiette 
droite, sinon tu vas renverser, répandre une partie du contenu. 
Veuche ai boire et n' teumme pas. Quand le liquide se répand par 
dessus les bords d'un vase trop plein, on dit plutôt que ce vase 
en vai pa d'ssus. On emploie aussi quelquefois plaisamment 
tumer ou teummer dans le sens de verser, en sous-entendant à 
boire: Aillons, tumet c'est-à-dire allons, verse 1 — Voir renve- 
cher. — Teumer, renverser, répandre, Gros. ; teumer, id., L. 
C. ; tumey, P. T. ; tumer, G. et R. 
turlutaingnb, n., turlutaine ; avec mépris, tout instrument de 
musique: Baille-li don du pain ai c prouve-lai qui' s'en aille 
(£ieu), et qu'i' n' m'embête pus iïaiveu sai turlutaingne, c'est-à- 
dire avec son orgue de Barbarie. 
turlututer, v., perdre son temps à des riens, s'occuper à de la 
besogne facile, peu pressante, inutile, pour faire semblant de 
travailler... — Voir baicuter, tanuger, etc. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DB LA FORÊT DE CLAIR VAUX 77 

turnb, n., chaumière basse, étroite, masure; maison en ruine; 
maison sale, mal entretenue, taûdion ; maison en général avec 
mépris. Se prend toujours en mauvaise part: A^, / n'y f... 
d' longtemps les paittes dans sai turne f c'est-à-dire je n'y remet- 
trai de longtemps les pieds dans sa cassine. On emploie, à peu 
près dans le même sens, cambuse et castafour; mais le mot turne 
marque le plus souvent la malpropreté, la sordidité unie à la 
pauvreté, et est plus dépréciatif que les deux autres. 

turot (ou turaut?), n., sommet aride et pierreux; tas de pierres 
amassées dans les champs, les vignes, etc., et provenant de défon- 
cements, ou de l'épierrage des propriétés voisines; reste de vieux 
mur éboulé, qu'on nomme plus particulièrement murot. — 
Voir aussi mergé. — Vieux franc, turaut, tertre, élévation. 

tutot, n. t petit cylindre de bois percé dans le sens de Taxe, qui 
sert à maintenir l'aiguille sur laquelle la tricoteuse prend la 
maille, affiquet; brin de bois creux, tige de plante fistuleuse, 
tube étroit quelconque. — Tutd, chalumeau dont on se sert pour 
tûter, Gros.; tutrit, goulot de bouteille, Thév. 

tutkr, v., boire avec un tutot, un chardumè (chalumeau) ; par 
extension, boire facilement, bien avaler le liquide, boire à longs 
traits, flûter. S'emploie souvent avec une pointe d'ironie : S'i' n' 
mainge guère, en récompense ï tùte bin, V bon vin surteut, c'est- 
à-dire s'il ne mange guère, en compensation il flûte bien, etc. — 
Tûter, pomper une liqueur avec un chalumeau, Gros. 

u (<f ) vient. — Voir d'ù vient. 

umblbr, v., oublier: T n' faut pas umb\er (umbié) d' dire tes 
prières. Taies umb\è tai pioche, t'aies umblé ton eût il... ah, 
mâtin, tu numb\eraies pas tai b'saice (bzaice) f c'est-à-dire tu 
n'oublieras pas tes provisions de bouche. — Ubiey, umbiey, 
P. T.; umbier ou imbier, G. et R. 

un, adj. numéral, fait au fém. eunne (un-ne). Ne pas confondre 
avec l'article ein, un, qui fait également eunne au féminin. 

UBiNOWE, n., urine. On dit plus souvent pichon. 

usaige, n., usage; bois communal que les habitants d'un village 
se partagent chaque année ; affouage, part d'affouage, usage 
d'affouage. On dit aussi arpents, part d'arpents : An vai bailler 
les arpents, les parts cTarpents, c'est-à-dire on va distribuer, par- 
tager les affouages. — Vieux franc, usaige. 

usinons, n., usine, en particulier moulin. 



Digitized by 



Google 



78 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAtiX 

ustubburlu et LUSTUBBURLD, n., qui manque de jugement, qui 
agit sans réfléchir, étourdi, tète en l'air, étourneau : /' ai en- 
gaigé sai singnature comme ein ustubeurlu qui 1 ast, quoi! c'est- 
à-dire il a engagé sa signature comme un étourneau qu'il est, 
quoi I 

csurfruit, n., usufruit. 

usurfruitibr, n., usufruitier. 

va, prép., rers, auprès, du côté de : Viens va moi (Viens vers moi, 
auprès de moi). T d'tnoure va chez nous (Il demeure près de 
chez nous, à côté, aux environs de chez nous). Pa d' va, du 
côté de, aux environs : Euje vas pa d' va f bois, c'est-à-dire du 
côté, aux environs, non loin du bois. Les dérivés gardent l'r : 
envars, envers, dèvars, dévers, traivars, travers, etc. 

vagabond, n., vagabond ; coureur, maraudeur : A h, f (ai vu pa 
les vingnes I QuasUce que failles y faire, ptit vacabond ? 

vagabonder, v., vagabonder ; courir les rues en parlant des en- 
fants; marauder. 

vaghoux, n., qui s'habille avec négligence, sans goût, sans soin, 
sans ordre, qui fripe ses vêtements, son linge : Aibouteunne don 
tes poingnets et r'monte ton col de ch'minge, vâchouxt On dit 
aussi sans soin, dans le même sens : Gros sans soin, tu tripotes 
su tes laiçots £ souUerst — Vacheux, id., Thév. 

vadi, v., inf. et part., verdir et verdi. On mouille le d. 

vadiurb, n., verdure. 

vaichb, n., vache. On prononce véche. —Veche, P. T. ; vèche, G. et R. 

vaichbr, n., vacher. 

VAiGHERiE, n., troupeau de vaches, troupeau communal : Toute lai 
vaickerie (vécKrie) eulle4-ast dans les prés. 

vaichottb, n. dim., petite vache ; espèce de grosse prune, d'un 
noir bleu, de qualité inférieure. 

vailée (ai lai). — Voir aivailée. 

vaillantigb, n., vaillantise: Oht lai belle vaillantigel On pro- 
nonce de même veillant, vaillant: N' fais pas tant d* ton 
Jacques veillant, c'est-à-dire ne fais pas tant le brave, le rodo- 
mont. 

vailles, n., vallée; désigne quelquefois, d'une manière générale, 
un groupe de villages situés dans la même vallée. Ainsi, quand 
les habitants de Fontette, Saint-Usage, Cunfin, etc., disent 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FOBÉT DE CLAIRVAUX 79 ^ 



qu'ils viennent de vende los bois dans lai vaillée, il faut 
entendre qu'ils viennent de la vallée de l'Ource et presque exclu- 
sivement des communes d'Essoyes, de Loches ou de Landreville. 
vàillon, n. dim., vallon. 

vaillotte, n. dim., toute petite vallée, petit vallon; pli de ter- 
rain. On dit aussi baisse et bamotte. 

VAiLOT (ou vêlot?), n. dim., petit veau, veau de lait; terme 
mignard et plus particulièrement à l'usage des enfants. 

vainc', v., vaincre, s'emploie pour convaincre : Tairaies bieauli 
en dire, tu n' pourraies pas V vainc 9 (vainque), c'est-à-dire tu 
ne pourras pas le convaincre, lui faire entendre raison. 

vairou (loup), interj., espèce de juron : Loup-vairou, comme çai 
fait mau les mouches t (Matin, comme ça fait mal un vésica- 
toire !) S'emploie quelquefois comme nom synonyme de mâtin, 
enragé, original, drôle, loup-garou, etc.: C loup-vairou-lai, 
comme V marche! (Ce mâtin-là, cet enragé-là, comme il marche!) 
Ç'ast ein peut loup-vairou, c'est-à-dire un vilain coucheur, un 
drôle de sire. 

valider, v., aller, courir, marcher bon train pour ses affaires... 
Faire valider, faire marcher, faire aller. — Voir traller et 
faire traller. On dit aussi dans le même sens valser et faire 
valser. 

valsoue, n., valseur. 

vambée, n., flamme de courte durée, feu clair de menu bois à 
grande flamme, feu qui lampe (voir lamper) : Mets des raimsins 
su note feu pou faire eunne vambée. — Voir fouleire et gaûdelle. 
Au ûg. , vambée, coup de feu au travail: T traivoille eunne 
vambée, et peâs t n 1 fait pus rin d* lai sainte jonnée. T sens zeû 
V vambée aux vingnes. Voir poussée. — Ne pas confondre 
ce mot avec envambée. 

vamber, v. (Voir envamber). — Ces deux verbes ont à peu près 
la môme signification. Mais envamber s'emploie le plus souvent 
avec le pronom réfléchi se, et vamber est presque toujours suivi 
d'un nom complément direct. On dira : S* envamber pou sauter, 
et vamber ses brais, son bâton, etc. — Voir bamboler. 

vannoue, n., vanneur. On prononce van-noue. De môme van-ner, 
vanner, van-née, vannée, contenu d'un van, etc. 

vant, n., vantance, vanterie, ostentation : T ai pus d' vants que 
d' corbeilles — jeu de mots sur van pour vanner, et ce mot 
vont, vantance — c'est-à-dire il a plus de bagout, de jactance, 



■1 



Digitized by 



Google 



80 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIR VAUX 

que de fond, que de valeur réelle ; il se vante de ce qu'il n'a 
pas ; il en dit plus qu'il n'en fait, etc. On dit aussi vantardige. 

vantardigb, n., vanterie, vantance. — Voir tant. 

vanvoule (ai lai), à la vanvole, à la légère, à l'étourdie, sans ré- 
flexion. 

vaque, conj. — Voir maque. 

varcolb, n., espèce de harnais qui remplace le collier pour les 
chevaux de trait, bricole. Par analogie, et avec une idée de dé- 
préciation, tout ce qui se met autour du cou, de la taille, en 
bandoulière, en sautoir, etc., cordon, ceinture, écharpe, etc.: Je ri 
sais pas c* que cfètot que cte varcole-lai qui* aivot mins ailentour 
de lu, note député. Eulle met 'ri grante varcole de soie pa d'ssus 
ses épaules. En varcole, en bandoulière, en écharpe, de guingois. 
— Vieux français vercolle, espèce de bricole. 

varge, n., verge, fouet; plante adventice des moissons, ivraie, 
lolium temulentum. — Verge, ivraie, Gros. 

vAROBNTé et vargencé, adj., plombé, noirâtre, livide. Se dit d'une 
plaie, d'une tumeur, d'un coup, et plus rarement de l'effet du 
froid, sur le visage ou sur le corps: /' ai Un mau; sai jambe 
eulle-l-ast enflée, vargentée, c'est-à-dire sa jambe est enflée, li- 
vide, de couleur noirâtre, plombée. Ne serait-ce point un parti- 
cipe ? En tout cas, nous ne nous rappelons pas avoir entendu 
jamais employer les autres temps du verbe. 

vargeon, n., manche de varge (verge), manche de fouet. 

varment (ou varement?), adv. et interj., tiens, à propos, oui-da, 
etc. Quelqu'un vous rappelle une promesse, un engagement, 
une chose à faire, etc.: Varment, f ri y pensas ma fié pus! ré- 
pondez-vous, c'est-à-dire, tiens, en effet, je n'y pensais ma foi 
plus. — De vraiment ? Du latin vere f De voire mais ? — Vieux 
franc, veirs, vrament, voirement. 

varmingne et vrèmingne, n., vermine. S'emploie en parlant des 
souris et autres rongeurs : Note b\é i ast maingé ai lai var- 
mingne. 

varre, n., verre, dans tous les sens. Ein varre de vin. Du varreai 
vitre. — Vieux franc, voirre. 

vart, adj., vert. Le fém. est vade, verte, qu'on prononce en 
mouillant le d : vadieu. Grien ai pas pus que à' chien vart, il 
n'y en a pas plus que de chien vert, c'est-à-dire il n'y en a 
point. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CUIR VAUX 81 

va-t-a pied, n., domestique, valet, qui va à pied. Se prend en 
assez mauvaise part. 

vau, n., val. L' Vau-Pdiu ou B'diu, le Val-Perdu, hameau de la 
commune de Couvignon. — - Vieux franc, vau. 

vauhin, n., vaurien. 

véb, n., veau. Peu employé; on dit d'habitude vieau. —Vieux 
franc, veel. 

veille, adj. fém. de vie (vieux) ; Eunne veille femme (Une vieille 
femme). — Veye, P. T. 

vbilli, v. 9 inf. et part, pas., vieillir et vieilli. De même veille, 
vieille, veillesse, vieillesse, veillement, vieillement, etc. 

vêlai et v'lai, adv., voilà : Le v'iai ou etd vêlai (Le voilà). Leur- t 
vêlai (Le re- voilà, le voilà de nouveau). S'emploie souvent pour 
voichi, voici. — Ylai, G. et R. 

velimoux, adj., venimeux et vénéneux : Les griffes de chait, ç'ast 
v'limoux. — V'limeux, id., Gros. 

velin, n., venin : Les craipauds i's ont du v*lin. Velin, n., grosse 
chenille velue des friches, considérée dans nos villages comme 
un poison pour les animaux qui la mangeraient en broutant 
l'herbe : N' cope pas c'te torchée d'harbe-lai, i" y ai ein gros v'lin 
d'ssus. — V'lin, venin, chenille, poison, Gros. ; v'lin, id., P. T. 

venaingb, n., vendange : Ailler en v'nainge (Aller en vendange). 
Tons fait d' venainge, c'est-à-dire nous avons fini de vendanger, 
la vendange est terminée. Ylai <F lai belle venainge, voilà de 
la belle vendange, c'est-à-dire voilà de beaux raisins, bien sains, 
bien mûrs. — Vninge, G. et R. — Vieux franc, venange, ve- 
nenge, venoinge. 

VBNAiNGEouB, n., vendengeur : Les vnaingeoûes et les hotteilhûes 
(oté-ioue), c'est'à-dire les hotteurs et les coupeurs. 

venaingeb, v., vendanger. — Vieux franc, venanger, venoinger. 

vende, v., vendre : V li ai tout baillé ai vende et ai dépende. 

vbndoue, n., vendeur : Pou qu'i ot ein vendoue, i' faut qu'i' ot ein 
aichetoue, c'est-à-dire pour qu'il y ait un vendeur, etc. De même 
r* vendoue ou eur vendoue, 

vengboub, n. et adj., vengeur ; vindicatif, qui a de la haine, de la 
rancœur. 

venin, v., venir. Futur, euf vienrai; conditionnel présent, eu? 
vienrôs ; subjonctif présent, que j' vingne ; participe passé, 
venun, vnun. De môme, les dérivés, parvenir parvenir, pré- 



Digitized by 



Google 



82 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 

vnin, prévenir, souv'nin (s*), se souvenir, r 9 venin, revenir, etc. 
On dit viens-nous-en, pour allons-nous-en. 

venredi et vendeubdi, u., vendredi: Si tumaingeôsd' laichaein 
venr'di, ï ( vienrot 'ri beûchotte su l'nez, c'est-à-dire si tu man- 
geais de la chair, de la viande un vendredi, il te viendrait une 
bûchette sur le nez. Eul grand venr'di, le vendredi saint. — 
Venr'di, G. et R. — Vieux franc, divenres. 

vente, v., ventre : Quand t'airaies maingé gai, tu ri air aies pas V 
piarre dans V vente, c'est-à-dire tu ne te plaindras pas, quand tu 
auras mangé ce morceau, Dieu merci ! tu auras le ventre plein; 
etc. Aivoi pus grant' œux qri grand vente, avoir plus grands yeux 
que grand ventre, convoiter, prendre, se servir du pain, des 
mets, etc., plus qu'on n'en peut manger, de manière à en lais- 
ser, à en être rebuté, régoulé. 

ventraïllb, n., ventrée, entrailles, intestins, tripaille. 

vépre, n., guêpe, frelon : JV vai pas pa lai, f y ai ein nind d' vêpres 
(Ne va pas par là, il y a un nid de guêpes). — Vêpre, guêpe, 
Gros. 

vermouché (ou ver- mouché ?), n., grosse larve de hanneton qu'on 
trouve dans la terre en labourant. — De l'ital. vermicciuolo, 
vermisseau ? ou de mouché, moucé, monceau, tas, à cause de sa 
grosseur?... 

vâroux, adj., véreux : Ein pois vèroux, eunne pomme vèrouse. 

verre-joli, n. comp., marchand de verres ambulant, à cause de 
son cri : « Jolis verres, jolis ! » T rions pus d' verre; si vous 
entendains ein verre-joli, vous nous l'envôerains, c'est-à-dire si 
vous entendiez un marchand de verres ambulant, etc. 

verrière, n., cheville ou broche mobile de l'avant-train d'une 
charrue, qu'on place dans différents trous, selon qu'on veut 
prendre de grosses ou de petites raies, c'est-à-dire ailler plus ou 
moins ai roie, comme on dit en termes de métier. 

verse, n., s'emploie pour averse, pluie subite et abondante. — 
Voir aicueulée, ècrôlèe, ruche. 

vessou, v'ssou et p'ssou, n., outil dont se sert le vigneron pour 
labourer les vignes, houe, hoyau, marre ; à Bar-sur-Aube, fous- 
seux: J'ai cassé mon v'ssou ou p'ssou. J'ai tiué 'ri vipère ai coups 
(T vessou. — Vesuy, L. C; Pschoui, pioche, fer de charrue,!!! 
P. T.; P'souy, meigle, outil de vigneron employé pour le labour, 
G. et R. — Vieux français : fesseur, fœsseur, fessoir, fessour, fes- 
souer, feçoir, fessoul, foisson, fossou, fossour, foissou, fosson, 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 83 

f assort, foussoir, foussouer, fossoer, fossierre, besouch, besoutz, 
etc. La bêche de saunier se dit encore fesour. 

veu et vbude, adj., vide, vidé. On crie en se moquant au chasseur 

qui vient de tirer et de manquer: Ch... d'dans, t ast veu ou i" 

ast vende. On mouille toujours le d : veud'ien. — Veuide, vide, 

P. T. 
vbucheb et v'chrr, v., verser : Veuche ai boire. T faurot v'cher V 

sai. Imp. euj' veuchôs; fut. euf veuch'rai; subj. prés, que f 

veuche ; part. pas. veuché et v'ché. 
vbudibr, v M vider, verser : Vende {veudieu) ton sai (Vide ton sac). / 

Vende ai boire (Verse à boire). Fut. euf veud'rai {d mouillé) ; 

cond. euj' veud'rôs ; subj. prés, que j' vende; part. pas. veudié. 

vbudret, n., verderet, lézard vert. On dit d'un enfant vif, espiègle, 
difficile à surveiller : /' ast vif, f ast tonjous sauvé; ç'ast comme 
ein veudret, <£ ailleurs. 

vbdrdailler et VEURDiLLRR, v., fréquent, de veurder, courir, 
s'échapper souvent, sans but, sans raison, d'une manière en- 
nuyeuse, fatigante, etc. Ne pas confondre avec feurdailler, bien 
que ces deux mots semblent d'origine commune. 

vburdrr, v., en général, jouer, courir, gambader; d'une manière 
plus spéciale, s'échapper furtivement» vivement, pour se sous* 
traire à une surveillance, pour aller jouer, courir, etc., en 
parlant d'un enfant; s'échapper, s'enfuir, en parlant d'un ani- 
mal : T n'aivôs pas V temps d' tonner les tailons, qu't ètotvenrdé, 
e' petioUai. Cours d'aiprées ton cKfau qui ai cassé sai longe. . . eut 
vois4u comme t veurde t Faire veurder, faire aller, commander 
avec dureté, être raide, exigeant, etc.: Ah, f les fait veurder 
ses domestiques! (Voir traiter et valider). — Verder, sauter, s'en- 
fuir, Gros.; veurder, verder, courir rapidement en sautant, 
Thév. — Deverter? 

vburdingo, n., vertigo, vertige, fantaisie, caprice; maladie des 
moutons, tournis. Aivoir eut veurdingo, ne pouvoir tenir en 
place, être impatient ; être en colère, furieux, avoir comme un 
accès de folie. 

vrussr, n., vesse. Veusse de loup, vesse de loup, espèce de champi- 
gnon. 

vbussi et v'ssi, v., inf. et part, pas., vesser et vessé. 

vbussib et vssie, n., vessie : V met son taibaic dans 'n' venssie. T ri 
f aurai pas j'tier lax v'ssie <F note couchon. T penrot des v'ssies pou 
des lantarnes, c'est-à-dire il prendrait, etc. \ 



\ 



Digitized by 



Google 



84 PATOIS DB LA FORÊT DE CUIR VAUX 

veut (s'i ). — Voir vouloi. 

vbzilleb et v'ziller, v., faire entendre ce sifflement aigu particu- 
lier à certaines mouches au vol rapide : Les latins (taons) vzil- 
laint ailentour de nos ch'faux. Se dit aussi du sifflement des 
projectiles : Lai piarre m'ai vzillé aux airoilles. T faillot en- 
tende veuziller les balles t c'est-à-dire il fallait entendre siffler 
les balles ! 

viare, n., espèce d'armature de fer qui sert à fixer la faulx au 
faucher ou manche. 

vicaillb, n., victuaille, vivres. 

vie, n., s'emploie pour bruit, train, vacarme, tapage : Ces enfants- 
lai, i's font V vie, ein saibbati qu'an n s'entend pas. T n faut 
pas faire tant <F vie qu'çai, si vous n' v'iez pas que V gibier s* 
sauve. 

vré, adj. et n., vieux, vieillard. Au fem. veille, vieille. Se pro- 
nonce long : viée. — Vie, viey, P. T. — Vieux franc, triez, vies, 
vieix, veill. 

vœau et véb, n., veau. Vieau, n., espèce de coagulum qui se 
forme dans les barils en vidange transportés et secoués : 
N'escoue pas tant V baril, çai frot des vieaux. En beuvant, j'ai 
aivailé ein vieau. 

vient Cannée qui), Tannée prochaine. 

vif, adj., fait au fém. vife. 

vilain, n. adj., s'emploie pour ingrat, malhonnête, qui a un 
mauvais cœur, qui donne difficilement : T l'ai rendu bin des 
services, et aujou d'auj'd'heu ( n* me cneut pus, V vûain. /' ai 
tiué ein saing\ier et { n' nous en ai point baûlé, ç'ast ein vûain 
(vi-iain). T asU't vilain f Y gode tout pou lu. 

villa (ou villbr?), n., clématite sauvage, clematis vitalba. — De 
villotte, vrille? — Ce mot et les mots enviller, dèviller, villure, 
paraissent avoir une commune origine. 

villotte, n. dira., petite vrille, et. par extension, vrille. — VeH- 
lette, petite vrille, Gros. — Vieux franc, villette. 

villure, n., vrille, nille, cirre. — Voir envillure. Villure, s'ap- 
plique plutôt à la vrille du sarment, et envillure, aux longues 
vrilles emmêlées, aux tiges envillées des haricots, de la 
bryone, etc. 

vinaigub, n., vinaigre. On prononce le plus souvent vin-nttigue. 

vinéràire, n., vulnéraire, mélange de plantes desséchées servant à 
faire des infusions. 



Digitized by 



Google 



PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIRVAUX 85 

yingne, n., vigne. Les trois personnes du sing. du prés, du subj. 
du verbe venin, se prononcent absolument de môme : Que j' 
vingne, que tu vingnes, etc. 

vingnée, n., vinée, cellier, lieu où Ton place les cuves, où se fait 
le vin. — Vinée, cellier, Gros. 

vingner, v. , donner, rendre, fournir beaucoup de jus, en parlant 
des raisins, de la récolte des raisins en général : Çai vingnerai 
c't' année ; les grummes (jgrun-mes) eulles sont tout pleun grosches 
(Ça rendra du jus, du vin cette année ; les grains de raisins 
sont très gros). T p\eut dans lai baingnoure : çai frai vingner. 

vingkeron, n., vigneron. 

« Vingn'ron, vingn'ron qui eh... 

Pou qu'an H* aippoute lai fticaissie. » 

Traduction libre du chant de la linotte. 

vingnobe, n., vignoble. On dit aussi vingnob\e. 

vionner, v., jouer du violon ; crier, grincer, en parlant d'une 
porte, d'un frottement mal graissé, de chaussures neuves, etc.: 
Entends-tu vionner? Viens don ai lai danse. Du vient qu'Us 
souliers vionnent comme çai ? 

vionnoue et violonnoue, n., violoniste, joueur de violon, méné- 
trier. 

virade, n., glissade, faux-pas, tour sur soi-même en perdant 
l'équilibre : J'ai manqué d' cheur;j'ai fait V virade... c'est-à- 
dire j'ai fait une glissade. On dit aussi teurtelade, mais la virade 
se prolonge moins que la teurt'lade, et se fait en quelque sorte 
sur place. 

virebeurquin, n., vilebrequin. — Virebrequin, Gros. 

vireverse et vireveughe, n., virevolte, virevousse, allées et 
venues, tours et retours; zigzags, marche en lacet. Un chasseur 
fait des vir verses ou des vir'veuches dans la plaine. On fait des 
vifveuches en suivant un sentier tortueux dans les montagnes, 
etc. — Virevauche, écart, marche d'ivrogne, Gros. 

vireverser et vireveucher, v., virevolter, faire des vireverses, des 
tours et des retours ; suivre un chemin en lacet. 

viRÔDBR (ou virauder ?) v., fréquent, de virer, tournailler, faire 
beaucoup de tours et de détours sans s'éloigner du môme point. 



1 On prononce également : qu'an niaippoute y qu'an-iaippouie et 
qu'an liaippoute. 



Digitized by 



Google 



86 PATOIS DE LA FORÊT DE CLÀIRVAUI 

virolot, n., mal blanc qui vire, qai tourne autour de l'ongle d'un 
doigt. 

virot, n., rouleau, cylindre, espèce de treuil placé à l'arrière 
d'une charrette, et autour duquel se roule le trait ai parche ou 
liure; court levier de bois qui seri à faire tourner ce treuil. 

visaige, n., visage, figure : Çast visibe ou visible, comme eul nez 
au moitiandu visaige ; ou ironiquement : Çast caiché comme eul 
nez, etc. 

visoir et visoi, n. masc., visière, partie avancée de la casquette 
qui abrite le front et les yeux. 

vite, adj. et adv., se prononce en mouillant let: utfieu. De môme 
vitiesse, vitesse, vit'ment, etc. 

vive, v., vivre. Part. pas. vivu. — Vive, P. T. — De môme les 
dérivés r'vive, revivre, survive, survivre, etc. 

vive-airgent, n. comp., vif argent, mercure: Aivoi du viv' airgent 
d* zous les pieds ou dans les veinnes. 

v'lu, part. pas. de vouloi, vouloir ; T ai v'lu v'nin, c'est-à-dire il a 
voulu venir. 

voichi et v'chi, prép., voici: Ah, t voichi? (Ah, te voici?) Se 
remplace souvent par vlai, voilà. — Vequi, voici) L. G., P. T.; 
vqui, voici, G. et R. 

voillb, n., veille. Çast auj'd'heu, ou au'd'hieu, lai voille de d'main, 
c'est aujourd'hui la veille de demain : réponse plaisante qu'on 
fait à qui demande le quantième du mois ou le jour de la se- 
maine. 

voiLLÉB, n., veillée. 

voiller, v., veiller. De môme les dérivés èvoiller, éveiller, rèvoil- 
ler, réveiller, survoilier, surveiller, etc. 

voillode, n., veilleur. 

voillotte, n., fleur du colchique d'automne, colchicum autum- 
naliSy qui apparaît au moment où les jours deviennent sensi- 
blement plus courts, comme pour annoncer les veillées 
d'hiver. 

voirjus et veurjus, n., verjus, raisin encore vert, le jus exprimé de 
ce raisin ; en particulier, raisin en retard qui mûrit après les 
autres, quand il mûrit, et qui se coupe lors de la seconde ven- 
. dange appelée grappillage. 

voirlou (ou voir-loup?), sorte d'interj., mâtin, diable, etc. S'em- 
ploie comme loup vairou : Ah, voirlou, qu'ï fait frod t (Ah, 



Digitized by 



Google 



"j^^r?&^^-:.' : 



"'3 



PATOIS DE LA FORÊf DB CLAIR VAUX 87 

mâtin, etc.). Voirlou, n. (voir loup-vairoiï) : Ein drôle dé voirlou, 
ein peut voirlou, etc., c'est-à-dire un drôle de pistolet, un vilain 
sire, etc. — Voir loup, loup-garou, Gros. 

voitiure, n., voiture. De môme voitiurer, voitiurèe, etc. 

volie, n., volige, planche mince ainsi nommée à cause de sa légè- 
reté. 

vomin, v., inf. et part., vomir et vomi : Tu vas m' faire vômin. 
T ai vômin tripes et boyaux. 

vor et vô, v., voir : Viens vor les commédiens (Viens voir les sal- 
timbanques, les bateleurs). De même r'vor, revoir. Vor et vô 
(ou voref), adv., s'emploie comme explétif; c'est peut-être le 
vere et Yenimvero latin : Tache vor ou tâche vô de t' taire t Eujè 
voirrai vor si tu m J écoutes, c'est-à-dire avec menace, je verrai si 
tu m'obéis. Écoute vô, c'est-à-dire écoute donc, viens donc, etc. 
- Voi t L. C. 

vosce, voisgb et voschb, n., vesce, plante légumineuse : T ast vif, 
% seurmue, t saute, etc., comme ein craipaud dans des vosces 
(vosse), c'est-à-dire il n'est pas vif, il est au contraire lourd, em- 
pêtré comme, etc. 

vou, adv., où. S'emploie ordinairement avec l'adverbe lai, là, 
surtout dans les interrogations : Lai vou qu' tu vas don f (Où 
vas-tu donc ?) Lai voit qu' ç'ast (Où est-ce ?) — Vou, où, Gros. — 
De l'ital. dove, laddove ? 

voul, n., vol dans les deux sens du mot français : /' ai commins 
ein voul eti' ast zeû en prinjon (Il a commis un vol, etc.). Lai 
caille eulle ai ein voul bas, lourd. 

vouler, v., voler, dérober; voler avec des ailes : An m'ai voulé des 
jarbes. Eulle voule enco bin tai pèdrix, et tu n'aies pas dû l'ait- 
traiper. De même s'envouler, s'envoler, et les autres dérivés. — 
Vieux franc, vouler, voler avec des ailes. 

vouleu, n., voleur : Tous les vouleûs n' sont pas ai CXairvaux. 

vouloi, v., vouloir. Imparf. euj' v'iôs; fut. euj' vourai ou ;' v'rai; 
condit. prés, euj' vourôs ou j' v'rôs; subj. prés, que j' vouille ; 
part. prés, v'iant; part. pas. vlu. La troisième personne du 
singulier, du présent de l'indicatif de ce verbe, précédée de si ou 
s'i, s'emploie pour tant pis, qu'importe, ça m'est bien égal, etc. 
On dit à un vigneron qui s'en va par un temps incertain, me- 
naçant : Tu seraies mouillé, vai. — Oh s'i veut t répond-il, c'est- 
à-dire tant pis, je pars quand même, etc. S'i veut, là I répondent 
les enfants capricieux, volontaires, à une menace quelconque ; 



-s 



Digitized by 



Google 



3* 



88 PATOIS DE LA FORÊT DE CLAIR VAUX 

Tu vas t' pède; tu vas saili tai cueulotte; si tu bois tent qu' gai, 
tu vas t' griger, etc., etc. — S'i veut, nà I répond l'enfant. C'est 
aussi, comme on le voit, une espèce de protestation. An dirai c' 
que s' vourai ou c' que s' voure (On dira ce qu'on voudra). Dans 
cette phrase le second pronom an, on, est rendu à la manière 
italienne, par le pronom réfléchi se. 

vousiller, v., employer le pronom vous en parlant à une per- 
sonne, le contraire de tutoyer.— Voir aivousier. — Vieux franc. 
vosoier. 

voutîs, n., mauvaise voûte, plafond fait de solives dont les inter- 
valles sont remplis avec des pierres et du mortier. 

voyaigeouk, n., voyageur. De môme voyaige, voyage, voyaiger, 
voyager, etc.. 

v'rait, n., verrat, porc mâle. 

vreiller, v., labourer, avant l'hiver, à l'entrée de l'hiver, une 
éteule de céréales, déchaumer, entre-hiverner. 

vri, v., inf. et part. pas. , rouiller et rouillé : Mon coutieau t ast 
vri (Mon couteau est rouillé). N 1 touche pas mon rasoi, gai V 
frot vri. Vri, part, pass., tacheté de rousseur, lentille (voir 
nentillé, piolé). Dans ce dernier sens, on n'emploie guère les 
autres temps du verbe. 

v'rou, n., verrou : Eté darré les gros v'roux, c'est-à-dire être der- 
rière les gros verroux, être en prison. 

v rouiller, v., verrouiller : /' faut v rouiller lai pote. 

vrououou et vourrr, espèce d'interj. qu'on emploie pour imiter le 
bruit d'une ou de plusieurs perdrix, d'un ou de plusieurs gros 
oiseaux qui s'envolent : Euf m'aipprochôs, euf maipprochôs... 
mas, oui, vourrr t les vlai teurteutes pattes t — Onomatopée. 

v'tot et f'tot, n., espèce de balle de plomb forée dont on leste 
certains engins de pêche. 

z, se met devant certains mots, sans doute comme lettre eupho- 
nique: Aivant-zhier (aivanzier) avantrhier; ç'ast pou zeux, c'est 
pour eux ; çast d' t'ai zeux, c'est d'eux; ç'ast zeux, ce sont eux, 
etc. 

zeu (ou z'eu?), part. pas. du verbe aivoi, avoir, qui s'emploie 
également comme part. pas. du verbe être, et même dans la 
plupart des cas, du verbe aller : Tai zeû lai fiéve; euje sens zeû 
mailaide; j' sens zeû en campagne, et toi, (y vas (J'ai eu la 
fièvre; j'ai été malade; je suis allé en voyage, et toi, tu y 



Digitized by 



Google 



PATOIS DB LA FORÊT DE CLAIRVACI 89 

vas). Cependant le verbe ailler, aller, a son part. pas. propre, 
aillé, allé : ï sens aillé ai lai messe. Te v'iai aillée ? c'est-k-dire 
te voilà partie? 

zeux, pron. pers., eux, elles : Ç'ast zeux (Ce sont eux ou ce sont 
elles). On dit : Ç'ast zeux, pou zeux, d'aiveu zeux, etc., ce sont 
eux, pour eux, avec eux, etc., ainsi qu'on dit chez eux. N'a- 
t-on point fait ici encore confusion de lettres, comme il est ar- 
rivé pour la voyelle composée ai de l'article lai, et attribué au 
mot eux, le z ou Y s du mot précédent, chez, vers, par exemple? 
— Os, oz, eux, elle, P. T. 

ziÉBE, n., hièble, sambucus ebulus: Guy ai don point d' ziébes pou 
aittaicher mon âne f demandait l'aveugle qui visitait un champ 
à Tendre. 

zorbr, v., dorer. Des lettres zorées, des lettres dorées. 

zut, interj., ut, c'est-à-dire va te promener, je me f... de toi, tu 
m'embêtes, etc. C'est le mot de Cambronne raffiné. Ne pas con- 
fondre avec put. 



Ce serait le moment de dresser Y errata.,.. Mais, nous trouvant 
dans la nécessité de préparer un travail complémentaire, nous 
nous réservons de corriger en même temps les fautes de toutes 
sortes qui se sont glissées dans notre ouvrage, malgré nos soins 
et le concours intelligent de l'Imprimeur. 

Aussitôt que nous aurons mis en ordre les matériaux nou- 
veaux que nous rassemblons encore chaque jour, au hasard de nos 
souvenirs, et qui s'entassent depuis l'impression de notre pre- 
mière feuille, nous publierons un court supplément. 

C'est pourquoi, dès aujourd'hui, nous faisons un pressant appel 
à la bienveillance et à l'érudition de nos lecteurs. Nous prions 
instamment toutes les personnes que ces sortes de travaux inté- 
ressent, en particulier nos savants confrères de la Société Acadé- 
mique, de vouloir bien nous signaler les erreurs qu'ils rencontre- 
ront, et nous adresser une liste des mots omis qu'ils pourront dé- 
couvrir Nous remercions d'avance nos collaborateurs et nous 

les assurons de notre vive gratitude et de notre entier dévouement. 



T. Ll 



/S 



Digitized by 



Google 



Digitized by 



Google 



ççw* .«•' 






Digitized by 



Google 



Digitized by 



Google 






Digitized by 



Google 



f^V^i 



Date Due 



:\>N 







Il INI II II IMI II III II III Mil III 

3 0000 093 883 472 



3*M